Ségolène Royal est-elle General Motors?
décembre 8, 2008 on 8:49 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 CommentsLes 3 producteurs américains d’automobiles, GM, Ford et Chrysler avaient demandé la semaine dernière aux élus américains une injection immédiate de 39 milliards de dollars pour éviter la faillite à court terme (quelques semaines).
Les politiciens américains, ne sachant si c’était du lard ou du cochon, n’ont osé ni les envoyer paître, c’est-à-dire faire leur vrai travail qui consiste à gérer leur boutique de façon rentable sans soutien du contribuable, ni les satisfaire, faute d’être convaincu de 3 facteurs: que cela soit indispensable, que cela serve à quelque chose d’autre que prolonger de quelques mois la vie d’entreprises condamnées, et que cela soit politiquement acceptable.
Ils vont donc proposer une aide de 15 milliards à deux d’entre eux, puisque Ford, moins menacé que ses deux concurrents, pourrait s’en passer dans l’immédiat.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est que c’est beaucoup trop peu d’argent. General Motors à lui seul brûle 2 milliards de dollars de cash par mois dans les conditions actuelles de marché très déprimé. Lui accorder 10 milliards, c’est tout juste 5 mois de vie, si on alloue la totalité des fonds au fonctionnement quotidien, c’est-à-dire zéro à la réorganisation (réduction des coûts et des capacités, rationalisation des produits, développement de voitures plus sobres). Et 5 mois, pour un mastodonte comme GM, ce n’est rien, quand on sait que le développement d’un nouveau modèle, c’est au minimum 5 ans. 5 mois, ce n’est même pas le temps qu’il faut pour arriver à un accord de réduction de capacité avec le syndicat UAW, qui risque en cas de faillite de voir ses membres et ses retraités ne plus rien avoir faute d’avoir voulu conserver trop d’avantages acquis.
Car, que personne ne s’y trompe, la faillite de General Motors aurait des conséquences incalculables. Quel consommateur voudrait d’une voiture dont le fabricant ne sera plus là pour assurer l’après-vente, et dont la valeur de revente sera quasi-nulle? S’en déduit que, dans l’automobile, la faillite entraîne souvent la liquidation pure et simple, avec effet en cascade sur les employés, les sous-traitants, les concessionnaires, les retraités, et tous ceux que ces millions de consommateurs font vivre. Il est d’ailleurs possible que tout le bruit fait autour de la faillite possible entraîne dès à présent une désaffection pour cause d’inquiétude des clients potentiels, et que le bébé soit déjà irrémédiablement parti à la rivière avec l’eau du bain.
15 milliards de dollars, c’est donc un saupoudrage, un pourboire, un alibi pour que, quand la catastrophe arrive, tous puissent dire, tel Ponce Pilate, que le sang versé ne retombera pas sur leurs mains. C’est aussi la certitude que les mêmes politiciens vont voir revenir les mêmes fabricants avec les mêmes demandes, les mêmes menaces et les mêmes promesses dans quelques mois. Mais, là, Barack Obama aura pris ses fonctions, et ce sera à son équipe de gérer le problème. 5 mois, c’est donc le temps de lâchement acheter sa paix et de refiler le bébé à autrui.
Le saupoudrage et l’alibi, deux méthodes bien connues de la part de politiciens dont le courage ne constitue certes pas toujours la qualité première. Pourtant JusMurmurandi voudrait vous proposer un contre-exemple frappant, et, qui plus est, en France.
Martine Aubry devait composer l’équipe dirigeante du PS pour les 3 prochaines années. Et satisfaire les demandes de ses partisans, des fabiusiens, des strauss-kahniens, des partisans de Bertrand Delanoë ou de Benoit Hamon, qui avaient le mérite de l’avoir soutenue. Sans compter les partisans de Ségolène Royal, de façon à pouvoir rassembler ceux qui l’avaient combattue. Un exercice d’équilibrage dans la répartition d’une difficulté qui confinait à l’impossible.
Eh bien Martine Aubry a fait preuve de courage plutôt qu’oeuvre de saupoudrage. Ségolène Royal n’aura rien. Ce qui permettra d’éviter de la voir revenir dans quelques mois avec les mêmes demandes, les mêmes menaces, les mêmes promesses. Et, comme avec l’automobile américaine, la cote de Ségolène auprès des consommateurs politiques s’est d’ores et déjà effondrée en faveur de Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn.
Ce qui oblige JusMurmurandi à poser la question: la faillite de Ségolène Royal, qui avait encore une part de marché de 47% en France en 2007, et de 50% au PS en novembre, le PS peut-il se la permettre?
GM, Ford, Chrysler: Dallas, ou la Star Ac’?
décembre 4, 2008 on 9:16 | In Best of, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésQui a oublié le feuilleton télévisé américain « Dallas » qui a inauguré les super-productions pour petit écran? Qui ne se souvient de Pamela, Sue Ellen, Bobby, et surtout de l’abominable JR?
Alors quelle est l’actualité de Dallas aujourd’hui? Est-ce la maison que la famille Bush vient d’acheter pour l’après-présidence? Pas du tout.
Dallas, c’est le feuilleton télévisuel que l’Amérique ne s’offre pas. Les 3 fabricants américains de voitures demandent au Congrès de leur accorder 39 milliards de dollars (après avoir demandé 25 milliars le mois dernier, l’inflation est galopante dans ce petit monde…). Il leur faut cet argent tout de suite, sinon c’est la faillite assurée, immédiate et irrémédiable. General Motors indique même que, faute de recevoir 4 milliards dès ce mois de décembre, le pire serait à craindre.
Comment se fait-il que l’audition des 3 dirigeants des groupes n’ait pas été reprise en direct par les grandes chaînes américaines? Car, pour ce qui est de la télé-réalité, en voilà qui n’aurait rien dû aux grand talent et aux petits arrangements d’Endemol et de TF1. N’oublions pas que, si, par exemple l’un des 3 venait à être mis en faillite, celle-ci pourrait avoir un effet bénéfique pour les deux autres, qui pourraient se partager le marché à deux et non à trois. Mais un effet maléfique aussi, car cette faillite pourrait entraîner celle de nombreux sous-traitants, qui eux-mêmes seraient dès lors dans l’incapacité de livrer les deux survivants.
Ce qui laisse donc dans ce jeu à trois, toutes les possibilités d’alliances, de trahisons, de renversements et de coups tordus, de ruine ou de fortune. Comme dans Dallas.
On voit que le suspense ne manque pas dans ce feuilleton plus vrai que nature. La composante personnelle est elle-même présente, avec les 3 PDG qui ont accepté de travailler pour un salaire annuel d’un dollar. Celui de Ford, anciennement patron de Boeing, et celui de Chrysler, auparavant patron de Home Depot, doivent vraiment se demander ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Beaucoup de travail, un fort risque d’échec, des conflits partout, tout cela pour un dollar?
Bien sûr, il y a une part de théâtre là-dedans. C’est comme par hasard quand ils sentent l’argent du plan Paulson et entendent les promesses électorales et post-électorales d’Obama que le chœur des vierges des « Big 3″, comme on les appelle, fait entendre sa mélopée de plaintes menaçantes.
Toujours est-il que JusMurmurandi ne résiste pas à vous faire partager sa vision de ce qu’aurait pu être l’audition des 3 PDG. Au lieu de les faire témoigner de façon statique derrière des micros, puisque les média américains n’ont pas voulu faire Dallas, avec ses coups fourrés, ils pouvaient faire la Star Ac’. Imaginez les 3 PDG, chantant et dansant l’un après l’autre.
Puis, au cours d’un prime haletant, on fait voter le public. Pour éliminer GM, votez « 1″, pour mettre Ford en faillite, votez « 2″, pour ne pas donner les crédits vitaux à Chrysler, votez « 3″.
Et le nom de l’éliminé est….
Les Intouchables
décembre 4, 2008 on 5:40 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésL’Inde a un système de castes, dont les intouchables composent la plus basse. Les toucher, c’est se salir si l’on appartient à une caste plus « élevée », en tout cas pour les adeptes de ce système.
La police a touché M .de Filippis, ex-directeur de Libération. Cela veut dire que, comme ils lui ont passé les menottes, soit ils n’ont pas eu peur de se salir les mains, soit ils ne savaient pas que de Filippis, apparemment comme tout journaliste, est un intouchable.
Car le contact du vil métal (de l’acier trempé tout de même) avec la noble peau, la mise en garde à vue qui s’en est suivie, soulèvent une tempête contre le Garde des Sceaux, le gouvernement et le Président de la République qui suggère une nouvelle affaire Dreyfus.
Les faits ne sont pas très compliqués. Visé par une plainte en diffamation concernant sa fonction de directeur de Libération, M. de Filippis reçoit une convocation devant un juge d’instruction. Convocation à laquelle il ne se rend pas. Moyennant quoi la juge, voulant que force reste à la loi, ordonne à la police d’arrêter M. de Filippis, d’où menottes et garde à vue.
Exemple de réaction de colère: Me Charrière-Bournazel, actuellement bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, dénonce des méthodes dignes de la Grèce des colonels ou de la période franquiste en Espagne. Et d’énoncer que, comme la plainte pour délit de presse le visant ne peut entraîner de peine de privation de liberté, il est scandaleux et gravissime qu’un juge prive ainsi le journaliste de liberté pendant la période de garde à vue.
Ce qui veut dire, si l’on suit argumentation du bâtonnier, que, comme le délit de presse est par nature réservé aux journalistes, cette profession est dispensée de devoir déférer aux convocations d’un juge d’instruction. On se demande dès lors à quoi sert un juge d’instruction, puisque, sans M. de Filippis, la plainte contre lui ne put être instruite à charge et à décharge, mais seulement à charge. On imagine la sainte colère de Me Charrière-Bournazel et du microcosme parisien si tel avait été le cas. On eût sans doute comparé la procédure avec les procès de Guantanamo ou de Jeanne d’Arc.
Toute aussi intéressante est la relation des faits par la police. Qui narre que M. de Filippis n’a cessé de se montrer très énervé, méprisant, insultant, provocant. Qu’il a de nombreuses fois excipé de sa qualité de directeur de journal pour prétendre éviter le sort commun. Où est la vertueuse indignation des républicains, des journalistes, avocats et autres bâtonniers contre cette privilégiature, contre ce système de castes? Où est l’égalité devant la justice quand, selon que vous êtes privilégié ou non, on vous arrêtera ou on vous laissera tranquille?
Poursuivons le raisonnement encore un peu plus loin, et imaginons que Vittorio de Filippis ait été ou soit un ami de Nicolas Sarkozy, ou que le plaignant, Xavier Niel, qui n’est pas sans quelques privilèges lui aussi, en tant que fondateur de Free, soit de ses ennemis. Que n’aurait on entendu sur la justice au service du Président. Ce ne serait plus l’affaire Dreyfus, ce serait le Watergate, et les mêmes eussent exigé non la suspension immédiate de la juge mais le départ du Président….
Dernier point, à l’attention du bâtonnier Charrière-Bournazel. Le régime des colonels tuait ses opposants, Lambrakis en tête. Les forces armées franquistes ont laissé des dizaines de milliers de morts dans le sinistre sillage de leur prise de pouvoir, et toutes les fosses communes débordant de cadavres n’ont pas encore été investiguées 70 ans après. Même si l’on partage le point de vue le plus extrême sur le traitement qu’a subi M. de Filippis, celui-ci n’a été ni frappé, ni blessé; ni torturé, ni a fortiori tué. Gardons notre compassion pour les vraies victimes, notre colère pour les vrais crimes et criminels, et nos articles vengeurs pour les vraies causes.
Ou bien faut-il penser, comme JusMurmurandi que la France est un beau pays parce que, justement, de ces débats peuvent avoir lieu, y compris avec tous leurs excès, ce qui montre que, fort heureusement, il n’y a pas de cause plus grave à dénoncer sur le plan des libertés. Le fait même que personne ne songe à poursuivre le bâtonnier pour voir assimilé le rôle de tel ou tel à celui d’un participant à un régime dictatorial et meurtrier prouve que son accusation n’est pas fondée….
Broyer du noir la conscience tranquille
décembre 1, 2008 on 9:24 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermésLundi premier décembre, 20ème journée mondiale du SIDA.
Journée « ordinaire », comme les 19 précédentes ?
Pas vraiment.
Parce qu’une étude publiée récemment par l’université de Harvard aux Etats Unis estime que certains malades auraient pu être sauvés.
Certains malades, ce ne sont pas des dizaines ou des centaines. 365.000 au cours de la dernière décennie.
Mais voilà, le chef de l’Etat de ce pays était en déni total, affirmant qu’il n’y a pas de lien entre le HIV et le SIDA.
Et refusait par conséquent de donner l’accès aux médecines modernes aux patients touchés.
Et alors même que les pays limitrophes, eux, permettaient aux séropositifs de pouvoir se soigner.
Les chercheurs qui ont établi ce chiffre qui horrifie et scandalise JusMurmurandi vont même jusqu’à dire que leur estimation est « conservatrice »…
Le dirigeant de ce pays a maintenant été « viré ».
Le jour même de sa prise de fonction, son successeur remplaça le Ministre de la Santé, qui affirmait que le seul remède efficace contre le SIDA sont…le jus de citron et les betteraves. Il a tout aussi rapidement permis la disponibilité des antirétrovirus, qui rendent une maladie mortelle à 100% en une maladie chronique « gérable ».
Et depuis son départ, ce chef d’Etat, Docteur de l’Université de Sussex, ne fait aucun commentaire sur ce qui pourrait s’appeler…un génocide.
Le monde occidental non plus d’ailleurs.
Après tout, quand un chef d’Etat noir envoie 365.000 de ses compatriotes à une mort certaine du fait de ses lubies, qui s’en soucie ?
N’est il pas plus simple de battre son éternelle coulpe sur l’apartheid, aux victimes incomparablement moins nombreuses, au seul motif que les couleurs de peau séparaient les deux partis opposés ?
JusMurmurandi a encore de « beaux » jours devant lui.
Essence, fromage régional et Révolution
novembre 29, 2008 on 12:14 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsEntre autres moyens de réduire le coût de fonctionnement d’un Etat français hypertrophié, Nicolas Sarkozy envisage la suppression de certaines collectivités territoriales. Cela pourrait être, suivant la recommandation de la commission Attali pour libérer la croissance, l’élimination pure et simple de l’échelon départemental, avec ses préfets et ses conseils généraux. Cela pourrait aussi, comme il l’a évoqué cette semaine, le regroupement de plusieurs collectivités pour en constituer de plus grandes, dotées de capacités elles aussi accrues, plus à même de répondre aux besoins locaux.
Face à ces perspectives, les socialistes sont vent debout, opposés à tout, même à en examiner l’opportunité éventuelle. Leur argument principal est que le Président chercherait à se débarrasser du niveau où l’opposition (lire: eux-mêmes) le gêne le plus.
Les évènements en cours en Guyane en donnent à JusMurmurandi une autre lecture. Lecture qui commence par rappeler la très forte augmentation d’impôts régionaux qui a immédiatement suivi le passage à gauche de toutes les régions sauf une aux élections de 2004. Augmentation qui n’a pu être justifiée « qu’à titre préventif », c’est tout dire.
Mais ce qu’a fait la région Guyane, présidée par Antoine Karam (socialiste) dépasse tout ce que ses collègues ont pu mettre en oeuvre; et on en voit aujourd’hui les conséquences. La région Guyane prélève une taxe de 70 centimes sur chaque litre de carburant. 70 centimes, quand le prix du carburant, déjà très fortement taxé par l’Etat atteint aujourd’hui aux alentours de 1€10 en métropole. Comment s’étonner donc que le litre de gas-oil coûte 1€70 en Guyane? Ce qui provoque la colère de la population, qui bloque toutes les voies de transport pour exiger une baisse immédiate de 50 centimes.
JusMurmurandi avance que l’opposition des socialistes à toute optimisation des communautés territoriales est avant tout celle d’élus locaux qui ont comme priorité de défendre leur fromage, notamment fiscal, fromage qui est, comme il se doit en France, composé d’un fort pourcentage de matière grasse.
A ces nantis, JusMurmurandi voudrait rappeler les années qui ont précédé la Révolution, où les fermiers généraux qui levaient l’impôt cristallisaient une bonne part de la détestation populaire. Sauf qu’en ce temps-là, c’était l’équivalent de la droite (l’aristocratie et le clergé) qui votait l’impôt payé par la gauche (le tiers-état). Aujourd’hui, c’est la gauche, dont l’électorat populaire ne paye par exemple pas d’impôt sur le revenu, puisque 50% des foyers français en sont exemptés, qui vote l’impôt que paye la droite.
Mais cette inversion ne doit pas cacher l’aversion de ceux qui payent l’impôt pour ceux qui le votent sans le payer. La leçon de la Révolution aurait-elle été oubliée?
L’argent de l’espoir, ou du désespoir?
novembre 26, 2008 on 9:20 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésMais d’où vient tout cet argent? Le plan Paulson de sauvetage des banques américaines? 700 milliards de dollars. Le plan Obama de relance de l’économie américaine: 800 milliards de dollars. Le plan chinois de relance: au moins 450 milliards de dollars. Le plan anglais: 2,5 points de baisse de TVA. Même l’Etat français, pourtant réputé « en faillite » sort 22 milliards d’euros, plus l’argent du sauvetage de Dexia, plus le fonds souverain de 20 milliards, plus le plan de relance qui sera annoncé incessamment…
Sans compter les garanties données au banques et au crédit interbancaire: des milliers de milliards de dollars. Rien que ce week-end, pour la seule Citigroup, l’Etat américain a accepté de garantir 306 milliards de dollars.
Sans compter l’aide industrielle qui se profile à l’horizon. Les 3 fabricants d’automobiles américains, à l’agonie, veulent de 25 à 50 milliards de dollars de plus que les 25 milliards de prêts consentis par l’Etat. L’Europe s’apprête de même à aider ses propres fabricants. Ainsi, Jaguar, pourtant tout récemment racheté à Ford par l’Indien Tata, n’hésite-t-il pas à demander au gouvernement britannique un prêt d’un milliard de livres. Déjà le public de contribuables rechigne à voir ses impôts soulager des banques dont les dirigeants et autres stars de la finance ont été payés des montants pharaoniques tout en les menant au bord du gouffre. S’il faut maintenant subventionner la production de voitures de grand luxe…
Alors, d’où vient le fric, le grisbi, la fraîche?
Justement, de fraîche il n’y a guère, vu que tous les Etats en question, sauf la Chine et l’Allemagne, avaient dès avant la crise des finances publiques largement déficitaires. Ainsi la Grande-Bretagne, pourtant dirigée par un Gordon Brown à la longue carrière de Chancelier de l’échiquier prudent, va-t-elle atteindre un déficit budgétaire de 10% du PNB, chiffre astronomique même en ces temps de folle surenchère de chiffres tellement énormes qu’ils en perdent toute signification.
De cette avalanche d’argent public « subitement » disponible, JusMurmurandi tire deux observations
L’une est que dès qu’apparaît la manne, dès que se respire la couleur de l’argent, dès qu’on entend le bruit des billets qu’on froisse, apparaissent les quémandeurs et lobbyistes avec toute la retenue, la grâce et l’élégance de cochons affamés se ruant vers leur auge pleine. Est-ce vraiment une coïncidence si General Motors se déclare au bord de l’anéantissement dès que l’argent public apparaît tel l’enfant Jésus?
L’autre est que, quand il le faut « vraiment », des masses d’argent « apparaissent » comme Jésus a multiplié les pains et les poissons, pour nourrir la multitude.
Mais, avant que ces 2 métaphores chrétiennes ne donnent à penser que la crise financière est avant tout le produit d’un amour immodéré de son prochain, il convient de se rappeler une chose: ce que font les gouvernements et les Etats pour injecter à la fois calme sur les marchés et fonds propres dans les banques, c’est avant tout emprunter par le biais d’un déficit budgétaire colossal, et garantir par leur (aujourd’hui excellente) signature les engagements et crédits « douteux » des banques et compagnies d’assurance pour rehausser la qualité de ces actifs.
C’est-à-dire exactement ce dont l’abus par le système financier a conduit là où nous sommes.
Il n’y a pas de petites économies !!
novembre 25, 2008 on 4:43 | In Best of, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésProverbe bien connu, lorsque les temps sont durs, il faut faire des efforts.
Tous, sans exception. Et a fortiori lorsque l’on est au sommet, il faut montrer l’exemple.
Car réunir des têtes pensantes pour atténuer les effets de la crise, c’est bien.
Créer des plans de relance pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être [avec l'argent des contribuables], c’est louable.
Mais que dire alors d’une contribution personnelle, que les fonctionnaires mettent aussi la main à la poche pour contribuer de leurs propres deniers et subissent sur leurs revenus des effets de la crise comparables à leurs homologues du privé ?
Impensable, incroyable, inimaginable, démagogue ?
Et pourtant si, c’est possible !!
Les fonctionnaires vont recevoir cette année une partie variable de leur rémunération en baisse de moitié par rapport à 2007, et 19% de moins en 2009 qu’en 2008.
Personne n’est dans la rue. Tout le monde comprend, accepte, et se réjouit que même les fonctionnaires se serrent la ceinture.
Exemplaire non ? On imagine déjà la tête de Bernard Thibaut, en état de décomposition avancée, Chérèque faisant la gueule ou encore Besancenot prêt à dégainer (mais pas son Taser….), pour ne citer qu’eux.
Non, ce n’est pas possible. JusMurmurandi rêve, a bu, fumé la moquette, ou une combinaison des trois….
On vous avait bien prévenu qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on lit sur Internet.
Et on n’est même pas le 1er avril !!!
Et pourtant c’est vrai; nous avions juste oublié de dire où cette exemplarité à lieu….
A Singapour.
Voici le communiqué de presse.
http://app.psd.gov.sg/data/Press%20Release%20-%20CIVIL%20SERVANTS%20ANNUAL%20PAY%20TO%20FALL.pdf
Portrait du Canard enchaîné en Pinocchio impénitent
novembre 23, 2008 on 5:45 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés
JusMurmurandi aimerait faire part d’un amusement récurrent qui l’envahit chaque mercredi, lorsqu’il passe devant les quelques kiosques à journaux encore existants : le jour nommé, chaque semaine, paraît un journal au titre prétendument provocant, Le Canard enchaîné, dont il est chaque jour plus évident que le titre ne peut se comprendre que par son « enchaînement » à l’idéologie dominante et au ressentiment des mesquins. Organe de presse qui se dit indépendant – c’est-à-dire de Gauche – et financièrement affranchi de la publicité, ce journal semble conçu pour flatter la bassesse d’un lectorat avide de mesquinerie, bassesse grâce à laquelle ce dernier se gargarise de côtoyer les phrases off des grands de ce monde ; convaincu de faire preuve d’un esprit critique dont il s’éblouit lui-même, le lecteur de ce journal ne songe pourtant pas la moindre seconde à faire preuve d’esprit critique à l’égard de son journal de référence.
Tel est le paradoxe du Canard enchaîné qui, au fond, fait sourire JusMurmurandi : nul ne saurait être plus convaincu que le lecteur du Canard enchaîné de sa propre pénétration des choses, de sa lucidité sur la réalité de la politique, et de la puissance de son sens critique : côtoyant les Puissants par le verbe – c’est la différence avec Gala ou Voici qui se contentent des photos –, le lecteur se délecte de ces petites phrases à l’origine parfaitement invérifiée et, la plupart du temps, fausses, qui lui permettent d’éprouver l’ivresse d’ « en être », et de faire partie de ceux à qui, grâce à la connaissance colossale des dessous de la politique que lui délivre chaque semaine le Canard, on ne la fait pas… Mais derrière ce vertige de se croire introduit dans les petits secrets de la Haute, sur un mode bien entendu critique, se dissimule de la part du lecteur une extraordinaire absence de sens critique, tant l’hypothèse que ces informations, dont le principe est pourtant de taire la source, puissent être entièrement fausses ou mensongères ; pareille hypothèse, pourtant hautement plausible ne serait-ce qu’en vertu de la totale invérifiabilité des sources de l’information, situation unique dans la presse, ne saurait effleurer l’esprit de notre lecteur, néanmoins convaincu de sa propre lucidité. Et là nous pouffons.
Pourquoi donc, se demande JusMurmurandi, observe-t-on tant d’aveuglement de la part de ceux qui se croient impertinents et capables de distance alors même qu’ils accordent une confiance précisément aveugle à cet étrange journal ? La réponse, hélas, est toujours la même : Le Canard enchaîné dérange. Comprenez : il n’est pas sarkozyste. Etant situé de facto du bon côté de la ligne, la possibilité même qu’il mente fait de celui qui pose la question ou qui s’interroge un thuriféraire de l’Ignoble – entendez : toujours le même Sarkozy.
Mais les faits sont pourtant là : pour quelques scoops, inlassablement répétés car fort peu nombreux – les diamants de Giscard, l’affaire Papon, ou la détestable affaire Gaymard – combien de mensonges, combien d’erreurs, combien de désinformations ! De Gaudin accusé d’avoir tué Yann Piat aux vrais faux appartements de Sarkozy, du silence sur l’affaire de la fille de Mitterrand au Rainbow Warrior, le Canard enchaîné s’est surtout illustré par une succession de mensonges et de lâchetés, exprimés en toute impunité sous le masque usurpé de l’insolence et de l’impertinence. On ne saurait, à cet égard, mieux dire que Michel Houellebecq, résumant la situation en ces termes : « Mais la palme du mensonge, tous medias confondus, revient au Canard enchaîné. Jamais, pas une seule fois, je n’ai lu dans Le Canard enchaîné, me concernant, une information exacte. Et le plus souvent il ne s’agissait même pas d’exagérations, ni d’interprétations tendancieuses, mais d’affabulations pures et simples, de mensonges au sens le plus précis et le plus étroit du terme. C’est stupéfiant si l’on considère que les gens qui lisent le Canard enchaîné pensent y trouver des informations secrètes, dissimulées au plus grand nombre, exhumées au prix d’un patient travail d’enquête. »[1]
Toute personne un tant soit peu informée sur les sujets qu’évoque Le Canard enchaîné ne peut que partager le constat de l’auteur des Particules élémentaires : l’essentiel de ce qui y est affirmé sous le sceau du scoop et de la révélation est faux, mensonger ; comble du vice, présentées comme des bruits de couloir, ces « informations » présentent le caractère avantageux d’être absolument infalsifiables et donc non réfutables dans un tribunal… C’est pourquoi JusMurmurandi salue l’enquête jouissive et libératoire qui paraît chez Stock, Le vrai Canard, où se trouvent disséquées pratiques journalistiques douteuses, influences politiques louches (n’est-ce pas M. Emmanuelli) et autres manipulations d’information partisanes. Bref, si le Canard enchaîné avait été Pinocchio, pour filer une métaphore récemment popularisée par le plus illustre des Béarnais de son temps, son bec eût été tel qu’aucun kiosque n’eût été assez vaste pour l’accueillir…
[1] Michel Houellebecq, Bernard-Henri Lévy, Ennemis publics, Flammarion / Grasset, 2008, pp. 227-228
Une rupture pas très Frèche
novembre 19, 2008 on 7:50 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésSégolène Royal est une femme qui accumule les paradoxes comme à plaisir. Les citer tous ici serait impossible. Voici le dernier.
Maintenant, elle veut incarner la « rupture » alors qu’elle était chargé de mission à l’Elysée il y a 25 ans déjà, et ministre avant Nicolas Sarkozy. Cette carrière déjà bien remplie ne serait pas incompatible avec ce projet si, pour arriver au poste de Premier Secrétaire qu’elle vise, elle ne s’appuyait sur un mammouth de la politique, Georges Frèche, élu député de l’Hérault il y a 35 ans, longtemps maire de Montpellier, dont il préside aujourd’hui encore la communauté urbaine, et président de la région Languedoc-Roussillon, qu’il voulait à toute force rebaptiser « Septimanie ».
Lequel George Frèche finit par être exclu du PS en 2006. On ne sait véritablement si cette exclusion d’un notable du parti, très rare, était due à des dérapages verbaux (traitant la communauté harkie de « sous-hommes », ou s’interrogeant sur le trop grand nombre de noirs en équipe de France de football), par ailleurs largement absous en justice, ou pour ses méthodes ultra-musclées avec tout opposant réel ou supposé tant au sein de la fédération socialiste de l’Hérault que des conseils municipaux ou régionaux qu’il présidait.
Et voilà que Ségolène, pas avare de commentaires assassins sur les méthodes d’un autre âge, selon elle à l’oeuvre au sein du PS pour l’empêcher d’accéder au poste tant convoité, soutient vigoureusement celui qui pourrait indiscutablement tenir son rang face à Jean-Marie Le Pen en termes de mammouthitude…
Ceci, bien sûr, n’a rien à voir avec le fait que la fédération socialiste de l’Hérault a donné, avec un bel enthousiasme et beaucoup de fra-ter-ni-té, un soutien massif à la motion de Ségolène Royal.
Cette alliance contre-nature entre la rock-star du Zénith et le brontosaure éructant fait d’ailleurs les délices des adversaires de Ségolène, c’est-à-dire de Martine Aubry, de ses supporters et de ses ralliés, qui montrent que, quand il le faut, l’intérêt bien compris de la présidente de Charente-Poitou passe avant la cohérence entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. En clair que, pour Ségolène Royal, tous les soutiens sont bons à prendre, fût-ce Aubry d’un reniement.
En fait, JusMururandi soupçonne que, derrière cette attitude quasi-vénale de Ségolène Royal, se cache une approche beaucoup plus subtile. En fricotant avec la brute plus très Frèche, Ségolène donne des verges à des adversaires pour se faire battre. Lesquels ne se font pas prier pour lui infliger un traitement digne de celui que fait subir Obélix aux soldats romains.
Ce qui, à son tour, donne à Ségolène un rôle qui lui plaît visiblement, celui de victime, et de se lamenter sur le sort qu’on lui réserve. Déjà, dans la campagne électorale, elle disait que personne n’avait été attaquée autant qu’elle, et que, à l’époque de Jeanne d’Arc, elle eût été brûlée. Et, si d’aventure elle devait être battue par les suffrages des militants, cela lui permettrait de ne pas se dire « perdante ».
Car, comme on le sait depuis la Présidentielle, Ségolène Royal déteste le mot défaite, et, en fait, ne perd jamais.
Simplement, elle ne gagne pas toujours. Et, en particulier concernant son amitié particulière avec le si particulier George Frèche, elle ne gagne pas en crédibilité et en cohérence.
Poulidor, Maire de la Capitule ?
novembre 18, 2008 on 7:19 | In Best of, C'est ça, Paris?, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésRaymond Poulidor, vous vous souvenez? Cet excellent coureur cycliste, dont la longue carrière est jalonnée d’efforts intenses, de luttes épuisantes et héroïques en dépit desquelles il n’a jamais gagné le Tour de France. D’abord par la « faute » de Jacques Anquetil, dit « Maître Jacques », une légende du sport, l’homme aux 5 victoires au Tour de France, puis du « règne » d’Eddy Merckx, dit « le Cannibale », qui, lui aussi, gagne 5 Tours de France.
Mais la façon si noble, si élégante, si sportive, loin des manoeuvres, des combines et des rancunes qu’avait Poulidor d’arriver 2e lui ont ouvert le cœur des Français, qui l’ont élu leur favori. Et il est certain que si la victoire au Tour de France avait été décidée par un vote des militants ou sympathisants du vélo, Raymond Poulidor eût été élu à une large majorité.
Mais la première qualité d’un sportif, c’est de ne jamais capituler. Perdre, peut-être, mais en donnant tout ce qu’on a, jusqu’au bout, même quand la victoire est impossible, même quand les places d’honneur sont hors d’atteinte. Lutter non seulement parce que c’est la clef de la victoire, mais parce que c’est la manière d’être et de vivre des champions. Et le pire, c’est de craquer, de coincer, de baisser les bras, de jeter l’éponge, d’abandonner, de capituler.
Parce que capituler, même une fois, c’est afficher, pour vous, vos concurrents, vos supporters, que, quand ça devient chaud, très chaud, il n’y a plus personne. Et cette faiblesse que vous dévoilez, on ne vous la pardonnera pas. Ni vos supporters qui attendaient de vous que vous portiez fièrement leurs couleurs au lieu de vous laisser couler avec. Ni vos adversaires qui sauront désormais où se trouve votre faille et comment en jouer pour bloquer désormais toute nouvelle tentative.
Les votes des militants socialistes ont porté Bertrand Delanoë à la deuxième place pour le congrès de Reims. Le problème, comme en sport, c’est qu’il n’y a qu’une place de vainqueur. Fort de la détestation que Ségolène Royal provoque chez de nombreux socialistes, le Maire de la capitale pensait pouvoir fédérer contre elle sur son nom, lui, le deuxième. Son évocation de sa différence d’avec sa concurrente, pour un parti de militants et non de supporters, ne manquait d’ailleurs ni de justesse ni de grandeur.
Oui, mais voilà, le ralliement n’a pas eu lieu. Le tour de France des fédérations socialistes ne se joue pas à Paris, et Martine Aubry l’avait compris. Et ce n’est pas une personnalité isolée qui peut gagner face à une équipe regroupant ses partisans, des fabiusiens et des strauss-kahniens.
Faute de ralliement, on eut l’affrontement. Aucun des 3 candidats, Aubry, Delanoë, Hamon, ne voulut céder, et on allait tout droit au vote des militants, laissant derrière un parti déchiré, à l’image en lambeaux.
Sauf que Delanoë n’a pas perdu ce vote, comme il a perdu celui pour les Jeux Olympiques, en arrivant, là aussi, deuxième derrière Londres, parce qu’il a capitulé avant. Non seulement il a jeté l’éponge avant le dernier combat, mais il a annoncé ne pas donner de consigne de vote. Sauf que, 48 heures après, toute honte bue et tout amour-propre jeté à la rivière, il appelle à voter pour Martine Aubry, ayant donc compris comment ce qui était impossible à Reims ne l’était plus à Paris. Et perdant au passage le bénéfice, le dernier qui lui restât, celui d’avoir été le candidat qui avait préféré éviter au parti socialiste encore plus de division et de lutte fratricide et partisane.
Sauf que, comme nul n’aime les capitulards, de nombreuses voix s’élèvent dans son propre fief pour dire leur dégoût de sa consigne de vote et lui préférer le vote Royal.
Une chose est sûre. Non, pas le nom du prochain ou de la prochaine premier secrétaire du PS.
Mais que Raymond Poulidor, lui, n’aurait jamais, ah non jamais! capitulé.
Volontaires à l’insu de leur plein gré.
novembre 17, 2008 on 10:29 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésEn ces temps de célébration du 90 anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, il est de rigueur de souligner le sacrifice des poilus qui se battirent et moururent dans des conditions abominables. Si abominables que le président Sarkozy a quelque peu réhabilité les fusillés « pour l’exemple » parmi ceux qui avaient refusé de monter au front où les attendait une mort quasi-certaine.
L’histoire montre que ces soldats ne refusaient d’ailleurs pas de se battre, mais « seulement » la perspective d’une mort rendue inévitable par un commandement où la démence le disputait parfois à l’incompétence. Car, pour l’essentiel, ces soldats, tous les soldats, étaient volontaires.
Qu’est-ce qu’un volontaire? C’est une personne qui donne son accord pour une action. Ce qui suppose que cette personne soit habilitée à choisir, donc majeure, et que cet accord soit libre et non forcé.
On peut se poser la question de savoir si ce volontariat de la guerre de 14 était bien libre et non forcé. S’agissait-il d’un patriotisme revanchard, ou de la pression « irrésistible » de l’environnement, de la presse, de la propagande, de ceux qui partaient, de leurs familles, qui faisait de toute réticence à partir « bouffer de l’Allemand » un début de trahison, sans parler d’une insondable lâcheté? A l’époque, la question ne se pose même pas, un volontaire est un volontaire, les adultes sont libres de leur consentement.
Autres temps, autres moeurs. Un remake de la guerre de 14 est bien entendu impossible maintenant. Pourtant la question de la validité du volontariat est toujours d’actualité. Le gouvernement a fait passer un certains nombre de textes « sur la base du volontariat ». Notamment, le droit de travailler jusqu’à 70 ans, le droit de piloter un avion jusqu’à 65 ans, le droit de travailler le dimanche, ou le test ADN pour certifier l’identité d’un candidat à l’immigration.
Et à chaque fois, le fait que le texte ait été conçu « sur la base du volontariat » a l’air de laisser ses opposants de marbre. Comme s’il fallait protéger les gens contre leur plein gré. Comme s’il n’existait plus de choix libre et consenti qu’entre des bornes rigides, réglementées, et communes à tous.
En d’autres termes, il ne suffit pas d’être volontaire pour travailler le dimanche, ou volontaire pour compléter ses points de retraite en travaillant plus longtemps, ou volontaire pour…. Pour certains, il faut que la loi encadre ces « volontariats » pour empêcher des débordements qui pourraient, sinon, être gravement préjudiciables.
Heureusement que cette logique-là ne s’applique pas aux volontaires au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste. De toute façon, une chose est sûre, quelle que soit la personne qui finira par occuper le poste (on ne peut décemment écrire « être choisi(e) après le congrès de Reims), il ou elle travaillera le dimanche, et au-delà de 65 ans aussi pour peu qu’on lui en donne la possibilité.
Oui, mais quand on voit ce qui s’est passé à Reims, ne peut-on comprendre que, dans certaines circonstances, il faille restreindre le droit d’être volontaire de son plein gré?
Les suicidaires
novembre 16, 2008 on 3:50 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésC’est la crise. Et pendant les crises, il y a des désespérés qui passent à l’acte. On se souvient que, pendant la Crise de 1929, des banquiers, atterrés (le mot n’est pas neutre) d’avoir tout perdu, ont sauté de leurs buildings pour mettre fin à leurs jours. Voit-on aujourd’hui de nouveau « pleuvoir » des banquiers? Pas à la connaissance de JusMurmurandi, et c’est heureux. Pourtant, on voit de nombreux comportements suicidaires. En voici quelques exemples:
Dans le genre, « faisons comme si la crise n’existait pas, et continuons comme par le passé »: les compagnies aériennes font face à une baisse de trafic alors que toutes étaient déjà en pertes profondes dues à un coût de kérosène exorbitant. Pour autant, les syndicats de pilotes, que ce soit chez Air France (prospère) ou chez Alitalia (en coma dépassé) luttent pour des avantages catégoriels comme s’il y a avait autre chose à distribuer que du sang, de la sueur et des larmes. Dans la même catégorie, la grève de la SNCF.
Dans le genre « sauvons notre peau sans nous demander si nous n’entraînons pas les autres dans une mort collective »: Henry « Hank » Paulson, Secrétaire américain au Trésor, a économisé quelques dizaines de milliards de dollars qu’aurait coûté le sauvetage de Lehman Brothers, mais coûté quelques centaines de milliards de plus aux Etats-Unis et dix fois plus dans le monde en raison de la panique que cette faillite a induite.
Dans le même registre, les traders qui continuent de prendre des risques, et le management qui les laisse faire, au sein de banques qui ont déjà perdu plus de fortunes qu’elles n’en avaient, comme Natixis (500 millions d’euros la semaine dernière), Dexia Slovaquie (93 millions sur des spéculations entre yen et rand sud-africain) ou les Caisses d’épargne (maison mère de Natixis, comme par hasard), avec 890 millions de pertes.
Ou encore, c’est très à la mode, les banques, qui, après avoir essuyé des pertes colossales dans l’immobilier américain, les produits dérivés ou les assurances, resserrent leurs conditions de crédit au PME et aux particuliers français pour « ne pas perdre d’argent dans la crise », imités en cela par les assureurs-crédit. Ce faisant, évidemment, ils étranglent l’économie française et l’enfoncent bien davantage qu’elle ne l’est, ce qui leur permettra a posteriori de montrer à quel point elles ont eu raison d’être si rigoureuses, vu ce qui sera arrivé entre temps. A ceci près qu’entre temps, ils auront éradiqué une partie de leur portefeuille clients et en supporteront donc les conséquences.
Dans le genre « la crise, c’est pour les autres mais pas pour nous », les banques qui provisionnent des bonus colossaux pour leurs employés au titre de 2008 alors même qu’elles auraient rejoint Lehman au cimetière des Seigneurs de la Finance si leur gouvernement ne les avait pas mises sous perfusion à coups de milliards d’argent des contribuables. Dans le même répertoire, celles qui se donnent de somptueux séminaires ou réceptions peu de jours après le début de ces perfusions. Ou les banquiers qui, après avoir perdu leur poste pour cause de pertes abyssales, estiment n’avoir pas échoué, ou mériter d’être repêchés, ou, mieux encore, gardent leur poste, tel l’inénarrable Bouton à la Société Générale, pas concerné par le pertes de l’affaire Kerviel.
Dans le genre « chez nous la crise, c’est permanent, donc on ne voit pas la différence avec avant, ni la promesse qu’après sera mieux, le parti socialiste français, dont le congrès de Reims s’achève sur le même fiasco que celui de Rennes il y a plus de 15 ans. Décidément le PS devrait se garder des villes de congrès dont le nom commence par « Re » et se termine par « s »…
Devant cette vague de comportements suicidaires, comment se réjouir? A moins d’être, comme chez Luky Luke, l’inénarrable croque mort, qui se réjouit à l’avance de ses nombreux futurs clients ?
Mais qui est donc Martin Eisenstadt ?
novembre 15, 2008 on 8:39 | In France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésLa vérité a mille visages comme nous le disions dans un article en fin d’année dernière.
Il semblerait que ce soit toujours et encore le cas.
Un bel exemple s’est passé pendant la campagne présidentielle américaine où l’on entendit, par exemple, que Sarah Palin ne savait pas que l’Afrique est un continent (!).
Et qui a prononcé cette nouvelle « vérité » ? Martin Eisenstadt.
A ceci près que Martin Eisenstadt n’existe pas; son blog oui, mais « lui », non…
Le prétendu club de réflexion auquel il appartient, la Harding Institute for Freedom and Democracy, n’est…qu’un site internet.
Et le problème est que des chaînes de télévision majeures, comme Fox ou MSNBC se sont mises à répandre des nouvelles provenant de « Martin Eisenstadt ».
Cela fait plus d’un an que ce personnage a été « fabriqué » et mis en avant de plus en plus, pour devenir un « conseiller » de John Mac Cain, avec blog à l’appui, qui contenait bien évidemment des informations privilégiées.
Et les journalistes de le citer, en s’appuyant sur son blog pour toute vérification de leurs sources. Le tour était joué.
Le pire étant bien évidemment tout le temps et l’attention qui furent consacrés à ce qui n’était en fait qu’une vaste supercherie.
Au fait, qu’est ce que c’est aujourd’hui le Parti Socialiste ?
Le congrès de Riens et les problèmes de Personne
novembre 15, 2008 on 4:57 | In Best of, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésConnaissez-vous la ville de Riens? C’est la ville où les socialistes ont choisi de se réunir en congrès pour se choisir un Premier Secrétaire. 4 candidats ont fait voter les militants sur leurs motions et ont obtenu entre 20 et 30% des voix. Bref, 4 minoritaires. Car de majorité, Rien.
Compte tenu de toutes les actions effectuées, entreprises ou annoncées depuis un an par le suractif Nicolas sarkozy, le moins qu’on puisse dire est que ce Congrès offrait aux socialistes une opportunité en or de donner dans la critique présidentielle. Or, dans le domaine de la critique de l’action, Rien.
La conjoncture de grave crise due aux excès du capitalisme financier offrait aussi aux socialistes une occasion dorée sur tranche de critiquer la base idéologique de la droite et de faire entendre leur différence. Or, pour ce qui est de la critique idéologique, Rien.
Qu’entend-on au congrès de Riens? Qu’on ne peut, entre socialistes, s’entendre sur Rien faute de s’entendre sur une Personne. La Personne qui sera leur chef. Car, justement, leurs défaites électorales viennent de ce que, jusqu’ici, avec François Hollande, leur chef, c’était Personne. Il cherchent donc une Personne pour succéder à Personne. Et qu’on avait choisi Personne, c’est-à-dire François Hollande, à l’époque, parce que se le donner pour chef n’engageait à Rien. Vous noterez au passage que le progrès n’est pas évident, car trouver Personne était à l’époque un minimum, et c’est aujourd’hui plus qu’un maximum.
En fait, il apparaît une ligne de clivage très claire, et une seule, entre les différents groupes, outre leurs problème de Personne. C’est celui de l’alliance avec le Modem de François Bayrou. On conçoit qu’une telle alliance puisse poser problème à des socialistes de vieille souche, vu que la seule chose qu’on peut dire de FB, c’est que c’est Personne qui veut à toute force essayer d’être Quelqu’un, alors que les socialistes ne cherchent pas un Quelqu’un, ça ils en ont un trop-plein, mais leur Personne. Ca n’est pas simple…
Comment s’étonner alors de l’opinion qu’ont les Français des socialistes et de leur Congrès? Ils n’en pensent Rien. Et qui pourrait leur en vouloir? Sans doute Personne…
Sarah Palin serait-elle un clone?
novembre 14, 2008 on 9:18 | In Best of, Elections présidentielles 2007, France, Incongruités, Insolite, International | 2 CommentsSarah Palin est une femme étonnante. Le « ticket » sur lequel elle a joué le rôle secondaire de candidat à la vice-présidence derrière John Mc Cain a essuyé une sévère défaite. Sa « contribution » à cette défaite semble, aux yeux des observateurs aussi bien que de certains membres de son parti, notamment dans l’équipe de John Mc Cain, a été plutôt négative, voire très négative, passé un engouement initial.
Pourtant, à entendre Sarah Palin aujourd’hui, qui regarde avec gourmandise les échéances présidentielles de 2012 et 2016 et se voit déjà en haut de l’affiche, cette élection perdue a prouvé qu’elle a un destin national.
C’est d’autant plus curieux, que les enquêtes montrent que c’est sur son absence de compétence ou de capacité personnelles que se sont cristallisées de nombreuses oppositions, au-delà même de ses positions très conservatrices, qui n’ont aucune chance de fédérer une majorité d’Américains, à commencer même par on propre parti. Ainsi Colin Powell, ancien Secrétaire d’Etat de George Bush, et peu suspect de réticence quant au discours patriotique de John Mc Cain, a-t-il choisi de déclarer publiquement son soutien à Barack Obama par rejet de sa colistière.
D’où l’étonnement de JusMurmurandi de voir Sarah Palin parader comme après une victoire. Mais peut-être ne devrions-nous pas nous étonner. Après tout, n’avons-nous pas un exemple sous les yeux de ce comportement?
Vous direz que, comme femme ultra-conservatrice, la France n’a « que » Christine Boutin, qui n’a vraiment pas un parcours politique comparable, et vous aurez raison.
Mais si vous raisonnez « une femme qui se conduit comme après une victoire alors qu’elle vient d’être largement battue, une femme qui prend la défaite comme promesse d’un destin national et de victoire future, une femme qui se croit propriétaire des voix qui se sont portées sur son nom, une femme qui, elle, le fait non seulement une fois, mais deux fois, puisqu’elle se conduit ensuite en gagnante d’un scrutin interne alors que son pourcentage de voix est la moitié de ce qu’il était il y a moins de 2 ans. Une femme qui a conduit des figures importantes de son propre parti à ne pas la soutenir ou à déclarer qu’elles quitteraient le parti si elle venait à gagner. »
Si vous raisonnez comme cela, ne trouvez- vous pas la réponse, et que les ressemblances sont frappantes?
Non, vraiment, si vous ne trouvez pas, c’est que vous manquez soit de bravitude soit de fraternité.