GM, la mort de l’automobile américaine, et notre avenir
mai 28, 2009 on 11:26 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésGM va-t-il déposer son bilan? Il semble bien que oui, les créanciers ayant refusé d’échanger leurs créances contre 10% du capital de la société. L’Apocalypse est donc très probablement pour demain. Mais on aurait tort de regarder cette déconfiture, si symbolique, comme un fait isolé.
Ainsi, aujourd’hui, Visteon a déposé son bilan dans l’indifférence générale. Pourtant ce n’est pas rien, Visteon. C’est un équipementier automobile qui a longtemps été intégré au groupe Ford. C’était alors le deuxième plus gros équipementier automobile au monde, derrière son concurrent Delphi, intégré à General Motors. Lequel Delphi a lui aussi déposé son bilan. Comme Chrysler. Comme GM demain. Comme par hasard…
S’il ne s’agissait que d’une entreprise, il serait facile de blâmer le management. Notez, on peut toujours le faire, c’est tellement plus facile que de gérer à leur place. Ainsi on a tellement critiqué le patron intérimaire d’AIG pour des histoires de bonus qu’il en a marre, et que les chasseurs de tête annoncent qu’il va être quasiment impossible de lui trouver un successeur de bon niveau tant ce poste sera la cible de toutes les critiques politiques, syndicales et autres, sans compter la difficulté de faire le boulot de redressement.
Ceci n’exonère pas le management des sociétés d’automobiles pour autant, qui a largement préféré se réfugier dans des créneaux de marché rentables, les 4×4 et les utilitaires, que de traiter ses problèmes de compétitivité.
Mais là, c’est toute une industrie qui coule. Ce n’est pas le Titanic qui a rencontré un iceberg, mais toute un convoi. Que dis-je, toute la flotte. Un management nul partout à la fois étant peu vraisemblable, quelle peut donc être la cause commune à toutes ces déconfitures? La Chine, bien sûr. L’usine du monde, qui prive l’Occident de tous ses emplois manufacturiers. Sauf que les voitures chinoises sont totalement négligeables à l’échelle mondiale. Ce deuxième bouc émissaire ne convient pas plus que le premier.
Alors, d’où vient le problème? Quels sont les concurrents qui mangent la laine sur le dos de Detroit? Ce sont avant tout les Japonais. Or leur coûts de production sont, en termes de salaires, au moins aussi élevés au Japon que les américains. Ce n’est donc pas une histoire de coûts directs.
Mais l’automobile américaine a depuis toujours été le fief de syndicats puissants et gourmands. Qui ont notamment rendu toute restructuration exceptionnellement difficile, lente et onéreuse. Il fallait même payer, c’est dire, des ouvriers qui ne travaillaient plus depuis des années.
Autre foyer de coûts: la santé. Les coûts de protection aux États-unis ne sont pas seulement les plus élevés du monde, ils continuent leur phénoménale escalade. Et c’est aux entreprises de payer pour la santé de leurs retraités. Ce qui a coûté des dizaines de milliards de dollars aux fabricants de voitures américaines que les Japonais n’ont pas eu à supporter, n’ayant pas de syndicats, ni de retraités en grand nombre à leur charge.
Mais le résultat est que les syndicats américains ont été dans les négociations finales beaucoup plus préoccupés d’obtenir que les droits à la protection santé des retraités soient protégés même en cas de faillite que d’éviter la faillite aux travailleurs actifs. Logique quand on sait qu’il y a beaucoup plus de retraités que d’actifs chez GM par exemple. Effrayant quand on sait que la restructuration consécutive à la faillite et préalable à tout redressement va réduire encore le nombre d’actifs et donc rendre plus écrasant encore le poids des retraités, et donc non concurrentielle la production future, présageant ainsi d’autres désastres.
Une comparaison avec la France est pour le moins curieuse. Les syndicats y privilégient systématiquement les employés actifs par rapport aux chômeurs. C’était emblématique au moment des 35 heures. Si on les avait payé 35 heures, il y avait stabilité des coûts, et partage du travail et des revenus, avec création massive d’emplois (mais pas de richesse). En choisissant de les payer 39 heures, la gauche a privilégié les travailleurs et fait augmenter les coûts, ce qui a conduit les entreprises à pousser la productivité au détriment des emplois devenus plus chers par unité de travail produite.
Le problème, c’est qu’en France les actifs payent pour les chômeurs comme aux Etats-Unis ils payent pour les retraités. Et que donc tout ce qui réduit la base d’actifs sans changer la charge imposée par les inactifs conduit à la catastrophe, dont celle de GM est un exemple. Ceci avant même de prendre en compte la démographie qui fait qu’il n’y aura en 2020 qu’un actif pour un retraité, et que donc la retraite aura des allures non plus d’allocation mais bel et bien de pension alimentaire.
Il est de bon ton aujourd’hui de médire des Etats-Unis qui nous ont exporté leur modèle de capitalisme débridé et leurs subprimes pourris, le tout se combinant pour former les composants d’une grave crise économique. Mais pour autant, ne pas voir les leçons à apprendre de ce pays qu’il est si démagogiquement payant de dénigrer (c’est moins facile, à vrai dire, depuis qu’Obama a remplacé Bush), c’est faire preuve d’autant de cécité que d’aveuglement.
Cannabis et HADOPI: l’économie à tout prix?
mai 25, 2009 on 6:23 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésUn projet de loi démocrate vise à légaliser le cannabis dans l’Etat de Californie. Les arguments en faveur de ce changement important d’approche sont nombreux:
- comme la contravention est généralisée, légaliser ne fait qu’entériner un état de fait, et évite que la loi ne soit, en permanence, bafouée.
- légaliser le cannabis ferait s’effondrer les prix et tarirait les super-bénéfices des dealers
- légaliser le cannabis permettrait aux forces de l’ordre de se concentrer sur d’autres formes de délinquance, plus attentatoires à l’ordre public
- mais surtout, la légalisation du cannabis permettrait de faire rentrer un milliard et demie de dollars par an d’impôts sur cette activité, aujourd’hui souterraine ou camouflée en « aide thérapeutique ».
Bien entendu, il y a de nombreux arguments contre cette légalisation. A commencer par le fait qu’il faut que force reste à la loi. Ou par les dommages à la santé causés par le cannabis, et notamment le moindre développement des fœtus. Par le fait que le cannabis sert pour certains de tremplin vers des drogues dures. Par les délits commis par ceux qui cherchent à tout prix de l’argent pour se procurer leur herbe chérie. Ou par l’inévitable explosion du marché qui suivrait l’implosion des prix.
Vous me direz, quel rapport avec la France, où, malgré tout, l’usage du cannabis est infiniment moins répandu qu’en Californie? Osons une transposition. Le téléchargement gratuit, c’est-à-dire sans payer de droits, est illégal. Pourtant, il est omniprésent, et sa répression inexistante. La France vient de voter une législation innovante pour tenter de remettre la pratique en accord avec la loi, la fameuse HADOPI.
Et les arguments de ne rien faire, ce qui est strictement équivalent à entériner l’illégalité, sont les mêmes que ceux des partisans de la légalisation du cannabis. Sauf que, là, les impôts bénéficieraient du passage à un téléchargement légal, à l’inverse de la situation américaine.
Ainsi donc, dans les deux cas, en apparence si opposés, les intérêts fiscaux sont avantagés par les lois adoptée en France et proposée en Californie.
Et si tous ces débats de société n’étaient qu’un écran de fumée (de fumée de cannabis, bien sûr) pour une bonne vieille affaire de gros sous?
Brèves
mai 24, 2009 on 5:32 | In Best of, Economie, Europe, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermésCourage politique
La décision du gouvernement allemand tend à donner la faveur au canadien Magna pour la reprise d’Opel qui appartient toujours à General Motors, même s’il est essentiellement européen et surtout germanique).
Pourquoi ? Tout simplement parce que l’alliance avec Fiat serait probablement plus destructrice en emplois outre Rhin.
Bref, une fois de plus, un pays européen réagirait en ne pensant qu’à ses intérêts propres, un peu comme les industriels asiatiques faisaient leur « shopping » de subventions dans chaque pays d’Europe et démontaient leurs usines une fois épuisées les aides dans un pays pour les remonter et en récupérer d’autres chez un voisin.
Car le vrai problème de l’industrie automobile, en Europe comme ailleurs, c’est une surcapacité massive.
En choisissant Magna, on va probablement à court terme sauver des emplois, mais on laissera à demain la nécessaire et incontournable diminution de capacité de production.
Allez, Angela, un peu de courage !
Courage politique -2
Les entreprises, sauf à quelques exceptions près, sont durement touchées par le ralentissement économique, et la France n’est pas épargnée.
JusMurmurandi ne reviendra pas sur ce succulent néologisme qui parle de « croissance négative » lorsque le pays est en récession, mai préfère plutôt souligner que certaines entreprises s’attaquent, dans les limites du code du travail, de manière courageuse à leurs problèmes de coût.
Or l’un des principaux coûts justement, en particulier au pays créateur des 35 heures, ce sont les salaires. On peut les réduire de plusieurs façons, soit en supprimant des postes, ou encore en proposant des baisses de salaires aux collaborateurs de l’entreprise; le tout doit se faire de façon individuelle, et confidentielle.
Le premier employeur de France est en déficit, massif, et depuis de longues années. Et 2009 promet d’être un grand cru dans ce domaine avec simultanément la baisse des rentrées d’impôts ou encore les dépenses exceptionnelles pour soutenir l’économie.
Question : L’Etat français (car c’est de lui qu’il s’agit…) va t il proposer à ses ouailles de baisser les salaires, en moyenne plus élevés que dans le privé malgré la garantie de l’emploi, revalorisée avec la hausse du chômage ?
Avez vous entendu parler d’homme ou de femme politique soit au niveau local ou au niveau national qui ait fait de telles propositions ne serait ce qu’à titre personnel ?
Ce serait de plus un sujet de choix pour la presse hexagonale…Le Daily Telegraph n’a-t-il pas gagné 50.000 lecteurs en dévoilant toutes les déviances des parlementaires britanniques et leurs notes de frais éhontées, en les faisant paraître petit à petit, un jour après l’autre…
JusMurmurandi, pour sa part, n’a rien entendu. N’est ce pas le moment pour nous électeurs de faire entendre notre voix ?
Car on a finalement que la classe politique et la presse que l’on mérite…
Une belle envolée
Le SNPL, syndicat national des pilotes de ligne, nous promet encore de belles journées d’été.
Rappelez vous, il soutenait le vol à 3 dans les cockpits d’Airbus A320 chez Air Inter. 5.000 appareils ont été livrés dans le monde entier et personne d’autre ne l’a réclamé.
En 1998, à la veille de la Coupe du Monde, ils remettent le couvert en menaçant la manifestation sportive d’un conflit majeur, alors qu’Air France est lentement en train de se remettre d’années de mauvaise gestion.
Aujourd’hui, Air France pique dans le rouge, et selon certaines sources les pertes s’envolent pour atteindre 7 millions d’Euro par jour, et le SNPL a déposé un préavis de grève en plein pendant le pic de l’été.
Pourquoi ? Parce qu’il conteste la loi qui prévoit que les syndicats qui ne représentent pas 10% des votes doivent s’allier à d’autres syndicats s’ils ne veulent pas disparaître.
Car, même si les pilotes ne représentent pas 10% des effectifs d’Air France, ils sont, d’après nos informations, cantonnés dans un établissement spécifique et le SNPL n’est par conséquent pas visé par la loi.
De la même manière que l’on a vu ces derniers jours des salariés de l’EdF se livrer à des actes quasi terroristes en coupant le courant à des dizaines de milliers de Français, le ciel français va t il une fois de plus devenir le terrain de chantages qui ont coûté si cher à Air France par le passé ?
Barack Obama est il Nicolas Sarkozy ?
mai 20, 2009 on 7:36 | In Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, International, Poil à gratter | 2 CommentsA première vue, tout les sépare.
L’un est grand homme de couleur, l’autre est petit et caucasien.
Mais à bien y regarder, il y a de nombreuses ressemblances.
Tout d’abord leur enfance, Nicolas Sarkozy est né d’un père non français, hongrois, et Barack Hussein Obama d’un père non américain, kenyan.
Leur parcours politique ensuite qui les a amenés à la magistrature suprême, portés tous deux par une vague de fond qui voulait tourner la page du passé.
La « génération Sarkozy » tourne la page de la génération 70 des Chirac, Giscard d’Estaing, Mitterrand ou encore Jospin.
Barack Obama est adoubé entre autres pour tourner le dos aux années Bush marquées par l’échec cinglant de la sécurité intérieure, de la défaite militaire extérieure, par le séisme économique aux répliques planétaires et enfin la mise sous contrôle de la population à l’insu de son plein gré.
Programme défini pour l’un, intitulé « rupture » pour remettre le pays sur la voie de la réforme afin de rattraper les meilleurs élèves de la classe européenne, volonté de redonner la fierté à un grand peuple, les deux candidats élus portent un grand espoir lorsqu’ils prennent leurs fonctions.
Nicolas Sarkozy vient de passer le cap des deux premières années aux commandes, et nombreux sont ceux qui ont voté pour lui qui affirment qu’ils le regrettent.
Soit parce qu’il en fait trop, soit parce qu’il n’en fait pas assez.
Mais la volumétrie ne semble agréer personne.
Et le style des premiers jours, si tant est que l’on puisse appeler cela un « style » a marqué les esprits; et si d’aventure on venait à l’oublier, la bonne presse qui l’a en permanence dans la mire se fait autant un plaisir qu’un devoir de nous le rappeler, tandis qu’il n’y a pas de semaine où cette fameuse littérature surfe sur la vague de l’anti sarkozysme obsessionnel en le mettant en première de couverture.
Mais entre le programme, annoncé et en bonne partie déroulé (http://www.barometre-sarkozy.com/dotclear/public/TRG_et_Synthese/BaroNS4-TRGMesures.pdf), est profondément marqué par le paysage économique qui est bouleversé.
La crise a marqué l’action gouvernementale de son empreinte, et « travailler plus pour gagner plus » n’est plus applicable lorsque le chômage est en montée exponentielle dans toutes les économies occidentales, France comprise.
ll faut donc s’adapter à ces nouvelles réalités, composer avec ceux avec qui on avait ou n’avait pas prévu de le faire au gré du nouvel environnement économique.
Bref, il convient d’être pragmatique.
Obama a quant à lui passé le cap des 100 jours et s’il a commencé à marquer les esprits avec quelques réformes substantielles soit en route soit annoncées, il vient lui aussi de faire une entorse majeure à une des annonces clés lorsqu’il n’était que candidat.
S’il a, par exemple, visiblement décidé de mettre le complexe militaro industriel au pas en annulant un pharaonique programme de développement d’un hélicoptère présidentiel pour remplacer le modèle actuel qui a trente ans et dont le coût a littéralement explosé en vol de 6 à 11 milliards de dollars pour 23 appareils (soit environ 500 millions l’unité !!!), s’il a décidé de « mettre le paquet » pour remettre l’économie en route, la remise en place des tribunaux d’exception tels qu’existant sous George Bush à Guantanamo est un revirement colossal.
Et il est mal vécu par ces Américains qui, pour une part doux rêveurs, n’acceptent pas de voir la réalité de la violence de la guerre en face et ses conséquences dramatiques.
Mais ramener sur le continent américain ces suspects qui pour une partie ont tenté d’anéantir les Etats Unis pour les juger comme des citoyens normaux qui « bénéficient » d’un système ou l’attente de jugement peut durer des années et des années le temps que l’on épuise tous les recours ne lui a pas semblé une solution acceptable.
Même s’il va payer cette volte face, et cash en plus car elle intervient si rapidement après son élection.
Bref, Barack Obama semble vouloir faire preuve de pragmatisme.
Et traînera cette décision comme un boulet, avec certains de ses électeurs qui ne manqueront pas de dire « plus cela change, plus c’est la même chose ».
Mais ce qui rapproche probablement le plus Barack Obama de Nicolas Sarkozy, c’est ce qu’ils ne sont pas.
Et au risque de devoir présenter ultérieurement ses excuses à ses lecteurs, JusMurmurandi n’éprouve absolument aucun regret quant au fait que l’un ne ressemble pas du tout à George Walker Bush et l’autre pas non plus à Ségolène Royal….

Obama Sarkozy
Jalons économiques
mai 19, 2009 on 6:45 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés1. La Chine, toujours la Chine
Déjà en janvier la Chine passait un jalon important, en devenant, l’espace d’un mois, le premier marché automobile du monde, montrant ainsi qu’elle est beaucoup plus qu’une usine destinée exclusivement à l’exportation. Aujourd’hui, la Bourse de Shanghai a dépassé la Bourse de Londres en termes de capitalisation boursière. Alors, certes, on pourra dire que la City de Londres travaille sur beaucoup plus de titres que seulement ceux cotés à Londres, et que les cours à Shanghai ont beaucoup à voir avec le goût très prononcé des Chinois pour toutes les formes de jeu. Mais quand même, Shanghai devant la City…
2. L’argent pas cher
Hier le taux du marché du crédit interbancaire a atteint un plus bas historique (depuis sa création en 1986), à quelques 0.785%. Pour mémoire, au plus fort de la crise financière de fin 2008, il était plutôt à 4,785%. Le crédit interbancaire est donc ultra bon marché. Ce qui dit 2 choses: il n’y a plus de crise de confiance entre banques, le spectre de l’effondrement est, pour le moment, aux abonnés absents. Et aussi que, pour ceux qui veulent investir, le coût du crédit est au plus bas. Comme tous les prix ont baissé, depuis celui des voitures et de l’immobilier jusqu’à celui des entreprises, acheter quand cette baisse aura atteint son maximum (et les prix leur minimum), réservera de très bonnes affaires. Le tout étant de ne pas se tromper sur le calendrier…
3. Le prix du lait
Les cours du lait viennent de toucher un point bas, à 205€ pour 1000 litres. Les producteurs sont furieux et désespérés, et ils font appel à l’Etat, y compris avec violence, pour les sortir de cette situation très pénible. Et incriminent les mécanismes de fixation des prix, à revoir selon eux, pour revenir au « bon vieux temps ». Mais JusMurmurandi a oublié de perdre la mémoire et se souvient que, si la baisse est historique, c’est parce qu’auparavant, les prix avaient été poussés comme les matières premières, à des hauteurs sans précédents (378€ en janvier 2008). Et là, que disait la profession, par la voix de Chantal Cor, de la FDSEA? Que la hausse était « historique », mais « légitime et inévitable ». Où était donc la critique des mécanismes de fixation des prix? Et pourquoi cette hausse « inévitable » s’est-elle transformée en baisse « évitable »?
Accessoirement, on a bien vu les prix des produits industriels dérivés du lait (laitages, fromages, yaourts) flamber en 2007 dans la grande distribution. Y compris très au delà de ce que la seule hausse du lait entraînait mécaniquement Qui les a vu s’effondrer en 2009? Parodiant la chanson, on ne peut que dire » Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment, le consommateur est bon enfant !.. »
La reprise?
mai 17, 2009 on 5:47 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésLa schizophrénie est censée être une maladie. Quand une personne a une personnalité dont deux facettes au moins sont si éloignées que cela finit par faire une double personnalité, et que la réalité tombe en morceaux. La schizophrénie est une maladie grave, avec des comportements imprévisibles, irrationnels et violents.
Tel est pourtant le sentiment qu’on a en regardant la bourse et le prix des matières premières. Les bourses mondiales ont repris du poil de la bête ces dernières semaines, tant et si bien que certaines sont repassées « dans le vert » pour la totalité de l’année 2009. Imaginez, le monde connaît une crise économique d’une gravité peut-être sans précédent depuis les années 30, si tant est qu’on en ait vu le contour complet, et, pendant ce temps, la bourse ne baisse pas, voire monte un peu.
Vous avez dit imprévisible?
Quant aux matières premières, leurs cours remontent comme si nous étions en 2006-2007. Le pétrole, par exemple, a touché les 60$ le baril tandis que les cours des métaux ont pris plusieurs dizaines de pourcents.
Vous avez dit irrationnel?
Maintenant, transposez-vous dans la peau de M. ToutleMonde. Il voit les milliards que l’Etat n’a censément plus apparaître par miracle pour être envoyés aux banques nécessiteuses. Il voit les emplois disparaître par centaines de milliers et l’épargne par centaines de milliards.
Certes, on lui expliquera doctement que ce qui pousse ainsi à la hausse marchés et cours, c’est l’espoir, l’anticipation de la reprise, et que, justement, les marchés anticipent dans les cours d’aujourd’hui la reprise de demain ou d’après-demain.
Mais M. ToutleMonde se demande comment il est possible que banquiers et boursiers, les premiers responsables, d’après lui, de la crise économique, puissent retrouver les chemin du profit, de la plus-value, et ne nous faisons pas plus d’illusions que lui, des stock-options, des bonus et des Porsche, quand son monde à lui, ToutleMonde, continue de foutre le camp par pans entiers à coups de fermetures et de faillites.
Vous avez dit violent?
Alors, en attendant, vous faites quoi quand votre patron vous demande une baisse de salaire quand les cours de bourse remontent, et les prix de l’essence aussi?
Alors, c’est sûr, la reprise viendra un jour. Quand, on ne sait pas trop. Mais elle finira bien par arriver, comme toujours. D’ici là, il faudra vivre avec des banques qu’il aura fallu sauver et qui font des milliards de profit dans la foulée tout en refusant de prêter parce que « c’est la crise, alors on ne peut pas prendre de risques, vous comprenez ».
Essayons juste de survivre sans devenir fous…
Quand tout se résume à l’argent…
mai 15, 2009 on 6:48 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Incongruités | Commentaires fermésL’économie française est en crise, des centaines de milliers de salariés connaissent le chômage, des millions le redoutent, des dizaines de milliers de chefs d’entreprise se battent désespérément avec une demande aux abonnés absents qui risque de les ruiner totalement
Certains segments de l’économie, et c’est fort heureux, ne sont pas touchés du tout. Ainsi toute la fonction publique, ou la santé
Cette crise est perçue, et, au plan mondial c’est largement vrai, comme ayant été d’origine bancaire, les banques ayant pris des risques fous avec l’argent des autres, leurs actionnaires, et aujourd’hui les contribuables. Aux banques s’ajoutent tout le reste du secteur financier, assureurs, capital risqueurs et hedge funds
Le moteur de cette crise, et notamment ce qui a poussé les acteurs financiers à ces prises de risque aujourd’hui si lourdement perdantes est la rapacité des individus à la recherche frénétique de rémunérations toujours plus importantes. Patrons, gestionnaires des fonds, traders n’avaient plus ni limites, ni modération.
Conséquence, les pertes abyssales s’accumulent, l’économie mondiale cale, l’angoisse monte, l’emploi plonge
Vous vous demandez: mais pourquoi JusMurmurandi nous débite-t-il ces évidences?
Travelling avant, en ce beau mois de mai.
Les banques mondiales, sauf exceptions, et assez rares encore, annoncent pour le premier trimestre 2009 de plantureux bénéfices. Milliards par ci et milliards par là. Symbole évident de leur rétablissement, non?
Pendant ce temps, les entreprises industrielles subissent des pertes massives, causées non par une mauvaise gestion, mais par des baisses de chiffre d’affaires qui flirtent souvent avec la barre des -25%, ce qui représente un vrai cataclysme.
Ce qui pousse JusMurmurandi à poser deux ou trois questions de simple bon sens
Pourquoi, si la crise mondiale a été causée par les banques, elles-même en crise, leur rétablissement ne rétablit-il pas celui de toute l’économie?
Pourquoi, si les marchés des entreprises non financières s’effondrent, avec les pertes résultantes, les marchés des banques ne s’effondrent-ils pas, leur permettant de sortir des profits importants en pleine tourmente économique?
Pourquoi les acteurs économiques relativement protégés demandent-ils à bénéficier d’avantages supplémentaires au moment où leur protection est déjà un avantage formidable?
Pourquoi, alors que souffle la tempête de la crise, tout le monde ne parle-t-il que d’argent, et personne de solidarité, d’éthique, de morale ou d’intérêt général?
Pourquoi, alors que la situation du plus grand nombre est atteinte ou menacée, n’entend-on qu’une seule clameur: « et moi? et moi? et moi? » et qu’un anathème sur les avantages des autres?
Les réponses à ces questions simples sont tellement violentes, jettent une lumière si crue sur notre société, et notamment que ceux qui ont représenté des « valeurs » sur l’échiquier politique ont remplacé l’épithète « morales » qui les qualifiait par « financières », que JusMurmurandi ne se sent pas le courage de les publier.
Plus désespérant encore, tous n’attendent qu’une chose: que la fin de la crise permette à la situation de redevenir « comme avant », avec, de préférence de solides et définitifs avantages arrachés au passage…
Oui, c’est la crise. Mais ses aspects financiers ne sont-ils pas que l’aspect le plus visible et le plus facile à réparer?
Inspecteur des Finances ou Inspecteur…. du Travail ?
mai 14, 2009 on 7:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermésLe rapport d’activité 2008 de la Halde remis par son Président à Nicolas Sarkozy est très intéressant.
Car s’il met en lumière le fait que cette haute autorité a été saisie beaucoup plus souvent que l’année précédente (+29%), plus de la moitié de ses requêtes n’ont pas été suivies d’effet pour cause d’irrecevabilité.
Là où JusMurmurandi est toujours aussi « amusé », c’est lorsqu’il lit les déclarations de Louis Schweitzer publiées dans un quotidien économique aujourd’hui.
Il affirme ainsi que « dans les PME, il y a encore à faire ».
M. Schweitzer a donc déjà oublié qu’il y a encore quelques semaines il était Président de Renault, certes pas une PME…et qu’il avait comme bilan social, entre autres, une fermeture d’usine particulièrement virulente.
Mais pas en France bien sûr, en Belgique, à Vilvoorde.
Ou encore que l’établissement modèle censé être représenté par le Technocentre de Guyancourt, et dont il fut le parrain, engendra des suicides qu’il semble avoir bien vite oubliés.
Alors vouloir donner des leçons de ressources humaines aux PME, ma foi, voilà qui ne manque pas de toupet.
Le clou, c’est qu’il est prévu que la Halde puisse faire des « descentes » dans les entreprises, comme les douanes par exemple. (Et au passage, on rajoute encore une couche de bureaucratie, spécialité française, pour encore un peu ralentir, entraver les efforts des Français qui travaillent.)
Car le Président de la Halde n’a pas de supérieur hiérarchique, un peu comme l’inspecteur du travail ne répond qu’au Ministre du Travail et pas au Directeur du Travail.
Louis Schweitzer est issu de l’ENA, Ecole Nationale d’Administration et en est sorti « dans la botte » (à l’époque il y avait encore un rang de sortie).
Il a donc choisi le corps d’élite, l’Inspection des Finances, ce qui lui permit d’accéder à des postes ministériels importants (il fut ainsi Directeur de cabinet de Laurent Fabius pendant ses trois ministères durant le premier septennat de François Mitterrand).
Finira t il simple inspecteur du travail ?
Les enfoirés ou comment le citoyen lambda subit le terrorisme syndical
mai 13, 2009 on 6:33 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Poil à gratter | 2 CommentsLes Enfoirés c’était pour la bonne cause, avec Coluche et ses restos du coeur.
Ici, c’est dans le glauque, avec un e minuscule, des employés d’une entreprise publique qui coupent le courant de manière arbitraire, que ce soit pour des foyers individuels ou des entreprises.
Hier, 15.000 personnes se sont brutalement trouvées sans courant dans l’ouest parisien.
Peu importe les personnes bloquées dans les ascenseurs, les entreprises privées de moyens de communication, tout est bon pour (se) manifester.
Et réclamer quoi ?
Des augmentations de salaire, des bonus.
On se croirait dans les milieux de la finance, on est à l’EDF.
Il est vrai que la conjoncture est tellement bonne que les entreprises peuvent se payer le luxe de s’arrêter une heure et demi en pleine matinée au bon vouloir des excités….
Alcatel, sous la férule du sinistre Serge Tchuruk qui l’envoya sur le sable, avait promis une entreprise sans usine.
A envoyer de tels messages aux entreprises privées, et à laisser un terrorisme syndical sévir impuni tandis que le Président de la République recevait aujourd’hui des auto-entrepreneurs (!), on prend la voie d’une France sans entreprise.
PAC = Politique Agricole Commune ou Piège A Cons ???
mai 11, 2009 on 5:58 | In Coup de gueule, Economie, Europe, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésMise en place en 1962, la Politique Agricole Commune est destinée au sein de la Communauté européenne naissante de soutenir l’agriculture, de lui permettre de se moderniser afin d’être plus compétitive face à la concurrence, américaine par exemple
Mais c’était en 1962; et les choses ont bien changé depuis.
Sous la pression de l’Union Européenne, 26 des 27 pays (l’Allemagne a décliné l’invitation…) qui la composent ont accepté de révéler la liste des principaux bénéficiaires de cette manne (=vos impôts) totalisant….50 milliards d’Euro
Sur l’ensemble des subventions, 700 privilégiés ont reçu plus de 1 million d’Euro, le pompon revenant à la société italienne Italia Zuccheri pour un montant total de 140 millions.
Donc on découvre avec intérêt qu’il ne s’agit pas uniquement d’agriculteurs, mais également d’entreprises.
Pour ce qui concerne les agriculteurs, JusMurmurandi reste sans voix qu’ils puissent recevoir de tels montants qui se montent à des millions d’Euro.
Et pour les entreprises (qui incluent des banques(???), JusMurmurandi est de nouveau pantois en écoutant la justification officielle bruxelloise expliquant qu’il s’agit, dans certains cas, de paiements uniques afin d’aider les réductions de capacités. Cas unique dans l’industrie.
On ne voudrait même pas imaginer ce que l’industrie automobile européenne, aujourd’hui à genoux, pour réduire ses capacités… Sans parler des autres pans de l’économie, pris dans la nasse du ralentissement économique et qui se trouvent eux aussi face à une surcapacité, au moins momentanée.
Dans la dernière scène du « Grand Blond à la Chaussure Noire », Bernard Blier entend avant de mourir la réponse de celui qui vient de le mitrailler pour savoir qui est vraiment le Grand Blond: « C’est un piège à cons, Monsieur ».
Il semblerait que l’on ait droit à un remake, autrement moins drôle.
La liste détaillée se trouve ici:
http://spreadsheets.google.com/pub?key=r5pIfU8L2VbV3FC8Ty684ZA&gid=1
Libertés, libertés…(3)
mai 6, 2009 on 7:31 | In Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésTF1 et M6 ont publié hier des chiffres de recettes publicitaires en baisse. La faute à la crise, bien sûr, mais pas seulement, car les chaînes de la TNT prennent une part de marché croissante de l’audience, et, partant, des recettes publicitaires.
JusMurmurandi rappelle les cris épouvantables poussés par l’opposition quand Nicolas Sarkozy a décidé de supprimer la publicité sur les chaînes publiques. La principale accusation était qu’il faisait ainsi un gigantesque cadeau aux patrons des groupe de télévision, à commencer par son ami Bouygues, propriétaire de TF1.
Imaginons que ceci n’ait pas été fait. Les recettes publicitaires auraient du par conséquent être partagées avec les chaînes publiques, et le déficit de TF1 et M6 eût été beaucoup plus grave encore. Et les chaînes publiques, pas les plus dynamiques, auraient été carrément menacées de mort. Que n’aurait-on pas entendu alors sur la façon dont Sarkozy tuait la liberté de la presse audiovisuelle, le pluralisme, et, pour tout dire, la République ?
Et on imagine aujourd’hui le soulagement des équipes de France Télévision et autres qui sont les seules à ne pas voir se profiler des mesures de compression de coût pour faire face à la baisse des recettes. On aimerait qu’elles, qui ont été si virulentes à dénoncer la mesure présidentielle, fassent aujourd’hui acte de contrition. Mais quelque chose dit à JusMurmurandi que ce n’est pas vraiment la peine d’attendre, tant c’est peu susceptible d’arriver.
Peut-être Ségolène Royal voudra-t-elle demander pardon pour elles ?
Libertés, libertés… (1)
mai 6, 2009 on 6:54 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 4 CommentsUne liste d’artistes de gauche (oui, je sais, c’est presque un pléonasme) déplorent que la gauche politique s’apprête à voter contre la loi HADOPI. Comme cette loi a pour but de lutter contre le pillage de ces artistes par un téléchargement gratuit et illégal de leurs œuvres, on les comprend.
Un artiste qui gagne de quoi vivre gagne aussi sa liberté d’expression. Un artiste qui meurt de faim n’est plus ni artiste, ni libre, ni de gauche. Ce n’est plus qu’une victime des pirates du Net.
Et la liberté de chanter, de jouer, de tourner, de critiquer, et d’en vivre, c’est aussi une part essentielle de notre liberté, si chère -en paroles au moins- aux « forces de gauche ».
Les hommes et femmes politiques de gauche auraient-ils tous oublié ce qu’ils doivent aux chanteurs de gauche, aux cinéastes de gauche, aux écrivains de gauche, aux pamphlétaires de gauche? Oublient-ils comment on appelle les sociétés qui ne font pas aux artistes des conditions de vie acceptables?
Tout cela parce que les internautes pirates sont des électeurs et de futurs électeurs? Ou parce que s’opposer à Sarkozy est plus important que soutenir l’art et la liberté?
Amusant de voir la droite se placer en défenseur des arts et des valeurs, et la gauche en apologue du laisser-faire économique.
La carpe et le lapin
mai 5, 2009 on 7:01 | In Economie, Europe, International, Poil à gratter | Commentaires fermésL’industrie automobile mondiale est en lambeaux, par suite du ralentissement économique.
Les chiffres du premier trimestre en Europe sont épouvantables affichant une baisse de 17% en moyenne, et jusqu’à 40% en Espagne.
Aux Etats Unis un des « Big Three », Chrysler, s’est mis sous la protection de la justice, tandis que les rumeurs de procédure identique concernent General Motors.
Mais un constructeur semble vouloir nager à contre courant et « faire ses courses » tandis que la conjoncture est mauvaise.
Fiat, entreprise familiale qui représente à elle seule 60% de l’économie italienne, et dirigée par le brillant Sergio Marchionne, se rapproche de Cerberus pour tenter de mettre la main sur Chrysler avec la bénédiction de l’équipe Obama, et visite Berlin pour négocier le rachat d’Opel, plus allemand que filiale de GM.
On comprend que Fiat cherche désespérément du volume. Car c’est une entreprise qui au cours des trente dernières années a été secouées de cycles tandis que sa part de marché soit sur son marché local qu’est l’Italie soit en Europe s’est effritée, lentement mais sûrement.
Fiat, il faut le rappeler n’est pas uniquement une entreprise automobile. Journaux, aéronautique et autres grands magasins font partie de l’empire Agnelli, raison qui attira le Commandeur Suprême, Muammar Khadafi d’en être un actionnaire très important dans les années 70.
Fiat, disions nous est une entreprise dont l’activité automobile se résume à une sinusoïde à tendance baissière.
Car si elle a introduit sur le marché européen des modèles très marquants comme la Fiat 127, la Uno ou encore la Punto, elle a totalement échoué sur les modèles de tailles supérieures comme celui de la Golf ou encore de la 407.
D’autre part, elle est sortie, comme les marques hexagonales, du gros marché américain, terriblement concurrentiel.
Alors imaginer aujourd’hui qu’elle va pouvoir montrer à Chrysler comment être rentable alors que sa coopération avec GM a échoué il y a encore peu laisse JusMurmurandi plus que sceptique.
Qu’elle réussisse à retourner Opel, dont les châssis servent aussi à Saab également filiale de GM, alors que l’Europe est en état de surcapacité, JusMurmurandi en doute fortement.
Que Fiat puisse sortir de son minicréneau que représentent les petites voitures, même à succès, comme la Fiat 500, comment l’imaginer, tandis que Fiat a toujours les pieds d’argile, et continue à payer ses fournisseurs….180 jours au plus tôt après la date de facture. ?
Alors peut être que les concurrents se frottent les mains en pensant que l’échec du nouveau groupe créera de la place encore plus rapidement que s’ils disparaissaient chacun tour à tour.
Et Sergio Marchionne risque gros, car aujourd’hui il a encore l’image de celui qui a remonté Fiat, avec le grand succès que représente la petite 500. Alors que l’échec du nouveau groupe serait retentissant.
Après les difficultés de Porsche, en David, qui veut racheter le Goliath qu’est Volkswagen, Fiat sera t il un nouveau cas d’yeux plus gros que le ventre ?
Pendant ce temps, JusMurmurandi continue de rêver en regardant le joyau automobile qu’est la plus belle filiale de Fiat, Ferrari…
Chrysler: les Big Two pleurent leur petit frère
avril 30, 2009 on 6:17 | In Economie, France, International | Commentaires fermésChrysler a fait le grand plongeon et demandé la protection de la loi sur les faillites comme une vulgaire compagnie aérienne. En effet, aux Etats-Unis, cette loi permet souvent d’émerger en bon état pour un nouveau départ, après avoir essoré ses créanciers et passé à la paille de fer sa base de coûts. C’est le pari que fait Barack Obama.
Mais ce n’est pas si simple. Quel client acceptera le risque d’acheter une voiture dont le constructeur est dans un tel état de fragilité? Comment conserver les bons concessionnaires, tentés de trouver plus de sécurité auprès d’une autre marque? Comment à la fois faire face aux gigantesques défis imposés par la crise et à ceux qu’impose une faillite et une réorganisation en profondeur?
Bref, de l’avis de JusMurmurandi, ce n’est pas un pari gagné d’avance.
Cette faillite est emblématique à plus d’un titre. Parce que le premier véhicule portant la marque Chrysler a été produit il y a près de 90 ans. Parce que l’automobile américaine et ses trois entreprises, les Big Three, ont longtemps illustré la toute-puissance de ce pays. Parce que la voiture américaine a été l’emblème de l’american dream et de l’american way of life, l’ambassadeur de l’Amérique dans le monde. Parce que Chrysler a inventé le monospace et récupéré la Jeep, deux véhicules qui ont essaimé aux 4 coins de la planète.
C’est aussi la première grande faillite non pas de la crise, mais causée par la crise. Notamment celle des banques, qui, en resserrant le crédit auxquels les Américains sont accros, ont condamné les Big Three.
C’est aussi la faillite de Daimler Benz, qui acheta Chrysler sous forme de fusion, mais se révéla incapable de le rendre durablement rentable, et le revendit, toute honte bue, à un fonds d’investissement, pour une fraction symbolique de sa valeur d’acquisition. Lequel fonds, Cerberus, doit se maudire de s’être embarqué dans cette galère.
C’est enfin la faillite d’une entreprise longtemps incarnée par le légendaire Lee Iacocca, prodigieux vendeur et meneur d’hommes charismatique, qui par deux fois ramena Chrysler du bord du gouffre, dont la seconde fois pour l’y a avoir mené lui-même, et qui fut probablement pendant 30 ans l’homme d’affaires américains le plus connu.
Bref, même si cette faillite n’est pas forcément définitive, même si elle était prévisible, voire même salutaire pour un marché surcapacitaire, même si elle aidera les parties prenantes de GM (employés, syndicats, fournisseurs, créanciers, banques) à être plus raisonnables que chez Chrysler où les petits créanciers ont fait capoter la dernière tentative de règlement amiable, à éviter en grand les mêmes erreurs fatales….
Oui, malgré tout cela, JusMurmurandi est triste ce soir.
Chrysler. R.I.P.
Gross Paris
avril 29, 2009 on 7:45 | In C'est ça, Paris?, Economie, France, Insolite, International, Poil à gratter | 2 CommentsParis, ville Lumière, a toujours suscité l’émerveillement, l’envie.
A titre d’exemple, dans la guerre de 1870 qui oppose ce qui n’est « que » la Prusse à la France, les Allemands ont un seul mot à la bouche « Nach Paris !! »
Tout le monde veut aller voir Paris.
Seulement, Paris n’a plus fait grand chose de révolutionnaire…depuis Haussmann, génie qui sous Napoléon III eut carte blanche pour redessiner la capitale.
Il faut rappeler par exemple que la colline qui mène de la Concorde à l’Etoile est artificielle, et que les douze avenues qui partent de cette dernière sont larges…pour mieux permettre à la cavalerie de charger en cas de manifestation d’après Haussmann.
Depuis la fin du 19ème donc, peu de travaux, hormis la Défense ou le Périphérique qui virent le jour il y a plus de trente ans.
Un peu à l’image de la France qui depuis les années 70 (1970 ) n’a plus fait de grands travaux d’infrastructure.
Les grands projets de type centrales nucléaires, Concorde/Airbus, fusée Ariane, TGV non seulement bons pour la Nation mais aussi pour sa balance commerciale ne voient plus le jour.
Que reste-t-il des doubles mandats de Mitterrand ou de Chirac ? Des musées, un opéra et quelques colonnes à Paris. JusMurmurandi ne saurait s’aventurer pour dire que le viaduc de Millau se compare à Airbus ou au TGV.
Bref, peu de chose.
Or les grands projets français auxquels on peut ajouter la force de frappe, mêmesi aujourd’hui elle n’est plus force et ne frappe plus grand chose non plus, sont typiquement gaulliens.
C’est donc dans cette trace que s’inscrit le projet présenté aujourd’hui de « Gross Paris » ou Grand Paris dans la langue de Molière.
Ils sont destinés à (re)dorer le blason de la capitale qui est bien en retard.
Qui est allé dans une grande capitale sait par exemple qu’il faut des moyens de transport adéquat pour y entrer et y circuler.
Depuis 1975 (!) que Roissy Charles de Gaulle a ouvert ses portes, on parle d’une liaison ferroviaire rapide, qui relierait le 6ème aéroport mondial à la ville, comme elle existe à Londres ou New York par exemple.
Bref, JusMurmurandi ne peut que soutenir le projet ambitieux de 35 milliards d’Euro destiné à réunir Paris et les villes voisines. Il comprend, aussi, une ligne de métro totalement nouvelle de 130km tout autour de Paris; créateur d’emplois, il est de nature à augmenter l’attractivité de notre capitale en concurrence avec Londres par exemple, qui elle fait peau neuve autour des Jeux Olympiques de 2012 qu’elle a ravis à Paris (pas que cela ne ravisse pas JusMurmurandi justement, au prix que ces jeux vont coûter à nos amis anglais). on peut y trouver un million d’arbres plantés à Roissy, une ligne de TGV pour faire du Havre le port de Paris, redonnant à la Seine le rôle d’artère qu’elle avait sous l’empire Romain, et des pôles d’importance mondiale, finances à la Défense, Recherche à Saclay, création à Saint Denis. Sans compter, bien sûr, la ligne exprès pour Roissy, et la modernisation de tous les RER. Bref, du lourd, du très, très lourd…
Et il a même semblé réunir les suffrages de certains élus socialistes comme Claude Bartolone qui, séduit, ne put s’empêcher de lancer un « chiche » lors de la présentation aujourd’hui. L’ouverture en marche dans la capitale ? Ce d’autant plus que le projet présidentiel impose le Grand Paris dont ne vaut à aucun prix Bertrand Delanoë, qui y voit une menace pour son pouvoir, ni Jean-Paul Huchon qui voit la région Ile de France en maître d’eouvre pour un projet beaucoup moins ambitieux, puisqu’il se « contente » de mettre en place des palliatifs contre les défaillances actuelles. Ce qui reflète, et ce n’est pas forcément un hasard, la différence d’approche entre l’UMP et le PS. L’UMP réforme, ce qui présente nécessairement des risques, en bien comme en mal. Pendant ce temps-là, le PS propose en tout et pour tout de réparer demain ce qui est cassé aujourd’hui…
Car « Gross Paris » est bien entendu aussi un projet politique et, Nicolas Sarkozy met aussi, au passage, une pierre dans le jardin des syndicats en souhaitant prolonger la seule ligne jamais en grève de la RATP, la 14, entièrement automatisée.
Mais ce qui fait le plus sourire JusMurmurandi, c’est qu’alors que l’on entend ad nauseam certains journalistes et autres anti sarkozistes « obsessionnels » critiquer le Président à l’envi, en particulier en ce moment où l’on arrive au deuxième anniversaire de son élection, JusMurmurandi se dit que l’on a pas fini d’en entendre parler du Président.
Et bien au delà de son mandat présidentiel.
D’abord parce que les travaux vont durer nettement plus longtemps que jusqu’en 2012.
Mais surtout parce que par leur ampleur, ils feront nécessairement entrer Sarkozy de manière indélébile dans les livres d’histoire, un peu comme Hercules et ses douze travaux, ou…Haussmann.
Bref, ils n’ont pas fini de s’en faire rebattre les oreilles du Gross Paris de Nicolas Sarkozy.
Il va falloir qu’ils prennent leur mal en patience…