Retournement, ou éternel recommencement?

septembre 23, 2009 on 3:52 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Parmi les poisons que la guerre du Vietnam a instillés dans le corps de la société américaine, aucun, peut-être n’aura été plus nocif que la généralisation de l’usage des drogues, et notamment des drogues dures. C’est l’époque du Triangle d’or Thaïlande-Birmanie-Laos, de ses armées privées et des amitiés suspectes de membres de la CIA.

L’équivalent pour une Union Soviétique ultra-puissante de la guerre du Vietnam pour les États-unis aura été l’invasion de l’Afghanistan en 1980. Là aussi c’est l’occasion pour les soldats de l’Armée Rouge de découvrir les paradis artificiels, quasiment absents d’U.R.S.S.

Et c’était d’autant plus humiliant pour l’empire communiste que la dépendance aux drogues dures d’une partie de sa jeunesse avait été largement employée par la propagande marxiste pour dépeindre les faiblesses du modèle américain du « tout-à-vendre ».

Aujourd’hui, ce ne sont plus les Soviétiques mais les Américains qui sont en Afghanistan, plus gros producteur mondial de pavot, plante dont est tiré l’opium, lui même transformé en héroïne.

Et c’est Viktor Ivanov, patron de la lutte anti-drogue russe, qui tance les Américains pour l’inefficacité de la programme de lutte contre cette culture. Il met en avant la mort de 30.000 russes par an du fait de leur consommation de drogue, dont 90% attribués à de l’héroïne d’origine afghane, et le fait que les Américains n’usent pas en Afghanistan de méthodes aussi radicales, la pulvérisation aérienne, que celles qu’ils appliquent en Colombie, dont la production est destinée au marché américain.

Les Américains se défendent en disant que la lutte contre la culture du pavot a poussé de nombreux cultivateurs dont c’est la principale source de revenu dans les bras des Taliban, qui y trouvent leur financement.

En d’autres termes, disent les Américains, la lutte contre un grand fléau (les Taliban) rend tolérable un moindre fléau (la drogue). On se souvient quand, sur ces mêmes terres afghanes, les Américains armaient et formaient les Taliban, acceptant leur fléau d’islamisme fanatique pour prix de leur lutte contre un plus grand fléau, l’expansionnisme soviétique.

On sait comment cela a fini, un certain 11 septembre 2001…

Quand on n’est pas Président…

septembre 22, 2009 on 2:06 | In Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Le procès de l’affaire Clearstream vient de commencer, mais les vagues qu’elle fait ne sont pas près de s’éteindre. En particulier, de nombreuses voix « conseillent » à Nicolas Sarkozy de retirer sa plainte en constitution de partie civile, arguant qu’il n’est pas « correct » qu’un Président en exercice, et, à ce titre, supérieur hiérarchique du Parquet, soit à la fois, en quelque sorte, à la partie civile et au Parquet.

Ces voix sont, outre, bien entendu, celle de Dominique de Villepin, celles de François Hollande et d’Arnaud Monteburg. Leur proposition est d’autant plus amusante, si on devait la suivre, que cela ferait du Président en exercice, quel qu’il soit, le seul Français à ne pouvoir donc jamais se constituer partie civile durant son mandat. Amusant…

C’est oublier aussi qu’il y a de multiples précédents, dont ceux de de Gaulle et de Pompidou, sans que qui que ce soit, à l’époque, ait trouvé à y redire, alors même que leur opposition comptait parmi ses chefs un avocat et redoutable bretteur politique du nom de François Mitterrand.

Autre amusement de qui n’est pas, ou en l’occurrence, qui n’est plus Président, le livre où Valéry Giscard d’Estaing met en scène ce qui ressemble de façon très réaliste à une liaison torride entre lui-même et Lady Di. Et le tout-médiatique de s’interroger s’il s’agit d’un habile fiction ou d’une révélation ahurissante.

Ce que JusMurmurandi peut affirmer avec certitude, c’est qu’en aucun cas le Général de Gaulle, puisqu’il faut rechercher des précédents, n’a eu de liaison avec Jackie Kennedy…

Dénonciation = malédiction?

septembre 20, 2009 on 7:16 | In France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | Commentaires fermés

Vichy, un passé dont la France, honteuse à juste titre, tente de ne pas se souvenir. Pour y parvenir, tout ce qui y a eu lieu de « moche », et la liste est longue, doit ne jamais se reproduire.

A commencer par les dénonciations. Le gouvernement de Vichy a érigé en vertu le fait de dénoncer des Français (et des étrangers) à la police. Les dénoncer comme résistants, comme déserteurs du STO, comme juifs. Que dénonciateur agisse par patriotisme, par jalousie, par rapacité (il arrivait que ce soient les voisins qui aillent piller les appartements des juifs arrêtés l’instant d’avant), peu importait au régime de Vichy. Peu importait également que ces dénonciations soient inavouables, et donc, comble du courage, anonymes.

Et depuis, toute forme de dénonciation est proscrite, bannie, présumée misérable et abominable. Un « bel » exemple de dénonciation lamentable: c’est François Marland, ancien protégé du Crédit Lyonnais des années de tous les excès, qui, réfugié en Suisse, a dénoncé aux autorités américaines l’affaire Executive Life, qui aura de ce seul fait coûté des centaines de millions au contribuable français, millions dont une partie lui a été versée comme récompense.

Sauf bien entendu quand il s’agit de dénoncer des abus, des excès, des scandales, des ridicules. Faute de quoi JusMurmurandi n’existerait pas…

Changeons de décor et d’époque. Nous sommes dans des quartiers où sévissent des bandes de voyous qui dégradent les locaux, insultent les gens, voire commettent des infractions et délits (tapage, racket, trafics, deal de drogue, incendie de voitures, voire pire…) qui pourrissent la vie des habitants. Toute plainte résulte en représailles violentes, qui inspirent une légitime crainte. Que faire? Se taire et supporter l’insupportable?

La police de l’Essonne vient d’ouvrir une adresse mail pour recueillir des dénonciations de ce type de comportement, dont les auteurs sont bien connus de leur quartier. Cette adresse promet l’anonymat aux dénonciateurs. Le responsable de cette mesure n’en est pas à son coup d’essai, qui l’avait déjà fait dans son poste précédent, dans l’Isère.

Voilà bien une situation où il n’existe pas de « bonne solution ». Personne ne peut ignorer le droit de tous à vivre dans la tranquilité. Personne non plus ne peut se réjouir de voir s’accumuler des lettres dé dénonciation anonyme sur des délits, mais aussi sur qui couche avec qui, qui triche sur ses revenus et autres petites turpitudes qui engendrent de basses jalousies.

Alors, dénoncer ou pas? La réponse, pour une fois sur JusMurmurandi, n’est pas simple et claire. C’est en fait un choix de société que nous sommes conviés à faire. Comme avec les caméras de vidéo-surveillance, les fichiers ADN et les radars automatiques, plus de tranquillité passe par plus de surveillance.

La Grande-Bretagne, autrefois si débonnaire que ses légendaires policiers, les « bobbies » n’étaient pas armés, est devenue clairement sécuritaire indépendamment du parti au pouvoir.

En France, c’est une des vraies -et rares- différences entre droite et gauche. La perception générale que le PS est trop mou en matière de sécurité, avec la notable exception de jean-Pierre Chevènement, qui, d’ailleurs n’est pas PS stricto sensu, lui a couté des défaites électorales qui ne l’ont pas amené à faire comme les travaillistes britanniques de Blair puis Brown une véritable révolution culturelle. Dénonciations, flash-ball, tazers, caméras sont autant d’outils qui les dégoutent et dont ils… dénoncent l’usage qu’en fait la droite…

La tentation du martyre

septembre 19, 2009 on 2:49 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

Qu’est-ce qui eut bien passer par les têtes des employés de France Télécom qui se suicident? On est est à près d’un par mois, ce qui est proprement effrayant. Et ce n’est pas la seule entreprise dont le personnel est parfois retrouvé mort sur le lieu de travail.

Il est clair que ces dernières années ont soumis les salariés de certaines entreprises à des niveau de pression et de stress que certains supportent extrêmement mal.

Pour autant, le suicide est habituellement considéré comme un acte de désespoir, et ce n’est pas de désespoir que semblent souffrir les « suicidés du travail », mais bien plutôt de colère. Colère contre une entreprise qui, selon eux, les traite mal. Colère contre une entreprise qui, selon eux,ne les écoute ni ne les entend.

Le résultat est que, loin de se suicider dans une forêt, un étang, une cuisine ou un garage, cette nouvelle forme de suicide est mise en scène de façon spectaculaire, pour que tous sachent que l’entreprise en est la cause et la fautive, et que tous, par l’intermédiaire de média toujours friands de spectaculaire, puissent donner tort à ladite entreprise, qui voit son image fortement abîmée.

Se suicider non pas pour mettre un terme à sa vie mais pour, fût-ce au prix de sa vie, donner tort à son agresseur et lui causer le plus grand tort possible, c’est un phénomène que JusMurmurandi observe dans de toutes autres circonstances. Ce sont celles et ceux qui meurent le ventre bardé d’une ceinture d’explosifs. Les auteurs d’attentats-suicide en Palestine, en Israël, en Irak, en Afghanistan entre autres. Leur but, en se suicidant, est de protester contre le sort qui leur est fait et de causer le maximum de dégâts à ce ou celui qui leur cause, selon eux, ce tort.

Cette démarche, ce suicide de protestation et de colère, et non de désespoir, cette façon de mourir pour une cause à un nom. C’est le martyre.

Se faire prendre la main dans l’urne…

septembre 9, 2009 on 1:31 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 2 Comments

Depuis l’élection très contestée de George W. Bush à la présidence des États-Unis en 2000, contester le résultat des élections est devenu une pratique aussi planétaire que systématique. Aujourd’hui, on conteste les résultats avant même qu’ils ne soient publiés, comme au Gabon, ou en Afghanistan. L’exemple le plus notoire d’une élection « volée » par de la fraude électorale reste néanmoins l’Iran, avec son président prétendument élu Ahmadinejad.

De ce point de vue-là, l’élection présidentielle française aura été une exception on ne peut mieux venue, personne n’ayant contesté sa validité. Et d’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement dans un pays moderne, où la tradition démocratique est une référence internationale?

Donc non, un président aussi mal élu que M. Ahmadinejad, c’est une réalité iranienne que nous n’importerons pas.

Sauf qu’il semble que ce soit déjà fait.

Un livre vient de sortir, appelé « Hold-uPS, arnaques et trahisons », qui affirme que l’élection de Martine Aubry au poste de premier secrétaire du PS n’a été obtenue qu’à l’aide de méthodes frauduleuses, dont de bons vieux bourrages d’urnes.

Pour une fois, Ségolène Royal, qui se plaint constamment d’être victime de tout et de tous, aura un vrai motif de le faire.

JusMurmurandi se demande aussi ce que peut penser de ce malodorant pataquès l’honnête Jacques Delors, père de Martine Aubry.

En attendant, le PS se retrouve avec un Premier Secrétaire qui tient compagnie à MM. Ahmadinejad, Karzaï, Bongo, et autres Mugabe. Pas terrible…

Qu’est-ce qui est le plus triste dans cette histoire: que de telles méthodes soient utilisées (il semble que ce soit le cas depuis longtemps et que tout le monde soit plus ou moins au courant), ou de s’être fait prendre la main dans le sac, ou plutôt dans l’urne?

Martine Aubry, tout sourire

Clin d’oeil

septembre 7, 2009 on 10:33 | In Insolite | 2 Comments

Vous aimez la photo ?
Nous aussi.
Vous avez de l’humour ?
Nous aussi (du moins nous le pensons).
Voici un site pour vous.
http://www.alltelleringet.com/
Bonne journée.

Leçon de concurrence

septembre 7, 2009 on 6:55 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

La France a toujours du mal avec la concurrence, dont beaucoup pensent qu’elle détruit plus qu’elle ne contribue. Les exemples de cette frilosité abondent, notamment les nombreuses lois qui freinent les grandes surfaces dans la concurrence qu’elles peuvent faire aux autres formes de commerce, ou la limitation de la publicité comparative pure et dure.

Voici un exemple a contrario intéressant. Apple, comme dans tous les pays du monde où il a lancé son téléphone mobile iPhone, a choisi un partenaire exclusif, en l’occurrence le leader du marché, Orange. Ce qui a valu un très bon démarrage au téléphone à la Pomme.

Oui, mais voilà, le Conseil de la concurrence a retoqué l’accord d’exclusivité entre Orange et Apple, et obligé ce dernier à vendre son téléphone aux autres opérateurs aussi.

Le résultat: Apple est maintenant le N°2 du téléphone mobile en France, avec environ 20% du marché en valeur, devant le N°1 mondial Nokia! Et il pourrait même, en valeur, devenir N°1 s’il continue sur sa lancée. N°2 avec un seul modèle, quand tous ses concurrents en ont des dizaines…

Ce qui est intéressant, c’est que la France est le seul marché où Apple soit parvenu à cette place de N°2. Et aussi le seul marché où il vende à tous les opérateurs. Et que c’est la seule différence qui explique un résultat si remarquable.

La conséquence est facile à tirer: la concurrence, ça marche! En l’occurrence, le Conseil de la concurrence a donné une formidable leçon à Apple, en lui montrant qu’exclusivité rimait avec frilosité, et concurrence avec abondance.

Y a-t-il quelqu’un au sein de l’État pour entendre et apprendre de cette leçon?

Apple iPhone

Allant vers les roses, le MoDem est dans le rouge et non dans le vert.

septembre 5, 2009 on 9:19 | In Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite | 2 Comments

Le MoDem est en pleine université d’été, et cela ne s’annonce pas simple pour François Bayrou. Il a toujours mis en avant comme spécificité de son parti le refus absolu et obstiné d’être classé soit à droite soit à gauche. De la sorte, sa position « au-dessus des partis » lui permettrait, après son élection à la Présidence de la République, de forger des majorités ad hoc en picorant tant à droite qu’à gauche.

Le problème, c’est que ce positionnement, joint à une opposition acharnée et féroce à tout ce qui vient de Nicolas Sarkozy, lui a valu de voir son parti terminer derrière les Verts aux élections européennes, pourtant un thème qui a toujours valu à l’UDF, prédécesseur du MoDem, les meilleurs scores.

L’année prochaine sera celle des élections régionales, la dernière dont les sortants MoDem aient été élus en tant qu’UDF, c’est-à-dire au centre-droit coalisé avec le RPR. Et si le MoDem continue sur la « lancée » actuelle, il verra son nombre de voix et d’élus chuter encore une fois gravement. Ce qui est d’autant plus grave que ce sont les deux bases sur lesquelles le parti est financé par l’Etat.

Bref, il y a péril dans la maison MoDem, sur fond de protestations de militants dégoûtés par le style ultra-personnel de Bayrou.

Pour faire face à cela, le Béarnais vient de laisser entendre qu’il approuvait l’ouverture que son lieutenant, Marielle de Sarnez, avait faite en direction du PS.

Le problème, c’est que le PS est au moins aussi prédateur envers ses alliés, comme le PRG, ou voudrait l’être avec les Verts, que l’UMP avec les siens. Et que donc, Bayrou, qui a refusé que son parti soit le supplétif de l’UMP, doit aujourd’hui envisager d’être celui du PS. Ce n’est pas JusMurmurandi qui le dit, c’est Corinne Lepage, vice-présidente du MoDem. Ambiance…

Sans compter qu’une alliance avec le MoDem détournerait du PS des partis qui envisagent avec lui une alliance franchement à gauche, tels les communistes ou le Parti de Gauche

Ainsi Bayrou, s’il ne s’allie ni à droite ni à gauche va constater les ravages que fait sur celui qui se voudrait le troisième homme un système électoral fait pour des confrontations de deux blocs. Et s’il s’ouvre à gauche pour survivre, il trahira tous ceux qui l’ont suivi dans sa quête de ni-droite-ni-gauche. Et une deuxième fois tous ceux qui avaient élu son parti alors allié de Chirac…, c’est-à-dire allié à droite.

Enfin, tout ceci devrait être résolu dimanche quand, dans son discours de clôture, le Président du MoDem dévoilera sa stratégie… encore 36 heures d’attente et de suspense insupportables…

En attendant, devant la décomposition sous nos yeux du PS et du MoDem, une étrange hypothèse naît sous les yeux interloqués de JusMurmurandi. Et si, en 2012, l’adversaire de deuxième tour de Nicolas Sarkozy était… Daniel Cohn-Bendit?

François Bayrou

Légitimer le crime d’Etat?

septembre 2, 2009 on 7:14 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Qui connaît le docteur A. Q. Khan? C’est le savant qui a monté toute la filière nucléaire pakistanaise. Et, à ce titre, conféré à ce pays pauvre et instable, qui vit quelque chose qui tient à la fois de la paix armée et de la guerre froide avec son pays-frère l’Inde, une dangerosité maximum.

Mais ce qui rend le docteur Khan particulièrement « sensible », c’est que c’est sa filière qui a vendu, en violation de tous les traités de non prolifération nucléaire, de quoi monter des armes nucléaires en Corée du Nord, en Libye, et en Iran.

Or le docteur Khan n’a jamais été véritablement inquiété par son pays, le Pakistan, où il est considéré comme un héros national. Tout au plus, comme un geste fait vers la communauté internationale indignée et furieuse de l’activité de supermarché de l’atome militaire du savant, a-t-il été mis aux arrêts domiciliaires.

Mais ces arrêts domiciliaires viennent d’être levés, sur décision de justice, et le docteur Khan est maintenant libre comme l’air. Quand on sait l’interprétation qui a déjà faite de sa liberté avec certains des régimes les plus scabreux de la planète, on ne peut qu’être inquiet.

C’est pourquoi JusMurmurandi, ordinairement si attaché à l’exercice rigoureux du droit se demande si le monde ne serait un endroit un tant soit peu plus sûr si le docteur Khan se trouvait avoir un malencontreux accident de santé… ou autre…

Le docteur A. Q. Khan

Ne pas oublier?

septembre 1, 2009 on 5:49 | In Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermés

Il y a 70 ans tout juste, l’Allemagne nazie attaquait la Pologne, déclenchant ce qui allait être la guerre la plus meurtrière de l’Histoire.

Les Polonais, et on peut les comprendre, se sont sentis trahis quand, deux semaines plus tard, les Soviétiques envahirent la Pologne orientale en « vertu » du traité germano-soviétique entre Hitler et Staline pour se partager le pays de Chopin.

Ce sentiment de trahison et le ressentiment qui en procède perdurent encore aujourd’hui et continuent d’empoisonner les relations polono-russes, de même que le massacre par les Soviétiques de 20.000 officiers de l’armée polonaise à Katyn en 1940.

Des situations comme cela, l’Histoire en a malheureusement légué des quantités en Europe. La partie occidentale de la Pologne, qui leur a été donnée et arrachée aux Allemands en 1945 en « compensation » de la prédation par l »URSS de ce qui est aujourd’hui l’ouest de la Biélorussie. Les minorités russes dans les pays baltes. Les minorités hongroises en Roumanie et en Slovaquie. L’occupation de la partie nord de Chypre par les Turcs. Etc… etc…etc… la liste serait quasiment sans fin.

Alors, que faire? N’a-t-on vraiment le choix qu’entre l’oubli, ignoble pour les victimes, et le ressentiment amer, encombrant pour le présent et l’avenir?

JusMurmurandi est heureux d’apprendre qu’au même moment où ce dilemme ressort de manière si douloureuse, la Turquie et l’Arménie vont reprendre des relations diplomatiques, bloquées jusqu’ici par le souvenir du massacre des Arméniens d’Anatolie par les Ottomans, prédécesseurs des Turcs, en 1915-1916.

Il est donc possible de dépasser les blessures du passé pour construire un avenir meilleur.

Et si c’était cela, le progrès?

A quoi sert la finance mondiale?

août 28, 2009 on 11:24 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | 5 Comments

Le débat sur les bonus des traders prend un tour qui surprend de plus en plus JusMurmurandi, notamment dans la notion, quasi universelle, qu’ils « font prendre des risques aux banques ».

Encore faudrait-il savoir si « la banque est d’accord » ou pas, avec ce risque. Car cela recouvrirait deux réalités bien différentes selon que la réponse est « oui » ou « non ».

Si la banque est d’accord avec ce risque, le trader agit dans le cadre de sa mission, et les éventuelles pertes issues de ses transactions sont à passer au débit de la banque, qui doit en assumer la responsabilité et les conséquences.

Si la banque n’est pas d’accord, le trader a violé les limites qui lui ont été assignées, et il s’agit de faute professionnelle, voire plus.

C’est tout le débat de l’affaire Kerviel. La Société Générale e-t-elle été (1) compétente mais trahie, ou (2) incompétente et Kerviel en a profité à l’insu de la banque, ou (3) peu ou prou consentante ?

Mais l’idée que les traders font prendre des risques aux banques supposerait, pour être vraie, que les banques ne puissent pas encadrer, limiter, plafonner ces risques. Et que donc on en soit réduit à ce que cette prise de risque incontrôlable soit dépourvue d’intérêt pour les traders parce qu’il n’y aurait plus de bonus attaché. Là, franchement, il n’y a plus qu’à hocher la tête, perdu entre ahurissement et incrédulité.

La réalité est toute autre. Les banquiers ont inventé des produits nouveaux et compliqués, dont les caractéristiques de risque étaient « exotiques ». Les dirigeants des banques, peu familiers de ces rivages de la finance pour mathématiciens de haut vol, avaient un choix simple. Ne pas se lancer dans cette nouvelle activité, et passer à côté d’une gigantesque source de profits, ce qui les amènerait à être moins rentables que leurs concurrents avec toutes les conséquences négatives qu’on imagine en termes d’emploi, de rémunération et d’indépendance de leur banque. Soit ils se lançaient, faisaient gagner à leur banque et à eux-mêmes énormément d’argent, et finissaient pas faire face au crash que l’on sait.

Ce ne sont donc pas les traders, sauf peut-être Kerviel, qui ont fait prendre aux banques les risques qui ont eu les conséquences que l’on sait, mais les dirigeants des banques, qui en sont les seuls responsables.

Le débat sur les bonus des traders est donc un faux débat de type chasse aux sorcières démagogique, et qui évite de remettre en cause toute une élite.

Le summum semble avoir été atteint par Lord Turner, président de l’autorité bancaire britannique après avoir été notamment patron des patrons. Il ne craint pas de dire que la City de Londres, c’est à dire le secteur financier, a cru au-delà du raisonnable par rapport à son utilité pour la société. Bref, c’est devenu une sorte de Monopoly. Olivier Besancenot n’aurait pas dit mieux…

Il faudrait quand même rappeler au très brillant Lord Turner que la finance, c’est l’oxygène de l’économie, et que la bulle dont tous déplorent l’éclatement en 2007-2008 a été le moyen de la prospérité mondiale des dix années précédentes au moins. Ne crachons donc quand même pas trop dans la soupe!

Bonus bancaires, caméras de télévision et déconnection Internet

août 26, 2009 on 6:22 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quel rapport, me direz-vous, entre ces trois sujets? Il est simple.

Nicolas Sarkozy a suffisamment fait pression sur la banquiers français pour que ceux-ci ne donnent des rémunérations variables à leurs traders que sous certaines conditions. Notamment l’introduction de malus en cas de mauvais résultats, un lien avec les résultats de l’entreprise, et un étalement sur plusieurs années. Autant d’excellentes idées, à la condition expresse que les banques des autres pays les appliquent aussi, sinon la France perdra ses traders et son trading au profit de ses voisins et concurrents. Il n’est pas facile d’être un îlot de vertu au sein d’un océan de péché.

Les statistiques françaises indiquent que les villes qui ont installé des caméras de vidéosurveillance enregistrent de meilleurs résultats en matière de délinquance que celles qui ne l’ont pas fait, la montée de la criminalité y étant moitié moindre. Pourtant, la Grande-Bretagne, qui a installé 50 fois plus de caméras que la France, constate que celles-ci n’ont qu’un rôle infime dans la maîtrise et la répression de la même criminalité. Cette apparente contradiction vient de ce qu’en France, où il y a relativement peu de villes vidéosurveillées, les voyous choisissent d’éviter les villes-là pour se reporter dans des coins moins exposés. Alors qu’en Grande-Bretagne, où elles sont partout, il n’y a plus d’effet « îlot de tranquillité dans un océan de délinquance ».

La loi Hadopi est l’une des plus controversées que Nicolas Sarkozy ait fait voter, notamment pour son volet de déconnexion des abonnés Internet qui téléchargent illégalement. Pourtant, c’est maintenant au tour de nos amis britanniques d’envisager cette solution, qui promet d’être si efficace qu’elle met les pirates du Net dans une fureur indescriptible. Car, jusqu’ici, quand un serveur se faisait réduire au silence, comme cela a été le cas du célèbre Napster, puis aujourd’hui du suédois Pirate Bay, il suffisait de se brancher sur un autre serveur.

Alors que demain, avec Hadopi, il faudra utiliser des alias, des fausses adresses IP, des serveurs de proxys anonymes pour ne pas être démasqué par les caméras de surveillance du Net. Impossible, certes non. Impossible pour tous, en nombre et en compétence, manifestement. Donc cela fonctionnera comme les règles sur les bonus, et les caméras de surveillance. Cela n’empêchera pas le délit ou le crime, mais cela le rendra plus difficile, moins payant, et, partant, moins attractif…

La fausse bonne idée des primaires

août 25, 2009 on 3:52 | In Elections présidentielles 2007, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 2 Comments

Le Parti Socialiste français a choisi entre la poule et l’œuf. A savoir s’il leur faut choisir un leader qui soit populaire pour en faire un candidat de qualité à la Présidentielle de 2012, où s’il faut choisir un candidat de qualité et le rendre populaire. La tendance est maintenant claire: le parti va sur la voie des primaires, c’est-à-dire vers le choix d’une personnalité qui saura plaire à l’opinion, ou au moins à une certaine partie de l’opinion, au bon moment.

JusMurmurandi ne peut que saluer ce courage et leur souhaiter bonne chance, dans la crainte, pour le parti, qu’ils n’en aient drôlement besoin.

Comment ceux qui soutiennent cette méthode ne se souviennent-ils pas que, pour toutes les élections présidentielles françaises récentes, celui ou celle que les sondages plaçaient en tête quelques mois avant les élections a fini par perdre?

En 2006, Ségolène Royal apparaissait largement favorite devant Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs cette popularité qui a largement forcé la main à de nombreux socialistes et les a fait nommer Ségolène plutôt que Laurent Fabius ou Dominique Strauss-Kahn. On sait ce que qu’il en a été de la suite, et comment la candidate de « la France Présidente » a perdu une élection imperdable.

Car, à l’humble avis de JusMurmurandi, la question n’est pas tant de savoir qui sera le ou la candidat(e), mais (1) sur quel programme, (2) avec quels alliés, et (3) avec quel soutien du PS.

Et il faut reconnaître que, sur ces 3 points, le PS est non seulement en vacances, mais carrément aux abonnés absents.

Tel que c’est parti, après avoir perdu les européennes, le PS se dirige vers une véritable fessée aux régionales de 2010, où il se présente en parti sortant pour 20 des 22 régions françaises. Laquelle claque ne va faire qu’exacerber les querelles de personnes.

Ce, alors que la donne de 2012 s’annonce d’ores et déjà plus difficile pour le PS que 2007. Car, en 2007, Sarkozy, outre son équation personnelle peu favorable (petite taille, look moyen, nom à consonance étrangère, réputation d’agité et d’autoritaire), se présentait comme successeur d’un président largement discrédité et combattu à l’intérieur même de son propre parti. Lesquels facteurs négatifs ne se reproduiront sans doute pas en 2012, où il bénéficiera en plus de l’avantage du sortant.

Se souvenant que le mot « primaire », notamment associé à celui d’intelligence, se réfère à des actions instinctives, émotives, voire brutales, JusMurmurandi conseille au Parti Socialiste de procéder avec davantage de réflexion, et donc d’organiser, plutôt des « secondaires ».

Une transaction franco-américaine?

août 22, 2009 on 6:56 | In Best of, Economie, France, Insolite, International, Poil à gratter | 1 Comment

Les Etats-unis sont-ils menacés de soviétisme? A priori voilà une question grotesque. Eh bien non, car de nombreux Américains interprètent le plan de donner accès à la santé à tous les Américains, et donc aussi aux 40 millions de personnes qui n’ont aucune couverture santé, comme l’arrivée d’un système hyper-étatique coûteux, inefficace et la géré, spoliant les « bons Américains », c’est-à-dire ceux qui sont solvables, au profit de ceux qui ne le sont pas. Il faut dire que tenter de mettre en place un tel plan, forcément d’un coût colossal, surtout au pays qui connaît déjà le coût de la santé le plus élevé au monde, et de loin, au milieu de la crise économique la plus sévère des 80 dernières années a quelque chose de si provoquant qu’on peut parler de calendrier quasi-suicidaire.
Et lors des réunions de préparation de plan, on découvre que les passions américaines pour les questions sociales et sociétales, et notamment le rôle de l’Etat et les impôts, est plus grande que celle des Brésiliens pour le football. Une passion d’autant plus forte que de nombreux citoyens de bonne foi croient réellement que cette réforme met la patrie en danger. Une passion si forte qu’elle en deviendra presque inévitablement violente dans un pays qui compte plus d’armes à feu que de citoyens, comme on le voit déjà avec les querelles religieuses comme celle sur l’avortement, où tuer un médecin qui en pratique n’est pas si rare.

Alors qu’en France, les réformes de Nicolas Sarkozy n’entraînent « que » des grèves et manifestations somme toute très pacifiques, et la couverture santé universelle fait partie de nos acquis depuis longtemps..

Autre phénomène américain: la banque suisse UBS a proposé à des milliers de clients de faire échapper leur argent au fisc américain. Ce faisant la banque a commis un délit sur le sol US, ce pour quoi elle est susceptible de se voir interdire tout acte de banque aux États-Unis, ce qui interdit toute transaction en dollars, en actions ou en obligations américaines. Bref, ce qui ruine la première banque de gestion de fortune au monde. Ou plutôt achève de la ruiner après ses déboires très supérieurs à la moyenne lors de la crise bancaire. L’État suisse et la banque sont donc condamnés à trouver une transaction avec l’État américain pour éviter cette lourde condamnation, ce qui s’est fait cette semaine. Et le prix à payer est que UBS devra dénoncer au fisc américain des milliers de clients qui devront faire face à de lourdes condamnations. Car aux États-Unis la fraude fiscale n’est pas une affaire de seuls gros sous. L’Oncle Sam condamne souvent pour ces motifs à des peines de prison ferme, ce qui est indiscutablement une forme de violence sociale..

Alors qu’en France les fraudeurs du fisc, sauf rarissimes exceptions, non seulement ne risquent pas la prison, mais peuvent négocier et marchander avec Bercy, surtout si la dette est importante et le fraudeur éminent.

Nul doute que la France aimerait pouvoir forcer les banque suisses à dénoncer des milliers de fraudeurs du fisc. Nul doute que les Américains aimeraient avoir une couverture santé universelle à la Française.

Alors, à quand un échange de bons procédés? On leur envoie Sarko en stage, et on prend Obama pour quelques mois?

La Chine, pays de tous les extrêmes ou Empire du Milieu?

août 19, 2009 on 10:46 | In Economie, France, Insolite, International | 2 Comments

La Chine va-t-elle sauver le monde, ou tout au moins le tirer de la crise économique actuelle? Quand on voit, entre autres, les contrats signés avec l’Australie pour 41 milliards de dollars de gaz liquéfié, ou pour 6 milliards de dollars de minerai de fer, il y a de quoi être optimiste. Avec un pays qui a un besoin impératif de maintenir une croissance annuelle de 8%, et ce en étant déjà la deuxième économie mondiale, la mot de locomotive n’est pas trop fort. Même si c’est ahurissant de parler de locomotive quand le reste du monde roule en marche arrière.

De même, au moment où tous les Etats développés émettent des quantités infernales de nouvelle dette pour financer déficits croissants et plans de relance, le seul acheteur massif de cette dette, notamment celle en dollars émise par les États-Unis, est la Chine, dont les excédents de toute nature sont proprement ahurissants dans un contexte de déficits planétaires.

Dans le même temps, il y a de quoi être véritablement inquiet. Les centaines de milliards de dollars injectés par le gouvernement chinois pour maintenir à toute force la croissance malgré la crise mondiale qui a amputé les exportations et les investissements étrangers, deux moteurs traditionnels du boom chinois, génèrent en ce moment une véritable bulle immobilière. Même si c’est ahurissant de parler de bulle immobilière quand le reste du monde voit là un secteur effondré.

Pour autant, tout n’est pas rose au pays de la croissance chinoise. Comme ce pays a une économie où beaucoup se décide au niveau municipal ou régional, on a vu fleurir des entreprises d’intérêt local mais sans aucun espoir d’être jamais compétitives au niveau international. La crise impose de rationaliser ces entreprises soutenues à bout de bras par banques et pouvoirs publics locaux. Le problème, c’est que les ouvriers ne sont pas d’accord. Ainsi des ouvriers d’une entreprise d’acier à capitaux d’État se sont vus promis à une fusion avec un groupe privé valant privatisation. Comme ils redoutaient au passage de nombreux licenciements, ils ont accueilli leur repreneur en tuant purement et simplement le directeur. On est loin des New Fabris de Chatellerault, et deux privatisations ont dues être annulées dans le secteur de l’acier chinois pour cause de résistance trop violente de la base.

Donc la bouteille est-elle à moitié pleine, avec une Chine locomotive de la croissance mondiale et génératrice d’excédents on ne peut plus nécessaires, ou à moitié vide avec des entreprises déficitaires, des banques qui accumulent les crédits douteux et une bulle immobilière? Et si c’était pour cela que la Chine, traditionnellement, s’appelle l’Empire du Milieu?

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