Nobel ou Nobel?

décembre 15, 2012 on 10:25 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Alfred Nobel a créé les prix qui portent son nom pour se faire pardonner l’invention de la dynamite, un explosif révolutionnaire pour son époque et dont les usages militaires se sont révélés particulièrement efficaces, donc meurtriers.

De toute la liste des récipiendaires du plus célèbre d’entre eux, le prix Nobel de la Paix, l’un des plus inattendus est Barack Obama. Quand il l’a reçu, il faut bien dire que la réaction générale a été: « pourquoi? qu’a-t-il donc fait? » Et force est de constater, que, après 4 ans de mandat et une réélection, son bilan en faveur de la paix est squelettique. Guantanamo est-il fermé? Non. Les Etats-Unis ont-ils fait progresser la paix au Moyen-Orient? Non. Sont-ils un acteur majeur des printemps arabes? Non. etc…

Mais la Paix, que récompense le Prix peut ne pas être uniquement une affaire de politique extérieure. Il n’y a pas que les guerres qui tuent. Ou alors les Etats-Unis sont en guerre civile, avec encore une fusillade monstrueuse. Encore un civil fou qui prend une des ces armes qui sont en vente libre là-bas, et qui fait un « carton » effroyable. 27 morts, dont 20 gosses.

Alors, pour un Président qui n’a plus rien à craindre ni à espérer puisqu’il entame son dernier mandat, il y a une façon de mériter ce prix et de rester dans l’Histoire de son pays. Etre celui qui arrêtera ce massacre de milliers d’Américains chaque année. Prendre le contrôle des armes à feu, dans un pays où elles sont plus nombreuses que les gens.

Est-ce que ce n’est pas une grande cause nationale que de sauver ces futures victimes de marchands d’armes sans conscience, et de ceux qui crient très fort pour la sauvegarde de leur droit constitutionnel de posséder des armes sans limites de dangerosité? Les mêmes que ceux qui ont fait passer avec leur cher Président George W. Bush une série de textes qui ont laminé les droits civils des Américains, pourtant tout aussi constitutionnels, et autrement plus importants.

Alors, Mister President, quelle facette de Nobel allez-vous choisir? Celle du prix de la Paix, que vous avez reçu par avance? Ou celle de la dynamite qui plonge les familles dans l’horreur et le deuil? Ne rien faire donnerait à vos larmes l’allure insupportable de ce qu’on appelle les larmes de crocodile….

Chassez le naturel…

décembre 12, 2012 on 11:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Depuis quelques semaines, et le crédit d’impôts pour les entreprises, la presse bruisse d’un changement fondamental de la politique socialiste. Tournant le dos à une « politique de la demande », considérée depuis des décennies comme la seule possible pour un gouvernement qui se dit « de gauche », François Hollande et Jean-Marc Ayrault auraient viré leur cuti pour promouvoir une politique de l’offre, à l’allemande.

Grosso modo, cela veut dire qu’au lieu de distribuer du pouvoir d’achat via toujours plus de SMIC, de RSA et de redistribution par les systèmes sociaux (retraite à 60 ans, CMU, etc.), l’idée étant que ce serait la consommation qui serait la base de toute croissance saine, désormais ce serait la création de richesse, donc les entreprises, qui seraient l’indispensable pilier de la toute aussi indispensable croissance.

Ce crédit d’impôts, à l’efficacité duquel JusMurmurandi ne croît pas une seconde, vous verrez, augmenté de l’abandon en rase campagne de Montebourg et Florange, ont fait se déverser sur les têtes présidentielle et premier-ministérielle un tombereau de compliments venant des milieux économiques et de noms d’oiseaux venant de la gauche.

Le week-end dernier avaient lieu trois élections législatives partielles, où les turbulences (le mot est faible) de l’UMP laissaient prévoir une sanction exemplaire des électeurs à l’encontre d’un parti réduit au rôle de support pour ambitions présidentielles de deux lutteurs aussi autistes que jusqu’auboutistes. Eh bien non, bien au contraire. Les électeurs, peu nombreux comme toujours en pareil cas, ont durement sanctionné le PS, en choisissant de passer l’éponge sur la bagarre Copé-Fillon, trop occupés qu’ils étaient à faire savoir au Gouvernement à quel point ses résultats étaient lamentables.

Le résultat ne s’est pas fait attendre. A peine 48 heures plus tard, Jean-arc Ayrault annonce d’un coup un relèvement du niveau du RSA de 10% (sur 5 ans, c’est-à-dire une éternité pour ceux qui ont besoin de soux maintenant), et une allocation de 450€ par mois pour les jeunes en difficulté et en parcours d’insertion. Plus une extension de la CMU. Plus….

A noter que ces distributions « catégorielles » ont un vice caché, à savoir que, présentées comme des droits, elles ne sont ni plafonnées, ni gagées par quelques recettes que ce soit. Ce sont de simples chèques en blanc que Hollande et Ayrault tirent sur des recettes qui n’assurent de toute façon que 50%des dépenses.

Comme le contribuable de toute nature (particuliers et entreprises, épargnant, retraité et consommateur) a déjà été matraqué en 2012 et le sera plus encore en 2013, il n’est pas inutile de se demander qui va payer ces nouvelles dépenses.

Comme par ailleurs on n’a pas vu la première annonce en matière de réduction des dépenses de l’Etat pour arriver à la somme importante de 20 milliards d’euros promise par Moi Président et son Premier Ministre, il est simple de se dire que les impôts, une fois de plus, seront la recette (!) qu’appliquera le tandem.

C’est tellement plus facile de taxer toujours plus que de dépenser moins. Comme l’a dit Nathalie Kociuszko-Morizet, après avoir perdu Astérix (Christian Clavier) parti en Grande-Bretagne, nous avons maintenant aussi perdu Obélix (Gérard Depardieu), émigré en Belgique. …

Ceci pour dire que, sous une apparente conversion à la gestion rigoureuse et à la politique de l’offre, rien n’a en fait changé en Socialie. On dépense l’argent qu’on n’a pas, en le distribuant sans contrepartie à des consommateurs qui vont le dépenser en produits importés. Qu’importe qu’en Allemagne, ce soit exactement le contraire qui ait été fait, avec les excellents résultats que l’on connait. JusMurmurandi en vient à sa dire que, finalement, la crise a du bon quand les socialistes sont au pouvoir. Si l’économie était prospère, comme avec Jospin de 1997 à 2002, ils dépenseraient encore plus….

Quel bordel !

décembre 10, 2012 on 6:02 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections municipales 2014, Europe, France, Incongruités, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Rarement JusMurmurandi n’aura eu cette sensation de ras le bol et d’écoeurement.

Voyez plutôt.

L’affaire Copé Fillon n’en finit pas d’en finir, à ceci près qu’au moins on ne les voit, pour l’instant, plus, et on ne les entend plus non plus. Dire que cela nous manque serait hypocrite.

Berlusconi ressort de sa boîte de guignol et pousse Monti à la démission et voici que les marchés s’affolent aussitôt. Les Italiens n’ont donc pas droit à un Noël tranquille ?? Ou Silvio a t il tellement peur de se faire finalement coincer par la justice italienne pour le Rubygate l’année prochaine qu’il se sent « obligé » de se présenter pour jouir de l’immunité ??

Gérard Depardieu part en Belgique et tout ce que le PS trouve à dire, c’est qu’il le regrette. Continuez à regretter, comme les 64% de Français qui ne se disent pas satisfaits de l’action présidentielle.

Jérôme Cahuzac, ancien chirurgien et présentement Ministre du Budget, empêtré avec une sale histoire de compte à l’étranger. Quand on sait qu’il divorce et que l’avocat de son épouse est la soeur de Jean-François Copé, on se dit que le marigot est en pleine forme. République exemplaire, tu parles !

Valérie Trierweiler n’a rien trouvé de mieux que de recevoir les opposants à l’Ayraultport de Nantes. Comme message brouillé, c’est aussi savoureux que le  Tweet estival.

Le clou est probablement le courrier fait par Messieurs Hollande et Valls pour soutenir la même Valérie dans la plainte qu’elle a portée contre les deux journalistes ayant écrit un livre intitulé « la frondeuse ».

Dans le domaine de la séparation des pouvoirs, Moi Président ne pouvait donner un meilleur exemple pour illustrer le non respect qu’il a de la Justice.

Et peu importe qu’il l’ait fait sur feuille blanche et par le papier à entête du Palais de l’Elysée. L’eut il fait sur papier hygiénique que notre remarque serait aussi fondée.

Une lueur d’espoir cependant et elle est belle et bien réelle.

Le sondage grandeur nature réalisé au travers des élections partielles de ce week end. La majorité présidentielle a reçu une vraie gifle, le candidat PS disparaissant purement et simplement du deuxième tour de l’une des trois partielles.

Un peu tard, direz vous avec raison, mais tellement rafraichissant.

 

Le PS joue à l’UMP qui joue au PS…

décembre 3, 2012 on 6:20 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Il faut croire que JusMurmurandi se fait entendre jusqu’au sommet de l’Etat. La semaine dernière, nous mettions en avant à quel point la lutte fratricide pour la présidence de l’UMP ressemblait à s’y méprendre à ce que le PS avait mis en scène entre Martine Aubry et Ségolène Royal. On connait la suite: fort de cet étripage public, puis d’une lutte à mort pour les primaires, le PS gagne les élections. Donc, pour re-gagner à leur tour, l’UMP décide de reprendre à leur compte la méthode gagnante du PS, avec François Fillon et Jean-François Copé en vedettes.

Mais voilà qui est plus drôle: le PS à son tour ne veut pas risquer de se faire battre à son propre jeu. Ils constatent à quel point le psychodrame UMP vaut à la droite un temps et une audience considérables dans les media, et ils décident de monter leur propre show de télé-réalité. Ils le mettent en scène dans une vallée où se meurt une industrie vieille de plus de 100 ans, la sidérurgie lorraine.

Leur casting est excellent: la flamboyant ministre Montebourg, belle et grande gueule, qui combine son rôle dans ce drame industriel et humain avec un drame personnel, puisqu’il vient de se faire larguer par la belle et sulfureuse Audrey Pulvar pour cause de conflit entre amour et devoir. C’est beau comme du Corneille. En face,le rôle du méchant est tenu à la perfection par Lakshmi Mittal, qui ne manque pas de trahir toutes les promesses qu’il a faites et toutes les garanties qu’il a données quand cela lui permet d’augmenter sa colossale fortune personnelle. Car lui aussi pimente ce qui ne serait qu’une situation professionnelle par un côté personnel qui ravit les spectateurs, avec mariage de sa fille au château de Versailles privatisé pour l’occasion, et son fils à la direction financière de son propre groupe.

Montebourg, comme il convient pour le rôle du jeune premier en héros, propose de faire prévaloir la vertu populaire sur la crapulerie rapace venue d’ailleurs (Mittal est indien), qui n’a pu mettre la main sur le fleuron de l’acier européen qu’avec l’aide de François Pinault, autre milliardaire, mais français, meilleur ami du Chef de l’Etat de l’époque, et qui s’est porté garant de la parfaite honorabilité de son collègue en milliards. Pour cela, il veut nationaliser le site de Florange, pour le revendre à un autre sidérurgiste, prêt, lui à apporter de l’argent pour faire revivre la vieille usine. Mais mystère sur le nom de sauveur en forme de deus ex machina. Même la presse, qui publie tous les détails de chaque enquête policière et audience judiciaire croustillante, ne trouve pas qui est le Sauveur Mystère de Florange.

Sauf que le Gouvernement ne suit pas Montebourg, trahi par ses amis après avoir été rejeté par sa compagne. Ce n’est plus du Corneille, mais une tragédie grecque! Et, comme il convient à un jeune héros, celui-ci s’apprête à se suicider pour ne pas survivre à son échec et au déshonneur qui s’ensuit. Banzai!

Mais cela mettrait fin au feuilleton, donc les scénaristes on trouvé le moyen d’une sortie honorable pour tous. Le Gouvernement annonce un accord avec Mittal qui s’engage à investir 180 millions à Florange sur 5 ans. C’est ridicule pour plusieurs raisons. D’abord parce que Mittal ne tient pas ses promesses. Il avait, par exemple, promis d’investir 420 millions à Florange pour avoir de droit de fermer Gandrange. Lequel Gandrange avait été mis e avant comme site exemplaire du savoir-faire de Mittal pour avoir le droit d’acheter Arcelor, donc, Florange. Et de 420 millions bernique! En plus, 180 millions, c’est le montant dont Florange a de toute façon besoin pour être entretenu et en état de fonctionner. Donc de concessions de la part de Mittal, bernique! Et que 5 ans, c’est la durée d’un mandat, tant présidentiel que législatif, c’est donc la certitude qu’on a le temps de gouverner sans être contraint de constater que Mittal n’a pas tenu ses promesses.

Sauf que ceci sauve les apparences (et les apparences seulement) tant pour Mittal que pour le Gouvernement, mais pas pour Montebourg. Va-t-il falloir qu’il se suicide en direct? Non, car les scénaristes ont encore besoin de lui, et c’est là que ce feuilleton à l’antique se met à ressembler au spectacle de la chaîne concurrente, à savoir l’UMP.

Montebourg va démissionner, dégoûté d’avoir été lâché de toutes parts. Mais c’est le Chef de l’Etat lui-même, François Hollande, qui le supplie de n’en rien faire, lui jure sa confiance et la lui manifeste précipitamment et publiquement. Montebourg, flatté, requinqué que Hollande au moins tienne à lui, accepte de « rester à son poste de combat ».

Ce qui, évidemment ulcère Jean-Marc Ayrault, chef nominal dudit Montebourg, et qui a refusé la solution de la nationalisation et du Sauveur aux 400millions d’euros. Et, comme si cela ne suffisait pas, c’est Montebourg lui-même qui en fait l’annonce dans Libération, avec cette phrase aussi provocante qu’insultante: « Je lui ai dit que si rien n’était fait avant ce soir (samedi, ndlr) pour réparer les dégâts sur cette question de nationalisation, je ne resterai pas au gouvernement, et la dislocation va commencer. Il m’a demandé de n’en rien faire ».

On imagine à quel point Ayrault a du apprécier. Il pourra toujours en parler à Fillon, qui a tenu le même poste et avalé les mêmes couleuvres pendant 5 ans.

Et pendant qu’on parle de ce « beau drame », les audiences montent, celles de l’UMP en face baissent, et la fin de l’épisode nous assure qu’il y aura d’autres épisodes plus sensationnels les uns que les autres….

Donner du temps au temps

novembre 30, 2012 on 6:12 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections législatives 2012, Elections municipales 2014, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Ouf !

Il était temps, nous étions arrivés à saturation.

Les média ne parlaient que de cela, la chambre d’enregistrement qu’est le CSA menaçait même de taper sur la table.

La bataille de cour de récréation, toujours pas terminée par ailleurs, monopolisait l’attention des journalistes, qui ont ainsi eu une trève dans leur démontage de l’idole Hollande pourtant porté aux nues face à « l’insupportable » Sarkozy il y a encore quelques mois.

JusMurmurandi se réjouit, d’une certaine façon, que cette guéguerre ait lieu maintenant.

Cela aura des conséquences certes, un peu comme la bataille des grosboutistes et des petitboutistes pour savoir par quel bout manger les oeufs à la coque. Ou encore comme celle des O’Hara et des O’Timmins dans Lucky Luke ainsi que le faisait remarquer un journaliste.

Parce que le timing est le meilleur possible.

Nous sommes encore loin des échéances électorales, et comme nous le disions dans un précédent billet, nous aurons (presque) tous oublié les noms d’oiseau etc dans quelques mois.

Entre temps, il était quasi inévitable que ce combat ait lieu, Sarkozy parti.

Personne ne résiste à l’odeur du pouvoir, du maroquin. Et Copé n’ayant pas eu l’intelligence de se mettre de côté pour le temps de la campagne UMP, toutes les imaginations fertiles se sont mises en marche pour supposer ce qui semble s’être réalisé, à savoir la confusion entre les finances du parti, et celles de sa campagne personnelle, confirmé par la démission du directeur financier du parti.

JusMurmurandi souffle donc ce soir, en entendant le nom de DSK et sa petite aventure new yorkaise remet les turpitudes du PS sur l’avant scène.

Il est vrai que nous sommes un peu tristes, une semaine tellement riches en « succès » gouvernementaux ayant été mise sous le boisseau.

La perte du tripe A, le faux pas du prof d’allemand qui nous sert de premier ministre lors de son passage en Allemagne (« furchtbar » au lieu de « fruchtbar », épouvantable au lieu de fructueux pour qualifier la relation franco allemande…), le faux pas du président sur les obligations ou non des maires pour les mariages homosexuels (prestement suivi d’un accueil de LGBT à l’Elysée, pour montrer son allégeance) ou encore le chômage qui monte, qui monte, qui monte, comme la petite bête.

Pour peu, on se souviendrait du « flot qui monte », envoyé à la figure de Valéry Giscard d’Estaing lors du débat télévisé de 1981 avec François Mitterrand. Pensez, plus d’augmentation en six mois que pendant les 24 derniers mois du mandat de Sarkozy.

Et les mêmes crétins qui fanfaronnaient que la modestie des taux d’intérêt payés pour rémunérer la dette de l’Etat il y a trois mois était à mettre à l’actif de la nouvelle majorité nous ressortent maintenant Sarko pour justifier la baisse de la notation. Vous avez dit ridicule ???

Donc ne désespérons pas, ces quelques gaffes ratées ne sont que quelques perles isolées dans un océan d’incompétence, d’ignorance et d’arrogance.

Les Français le comprennent bien.

Suivez les sondages, ils parlent mieux que tous les journalistes réunis.

Seulement trente pour cent des Français satisfaits du premier ministre, et 8% des électeurs qui se mordent les doigts d’avoir voté Flanby.

Fermez le ban.

 

 

Mittal et Free, même combat?

novembre 30, 2012 on 8:43 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quel rapport peut-il y avoir entre un vieux site d’une « vieille industrie »  et ce « joyau » des nouvelles technologies et du marketing moderne?

Faut-il nationaliser Mittal à Florange? La question est brûlante. Certes, Mittal n’a tenu aucune des promesses qu’il a faites quand il a été autorisé à racheter Arcelor. Certes des licenciements partout quand lui et sa famille vivent comme d’incroyables satrapes (il a racheté la propriété la plus chère jamais vendue à Londres, et l’a redécorée avec du marbre d’Inde, ce qui fait qu’on appelle maintenant cette maison le Taj Mittal), cela fait tache.

Mais un Gouvernement ne doit agir ni sous la pression de l’opinion publique, ni par détestation d’un chef d’entreprise peu recommandable. Or il y a un « détail » dont personne ne parle dans le dossier Florange. Les deux haut-fourneaux sont arrêtés, mais pas la filière froide, qui produit des tôles d’acier de haut de gamme pour l’industrie automobile allemande. Partie froide, que Mittal en veut pas vendre.

Mais, si la partie chaude est arrêtée, mais pas la partie froide, cela veut dire que Mittal approvisionne Florange à partir d’autres hauts-fourneaux. En l’occurrence, ceux de Dunkerque, mieux placés et donc moins chers.

Ce qui veut dire que si l’Etat nationalise Florange pour redémarrer les hauts-fourneaux et réalimenter à partir de là la partie froide, même à supposer que tout se passe bien, et que le fameux repreneur de Montebourg arrive avec ses 400 millions, c’est Dunkerque qui va perdre un débouché. Parce qu’au bout du bout, il se vend moins de voitures en Europe, et il y a donc besoin de moins d’acier, et de hauts-fourneaux…

Redémarrer des hauts-fourneaux dans un métier en surcapacité, est-ce donc une bonne idée? Et que dira-t-on aux futurs licenciés de Dunkerque? Qu’on va nationaliser aussi leur aciérie?

La même chose s’est passée dans la téléphonie mobile. Free a eu une 4e licence. Joie des pouvoirs publics quand Free embauche. Joie des consommateurs quand les prix baissent. Joie de Free quand leur marketing ultra-agressif leur rapporte plus de 4 millions de clients.

Et que dire des 856 emplois nets supprimés chez SFR?  Qu’il faut nationaliser SFR?

Et Pétroplus, dont personne ne veut, parce que c’est une machine à perdre de l’argent, mais pas plus que le hauts-fourneaux de Florange, faut-il la nationaliser aussi?

Que dira-t-on aux cheminots quand l’ouverture de la concurrence ferroviaire fera perdre des parts de marché à la SNCF, qui en a aujourd’hui le monopole, ce qui entraînera des pertes d’emploi? Qu’il faut nationaliser la SNCF? Ah non, ce n’est pas possible. Elle l’est déjà.

La question de la nationalisation de Mittal est donc très simple, et n’a rien à voir avec de la politique. Tant que les européens ne rachèteront pas davantage de voitures, ce dont M. Delanoë et Mme Duflot font tout pour les décourager, la demande d’acier ne repartira pas, et les hauts-fourneaux les moins compétitifs resteront à l’arrêt. Et toute idée de les redémarrer est à peu près aussi intelligente que d’accorder une 5e licence de téléphonie mobile…

Pas de mémoire, donc pas de casse…

novembre 27, 2012 on 7:54 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Sont-ils devenus fous? Cette question, bien sûr, concerne François Fillon et Jean-François Copé, qui s’étripent sur la place publique. Pourtant, les conséquences de ce jeu de massacre sont, elles aussi étalées dans toute la presse: militants au mieux perdus, au pire écoeurés, sympathisants dégoûtés, les deux adversaires, déconsidérés, la gauche ravie.

Alors, sont-ils devenus fous? Non, simplement, ils ont compris ce que le grand public, lui, n’a pas encore intégré. Dans notre monde, où l’information est instantanée, où les media Internet diffusent à une vitesse sans précédent, tout devient très vite obsolète, puis est noyé dans le flot de ce que l’Histoire a englouti sans en garder la trace, sauf pour quelques historiens que personne ne lit, en encore moins ne suit.

Qui se souvenait en 1981 que François Mitterrand avait organisé contre lui-même un faux attentat dit de l’Observatoire, un acte déshonorant, donc théoriquement disqualifiant? Qui se souvenait en 1995 que Chirac avait lancé contre une bonne partie de sa propre famille politique, la droite, un brûlot appelé « appel de Cochin », et que le RPR de 1981 avait fait voter pas très discrètement pour François Mitterrand pour faire battre Giscard? Qui, plus récemment, se souvenait de la nullité de la carrière politique de François Hollande, de son triste passage à al tête du PS pendant 12 ans, ou du fait qu’au PS Martine Aubry soit devenue premier secrétaire alors que les électeurs avaient choisi Ségolène Royal?

Y a-t-il un seul exemple d’une personnalité politique française qui se soit trouvée empêchée de poursuivre sa carrière parce que son passé était un boulet irrémédiable? Oublie-t-on que tel homme politique qui donne aujourd’hui des leçons de morale à François Fillon sur les plateaux de télévision a fait de la prison pour avoir quelque peu confondu les finances de sa ville avec ses finances privées? Et que ses électeurs lui ont pardonné dès la fin de sa peine, lu permettant de passer rapidement de la nourriture de l’Administration Pénitentiaire à l’or des palais de la République? Et ce n’est pas un cas unique, bien au contraire. Mais c’est une singularité française, où ni l’échec ni le déshonneur ne sont disqualifiants, contrairement à l’usage dans de nombreux autres pays.

Donc Jean-François Copé et François Fillon ne sont pas devenus fous. Ils savent simplement ce que nous devrions tous savoir. Les électeurs n’ont pas de mémoire. D’ailleurs, qui peut imaginer qu’en 2017 un électeur de droite, qui a subi (le mot est faible) Hollande pendant 5 ans refuse de voter sur le candidat de droite au motif qu’il se serait livré 5 ans avant à un épisode puéril de bac à sable? La perspective de ratatiner Hollande et de se débarrasser de ce Président qui élève l’inconsistance au niveau d’un art majeur ne vaut-elle pas le pardon de Copé si l’on est filloniste, ou de Fillon si l’on est copéiste?

C’est si évident qu’on peut même se demander s’ils ne se sont pas dit, consciemment ou non, que, comme trois des quatre derniers Présidents français avaient survécu à de pareils épisodes lamentables, c’était probablement une bonne idée de faire de même, pour finir comme eux, à l’Elysée?

A fronts renversés…

novembre 26, 2012 on 9:50 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Moi, Président | Commentaires fermés

Un gouvernement qui veut passer en force contre des écolos sur un projet de nouvel aéroport. Un ministre qui fait de grands moulinets de bras contre la fermeture d’un site industriel qu’il ne peut empêcher. La notation financière de la France déclassée par une agence de notation. Quoi de plus banal dans une semaine de pouvoir sarkozyen?

Dans le même temps, au lieu de s’engouffrer dans ces brèches béantes, le principal parti d’opposition se fourvoie et se vautre dans des querelles de pouvoir personnel et d’appareil, dans un vacarme de  noms d’oiseau et d’accusations réciproques de fraude. Quoi de plus banal après une élection au PS?

Sauf que là, c’est l’inverse. C’est le pouvoir socialiste qui se conduit comme des sarkozyens, et les chefs de l’UMP qui se déchirent comme des éléphants socialistes.

Manifestement ce qui sépare la majorité et l’opposition sur le plan politique n’est pas si évident sur tous les plans…..

A mourir de rire

novembre 23, 2012 on 9:09 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Cette semaine, les militants UMP ont de quoi grogner: leur favori n’a pas gagné (euphémisme!). Les sympathisants UMP ont de quoi pleurer: les militants UMP ont fracassé leur parti. Ils l’ont réduit à l’état où en est le PS depuis 20 ans, avec haines recuites, scrutins volés, etc. C’est dire!

Il y a des grands gagnants dans l’histoire, ce sont ceux qui voulaient être candidats et n’ont pas eu les parrainages requis: Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, Nathalie Kociuszko-Morizet, entre autres. Quelle chance de s’être trouvé à l’écart de ce jeu de massacre, qui invalide définitivement les deux crocodiles  exclusivement occupés à s’entre-dévorer!

Mais cette semaine, c’est aussi l’occasion de rire, même si l’actualité est sérieuse.

Le mariage dit « pour tous » divise, alors François Hollande lâche du lest devant des maires qui n’ont aucune envie de célébrer des mariages qui les heurtent. Il leur dit en plein discours devant l’Association des Maires de France qu’ils auront une clause de conscience, ce qui est couramment pratiqué et admis. Scandale des associations de gays, lesbiennes, transgenres et autres soutiens du projet, qui crient au reniement et exigent d’être reçus immédiatement par le Chef de l’Etat. Et l’Elysée s’exécute! Immédiatement! Et pas seulement un peu, puisque la « nouvelle » position de François Hollande est qu’il n’y aura pas de clause de conscience. Les maires et leurs adjoints seront obligés de célébrer des mariages avec des mariés de même sexe que cela leur plaise ou non!

Inutile de dire qu’un tel revirement d’un revirement fait tache et nourrit l’image de faiblesse du leadership de Moi Président. Quant aux maires, ils doivent se sentir comme des médecins que la loi voudrait forcer à pratiquer des avortements au motif que c’est légal.

Autre sujet dont la presse et la gauche faisaient leurs choux gras: l’audition et la probable mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « abus de faiblesse » dans l’affaire Bettencourt. En d’autres termes, il aurait fait pression sur une vieille dame malade et affaiblie pour lui soutirer de l’argent. Le juge, nommé Gentil, ça ne s’invente pas, avait bien préparé son affaire, puisqu’il comptait confronter l’ex-Président à des mensonges sur son emploi du temps, ayant trouvé des preuves de plus de rencontres avec la milliardaire et sa famille qu’il n’en avait reconnu, rencontres qui se situaient comme par hasard au moment où avaient lieu des retraits importants de liquide du compte suisse de la vieille dame.

Manque de chance, quand l’agenda présidentiel porte la mention « Betancourt », ce n’est pas « Bettencourt » grevé d’une faute d’orthographe comme le croit le juge, c’est bien de Betancourt qu’il s’agit. C’est-à-dire d’une femme mondialement connue, de double nationalité franco-colombienne, retenue en otage par des terroristes marxistes depuis des mois, et qu’il est du devoir des autorités françaises de faire tenter de libérer, ce qui arrivera d’ailleurs.

Bettencourt et Betancourt. Il y a longtemps que JusMurmurandi n’avait pas tant ri.

l’UMP. Il y a longtemps que JusMurmurandi n’avait pas tant pleuré.

La folie des fermiers généraux

novembre 19, 2012 on 6:06 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections municipales 2014, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Qui se souvient des fermiers généraux, ces figures parmi les plus détestées par les Français, et que la Révolution a éliminés sans pitié? Leur crime? Lever l’impôt sans mesure, comme ils en avaient le droit, l’ayant acheté au Roi. Et accumulé à ce titre de vastes fortunes en levant plus d’impôts que ce que leur charge leur avait coûté.

Vous me direz: la guillotine et la République sont passées par là, il n’y a plus de fermiers généraux depuis 1789. Erreur! L’actualité nous en donne deux exemples. Comme dans les années pré-révolutionnaires, ils sont totalement déconnectés de la crise qui frappe les contribuables, et lèvent l’impôt comme d’autres mangent des friandises: avec avidité et gloutonnerie.

Premier exemple: la Commission Européenne, qui négocie en ce moment même le budget de l’UE pour les années 2014-2020. Aucun compte n’est tenu de la crise, des politiques d’austérité. Tous les programmes sont maintenus, et les budgets enflent. Il est à noter que l’UE n’a pas de ressources propres importantes. Son budget est donc largement le produit des impôts nationaux. Tout idée d’équilibre de ce budget est donc impossible. Ce dont profite visiblement la Commission pour faire un projet aussi grotesque

L’affaire a une suite. David Cameron, qui préside l’un des gouvernements qui a imposé à son pays les efforts les plus drastiques pour réduire son déficit ne veut pas même imaginer que des pays à la diète extrême doivent financer une UE qui continuerait à festoyer. On le comprend. Et ce projet est rejeté par 7 pays, et donc retravaillé à la baisse. Soit dit en passant, si les Français comprenaient ce à quoi sont soumis les Britanniques, les Espagnols ou les Portugais, sans parler des Grecs, qui sont un cas à part, ils comprendraient ce que leurs plaintes perpétuelles peuvent avoir d’indécent par rapport à leurs voisins européens, tant ils souffrent moins.

Ce qui est « drôle », c’est que ces économies imposées réduisent les retombées que ces mêmes pays vont recevoir de l’UE, soit au titre de la PAC, soit des fonds de soutien et de cohésion aux régions les moins riches de l’UE. Lesquels pays bénéficiaires veulent des coupes budgétaires, mais pas recevoir moins de subventions. C’est le cas de la France notamment, qui ne veut pas qu’on touche à un seul Euro de la coûteuse PAC. Logique, non?

Deuxième exemple: la CFE, ou Contribution Foncière des Entreprises. Elle est levée par les municipalités, et constitue l’un des deux volets de la Contribution Economique Territoriale, qui remplace la Taxe Professionnelle. Eh bien cette CFE, levée par les communes, augmente froidement de 50%, 60%, voire 300% d’une année sur l’autre! Le record est atteint à Montpellier, ville PS soit-disant « exemplaire » dont le maire à longtemps été le controversé Georges Frèche. Là la hausse est de 800%. Un exemple dont vous imaginez l’impact sur des artisans et petits patrons qui rament tous les jours pour ne pas déposer leur bilan.

Encore quand Hollande et Ayrault lèvent l’impôt pour 2013, promettent-ils de réduire fortement le déficit budgétaire. Et de faire, même s’ils trouvent l’exercice exécrable, des réductions de dépenses publiques. Mais là, qui a entendu quelque maire que ce soit parler de faire des économies? Au contraire, 2013 sera une année pré-électorale, il faut que les citoyens voient et touchent du doigt les nouvelles réalisations de l’équipe municipale qui veut être réélue. D’où une fringale d’impôts pour financer cette orgie de dépenses.

On a envie de dire que, quand un patron de PME dit à son maire qu’il n’a plus d’argent pour du pain, le maire lui répond tranquillement: eh bien, mangez de la brioche!

On sait comment cela a fini….

 

La joie exquise de la défaite

novembre 13, 2012 on 3:47 | In France | Commentaires fermés

Nicolas Sarkozy et la droite ont perdu les élections présidentielles et législatives. La gauche a tous les pouvoirs en France, sans aucune exception. Et si, en fait, Sarko & Co. avaient gagné à perdre?

Parce que le moins qu’on puisse dire, c’est que le PS et la gauche ne sont pas à la fête depuis leur victoire. Alors, bien sûr, c’est en partie de leur faute, par ignorance et par incompétence. Mais en partie seulement, parce que l’héritage de la montagne de dettes, même si la montagne est sortie de terre sous François Mitterrand en 1981, n’est pas entièrement due à la gauche, loin s’en faut. Parce que le déficit budgétaire, et la crise économique mondiale, dont ils ont nié l’existence sauf pour l’attribuer à Nicolas Sarkozy ne sont pas de leur faute non plus, pas plus que la crise de l’euro.

Alors maintenant, Moi Président et son Premier Ministre, Lui Président, ont pris des mesures pour limiter le déficit avec une ardeur sans précédent. Et comme un malheur ne vient jamais seul, il leur faut redonner un ballon d’oxygène à des entreprises françaises en très mauvais état, avec encore plus d’impôts et de réductions de dépenses publiques.

Bref, la popularité des dirigeants de gauche s’effondre, et la base grogne. Ce n’est d’ailleurs pas près de s’inverser, les mesures fiscales ayant été annoncées mais pas encore subies, et les pertes d’emploi de ce mois-ci n’étant pas encore les dernières loin s’en faut. Il ne faut pas être sorcier pour en déduire que, comme 2013 s’annonce comme une année de récession, la gauche doit se préparer à une fessée aux municipales de 2014. Ce n’est pas un hasard si Hollande a décidé de décaler à 2015 deux élections prévues pour 2014. Encore un instant, Monsieur le Bourreau…

Comment cela finira-t-il? Une partie de la gauche se cabre devant une politique d’orthodoxie financière qu’ils associent à la droite dure, et pour laquelle ils n’ont ni appétit, ni mandat populaire. Ceci reflète en fait une dualité au sein du PS entre une aile social-démocrate à l’allemande, à laquelle appartiennent Moi Président et Lui Président, et une aile gauche qui croit à une économie dirigée et pas à une économie de marché. François Mitterrand, en homme habile, a su éviter la cassure entre ces deux sensibilités si différentes. Mais il est mort, et Hollande ne partage avec lui que la fonction et le prénom.

Soyons clairs, il n’est que trop certain que la droite, si Sarkozy avait gagné, même si elle avait appliqué des recettes en partie différentes, n’aurait pas pu éviter la totalité des problèmes, ni de l’impopularité qui en découle. Bref, elle serait en ce moment en mauvaise posture en lieu et place de la gauche.

Il est donc relativement prévisible que la gauche du PS finisse par avoir assez de voter des textes qui leur paraissent contre nature. Comme le plan de Hollande pour revenir à 3% de déficit l’année prochaine suppose une croissance de 0,8%, et que ça ne risque d’arriver que dans ses rêves, il va falloir encore plus de rigueur, et une spirale à la grecque. Là, un jour, par exemple après une lourde défaite aux municipales, la gauche de la gauche va dire « non », et ce sera la chute du Gouvernement.

Là, plusieurs schémas sont possibles. Des élections anticipées, avec la victoire-revanche de l’UMP. Ou une recomposition autour d’un centre emmené par Borloo, regroupant la droite de la gauche et une aile sociale de l’UMP qui ne se reconnaîtrait dans un leadership Copé, par exemple. Mais en tout état de cause, la gauche décomposée serait hors d’état de se reconstituer à l’identique.

La droite se retrouverait débarrassée du PS version 1971. Tout ceci grâce à la défaite de 2012. Qui pourrait ainsi, finalement, se transformer en sa plus grande victoire. Pas de celles qui, comme en 2007 repoussent d’un cycle l’alternance, mais de celles qui détruisent l’opposition. Des défaites comme cela, finalement, ce n’est pas si mal, bien au contraire…

Ah, qu’il est dur de se renier!

novembre 6, 2012 on 1:04 | In Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Comment dire? L’annonce d’un effort de 20 milliards d’euros en faveur de la compétitivité des entreprises françaises devait être un jour de joie. Une classe politique unie en soutien des conclusions du rapport Gallois, la droite, parce qu’elle y croit, la gauche, bien obligée, parce qu’elle l’a commandé. La droite parce que Gallois est une chef d’entreprises qui a abondamment fait les preuves de sa compétence, la gauche parce que Gallois est un des siens.

Que dit Gallois? Que les entreprises françaises ont un déficit de compétitivité qui cause des pertes d’emploi à caractère hémorragique. Déficit de coût, mais aussi déficit hors coût.

A son grand crédit, le Gouvernement emmené par Jean-Marc Ayrault a décidé de faire quelque chose de grande ampleur, ce qui n’a pas nécessairement été le cas de tous se prédécesseurs, ni sa préconisation quand, dans l’opposition, il était contre tous les choix de Sarkozy. Donc, une fois n’est pas coutume, saluons la décision de Hollande et Ayrault,

Mais la décision seulement, car les modalités, et le diable est dans les détails, sont révélatrices des tares de la pensée économique socialiste.

Comme faire baisser purement et simplement les charges pesant sur le travail aurait consisté à faire ce que proposait Sarkozy, ce n’a pas été jugé possible. Donc l’effort aura la forme d’un remboursement d’impôts. Mais, et c’est typique d’un gouvernement qui n’aime ni les riches ni les chefs d’entreprise et ne leur fait en aucun cas confiance, ce sera « donnant-donnant ».

Donc les seules entreprises qui seront éligibles au fameux crédit d’impôts seront celles qui s’engageront à maintenir l’emploi et la masse salariale, et à être « exemplaires » en matières fiscale et de rémunération. Il faudra en outre en informer régulièrement le comité d’entreprise avec qui le suivi de l’utilisation de ce crédit sera mis en place.

Bref, les entreprises qui sont en grand danger de devoir fermer, et doivent impérativement alléger au plus vite leur masse salariale pour ne pas sombrer, sont exclues. Elles n’ont qu’à crever, tel est le message que leur envoie le Gouvernement. Vivent l’innovation et la création d’entreprises, et au cimetière les entreprises traditionnelles. Comme Gandrange, par exemple, ou le textile, voire l’automobile « classique ».

A contrario, les entreprises qui sont à même de pouvoir garantir le maintien de leur masse salariale sont souvent déjà innovantes et en croissance. Pour elles, le crédit d’impôts sera ce qu’on appel un pur effet d’aubaine. Un cadeau d’autant plus apprécié qu’il ne changera rien du tout.

Mais ce qui est proprement hallucinant, c’est qu’à aucun moment, pas un mot pour les créations d’emplois attendues de ces 20 milliards. C’est pourtant une évidence, et François Hollande lui-même l’a dit depuis l’Asie où il est en voyage pendant que ce joue à Paris ce débat essentiel, la compétitivité, c’est la clef de la croissance et de l’emploi.  Ce qui, par parenthèse, ne présage rien de bon pour le nombre d’emplois publics, qui ne sont pas exactement des facteurs de compétitivité, au contraire, puisqu’ils ne produisent qu’un alourdissement de la facture qui pèse sur la collectivité nationale.

Donc, comment imaginer que notre pays injecte 20 milliards d’euros sans contrepartie en termes d’emploi? Comment expliquer ce non-sens? C’est assez simple. C’est que les socialistes français, depuis toujours, imaginent que la quantité de travail est constante, et que, par exemple, si on diminue le temps de travail de 39 à 35 heures, cela créé de l’emploi. C’est évidemment faux, la quantité de travail est variable, dictée entre autres par la compétitivité.

Mais comme les socialistes n’y croient pas, ils distribuent 20 milliards d’euros sans en attendre autre chose que de pouvoir dire qu’ils ont fait ce qu’il fallait….

L’effet Moi Président!

octobre 27, 2012 on 8:38 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Nous allons avoir un pacte de compétitivité, c’est sûr, puisque Moi Président l’a dit. Ce qui est intéressant, c’est qu’un pacte, ça se signe à plusieurs, et que Hollande annonce ce pacte alors qu’il est le seul de France à ne pas savoir ce qu’il y a dans le rapport Gallois (il ne le sait pas, puisqu’il l’a dit), mais qu’il sait que ce pacte en découlera, sauf qu’il n’y aura ni choc, ni trajectoire.

Un choc de compétitivité, comme tout choc, c’est brutal, a rappelé Pierre Moscovici, doctement, et il ne faut pas choquer l’économie française. Ni choquer les électeurs, probablement.

Une trajectoire de compétitivité, ce serait moins brutal qu’un choc, et ça dit où on va. C’est pourquoi c’est l’élégante formule derrière laquelle François Hollande, qui, décidément, n’a jamais aimé les chocs, s’est dans un premier temps retranché. Sauf qu’une trajectoire, ça se dessine, avec des objectifs. Et que l’objectif d’aujourd’hui risque d’être la promesse non tenue de demain, donc c’est risqué.

Un pacte de compétitivité, ça se signe, et, dès que c’est signé, on peut affirmer qu’on a tenu sa promesse: on a signé! C’est donc nettement mieux qu’un pacte ou une trajectoire.

Entre temps, bien sûr, l’absence de compétitivité va coûter chaque jour de nouveaux emplois, mais on pourra toujours les attribuer à la crise et à Sarkozy, ce qui n’est pas totalement faux. La crise existe, et la droite, au pouvoir depuis 10 ans, n’a pas fait assez. Notamment Chirac, qui n’a rien fait du tout sur ce sujet comme sur tant d’autres. Et Sarkozy, incendié pour en faire trop sur le sujet (paquet TEPA, suppression de la taxe professionnelle, RGPP pour baisser les dépenses de l’Etat) n’en a même pas fait assez.

Alors qu’est-ce qui va se passer? Nous aurons le le choc, la trajectoire, et le pacte.

Le choc, c’est celui des mesures sociétales. Là où il ne faut pas brutaliser la France, dixit, Pierre Moscovici, que fait Moi Président, si ce n’est non pas un choc, mais une série de chocs? Le mariage gay, l’euthanasie, la gratuité totale de l’IVG, les salles de shoot choquent profondément une bonne partie des Français. Où est la concertation chère aux discours de Moi Président sur chacun de ces sujets?

Le pacte de compétitivité, nous l’aurons. Il y en aura un de signé. Et puis il en sera du pacte comme de tant de promesses et de rapports. Au placard, le pacte!

Et la trajectoire? Nous la connaissons déjà. Nous sommes dessus depuis grosso modo 15 ans: augmentation de nos coûts quand ceux de l’Allemagne baissaient, perte de compétitivité et effondrement industriel, solde commercial qui devient un gouffre, et chômage une montagne. Direction: sud-sud-est. Cap sur Athènes!

PS pour ceux qui n’auraient pas compris. Si Hollande ne veut pas de choc de compétitivité alors que ses propres paroles montrent qu’il a parfaitement perçu que ce serait indispensable, c’est pour une simple raison. Sa ponction de 30 milliards en 2013 va plonger l’économie française en récession, et va empêcher la France de tenir ses engagements de réduction de déficit à 3%. Il faudra rectifier le cap pour ne pas se rater sur le seul objectif que Hollande pourra afficher à son actif. Comment rectifier le cap? Avec justement cette augmentation de la TVA et/ou de la CSG qu’il refuse de faire pour la compétitivité, parce qu’il sait qu’il ne peut pas la faire deux fois.

Ainsi, nous aurons le choc, mais pas la compétitivité. C’est ça, l’effet Moi Président!

Où nous mène-t-il donc?

octobre 20, 2012 on 3:29 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections législatives 2012, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

La cote de popularité de Hollande et Ayrault ne cesse de baisser, à une vitesse sans précédent pendant la Ve République. Pour ceux qui pensaient qu’il fallait se débarrasser de Sarkozy, président impopulaire et dont la presse ne cessait de rapporter les écarts de comportement, et qu’il urgeait de donner à la France un Président « normal », la gueule de bois est sévère.

Faisons, l’espace d’un instant, rimer « sévère » avec « inventaire »…

Hollande avait promis que sa République à lui, contrairement à celle de l’affreux Sarkozy serait irréprochable. Notamment, pas un condamné n’aurait de fonction importante. Promis, juré! On sait ce qu’a duré cette promesse. Pas 5 ans, durée de son mandat, ni 4, ni 3 ans. Non, juste 20 minutes, le temps qu’il nomme son Premier Ministre. Evidemment, avec une excuse, à savoir que le temps avait effacé la condamnation…. Ce qui ne s’applique pas au tout fraîchement condamné Arnaud Montebourg, mais Ayrault lui a fourni une deuxième excuse, différente, etc…

On se souvient de la candidature de Jean Sarkozy, fils du Président, à la présidence de l’EPAD, l’Etablissement Public qui gère La Défense. Bronca, levée de boucliers. Aujourd’hui, qui va être directeur général de son successeur, l’EPADESA? Amin Khiari, le fils de la vice-présidente socialiste du Sénat, Baziza Khiari. Un choix d’autant plus curieux qu’Amin Khiari n’a aucune expérience de l’aménagement ou du service de l’Etat, et qu’il a été évincé de la direction générale de l’université Léonard de Vinci après un rapport de la Cour des Comptes très critique sur sa gestion. Un choix d’autant plus important que la présidence guignée par Jean Sarkozy n’a ni pouvoir ni rémunération, alors que la direction générale, dévolue à Amin Khiari, est, elle, aussi puissante que lucrative…

Autre exemple: Claude Bartolone, aujourd’hui Président de l’Assemblée Nationale, troisième personnage de l’Etat. Dans son cas, pas de condamnation, ni d’emploi de son fils. C’est sa femme qu’il emploie et rémunère, à son Cabinet, très tranquillement, aux frais des contribuables français. On se souvient qu’il avait fallu qu’Eric Wörth démissionne du Ministère du Bduget, pour n’avoir pas compris qu’il était pour le moins maladroit que sa femme travaille pour Mme Bettencourt, femme la plus riche de France. Bartolone est plus malin, et Wörth aurait dû faire pareil, et employer directement sa femme à Bercy…

Mais ne soyons pas trop durs avec Hollande; passons l’éponge sur cette promesse factice de « propreté »de sa République, et regardons la politique. Car, après tout, ne vaut-il pas mieux une équipe compétente même si elle est un peu discutable, que d’honnêtes incompétents?

Hollande avait qualifié le Traité Européen de Stabilité Financière de mauvais et d’insignable. Il avait juré qu’il le renégocierait avec Mme Merkel, qu’il ferait plier. Il l’a signé tel que au mot près, et a du violenter sa majorité et bénéficier des voix de l’UMP pour le faire passer au Parlement. Ce n’est pas exactement un texte mineur, sur lequel il vient de retourner sa veste.

Hollande avait promis de faire de la compétitivité des entreprises un enjeu prioritaire de son action. Il avait nommé un patron socialiste respecté, Louis Gallois, pour faire un rapport sur le sujet. Ce rapport recommande un « choc de compétitivité » d’une trentaine de milliards d’euros pour alléger les charges salariales et relancer la compétitivité coûts des entre prises françaises. Alors que des fuites avaient évoqué un montant de 40 milliards en 5 ans, financé par une hausse de CSG, Hollande change d’avis et enterre le choc et la compétitivité avant même que le rapport Gallois soit officiellement remis. Comme la loi de finances 2013 fait peser sur les entreprises françaises un fardeau supplémentaire de 10 milliards. Il y aura bien un choc de compétitivité, mais un choc négatif, à un moment où les marges des entreprises françaises sont déjà un niveau historiquement bas, et, où, par exemple, son équipement en parc de robots est très loin du niveau italien, sans parler de l’exemple allemand, beaucoup plus moderne et performant.

Hollande avait aussi promis de donner le droit de vote aux immigrés. N’étant pas en état de le faire voter par sa propre majorité, et sans pouvoir compter cette fois-ci sur le soutien de l’UMP, il aurait « repoussé » le projet, comme le choc de compétitivité…

Tout ceci en 5 mois, alors qu’il a un mandat de 5 ans, et sans compter les turbulences de sa vie privée -sauf quand elle est twittée, moment auquel elle n’est plus très privée-, et les innombrables déclarations contradictoires et/ou incongrues de ses ministres.

On peut vraiment dire que, de ce point de vue là, Hollande ne perd pas de temps, établissant au passage des records. Mais vers où se dirige-t-il et nous dirige-t-il à cette vitesse, prenant bien soin de klaxonner?

 

BPI, la Banque Pour les Idiots (pardon, les Insolvables)

octobre 17, 2012 on 3:56 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections municipales 2014, Elections présidentielles 2012, France, La Cour des Mécomptes, Moi, Président, Poil à gratter | Commentaires fermés

Ça y, est Moi Président va tenir sa promesse, et créer la grande banque publique qui va sauver l’industrie française. Comment qui que ce soit peut y croire, même lui, dépasse l’entendement de JusMurmurandi.

Très simplement, le système financier français ne manque pas de financement, les banques ayant été inondées d’argent pas cher par l’obligeant Mario Draghi, patron de la Banque Centrale Européenne. Alors, loin de refuser du business, elles en recherchent pour recycler avec profit cet argent abondant et quasi-gratuit.

Alors, à quoi sert la BPI, ou Banque Publique d’Investissement, si ce n’est à financer ceux dont les banques « normales » (oui, normales, comme un certain Président) ne veulent pas? Et pourquoi les banques, si elles ont accès à des financements abondants, ne financent-elles pas tous les demandeurs? A cause du risque bien entendu. Surtout en période de récession, il faut être prudent. Alors, bien sûr, les banques refusent de financer les canards boiteux, les investissements risqués, les pertes récurrentes. Et ça fait mal.

Mal au chefs d’entreprises qui vont y laisser leurs fortunes en papier. Mal aux employés qui vont y perdre leurs emplois. Mal à la France qui va y perdre activité et recettes fiscales. Ne serait-il donc pas judicieux de financer pour que cela n’arrive pas, grâce à la bonne fée, la BPI?

Le problème, c’est que cela ne laisse à la BPI que les dossiers dont les banques normales  ne veulent pas, puisque la BPI ne pourra plus, comme dans les années 60, distribuer comme ses prédécesseurs le Crédit National ou le CEPME,  des crédits à des taux bonifiés, ce qui serait une distorsion de concurrence, interdite par Bruxelles. Donc son seul attrait, ce seront justement ces dossiers rejetés par tous.

Comme, en outre, Moi Président, qui sait ne jamais oublier clients et féaux, a pris soin de mettre dans ce fromage des représentants des régions (toutes socialistes sauf une), et des syndicats, pas vraiment de droite, on voit bien à quoi va servir la BPI.

A financer les « sans espoirs », les coopérative ouvrières destinées à des reprises « de la dernière chance ». A financer la ré-industrialisation d’Aulnay-sous-Bois quand PSA aura fermé. A éviter les « accidents industriels » dans les territoires juste avant les élections locales de 2014 et 2015. On se souvient comment Ségolène Royal a engagé des fonds publics pour Heuliez dans la région qu’elle préside, pour soutenir sa candidature à la candidature du PS. On imagine d’ici l’usage que le Ministre du Redressement Productif, Arnaud Montebourg, ferait du chéquier de la BPI.

Sauf qu’il n’est pas sûr du tout que ce soit lui qui en dispose, vu le conflit ouvert qui l’oppose, sur ce thème comme sur d’autres, au puissant Pierre Moscovici, Ministre des Finances.

Juste pour conclure, les lecteurs se souviendront du dernier épisode majeur où des banques ont voulu financer des clients insolvables en se débarrassant des carcans réglementaires  et des impératifs de rentabilité. C’est connu sous le nom des  » crédits sub-primes » américains. Vous connaissez la suite…

 

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