Une semaine de merde et de mort
décembre 1, 2008 on 8:24 | In Best of, Coup de gueule, France, International | Commentaires fermésJusMurmurandi s’était dit que s’étendre sur le sanglant feuilleton de Bombay n’avait pas de sens, cet évènement étant déjà couvert ad nauseam par les média. Mais l’accumulation de tragédies suscitant une combinaison d’horreur, d’effroi et de dégoût fait qu’il n’est plus possible de se taire.
Bombay, d’abord, bien sûr. 200 morts en 8 endroits, causés par un total de 10 terroristes très entraînés.
Après que 14 pirates de l’air aient pourri la vie de centaines de millions de passagers aériens en tuant quelques milliers d’américains, voilà que 10 tueurs vont pourrir la vie de dizaines de millions de clients d’hôtels qui vont les astreindre à subir une sécurité renforcée.
Et à chaque contrôle, chaque aéroport ou hall d’hôtel rappellera à tous que la menace est là, toujours et partout. Le même mécanisme que dans le métro et les bus londoniens et les trains madrilènes.
Frapper une fois pour inquiéter chaque jour. La terreur est en marche, et les terroristes ont encore marqué un point.
Et si maîtriser l’Afghanistan s’avère déjà quasi-impossible à une coalition composée de beaucoup des plus puissantes nations du monde, comment même imaginer venir à bout d’un terrorisme pakistanais, pays à la population 15 fois plus importante, et doté de l’arme nucléaire?
Après l’hyper-médiatisation de Bombay, le quasi-silence sur le Nigéria, où chrétiens et musulmans se sont entre-massacrés gaillardement, causant, là aussi, des centaines de morts. Ce n’est pas nouveau, les violences ethnico-religieuses ayant entraîné plus de 10.000 morts au Nigéria depuis 1999, et cela ne terrorise personne. Sans doute est-ce pour cela qu’on n’en parle que si peu.
Enfin, l’histoire d’une mort. Une seule mort, me demanderez-vous? Est-ce donc une personne importante? Le philosophe Claude Lévi-Strauss le jour anniversaire de son siècle? Non, juste un intérimaire d’un super-marché Wal-Mart de Long Island (USA). Le vendredi qui suit Thanksgiving est traditionnellement le jour de début des soldes de fin d’année, et les consommateurs étaient massés devant les portes à attendre avec impatience le moment de faire des bonnes affaires. Si massés, si impatients qu’à l’ouverture le pauvre intérimaire fut écrasé par la foule et qu’il en est mort. Et que les consommateurs ont refusé de cesser de consommer même quand on leur a dit qu’il y avait eu mort d’homme. Voilà une personne à qui les ventes à prix minimum auront coûté un maximum.
Après tout cela, même plus envie d’écrire. Ah si. Jean-Luc Mélenchon a créé son propre parti, à gauche bien sûr, et Martine Aubry consulte pour former l’équipe dirigeante du PS. Les transports en commun sont en grève à Bordeaux de manière préventive contre le changement d’opérateur de Véolia à la SNCF. Laquelle SNCF n’a pourtant pas la réputation d’être un ogre sur le plan social, et s’est déjà engagée à respecter tous les avantage acquis, mais on fait grève quand même. Ca fait sourire par contraste, même si c’est de dérision.
Tant mieux, cela fera toujours quelques moments de détente que les terroristes n’auront pas.
Essence, fromage régional et Révolution
novembre 29, 2008 on 12:14 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsEntre autres moyens de réduire le coût de fonctionnement d’un Etat français hypertrophié, Nicolas Sarkozy envisage la suppression de certaines collectivités territoriales. Cela pourrait être, suivant la recommandation de la commission Attali pour libérer la croissance, l’élimination pure et simple de l’échelon départemental, avec ses préfets et ses conseils généraux. Cela pourrait aussi, comme il l’a évoqué cette semaine, le regroupement de plusieurs collectivités pour en constituer de plus grandes, dotées de capacités elles aussi accrues, plus à même de répondre aux besoins locaux.
Face à ces perspectives, les socialistes sont vent debout, opposés à tout, même à en examiner l’opportunité éventuelle. Leur argument principal est que le Président chercherait à se débarrasser du niveau où l’opposition (lire: eux-mêmes) le gêne le plus.
Les évènements en cours en Guyane en donnent à JusMurmurandi une autre lecture. Lecture qui commence par rappeler la très forte augmentation d’impôts régionaux qui a immédiatement suivi le passage à gauche de toutes les régions sauf une aux élections de 2004. Augmentation qui n’a pu être justifiée « qu’à titre préventif », c’est tout dire.
Mais ce qu’a fait la région Guyane, présidée par Antoine Karam (socialiste) dépasse tout ce que ses collègues ont pu mettre en oeuvre; et on en voit aujourd’hui les conséquences. La région Guyane prélève une taxe de 70 centimes sur chaque litre de carburant. 70 centimes, quand le prix du carburant, déjà très fortement taxé par l’Etat atteint aujourd’hui aux alentours de 1€10 en métropole. Comment s’étonner donc que le litre de gas-oil coûte 1€70 en Guyane? Ce qui provoque la colère de la population, qui bloque toutes les voies de transport pour exiger une baisse immédiate de 50 centimes.
JusMurmurandi avance que l’opposition des socialistes à toute optimisation des communautés territoriales est avant tout celle d’élus locaux qui ont comme priorité de défendre leur fromage, notamment fiscal, fromage qui est, comme il se doit en France, composé d’un fort pourcentage de matière grasse.
A ces nantis, JusMurmurandi voudrait rappeler les années qui ont précédé la Révolution, où les fermiers généraux qui levaient l’impôt cristallisaient une bonne part de la détestation populaire. Sauf qu’en ce temps-là, c’était l’équivalent de la droite (l’aristocratie et le clergé) qui votait l’impôt payé par la gauche (le tiers-état). Aujourd’hui, c’est la gauche, dont l’électorat populaire ne paye par exemple pas d’impôt sur le revenu, puisque 50% des foyers français en sont exemptés, qui vote l’impôt que paye la droite.
Mais cette inversion ne doit pas cacher l’aversion de ceux qui payent l’impôt pour ceux qui le votent sans le payer. La leçon de la Révolution aurait-elle été oubliée?
L’argent de l’espoir, ou du désespoir?
novembre 26, 2008 on 9:20 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésMais d’où vient tout cet argent? Le plan Paulson de sauvetage des banques américaines? 700 milliards de dollars. Le plan Obama de relance de l’économie américaine: 800 milliards de dollars. Le plan chinois de relance: au moins 450 milliards de dollars. Le plan anglais: 2,5 points de baisse de TVA. Même l’Etat français, pourtant réputé « en faillite » sort 22 milliards d’euros, plus l’argent du sauvetage de Dexia, plus le fonds souverain de 20 milliards, plus le plan de relance qui sera annoncé incessamment…
Sans compter les garanties données au banques et au crédit interbancaire: des milliers de milliards de dollars. Rien que ce week-end, pour la seule Citigroup, l’Etat américain a accepté de garantir 306 milliards de dollars.
Sans compter l’aide industrielle qui se profile à l’horizon. Les 3 fabricants d’automobiles américains, à l’agonie, veulent de 25 à 50 milliards de dollars de plus que les 25 milliards de prêts consentis par l’Etat. L’Europe s’apprête de même à aider ses propres fabricants. Ainsi, Jaguar, pourtant tout récemment racheté à Ford par l’Indien Tata, n’hésite-t-il pas à demander au gouvernement britannique un prêt d’un milliard de livres. Déjà le public de contribuables rechigne à voir ses impôts soulager des banques dont les dirigeants et autres stars de la finance ont été payés des montants pharaoniques tout en les menant au bord du gouffre. S’il faut maintenant subventionner la production de voitures de grand luxe…
Alors, d’où vient le fric, le grisbi, la fraîche?
Justement, de fraîche il n’y a guère, vu que tous les Etats en question, sauf la Chine et l’Allemagne, avaient dès avant la crise des finances publiques largement déficitaires. Ainsi la Grande-Bretagne, pourtant dirigée par un Gordon Brown à la longue carrière de Chancelier de l’échiquier prudent, va-t-elle atteindre un déficit budgétaire de 10% du PNB, chiffre astronomique même en ces temps de folle surenchère de chiffres tellement énormes qu’ils en perdent toute signification.
De cette avalanche d’argent public « subitement » disponible, JusMurmurandi tire deux observations
L’une est que dès qu’apparaît la manne, dès que se respire la couleur de l’argent, dès qu’on entend le bruit des billets qu’on froisse, apparaissent les quémandeurs et lobbyistes avec toute la retenue, la grâce et l’élégance de cochons affamés se ruant vers leur auge pleine. Est-ce vraiment une coïncidence si General Motors se déclare au bord de l’anéantissement dès que l’argent public apparaît tel l’enfant Jésus?
L’autre est que, quand il le faut « vraiment », des masses d’argent « apparaissent » comme Jésus a multiplié les pains et les poissons, pour nourrir la multitude.
Mais, avant que ces 2 métaphores chrétiennes ne donnent à penser que la crise financière est avant tout le produit d’un amour immodéré de son prochain, il convient de se rappeler une chose: ce que font les gouvernements et les Etats pour injecter à la fois calme sur les marchés et fonds propres dans les banques, c’est avant tout emprunter par le biais d’un déficit budgétaire colossal, et garantir par leur (aujourd’hui excellente) signature les engagements et crédits « douteux » des banques et compagnies d’assurance pour rehausser la qualité de ces actifs.
C’est-à-dire exactement ce dont l’abus par le système financier a conduit là où nous sommes.
Portrait du Canard enchaîné en Pinocchio impénitent
novembre 23, 2008 on 5:45 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés
JusMurmurandi aimerait faire part d’un amusement récurrent qui l’envahit chaque mercredi, lorsqu’il passe devant les quelques kiosques à journaux encore existants : le jour nommé, chaque semaine, paraît un journal au titre prétendument provocant, Le Canard enchaîné, dont il est chaque jour plus évident que le titre ne peut se comprendre que par son « enchaînement » à l’idéologie dominante et au ressentiment des mesquins. Organe de presse qui se dit indépendant – c’est-à-dire de Gauche – et financièrement affranchi de la publicité, ce journal semble conçu pour flatter la bassesse d’un lectorat avide de mesquinerie, bassesse grâce à laquelle ce dernier se gargarise de côtoyer les phrases off des grands de ce monde ; convaincu de faire preuve d’un esprit critique dont il s’éblouit lui-même, le lecteur de ce journal ne songe pourtant pas la moindre seconde à faire preuve d’esprit critique à l’égard de son journal de référence.
Tel est le paradoxe du Canard enchaîné qui, au fond, fait sourire JusMurmurandi : nul ne saurait être plus convaincu que le lecteur du Canard enchaîné de sa propre pénétration des choses, de sa lucidité sur la réalité de la politique, et de la puissance de son sens critique : côtoyant les Puissants par le verbe – c’est la différence avec Gala ou Voici qui se contentent des photos –, le lecteur se délecte de ces petites phrases à l’origine parfaitement invérifiée et, la plupart du temps, fausses, qui lui permettent d’éprouver l’ivresse d’ « en être », et de faire partie de ceux à qui, grâce à la connaissance colossale des dessous de la politique que lui délivre chaque semaine le Canard, on ne la fait pas… Mais derrière ce vertige de se croire introduit dans les petits secrets de la Haute, sur un mode bien entendu critique, se dissimule de la part du lecteur une extraordinaire absence de sens critique, tant l’hypothèse que ces informations, dont le principe est pourtant de taire la source, puissent être entièrement fausses ou mensongères ; pareille hypothèse, pourtant hautement plausible ne serait-ce qu’en vertu de la totale invérifiabilité des sources de l’information, situation unique dans la presse, ne saurait effleurer l’esprit de notre lecteur, néanmoins convaincu de sa propre lucidité. Et là nous pouffons.
Pourquoi donc, se demande JusMurmurandi, observe-t-on tant d’aveuglement de la part de ceux qui se croient impertinents et capables de distance alors même qu’ils accordent une confiance précisément aveugle à cet étrange journal ? La réponse, hélas, est toujours la même : Le Canard enchaîné dérange. Comprenez : il n’est pas sarkozyste. Etant situé de facto du bon côté de la ligne, la possibilité même qu’il mente fait de celui qui pose la question ou qui s’interroge un thuriféraire de l’Ignoble – entendez : toujours le même Sarkozy.
Mais les faits sont pourtant là : pour quelques scoops, inlassablement répétés car fort peu nombreux – les diamants de Giscard, l’affaire Papon, ou la détestable affaire Gaymard – combien de mensonges, combien d’erreurs, combien de désinformations ! De Gaudin accusé d’avoir tué Yann Piat aux vrais faux appartements de Sarkozy, du silence sur l’affaire de la fille de Mitterrand au Rainbow Warrior, le Canard enchaîné s’est surtout illustré par une succession de mensonges et de lâchetés, exprimés en toute impunité sous le masque usurpé de l’insolence et de l’impertinence. On ne saurait, à cet égard, mieux dire que Michel Houellebecq, résumant la situation en ces termes : « Mais la palme du mensonge, tous medias confondus, revient au Canard enchaîné. Jamais, pas une seule fois, je n’ai lu dans Le Canard enchaîné, me concernant, une information exacte. Et le plus souvent il ne s’agissait même pas d’exagérations, ni d’interprétations tendancieuses, mais d’affabulations pures et simples, de mensonges au sens le plus précis et le plus étroit du terme. C’est stupéfiant si l’on considère que les gens qui lisent le Canard enchaîné pensent y trouver des informations secrètes, dissimulées au plus grand nombre, exhumées au prix d’un patient travail d’enquête. »[1]
Toute personne un tant soit peu informée sur les sujets qu’évoque Le Canard enchaîné ne peut que partager le constat de l’auteur des Particules élémentaires : l’essentiel de ce qui y est affirmé sous le sceau du scoop et de la révélation est faux, mensonger ; comble du vice, présentées comme des bruits de couloir, ces « informations » présentent le caractère avantageux d’être absolument infalsifiables et donc non réfutables dans un tribunal… C’est pourquoi JusMurmurandi salue l’enquête jouissive et libératoire qui paraît chez Stock, Le vrai Canard, où se trouvent disséquées pratiques journalistiques douteuses, influences politiques louches (n’est-ce pas M. Emmanuelli) et autres manipulations d’information partisanes. Bref, si le Canard enchaîné avait été Pinocchio, pour filer une métaphore récemment popularisée par le plus illustre des Béarnais de son temps, son bec eût été tel qu’aucun kiosque n’eût été assez vaste pour l’accueillir…
[1] Michel Houellebecq, Bernard-Henri Lévy, Ennemis publics, Flammarion / Grasset, 2008, pp. 227-228
Une rupture pas très Frèche
novembre 19, 2008 on 7:50 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésSégolène Royal est une femme qui accumule les paradoxes comme à plaisir. Les citer tous ici serait impossible. Voici le dernier.
Maintenant, elle veut incarner la « rupture » alors qu’elle était chargé de mission à l’Elysée il y a 25 ans déjà, et ministre avant Nicolas Sarkozy. Cette carrière déjà bien remplie ne serait pas incompatible avec ce projet si, pour arriver au poste de Premier Secrétaire qu’elle vise, elle ne s’appuyait sur un mammouth de la politique, Georges Frèche, élu député de l’Hérault il y a 35 ans, longtemps maire de Montpellier, dont il préside aujourd’hui encore la communauté urbaine, et président de la région Languedoc-Roussillon, qu’il voulait à toute force rebaptiser « Septimanie ».
Lequel George Frèche finit par être exclu du PS en 2006. On ne sait véritablement si cette exclusion d’un notable du parti, très rare, était due à des dérapages verbaux (traitant la communauté harkie de « sous-hommes », ou s’interrogeant sur le trop grand nombre de noirs en équipe de France de football), par ailleurs largement absous en justice, ou pour ses méthodes ultra-musclées avec tout opposant réel ou supposé tant au sein de la fédération socialiste de l’Hérault que des conseils municipaux ou régionaux qu’il présidait.
Et voilà que Ségolène, pas avare de commentaires assassins sur les méthodes d’un autre âge, selon elle à l’oeuvre au sein du PS pour l’empêcher d’accéder au poste tant convoité, soutient vigoureusement celui qui pourrait indiscutablement tenir son rang face à Jean-Marie Le Pen en termes de mammouthitude…
Ceci, bien sûr, n’a rien à voir avec le fait que la fédération socialiste de l’Hérault a donné, avec un bel enthousiasme et beaucoup de fra-ter-ni-té, un soutien massif à la motion de Ségolène Royal.
Cette alliance contre-nature entre la rock-star du Zénith et le brontosaure éructant fait d’ailleurs les délices des adversaires de Ségolène, c’est-à-dire de Martine Aubry, de ses supporters et de ses ralliés, qui montrent que, quand il le faut, l’intérêt bien compris de la présidente de Charente-Poitou passe avant la cohérence entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait. En clair que, pour Ségolène Royal, tous les soutiens sont bons à prendre, fût-ce Aubry d’un reniement.
En fait, JusMururandi soupçonne que, derrière cette attitude quasi-vénale de Ségolène Royal, se cache une approche beaucoup plus subtile. En fricotant avec la brute plus très Frèche, Ségolène donne des verges à des adversaires pour se faire battre. Lesquels ne se font pas prier pour lui infliger un traitement digne de celui que fait subir Obélix aux soldats romains.
Ce qui, à son tour, donne à Ségolène un rôle qui lui plaît visiblement, celui de victime, et de se lamenter sur le sort qu’on lui réserve. Déjà, dans la campagne électorale, elle disait que personne n’avait été attaquée autant qu’elle, et que, à l’époque de Jeanne d’Arc, elle eût été brûlée. Et, si d’aventure elle devait être battue par les suffrages des militants, cela lui permettrait de ne pas se dire « perdante ».
Car, comme on le sait depuis la Présidentielle, Ségolène Royal déteste le mot défaite, et, en fait, ne perd jamais.
Simplement, elle ne gagne pas toujours. Et, en particulier concernant son amitié particulière avec le si particulier George Frèche, elle ne gagne pas en crédibilité et en cohérence.
Volontaires à l’insu de leur plein gré.
novembre 17, 2008 on 10:29 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésEn ces temps de célébration du 90 anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, il est de rigueur de souligner le sacrifice des poilus qui se battirent et moururent dans des conditions abominables. Si abominables que le président Sarkozy a quelque peu réhabilité les fusillés « pour l’exemple » parmi ceux qui avaient refusé de monter au front où les attendait une mort quasi-certaine.
L’histoire montre que ces soldats ne refusaient d’ailleurs pas de se battre, mais « seulement » la perspective d’une mort rendue inévitable par un commandement où la démence le disputait parfois à l’incompétence. Car, pour l’essentiel, ces soldats, tous les soldats, étaient volontaires.
Qu’est-ce qu’un volontaire? C’est une personne qui donne son accord pour une action. Ce qui suppose que cette personne soit habilitée à choisir, donc majeure, et que cet accord soit libre et non forcé.
On peut se poser la question de savoir si ce volontariat de la guerre de 14 était bien libre et non forcé. S’agissait-il d’un patriotisme revanchard, ou de la pression « irrésistible » de l’environnement, de la presse, de la propagande, de ceux qui partaient, de leurs familles, qui faisait de toute réticence à partir « bouffer de l’Allemand » un début de trahison, sans parler d’une insondable lâcheté? A l’époque, la question ne se pose même pas, un volontaire est un volontaire, les adultes sont libres de leur consentement.
Autres temps, autres moeurs. Un remake de la guerre de 14 est bien entendu impossible maintenant. Pourtant la question de la validité du volontariat est toujours d’actualité. Le gouvernement a fait passer un certains nombre de textes « sur la base du volontariat ». Notamment, le droit de travailler jusqu’à 70 ans, le droit de piloter un avion jusqu’à 65 ans, le droit de travailler le dimanche, ou le test ADN pour certifier l’identité d’un candidat à l’immigration.
Et à chaque fois, le fait que le texte ait été conçu « sur la base du volontariat » a l’air de laisser ses opposants de marbre. Comme s’il fallait protéger les gens contre leur plein gré. Comme s’il n’existait plus de choix libre et consenti qu’entre des bornes rigides, réglementées, et communes à tous.
En d’autres termes, il ne suffit pas d’être volontaire pour travailler le dimanche, ou volontaire pour compléter ses points de retraite en travaillant plus longtemps, ou volontaire pour…. Pour certains, il faut que la loi encadre ces « volontariats » pour empêcher des débordements qui pourraient, sinon, être gravement préjudiciables.
Heureusement que cette logique-là ne s’applique pas aux volontaires au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste. De toute façon, une chose est sûre, quelle que soit la personne qui finira par occuper le poste (on ne peut décemment écrire « être choisi(e) après le congrès de Reims), il ou elle travaillera le dimanche, et au-delà de 65 ans aussi pour peu qu’on lui en donne la possibilité.
Oui, mais quand on voit ce qui s’est passé à Reims, ne peut-on comprendre que, dans certaines circonstances, il faille restreindre le droit d’être volontaire de son plein gré?
Les suicidaires
novembre 16, 2008 on 3:50 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésC’est la crise. Et pendant les crises, il y a des désespérés qui passent à l’acte. On se souvient que, pendant la Crise de 1929, des banquiers, atterrés (le mot n’est pas neutre) d’avoir tout perdu, ont sauté de leurs buildings pour mettre fin à leurs jours. Voit-on aujourd’hui de nouveau « pleuvoir » des banquiers? Pas à la connaissance de JusMurmurandi, et c’est heureux. Pourtant, on voit de nombreux comportements suicidaires. En voici quelques exemples:
Dans le genre, « faisons comme si la crise n’existait pas, et continuons comme par le passé »: les compagnies aériennes font face à une baisse de trafic alors que toutes étaient déjà en pertes profondes dues à un coût de kérosène exorbitant. Pour autant, les syndicats de pilotes, que ce soit chez Air France (prospère) ou chez Alitalia (en coma dépassé) luttent pour des avantages catégoriels comme s’il y a avait autre chose à distribuer que du sang, de la sueur et des larmes. Dans la même catégorie, la grève de la SNCF.
Dans le genre « sauvons notre peau sans nous demander si nous n’entraînons pas les autres dans une mort collective »: Henry « Hank » Paulson, Secrétaire américain au Trésor, a économisé quelques dizaines de milliards de dollars qu’aurait coûté le sauvetage de Lehman Brothers, mais coûté quelques centaines de milliards de plus aux Etats-Unis et dix fois plus dans le monde en raison de la panique que cette faillite a induite.
Dans le même registre, les traders qui continuent de prendre des risques, et le management qui les laisse faire, au sein de banques qui ont déjà perdu plus de fortunes qu’elles n’en avaient, comme Natixis (500 millions d’euros la semaine dernière), Dexia Slovaquie (93 millions sur des spéculations entre yen et rand sud-africain) ou les Caisses d’épargne (maison mère de Natixis, comme par hasard), avec 890 millions de pertes.
Ou encore, c’est très à la mode, les banques, qui, après avoir essuyé des pertes colossales dans l’immobilier américain, les produits dérivés ou les assurances, resserrent leurs conditions de crédit au PME et aux particuliers français pour « ne pas perdre d’argent dans la crise », imités en cela par les assureurs-crédit. Ce faisant, évidemment, ils étranglent l’économie française et l’enfoncent bien davantage qu’elle ne l’est, ce qui leur permettra a posteriori de montrer à quel point elles ont eu raison d’être si rigoureuses, vu ce qui sera arrivé entre temps. A ceci près qu’entre temps, ils auront éradiqué une partie de leur portefeuille clients et en supporteront donc les conséquences.
Dans le genre « la crise, c’est pour les autres mais pas pour nous », les banques qui provisionnent des bonus colossaux pour leurs employés au titre de 2008 alors même qu’elles auraient rejoint Lehman au cimetière des Seigneurs de la Finance si leur gouvernement ne les avait pas mises sous perfusion à coups de milliards d’argent des contribuables. Dans le même répertoire, celles qui se donnent de somptueux séminaires ou réceptions peu de jours après le début de ces perfusions. Ou les banquiers qui, après avoir perdu leur poste pour cause de pertes abyssales, estiment n’avoir pas échoué, ou mériter d’être repêchés, ou, mieux encore, gardent leur poste, tel l’inénarrable Bouton à la Société Générale, pas concerné par le pertes de l’affaire Kerviel.
Dans le genre « chez nous la crise, c’est permanent, donc on ne voit pas la différence avec avant, ni la promesse qu’après sera mieux, le parti socialiste français, dont le congrès de Reims s’achève sur le même fiasco que celui de Rennes il y a plus de 15 ans. Décidément le PS devrait se garder des villes de congrès dont le nom commence par « Re » et se termine par « s »…
Devant cette vague de comportements suicidaires, comment se réjouir? A moins d’être, comme chez Luky Luke, l’inénarrable croque mort, qui se réjouit à l’avance de ses nombreux futurs clients ?
Des pommes, des bananes, des noix !! L’important, c’est la norme.
novembre 13, 2008 on 5:52 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésPour ceux qui, comme JusMurmurandi, aiment les loufoqueries, vous aurez certainement reconnu le cri de guerre du Grand Babu, personnage essentiel des histoires de Pierre Dac et Francis Blanche, qui donnèrent lieu à un film mémorable intitulé « Signé Furax » à la fin des années 70.
Mais si vous ne connaissez pas ces contes et légendes, alors rassurez vous, Bruxelles veille sur vous.
Car saviez-vous que la Commission Européenne, dans son souci permanent et omniprésent de notre bien, être est allée jusqu’à déterminer l’angle que peuvent prendre bananes et autres concombres, définir le calibre la consistance des carottes que nous trouvons sur les marchés ou encore déclarer que les céleris ne doivent comporter aucune cavité…
Sinon, vous ne saviez donc probablement pas, tel Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, jusqu’à quel degré de perfectionnement Bruxelles se penchait pour notre « bien être » collectif.
Ce sont ainsi 26 fruits et légumes dont les taille, forme, et consistance etc. étaient définis avec (in)tolérance par la Commission. Et pour ceux qui n’entraient pas dans les caractéristiques édictées par Bruxelles, point de sursis, c’était la benne ! Tant pis pour le gâchis, l’important, c’est la norme !
Mais heureusement de telles incongruités (JusMurmurandi s’en voudrait de s’adonner à des actes d’incivilité voire malveillance en utilisant des termes moins avenants…) font désormais partie du passé, en partie à cause de l’augmentation du prix des fruits et légumes qu’elles généraient.
JusMurmurandi ne peut que…se courber, s’incliner devant un tel pragmatisme.
Car n’est il pas en contradiction, en particulier avec la morosité conjoncturelle, de mettre fruits et légumes au rebut au seul motif que leur taille, leur courbe, leur calibre ne correspondraient pas aux canons des fonctionnaires bruxellois ???
Voici revenue la liberté de disposer de légumes et fruits frais, quelle que soit leur apparence.
Concombres incurvés, carottes bombées, vous revoici !!!
On croit rêver.
Mais ce fut un combat terrible, car pas moins de 16 des 27 pays, dont la France, s’opposaient à ce que ces règles soient abolies….
Folie régulatrice, quand tu nous tiens.
Depuis hier, ces normes sont donc écartées, et ce sont plus de 100 pages de règles qui ont été déchirées et jetées aux orties.
Mais ne nous réjouissons pas trop vite, ne courons pas toutes affaires cessantes au marché le plus proche pour apercevoir ces fruits et légumes jusqu’alors honnis par une bureaucratie tentaculaire….
Leur résurrection n’entrera réellement dans les faits qu’à partir de juillet de l’année prochaine…..
Pour tout ce qui concerne la règlementation, et surtout sa suppression, il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation….
La fin des petits fours ? Ou la fin des haricots ?
novembre 11, 2008 on 2:57 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésDans un article volontairement polémiste, le Jogging de l’Etat obèse (http://www.jusmurmurandi.com/wp-admin/post.php?action=edit&post=485« ), JusMurmurandi avait recommandé que l’Etat réduise son train de vie, comme le font les ménages en cette période de vaches maigres.
Les caisses ne sont elles pas vides, ne sommes nous pas en faillite ?
Dans la même veine, un rapport rédigé par l’historien André Kaspi vient de suggérer que l’on réduise le nombre de commémorations nationales qui sont actuellement au nombre de 12 à 3 (les 8 mai, 14 juillet et 11 novembre).
Il est bon de rappeler que celui qui en avait le plus rajouté au calendrier était…Jacques Chirac, grand travailleur au sommet de l’Etat s’il en fût (journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France, une journée nationale des mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions, deux journées nationales d’hommage aux «morts pour la France» en Indochine et en Algérie et une journée nationale d’hommage aux harkis).
Bref, alors que nous célébrons le premier 11 novembre (qui commémore l’armistice de la guerre de 14-18) sans poilu le dernier nous ayant quittés il y a quelques mois, n’avons nous justement pas l’opportunité de remettre en cause toutes ces célébrations qui se sont rajoutées au fil des temps dans le seul but de faire plaisir à une minorité qui disparait au fur et à mesure ?
Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, est formel, « on ne peut revenir en arrière ». En rappelant tout de même que son secrétariat d’Etat disparaitrait en même temps que les dates du calendrier…
Car toutes ces journées de commémoration ne sont elles justement pas des éternels retours en arrière ???
Comme si au motif « qu’il ne faut blesser personne », on pouvait continuer à les imposer à tout le monde.
Sans parler du fait que certaines dates, comme celle du 8 mai 1945 sont, pour JusMurmurandi en tout cas, hautement discutables.
Car si un fait est indéniable, c’est bien que la France n’a pas gagné la deuxième guerre mondiale…si ce n’est grâce à l’aide essentielle des Anglais et des Américains. Alors fêter la fin d’un conflit que l’on a pas gagné, tandis que l’agresseur est aujourd’hui le premier partenaire de la France… tout cela est pour le moins douteux.
Mais bon, au delà de la seule commémoration et du prétendu « devoir de mémoire », la boîte de Pandore qu’ouvre Kaspi est l’arbre qui cache la forêt.
Ne préconise t-il pas de faire des transformer certaines fêtes nationales en journées d’action locale ou régionale en dehors des trois dates recommandées à l’échelon national ?…
C’est alors tout le débat sur les multiples (trop nombreux ?) échelons hexagonaux (département, région, canton etc.) qui s’ouvre, et l’on comprend alors que, peut être sans le vouloir, André Kaspi a mis le doigt sur un intouchable…

Le Professeur André Kaspi par qui la polémique est arrivée
Quand le compte n’est pas bon à l’Assemblée nationale
novembre 10, 2008 on 8:17 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésLa Cour des Comptes s’est récemment intéressée à la gestion de nos chers parlementaires, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas perdu son temps.
Quelques perles retiendront certainement votre intérêt, Cher Lecteur, tout autant que nous avons retenu notre souffle en en lisant des extraits.
Et que rien n’a retenu les dépenses de nos chers, si chers élus.
Le budget pour commencer. Il a cru, sur les dix dernières années, à un rythme supérieur à celui des dépenses de l’Etat (47% contre 37%, dans les deux cas largement plus que l’inflation). Imaginez ensuite qu’ils se permettent de juger les budgets de l’Etat lorsqu’eux mêmes font pire ??!!
25% du budget total est consacré aux salaires tandis que les 24 fonctionnaires les mieux payés gagnent 213.000 Euro bruts par an.
Ces 25% se comparent à 15% chez nos voisins britanniques qui est une démocratie parlementaire (donc qui se passe de Président de la République etc.) ou encore les Allemands dont les salaires au Bundestag ne représentent que 12%. Bref, ils en plus pour leur argent que nous.
Et surtout comme d’habitude, dépassements budgétaires à gogo, comme les travaux de l’immeuble Chaban Delmas. Mais heureusement, » ces travaux génèreront beaucoup d’économies puisque nombreux députés n’auront plus à dormir à l’hôtel ».
Bref, tous les dépassements sont permis aussi longtemps qu’il y a des économies; à ceci près que la durée de retour sur investissement est une notion qui n’est pas importante pour les députés.
En conclusion, tout ce que l’on rejette, critique pour la gestion de l’Etat se retrouve à plus modeste échelle mais encore plus gaspilleur, au Palais Bourbon, là même où devraient être corrigées les déviances de nos gouvernants.
Français, dormez tranquille !
La fin du Gros Mammouth?
novembre 8, 2008 on 3:12 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | 1 CommentLe dégel libère chaque année en Sibérie des corps de mammouths momifiés, conservés depuis des millénaires dans le permafrost. C’est la plus grande espèce animale terrestre depuis l’extinction des dinosaures, il y a des dizaines de millions d’années. D’où la fascination qu’a provoquée l’étude scientifique visant à donner la vie à un mammouth à partir d’ADN récupéré en Sibérie. Jusqu’ici sans succès, le Gros Mammouth est une espèce animale éteinte, et apparemment pas facile à « rallumer ».
Mais il n’y a pas qu’en matière animale que le Gros Mammouth a atteint son point final. En matière d’entreprise aussi, semble-t-il. Le dernier exemplaire connu, General Motors, a annoncé que son cash ne lui permettra de survivre que jusqu’au début de l’année prochaine.
General Motors, comme le Gros Mammouth, est l’entreprise de tous les records. Plus grosse entreprise mondiale pendant plus de 50 ans. Plus gros producteur d’automobiles pendant plus de 80 ans. Depuis la Ford T, c’est dire. Producteur aussi de locomotives, de turbines, de réfrigérateurs (Frigidaire, cette marque si répandue qu’elle est devenue un nom commun, si banale que c’est là que Ségolène Royal avait dit mettre « au frais » sa candidature au poste de Premier Secrétaire du PS, intention qu’elle manifestement oublié de mener à bien, c’est aussi General Motors). La seule société mondiale à employer plus d’un million de personnes? GM, bien sûr. La plus grande société de crédit à la consommation au monde? GMAC, sa filiale de financement des achats de véhicules GM. Une société si légendaire qu’elle est devenu le sujet de plaisanteries admiratives: ne disait-on pas que les deux meilleurs « généraux » américains n’étaient pas Patton ou Eisenhower, mais General Motors et General Electric?
Mais alors que General Electric s’est formidablement modernisée sous la la férule du génial Jack Welsh, General Motors ne l’a pas fait. Laissant les petits véhicules à ses concurrents japonais ou coréens, engluée dans des coûts de production très élevés concédés à des syndicats maximalistes, GM s’est concentrée sur les 4×4, utilitaires légers (trucks) et autres « Gros Modèles ». La moindre concurrence étrangère sur ce segment permettait d’y faire une plus forte marge bénéficiaire et évitait de se poser les questions qui fâchent sur sa compétitivité globale, que ce soit en termes de suivi des goûts de la clientèle ou de qualité des produits. Une concentration telle que GM a acheté la société productrice des célèbres Hummer, ces énormes 4X4 à la dimension d’Arnold Schwartzenegger (il en conduit un, mais converti au gaz naturel)
Le problème, c’est que la forte hausse des prix du pétrole a détourné les clients des véhicules Gros Mangeurs, et donc avant tout des modèles GM. Bien sûr, ses Grands Manitous plaident qu’ils ont mis en route un ambitieux programme de conversion de leur gamme aux véhicules petits et frugaux, y compris un nouveau modèle tout électrique révolutionnaire pour 2010, la Chevrolet Volt, mais voilà, les pertes s’accumulent, et maintenant la crise économique aggrave tout.
Après un mois d’octobre apocalyptique où GM vit se ventes chuter de 45% (!) pour revenir à leur plus faible niveau d’après 1945 (re !), la direction indique que les milliards de dollars de cash qu’ils ont encore suffiront tout juste pour les faire tenir jusqu’aux premiers mois de 2009…
GM avait d’ores et déjà demandé à l’Etat américain d’intervenir en sa faveur, comme il vient de le faire pour les banques, mais l’administration Bush, telle Ponce Pilate, vient de refuser. La déclaration de GM va mettre la toute nouvelle administration en construction de Barack Obama face à son premier défi, car l’effondrement de GM serait un tsunami bien plus symbolique que la chute de Lehman Brothers. Lequel effondrement entrainerait nombre d’équipementiers, dont Delphi, le N°1 mondial, anciennement partie de GM lui-même. Et que Ford et Chrysler, ses concurrents américains ne sont guère mieux portants, et pour les mêmes raisons.
Ce d’autant plus que GM est avant présente dans les états du Midwest dont Obama est l’élu, et que les cols bleus qui y travaillent et y sont syndiqués sont l’épine dorsale de l’électorat démocrate qui l’a porté à la Présidence. Obama a d’aillleurs annoncé dès sa première conférence de presse, hier, qu’il mettrait en œuvre un plan d’aide à l’industrie automobile.
JusMurmurandi entend bien que laisser tomber GM, pour un Président démocrate nouvellement élu, est impensable. Même si les règles de la concurrence mondiale rendent un plan de soutien incompatible avec l’OMC. Mais le problème, n’est-ce pas tout simplement que GM na pas produit assez de voitures compétitives que voulaient vraiment ses clients, comme les Opel européennes, et trop de Grosses Merdes? Et si Obama sait régler ce problème-là, c’est qu’il a vraiment quelque chose du Messie que tant de gens attendent en lui.
Scandale !! Barack Obama ne marche pas sur l’eau !!
novembre 7, 2008 on 5:25 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés
Le gruyère n’est pas suisse, il est français !!
novembre 4, 2008 on 8:31 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsQui a inventé le célèbre fromage aux fameux trous ?
Les Helvètes ou les Français ?
On se souviendra en particulier de ce merveilleux album d’Astérix chez les Helvètes, dans lequel chacun s’y met de plus belle pour ne pas faire tomber son morceau de pain dans la fondue.
Mais la plus convaincante des réponses se trouve, une fois de plus dans la non application d’une loi en principe bonne pour tout le monde, la loi de modernisation de l’économie ou LME.
Un de ses chapitres se penche en détail sur les délais de paiement et prévoit un plafonnement des délais à 45 jours fin de mois ou 60 jours.
En effet, son objectif est d’améliorer la position de trésorerie des PME, qui sont souvent à la merci des grands groupes ou de la « grande distribution », dont le pouvoir de négociation est aussi important qu’il est menaçant.
Or la LME est là pour remettre tout cela à plat, et permettre au PME d’avoir une trésorerie plus forte.
Mais las, crise aidant, on voit toutes sortes de dérogations arriver, et en dépit du fait qu’elle devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain, soit elle ne sera pas appliquée, soit ce sera un véritable…gruyère.
Les uns demandent des remises de prix pour compenser leur mise en conformité avec la loi (!!), les autres des participations aussi fictives que durement monnayées, d’autres encore de recourir à des filiales étrangères de leurs fournisseurs afin que la loi française ne s’applique pas, bref, tout est bon pour contourner la loi.
Et une fois de plus, une loi destinée à protéger, renforcer les PME va passer à la trappe, en particulier dans une période où leur trésorerie est considérablement fragilisée par un ralentissement aussi violent que soudain.
Comme disent nos voisins britanniques, la route vers l’Enfer est pavée de bonnes intentions.
Taser l’a tuer. Quand les morts pèsent plus lourds que les vivants…
novembre 4, 2008 on 8:27 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésSelon la presse, un homme est mort dimanche à Calgary (Canada) « à la suite d’un tir de Taser, ce pistolet à décharge électrique réputé non mortel, et objet de controverse avec Oliver Besancenot notamment, qui conteste sa non mortalité.
Disons le tout de suite, JusMurmurandi n’a pas d’informations rigoureuses sur cette question, et se garde donc bien d’avoir une opinion. En revanche, ce qui est révélateur, est le traitement de l’affaire du Taser dans la classe politique et les média, et ce sur plusieurs points.
Il est possible que le tir Taser soit, en fait, un choc si violent que certains n’y résistent pas. Ce qui en ferait une arme moins létale que le pistolet, mais pas « 0 morts », comme on dit de la guerre « moderne » telle que la souhaitent ceux qui la font.
Cette comparaison avec la guerre n’est pas innocente. Car la situation de la police urbaine appelée à utiliser ses armes, qu’elles soient conventionnelles ou électriques, ressemble à une guerre. Une guerre civile, urbaine, limitée, mais une guerre. Où il arrive en plus que les forces de l’ordre soient armées de pistolets quand leurs adversaires, c’est-à-dire les forces du désordre, ont des Kalachnikov ou des Uzi, quand ce ne sont pas des lance-roquettes.
Il faut donc se demander non seulement si le Taser tue, mais aussi combien tuerait et combien blesserait gravement une arme conventionnelle utilisée si les forces de l’ordre n’étaient pas équipées de Taser, et faire le bilan. Comparaison militaire toujours: il arrive qu’une bombe à guidage laser soit larguée à tort en Afghanistan et massacre une innocente noce. Drame lamentable. Mais combien de noces ont été rasées aveuglément par les tapis de bombes « stupides » (c’est-à-dire avant qu’elles ne soient guidées) au Vietnam par exemple?
Sauf qu’aujourd’hui, nous voulons du « zéro mort ». Et que donc le Taser est en accusation. Comme aussi certains médicaments nouveaux qui se révèlent avoir, dans certains cas, des effets secondaires graves. Un exemple: l’Accomplia, médicament contre l’obésité. Il s’avère, si l’on en croit la presse, qu’il puisse conduire certains patients qui en prennent à une grave dépression. Ce qui contraint son fabricant, peu soucieux d’assumer de telles conséquences, à le retirer de certains marchés. Et personne ne se soucie de savoir combien de personnes auraient pu éviter un accident vasculaire mortel en perdant du poids grâce à cette nouvelle molécule pour faire non un compte des morts, mais un bilan des morts et des vivants. Infarctez en paix, ô obèses du monde entier, mais ne déprimez pas!
Ce qui revient à dire qu’un mort par Taser (toujours à supposer que cela soit le cas) « pèse » plus lourd qu’un vivant « sauvé » parce qu’il a reçu une décharge électrique et non un bon vieux pruneau de flingue en plein coeur. Et ce d’autant plus que, dans notre société où l’image est partout, un mort par Taser est bien visible, alors qu’un membre d’un quelconque gang descendu dans une fusillade, c’est à peine 3 lignes en page 9.
Peut-être faudrait-il fournir aux voyous, faute de les laisser faire absolument ce qu’ils veulent sans aucune opposition, ce qui serait le meilleur moyen de ne déplorer jamais aucun mort, de leur fournir gratuitement des Taser en remplacement de leurs armes. On peut imaginer que les forces de l’ordre soient tout de suite d’accord et ne protesteraient pas que le Taser n’est, peut-être, pas à 100% non létal…
La faute aux autres…
novembre 3, 2008 on 10:10 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésLa crise financière révèle une étrange caste, dont les membres transcendent les nationalités, enjambent les frontières entre le public et le privé, entre l’individuel et le collectif, entre clients et fournisseurs, entre dirigeants et censément dirigés. Ce sont les nouveaux irresponsables.
Irresponsable, ce patron de banque (ils sont nombreux) qui reconnaît qu’il avait fini par ne plus comprendre les produits financiers si sophistiqués mis au point par ses cadres si intelligents et si extraordinairement bien payés et si bien vendus par sa banque, au point d’avoir rapporté de si gros profits générateurs de si confortables bonus.
Irresponsable, cet acheteur (ils sont des millions) qui signe un contrat d’emprunt immobilier à taux variable alors qu’il n’a aucune possibilité d’assumer une hausse de remboursements et que les taux d’intérêts sont très bas, donc beaucoup plus susceptibles de monter qu’autre chose. Ils sont nombreux, les emprunteurs insolvables à considérer que c’est la faute des banques.
Irresponsable, ce dirigeant de grande banque faillie qui considère que ce sont les circonstances exceptionnelles qui ont mises à mort sa banque, et non ses décisions de gestion. Ils sont nombreux, les dirigeants en échec qui considèrent qu’ils n’ont pas échoué.
Irresponsable, ce gestionnaire municipal britannique qui à confié ses capitaux à une banque islandaise qui lui verse une plus forte rémunération qu’une banque anglaise, avant que tout ne s’effondre. Il y en a pour 5 milliards de livres, ce qui fait de nombreux irresponsables, qui ne voient pas que leur forte rémunération était lié à un fort risque.
Irresponsable, ce gestionnaire municipal français qui a contracté des emprunts aujourd’hui qualifiés de « toxiques », soit parce qu’ils sont tout simplement à taux variable, auquel cas leur toxicité est très limitée et l’appellation avant tout démagogique, soit parce qu’ils contiennent des « produits structurés » (essentiellement des dérivés, options et autres), et, là, potentiellement très, très coûteux. Sauf que ces produits structurés ont, là aussi, été acquis pour permettre aux municipalités de payer moins cher leur crédit. Un crédit moins cher que le marché, cela veut dire que le risque n’est pas égal. Et un risque, cela peut se révéler toxique. Et maintenant, toutes ces municipalités oublient les avantages qu’elles ambitionnaient pour ne voir que les coûts, et blâment les banques, Dexia en tête.
Pour dire les choses simplement, la capitalisation boursière mondiale a baissé de quelques 30.000 milliards de dollars depuis mai 2008. Ces pertes, il faut bien que quelqu’un les ait subies. Ce sont les fonds de pension, les plans de retraité individuels, les 401K américains ou les PEA français, les portefeuilles des actionnaires de par le monde. Ce à quoi il faut ajouter les pertes opérationnelles des entreprises, banques et compagnies d’assurance en tête, mais pas seulement. Il semble par exemple que 10% des 7000 hedge funds mondiaux ne survivront pas, et que quasiment tous afficheront des pertes substantielles dues à la crise. Comme leur attractivité était fondée sur un rendement important, il faut bien qu’il y ait eu un risque important dans le montage, et ce risque, maintenant, se rappelle au bon souvenir de tous. Il faut enfin ajouter les pertes de tous les propriétaires immobiliers au monde, et, d’abord, ceux qui auront perdu leur maison dans la tourmente, ceux qui sont coincés par des crédits relais ruineux faute de pouvoir vendre leur bien pour refinancer une autre acquisition et tous les autres.
Bref, ces pertes sont proprement immenses. Et personne n’est responsable. Personne sauf « les autres ». Pour une fois, la langue française offre une possibilité unique pour décrire cette situation. Cinquante mille milliards de dollars, perdus à l’insu de leur plein gré…