Les bijoux de la couronne
février 9, 2009 on 10:11 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésLe titre est un peu inexact car nous sommes en République.
Pour le reste, on voudrait bien en parler des bijoux….
Mais certains d’entre eux disparaissent pour réapparaître on ne sait comment dans des salles de ventes quelques temps plus tard.
Depuis dix ans, une commission dite du récolement tente de retrouver les 185.000 objets prêtés aux ministères comme au palais présidentiel. à Matignon comme aux ambassades ou aux consulats comme à l’Assemblée Nationale.
JusMurmurandi commencera, c’est normal, par dire que 185.000 objets en dix ans et un travail qui n’est pas achevé, cela ressemble à un travail de fourmi.
Car ramené à l’année, cela fait 18.500 objets, ou encore 92 objets par jour.
Vous l’aurez compris, JusMurmurandi se demande s’ils sont 2 ou 3 pour atteindre de tels sommets de productivité…
Passons.
Sur le total énoncé, ci-dessus, 133.000 ont été retrouvées, 20.000 sont réputées « non vues » et 3400 détruites. Il reste 16.500 pièces qui portent le doux nom de « non localisées ».
Tout arrive à ces oeuvres. Emprunt à « long terme » par un ministre (qui a dit que seules les banques prêtaient ?), copie réalisée par un ambassadeur pour garder l’original, la créativité de nos agents de l’Etat est impressionnante…à ceci près que l’on aimerait qu’elle soit plus mise au service de l’intérêt public qu’à celui de leur intérêt personnel….
Là où cela devient plus intéressant encore,c’est lorsque que l’on voit la répartition des pièces « non vues » (20.000 rappelons le).
Au Ministère de l’Education Nationale, cela représente 50% environ des pièces confiées.
Bel exemple pour nos têtes blondes.
Alors, étonnez vous que nos « éducateurs » ne veuillent pas être notés.
Petit cours de désinformation
février 8, 2009 on 8:08 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 2 CommentsLe passage du Président de la République à la télévision jeudi soir dernier a suscité toutes sortes de réactions, le plus souvent négatives.
Une de celles qui a le plus « amusé » JusMurmurandi est celle du Parisien qui publie un sondage à la suite de l’émission.
Et le journal de mettre en titre qu’en majorité les Français n’ont pas été convaincus par le discours présidentiel.
Chiffres à l’appui, l’institut CSA a interrogé 960 personnes et plus de 50% déclarent ne pas avoir été convaincus.
960 personnes, oui, c’est une population statistique représentative, comme le veut le jargon statistique.
Mais hélas, pas 960 personnes qui ont au moins en partie suivi l’émission. 16% n’avaient même pas vu l’émission du tout !!
Allez porter un jugement dans ces conditions. Et surtout ne vous gênez pas pour publier, et prétendre informer….
Là où cela devient carrément croustillant, c’est lorsque l’on écoute la déclaration du directeur adjoint de la publication, qui affirme « Il s’agissait pour nous de vérifier l’impact d’une intervention présidentielle dans l’opinion publique ». On est bien loin de la manchette attrape nigaud dénigrant l’action de l’exécutif.
JusMurmurandi s’esclaffe, car il est bon de rappeler qu’il y a encore quelques semaines, des états généraux de la presse écrite avaient été réunis à l’initiative de l’Elysée, car les journaux souffrent de déficits chroniques impressionnants (parmi lesquels les fleurons de la bonne conscience collective comme Le Monde ou Libération).
Allez vous étonner que les Français se détournent de la presse écrite lorsque cette dernière détourne ainsi l’information.
Car si elle détourne l’information, elle ne détourne pas le regard lorsqu’il s’agit de tendre la main au soutien pécuniaire de 600 millions d’Euro….. mis à disposition par Nicolas Sarkozy.
Pour un petit cours de désinformation :
Besson le vichyste, à la même table que Kouchner le dénoncé?
février 8, 2009 on 3:16 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | 4 CommentsImaginons la scène suivante: dans un wagon de RER, un groupe de jeunes moleste une personne âgée pour lui voler son sac. Personne ne proteste ni ne s’interpose. Une fois leur sale coup fait, les voyous descendent à la prochaine station et disparaissent.
La police enquête et demande aux autres passagers d’aider à constituer un portrait robot des assaillants. Déjà mal à l’aise de n’avoir rien tenté, même verbalement, ils en remettent une couche en disant ne se souvenir de rien. En fait, ils ne veulent surtout pas s’exposer à des représailles s’ils étaient appelés à témoigner à un éventuel procès.
Nous dirions tous: »Honte! quelle belle bande lâches! », et nous aurions raison. Personne ne verrait à redire, bien au contraire, à ce que les témoins coopèrent avec la police. C’est tout aussi vrai dans des cas d’enlèvement d’enfant ou de viol par exemple, et de nombreux autres crimes crapuleux.
Pendant ce temps, Eric Besson suggère que les immigrés clandestins qui coopèreraient avec la police en dénonçant les réseaux de passeurs pourraient se voir donner des papiers de régularisation. Et là le cœur des bonnes âmes de vaticiner que l’on revient au temps les plus sombres de Vichy.
Pourquoi dans un cas la coopération avec la police est-elle un devoir moral et civique, et dans l’autre une indignité?
Pour mémoire, les passeurs de clandestins sont des ordures. Ils prélèvent des sommes exorbitantes en faisant des promesses mirifiques d’un Eldorado garanti, alors que les conditions de transport sont telles qu’il y a souvent des morts, comme dans ces bateaux dramatiquement surchargés qui dérivent en Méditerranée. Et ensuite ils font trimer les clandestins dans des conditions lamentables pendant des années pour « rembourser » leur passage.
Frédéric Lefebvre, porte parole de l’UMP, a donné une première réponse en expliquant la différence entre « dénonciation » et « délation ». La première s’applique aux coupables, la seconde aux innocents. La première est donc citoyenne, la seconde déshonorante. Et, bien sûr, seule la seconde est marqué de l’infamie vichyste. Sauf que c’est habile, mais faux. Car, sous Vichy, la loi était antisémite. Et donc dénoncer des Juifs était un devoir légal. Comme de Gaulle l’a montré, c’était illégitime, comme les pasteurs protestants l’ont prêché, c’était inhumain, mais c’était légal.
JusMurmurandi propose une autre explication. Violer, voler, frapper sont des crimes et délits unanimement reconnus. En revanche ne pas avoir de papiers ou frauder le fisc ne sont pas perçus comme des manquements à la loi. Au contraire, ils seraient presque une preuve de « débrouille » intelligente.
On ne saurait évidemment tenir rigueur aux associations de vouloir que la seule générosité guide l’action de la France, et que soient régularisés tous les clandestins passés, présents et à venir, mais agiter le spectre de Vichy à toute tentative de progresser dans la lutte contre les passeurs paraît plus que déplacé.
D’autant que les lois sur les repentis ont donné de spectaculaires résultats tant aux Etats-Unis qu’en Italie, deux pays qui ont ainsi porté des coups très durs à leurs crimes organisés (mafia, cosa nostra, n’drangheta etc.). Là il s’agit rien moins que d’absoudre des délinquants et criminels en échange de leur collaboration. Alors que Besson ne propose de régulariser « que » des clandestins, ce qui, à tout prendre, est moins grave que les crimes de sang qui sont la plupart du temps reprochés aux repentis.
JusMurmurandi voudrait poser une question. Que diraient ces associations, quasiment toutes très à gauche, qui hurlent au vichysme bessono-sarkozyen, ce qui soit dit entre nous est un non-sens pour qui voit le culte que le Président rend à toute occasion à la Résistance, culte qui scandalise aussi cette même gauche dans l’affaire de la lettre de Guy Môquet, si on leur proposait d’accorder immunité et pardon, ce qui est une forme de régularisation, à des banquiers qui en dénonceraient d’autres, coupables de turpitudes ayant joué un rôle dans la crise financière internationale?
On s’en doute. On ne parlerait pas de Vichy, mais de morale publique. Publique. Comme le comité de salut du même nom, présidé par un certain Maximilien Robespierre. J’en connais qui postulent déjà pour le rôle. Car l’exécution en règle de Bernard Kouchner, elle, est un vrai scandale digne d’une république bananière. Et là, la gauche, qui n’avait pas de mots assez durs contre l’auteur de ce livre à scandale quand il avait révélé le passé d’extrême droite de Mitterrand sur lequel celui-ci n’avait cessé de mentir, le trouve subitement divinement inspiré contre « ce pauvre Bernard » au motif que celui-ci a été travailler avec Sarkozy.
Et celui qui a bavé sur Kouchner à l’auteur du livre-torchon, il a commis une dénonciation ou une délation?
Amusant aussi de constater le point commun entre Kouchner et Besson. Deux hommes ex-PS. Et si ça comptait beaucoup plus aux yeux de certains que la réalité des faits? Le Comité de Salut Public, je vous dis.
Irresponsables!
février 7, 2009 on 12:56 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 2 CommentsJusMurmurandi hoche la tête et se frotte les yeux, perdu entre ahurissement et incrédulité. L’audition du juge Burgaud, le trop tristement célèbre juge d’instruction de l’affaire d’Outreau a donné lieu à ce qu’il faut bien appeler un scandale. Le Syndicat de la Magistrature l’a soutenu, indiquant en substance que, comme Burgaud n’était qu’un juge parmi beaucoup à avoir « mis la main » à cette sordide erreur judiciaire, il ne saurait être condamné. Et l’instance requérante s’est « contentée » de requérir jusqu’à un an d’exclusion du juge, ce qui est une sanction « moyenne ».
Si Burgaud, dont l’action a ravagé plus d’une dizaine de vies, conduit une personne à mourir en prison, coûté une fortune à l’Etat en indemnités, et ruiné la réputation de sa fonction et de son institution ne mérite qu’une sanction « moyenne », que faut-il donc faire pour mériter une sanction « dure »?
D’ailleurs le juge Burgaud déclare qu’il n’a pas le sentiment d’avoir failli, et il réclame qu’on lui restitue son honneur. Tiens donc, et quoi encore? Et où sont les autres magistrats qui ont contribué au désastre? Car si c’est Burgaud qui a instruit, ce ne pas lui tout seul qui a mis en prison, puis condamné.
En dehors d’avoir fait la même chose à des accusés juifs, noirs ou handicapés, moment auquel, bien sûr, il eût été liquidé dans la plus extrême urgence, car la « justice » du politiquement correct est infiniment plus expéditive que la Justice tout court, JusMurmurandi ne voit pas ce qu’il eût pu faire de pire. Ce qui conduit inévitablement à la conclusion que les condamnations n’existent que de pure forme, et que les juges sont intouchables et, pour tout dire, irresponsables.
Il faut dire qu’il ne sont pas les seuls.
Les dirigeants de banques qu’ils ont engagé dans des voies si risquées qu’il a fallu que l’État leur vienne en aide pour éviter qu’elles ne disparaissent dans de retentissantes faillites qui eussent englouti l’épargne de millions de clients n’ont pas non plus le sentiment d’avoir failli. Alors, avoir failli, c’est quoi pour un banquier? Et de pleurer qu’ils ont quand même droit à leurs bonus et à leurs primes pharaoniques. 18 milliards de dollars de bonus à Wall Street, on se demande ce qu’il ont fumé.
JusMurmurandi voudrait aussi ajouter à la longue liste des irresponsables les établissements bancaires qui, après avoir vanté la qualité de leur gestion d’actifs, leur sérieux et la solidité de leur bilan, se sont contentés de confier l’argent qui leur était donné en gestion à ce bon M. Madoff, et déclarent maintenant qu’ils sont des victimes…
Enfin comment ne pas mentionner les actionnaires de banques qui, quoi qu’elles n’aient été sauvées de la faillite que par l’intervention urgente et massive de l’Etat, veulent néanmoins toucher des dividendes. Le pompon revient aux actionnaires de Fortis qui, quoique leur banque ait valu zéro et moins que zéro quand elle a été cédée à BNP Paribas par l’État belge avec force garanties et injections de liquidités, réclament à cor et à cris une meilleure sortie pour eux.
Car eux non plus ne veulent pas subir les conséquences financières de leurs investissements dans les banques inconséquentes.
Les Etats non plus n’hésitent pas à créer une gigantesque bulle de liquidités pour financer moult plans de soutien de relance et de reprise, faisant ainsi à une immense échelle exactement ce qui a conduit les banques dans l’impasse et qui leur est fort justement reproché.
On comprend pourquoi, dans ces conditions, l’humeur du jour soit à ce que chaque groupe d’intérêts réclame pour soi des avantages totalement ridicules. Pour quoi seraient-ils les seuls à adopter une conduite responsable?
La société de la peur
février 6, 2009 on 11:59 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | 4 CommentsNous avons peur. Peur de ce que nous savons, et plus encore de ce que nous ne savons pas. Et la peur devient l’un des moteurs principaux de l’opinion publique, relayée efficacement par des média qui y voient l’occasion d’augmenter leur diffusion.
Le exemples récents abondent. Bouygues Telecom a été condamné par le Tribunal de grande instance de Nanterre à démonter une antenne émettrice pour téléphones portables. Aucun problème médical n’a pu être imputé de façon certaine à ces antennes, mais la peur existe. Alors le tribunal, sans doute de peur de mal faire et de se retrouver responsable un jour, condamne au démontage. Même si les cours d’appel ont toujours inversé ces jugements de première instance. En attendant, cette condamnation contribue à faire peur à tous ceux qui ont des antennes à proximité de leurs maisons, bureaux ou écoles.
Et on peut comprendre les juges du TGI de Nanterre. Ce jugement spectaculaire leur vaut une remarquable couverture de presse, et une saine réputation de prudence. Alors que, s’ils avaient débouté les plaignants, qu’auraient-ils eu, sinon la réputation d’être des valets d’un pouvoir vendu aux intérêts d’un ami du Président?
Qu’importe, au passage, l’intérêt des usagers des téléphones mobiles, dont la couverture de réseau deviendra problématiques si des jugements de cet ordre deviennent exécutoires.
Autre peur qui est développée à satiété par des média avides de sensationnel: les morts « imprévues » dans les hôpitaux. UN exemple tragique aujourd’hui: le décès d’un enfant opéré quelques jours plus tôt des amygdales. On a déjà peine à imaginer le drame pour des parents qui se reprocheront toujours d’avoir ordonné une opération si banale qu’elle en est devenue fatale, et dont les nuit seront hantées par le souvenir de leur marche derrière un cercueil dont la trop petite taille indique qu’il est contre nature.
Est-il pour autant besoin que des meutes de journalistes assaillent ces parents au summum de leur deuil? Cela sert-il quelqu’un que de faire peur à ces millions de Français qui ne pourront plus passer la porte d’un hôpital sans angoisse?
Ils rejoindront les armées d’épargnants qui auront maintenant peur que leur argent n’ait été confié par leur banque, solide et rassurante, au patelin Bernard Madoff, qu’il faudrait vraiment appeler Docteur Mabuse, comme les légendaires films de Fritz Lang, tant il a abusé de gens.
Tant qu’à faire, ils rejoindront aussi les bataillons de ceux dont la Justice estime qu’elle a le droit de les envoyer en détention préventive (qui comptent pour plus de la moitié de la population carcérale française, ce qui est un taux honteux). Ainsi, avec le juge d’instruction, il est possible de se retrouver derrière les barreaux sans
avoir rien fait, et de se voir brisé et sa vie en ruines parce qu’un homme a acquis une intime conviction. La suppression proposée de cette fonction de juge d’instruction soulève de vives objections de la part de ceux qui craignent (la peur, toujours) que cela ne permettre d’étouffer des « affaires » comme l’affaire Elf, susceptibles d’éclabousser des politiques A ces objecteurs, JusMurmurandi voudrait dire que laisser en liberté les escrocs d’Elf lui paraît infiniment moins dommageable que d’incarcérer les innocents d’Outreau. Mais il est tellement plus payant de dénoncer les frasques de tel ministre et de sa maîtresse, et de clamer « tous pourris » que de manifester pour la libération de familles dont le moins qu’on puisse dire qu’elle n’appartiennent à aucun lobby puissant qui les soutiendrait.
George Orwell avait déjà prédit cette situation du gouvernement par la peur. Dans son univers totalitaire, la guerre était permanente avec l’un ou l’autre des 2 empires rivaux, qui balançaient des bombes sur la population civile comme le Hamas des roquettes. Sauf qu’on ne savait pas si ces bombes étaient vraiment le fait d’ennemis réels, ou du régime lui-même pour mieux maintenir la population en état de totale obéissance.
Toute ressemblance avec le fait que les massacres du Théâtre de Moscou et de Beslan soient peut-être le fait des forces de l’ordre russes, lesquelles ont comme par hasard comptabilisé des attentats meurtriers à chaque campagne électorale majeure, serait une coïncidence fortuite.
Comme aussi le fait que l’administration Bush rehaussait périodiquement le degré d’alerte terroriste sur le sol américain, ce qui maintenait le peuple dans la conscience aiguë de la dangerosité du monde et le devoir de donner à son Administration tous les moyens pour combattre les redoutables Osama Bin Laden, Al-Quaeda et autres mystérieux ennemis mortels de l’Oncle Sam
Entendons-nous bien. Il n’est pas question de dire que ces menaces n’existent pas, tant celles des terroriste islamistes que celles des accidents hospitaliers. Ni que les attentats sont le fait d’un gouvernement contre ses propres citoyens. Mais il est visible que la peur est devenue un puissant moyen de gouvernement, dont la diffusion sert les partis au pouvoir.
Du temps des Romains, il fallait, pour plaire au peuple et pouvoir gouverner en paix, lui donner « panem et circenses », du pain et des jeux. Maintenant il faut ajouter la peur à ce tandem.
Quel progrès en 20 siècles!
Avec les compliments du service public de France Télévision
février 4, 2009 on 8:04 | In Coup de gueule, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 6 CommentsPour ceux qui se demandent à quoi sert, aussi, la redevance télévision (enregistré il y a deux jours à la remise des Globes sur France 2).
Sans (autre) commentaire.
Arnaque!
février 3, 2009 on 8:37 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésQuelquefois avoir de la mémoire n’est pas une bonne chose. Ainsi, dans le livre de George Orwell « 1984″, Big Brother a-t-il créé un Ministère de l’information qui a pour mission de désinformer. Et, pour cela, des armées de fonctionnaires réécrivent le passé pour montrer que le présent est meilleur. Ainsi tous les articles de journaux qui parlaient d’une ration de chocolat de 50 grammes sont-ils réécrits en mentionnant 30 grammes, ce qui permet de nommer « hausse » et non pas « baisse » le passage de la ration à 40 grammes. Et ceux qui refusent de se laisser ainsi laver le cerveau sont-ils traités comme des ennemis du régime, et impitoyablement brisés ou éliminés.
Oui, mais voilà, le cerveau de JusMurmurandi est dur à laver, ce qui lui vaut des souvenirs inconfortables pour certains.
Au premier semestre 2007, Nicolas Sarkozy fait sa campagne à l’élection présidentielle sur le thème de la hausse du pouvoir d’achat. Mais, dans le même temps, on observe au niveau mondial une flambée des prix des matières premières, énergie, minerais, produits agricoles. Tout cela culmine en juillet-août 2008 avec un pétrole à 147$ le baril et la promesse de fortes hausses encore à venir.
La conjoncture, déjà affaiblie en 2007, ne va pas résister à ce troisième choc pétrolier et les Français voient les prix augmenter fortement au moment où leurs revenus n’augmentent que faiblement. C’est ce qu’en anglais on appelle un squeeze, et ça fait mal. C’est d’autant plus dur à supporter qu’il n’y a pas de grain à moudre pour encaisser cette mini-flambée de l’inflation, qui va culminer à près de 4% en rythme annuel en septembre 2008. Pour tenter de faire passer la pilule amère, le Gouvernement tente de mobiliser pour obtenir pour les salariés des hausses de salaire, ou une prime transports. De même il fait passer la loi Chatel pour permettre plus de concurrence entre grande surfaces, contrairement à la succession de lois qui la limitaient (Royer, Galland, Raffarin, Jacob entre autres) pour leur plus grand profit au nom d’une hypothétique protection du petit commerce de proximité et de centre-ville.
Qu’en est-il aujourd’hui, près de un an et demie plus tard?
Les syndicats et la gauche, reflétant le sentiment de la majorité de l’opinion publique, réclament à corps et à cris des hausses de pouvoir d’achat pour aider les Français à supporter la crise. Or, entre temps, les prix des matières premières se sont effondrés, retombant plus bas qu’avant le début de leur flambée. Comme entre temps, les revenus ont continué d’augmenter, il serait facile de conclure que le pouvoir d’achat a augmenté, entre des prix qui baissent et un revenu qui croît.
Erreur! L’inflation, qui était passée de 1% à 3,8% en quinze mois, n’est repassée « qu’à » 1% depuis l’effondrement des coûts, alors qu’en toute logique elle eût du devenir négative pendant un temps au moins. JusMurmurandi veut bien admettre qu’il y a un effet retard sur l’énergie, où il est usuel de se couvrir contre les hausses possibles par des contrats ou des options appropriés. C’est ainsi que le prix du gaz facturé aux consommateurs n’a pas suivi la flambée des cours et n’a donc pas de raison de décroître aussi vite non plus. C’est ainsi que les compagnies aériennes ont souvent acheté des couvertures de prix de kérosène à des cours beaucoup plus élevés que les cours actuels, ce qui explique pourquoi il y a encore des surtaxes carburant alors que le pétrole est au plus bas.
Mais JusMurmurandi se souvient de la folle inflation des prix des produits laitiers ou de ceux des pâtes alimentaires. Une hausse de 20% était banale. On nous expliquait que le blé était poussé à la hausse par la folle croissance de la consommation d’éthanol, substitut à un pétrole devenu aussi cher que les meilleurs champagnes. Que la hausse de pouvoir d’achat des citoyens des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) créait une hausse de la demande de lait qui dépassait la capacité de production mondiale et donc tirait les prix à la hausse. Des grandes surfaces ont déréférencé certains produits phare à grand renfort de tintamarre médiatique pour bien montrer la vigueur de leur combat contre les prix trop chers.
Aujourd’hui les prix de lait payés aux producteurs ont effacé cette hausse. L’état nul de la diffusion de l’éthanol ne pèse plus sur les cours du blé.
Pourtant, JusMurmurandi n’a nul part entendu parler de baisse de 15% du prix des yaourts, des fromages, du lait ou des pâtes. Les grandes surfaces auraient-elles oublié de communiquer sur ces très bonnes nouvelles pour les consommateurs? Ou bien n’auraient-elles pas plutôt, et les entreprises de transformation avec elles, oublié de répercuter ces baisses? On en voit pas non plus baisser les prix industriels qui avaient gonflé en raison de la hausse des prix de l’énergie et de ses dérivés (produits chimiques, matières plastiques, etc).
C’est pourquoi JusMurmurandi dit « Arnaque! »
C’est pourquoi aussi, quand les syndicats et la gauche hurlent à la baisse du pouvoir d’achat 6 mois après que la bulle ait éclaté, et quand l’inflation est retombée au-dessous du rythme de hausse des revenus, JusMurmurandi dit « Arnaque »!
Décidément, avoir de la mémoire n’est pas toujours un cadeau.
Le tigre devient petit cochon
février 3, 2009 on 5:55 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésQui se souvient du « tigre celtique », surnom donné à la petite Irlande pour honorer son fort taux de croissance, souvent plus proche de celui de la grande époque des « tigres d’Asie » que de celui de la vieille Europe? JusMurmurandi se remémore les innombrables articles écrits à la gloire de la façon dont les Irlandais surent profiter de généreux fonds européens, comment il attirèrent de nombreuses entreprises étrangères grâce à des taux d’imposition si bas qu’ils ressemblaient furieusement à du dumping fiscal, combien de jeunes Français doués et ambitieux trouvaient à Dublin ce que la France ne savait plus leur offrir, à savoir un avenir.
C’est pourquoi ce fut un choc pour les partenaires européens de l’Irlande de voir les citoyens de la verte Erin voter « non » à 53% au référendum sur le Traité de Lisbonne, et être le seul pays à faire dérailler la mécanique si vite et si irrésistiblement mise sur les rails par un Nicolas Sarkozy fraîchement élu. Comment ceux qui en avaient tant bénéficié pouvaient-ils aujourd’hui se montrer si ingrats, et mordre ainsi la main qui les avait nourris?
C’est pourquoi c’est avec une « schadenfreude » non dissimulée que JusMurmurandi s’est délecté de la lecture d’un sondage annonçant qu’aujourd’hui se dégagerait une forte majorité de « oui » sur le même texte. Schadenfreude, mot pour désigner la joie que l’on ressent devant les dommages que subit un tiers. Car ce n’est pas la concession faite par les Européens pour servir de feuille de vigne à un nouveau vote, à savoir que l’Irlande conservera un commissaire européen, qui entraîne ce revirement, mais bel et bien la crise. Crise qui frappe d’autant plus durement le pays que son développement est récent, qu’il s’appuie beaucoup sur des entreprises étrangères et donc sur des exportations mises à mal par la chute de la consommation mondiale, et que ce développement a été financé par des banques particulièrement agressives. Laquelle agressivité leur a valu de prendre des claques qui, en pourcentage, dépassent celles des autres pays européens, et rappellent qu’il n’y a qu’une lettre d’écart, et encore sont-elles voisines d’alphabet, entre l’Irlande et cette autre île aujourd’hui éprouvette de laboratoire de la crise mondiale, l’Islande.
Il y eut bien, quand la crise financière menaça de tout emporter, une tentative irlandaise de faire, comme à l’habitude, cavalier seul pour être mieux-disant bancaire, quand le gouvernement irlandais garantit tous les dépôts de ses banques. Cette manœuvre, qui irrita contre elles tous ses partenaires, furieux de voir l’Irlande jouer la concurrence intra-européenne pour tenter de sauver seule sa peau, trouva son épilogue quand ce fut au contraire un type de plan financier unique calqué sur le modèle britannique, qui fut mis en place pour calmer la tempête financière.
Ce fut le dernier rugissement du tigre.
Depuis, les Irlandais se sont rendus compte de la fragilité de leur prospérité. Ils ont aussi observé à quel point la crise est plus aiguë chez eux et chez leur cousin britannique que chez les grandes puissances continentales, la France et l’Allemagne. En particulier, l’effondrement de la livre anglaise, quasiment à parité aujourd’hui avec l’euro, que touchent du doigt ces grands voyageurs que sont les Britanniques dès qu’ils mettent le pied dans le reste de l’Europe. Ils ont vu à quel point le calcul qui leur fit voter « non », à savoir que le blocage du traité leur permettrait d’en rester à un statu quo qui leur valait de grasses subventions sans cela promises à migrer vers l’Est européen plus pauvre, leur avait coûté en bonne volonté et en soutien de leurs partenaires. Ils ont constaté une solidité totalement inattendue de l’Euro face à une tempête qui eût du balayer une monnaie jeune et dont beaucoup de Cassandres prédisaient qu’elle imploserait au premier coup de tabac.
Que fait-on quand on se sent seul, et trop petit pour faire face à la tempête? On se réfugie chez plus fort que soi. C’est la stratégie des 3 petits cochons face à l’attaque du grand méchant loup, bientôt regroupés dans la seule maison construite en « dur » et capable de résister à l’ennemi.
Passer du statut de tigre à celui de petit cochon, voilà qui ramène sans ménagement l’Irlande à plus de modestie. Dommage qu’il ait fallu une si grave crise pour lui faire toucher du doigt le prix d’une politique de cavalier seul.
Et une leçon pour les Européens aussi. Qu’ils n’oublient pas qu’au plus fort de la tempête, quand il fallait vaincre le tsunami bancaire ou mourir, ce ne sont pas les traités européens qu’on a vu à l’œuvre, pas plus que les autres accords ou institutions internationaux, mais les leaders des grands pays: Gordon Brown, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel
En attendant, l’Irlande a retrouvé sa place au sein de l’Europe, celle qui lui a valu son intégration réussie. Pas celle du tigre qui mangeait leur déjeuner sous les yeux de ses voisins ébahis par tant d’audace impunie, mais celle du petit cochon: à la mangeoire.
Le Roi des Rois
février 2, 2009 on 7:10 | In Incongruités, International | Commentaires fermésKadhafi vient de se faire « élire » à la tête de l’Union africaine….Il a aussitôt demandé à se faire appeler « Roi des Rois traditionnels d’Afrique »
JusMurmurandi y réfléchit….
Passer de l’assurance à la protection
février 1, 2009 on 7:32 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermésDe nombreuse publicités d’assureurs disent en substance: » bien assurés, bien protégés ». Or la période actuelle montre qu’il n’en est rien. Quelques exemples simples le montrent: l’assurance-chômage ne protège en rien du chômage. Au contraire, seuls les chômeurs en bénéficient.
De même, la dernière mode en termes de finance, et la plus meurtrière comme la crise l’a montré, a été de se croire protégé parce qu’on avait souscrit une assurance sous une forme ou une autre. Cela pouvait être auprès d’un rehausseur de crédit (Fanny Mae, Freddie Mac, AIG, ou les « monoline »), ou en passant par des produits dérivés comme les maintenant funestement célèbres CDS (Credit Default Swaps). L’histoire récente a prouvé que le fait d’être assuré n’a pas protégé ceux qui croyaient l’être. Notamment parce que le supposé protecteur qui vendait sa protection n’était pas suffisamment protégé lui-même des effets de la crise.
Il y a donc eu une sorte de financiarisation de la planète, où tout était devenu assurable, puis réassurable, transférable, revendable, titrisable. De la sorte, la prise de risque était en quelque sorte exorcisée, puisqu’on était assuré de son salut (au moins financier). Le seul problème était que cette assurance tous risques n’ayant pas fait disparaître les sinistres, quand ceux-ci sont arrivés, en l’occurrence les fameux sub-primes non remboursés, on s’est rendu compte avec horreur que tout ce jeu d’assurance ne faisait que faire passer le mistigri entre de nombreuses mains, mais qu’il n’y avait pas assez d’argent dans le système financier pour absorber les dégâts.
Bref, l’heure n’est plus à l’assurance. On voit d’ailleurs ce que peuvent valoir les assurances d’un dirigeant face au tsunami financier. Ainsi les assurances de Vladimir Poutine qui déclare avec assurance que le rouble ne baissera pas. Ou pas trop. Ou pas trop vite en tout cas. Ou au moins sans causer d’inflation… Non, l’heure est à la protection.
Nicolas Sarkozy, à qui la gauche avide de slogans simplificateurs avait tenté, non sans quelque succès, de coller l’image d’un champion de la droite libérale et néo-conservatrice, disait explicitement que le rôle de l’Etat est de protéger.
Or maintenant voilà que nous sautons le pas de la protection vers le protectionnisme, ce qui n’est pas du tout la même chose. Car le protectionnisme ne protège pas. Imaginez que les Etats-Unis rendent l’importation d’acier plus onéreuse pour protéger leur sidérurgie largement dépassée. Ce faisant ils contraignent leurs trois fabricants d’automobiles à acheter un acier moins compétitif, ce qui à son tour détériorera le positionnement des voitures qu’ils offriront aux consommateurs, et encouragera les constructeurs japonais à moins produire aux Etats-Unis pour importer plus du Japon. Jusqu’au moment où l’importation des voitures elles-mêmes sera rendue plus onéreuse, et ainsi de suite.
Justement, le tout nouvellement investi Président Obama a déclaré que le plan de relance américain, d’un montant qui fait apparaître dérisoires en comparaison les mesures prises par les Européens, devrait profiter avant tout aux Américains. On ne saurait être plus clair. On ne saurait trop non plus lui en faire le reproche, car tous les autres pays ont gaillardement taillé dans les conventions internationales de libre échange dès lors que la crise a frappé. Ainsi les aides nationales aux banques ont-elles pris des tournures très différentes d’un pays à l’autre, entraînant des distorsions de concurrence manifestes. Et personne (ni Bruxelles, ni l’OMC par exemple) n’a trouvé à y redire.
Pourtant, il paraît indispensable à JusMurmurandi de rappeler que, si le protectionnisme rassure, il ne protège pas. Il ne ramènera pas la prospérité comme « au bon vieux temps ». Au contraire, toute l’histoire montre que le protectionnisme a toujours entraîné un marasme économique, et que la prospérité s’accompagne de libre-échange.
Et, dans une économie déjà gravement freinée par le double fléau de la perte de crédit et de la perte de confiance, il faut absolument éviter d’en rajouter un troisième, à savoir la perte des échanges internationaux.
Mais évidemment, il est tentant pour les dirigeants de procéder d’abord à court terme en évitant les désastres annoncés, quitte à fermer les yeux sur ceux qu’ils provoquent pour plus tard en refermant graduellement les barrières douanières.
Et que, plutôt que de chercher dans le protectionnisme une illusoire et mortifère solution, nos dirigeants feraient de travailler à restaurer un carburant de l’économie encore plus indispensable que l’argent de la finance. La rime avec finance est riche, puisqu’il s’agit de la confiance.
En d’autres termes, avoir été assurés et réassurés n’a pas marché. Être protégés ne marchera pas. Nous voulons seulement être rassurés.
Désir d’avenir
février 1, 2009 on 4:25 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésC’est tout ce que se souhaitent les socialistes en ce moment.
Car depuis bientôt deux ans que Ségolène Royal a perdu les présidentielles, les deux seules mamelles existentielles ont été l’outrance ou la négation comme l’indiquait JusMurmurandi hier.
On serait tenter de penser que les choses vont changer.
Tout d’abord parce qu’ils se réunissent aujourd’hui dimanche à la Mutualité. Or si c’est le dernier jour de la semaine qu’ils se retrouvent, n’est ce pas un signal qu’ils sont prêts à travailler le dimanche, et ne refuseraient donc plus le projet présidentiel de libérer les commerces eux aussi de cette contrainte???
Mais lorsque l’on écoute Bertrand Delanoë, on se rend compte que la tentation de l’outrance est encore bien ancrée dans les esprits de la rue de Solférino.
Bertrand Delanoë, que l’on pourrait surnommer le Général Boulanger du PS parce qu’il a tant créé d’espérances sans jamais aboutir (voir notre article « le Maire du vide », déjà en février 2007 http://www.jusmurmurandi.com/?p=91).
Récemment encore, après sa candidature pour la tête du PS, il a jeté l’éponge en plein combat (voir le Maire de la capitule http://www.jusmurmurandi.com/?p=1960), laissant sur le carreau tous ceux qui le suivaient.
Bertrand Delanoë, donc, dénonce ainsi un « pouvoir brutal ».
JusMurmurandi est pris de spasmes incontrôlés en se disant que le maire de la capitale ferait bien de se regarder dans le miroir.
Qui a brutalement imposé une circulation prétendument douce en faisant perdre des heures dans la circulation aux Franciliens avec comme seul but réel de s’acheter la paix avec ses alliés verts pendant son premier mandat ?
A-t-on vu la moindre tentative de discussion sur le sujet ? Non. Un quelconque programme qui aurait annoncé l’étendue des dégâts ? Pas non plus.
Et les Parisiens se sont vus infliger des kilomètres de couloirs de bus aussi vides que coûteux, tout au long des sept longues années de sa mandature.
Vous avez dit « pouvoir brutal » tandis que « les Français sont dans le désarroi » (sic).
Mais qui est le maire qui augmente soudainement les impôts locaux avec une augmentation à deux chiffres parce qu’il n’a rien fait pour bien exploiter le fruits d’un marché immobilier porteur pendant de longues années ???
Ainsi les Parisiens se trouvent une fois de plus être le dindon de la farce, alors que Bertrand Delanoë parle de « politique fiscale clientéliste » de la part du gouvernement.
On serait presque tentés de penser qu’il fait son autocritique.
Mais bon, il est certain que Bertrand Delanoë n’est pas le PS, et pour cause, il a laissé la place à Martine Aubry.
Il est donc intéressant de voir cette dernière annoncer que ce dimanche est une journée de travail, afin de proposer un nouveau modèle de société et préparer les élections européennes. Même si ces braves gens auront mis du temps à se réveiller car on est en février et les problèmes économiques qui procèdent de la crise financière datent de septembre dernier….
Par conséquent JusMurmurandi imagine que, continuant à tout prendre à contrepied puisqu’ils travaillent le dimanche, les socialistes vont désormais se reposer la semaine ???
Wall Street et le Bûcher des Vanités
janvier 31, 2009 on 7:12 | In Best of, C'est ça, Paris?, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésNous connaissons tous la publicité d’Adidas « impossible is nothing », amusante inversion de l’évident « nothing is impossible ». En Français, cela donne « l’impossible n’est rien ». Malheureusement, cela ne s’applique pas toujours aussi facilement, puisque voici un exemple de quelque chose qui n’est pas impossible, bien que nous l’eussions cru (notez l’usage de l’irréel du passé, car, en vérité, cela paraît en effet irréel), et ce quelque chose n’est certes pas rien.
Ce à quoi pense JusMurmurandi, c’est aux quelques 18 milliards de dollars de bonus que ce sont attribués les banquiers de Wall Street au titre de 2008. Compte tenu que cette année restera dans les livres d’histoire comme la pire depuis 80 ans, il était évident que ce serait zéro. Un zéro pointé, même, pour l’élève WS, qui rendit une copie tellement affreuse que les grandes banques ne durent leur salut qu’à l’absorption par une banque plus robuste ou par le sauvetage par les milliards de dollars des contribuables.
Oui mais voilà, pour certains, ce n’est pas une raison suffisante pour qu’il n’y ait pas de bonus. Il est à noter que 18 milliards sont un montant inférieur de 44% à celui distribué en 2007. C’est certes une baisse significative, mais c’est ce qu’on attendrait d’une année médiocre, pas d’une catastrophe planétaire.
Comment cela est-il possible?
Faut-il imaginer que les banquiers de Wall Street sont à tel point déconnectés du monde extérieur qu’ils ne réalisent pas que les chiffres de leurs résultats différent de ceux d’une console de jeu vidéo en ce que, sur une console de jeu, il suffit d’appuyer sur le bouton « reset » pour avoir une nouvelle « vie » et recommencer à zéro ? Ne réalisent-ils pas la réalité de la misère de ceux à qui des prêts irresponsables ont fait perdre la maison de leurs rêves, ou dont la plongée de la bourse à laminé les économies et l’épargne d’une vie, les ouvriers de l’automobile ou de la sidérurgie licenciés et sans espoir de retrouver un emploi, les migrants chinois renvoyés chez eux où ne les attend qu’un bol de riz, la foi de tous ceux qui croyaient qu’en travaillant dur ils auraient droit pour eux et leurs enfants à un avenir meilleur?
Faut-il se dire que, même si l’année a été catastrophique, les établissements de Wall Street ont peur de perdre leurs meilleurs éléments au profit de la concurrence, et les gardent donc « au chaud » par des bonus même aussi manifestement non mérités?
Faut-il en conclure que l’absence de bonus aurait conduit ces golden boys au désastre financier, y compris la perte de leurs somptueuses résidences dans les Hamptons, leurs villas dans le comté de Westchester, leurs penthouses à Manhattan, et que leur voter des bonus, c’est participer à la relance au lieu d’aggraver la crise de l’immobilier haut de gamme?
Bref, c’est grotesque, indécent, plus obscène qu’un film de cul. Il est intéressant de voir qu’en France, où les excès ont été bien moindres et bien moins catastrophiques, quelques banques exceptées (Dexia, Natixis, Caisses d’Epargne, notamment), il a fallu que le Président tape du poing sur la table pour obtenir qu’il n’y ait pas de bonus, mais enfin il l’a obtenu.
Non, la question que cela pose pour JusMurmurandi est la suivante. La crise actuelle montre à quel point le monde a besoin de ses banques, puisque, clairement, sans banques qui fonctionnent et prêtent de l’argent, plus de monde tel que nous le connaissons, et l’apprécions depuis qu’il est menacé.
Mais avons-nous besoin des banquiers, ces jeunes arrogants, ces Maîtres du Monde, issus des meilleures universités et payés mille fois plus que de simples prix Nobel? Pour ceux qui en voudraient une description saisissante de réalisme et qui n’a pas vieilli en 20 ans, JusMurmurandi recommande la lecture de « Bucher des Vanités » de Tom Wolfe.
Ce bûcher des vanités tire son nom de ce qui s’est passé le jour de Mardi Gras 1497 quand le moine Savonarole fit brûler par les Florentins toutes sortes d’objets d’art, livres, tableaux et autres chefs d’oeuvre de la Renaissance, mais jugés trop splendides, athées, licencieux, obscènes, sataniques par l’intransigeant moins dominicain.
Or Mardi Gras est le jour où l’on festoie avant de se plonger dans l’abstinence du Carême.
Toute ressemblance avec le bûcher où les banquiers de Wall Street sont conviés à brûler leurs bonus pour avoir plongé le monde dans une phase longue et dure d’abstinence n’est pas fortuite.
Et il est à souhaiter qu’il n’y ait pas de moine illuminé et prophétique qui prenne le pouvoir, porté par le désespoir des gens ordinaires.
Marre de la crise ???
janvier 27, 2009 on 8:37 | In Best of, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 4 CommentsL’occasion était trop belle pour la rater.
Invitée au micro de la station RTL ce matin, Ségolène Royal a déclaré, tenez vous bien, qu’elle avait « marre de la crise ».
Voilà qui fait certainement autant avancer le débat que le schmilblick.
Car pendant ce temps là, on apprend avec intérêt que l’un de ses plus ardents soutiens, Julien Dray, est le détenteur d’une carte de crédit [à laquelle les rédacteurs de JusMurmurandi voudraient bien avoir accès mais n'en ont pas les moyens] avec laquelle il aurait dépensé pas moins de 300.000 (trois cent mille) et quelque Euro en trois ans. Et ancien Trotskyste en plus. Pauvre Léon, avec des « pauvres » de ce genre, le trotskisme n’est vraiment plus ce qu’il était.
Et la même Ségolène se sent obligée d’expliquer au micro d’Europe 1 qu’elle peut bénéficier des largesses de Pierre Bergé afin « qu’une association se crée pour créer un lieu de réflexion, de travail »…On aimerait en savoir plus sur ces travaux et réflexions depuis bientôt deux ans qu’elle a perdu les présidentielles, mais on craint de devoir rester sur notre faim.
JusMurmurandi rappelle que la loi dit que la somme maximum que chaque Français peut verser annuellement à un parti politique est plafonné à 7.500 Euro; pendant ce temps Pierre Bergé lui finance les bureaux qu’elle occupe Boulevard Raspail…
Bref, pas à une contradiction près, on comprend que les difficultés financières la touchent, au propre comme au figuré, tout autant que les siens, et pourquoi elle a « marre de la crise ».
Et peut être comprend on aussi mieux pourquoi, après les Français en 2007, les seuls socialistes ont eu à leur tour en 2008, marre de Ségolène Royal….
Benoît XVI, pape de la laïcité?
janvier 26, 2009 on 5:41 | In Incongruités, Insolite | Commentaires fermésBenoït XVI a décidé de désexcommunier les fidèles de Saint Pie X, c’est-à-dire le groupe de Chrétiens qui, pour pouvoir continuer à pratiquer « à l’ancienne », avaient choisi de suivre Mgr Lefèbvre, lequel avait été excommunié pour avoir, en tant qu’archevêque, ordonné des évêques sans l’accord de la papauté.
Cette réintégration ne serait pas un sujet pour JusMurmurandi si elle se bornait à cela, c’est-à-dire à un choix théologique impactant une toute petite famille de la chrétienté (500 prêtres, 150.000 fidèles).
Mais il y a plus, car l’excommunicateur des lefèbvristes n’est autre que le défunt et très charismatique pape Jean-Paul II, dont on pensait qu’il avait été en tout le mentor de l’actuel pape Benoit XVI, et dont le fait d’avoir été le plus proche collaborateur du pape polonais fut probablement pour beaucoup dans son élection. Or ce geste a été fait sans que les lefèbvristes en fassent un, comme celui de reconnaître le Concile Vatican II, qu’il détestent en ce qu’il a modernisé et ouvert l’Eglise. Il y aurait donc du Brutus chez Benoït XVI…
Bien sûr il est tentant de se dire que Benoît fait ce qu’il peut pour récupérer des âmes perdues au sein d’une Église en perte de vitesse face à la modernité du monde et en butte à un Islam dont le dynamisme en Europe et dans le monde contraste avec le vide croissant des églises.
Ce serait oublier que Benoit XVI est avant tout un théologien, lequel a dénié aux communautés protestantes le statut d’Eglises, au nom d’un « trop faible contenu théologique », choquant au passage des millions de chrétiens, et rejetant à plus tard, beaucoup plus tard, toute possibilité de réunification des deux plus grandes branches de la chrétienté. L’ouverture à l’aile ultra-conservatrice de Benoît XVI n’est donc pas une tentative d’embrasser plus large pour mieux résister aux défis de l’époque.
Mais là où l’affaire devient passionnante, c’est que, parmi les désexcommuniés, figurent les 4 évêques lefèbvristes, et notamment un certain Mgr Williamson. Lequel a embarrassé toute la catholicité en déclarant cette semaine à une radio suédoise que les preuves historiques vont « massivement à l’encontre de six millions de Juifs gazés délibérément ». Entre autres horreurs négationnistes.
Et là, bien évidemment, l’idée de réintégrer un homme professant de telles idées et, qui plus est, sous couvert de son autorité morale épiscopale, est insupportable à beaucoup, qui condamnent le Vatican dans les termes les plus violents. Et rappellent, histoire de jeter de l’huile sur le feu, l’appartenance qui fut celle du jeune Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI, à la Hitlerjugend, ou jeunesses hitlériennes.
Or il n’y a rien, là, qui choque JusMurmurandi, alors même que nous réprouvons absolument tout ce qui, de près ou de loin, représente la moindre tolérance pour les abominations nazies, qu’elles soit en actes ou en paroles. Pourquoi? Parce qu’il suffit de se souvenir que l’Eglise catholique et romaine n’a jamais excommunié les nazis en tant que tels. Pas plus que d’autres monstres ou dictateurs. Où a-t-on vu que, par exemple, tous les condamnés des assises, les assassins, les violeurs, se verraient excommmuniés? Au contraire, les aumôniers des prisons veulent absolument ramener à la Foi les criminels. Et Jésus Christ dit que, comme le médecin vient pour les malades et non pour les bien portants, il est venu non pour les justes mais pour les pécheurs.
Ainsi, en ne reculant pas devant les déclarations de l’évêque britannique, l’Eglise catholique affirme qu’elle n’est pas comptable des pensées de ses membres, et pas juge de leurs actions. Qu’elle se « contente » des âmes, de leur foi et de leur pratique religieuse, et non des actes terrestres tels que la politique. Qu’elle condamne des pratiques légalement acceptables, dans le domaine sexuel notamment, alors qu’elle accepte des pratiques que la loi condamne, en matière idéologique et politique notamment.
A l’Etat britannique de condamner, s’il le juge bon, et comme le ferait l’Etat français, les déclarations de Mgr Williamson. Mais pas question de lui refuser le pardon des péchés. Chacun chez soi et les vaches (ici, les fidèles) seront bien gardées, montrons bien la séparation de l’Eglise et de l’Etat
Cette position porte un nom, que Benoît XVI déteste pourtant. Cela s’appelle la laïcité.
Presse à vendre ?
janvier 25, 2009 on 7:45 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésParis résonne encore du fracas qu’a causé l’article du projet de loi donnant au pouvoir exécutif le pouvoir de nommer le Président de France Télévision. Que n’a-t-on pas entendu sur la régression à avant mai 68, sur l’évolution vers un régime autoritaire, entre autres cris déchirants. JusMurmurandi s’y serait associé, car la liberté de l’information nous est chère, si nous avions cru au danger.
Plus étrange, en revanche, est le grand silence médiatique qui entoure la décision sarkozyenne de donner 600 millions d’euros pour la presse écrite. Car là, il y a un vrai sujet. Sujet comme sujet d’article. Sujet comme sujétion, ou assujettir. Car qui peut imaginer que 600 millions de subventions ne donne ni droit de regard, ni influence?
Le problème, c’est que personne ne veut payer pour des quotidiens généralistes structurellement déficitaires. Leurs ventes sont modestes, comme les recettes qu’ils en tirent tant en prix de vente qu’en publicité. Ceci les condamne à un cercle vicieux de panne de moyens et de lectorat limité, tandis que leur financement, et le contrôle qui va avec, tourne souvent au feuilleton, comme au Monde ou à Libération.
Ce qui veut dire explicitement qu’il n’y pas assez de clients acceptant de payer assez cher, et partant, pas assez d’annonceurs, pour faire vivre ces entreprises.
S’ajoute à cela une profession journalistique intransigeante sur ses avantages aussi bien que sur le droit d’un propriétaire de financer à fonds perdus sans avoir le droit de rien dire ou faire.
Se surajoute la présence très onéreuse de la CGT du Livre, syndicat disposant (on croit rêver!) du monopole d’embauche, et d’une distribution archaïque effectuée par un autre monopole, les NMPP, elle aussi gangrenée par des pratiques sociales verrouillées par la CGT.
Dernière couche de misère pour les quotidiens déjà mal partis: la distribution de concurrents gratuits, faciles et rapides à lire, qui drainent un lectorat de gens allant au travail en transports en commun.
Sans compter, bien sûr, la concurrence des autres media, radio, télévision, et maintenant la lecture souvent gratuite de la presse sur Internet.
Bref, un spectacle de désolation économique sur fond de menace pour la pluralité de l’information. Un spectacle qui n’a pas de fatalité, car, si certaines industries sont frappées structurellement et donc internationalement, les causes de ce mal là sont bien françaises. Il n’y a qu’à regarder la diversité et les tirages de la presse britannique pour s’en convaincre
C’est là qu’arrive, les bras chargés de fonds, Sarkozy tel le roi mage portant des cadeaux. Sauf que là ce n’est pas à un bébé né dans la pauvreté quoique porteur de l’avenir du monde, mais à un métier anciennement riche et tombé dans la misère de la vieillesse.
Cadeaux qui ne sont pas négligeables, puisque 600 millions d’euros par an, cela fait 4 milliards de francs, ce qui fait qu’en 7 ans, on atteint le montant des pertes abyssales du crédit Lyonnais. On n’en est donc pas au naufrage du Titanic, mais c’est plus que le naufrage d’un concurrent du Vendée Globe…
Et là, contrairement à la nomination du président de France Télévisions, pas un mot contre la manne présidentielle, qui, pourtant, devrait faire débat en termes de liberté et de pluralité de la presse. Pas un commentaire pour demander de quel droit l’argent des contribuables doit servir à financer un produit dont les clients ne veulent plus assez pour le payer à son juste coût. Pas un commentaire pour demander qu’en contrepartie du nouvel avantage, les parties prenantes renoncent aux leurs (convention collective des journalistes, NMPP, CGT du Livre), alors qu’il y a eu un tonnerre pour exiger que les banquiers abandonnent leurs bonus et les actionnaires leurs dividendes.
Non, rien. Le silence. Comme s’il y avait un panneau rouge à l’entrée d’une grande salle à manger, marqué « silence, on mange! ». Un lâche silence pendant qu’on observe ce qui, en fait, revient ni plus moins à la nationalisation de la presse quotidienne. Une situation que n’a pas encore osé (on n’ose dire « réussi ») mettre en pratique la Russie de Medvedev et Poutine.
Liberté de la presse, indépendance des journalistes ne sont plus que des mythes, qu’on pourra enterrer au Panthéon, à coté de celui de la Résistance incarné par Jean Moulin. Sauf que Jean Moulin a souffert la torture et la mort pour ses idéaux.
Alors que la presse quotidienne a simplement vendu les siens au milieu du silence de tous, lâchement heureux d’éviter le désastre même au prix de ce qu’il faut bien appeler une nationalisation massive. Le même silence qu’on a noté quand le fils d’un oligarque russe a racheté France-Soir, exsangue depuis des années, alors que le rachat des Echos, quotidien prospère, par M. Arnault de LVMH qui est quand même beaucoup plus fréquentable à tous points de vue que le riche moscovite, a déclenché grève et levée de boucliers.
Ainsi, Nicolas Sarkozy ne domine pas les consciences comme pouvait le faire De Gaulle. Il ne les inspire pas, comme Pompidou. Il ne leur raconte pas de belles histoires , comme Miterrand. Il ne les anime pas, comme Chirac. Il les achète!