La tentation américaine d’un Président Buisson…

décembre 23, 2009 on 10:55 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pour un observateur européen, la scène politique américaine des 30 dernières années possède une particularité curieuse. Toute personne qui aspire à jouer un rôle se voit demander comme un préalable s’il ou elle est pour ou contre le droit à l’avortement. Celui-ci procède d’une décision de la Cour Suprême dite Roe Vs Wade, et les anti-avortements rêvent de la renverser.

Ce qui étonne, c’est que cette question, à forte consonance religieuse, est déterminante pour la réussie en politique. Aucun Républicain par exemple ne pouvant se concilier l’électorat conservateur qui constitue l’aile droite de son parti, et donc ne peut être élu s’il ne prend pas fortement position contre l’avortement, alors que ce n’est pas du tout citée par les Américains comme primordial pour eux.

D’où une interrogation: pourquoi les partis excluent-ils ou sabordent-ils de bons candidats au nom d’une question terriblement clivante mais qui n’est pas une priorité de l’électorat?

Il semble que la France pourrait suivre le même exemple quand on voit l’évolution que prend le débat sur la double question de la burqa et des minarets.

La burqa ne concerne, d’après les études, qu’un tout petit nombre de milliers de femmes, soit, par comparaison, le même nombre de Français que celui des morts sur la route. Quoique JusMurmurandi soit opposé au port forcé de la burqa, il l’est plus encore à l’irruption de la loi pour restreindre les choix vestimentaires des Français.

Des minarets, la France en compte 33, soit un nombre infinitésimal par rapport aux clochers d’églises, dont tous ne sont pas, c’est le moins qu’on puisse dire, d’un gout architectural au dessus de tout reproche. Là encore, JusMurmurandi est opposé à des constructions voyantes de style moyen-oriental en peine agglomération française, et à l’appel du muezzin s’il dérange la population, mais opposé plus encore à l’irruption de la loi pour restreindre les pratiques religieuses des Français.

Rappelons à tous ceux qui l’ignoreraient qu’un sondage de La Croix, journal peu suspect d’être anti-chrétien, place l’Islam comme première religion de France par le nombre de pratiquants réguliers (au moins une fois par mois). Il faut bien que ces pratiquants-là aient quelque part où aller faire leurs dévotions, et le contraste entre des mosquées de fortune trop pleines et des églises très vides est éloquent.

Reste que les sondages, toujours eux, montrent que la burqa et les minarets ne sont pas, pour les Français, des préoccupations majeures par rapport à la crise économique, au chômage ou à l’environnement.

Alors que les politiques font assaut de déclarations et d’initiatives pour ou contre l’interdiction de la burqa et de la construction de nouveaux minarets comme s’il s’agissait de sauver la France.

Si la droite française s’embarque (ou s’emburqe, en profitant de l’occasion pour un jeu de mots digne de l’Almanach Vermot) dans cette direction, il est à craindre qu’elle ne subisse le sort de la droite américaine, incapable d’être élue sans le concours de son aile dure, concours monnayé au prix fort, bien sûr…

Voilà qui pourrait nous valoir un Président nommé Buisson…

Le père Noël est en or pour certains, et dur pour d’autres…

décembre 21, 2009 on 7:17 | In France | Commentaires fermés

31 millions d’Américains vont avoir de quoi se réjouir. Le Père Noël leur apporte un superbe cadeau, sous la forme d’une couverture santé alors qu’ils en étaient, jusqu’ici, dépourvus.

Ce sera aussi un beau cadeau pour Barack Obama, pour qui c’est une victoire infiniment plus importante, politiquement, que tout ce qui s’est passé -et ne s’est pas passé- à Copenhague.

Reste que les États-Unis sont, et de très loin, le pays qui dépense le plus dans ce domaine, avec 12% du p.i.b., contre moins de 7% en Grande Bretagne, et ce avant même que la nouvelle mesure entre en vigueur. Comment celle-ci va assurer les gens sans ruiner le système est une question à laquelle la France n’a manifestement aucune réponse à apporter, même si notre cas n’est pas encore aussi aigu.

3.000 Français vont avoir un Noël moins joyeux. Ce sont ceux qui ont ou ont eu un compte en Suisse à la banque HSBC. Passé le 31 décembre, la cellule de dégrisement de Bercy sera fermée, et, avec elle, toute possibilité de négocier le retour de ses capitaux sans payer la totalité des impôts, pénalités de retard et amendes prévus par le Code.

Reste que, par-delà la polémique à rebondissement sur cette rocambolesque affaire (les données ont-elles été volées ou hackées? Les autorités françaises ont-elle le droit de les exploiter? La Suisse a-t-elle donné les mots de passe qui ont permis de les décrypter? Va-t-elle signer le traité de coopération fiscale et aider le fisc français dans ses poursuites. Hervé Falciani se rend-il compte que, en échange de l’attention que lui portent les média en ce moment, il est en train de se carboniser professionnellement, et que, bientôt, il ne sera qu’un has-been honni et abandonné? Quel rôle a joué sa collègue et/ou maîtresse? A-t-il essayé de vendre ses données à des banques libanaises?), c’est aussi un beau cadeau de Noël pour Eric Wörth, dont les services auraient déjà rentré plus de 500 millions d’impôts, avec certainement plus à venir.

Ça va être un Noël moins joyeux pour Tiger Woods. Le prodigieux golfeur a perdu en quelques semaines son statut de sportif superstar, et la plupart des contrats de sponsoring qui faisaient de lui le sportif le plus riche de la planète. Ayant mis sa carrière en suspens, il va avoir du temps à consacrer à sa famille, après avoir reconnu de multiples infidélités conjugales. La liste de celles-ci ne cesse d’ailleurs de s’allonger. Quand donc les personnes qui sont sous les feux de l’actualité (sports, media, politique, argent, show-biz) comprendront-elles que plus aucun de leurs gestes n’est innocent et que plus aucune de leurs paroles n’est en l’air?

Pas terrible non plus, ce Noël, pour les responsables des transports français. Avec la longue grève du RER A, la courte du RER B, l’accident sur le RER C, les retards du TGV, la suspension du trafic des Eurostar et l’annulation de milliers de vols, ils en ont fait baver à des millions de Français. Ce qui va les obliger à se voir poser des questions désagréables et gênantes…

A Copenhague, ce n’étaient pas des Saints…

décembre 20, 2009 on 12:54 | In France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Copenhague a montré au grand jour les limites du système onusien. L’ONU, dont il n’est pas inutile de rappeler qu’elle descend directement de la Société des Nations, née de la fin de la première guerre mondiale et destinée à empêcher -et on sait à quel point elle a échoué- la répétition d’un tel carnage, fonctionne en effet suivant la règle de l’unanimité.

Espérer une unanimité à plus de 170 pays sur un sujet, la réduction de l’émission de gaz à effet de serre par tous les pays, grands comme petits, riches comme pauvres, émergents aussi bien que vieillissants, propres autant que sales, c’était espérer que leurs chefs d’État se conduisent comme des Saints.

Car la définition d’un Saint, justement, c’est d’être quelqu’un qui se dépasse au service d’une cause plus grande que lui ou elle, et qui, dans cette dynamique, accomplit des miracles même après sa mort.

Et c’est exactement ce qui ne s’est pas produit à Copenhague. Personne n’a dépassé ses propres intérêts, et aucun miracle ne s’est produit.

Fort heureusement, dans le même temps, une solution va nous être donnée par l’Église catholique, dont le pape, Benoit XVI, a proclamé deux papes « vénérables », dernière étape avant la béatification, attendue pour 2010.

L’un de ces deux papes, Jean-Paul II, a indiscutablement réussi des miracles. Il a plusieurs fois réuni des millions de jeunes pour des Journées mondiales de la Jeunesse, véritables happenings chrétiens, aux antipodes de l’image de l’Église catholique, et aux antipodes de l’image de la jeunesse mondiale. Il a comblé une partie du gouffre séculaire qui sépare les Églises judéo-chrétiennes.

Il a montré que lui, le vieux pape polonais, théologiquement conservateur, était devenu l’un des leaders les plus populaires du monde, capable de renverser des montagnes, même quand elles étaient aussi massives que le système soviétique

Un leader qui rassemble et qui met en mouvement, capable de renverser des montagnes, et qui fait des miracles. Comme en leur temps, Gandhi ou Mandela. Voilà exactement ce qui a manqué à Copenhague.

Qui sera, un jour, le Saint de l’Environnement?

Tuvalu devient Foutuvalu!

décembre 19, 2009 on 8:09 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Tuvalu, c’est un État-atoll qui a une particularité redoutable. En cas de hausse du niveau des océans, il disparaîtra purement et simplement sous les eaux. Fort heureusement, cela ne concerne « que » 12.000 personnes et 26km².

Alors que se passe-t-il qui fasse que Tuvalu soit subitement important? Eh bien, c’est ce minuscule État qui a été le premier à rejeter le texte sorti de la conférence (on n’ose plus dire: le sommet) de Copenhague sur le réchauffement climatique.

Les 130 chefs d’État n’ont pu se mettre d’accord sur rien, et, quand le spectre de l’échec s’est fait menaçant, certains sont purement et simplement partis pour éviter d’être partis prenantes au fiasco. D’où le fait qu’il n’y a même pas de « photo de famille » de tous ces puissants dirigeants.

Sans accord, chaque pays va pouvoir tranquillement poursuivre ses intérêts et eux seuls, tout en multipliant les déclarations de bonne conduite. Ainsi, au palmarès du cynisme, JusMurmurandi salue la Chine, qui offre une forte réduction de ses gaz à effet de serre, mais sous condition qu’il n’y ait aucune vérification extérieure, mais aussi la Russie, qui fait de même, mais avec en référence la situation à la fin du XXe siècle, quand l’Union Soviétique produisait -et donc polluait- beaucoup plus qu’aujourd’hui, ce qui fait que sa diminution est déjà dans les faits, et donc que la « promesse » était vide, ou encore le Soudan, qui se vautre dans l’abomination au Darfour, mais ose comparer le comportement des Occidentaux à l’Holocauste. Et ainsi de suite…

Il est clair que les ONG et autres experts qui se sont vus aux commandes de la planète comme une sorte de panel mondial de ce qui est « bien » et de ce qui ne l’est pas doivent se sentir comme Perette et le pot au lait. De même que les dirigeants des pays du tiers-monde qui salivaient déjà sur ces 100 milliards d’euros annuels de transfert à partir de 2020 qui leur étaient, du moins le croyaient-ils dus et destinés.

JusMurmurandi, qui n’est qu’une bande de vieux cyniques, n’est pas véritablement surpris que les dirigeants n’aient pas cédé à ce chantage à la terreur d’un mélange hétéroclite de bonnes âmes pleines de bonne volonté, de politiques « alternatifs » tentant de ressusciter les politiques de décroissance qui ont fait faillite dans les années 60 avec le Club de Rome, d’autres politiques tout simplement désireux de surfer sur une vague prétendument populaire, et de scientifiques et autres experts.

Et, en tant que vieux cynique, JusMurmurandi fait remarquer qu’il n’y a pas une seule élection qui ait été remportée où que ce soit par ce programme. Pas une au monde. Comme légitimité démocratique, on fait mieux. Sauf à vouloir faire le bonheur (en l’occurrence la survie) des humains malgré eux, et on sait ce que ce genre de gouvernance a donné dans le passé….

Que reste-t-il de tout cela? Que très probablement le monde avancera en ordre dispersé. Quoiqu’il y ait des moyens d’imposer un certain ordre mondial de la propreté. Il suffit que l’Union Européenne impose (au sens d’impôts) un droit à l’importation de produits polluants et/ou en provenance de pays polluants. Comme il s’agit du premier marché du monde, on verra ceux qui veulent y exporter, telle la Chine, s’orienter (il y en a déjà des signes) vers un « plus propre que moi, tu meurs » salutaire pour tout le monde.

Ce qui serait une forme internationale de taxe carbone. Amusant de voir comment le gouvernement global ne peut s’imposer par la science, la diplomatie, ou l’intérêt commun, mais par l’impôt et le commerce….

En attendant, le réchauffement climatique est une réalité, même si le foutoir de Copenhague s’est tenu pendant une vague de froid sur l’Europe. Lequel réchauffement, quelles qu’en soient les causes (il n’y pas consensus que l’activité humaine soit déterminante), va causer l’engloutissement des Tuvalu.

Ils sont donc foutus, les Tuvalu.

Sauf que, bien sûr, après avoir pleuré que tout est perdu pour toujours sur toutes les radios et télés, après avoir condamné tous les dirigeants politiques, et après avoir clamé leur désespoir avec un talent à éclipser la mémoire de Sarah Bernhardt, toutes les ONG, écolos et autres scientifiques se hâteront de remettre le couvert des négociations planétaires. Être passés si près d’un tel fromage est vraiment trop cruel, le psychodrame ne fait que commencer….

Blancs comme neige!

décembre 18, 2009 on 8:48 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Certains jours, JusMurmurandi n’arrive tout simplement pas à comprendre l’information, tant elle sort du périmètre de ce qui est imaginable.

Ainsi, quand on voit une majorité de Français favorables aux cafetiers restaurateurs qui se sont purement et simplement mis dans la poche l’essentiel de 3 milliards de baisse de TVA au mépris de tous leurs engagements passé et présents.

Cette fois-ci, c’est l’Autorité des Marchés Financiers qui innocente tous les mis en cause dans ce qui apparaissait comme un gigantesque délit d’initiés chez EADS. 17 personnes et 3 sociétés avaient vendu des grandes quantités de titres EADS juste avant que l’annonce du long retard du programme A380 fasse fortement baisser le cours de l’action.

Dans les faits, l’AMF vient de dire que ces gens-là et ces entreprises avaient le droit de le faire. Peut-être, dans le fond ne savaient-ils pas que leur avion géant aurait plus de 2 ans de retard et quelques milliards d’euros de surcoût. C’est possible, après tout ils n’étaient que les dirigeants de l’entreprise, on ne peut pas leur demander de tout savoir…

Julien Dray, lui, tout comme les dirigeants d’EADS, vient d’apprendre qu’il n’aura pas à connaître les bancs de la Correctionnelle. Tout ce dont la presse s’est fait l’écho avec des mines de jeune fille effarouchée, notamment ce qui apparaissait comme un train de vie fastueux et totalement sans rapport avec ses fonctions et ses revenus, ne mérite pas plus d’un simple « rappel à la loi ».

Dans le même temps, on apprend que l’ex-Président Chirac va, lui, être recherché pour une deuxième affaire, en sus de celle qui va lui valoir, à la différence des personnes mentionnées ci-dessus, une comparution en justice.

Mais, toujours dans la même veine incompréhensible qui semble avoir contaminé les Français, ceux-ci pensent qu’il serait mieux de laisser en paix l’ancien Président, traité en son temps de Super Menteur et vilipendé pour les nombreuses casseroles dont seule son immunité présidentielle le protégeait tandis que ses lieutenants tombaient comme les grognards de Napoléon à Waterloo.

Nicolas Sarkozy a de tout temps proclamé son peu de goût pour la pratique régalienne de la grâce présidentielle, et ne l’a pas utilisée en une moitié de mandat. On voit que la Justice, toujours soucieuse de bien faire son travail, lui évite cette peine….

Baisers volés, Judas, Clearstream, Piquet, et les repentis…

décembre 17, 2009 on 9:49 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il y a des baisers amoureux, à la mode des photos de Doisneau ou de films d’Hollywood. Des baisers d’adieu dramatiques, comme celui qui précède le meurtre mafieux. Il y a aussi le baiser de la mort, comme celui de Judas, qui dénonce Christ aux Romains.

C’est ce dernier genre qui a été mis en œuvre par un informaticien de la filiale suisse du géant HSBC, quand il a transmis au fisc français une longue, très longue liste de titulaires étrangers de comptes en Suisse. Lequel fisc français va en faire l’usage que prescrit sa fonction, c’est-à-dire faire payer des impôts aux fraudeurs et autres évadés.

Mais aujourd’hui la Suisse se rebiffe et renonce, pour l’instant, à signer l’accord de co-opération fiscale avec Paris.

Il faut dire que la liste en question est indiscutablement volée. Comme ont été volées les informations des fichiers Clearstream qui ont donné lieu aux poursuites que l’on sait.

Ce qui pose une vraie question de droit. Est-il possible (ou normal, ou juste) de se servir du produit d’un délit ou d’un crime?

Deuxième question: est-il possible (ou normal, ou juste) de rémunérer un délateur d’une façon ou d’un autre?

Ainsi Alain Marland, français réfugié fiscal en Suisse a-t-il dénoncé à la justice américaine une turpitude (au regard de la loi américaine) du Crédit Lyonnais dans l’affaire de la reprise par François Pinault d’Executive Life. Au final cela aura coûté au contribuable français 600 millions d’euros plus les frais, somme dont Marland a le droit de recevoir 10% comme récompense.

Autre exemple de délation rémunérée, Nelson Piquet Junior, pilote de Formule 1 pour Renault, qui a dénoncé l’accident bidon monté pour faire gagner le Grand Prix de Singapour à son coéquipier Fernando Alonso. Tout le monde a été condamné, sauf le délateur, protégé par l’immunité négociée à l’avance.

Enfin la justice, notamment en Italie et aux États-unis, offre à ceux qu’on appelle les « repentis » une combinaison d’amnistie et de nouvelle vie

Éric Woerth, le dit clairement, en tant que Ministre du Budget, comment aurait-il pu ne pas utiliser cette liste?

Sur le fond, il n’y a personne pour défendre les comptes secrets en Suisse, sauf les Suisses, bien sûr. Mais il est clair que laisser un pays utiliser sans frein le produit des délits et des crimes, c’est le rendre complice, et c’est inacceptable.

En fait, il semble que la faute d’Éric Woerth, ce soit surtout d’avoir clamé partout qu’il détenait la fameuse liste pour faire peur aux fraudeurs et les amener à la fameuse cellule de dégrisement de Bercy.

Quand on se compromet avec des voleurs, même pour une juste cause, il faut le faire le plus discrètement possible…

Quant au délateur, qui se sent un rôle juste et moral, il aurait bien fait de se renseigner avant sur l’ingratitude de la société humaine. Non seulement il va tout droit à une condamnation pénale en Suisse, mais je doute fort qu’une entreprise veuille employer un informaticien qui se donne le droit de trahir et de voler son employeur, fût-ce pour une cause qu’il juge bonne. Après tout ignorait-il vraiment tout de la nature des fonds gérés par les banques suisses quand il a accepté le de travailler chez HSBC?

Ni M. X, ni Gabriel Aranda, ni Nelson Piquet Jr n’ont survécu, professionnellement parlant, à leur délation. Le baiser qu’ils ont donné, ils en ont été la première victime.

Un Grand Emprut pour une Grande Cause

décembre 16, 2009 on 10:01 | In C'est ça, Paris?, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | 3 Comments

Le Grand Emprunt de Nicolas Sarkozy se voulait avoir des accents gaulliens, avec, en référence, les programmes Airbus, Ariane, ou les centrales nucléaires, où l’intervention de l’État a eu un rôle moteur dans ce qui sont devenu des succès planétaires.

Mais JusMurmurandi doute que l’Histoire soit assez bonne fille pour repasser les plats. Et ce pour plusieurs raisons.

D’abord parce que la France vit dans le cadre européen, lequel cadre interdit toute distorsion de concurrence. Or c’est justement ce que recherche le Grand Emprunt, de déplacer le curseur. De préférence vers l’avant…

Ensuite, parce que le premier poste, auquel seront affectés 11 milliards, est celui de la recherche. Un poste théoriquement déjà largement doté par la réforme précédente. Un poste dont l’inefficacité comparée à nos concurrents suscite un mélange d’hilarité et de consternation. On connaît la célèbre citation sur notre système qui emploie des chercheurs et non des trouveurs…, certains n’ayant ni publié ni breveté pendant des décennies…

Puis parce que le Grand Emprunt rassemble sous le parapluie commun des fonds publics des thèmes divers, automobile électrique, énergie verte, aussi bien que des segments de l’économie: recherche, ou PME innovantes. C’est la garantie de pouvoir « être présent » sur les fronts dont l’avenir semble devoir être fait, mais ce n’est pas la façon dont ces projets devraient être menés. Quel rapport entre l’énergie, où règne un tandem fortement régulé de clients écrasant, EDF et GDF, et l’automobile, où les acheteurs sont individuels? Quand aux PME, seront-elles éligibles seulement si elles sont dans des secteurs prioritaires?

Face à ce mélange d’intentions et d’incertitudes, JusMurmurandi voudrait faire une suggestion qui ralliera tous les suffrages. Un projet dans un secteur où les Français sont un des leaders mondiaux, et, qui plus est, dans le segment « vert » de ce secteur, ce qui ouvre de vastes perspectives à l’exportation. Un projet dont la rentabilité financière est garantie. Un projet qui va améliorer la qualité de vie de millions de Français.

Le secteur, ce sont les transports. Le segment, ce sont les transports en commun. Le projet, c’est l’automatisation complète de la conduite de RER. Quand on sait qu’ils ne conduisent que 2h50 par jour, et partent à la retraite à 50 ans, on imagine combien les conducteurs coûtent à la RATP et à la SNCF. Il en découle l’économie à attendre de ces nouveaux systèmes, dont la technologie existe déjà.

Quand au service pour les usagers, il n’y a qu’à leur demander ce qu’ils en pensent. A ceux de la ligne A, par exemple.

RER

1984 en 2009

décembre 15, 2009 on 5:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Nous avons déjà parle de 1984 de George Orwell et comment l’état décrit dans ce livre place des téléviseurs dans tous les foyers pour les espionner.

Avec Internet, c’est encore plus facile.

En 2009, les habitants des pays occidentaux, s’ils disposent de télévisions chez eux, n’ont même pas besoin d’être suivis, écoutés etc.

Ils vont a la confession « électronique » d’eux mêmes, racontant leur vie, montrant des photos de leurs familles, amis et tout autre détail sans la moindre pudeur, ou même réflexion quant à la destination éventuelle de ces informations quelques fois « sensibles ».

JusMurmurandi a récemment aborde le sujet de cette femme dont la couverture chômage a été purement et simplement annulée par sa compagnie privée au Canada, après qu’elle ait mis en ligne des photos de vacances avec des Chippendales pendant qu’elle était théoriquement en cure pour soigner sa « dépression ».

Bref, pas besoin d’épier, il suffit de lire tout ce que racontent les uns et les autres. Sur le site le plus fameux, Facebook, il y aurait déjà plus de trois cent millions d’abonnés enregistres.

Nombreux sont ceux qui s’y enregistrent non pour donner mais pour recevoir (organismes publics, police, cabinets de recrutement etc….)

Et la ou cela se corse, c’est que ces sites peuvent aussi être la cible de cyberattaques, comme n’importe quel site internet.

On a vu apparaitre des messages prétendument envoyés par un abonne a tous ses « amis » pour vanter de la lingerie ou autre produit ne faisant pas nécessairement partie de son quotidien, en particulier si certains des « amis » sont des relations professionnelles.

Et quelle est la seule solution dans ces cas quelque peu embarrassants?

Envoyer un courriel pour expliquer aux uns et aux autres que son compte a été détourné…Mais suivant le proverbe que crachez, il en reste toujours un peu, allez expliquer a tous vos « amis » que vous n’y êtes vraiment pour rien. Et les uns et les autres se retrouvent un peu honteux….

D’après un éditeur de logiciels anti virus, 21% des utilisateurs d’internet annoncent avoir été la cible de programmes malicieux sur des sites « sociaux »

Clairement pour JusMurmurandi, ces sites de liens sociaux représentent un danger dont les abonnes ignorent les conséquences.

La garantie des données n’est pas assurée, la pérennité financière de ces sites non plus, et tout ceci alors que les uns et les autres y racontent leur vie comme de jeunes enfants écrivent leur journal dans un cahier en papier, ignorant la diffusion incontrôlée et incontrôlable de l’internet.

JusMurmurandi parlait en début d’article de confession. On sait les dérives qu’ont pris les aveux a certains confesseurs sans foi ni loi.

Si vous êtes enregistre sur l’un de ces sites, et y déposez vos secrets, pensez y avant de tout raconter….

Taxi !

décembre 14, 2009 on 9:51 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Voilà bien une confrérie à défaut d’un autre terme qui fait souvent couler de l’encre.

Si les Parisiens envient les taxis de Londres pour leur espace intérieur, leur confort avec les cinq places disponibles et surtout leur très faible rayon de braquage (le tout étant défini par un cahier des charges très strict dont on imagine mal que le maire de Paris aurait le courage de vouloir en imposer un un jour aux taxis parisiens), c’est une toute autre affaire de taxi qui déchaîne les Britanniques en ce moment.

Car nos voisins et néanmoins amis ont décidé de faire une petite introspection et regarder de près comment les hommes politiques de l’époque ont pu lancer le pays dans un conflit aussi désastreux que celui qui se déroule aujourd’hui en Irak.

Car en dehors de la responsabilité de l’Etat français lors du deuxième conflit mondial, il est bien une décision pour laquelle JusMurmurandi soutient les deux mandats de Jacques Chirac, c’est celle de ne pas suivre George W. Bush dans sa vendetta teintée de « je vais prouver à papa que moi je peux le faire, moi » pour aller déloger Saddam Hussein de la tête de l’état irakien.

Rappelez vous, l’Onu et Mohamed el Baradei font une enquête approfondie pour voir si Saddam ne serait pas à la tête d’armes de destruction massive de nature à déclencher un conflit majeur 45 minutes après que le Saddam en donne l’ordre.

Si la perspective était terrifiante, il est parfaitement clair qu’elle était tout aussi infondée. Et que ce faisant, l’équilibre précaire qui existait dans la région a été profondément bousculé, tandis que les Américains lâchaient un allié historique, à la tête d’un état laïc, face à un Iran religieux ne rêvant que d’une chose, d’en découdre une bonne fois pour toutes avec Saddam, manoeuvre qui avait échoué lors du non moins sanglant conflit Iran Irak.

Et ceci nous allons le payer, nos enfants et peut être nos petits enfants aussi.

Il est donc rassurant d’une certaine mesure de se dire que tant à ce que cette décision désastreuse ait été prise, on veuille, enfin, près de 7 ans après, enquêter sur comment les dirigeants de l’époque (Bush et Blair) ont pu engager leurs pays dans une voie aussi impensable.

Car il faut se rappeler que la raison sensée justifier cet engagement, c’était les armes de destruction massive. Pas de chasser un dictateur sanglant; car pour cela il suffisait, comme il est toujours possible d’ailleurs, de « s’exercer » en Corée du Nord ou à Cuba.

Or, comme chacun sait depuis, d’armes de destruction massive on n’en trouva pas plus que l’Onu, c’est à dire pas plus que de beurre en broche. Aucune.

Mais d’où venait l’information sur ces prétendues 45 minutes nécessaire à la mise en route d’un conflit bactério chimique? Car c’est là que le bât blesse, c’est sur ce point central que l’on se rend compte à quel point les deux dirigeants ont pu raconter n’importe quoi pour justifier leur décision.

D’après les sites d’information britanniques qui suivent le procès, cette information, capitale rappelons le, aurait été entendue au cours des deux années précédant le conflit par un chauffeur de taxi à la frontière jordano irakienne.

Bref, on est en plein téléphone arabe….

Et dire qu’il y a encore quelques semaines, Tony Blair était encore un candidat jugé respectable pour prendre la tête de l’Union européenne.

Et le même Blair de dire aujourd’hui, au même procès, qu’il était nécessaire d’abattre Saddam Hussein. Et justifier les milliers de morts alliés, et les centaines de milliers de civils irakiens aussi peut être ???

Car s’il était un fou sanguinaire comme décrit par ses détracteurs, jamais au grand jamais il n’aura commis autant de crimes que Bush et Blair réunis.

Ouf, on l’a échappé belle, et pour sa part, JusMurmurandi préfère largement Van Machin à la tête de l’Europe.

Collision mortelle dans la Russie de Dimitri et Vladimir

décembre 13, 2009 on 2:53 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2007, Europe, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Notre justice n’est certainement pas exemplaire, Ségolène Royal n’avait elle pas, à mots couverts, critiqué sa lenteur?

Nombreux procès qui se terminent en quenouille, comme par exemple le procès intenté encore récemment à Air France pour la mort d’une de ses hôtesses tombée d’une rampe d’accès qui avait été retirée trop brutalement pas un des agents du sol. Ou encore dans le pénible dossier de l’accident de l’Airbus du mont Saint Odile (le fait qu’il s’agisse de deux faits aéronautiques est une coïncidence) où ni la compagnie aérienne, ni le constructeur n’ont été condamnés pour ce qui  s’est passé. Ce ne fut qu’une mort accidentelle, rien de plus, rien de moins. Ou encore dans le douloureux dossier AZF qui visiblement restera un hasard malheureux, même si cela s’est passé juste quelques jours après le 11 septembre 2001.

Gageons qu’il en sera de même dans le cas de l’incendie du tunnel sous la Manche il y a bientôt un an, pour lequel « tout le monde » se satisfait du fait que l’échauffement des freins d’un camion puissent ravager le tunnel à  tel point qu’il faut six mois pour le réparer…l’accident ayant eu lieu le 11 septembre 2008

Non, rassurez vous, JusMurmurandi ne fait pas partie de ceux qui croient à la théorie du complot pour autant. Mais il ne faut pas non plus nous prendre pour des crétins de façon trop visible.

S’il s’agissait de journalistes, par contre, gageons que la réaction serait tout autre. C’est un peu ce qui s’est passé avec Magomed Yevloyev, qui eut le mauvais goût de fonder le principal site internet d’opposition en Ingouchie, région limitrophe de la tristement célèbre Tchétchénie.

Arrêté en août 2008, il mourut « accidentellement » pendant son transfert dans une voiture de police. Le policier accompagnateur, qui porte le même patronyme que la victime, vient d’écoper de deux ans de prison seulement, malgré la mort d’homme.

Mais oui, comprenez vous, ce ne fut jamais qu’un accident: ainsi la thèse officielle retint pour justifier la faiblesse du verdict, qu’il y avait juste eu « collision entre la victime et le canon du pistolet » !!!

Quel beau jugement…..

Modération, taxation, piège à cons

décembre 12, 2009 on 7:58 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pour qui nous prend-on? Les conseillers en communication qui mitonnent les actions des hommes politiques ou des dirigeants d’entreprise, ou en estiment les retombées à venir, pensent-ils que le public gobe n’importe quoi?

Voici deux exemples qui feraient rire s’ils ne faisaient pleurer. Tous deux concernent les « réformes » suite à la tornade financière, destinées à éviter que le même cataclysme ne puisse se reproduire.

Goldman Sachs, plus grande banque d’affaires du monde, et qui a profité de la crise pour accroitre encore sa part de marché, notamment grâce à la chute de son concurrent acharné Lehman Brothers, a fait scandale en révélant qu’ils avaient provisionné 19 milliards de dollars pour payer des bonus pour 2009. 19 milliards (oui, pas millions) pour une entreprise de 30.000 personnes, soit plus d’un-demi million de dollars par employé. Enfin, ce serait le cas si tout le monde touchait un bonus, ce qui est très très loin d’être le cas. En fait, comme cela concerne plutôt 1% du personnel, vous en imaginez le montant réel….

Un montant que JusMurmurandi ne peut que qualifier d’obscène, ou de pornographique, pour une banque qui n’a dû sa survie qu’à l’intervention massive à son profit de l’État américain qui a garanti et injecté des dizaines de milliards de dollars, aujourd’hui remboursés.

Alors Goldman, pour tenter de prévenir le vote d’une législation restrictive, et améliorer un peu son image, devenue catastrophique dans le public américain, fait savoir que les bonus 2009 ne seront pas payés en cash, mais uniquement en actions. Que ces actions devront être détenues par leurs bénéficiaires pendant 3 à 5 ans minimum. Et que si les activités ayant généré des bonus devaient, pendant ce temps faire des pertes, ces bonus seraient « récupérables ». 3 bonnes mesures, de nature à donner, justement, de la mesure, à des banquiers qui eussent effrayé par leur voracité, des simples orques ou requins blancs affamés.

Alors pourquoi JusMurmurandi éructe-t-il de colère au lieu d’approuver? C’est que cette décision, relayée par un grand tintamarre médiatique, en concerne que les dirigeants de la banque, à savoir 30 personnes. Autant dire presque personne. Et ce d’autant plus que, justement, ces dirigeants touchent déjà des salaires (hors bonus) compris entre 20 et 30 millions de dollars, et n’ont donc pas d’enjeu important à ce que leurs bonus soient comme ci plutôt que comme ça…

Autre exemple, cette-fois-ci politique. Gordon Brown, Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté, met en œuvre un impôt exceptionnel, équivalent à 50% des bonus supérieurs à 27.000 euros par personne payés par les banques anglaises au titre de 2009. JusMurmurandi, à l’énoncé de cette mesure, hallucine, pris entre ahurissement et incrédulité: les Anglais prendraient-ils une excellente mesure, mais de nature à profondément chagriner la toute-puissante City et à en chasser des golden boys? Allons, n’aurions nous pas trop bu?

En tout cas, Nicolas Sarkozy le prend pour argent comptant, annonce que la France va faire de même, et presse Angela Merkel de se joindre à cette initiative. Laquelle chancelière allemande dit qu’elle trouve cette initiative « charmante » (!), mais qu’une loi allemande en rendrait la mise en œuvre très, très difficile.

Puis nous apprenons que cette mesure devrait rapporter 600 millions de livres aux finances britanniques, et nous comprenons que c’est du bidon. 600 millions de livres pour toute la City, à comparer avec 19 milliards pour la seule Goldman Sachs, il est clair que le compte n’y est pas. Mais alors pas du tout.

En fait, après enquête, il ressort que 3 facteurs vont limiter le coût de cette mesure. D’abord, elle ne s’applique qu’aux rémunération versées en Grande Bretagne. Or les bonus payés le sont la plupart du temps, grâce à des montages légaux, dans des paradis fiscaux. Ensuite, elle ne s’applique qu’aux rémunérations effectivement versées pour 2009. Il suffira donc de les différer d’un an pour les encaisser sans impôts en 2010. Enfin, la plupart des banques britanniques ont un exercice 2009 qui s’est terminé à fin mars 2009, et non en décembre comme en France. Cet exercice contient donc la période du désastre, et pas du redressement. Donc il y a peu de bonus qui soit dû. Allons, les vendeurs des Rolls, Bentley et autres Porsche qui pullulent à Londres peuvent respirer…

Inutile de dire que la décision de Sarkozy de faire comme son collègue britannique va avoir de toutes autres conséquences, et qu’il est juste de saluer, une fois de plus, le talent des britanniques en matière de défense de leurs intérêts. Perfide, l’Albion, qui nous aura une fois de plus empapaouté!

Qu’avait dit Merkel? Charmant?

Des agences notées zéro, des petits cochons, et l’éternel recommencement

décembre 11, 2009 on 7:16 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Incongruités, Poil à gratter | 4 Comments

JusMurmurandi l’avait annoncé, et c’est arrivé, le monde sait maintenant que la Grèce est au bord de la faillite. C’était notoire, et c’est public. La faillite, en l’occurrence cela veut dire qu’elle ne trouvera pas forcément preneur pour la dette d’Etat. Sans possibilité d’emprunter comme elle veut, elle ne pourra ni exécuter son budget (payer ses fonctionnaires par exemple) ni rembourser sa dette existante (113% du p.i.b.!). Bref, la faillite…

Alors on peut toujours se dire qu’on va trouver des artifices pour « forcer » des acheteurs à avaler cette dette dont ils ne veulent pas vraiment pendant encore un temps, histoire de jouer un mauvais remake d’ »encore un instant, Monsieur le Bourreau ». Possible. Mais il y a un butoir. Pour emprunter auprès de la Banque Centrale Européenne (BCE), les banques grecques, comme les autres banques européennes, doivent déposer des actifs en gage. Et la grande majorité de ces actifs est aujourd’hui constituée de dette de l’État grec. Laquelle dette vient d’être dégradée à BBB+ par l’agence Fitch.

Or BBB+, cela veut dire qu’elle n’est plus notée A. L’échelle de notation des agences allant de AAA (la meilleure) à A (la moins bonne de la catégorie), pour tomber ensuite à BBB, puis BB, B, etc…, le tout avec des demi-crans marqués par de « + » et des « - ». Or la catégorie des B, à laquelle la dette grecque appartient maintenant, signifie qu’elle est « spéculative ». En d’autre termes, dette trop risquée pour pouvoir être gérée, achetée et revendue comme de la dette classique. C’est la voie vers les célèbres « junk bonds », ou obligations pourries, c’est-à-dire à très fort risque.

Le problème pour la Grèce, c’est que la BCE ne peut, de par sa charte, accepter comme garantie que des actifs de catégorie « A », sauf pendant une période d’exception d’un an. Donc, fin 2010, les banques grecques vont devoir retirer leurs actifs sous forme de dette grecque en gage à la BCE et les remplacer par de meilleurs actifs. Sauf qu’elles n’en ont pas, s’étant gavées de dette grecque et par obligation et par avidité (la dette grecque paie aujourd’hui 5,33% pour du 10 ans, là où la dette allemande, elle aussi en euros, paie 3%, soit à peine plus de la moitié. Donc à fin 2010 au plus tard, « il faut » que la note de la Grèce soit remontée à A-, ou alors c’est la catastrophe par infarctus de tout le système bancaire grec.

La Grèce n’est d’ailleurs pas le seul pays d’Europe dans ce cas, puisque les marchés financiers ont dénommé PIGS (cochons) les pays qui se sont goinfrés de dette jusqu’à l’indigestion. PIGS comme Portugal Ireland Greece Spain. L’italie n’étant pas loin de rejoindre ce groupe, et la France, pas encore tout près mais pas si loin que cela non plus. Et, évidemment, parce que les Grecs sont dans le mur, les marchés s’inquiètent pour les autres « cochons » et le Premier Ministre espagnol Zapatero a dû publiquement déclarer que « l’Espagne n’avait aucun problème pour se financer », ce qui veut, en fait, signale exactement l’inverse.

Mais ce n’est pas la situation grecque qui intéresse JusMurmurandi, pour qui cette messe-là est dite depuis un certain temps déjà. Non, ce qui nous interpelle, nous indigne, nous révolte même, c’est que tout le système ne repose que sur les notes décernées par les agences dont c’est le métier. Elles ont pour noms Standard & Poors, Moody’s, et Fitch. Et ce sont les mêmes qui ont notés « AAA » les célèbres sub-primes pendant toute la période de bulle de crédit, la transformant en bulle immobilière.
Avant de les dégrader aussi brutalement que possible au plus mauvais moment, ce qui a gravement accentué la baisse des valeurs et rendu toute stabilisation des marchés impossible.

Bref, ces agences, payées fort cher pour leur prétendue compétence en matière de notation, avaient gaiement participé à la gabegie au mépris de toute prudence. C’est comme si les gendarmes participaient au partage du butin après un cambriolage. On ne serait pas prêt de trouver les voleurs. Même Guignol n’avait pas pensé à cela.

Pendant la crise, il y a bien eu une vague d’indignation vengeresse contre ces agences de notation, et des déclarations pleine d’emphase pour annoncer que ce système ne pouvait être laissé en l’état, et serait réformé en profondeur. Déclarations dont rien n’est sorti, puisque c’est la dégradation d’une note par une agence qui actionne encore et toujours les seuils de crise.

Or, pour mesurer à quel point les agences notant la Grèce, conscientes de ce que tout retard et toute complaisance pouvaient donner à croire qu’elles n’avaient rien appris de la crise de 2008-2009, et rien changé en conséquence, ont agi avec promptitude: dans la semaine qui a suivi le commentaire de JusMurmurandi. Voilà bien la peine de les payer très cher et de leur confier les clefs de la BCE, si elles sont en retard sur un simple blog non spécialiste en finance….

Bref, l’un des pires mécanismes ayant conduit la crise précédente est toujours intact, indemne, et prêt à démontrer encore une fois l’adage militaire « même motif, même punition! »

Deux petits commentaires incidents pour les amateurs:

- pendant que les agences tardaient à agir sur la note grecque, il était facile de gagner de l’argent: il suffisait de vendre la dette à découvert. Il était inévitable qu’elle soit un jour dégradée, et donc baisse fortement de valeur. Voilà un short sans risque… grâce aux agences.

- en surfant pour me documenter sur ce sujet, je suis tombé sur le blog de Ségolène Royal, Désirs d’Avenirs, qui a publié, au milieu d’annonces pour des tickets de spectacles à -50%, un article sur le même sujet. Sauf que celui-ci confond la dégradation des notes des banques grecques, sans conséquence sauf d’augmenter un peu leur coût de refinancement, et celle de l’État grec, qui est l’objet de cet article. Visiblement la candidate et les auteurs du blog ont tout compris. Vivement qu’ils soient aux affaires. Comme les finances ne sont visiblement pas leur truc, il leur suffira de faire confiance aux agences de notation pour savoir ce qu’il faut faire…

Contradictions

décembre 10, 2009 on 9:18 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quelques faits:

- l’État français, promu au rang de Père Noël par Jacques Chirac a fait aux cafetiers-restaurateurs un cadeau annuel de 3 milliards d’euros en contrepartie promise par eux (1) de dizaines de milliers d’embauches, (2) de baisses de prix, et (3) d’améliorations des rémunérations de leurs employés. Les baisses de prix ont été symboliques. Les embauches, on n’en parle plus, crise oblige, et les rémunérations vont rester telles que, vu que les patrons ont déjà reçu la carotte et n’ont pas peur du bâton.

Mais ce qui est stupéfiant, c’est de constater que la majorité des Français, au lieu d’être furieux d’avoir été grugés et comme contribuables et comme consommateurs, donnent raison aux commerçants de s’en mettre plein les poches!

- Bercy détient une liste de 3000 noms de Français détenteurs de comptes en Suisse. On sait maintenant que cette liste à été volée à la la banque HSBC.

Et, curieusement, les Français, qui considèrent majoritairement que frauder le fisc n’est pas bien grave, sont néanmoins très majoritairement contre toute amnistie partielle qui ferait revenir ces capitaux en France moyennant une amende forfaitaire.

- les Français, dans leur majorité, considèrent que la politique de soutien de l’État pendant la crise, a été insuffisante.

Pourtant, quand il s’agit de lever le fameux Grand Emprunt pour accélérer sortie de crise et croissance, les Français sont contre…

- Peut-être le plus apparemment contradictoire est la popularité actuelle de l’ancien Président de la République, Jacques Chirac. Élu avec une réputation de « super-menteur », après avoir longtemps porté l’étiquette de traitre pour avoir successivement provoqué les défaites de Jacques Chaban-Delmas et de Valéry Giscard d’Estaing, il laisse fort peu de chose au crédit de ses 12 ans de mandats. Sa popularité a longtemps été très basse pendant sa présidence. Et il n’a du qu’à l’immunité judiciaire de tout Président de ne pas passer plusieurs fois en correctionnelle pour de multiples affaires d’emplois fictifs, de frais de bouche et autres marchés truqués qui valurent des condamnations à ses adjoints même les plus proches comme Alain Juppé.

Et maintenant, le voilà chéri des Français, alors même qu’il est en retraite dorée dans un appartement luxueux qui est mis à sa disposition par ses amis libanais Hariri. Lequel appartement, par exemple, n’a pas soulevé le moindre cri de « bling-bling »…

Non, vraiment, pour vouloir être Président(e) de ces Français-là, si prêts à contester, revendiquer et s’opposer, au mépris de toute logique, comment s’étonner de voir s’affronter des personnages aussi contradictoires que François Bayrou, élu de la droite conservatrice qu’il emmène sur les sentiers de l’opposition de gauche, que Ségolène Royal, socialiste tendance morale, autorité et justice à la Chinoise, et que Nicolas Sarkozy, qui fut élu malgré sa petite taille, son apparence peu flatteuse, son patronyme étranger, et la division de son propre parti…

Boycotter la Coupe du Monde de football?

décembre 7, 2009 on 6:23 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, International | 6 Comments

la FIFA a accordé la Coupe du Monde de football 2010 à l’Afrique du Sud de Nelson Mandela. Ce sera la première fois que le continent africain sera l’hôte de la Coupe du Monde. Le problème, c’est que celle-ci sera jouée d’ans l’Afrique du Sud de Jacob Zuma. Alors que la première donnait au monde une lumineuse leçon avec sa Commission de Vérité et de Pardon, la seconde donne au monde une affreuse leçon de sordide.

Un sondage vient de chiffrer ce qui n’était qu’un amoncèlement de faits divers: l’Afrique du Sud est la capitale mondiale du viol.

Un sondé sur 4 a reconnu avoir violé au moins une fois dans sa vie.

73% des sondés ont indiqué avoir commencé avant l’âge de 20 ans.

Près de la moitié des sondés a reconnu avoir violé à plusieurs reprises.

Ce qui n’est pas sans rapport avec le fait que l’Afrique du Sud est aussi la capitale mondiale de l’infection par le SIDA.

Ce qui est à rapprocher avec le fait que Jacob Zuma a été élu « malgré » une accusation de viol. Il a soutenu que le rapport était consenti. Quand on lui a demandé s’il portait un préservatif, il a répondu qu’il s’était protégé en prenant une douche après le rapport sexuel

Les billets pour la Coupe du Monde seront en vente très prochainement. Est-il possible de faire comme si tout cela n’existait pas?

Le sort des Tibétains a ému et mobilisé des millions de consciences. Le sort des femmes sud-africaines est-il de moins de valeur?

Sauf que, critiquer la Chine, c’est critiquer un pays devenu le champion du matérialisme et de la délocalisation, c’est-à-dire, avec un pied de nez à la géographie, du modèle occidental.

Alors que critiquer l’Afrique du Sud, pays à majorité noire, ce n’est pas politiquement correct, et expose ceux qui le feraient à une accusation immédiate de racisme, aggravé par le lourd souvenir de l’apartheid.

Le politiquement correct pèsera-t-il plus lourd sur les consciences que des millions de viols?Logo de la Coup du Monde 2010

Un referendum pour (ou contre) Copenhague!!!

décembre 6, 2009 on 7:25 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Le plus grand hold-up du siècle va-t-il s’accomplir tranquillement sous nos yeux? L’argent volé, qui plus est, ne sera pas celui d’une quelconque bijouterie, assurée par une compagnie d’assurance aux amples réserves pour couvrir ce genre de pertes. Non, ce sera le nôtre.

La date et le lieu du « casse » sont connus: Copenhague, du 9 au 18 décembre 2009. Oui, vous avez compris, le forum sur le changement climatique.

De qui s’agit-il? Que les nations du monde se mettent d’accord pour prendre des engagements chiffrés et contraignants de baisser leurs émissions de gaz à effet de serre pour éviter qu’un trop rapide réchauffement de la planète n’en vienne à menacer la survie même de l’espèce humaine.

Ce concept soulève une myriade de problèmes d’une infinie complexité, étant le premier accord planétaire de cet ordre. Que faire contre les nations qui ne s’y soumettraient pas? Comment traiter celles qui n’atteindraient pas leurs objectifs? Comment éviter que des entreprises ne ferment des sites dans des pays « bloqués » pour aller les délocaliser dans les pays ou, soit il n’y a pas d’engagement, soit il y a de la « place à polluer »?

On voit bien, tout ceci n’est pas simple, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais là où commence à se profiler le hold-up , c’est quand on examine le problème des pays pauvres qui (1) n’ont pas le premier sou pour réduire leurs émissions, et (2) exigent d’avoir le droit de continuer à progresser vers des niveaux qu’ont déjà largement dépassés les pays riches largement plus pollueurs, laquelle progression, qu’on souhaite rapide, fera monter les émissions au lieu de les faire baisser.

Comme un accord qui laisserait de côté une part importante du monde serait grotesque, en se contentant de déplacer la pollution chaque fois que ce serait possible, ce qui conduirait une partie « sale » de la planète à exporter sa saleté vers une partie « propre », il n’y a qu’une seule solution d’envisagée: que les pays riches payent pour les pays pauvres.

Et les chiffres mentionnés ne sont pas minces, ils sont à l’échelle de la planète, c’est-à-dire énormes. Ce sont autant de milliards qui vont quitter les pays riches, dont les habitants se sentent pour le moment pauvres, crise oblige, et dont les finances publiques sont objectivement exsangues. Inutile donc d’insister sur le fait que ce transfère commencera au plus mauvais moment.

Mais la question que pose JusMurmurandi est la suivante: puisqu’il semble que, pour la première, les pays riches « prennent en charge » les pays pauvres, d’où vient le mandat démocratique des dirigeants pour cette innovation aussi révolutionnaire que couteuse?

D’autant que la science qui lie activité humaine et réchauffement climatique ne fait pas l’unanimité des scientifiques, et que l’accepter, c’est nous mettre entre les mains d’experts pas plus compétents que ceux des marché financiers. Il n’est pas inutile de rappeler que Greepeace, qui se voudrait un expert donneur de leçons en la matière, a fait de la lutte contre le nucléaire son cheval de bataille pendant des décennies, ce qui a conduit à une plus grande utilisation de carburants fossiles (pétrole, gaz) en lieu et place des centrales nucléaires, avec l’impact que l’on sait que les gaz à effet de serre. Greenpeace est donc non une ONG vertueuse comme elle veut le faire croire, mais un pollueur par incompétence et dogmatisme.

Même Nicolas Sarkozy, probablement le plus actif des dirigeants des grands pays sur le sujet de l’écologie, et l’un des plus récemment élus, n’a pas indiqué à son programme vouloir financer le tiers monde par centaines de milliards d’euros pour éviter qu’il ne nous pollue.

Il est plus que douteux qu’une majorité démocratique des populations occidentales vote un tel programme, surtout quand on sait que l’argent des pays sous-développés finit souvent dans les poches peu honorables de ses dirigeants autocratiques.

Alors, où sont les voix qui devraient s’élever pour réclamer un referendum pour ce qui serait bel et bien un changement de gouvernance planétaire? il est à noter que les mêmes Verts et autres partis écologistes qui, aujourd’hui, exigent un passage en force à l’abri de toute expression de démocratie directe à Copenhague sont les plus prompts à demander des referendum à tout bout de champ, notamment en matière d’OGM, pourtant tout aussi « scientifiquement corrects » que le réchauffement climatique.

Alors, Messieurs les Verts, Daniel Cohn-Bendit, Noël Mamère et autres Cécile Duflot en tête, un référendum avant d’appliquer Copenhague? Chiche!

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