A quoi sert la finance mondiale?
août 28, 2009 on 11:24 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | 5 CommentsLe débat sur les bonus des traders prend un tour qui surprend de plus en plus JusMurmurandi, notamment dans la notion, quasi universelle, qu’ils « font prendre des risques aux banques ».
Encore faudrait-il savoir si « la banque est d’accord » ou pas, avec ce risque. Car cela recouvrirait deux réalités bien différentes selon que la réponse est « oui » ou « non ».
Si la banque est d’accord avec ce risque, le trader agit dans le cadre de sa mission, et les éventuelles pertes issues de ses transactions sont à passer au débit de la banque, qui doit en assumer la responsabilité et les conséquences.
Si la banque n’est pas d’accord, le trader a violé les limites qui lui ont été assignées, et il s’agit de faute professionnelle, voire plus.
C’est tout le débat de l’affaire Kerviel. La Société Générale e-t-elle été (1) compétente mais trahie, ou (2) incompétente et Kerviel en a profité à l’insu de la banque, ou (3) peu ou prou consentante ?
Mais l’idée que les traders font prendre des risques aux banques supposerait, pour être vraie, que les banques ne puissent pas encadrer, limiter, plafonner ces risques. Et que donc on en soit réduit à ce que cette prise de risque incontrôlable soit dépourvue d’intérêt pour les traders parce qu’il n’y aurait plus de bonus attaché. Là, franchement, il n’y a plus qu’à hocher la tête, perdu entre ahurissement et incrédulité.
La réalité est toute autre. Les banquiers ont inventé des produits nouveaux et compliqués, dont les caractéristiques de risque étaient « exotiques ». Les dirigeants des banques, peu familiers de ces rivages de la finance pour mathématiciens de haut vol, avaient un choix simple. Ne pas se lancer dans cette nouvelle activité, et passer à côté d’une gigantesque source de profits, ce qui les amènerait à être moins rentables que leurs concurrents avec toutes les conséquences négatives qu’on imagine en termes d’emploi, de rémunération et d’indépendance de leur banque. Soit ils se lançaient, faisaient gagner à leur banque et à eux-mêmes énormément d’argent, et finissaient pas faire face au crash que l’on sait.
Ce ne sont donc pas les traders, sauf peut-être Kerviel, qui ont fait prendre aux banques les risques qui ont eu les conséquences que l’on sait, mais les dirigeants des banques, qui en sont les seuls responsables.
Le débat sur les bonus des traders est donc un faux débat de type chasse aux sorcières démagogique, et qui évite de remettre en cause toute une élite.
Le summum semble avoir été atteint par Lord Turner, président de l’autorité bancaire britannique après avoir été notamment patron des patrons. Il ne craint pas de dire que la City de Londres, c’est à dire le secteur financier, a cru au-delà du raisonnable par rapport à son utilité pour la société. Bref, c’est devenu une sorte de Monopoly. Olivier Besancenot n’aurait pas dit mieux…
Il faudrait quand même rappeler au très brillant Lord Turner que la finance, c’est l’oxygène de l’économie, et que la bulle dont tous déplorent l’éclatement en 2007-2008 a été le moyen de la prospérité mondiale des dix années précédentes au moins. Ne crachons donc quand même pas trop dans la soupe!
Bonus bancaires, caméras de télévision et déconnection Internet
août 26, 2009 on 6:22 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésQuel rapport, me direz-vous, entre ces trois sujets? Il est simple.
Nicolas Sarkozy a suffisamment fait pression sur la banquiers français pour que ceux-ci ne donnent des rémunérations variables à leurs traders que sous certaines conditions. Notamment l’introduction de malus en cas de mauvais résultats, un lien avec les résultats de l’entreprise, et un étalement sur plusieurs années. Autant d’excellentes idées, à la condition expresse que les banques des autres pays les appliquent aussi, sinon la France perdra ses traders et son trading au profit de ses voisins et concurrents. Il n’est pas facile d’être un îlot de vertu au sein d’un océan de péché.
Les statistiques françaises indiquent que les villes qui ont installé des caméras de vidéosurveillance enregistrent de meilleurs résultats en matière de délinquance que celles qui ne l’ont pas fait, la montée de la criminalité y étant moitié moindre. Pourtant, la Grande-Bretagne, qui a installé 50 fois plus de caméras que la France, constate que celles-ci n’ont qu’un rôle infime dans la maîtrise et la répression de la même criminalité. Cette apparente contradiction vient de ce qu’en France, où il y a relativement peu de villes vidéosurveillées, les voyous choisissent d’éviter les villes-là pour se reporter dans des coins moins exposés. Alors qu’en Grande-Bretagne, où elles sont partout, il n’y a plus d’effet « îlot de tranquillité dans un océan de délinquance ».
La loi Hadopi est l’une des plus controversées que Nicolas Sarkozy ait fait voter, notamment pour son volet de déconnexion des abonnés Internet qui téléchargent illégalement. Pourtant, c’est maintenant au tour de nos amis britanniques d’envisager cette solution, qui promet d’être si efficace qu’elle met les pirates du Net dans une fureur indescriptible. Car, jusqu’ici, quand un serveur se faisait réduire au silence, comme cela a été le cas du célèbre Napster, puis aujourd’hui du suédois Pirate Bay, il suffisait de se brancher sur un autre serveur.
Alors que demain, avec Hadopi, il faudra utiliser des alias, des fausses adresses IP, des serveurs de proxys anonymes pour ne pas être démasqué par les caméras de surveillance du Net. Impossible, certes non. Impossible pour tous, en nombre et en compétence, manifestement. Donc cela fonctionnera comme les règles sur les bonus, et les caméras de surveillance. Cela n’empêchera pas le délit ou le crime, mais cela le rendra plus difficile, moins payant, et, partant, moins attractif…
Une importance toute relative
août 14, 2009 on 2:16 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésAttention, mois d’août! C’est ce que devraient porter en exergue les nouvelles que nous sert la presse, tant certaines sont montées en mayonnaise aujourd’hui qui ne vaudraient pas un article en fond de page 7 en temps moins estival.
- les iPhone sont-ils dangereux? Parce qu’un écran d’un iPhone (oui, un parmi des millions) a éclaté dans des conditions inconnues (est-il tombé avant par exemple?), toute la presse bruit des « explosions d’iPhone ». Et parce qu’Apple a proposé de remplacer l’appareil, ce qui a priori serait plutôt bien, les titres rugissent « Apple essaie d’acheter le silence des victimes! » JusMurmurandi espère que les journalistes qui se lancent dans ce genre d’article n’espèrent pas trop en retirer un prix Pulitzer. On n’est pas exactement en train de voir l’Histoire se faire sous nos yeux.
- le burkini menace-t-il la laïcité? Parce qu’une femme (oui, une parmi des millions) a voulu se baigner avec ses enfants revêtue d’une tenue d’inspiration musulmane qui la couvre intégralement, la presse se fait écho de « la République en Danger ». Peut-être faut-il décréter le couvre-feu et la mobilisation générale, tant qu’à faire?
- un préfet aurait-il fondu les plombs? Un préfet, qui plus est chargé d’une mission impliquant la Réunion, aurait tenu des propos génériquement racistes à l’aéroport d’Orly. Il a été immédiatement suspendu, à la différence de notre respiration, qui n’en a pas été affectée, n’en déplaise à la largeur des manchettes que la presse consacre à cette « affaire ».
Pendant ce temps-là, un typhon fait des centaines de mort à Taïwan. Des affrontements divers font des centaines de morts dans la région explosive du Caucase ex-soviétique. En France, les noyades s’accumulent par centaines (déjà 217 morts depuis le seul début de l’été, soit 3 par jour), donnant à penser que des articles de presse pourraient, en attirant l’attention des lecteurs, en réduire si peu que ce soit le nombre.
Mais ces morts par centaines ne sont pas très importants. C’est le mois d’août, et il ne faut surtout pas perturber les vacanciers avec des sujets trop sérieux.
JusMurmurandi vous présente ses excuses pour l’avoir fait.
Vous avez dit précaution?
août 10, 2009 on 3:42 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermésLa grippe porcine est une pandémie comme le monde n’en a jamais connue. Elle se répand à une vitesse sans précédent, et les prévisions affirment qu’il se pourrait bien que la moitié de l’humanité ait été contaminée d’ici à son extinction. Jusqu’ici, elle n’est que peu dangereuse, et pour l’essentiel, que pour des personnes déjà fragilisées. Mais la possibilité que le virus mute vers une forme plus « agressive » fait revenir à la conscience du monde la peur des grandes pestes, qui tuaient des dizaines de pour cent d’une population.
C’est pourquoi les gouvernements occidentaux se sont rués pour acheter des dizaines de millions de doses de médicaments et de vaccins, dès avant leur commercialisation.
Mais cela ne va pas de soi. Des experts, comme le professeur Bernard Debré, ou Marc Gentilini, ancien président de la Croix Rouge, ou Michel Kazatchkine, président du fonds mondial de lutte contre le SIDA, contestent ces mesures de précaution. Notamment parce que les fonds mobilisés (un milliard d’euros pour la seule France pour 94 millions de doses de vaccin, dès qu’il sera prêt) pourraient, d’après eux, sauver beaucoup plus de vies en étant appliqués à d’autres pathologies.
Ceci révèle la singulière nocivité de ce que les politiques français, suivant le Président Jacques Chirac, ont incorporé à la Constitution: le principe de précaution.
Quand menace la pandémie, il faut se préparer, c’est la précaution. C’est aujourd’hui un impératif légal, faute duquel les politiques au pouvoir s’exposent aux mêmes poursuites que ceux qui ont eu à gérer l’affaire du sang contaminé. Dès lors qu’ il y a menace connue, il faut prendre toutes les précautions. Y compris acheter des vaccins dont on ne sait encore rien, y compris quels effets secondaires ils pourraient avoir, ni quelle sera leur efficacité, puisque, par définition, ce n’est qu’en cas de mutation que le virus sera véritablement dangereux, et que, dès lors qu’il mute, il y a des chances qu’il échappe au vaccins préparés pour affronter l’ancienne variante.
Mais, et c’est là que JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre incompréhension et ahurissement, rien de tel n’est indispensable pour la lutte contre des maladies connues. Le cancer existe, le SIDA aussi, et toutes les autres. Il y a lieu de les combattre, bien sûr, avec les moyens disponibles. Mais ce combat qui sauve des vies au quotidien et qui pourrait en sauver beaucoup plus avec plus d’argent ne dispense pas d’allouer des ressources de précaution à d’éventuels combats futurs.
Ainsi un « décideur », médical ou politique peut-il être poursuivi s’il ne prend pas de précautions contre la grippe porcine, mais pas s’il n’alloue pas assez d’argent à la lutte contre la tuberculose…
Il est donc plus prioritaire de se prémunir contre les éventuels risques futurs que d’intervenir contre les sinistres en cours. Voilà bien une logique digne de Jacques Chirac et de nos politiques!
Delanoë à qui gagne perd…
août 9, 2009 on 6:46 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésBertrand Delanoë n’en finit pas de se réjouir. Le Conseil Constitutionnel lui a donné raison, Paris n’a pas un statut particulier qui vaille au maire de ne pas pouvoir décider de l’ouverture des magasins le dimanche.
Mais il y a des victoires qui se transforment en défaite. Pour honorer ses promesses, l’équipe municipale a juré que « tout Paris ne serait pas classée en zone touristique », et commence par décider « de ne pas revenir sur les 7 zones déjà autorisées ». Et d’indiquer que leur première action se ra « d’attendre les décrets d’application ». Bref, de ne rien faire.
Cela étant, il faudra bien, après ces rodomontades, passer aux actes. Car l’ouverture le dimanche est, n’en déplaise aux socialistes, populaire. Notamment pour que ce ux qui travaillent en semaine aient plus d’options pour faire leurs achats.
Et là où ça va faire mal, c’est quand l’équipe municipale va devoir trancher: une rue sera déclarée zone touristique, et sa voisine ne le sera pas. Cela créera des distorsions manifestes de concurrence sur des zones « limitrophes ». JusMurmurandi voit d’ici les commerçants des zones « non touristiques hurler contre un classement qui, vu de leur lorgnette sera aussi injuste qu’imbécile.
Et on connaît l’impact prescripteur de ces commerçants pour une future campagne électorale, où il suffira au candidat UMP de se déclarer prêt à classer tout Paris en zone touristique, ce que Bertrand Delanoë ne pourra pas promettre sans se déjuger gravement.
Dire que le projet de Nicolas Sarkozy évitait à l’édile socialiste de devoir se fourrer dans ce qui ne pouvait être qu’un piège. Sauf que la volonté de pouvoir du Maire de Paris lui a dicté de vouloir maîtriser celui-là aussi.
Sarkozy aurait voulu piéger Bertrand Delanoë qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Pendant ses vacances, JusMurmurandi conseille à Bertrand Delanoë de relire une certaine histoire où un cheval donné s’est révélé un piège…
Le bal des hypocrites , ou « Sauvons les bonus! »
août 8, 2009 on 6:17 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésLe scandale est de retour. Et pour cause, les bonus des banquiers, cause supposée de tous nos maux, sont de retour, eux aussi. Et là encore, s’ils le sont, c’est parce que les profits des banques, en tout cas des meilleures d’entre elles, de Goldman Sachs à BNP Paribas, sont de nouveau fort plantureux. Et ce alors même qu’elles n’ont pas pu ne pas faire appel à des aides d’État il y a quelques mois à peine.
Après le scandale causé par Goldman Sachs aux États-Unis, c’est le milliard d’euros déjà provisionné par la BNP au titre des bonus futurs de ses traders qui soulève la tempête.
Outre la répugnance constante de JusMurmurandi de hurler avec les loups et de chasser le bouc émissaire, y-a-t-il scandale à ce milliard? A noter que la BNP n’est peut-être pas le plus mauvais élève de la classe bancaire sur ce plan. Elle a été l’une des rares banques à adhérer aux recommandations du G20, et elle dévoile ce chiffre (ou plutôt elle le confirme après qu’il ait été « fuité » par Libération).
Tandis que, fidèle aux habitudes de l’ère Bouton, la Société Générale de Frédéric Oudéa se mure dans le silence, espérant sans doute que le problème finira par s’en aller de lui-même.
Au premier semestre, les banques sont connu une conjoncture exceptionnellement favorable à leur activité: elles ont pu emprunter à des taux plus bas que jamais avant, tout en prêtant à des taux « normaux ». Résultat, une marge gonflée qui se traduit en profits immédiats. Comme, dans le même temps, ces mêmes banques se montrent prudentes et frileuses dans la qualité des emprunteurs qu’elles acceptent, on voit bien d’où vient leur profit: non d’une prise de risque ou d’un talent particulier, mais bien du fait qu’elles profitent des taux bas consentis pour les aider par les banques centrales pour se refaire une santé, et ceci sans risque. Et non, au passage, pour soutenir ou relancer l’activité économique.
C’est exactement le comportement des cafetiers qui se mettent la baisse de la T.V.A. dans la poche au lieu de la répercuter aux clients comme promis.
A partir du moment où une activité se révèle particulièrement rentable, il est inévitable que ceux qui la mettent en œuvre souhaitent être associés à ce succès, c’est ce qu’on appelle une rémunération variable, ou bonus.
Pour tout ceux qui trouvent ces bonus obscènes, rappelons qu’ils sont nés du dégoût général pour de fortes rémunérations accordées à des cadres et dirigeants même quand leur entreprise se portait mal. La dissonance entre performance d’entreprise et rémunération individuelle est ce qui leur a donné naissance, de façon à ne rémunérer grassement que ceux dont les résultats le méritaient.
Et c’est donc par souci de moralisation, en l’occurrence pour s’assurer que les rémunérations soient en ligne avec les résultats que les bonus sont devenus une règle de bonne gestion. Comme on est loin de la polémique actuelle!
Car, en fait, c’est ce même principe qui a une fois de plus failli. Les banques ont perdu des montants pharaoniques tandis que certains bonus ont continué à être versés (33 milliards de dollars à Wall Street l’année dernière!!!). Et cette culture du bonus a entraîné des prises de risques inconsidérés avec les conséquences que l’on sait.
Au lieu de crier haro sur le baudet des bonus, mieux vaudrait réparer les deux digues qui ont sauté. D’une part revenir à cette nécessité qu’il n’y ait de bonus que quand les performances de l’entreprise sont bonnes, et ensuite que la maîtrise et la limitations des risques soient des contrepoids efficaces aux traders agressifs et carnassiers par tempérament. Ce n’est pas leur faute si leur management a totalement abdiqué…
Car un bonus virtuellement garanti, ce qui est le cas aujourd’hui, où les banques voudraient payer « pour ne pas désespérer leurs meilleurs éléments » et « les laisser partir ailleurs » (où donc y-a-t-il un foyer d’accueil ultra-luxueux pour traders talentueux mais en échec?) cumule les inconvénients d’être déconnecté des résultats de l’entreprise et en même temps de pousser au risque. La suggestion de Christine Lagarde de lier les rémunérations aux résultats sur plusieurs années est l’exemple de ce qui remettrait naturellement les choses dans une meilleure direction.
Et, pour revenir au début de l’article et au milliard d’euros provisionnés par la BNP, il concerne 17.000 personnes soit une moyenne de 60.000 euros par personne. On est loin de Wall Street et de ses traders multi-super-millionnaires à 30 ans. Et les résultats de la division de BNP Paribas ont été atteints pour ce premier semestre, avec un niveau de risque bas. Donc tout le monde est gagnant (État, qui est remboursé, actionnaires sont le cours de l’action monte, banque, dont les profits et les fonds propres se reconstituent, pays, qui touchera sa part sous forme d’impôts sur les bénéfices). Pourquoi les traders seraient-ils les seuls exclus quand, la plupart du temps ce ne sont pas eux qui ont failli?
Ces faits sont si élémentaires que tous ceux qui hurlent au retour des mauvaises pratiques savent parfaitement que ce qu’ils disent est aussi populiste et démagogique qu’irréaliste. Honte aux hypocrites! A soulever ainsi sur des bases fausses la colère du peuple, nous allons tous récolter la tempête! JusMurmurandi ne résiste pas à nommer parmi eux le talentueux Jacques Attali, sans doute trop plongé dans ses activités de micro-crédit et mobilisé par les souhaits de prix Nobel pour avoir bien considéré les conséquences de ses déclarations!
La crise du logement de fonction
août 3, 2009 on 12:59 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésCertains emplois de fonctionnaires s’accompagnent d’une servitude qui s’appelle la « nécessité absolue de service ». Celle-ci s’assortit d’un logement de fonction, comme pour les concierges ou les préfets.
Un premier problème est que l’État est incapable de savoir de combien de ces logements on parle. Y en-a-t-il 94.000 ou 137.000? Seul l’Etat est capable (ou incapable) d’une telle imprécision. D’autant plus facilement que ce n’est pas « son » argent, mais celui des contribuables.
Un second problème, comme si le premier ne suffisait pas, est celui du loyer. Oh, le lecteur se doute bien que l’État est bonne fille pour ses loyaux employés, et que, comme la Ville de Paris notamment, il arrive que des loyers soit nettement plus bas que le prix du marché.
Oui, mais quand on lit que la somme des loyers collectés s’élève à 30 millions d’euros annuels alors que la valeur de marché est de 1,4 milliards, il y a de quoi hésiter entre le fou-rire et la crise de larmes. Et encore, ces valeurs ont-elles été calculées sur une base 2003, avant la forte hausse des valeurs locatives…
Un État qui ne sait même pas combien d’employés doivent satisfaire à une » nécessité absolue de service », même pas à plus ou moins 50%, même pas à plus ou moins 40.000 fonctionnaires, cet État-là peut-il être respecté? N’est-ce pas le contraire même de la nécessité de service que de ne même pas savoir la comptabiliser?
Un État qui distribue une manne de 1.400.000.000 euros annuels (soit une moyenne de 14.000 euros par an et par bénéficiaire, ce qui n’est pas rien) sans transparence, sans équité, sans contrôle, sans fiscalité tout en ayant des des finances exsangues, cet État-là peut-il être efficace?
Bref, un petit exemple mais si révélateur des tares de l’Etat Français. Et révélateur aussi que la seule équipe qui ait la volonté d’y apporter un remède soit celle de Nicolas Sarkozy, après des décennies de confortable et démagogique incurie de droite et gauche réunies.
JusMurmurandi lui souhaite bien du courage
Brèves
août 1, 2009 on 4:39 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésAF447
L’agence européenne de sécurité aérienne a désormais donné l’ordre aux compagnies aériennes de remplacer tous les tubes de Pitot de marque Thalès par des tubes de marque Goodrich sur les Airbus de la famille A 330/340.
En ce qui concerne Air France, la compagnie nationale avait déjà décidé, à la suite de l’accident de l’AF 447, de remplacer les Thalès de modèle AA par des modèles BA plus récents, ce qu’elle fit dans les jours suivant l’accident.
Air France va donc devoir repasser à la caisse.
Cette décision de l’agence européenne laisse JusMurmurandi assez perplexe.
La famille d’avions concernée a effectué 13 millions d’heures de vol sans incident aucun et Airbus a célébré à juste titre la livraison du millième appareil de ces deux modèles ces jours derniers.
Alors pourquoi avoir pris cette décision alors que le BEA qui enquête sur l’accident brésilien affirme ne pas connaître les raisons mais tout au plus dire que si les Pitot ont pu jouer un rôle, ils ne peuvent être à l’origine de la chute de l’appareil qui serait elle due soit à une panne grave, soit à une erreur de pilotage ou à un cocktail de facteurs humain et technique.
Airbus a, par la voix de Tom Enders, déclaré haut et fort cette semaine vouloir trouver les raisons de l’accident qui a coûté la vie à plus de deux cents personnes et dépenser monnaie sonnante et trébuchante pour poursuivre les recherches dans l’Atlantique.
Si le BEA venait à conclure qu’il s’agit d’une erreur de pilotage, recommandera t il le remplacement de tous les pilotes A330-A340 chez Air France ???
New Fabris, tout ça pour ça ?
On connait l’affaire des salariés de cette entreprise qui est sous traitante dans l’industrie automobile qui dépose son bilan Ils réclament, en plus des sommes qui leur sont dues par la loi, 30.000 Euro de prime « extra légale ». Et menacent de faire exploser l’usine.
Les média nous abreuvent de détails, c’est Gavroche au 21ème siècle.
Finalement, l’affaire se « négocie » à 12.000 Euro, soit seulement presque un tiers de la demande initiale.
Tout ça pour ça, alors que les salariés auront entaché durablement leur curriculum s’ils veulent essayer de trouver un nouvel emploi ?
Pfizer, Nigeria, tout ça pour ça ?
En 2007, l’état du Nigeria attaque la société Pfizer pour avoir fait des recherches avec des ressortissants nigérians qui auraient abouti à des malformations sur 189 enfants et la mort de 11 d’entre eux, et réclame des dommages à hauteur de 7 milliards de dollars.
Cet épisode rappelle furieusement le terrible « Constant Gardener » de John le Carré dans lequel le préambule de l’auteur précise que ce qui est décrit dans le livre est en fait bien en dessous de la réalité.
Pfizer règle la note ces jours derniers et transige…à 75 millions de Dollars
Pour ce qui est du Nigéria, JusMurmurandi se demande comment on fait pour passer en deux ans de 7 milliards à 75 millions….
Pour ce qui nous concerne, JusMurmurandi observe avec suspicion le battage médiatique frénétique autour de la grippe mexicano/porcino/aviaro H1N1.
A aujourd’hui, environ 700 mors à l’échelle de la planète, deux mois sur les routes de France…
Et vous, êtes vous vraiment pressé de vous faire vacciner lorsque l’on ne connait pas les effets secondaires de ce que l’on vous injecte ?
Etes vous au courant ?
juillet 22, 2009 on 4:43 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | 1 CommentLe gouvernement a pris des engagements de toutes nature quant à être plus amical envers l’environnement.
Le titre ronflant autour des multiples projets s’appelle le Grenelle de l’environnement et aborde toutes sortes de thèmes et questions.
Il peut s’agir du tri sélectif, des types d’ampoules que nous choisissons pour nos éclairages ou encore la taxe ou le bonus pour l’achat d’un véhicule automobile.
Si l’on regarde le choix des ampoules électriques, il s’agit de remplacer le fil à incandescence par des technologies plus récentes, moins consommatrices en électricité, bien rare en période de pointe, même si c’est justement là que se situe la France avec 75% de son bilan électrique provenant de source nucléaire, et à ce titre leader mondial.
Bref, il s’agit de faire plus avec moins.
Et c’est justement ce que propose une petite entreprise, Voltalis, en posant des équipements permettant de mieux contrôler la consommation des logements en période de pic de consommation.
Le compteur Voltalis permet en particulier pour les habitations étant en « tout électrique » de couper le courant de manière insensible pour l’utilisateur, mais aboutissant à 5 voire 10% d’économie sur la facture et surtout à soulager le réseau national au moment où il est le plus sollicité.
N’est ce pas là l’exemple parfait de faire plus en dépensant moins ?
Sauf que ce procédé met le doigt (pas dans la prise, rassurez vous )sur une absurdité.
Ainsi la Commission de régulation de l’énergie, dans une délibération du 9 juillet rappelle l’obligation de rémunérer le fournisseur d’électricité dont une entreprise baisserait la consommation !!
Bref, à compenser EDF parce qu’elle vend moins d’électricité, à taxer Voltalis en faisant faire des économies au consommateur et soulageant le réseau en période de pointe, pour « dédommager » EDF !!!
Non, on n’est pas le premier avril.
Et pourtant, car cette décision est tellement grotesque et absurde que JusMurmurandi a préféré lui donner la priorité par rapport à d’autres sujets d’actualité moins « électriques »‘ alors que le Président d’EDF annonçait encore il y a quelques jours la nécessité d’augmenter les tarifs de 20%….
Mais où est passée la fée électricité ???
1984
juillet 21, 2009 on 9:31 | In Best of, Coup de gueule, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésEn 1948, George Orwell écrit 1984, qui n’est qu’un anagramme de l’année de rédaction, roman dans lequel il prédit un avenir sombre, contrôlé, où chaque habitant est suivi à la trace par les « autorités ».
Les appartements sont par exemple équipés de téléviseurs qui suivent les faits et gestes des occupants.
Le monde en 2009 est il si différent ?
JusMurmurandi a de nombreuses fois évoqué les caméras de surveillance qui nous filment à longueur de journée sur la route, dans les rues, devant les banques équipées de distributeurs de billets ou encore dans les centres commerciaux.
Car avec le passage au numérique, cela est devenu simple de nous suivre, que ce soit avec nos téléphones portables, les antennes RFID de nos passeports ou autre gadget du même genre.
Là où cela prend une tournure plus piquante, c’est lorsque le contenu de nos appareils numériques est contrôlé à distance.
Amazon, célèbre point de vente en ligne, a ainsi mis en vente sur le marché américain un livre électronique baptisé Kindle sur lequel les clients peuvent télécharger un nombre conséquent de romans.
Cette semaine, Amazon a supprimé, à distance, deux ouvrages sur les Kindle de ses clients, car, selon Amazon, les droits de vente n’avaient pas été acquittés et la diffusion de ces oeuvres n’était pas autorisée. Tout ceci à l’insu du plein gré des clients, qui ont vu le contenu de leurs « livres » électroniques modifiés par leur fournisseur.
Pétrifiant n’est ce pas ? Car on imagine encore, comme c’est le cas en Chine ou en Iran, qu’une « autorité » centrale aurait donc la possibilité de contrôler même les lectures des citoyens en autorisant tel ou tel contenu sur un livre numérique.
Si la raison invoquée par Amazon semble légitime, l’action fait froid dans le dos.
Surtout lorsque l’on sait que l’une des œuvres « retirée de la vente » était précisément…..1984.
Dans la Lune
juillet 20, 2009 on 9:41 | In Best of, Coup de gueule, Europe, Insolite, International, Poil à gratter | 1 CommentCe vingt juillet 2009 est un jour à marquer d’une pierre blanche.
Quarante ans que l’Homme a marché sur la Lune.
Tout le monde se souvient de la phrase « Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’Humanité ».
Le rêve de Tintin est enfin réalisé.
Car la Lune est un astre qui est bel et bien entré dans notre vocabulaire.
Par exemple, être dans la Lune.
Les idées qui nous viennent spontanément à l’esprit sont nombreux.
Au hasard, citons les socialistes, qui sont tellement nombreux à rêver de prendre la place de Nicolas Sarkozy qu’ils en oublieraient presque….qu’ils sont justement tellement nombreux à vouloir se faire élire.
Demander la lune, comme ces salariés qui s’entourent de bonbonnes de gaz pour recevoir une indemnité extra légale de 50.000 Euro. Sauf qu’à la demander en mettant le couteau sur la gorge de l’entreprise, du gouvernement, avec des bonbonnes vides en plus, le tout risque de se dégonfler comme une baudruche.
Être mal luné, comme certainement François Bayrou lorsqu’il a vu les résultats du MoDem aux élections européennes.
Face cachée de la lune, comme les dépenses de l’État qui vont aboutir à un endettement toujours plus important, et que les générations futures ne sauront pas maîtriser sans une inflation débridée ou encore un serrage de ceinture que leurs aînés, nous, semblent incapables de mettre en place.
Décrocher la lune, comme les mirifiques bonus des banquiers qui semblent être sortis de la crise sans s’apercevoir que 99% de la population y était encore plongée.
Quand on voit tout cela, on ne cherche même pas d’exemples pour illustrer c.. comme la lune, tellement il y en a.
Bref, il est temps pour JusMurmurandi de se coucher au son… de la sonate au Clair de Lune.
Merci Ludwig !

On a marché sur la lune !!
Indigeste!
juillet 18, 2009 on 7:17 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésJusMurmurandi l’avait annoncé, et c’est devenu réalité. La baisse de la T.V.A.consentie aux cafetiers et restaurateurs suivant la promesse de l’ancien Président Jaques Chirac a fait ses preuves. Moins d’un établissement sur 3 tient les engagements pris par la profession de répercuter cette baisse, même de façon très sélective, aux clients.
Au départ, les restaurateurs, chers au cœur de ce grand gourmand de Président, lui font savoir que le différentiel de TVA en faveur de la restauration rapide par rapport à la restauration traditionnelle pousse les Français à déserter leurs tables en faveur des sandwiches et autres formes de malbouffe, et coûte des emplois.
Sensible à cet argument, Chirac promet, mais ne peut tenir vu son manque de poids à Bruxelles. Et la profession de le tenir sans cesse comptable de cet échec, partiellement compensé -déjà- par des baisses de charges.
C’est Sarkozy qui va tenir la promesse de Chirac, au nom de la continuité de l’Etat, pour ne pas se ridiculiser à Bruxelles, et pour montrer que lui sait non seulement promettre, comme son prédécesseur, mais aussi livrer.
Sauf qu’entre temps la profession a changé de chanson. Il ne s’agit plus de créer des emplois, ou si peu, pour contrer la restauration rapide, mais de pouvoir mieux payer ses employés, notoirement mal rémunérés, ce qui laisse des offres d’emplois insatisfaites, et rend donc des offres supplémentaires vaines.
En plus, arrive la crise qui met à mal les caisses des restaurateurs et cafetiers comme celles de presque toutes les entreprises françaises. Oui, mais voilà, la baisse de la TVA va passer par là.
La profession négocie donc a minima la création de 20.000 emplois supplémentaires (il y en aurait eu de toute façon 20.000, donc le chiffre de 40.000 n’est qu’un attrape-couillons) et la baisse a minima des prix, sur seulement 7 articles. Qu’on compte combien il y a de boissons sur la carte d’un cafetier, ou de plats sur celle d’un restaurateur, et chacun verra comment baisser les prix sur 7 articles est totalement dérisoire, ou symbolique.
Plus trace de nouvelle convention collective qui viendrait contraindre, si peu que ce soit, la profession à mieux payer ses employés, qui sont laissés aux bons soins de leurs employeurs. Bons soins dont on sait déjà qu’il sont fort pingres.
Le reste, c’est bien simple, va directement dans la poche des cafetiers et restaurateurs.
Le résultat, c’est une aide de l’Etat, encore une, qui n’aura d’autre effet que de ruiner un peu plus les finances publiques, et de charger la mule des contribuables, qui n’en peuvent déjà plus.
Malheureusement, pour symbolique que soit cet épisode, ce n’est pas une exception, c’est au contraire la règle. En 1993, l’État ouvre le chapitre des aides aux entreprises sur les bas salaires. Elle coûte à l’époque moins de 3 milliards de francs. 16 ans plus tard, le même poste coûte, toutes aides et franchises de charges confondues, 30 milliards d’euros par an.
Évidemment le patronat reste dans son rôle en affirmant (menaçant?) que 800.000 emplois disparaîtraient si ces aides étaient supprimées. Même si c’était vrai, et non un chiffre aussi truqué que celui des manifestants donné par les centrales syndicales, cela fait quand même 40.000€ d’aide par emploi et par an, soit beaucoup plus que la totalité de la masse salariale de ces 800.000 emplois.
Ce qui montre à quel point il serait « rentable » de supprimer toutes ces aides.
Oui mais voilà, nous sommes en France. Comme aux États-Unis, où l’Administration Obama semble laisser ses promesses de réforme du système financier à l’état de projet pour ne surtout pas empêcher les banques de se refaire une santé en faisant exactement comme avant la crise -méga-risques et giga-bonus-, les promesses de Sarkozy de baisser les dépenses de l’Etat ne sont tenues qu’à dose homéopathique.
Et c’est aux Français qu’un jour il faudra bien présenter l’addition de toutes ces folies dispendieuses. A n’en pas douter, ils en auront une sérieuse indigestion. Et feront ce que fait tout client qui ne digère pas le repas qu’on vient de lui servir.
Ils changeront de crèmerie.
Des bonus à toute épreuve
juillet 16, 2009 on 6:53 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésIncroyable! Alors que la crise bat son plein, une banque américaine, et pas n’importe laquelle, annonce des profits record pour le deuxième trimestre de l’année 2009. Goldman Sachs, la première banque d’affaires au monde.
Il y a déjà quelque chose de choquant à voir de tels profits affichés en si absolu décalage avec la conjoncture. Manifestement, les activités de Goldman Sachs ont été facturées avec une marge bénéficiaire très importante, de façon à laisser un tel profit en bas du compte d’exploitation.
Mais comment facturer de telles marges quand la conjoncture est déprimée et les affaires rares? Pourquoi la concurrence ne mord-elle pas sur la clientèle de Goldman Sachs?
Il faut se souvenir que, dans les activités de trading, le rival N°1 de GS était Lehman Brothers. Que Lehman a rencontré de graves difficultés en octobre 2008, comme la plupart des banques mondiales. Et que, si l’Etat fédéral américain a décidé de sauver Merril Lynch ou AIG, il a décidé de laisser couler Lehman, provoquant par réaction une tornade sur un marché financier déjà sinistré.
Laquelle tornade a menacé d’entraîner toutes les autres banques mondiales dans une spirale infernale de défiance et d’emporter le système financier planétaire. Et que, pour la stopper, tous les États mondiaux ont ouvert des lignes de crédit quasi-illimitées à leurs banques, y compris à la toute-puissante Goldman Sachs. Lesquelles banques, se trouvant sous perfusion d’argent public se sont trouvées aussi quelque peu sous tutelle, notamment pour la délicate question de super-ultra-méga bonus pour leurs employés chéris.
Car, JusMurmurandi s’en souvient, de nombreux établissements que leurs errements eussent conduits à la faillite n’était l’intervention des contribuables pour les sauver sous forme d’argent public voulaient quand même verser de tels bonus au titre de 2008, l’année de toutes les calamités.
Moyennant quoi, certaines banques américaines ont tenu à rembourser au plus vite les aides de l’Oncle Sam. Ce qui a comme conséquence de lever aussi la tutelle financière qui les empêche de payer ce qu’elles veulent à qui elles veulent.
Et, de fait, Goldman Sachs a publié dans ses comptes une mise en réserve de 11 milliards de dollars pour des bonus à venir au titre de 2009. Une année qu’elle n’aurait pas vu arriver sans aide publique. 11 milliards de dollars, soit plus que le PNB de nombreux petits pays, rien qu’au titre des rémunérations variables…
Ce qui se traduit par le fait que, chez Goldman, le revenu moyen tous employés confondus, dépasse 400.000$ par an…
11 milliards de dollars dans une économie en pleine crise, donc loin, très loin de ce qui sera versé, n’en doutons pas, quand l’économie se sera redressée.
Petit détail. L’homme qui, en tant que Secrétaire au Trésor américain a décidé de laisser couler Lehman, le concurrent de Goldman Sachs, s’appelle Henry Paulson. Son poste avant de rejoindre l’administration Bush? Vous l’avez deviné. Il dirigeait Goldman Sachs.
Décidément, les promesses de l’administration Obama de contribuer à réformer les marchés et leurs acteurs pour éviter le renouvellement d’une calamité économique comme celle que nous vivons, et qui est largement, ne l’oublions pas, causée par une orgie de risques pris par les banques menées par des banquiers poussés par une envie sans limite de gagner toujours plus semblent de plus en plus de pieuses mais creuses paroles.
Les bonus quand tout va bien, et l’argent du contribuable pour s’en sortir quand on a trop perdu, vraiment le sort est plus clément pour les banques américaines (Goldman est l’exemple le plus choquant, mais Bank of America, Citigroup ou Morgan Stanley font de même) que pour de nombreuses PME ou familles endettées qui se retrouvent avec rien.
Parlant de PME, la société américaine de crédit CIT, spécialisée dans le crédit aux PME du commerce, va couler, l’administration Obama lui ayant refusé son aide. La sixième plus grosse faillite de l’Histoire américaine s’annonce et CIT va rejoindre Lehman au cimetière des géants de la finance. C’est à se demander si Goldman Sachs ne va pas s’intéresser maintenant au crédit aux PME américaines.
Clausewitz disait que la politique est la continuation de la guerre par d’autre moyens. JusMurmurandi se dit que la finance américaine, c’est la poursuite des profits et des bonus par tous les moyens…
Chassez le naturel, il revient au galop
juillet 14, 2009 on 7:16 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésL’hypothèse que l’Homme naît bon et est corrompu par son environnement a de beaux jours devant elle, mais plus encore celle qu’il naît tout simplement imparfait.
Quelques exemples.
Home, le film de Yann Arthus Bertrand est projeté gratuitement le soir de sa sortie sur le Champ de Mars.
Des milliers de spectateurs viennent le visionner.
Et laissent un champ de détritus derrière eux….Cherchez l’erreur.
L’Union européenne, très patiente, décide d’attendre la fin de l’enquête du BEA avant d’ajouter Yemenia à la liste noire des compagnies aériennes interdites en Europe.
Yemenia, comme elle l’a rappelé avec subtilité et délicatesse, a commandé 10 Airbus A350 pour une livraison pendant la prochaine décennie.
Le rapport du BEA est il encore nécessaire ? Cherchez l’erreur….
BNP Paribas, comme les banques américaines, décide de réinstaurer les bonus pour l’année 2009.
La parenthèse de 2008 n’aura duré qu’un an, la crise est déjà finie (pour les bonus s’entend).
Prot, Pébereau et compagnie pourront, suivant les résultats passer à la caisse à hauteur de 80% ou 120% de leur rémunération fixe suivant les fonctions occupées.
Pendant ce temps, la même BNP Paribas augmente massivement le loyer de la célèbre librairie américaine Brentano’s, rare représentante de la langue de Shakespeare avec Galignani ou W.H. Smith’s à Paris.
Cent quinze ans d’histoire qui passent à la casse, le nouveau loyer envoyant la célèbre librairie à la case dépôt de bilan du Monopoly des affaires. Quatorze emplois perdus
On aurait pu croire l’équipe BNP Paribas plus attachée à la culture (ou à la défense de l’emploi…) que celà…
Julien Dray accorde une longue interview à un hebdomadaire qui appartient à l’un des plus grands capitalistes français (Le Journal du Dimanche, du groupe Lagardère).
Il vitupère contre Bercy et explique que le Ministère du Budget veut l’abattre.
Il manque juste une question et une réponse dans cet entretien.
Comment est il possible que le fait que Juju soit un client VIP d’American Express et qu’il ait une carte Centurion qui coûte la bagatelle de 2.000 Euro à l’année, réservée aux très hauts revenus, ne soit pas abordé ???…
Un détail, certes, direz vous….
Vélib’ fête ses deux ans en fanfare.
16.000 dégradations, 8.000 vols en deux ans, 1.500 réparations par jour !!
C’est surtout le fabricant qui doit se frotter les mains.
Coût prévisible pour les Parisiens : 1,5 millions d’Euro.
Quel Parisien se demande encore où passent, par exemple, les augmentations des taxes d’habitation et foncière, sans parler de Paris plage qui redémarre demain ???

On connaissait les Bobos à Vélib' maintenant ce sont les Vélib' qui ont bobo
Incongruités et prises d’otages
juillet 14, 2009 on 6:52 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermésMe Halimi déclare: « en 2009, la Shoah recommence! » Quelle que soit la douleur de la mère dont le fils a été assassiné et torturé, mettre de la Shoah partout est la meilleure façon de la banaliser, de la normaliser, de la réduire à l’addition de meurtres dont celui-ci, ne l’oublions pas, avait pour mobile non le fait qu’Ilan Halimi était juif, mais le fait que, parce que juif, il était présumé riche. Ce qui n’est pas la même chose.
A Châtellerault, les employés de New Fabris menacent de se faire sauter s’ils ne touchent pas 30.000€ chacun au titre d’indemnités de licenciements. Là encore le désespoir n’excuse pas tout. Et les employés égarés ne réalisent pas que leurs manifestations violentes sont le meilleur moyen de décourager tout nouvel employeur qui verra sur un CV un emploi à New Fabris…
En Israël, on supprime les noms de villes en arabe qui « doublaient » les noms en hébreu. Ou comment rajouter du sel dans les plaies. Du sel de la Mer Morte, bien sûr.
Les Chinois arrêtent pour « espionnage » 4 cadres de Rio Tinto. La Chine est très dépendante de ses importations de minerai de fer, marché dominé par trois géants: les australiens BHP et Rio Tinto, et le brésilien CVRD. Les sidérurgistes chinois n’ont pas du tout apprécié la hausse vertigineuse des prix imposée par ce trio en 2008, et attendent de 2009 une baisse symétrique. Pour mieux y parvenir, Chinalco a trouvé un accord pour refinancer Rio Tinto moyennant une prise de participation de 20% à son capital. Sauf que Rio Tinto change d’avis, renonce cavalièrement à l’argent chinois et choisit de fusionner ses activités de minerai de fer avec celles de BHP.
Après, -pure coïncidence bien sûr- 4 cadres de Rio Tinto sont arrêtés en Chine pour « espionnage ». Ce qui ne peut que rappeler l’arrestation, elle aussi pour espionnage, d’une jeune française qui s’apprêtait à quitter l’Iran.
Qu’est-ce que ces histoires ont en commun? La prise d’otage.
Mme Halimi prend en otage tous ceux qui ont en horreur absolue la Shoah pour les contraindre à plus de sévérité à l’encontre des Barbares. Et Mme Alliot-Marie a, comme par hasard, annoncé à la presse que le Parquet ferait appel de 14 condamnations dans ce procès, qui ne sera pas, cette fois, soyons en sûr, à huis clos, comme l’a demandé la mère de la victime.
Les employés de Châtellerault prennent en otage le stock de pièces dû à Renault et Peugeot, les machines de production, et la responsabilité de tous ceux à qui on pourrait a posteriori reprocher de n’avoir pas stoppé leur folie destructrice en payant l’argent demandé.
En Israël, la prise d’otages est bien connue des deux côtés de la barrière. Ou du mur devrais-je écrire. Comme celle du soldat Gilad Shalit, capturé il y a trois ans déjà. Ou celle des gazouis enfermés ou plus exactement emmurés en guise de rétorsion aux attaques du Hamas.
Quand aux Chinois et Iraniens, il semble que la prise d’otages soit, en l’espèce, la continuation de la politique par d’autres moyens. Et comme celle-ci est, depuis Clausewitz, la continuation de la guerre par d’autres moyens….