L’Etat, c’est qui?
novembre 17, 2009 on 9:34 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésNicolas Sarkozy veut supprimer la taxe professionnelle. Comme il s’agit d’une des ressources importantes des communes, les maires sont vent debout cotre cette mesure. Pour les rassurer, on les assure que l’État compensera à l’euro près dès 2010. Et ça ne les rassure pas du tout, bien au contraire.
Parce qu’ils disent que, l’État étant ruiné, ça ne va pas le faire, et qu’ils se retrouveront perdants. Quand on connaît les innombrables exemples où l’État ne tient pas ses promesses, on les comprend. Par exemple, il est notoire que l’État est tout simplement le plus mauvais payeur de France, avec des règlements pour se simples factures qui prennent de longs mois.
Dans le même temps, JusMurmurandi observe que, quand les banques étaient en perdition, avec un problème de confiance de taille abyssale, seul l’État a inspiré confiance en garantissant leurs engagements et permis aux banques de survivre.
Comment se fait-il que l’État inspire confiance pour des centaines de milliards d’euros pour sauver les banques, mais pas pour des milliards pour les communes ou des millions pour payer décemment ses factures pour les communes?
Autre comparaison intéressante, la suppression de la publicité à la télévision publique. En raison de la crise économique, les recettes de toutes les télévisions privées ont beaucoup souffert, et ce malgré la récupération des budgets auparavant orientés vers le public. La télévision publique, elle, n’a pas subi cette chute puisqu’elle émarge maintenant au budget de l’Etat. Elle est donc, en l’occurrence, privilégiée.
Combien d’entre vous veulent parier que, si les communes étaient dans la même situation, aucune ne se plaindrait d’avoir ses recettes garanties par l’État plutôt que dépendantes d’entreprises exsangues?
La meilleure preuve en est que, quand une commune perd une recette parce qu’une entreprise importante ferme ou part, elle demande toujours à l’État de compenser sa perte.
Ce qui montre bien, que, en fait, il n’y a pas contradiction. C’est toujours l’État qui paie pour tout, jamais assez et qui est toujours responsable et coupable de tout…
Et l’État, c’est depuis Louis XIV, moi. Sauf que, avec le progrès, l’État c’est devenu moi, toi, soi, nous, vous ils…
Casse-toi pov’ Conne!
novembre 16, 2009 on 12:49 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésC’est, en substance, ce qu’a dit Vincent Peillon ce week-end à Dijon à son ancienne chef de file Ségolène Royal. Et d’ajouter qu’elle venait de se disqualifier pour 2012, qu’elle ne pourrait jamais gagner parce qu’elle ne savait pas rassembler.
Il y a tant à dire sur cet évènement minuscule que JusMurmurandi ne sait même pas par où commencer.
Par la similitude entre les haines contre Ségo au sein du Parti Socialiste et celles que suscitaient François Mitterrand, Jaques Chirac et Nicolas Sarkozy au sein des leurs? Sauf que si être détesté(e) au sein de son parti suffisait pour être élu Président(e), ça se saurait.
Par la similitude entre l’attitude, aujourd’hui, de Vincent Peillon en lieutenant désabusé et amer qui essaye de travailler pendant que Ségo fait la roue sous l’œil des caméras, et celle, hier, d’Éric Besson dans la même position? On sait comment cela a fini…
Par la similitude des reproches qui sont faits tant à Ségo qu’à Nicolas Sarkozy: tout pour la com’, pas de suivi, pas de ligne directrice mais une dispersion au gré de l’actualité?
Ces comparaisons montrent bien que le jeu auquel joue Ségolène Royal n’est pas si nul que ses adversaires de gauche veulent bien le dire, puisqu’il n’a pas si mal réussi à ceux dont elle veut faire ses 3 prédécesseurs. Notamment, Vincent Peillon, qui lui reproche si fort de ne penser qu’à 2012 au lieu de travailler, ne vient-il pas, justement, de la disqualifier pour 2012, ce qui montre à quel point lui aussi ne pense qu’à cela.
Mais on pourrait penser aussi, et non sans quelque raison, que Ségolène, par les fractures qu’elle entretient, voire élargit au sein même du PS, pourrait être la meilleure alliée de la droite sarkozyenne.
Là où cela pourrait devenir drôle, c’est en 2012. Rappelez-vous, en 1981, c’est Chirac qui a fait perdre Giscard, pourtant officiellement du même camp. En 2002, ce sont les Taubira et autres Chevènement qui ont fait perdre Jospin, pourtant leur allié. Sauf que, bien sûr, Chirac l’a fait exprès et pas la gauche, ce qui est quand même une différence substantielle.
Donc on risque d’assister à une présidentielle où Ségolène va faire perdre la gauche, tandis que Villepin empêchera Sarkozy de l’emporter.
Moyennant quoi il faudra réécrire le titre de cet article, en « Cassez-vous, pauvres Cons! »
Qu’est-ce qu’un short?
novembre 15, 2009 on 7:34 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite | 2 CommentsEn termes financiers, un short est un anglicisme pour une vente à découvert. Quand on pense qu’un prix (une action, une devise, un marché, un taux) va baisser, on le vend à terme (on le shorte) sans le posséder. Quand le terme arrive, si la prédiction s’est accomplie et que le prix a baissé, on peut l’acheter au prix bas pour le livrer au prix convenu avant la baisse, et gagner ainsi de l’argent. Parfois beaucoup d’argent.
Cette pratique du short est l’une des plus détestée par les détracteurs des marchés financiers. Il est facile de trouver immorale cette façon de gagner de l’argent à vendre ce que l’on a pas tout en faisant baisser les prix pour ceux qui en ont… Ainsi du short légendaire du hedge fund de George Soros contre la livre anglaise en 1993, qui lui rapporta dit-on un milliard de livres tandis que la livre était dévaluée dans la honte et la précipitation.
Parce qu’une possibilité existe que, même si un marché n’est pas fondamentalement baissier, si assez de vendeurs à découvert cèdent en même temps des titres (ces prédateurs chassent en général en meute, pour profiter de l’effet de masse), ils provoquent eux-mêmes la baisse qu’ils anticipent. Et là, ils gagnent presque à tout coup, et avec peu de risque.
C’est si vrai que, au plus fort de la tornade financière, il y a un an, quand les cours des actions des banques dégringolaient jour après jour, les grandes nations ont toutes interdit la vente à découvert d’actions de ces sociétés financières, bloquant ces profits quasiment garantis.
Il est tentant de faire un parallèle avec la politique, quand on voit que la cote de Sarkozy baisse dans les sondages publiés par les journaux. Il faut dire qu’en ce moment, pilonner le Président est une de leurs activités favorites. Moyennant quoi ce qu’ils annoncent, à savoir la perte de popularité présidentielle, finit par se matérialiser. Une autre baisse de la cote qu’en bourse…
Loin de JusMurmurandi l’idée d’interdire pour autant la condamnation à découvert. Moyennant quoi, c’est le Président qui risque de se retrouver en short…
La Bataille de N’Diaye
novembre 13, 2009 on 10:27 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 1 CommentAout 2009, Marie N’Diaye déclare qu’elle, son compagnon et ses trois enfants vivent désormais à Berlin depuis depuis deux ans en grande partie à cause de Nicolas Sarkozy. On connait désormais ses commentaires: «Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je trouve cette France-là monstrueuse».
A noter en passant que, si elle vit depuis deux ans à Berlin, elle a dû partir entre mai 2007 (élection de Sarkozy) et novembre 2007 (il y a deux ans maintenant), ce qui lui a donné fort peu de temps pour faire l’expérience de la mutation « monstrueuse » dans lequel Sarko a entraîné notre beau pays. C’est dire si elle ne perd pas de temps.
Travelling avant. Marie N’Diaye reçoit le prix Goucourt. Subitement, ses écrits précédents remontent à la surface (comme avec Frédéric Mitterrand ou David Douillet) et font polémique.
Après quoi elle déclare sur Europe 1 que ses déclarations étaient « très excessives », et qu’elle habite à Berlin parce que c’est « la ville où tout se passe », et qu’il y a une effervescence artistique, alors qu’en France l’ambiance est « morose » . Vraiment rien à voir avec le contenu de l’interview aux Inrocks.
Alors, que faut-il penser? Que Marie N’Diaye, écrivain parmi d’autres, se trouve bien de faire scandale, mais que Marie N’Diaye qui espère vendre beaucoup de livres à des Français qui vivent dans ce pays « monstrueux », préfère ne plus les choquer? Que son éditeur lui a recommandé de ne pas se donner une image d’incendiaire, qui n’est pas « bonne pour le business »? Qu’il est doux de se donner une image de victime du Sarkomonstre, notamment auprès de ses pairs, et de passer ainsi pour un un « bel esprit » généreux comme tout Saint Germain des Près des années d’après-guerre. Ce qui ne privait pas ces élégants Germanopratins d’approuver l’Union Soviétique du Goulag. « Monstrueuse, forcément monstrueuse », eût dit Marguerite Duras…
Dans ces années-là, les intellectuels critiquaient la France du dedans. Maintenant, avec Marie N’Diaye, comme d’ailleurs avec Yannick Noah, qui, lui, a au moins l’excuse de ne pas vraiment être un intellectuel, on la critique de l’extérieur. Mais, et cela montre à quel point ces gens là restent Français, leur exil, qui n’a en fait rien à voir avec la politique, ne les empêche pas de jouer leur rôle dans notre théâtre national, celui où il faut se faire passer pour une victime.
Ce qui n’empêcherait pas Marie N’Diaye de (re)trouver des charmes à Paris si d’aventure, par exemple, l’Académie Goncourt lui proposait de troquer son statut de lauréate pour celui, plus durable, de membre de son académie.
Mais si JusMurmurandi a titré sur « la Bataille de N’Diaye », c’est en référence à la « Bataille d’Hernani », où Victor Hugo confronta ses contradicteurs. Ce qu’elle ne fait pas ici, puisqu’elle bat en retraite en rase campagne au micro de Jean-Pierre Elkabbach. Mais il faut dire que Hugo était fait d’un autre bois, puisque lui dut affronter un régime autrement plus autoritaire (le second empire) que la SarkoFrance « monstrueuse ». Et qu’il partit, lui, en exil pour 15 ans à Guernesey.
Vous aurez compris que les imprécations N’diayesques n’ont pas précisément séduit JusMurmurandi. Qu’elle vive où elle veut et dise ce qu’elle veut, sans devoir de réserve (E. Raoult a perdu une occasion de se taire, la formule n’a pas de sens). Mais qu’elle ne nous demande pas d’attacher de l’importance à ce qui n’est manifestement qu’une outrance d’écrivain en mal de promotion, suivant l’adage que « toute publicité est une bonne publicité ».
Tout le reste est littérature….
Mangerbouger.fr
novembre 13, 2009 on 8:09 | In Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésLa croisière s’amuse
novembre 11, 2009 on 5:00 | In Economie, Incongruités, International, Poil à gratter | 2 CommentsLa Royal Caribbean, société qui organise des croisières sur ses bateaux, vient de lancer sa dernière coquille de noix, dont le nom est « Oasis of the Seas ».
Pesant 220.000 tonnes (deux cent vingt mille tonnes), mesurant 360 mètres de long, il peut accueillir jusqu’à 6300 passagers et plus de 2000 membres d’équipage.
C’est le plus grand paquebot jamais construit, plus grand encore que le Queen Mary 2.
Une petite ville.
Avec un navire de cette taille, l’intimité est garantie…
Ich bin (k)ein Berliner !
novembre 11, 2009 on 9:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, International, Poil à gratter | 4 Comments26 juin 1963, Berlin.
John Kennedy s’y trouve à l’occasion du quinzième anniversaire du blocus de Berlin.
Car la ville est coupée en deux, entre l’Est sous la coupe soviétique et l’Ouest péniblement alimenté par l’Amérique avec son pont aérien pour l’approvisionner et maintenir le bastion occidental en plein monde communiste.
Le Président américain est donc là pour affirmer le soutien des Etats Unis, phare du monde libre, aux Allemands de l’Ouest et, afin de bien souligner son appui total, déclare la phrase célèbre, « je suis Berlinois ».
9 Novembre 2009, Berlin.
On célèbre la liberté qui s’est étendue, vingt ans auparavant, à tous les pays sous la domination de l’Union Soviétique, qui a sombré avec le même tsunami.
On fête la chute du mur de Berlin, qui symbolisait la séparation entre deux mondes, et marque la menace permanente de la guerre latente qui sépare deux mondes.
Tout le monde est là pour célébrer cette grande étape de la liberté conquise par un peuple exaspéré de cette privation de libertés, de produits de base, disponibles en face, cet « en face » si difficile à rejoindre au péril même de sa vie.
Gorbachev, Walesa, Kohl, tous ceux qui ont marqué cette époque sont là aux côtés des dirigeants du monde libre actuels.
Tous ? Presque.
Car Barack H. Obama n’a pas voulu venir.
Est ce parce que l’Europe ne l’intéresse pas comme il l’a sous entendu en ne voyant ni Sarkozy ni Brown lors de son shopping européen du mois de juin autour de la commémoration du débarquement ?
Est ce parce que Merkel ne l’a pas autorisé à faire un discours à la porte de Brandebourg alors qu’il n’était que candidat et pas encore élu ?
On ne saura jamais. Mais finalement ce n’est pas si important que cela (que l’on ne sache pas) ?
Il est vrai qu’il y a tellement de commémorations plus importantes qu’une étape majeure de l’établissement de la paix dans le monde pour quelqu’un qui a justement reçu le prix Nobel de cette même paix…
Islam, armes et poésie…
novembre 11, 2009 on 8:59 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Incongruités, Insolite, International | 2 CommentsC’est fini, il a été exécuté et il est mort. John Allen Mohammad, le tueur qui a terrorisé pendant 3 semaines les populations de la côte est des États-unis en 2002, a reçu un injection mortelle. Terreur d’autant plus grande que ses treize attaques, qui se soldèrent par 10 morts, visaient n’importe qui, n’importe quand, n’importe où. Né Williams, il a changé de nom lors de sa conversion à l’Islam.
Par une coïncidence dont l’Histoire a le secret, cet exécution survient le jour où se tient à la base militaire de Fort Hood une cérémonie à la mémoire des 13 morts (encore 13!) tués lors d’une attaque à l’arme à feu attribuée à un major Nidal Malik Hasan, lui même blessé par les forces de l’ordre dans la fusillade. Hasan est, lui aussi un pratiquant de l’Islam
Il va sans dire que ces deux événements, perpétrés par des hommes furieux au point de tout tenter pour blesser une société qui leur fait horreur, donnent en Occident une image lamentable de cette religion. D’autant qu’ils ne sont pas les seuls, mais viennent s’ajouter à une longue liste de kamikazes qui se font exploser au milieu de femmes et d’enfants, comme au Proche Orient, de bombes sur une plage ou dans une boîte de nuit à Bali, de bombes dans les transports en commun à Londres et Madrid, et, bien entendu, d’avions projetés dans des tours aux États-Unis.
La question se pose dès lors, comment, quand on est Musulman arriver à faire comprendre à a population au sein de laquelle on vit, que tous les Musulmans ne sont pas des fous de Dieu? Et comment, quand une population se sent menacée par la violence extrémiste déclarée parce que tous ne sont pas Musulmans, faire la part des choses, combattre la violence, mais laisser en paix la part paisible, ultra-majoritaire, de la population musulmane?
L’Histoire, malheureusement donne de mauvaises leçons. Comme celle des États-Unis qui, en guerre contre le Japon de 1941 à 1945, enfermèrent dans des camps de concentration (mais pas d’extermination, bien sûr) toute la population américaine d’origine japonaise, au cas où….
Ou celle des épurations ethniques opérées par les Tchèques en 1945-1946 qui spolièrent et expulsèrent la totalité de leur population d’origine allemande, accusée, en masse, d’avoir été solidaire des nazis.
L’une des solutions, évidemment serait que les États-Unis se dotent d’une législation enfin restrictive sur la possession d’armes à feu. Cela éviterait bien des drames tout aussi terrifiants à évoquer que celle des attentats suicides, depuis l’école de Columbine (13 morts en 1999) jusqu’à l’université de Virginia Tech (33 morts en 2007) Dans ces deux cas, l’Islam ne jouait aucun rôle, mais dans tous, les armes, oui.
Il se trouve qu’au même moment, la Russie célébrait avec faste le 90e anniversaire de l’un de ses citoyens mondialement célèbre pour son invention, produite à 100.000.000 d’exemplaires, diffusés dans le monde entier, et dont le nom propre est devenu nom commun.
Cet homme dit qu’il aurait bien aimé poursuivre ses premiers essais de poésie et faire carrière comme poète, mais que « le monde est déjà plein de poètes médiocres ». Il a donc choisi une carrière où il ne fut certes ni poète, ni médiocre. Son nom? Mikhail Kalashnikov…
Populaire ou pas populaire?
novembre 11, 2009 on 12:00 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésLe mot populaire, pourtant pas si compliqué que cela, a deux sens. D’une part, est populaire ce qui relève du peuple. Ainsi la « volonté du peuple » peut-elle être qualifiée de « volonté populaire ». Mais aussi, et ce n’est pas la même chose, « est populaire ce qui bénéficie d’une bonne popularité ».
La question du jour est « le grand emprunt est-il populaire? ». Et JusMurmurandi verse au dossier un sondage qui dit que « les Français » (lire, 54% des sondés) rejettent le grand emprunt. Ce qui sous-entendrait que le grand emprunt n’est pas populaire. Et ce suivant les deux sens du mot populaire, puisque s’il ne bénéficie pas d’une bonne popularité, le grand emprunt n’est pas susceptible d’être souscrit par le peuple.
La question posée n’a pas forcément de sens pour autant, puisque cet emprunt sera volontaire. Même si seulement 5% des Français y souscrivent, et donc l’approuvent, et que cela suffise à lever les fonds souhaités, cet emprunt sera un succès. Alors à quoi bon demander aux Français ce qu’ils pensent d’un emprunt qui ne les concernera pas s’ils ne le veulent pas?
C’est qu’il apparaît que nous sommes entrés dans l’ère de la dictature du populaire. On sonde sur tout, on va même jusqu’aux « votations citoyennes » (les pétitions des adversaires d’une privatisation de la Poste qui n’est pas à l’ordre du jour). Et tout le monde donne son avis sur tout, ravi d’être consulté, furieux de n’être pas suivi.
Moyennant quoi l’auteur ou le commanditaire du sondage peut opérer en douceur un virage du populaire (sens N°2) vers le populaire (sens N°1), c’est-à-dire affirmer que ce qui bénéficie d’une bonne popularité revêt en fait la légitimité de la volonté du peuple, et donc doit s’imposer à tous.
On en arrive à cette conclusion que seul ce qui est populaire, au sens de popularité, est représentatif de la volonté du peuple. En raccourci, Nicolas Sarkozy n’est plus populaire, il est donc au bord de l’illégitimité. Et tous les mouvements de « résistance », sont, eux populaires et légitimes. Comme M. Musulin, le convoyeur qui aurait détourné 11 millions d’euros…
Jules César disait qu’il faut donner au peuple « du pain et des jeux », moyennant quoi tout ira bien, c’est-à-dire que le dictateur à la romaine sera adossé à une forte popularité. C’est la même chose aujourd’hui, sauf que, par la magie des sondages et autres méthodes prétendant à une forme ou une autre de « démocratie directe », le dictateur, c’est le peuple.
Voilà comment notre époque remplace Robin des Bois par M. Musulin, et comment Nicolas Sarkozy est aussi honni que le Shériff de Nottingham… pardon, de Neuilly…
L’Europe, c’est la paix, ou la peur?
novembre 9, 2009 on 10:07 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermésNapoléon III disait: « l’Empire, c’est la paix », et on sait ce qu’il en est advenu, notamment en 1870 à Sedan. Depuis, en « oubliant » ce précédent fâcheux, il est devenu habituel de détourner cette citation pour affirmer « l’Europe, c’est la paix! »
De ce point de vue là, l’Union Européenne est une réussite spectaculaire. Plus de 60 ans sans guerre majeure en Europe, c’est exceptionnel, et il est bon de se le rappeler pour mieux s’en réjouir, même si l’Europe n’est forcément pas la seule cause de cette paix
Maintenant que le traité de Lisbonne a enfin été signé et ratifié par tous, l’Europe va avoir son Président. Oh, certes ce ne sera pas un Président à la française. Il ne sera pas élu par les Européens, et il n’aura pas grand pouvoir exécutif. Mais enfin, l’Europe cessera d’être une bureaucratie sans visage, qui faisait dire en 1975 à Henry Kissinger « si je veux parler à l’Europe, à qui est-ce que je téléphone? ».
Le problème, c’est que ce Président, il faut le choisir, et à 27 pays, ce n’est pas simple. Disons, grosso modo qu’il y a deux choix possibles. Soit un leader dont le charisme, les réalisations, le programme bousculent les particularismes des composantes de son électorat. C’est comme cela que se sont fait élire, notamment Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Ou une personne qui réunit des votes sur son nom faute d’avoir quelques ennemis, ni des rivaux plus charismatiques.
C’est ce deuxième choix que semblent choisir les chefs d’États européens, qui s’orienteraient, dit-on, vers le Belge Herman van Rompuy. Il est de fait qu’un Belge, compte tenu de la profonde division entre Flamands et Wallons qui menace à tout moment l’unité de son pays, doit être devenu, à l’usage, un expert es compromis. Mais quand même, et sans faire offense à ce cher Monsieur, n’y a-t-il pas des choix plus symboliques pour présider pour la première fois l’Europe qu’un sujet d’un petit royaume menacé d’implosion?
Déjà des noms éminents viennent contraster avec M. van Rompuy, tels le Finlandais Ahtisaari, prix Noble de la Paix pour ses talents de médiateurs de conflits, ou l’irlandaise Mary Robinson, non seulement ex-présidente de son pays, mais aussi ancienne Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, ou encore Tony Blair, charismatique ancien Premier Ministre travailliste de Grande Bretagne
Mais, comme toujours, il est tentant d’argumenter que le temps des géants européens est passé. Où sont les Monnet, Schuman, de Gaulle et Adenauer d’aujourd’hui? Eh bien, il y a des occasions où, parce que nous vivons le quotidien avec ces grandes personnalités, nous ne sentons pas passer le vent de l’Histoire. C’est comme cela que de Gaulle a été chassé en 1969 pour un referendum perdu sur deux sujets de peu d’importance, ou que Churchill a perdu les élections en 1945.
Car, si l’Europe compte 27 membres, c’est qu’elle s’est beaucoup étendue à l’Est. Et si cela a été possible, c’est grâce à la chute non seulement du Mur de Berlin, il y a 20 ans aujourd’hui, mais de tout le Rideau de Fer. Et s’il est tombé, c’est notamment sous l’action d’un homme d’exception, un homme dont le nom sera retenu par l’Histoire bien après que celui de ses contemporains n’intéressera plus personne, un homme dont la stature physique projette une ombre aussi longue que sa stature historique.
Cet homme, qui a réunifié les deux parties de sa nation, par delà d’éventuelles erreurs, c’est Helmut Kohl, bien sûr. Et, grâce à lui, il est évident que la cause de la paix a progressé en Europe. Un progrès de quelques 2000 kilomètres vers l’Est. Avec lui, on peut dire: l’Europe de l’Est en Europe, c’est la paix ».
Helmut Kohl, Président de l’Europe c’est donc une évidence qui s’impose à JusMurmurandi. Sauf qu’il risquerait de faire de l’ombre aux dirigeants nationaux, jaloux de leur pouvoir local. Et que ce que Nicolas Sarkozy veut faire aux édiles locaux en leur coupant un peu les ailes, il ne veut surtout pas qu’on le lui fasse à lui. D’où le choix probable de M. Van Machin.
Car si l’Europe, c’est la paix, c’est aussi la peur d’un trop grand dirigeant…
Identité nationale, mon cul, oui!
novembre 8, 2009 on 7:27 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésEric Besson, plus sarkozien que nature, lance un débat sur l’identité nationale. Un site Internet gouvernemental permet de déposer des « contributions » à cet effet.
On voit que les thèmes ont à voir avec les valeurs (Liberté, Égalité, Fraternité), les symboles (la Marseillaise), et les pratiques (port de signes religieux), le degré et les processus d’intégration, l’accueil des étrangers.
JusMurmurandi pense que tout ceci n’a qu’une importance très relative. Pas qu’il soit agréable d’entendre des jeunes siffler la Marseillaise à un match de football, ou acceptable de voir des femmes contraintes de porter voile ou burqa (si elles le font librement, le débat est autre).
Mais il semble qu’un tel débat, pour représentatif qu’il soit de la composante gauloise de notre tempérament, qui pousse à la discussion surtout si elle est politique, revendicative et d’opposition, est totalement décalé, ou pour le moins très incomplet.
Car les choix fiscaux qu’ont fait les gouvernements successifs, et qui exonèrent plus de la moitié des Français de tout impôt sur le revenu, est-ce que n’est pas une composante de l’identité nationale en créant, pour faire simple, une fracture entre ceux qui paient l’impôt et ceux qui perçoivent les fruits de la redistribution caractéristique de notre système? Et les choix sociaux qui ont toujours privilégié ceux qui avaient un emploi au détriment de ceux qui n’en avaient pas, comme avec les 35 heures, nous conduisant à un chômage élevé et des charges importantes sur le travail? Et le système de santé? Et les degrés de liberté civiles (interdiction de fumer, cameras de surveillance)? Et la pratique judiciaire (possibilité ou non de télécharger illégalement de la musique et des films)?
Il est bel en bon de dauber élégamment sur les mérites d’un modèle plus intégrationniste ou au contraire plus respectueux des libertés culturelles de chacun au risque de laisser se développer les communautarismes. C’est un débat dans lequel tous se plongent avec délice. Mais pendant que se déroule et se défoule toute cette logomachie toujours passionnée et parfois passionnante, la politique « ordinaire » se charge de choix autrement plus fondateurs que de savoir si quelques centaines de femmes se verront interdire le port de la burqa, ou quelques centaines d’Afghans se verront « reconduire » dans leur beau pays.
Rien qu’en ce moment, le Parlement doit débattre de la double réforme des collectivités locales et de leur financement par les entreprises sous forme de taxe professionnelle. Si la double réforme passe, le pouvoir local, notamment celui de frapper monnaie pour étendre toujours plus le champ de leurs dépenses sera réduit. Voilà qui va affecter l’identité nationale. De même que les projets de fermeture de centaines de services hospitaliers trop petits pour être efficaces et sûrs. Ou le projet de Grand Paris, avec villes nouvelles, pôles de recherche, axes de transport. Ou les conséquences du Grenelle de l’Environnement, avec son cortège de mesures « vertes » dont la taxe carbone, et ses nouveaux produits et nouvelles contraintes.
Même le débat en cours au niveau planétaire du G20 sur les bonus de la finance est au cœur de l’identité nationale. Car si la France est l’un des seuls pays à appliquer strictement un encadrement là où d’autres laissent la situation revenir au laxisme précédent la crise, ce seront des fonctions puissantes qui quitteront la France. Comme le village d’Astérix, potion magique en moins.
C’est peut-être là la cause de la véritable haine que suscite Nicolas Sarkozy, et de la violence verbale souvent grotesque de ses adversaires, devenus ses ennemis. C’est que ce Président, contrairement à ses deux prédécesseurs largement inertes, fait, au quotidien, et au pas de charge, des réformes qui forgent l’identité nationale. Ainsi quand il met en œuvre et défend contre vents et marées le bouclier fiscal, le combat n’est pas fiscal, car les sommes en jeu sont dérisoires au regard du gigantesque déficit de l’Etat (50% du budget!), il est identitaire. La France doit-elle compter parmi ses rangs des riches, ou doit-elle les laisser partir à Bruxelles ou Genève? De même, la France doit-elle compter parmi ses rangs des réfugiés Afghans ou doit-elle les reconduite à Kaboul? Et, s’il faut les accueillir, et, partant, s’occuper d’eux, comment faire si les riches ne sont plus là pour payer?
Les riches? les Afghans? Ni les uns ni les autres? Les uns et les autres? Et si c’était là (et dans d’innombrables questions de cet ordre) que se forgeait l’identité nationale?
Identité nationale, chaque pas doit être un but
novembre 7, 2009 on 5:43 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermésUn nouveau débat s’ouvre, à l’initiative du gouvernement.
Il s’agit de déterminer ce qui compose l’identité nationale.
Car c’est vrai, on ne s’y retrouve plus vraiment.
L’hymne national est sifflé lors de certaines manifestations sportives, l’affichage de certaines marques d’identités religieuses limité, ou encore le port de certains types de vêtements (le mot vêtement parait d’ailleurs inapproprié, mais c’est à défaut d’autre chose) choque et la tentation de légiférer, encore et toujours, se réveille.
Un des problèmes de cette non identification nationale vient naturellement du fait de la volonté ou non de certains groupes de s’intégrer ou non au sein de la population nationale.
Qui peut dire aujourd’hui que les Polonais ou autres Italiens qui sont venus au début du siècle dernier pour travailler dans les mines du Nord de la France ne se sont pas intégrés ?
Mais une autre raison est que le pays d’accueil, la France, a de l’avis de JusMurmurandi supprimé une étape importante de l’éducation collective où toutes les couches de la population étaient représentées, regroupées autour d’un seul et même dessein, le service de la Nation.
Cela s’appelait le service militaire.
Bien entendu, il y avait des passe droits, évidemment il y avait des pistons. Mais globalement, on donnait un brin d’éducation civique, on dispensait le minimum de connaissances vital pour ceux qui étaient passés au travers du système éducatif sans même apprendre à lire ou écrire. Et tous ceux qui passaient sous la coupe bien rigide de nos braves sergents chefs apprenaient à saluer le drapeau, obéir aux ordres, faute de quoi on se retrouvait au mitard.
Peu ou prou, cela finit nécessairement par fonctionner, le creuset des valeurs communes est crée.
Le 22 février 1996, moins d’un an après son élection, Jacques Chirac annonce la suspension du service national….Monumentale erreur.
Ce dernier vient de sortir un livre, pour raconter sa carrière politique.
Comme vous avez pu le constater, JusMurmurandi s’est immédiatement précipité pour en faire l’éloge…..
En fait non, nous avons voulu attendre que l’occasion se présente.
Et l’identité nationale dont on parle maintenant nous semble un moment bien choisi.
Car avec pareil titre, « Chaque pas doit être un but », on comprend mieux à la fois le vibrant éloge que lui a rendu Nicolas Sarkozy cette semaine, comme pour le remercier d’avoir mis un terme à sa carrière politique, et le fait que, pendant les 12 années de sa présidence, la France ait, au mieux, été en état d’immobilisme larvé….

Jacques Chirac
World Trade Center, huit ans après
novembre 5, 2009 on 9:44 | In Best of, Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermésTout le monde se souvient de la tragique fin des deux tours du World Trade Center, qui se sont effondrées à la suite de l’attentat aérien le 11 septembre 2001.
Que s’est il passé depuis ?
Le monde a certainement changé en particulier pour ceux qui prennent l’avion régulièrement.
Les passagers sont soumis à des contrôles aussi accrus qu’arbitraires, devant tantôt enlever chaussures ou ceintures, ou ôter pc et produits cosmétiques de leurs valises, au bon vouloir du personnel aéroportuaire.
Les cabines de pilotage des avions ont été blindées pour enlever la possibilité à d’éventuels terroristes de les envahir en vol.
Les enfants ne peuvent plus aller voir comment se pilote un avion, au grand dam des parents qui pouvaient le faire il y a encore quelques années.
Bref, des millions de gens passent chaque jour des heures inutiles à faire la queue, parce que quelques hommes ont commis un dommage irréparable.
Il est temps de prendre du recul, huit ans après.
Car ces huit années ont aussi marqué le retour des Etats Unis en guerre, en Afghanistan et en Irak.
Il restait cependant à savoir ce que l’on allait faire, symboliquement, avec toute cette tôle récupérée des deux tours.
Car ce métal serait à tout jamais celui de la honte, de la mort inutile de civils prisonniers, ni protégés par une CIA et un FBI incapables de prévenir l’attentat, ou encore de forces de police et de pompiers incapables de les sauver une fois l’attentat commis.
N’était il pas temps de faire un mémorial pacifique, sobre, en l’honneur de ces victimes tombées dans un traquenard contre lequel elles en pouvaient rien.
L’Amérique, celle de George W. Bush, en a décidé autrement.
Avec l’acier récupéré du World Trade Center, c’est un bateau, un navire de guerre, le USS New York, qui a été construit.
Il est entré au début du mois en rade de New York.
Quel beau message.

Le USS New York
Comment l’automobile avance…
novembre 5, 2009 on 10:03 | In Economie, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésHier ce qui se profilait à l’horizon, mais qu’on n’osait prendre au sérieux tant c’eût été incroyable s’est finalement avéré vrai: General Motors, après près d’un an de négociations, a annoncé qu’il ne vendrait pas sa filiale Opel. Or General Motors a bel et bien fait faillite, et une nouvelle société a émergé, possédée en grande majorité par l’État américain, c’est-à-dire le contribuable.
C’est pour rembourser ses dettes pharaoniques que GM a été sommée de vendre des actifs. C’est fait pour les petites sociétés Hummer et Saab, mais cela ne se fera pas pour Opel. Comment mieux démontrer que l’ordre du jour, aux Etats-unis, n’est pas de solder le passé et de préparer un avenir différent, mais bien de revenir aux anciennes méthodes? Hier ce sont les banques américaines qui se vautrent avec un délice renouvelé dans le bain empoisonné des hyper-bonus garantis. Aujourd’hui, c’est General Motors qui en veut pas lâcher son bras européen.
Il ne faut pas non plus penser qu’Opel soit une bonne affaire à court terme, puisque sa restructuration coutera 10.000 emplois et des milliards d’investissements.
Le plus étonnant, et révélateur aussi, c’est que, depuis la faillite, tous les administrateurs de GM ont été nommés par l’Administration Obama. Ce sont ceux-là même qui ont décidé d’interrompre le processus de cession, et ce alors qu’Angela Merkel, qui s’est beaucoup investie pour empêcher le naufrage d’Opel, gros employeur en Allemagne, est précisément en visite aux USA. Dans ces conditions, le revirement de GM est quasiment une gifle d’État à État, alors même que l’Allemagne a soutenu Opel avec un prêt d’un milliard et demi d’euros.
Dans le même temps, à l’extrémité opposée de la planète automobile, Toyota annonce qu’il abandonne la Formule Un, dont le coût est incompatible avec des résultats dégradés pour le groupe japonais. Oh, le loup n’est pas dans la bergerie, puisque ce ne sont « que » les premières pertes de son histoire, mais Toyota veut bien marquer que demain ne sera pas comme hier.
Ce n’est d’ailleurs pas la première société à arrêter les frais en F1, puisque Honda, BMW et Bridgestone en ont fait autant, et il se murmure que Renault est tenté de les imiter.
Alors, comment se fait-il que, pour les uns, il faut avant tout faire comme si de rien ne s’était passé et revenir au statu quo, alors que les autres veulent se plonger dans un avenir différent, plus modeste et plus responsable?
Et si on appliquait la même question au monde financier, on verrait que certaines banques et certains États se dirigent vers un avenir modeste et responsable, comme les banques anglaises à l’initiative du Gouvernement de Gordon Brown.
Ce qui intrigue JusMurmurandi, c’est que, dans le cas de l’automobile, ce sont clairement les « modestes et responsables » qui donnent l’impression de devoir être les vainqueurs de demain, tandis que les « tradis » mordront de nouveau la poussière. Alors que, chez les financière, si l’on craint le retour des mauvaises habitudes, par exemple chez la plus emblématique des banques d’affaires, l ‘américaine Goldman Sachs, c’est bien par inquiétude qu’elle soit à la fois dangereuse ET prospère…
L’Europe du Président
novembre 4, 2009 on 6:46 | In Best of, Europe, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésC’est fait. Les Irlandais ayant ratifié par referendum, et Vaclav Claus, le Président tchèque ayant apposé sa signature, le Traité de Lisbonne peut entrer en vigueur. Tous les regards convergent vers les chefs d’État pour savoir qui sera, 51 ans après le premier pas de la C.E.E., le premier « Président de l’Union Européenne ».
Il est juste, en ce moment historique, qui coïncide exactement avec le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, symbole s’il en est de l’antithèse de l’Europe, de rappeler le rôle décisif de Nicolas Sarkozy dans la mise sur pied de ce traité. Quand il a pris ses fonctions, la construction européenne était au point mort, tétanisée par le double refus français et néerlandais de la Constitution européenne, et engluée dans le lamentable Traité de Nice, enfant peu glorieux de la Présidence Chirac.
C’est Sarkozy, alors tout nouveau Président qui a pris le taureau par les cornes, et, bousculant sur son passage des collègues encore peu habitués à son style à la hussarde, qui a mis sur pied un Traité qui reprend l’essentiel de la Constitution, à un détail près. Elle a échoué à être ratifiée, et il (le Traité) l’a réussi.
Quand on regarde l’histoire de la progression de l’Europe, les grandes étapes ont toujours été marquées par des actions décisives et, pour ainsi dire, frappantes. Le traité d’origine, le premier élargissement, le Grand Marché Unique, l’Euro, autant d’étapes essentielles aux côtés duquel vient prendre place le traité de Lisbonne.
Que Sarkozy ait réussi un tel tour de force en quelques semaines de Présidence, et qu’aujourd’hui personne ne lui en donne acte et ne lui en fasse crédit, contraste avec un certain Prix décerné à un Président pour un an de Présidence dont il ne reste absolument rien de marquant, si ce n’est le style.
La Fontaine disait « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Faudrait-il dire « selon que vous serez blanc ou noir, les jugements de l’histoire vous rendront puissant ou misérable »?