Petit cours de paradis fiscal, de fraude, de chantage et d’histoire
février 24, 2009 on 3:24 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésVoilà un sujet sulfureux à souhait. On y trouve quasiment tous les tabous de la civilisation occidentale, tous les interdits, tous les scandales. Toutes les démagogies aussi. C’est pourquoi, après avoir chaussé ses cuissardes et enfilé son scaphandre étanche résistant aux contaminations nucléaires, bactériologiques et chimiques, Jusmurmurandi vous offre un petit abécédaire de ce dont on parle.
Paradis fiscal: se dit d’un pays où une activité où un actif ne paye pas (ou presque pas) d’impôts. Ainsi, pour les bateaux, le Panama est un paradis fiscal,raison pour laquelle, en termes d’immatriculations, le Panama a une des plus puissantes flottes commerciales au monde. Ceci n’a rien à voir avec un quelconque secret ou une quelconque fraude ou illégalité, uniquement avec l’absence d’impôts. Autre exemple: pour les citoyens monégasques, il n’y a pas d’impôts sur le revenu. Sur ce créneau là, Monaco est donc un paradis fiscal.
Évasion fiscale: se dit d’un flux ou d’un montant d’argent dont le propriétaire veut éviter qu’il ne paye de l’impôt, mais, à la différence d’un paradis fiscal, une évasion fiscale se fait en contournant ou en violant la règlementation fiscale d’un pays. Ainsi, si un exportateur se fait payer une partie de son prix de vente ailleurs que dans son propre pays pour éviter d’y payer cette partie de ses impôts, c’est de l’évasion fiscale. Il va de soi que l’évasion fiscale a tendance à se multiplier dans les pays à très forte fiscalité, et vers des paradis fiscaux. Pourquoi en effet détourner des capitaux d’un pays à faible imposition vers un autre où elle serait plus forte?
Fuite des capitaux: se dit de capitaux dont leur propriétaire organise qu’ils quittent un pays jugé risqué. Ceci peut se faire légalement, comme un investissement dans un pays étranger, ou illégalement par le biais de transaction occultes. Ainsi, le déclenchement de la mini-guerre avec la Géorgie a-t-il déclenché une maxi-fuite des capitaux de Russie par des citoyens inquiets.
Blanchiment de capitaux: se dit de capitaux d’origine illégale, souvent criminelle, que leur détenteur veut « légaliser » afin de pouvoir les utiliser. C’est l’argent des commissions occultes, de la drogue, de la prostitution, du racket, et autres activités de même nature. Pour « blanchir ces capitaux, il faut disposer d’une activité publique qui acceptera des rentrées le plus souvent en billets de banque, mais aussi en virements bancaires d’origine injustifiables, le tout sans poser de questions. Dès lors que les fonds seront recyclés par cette activité publique, leur provenance ne pose plus problème, ils sont « blanchis ». Ainsi un restaurant peut déclarer des recettes supérieures à son chiffre d’affaires réel, en les complétant par du liquide censé avoir été déposé par des clients en réalité fictifs. Le restaurant va donc faire un bénéfice artificiellement gonflé, lequel pourra être distribué le plus légalement du monde, en apparence tout au moins. Cet exemple est celui d’un blanchiment au petit pied, mais le même mécanisme fonctionne souvent à beaucoup plus grande échelle.
Comptes anonymes et secret bancaire. Ce sont des comptes dont le titulaire reste anonyme, protégé par le secret bancaire du pays où est le compte, comme la Suisse, le Luxembourg ou le Liechstenstein pour ne citer que l’Europe. Évidemment l’anonymat du compte peut servir à protéger de l’argent en fuite, ou illégal. Mais le secret est aujourd’hui levé quand l’origine criminelle des capitaux peut être alléguée. Et tout aussi évidemment, ce secret et cet anonymat se complètent bien avec une pression fiscale très faible.
Régulation: quand un pays veut attirer des capitaux, il peut choisir de compléter son attractivité principale, celle d’un paradis fiscal, par une régulation très limitée, ce qui permettra à des opérateurs de faire ce qu’ils veulent (y compris n’importe quoi, à commencer par des prises de risques exagérées), alors que ce serait interdit dans des pays à régulation plus développée.
Il est de bon ton en ce moment de taper sur les paradis fiscaux. Il y en a même un qui tape avec un très gros bâton, c’est l’Oncle Sam. Le fisc américain a réussi à prouver que la banque suisse UBS, par ailleurs déjà estropiée par la crise financière et mouillée jusqu’au cou dans le scandale Madoff, a aidé 300 de ses clients américains à frauder le fisc. Il a donc mis en demeure UBS de livrer le nom de ses clients et de payer une forte amende, ou de perdre sa licence bancaire américaine, ce qui lui interdit les clients américains, les actions et obligations et bons du trésor américains. Pour la première banque de gestion de fortune au monde, c’est quasiment un arrêt de mort. La banque a donc transigé, et, avec l’accord des autorités suisses, dérogé au célèbre secret bancaire pour livrer les noms des fraudeurs. Mais les autorités américaines en veulent plus, et somment UBS de livrer les noms de 52000 clients US, propriétaires présumés illégaux de 18.000 milliards de dollars.
Il va sans dire que l’Union Européenne s’engouffrerait dans une pareille brèche et réclamerait aussi les noms de tous les clients européens soupçonnés de pratiquer l’évasion fiscale en Suisse. Ce serait alors le plus retentissant scandale financier de l’histoire, car l’on constaterait que la Suisse abrite une formidable collection de tous les puissants de la terre. Les crapules en merde massive (pourquoi seul l’or serait-il massif?), narco-traficants, dictateurs cachant là le fruit de leur corruption et autres prévarications, trafiquants d’armes, proxénètes et ainsi de suite. Mais aussi de nombreux hommes riches plus soucieux de payer moins d’impôts que de suivre la loi à la lettre. Et on pourrait aussi trouver des sommes appartenant encore aux familles juives massacrées par les Nazis, sommes que les banques suisses n’ont restituées aux ayant-droits que sous la plus extrême contrainte (déjà!) et partiellement.
On y trouverait sans aucun doute aussi de nombreux politiciens de tous bords, y compris pourquoi pas des Démocrates du bord de ce même Obama dont l’administration menace UBS. Ainsi JusMurmurandi, toujours taquin, ne peut s’empêcher de constater que 2 des candidats retenus par le Président américain pour des postes importants ont du se récuser quand ils ont été confrontés à leur « oubli » d’avoir payé tel ou tel impôt. Même Timothy Geithner, aujourd’hui tout-puissant Secrétaire américain au Trésor a eu quelques soucis de ce côté-là, mais a néanmoins été confirmé par le Sénat.
On voit donc que les débat sur les paradis fiscaux a toutes les chances de se révéler croustillant. On commence fort civilement par vouloir réguler des place-fortes de la prise de risque sans limite, on continue par vouloir exploiter une des dernières ressources fiscales non encore mises à contribution, celle de la fraude et de l’évasion fiscales. On en profite pour jeter tout ce beau monde en pâture à la populace en mélangeant cette fraude fiscale qui n’est même pas un délit dans certains pays, avec la crise financière, les hedge funds, Madoff, les dictateurs et autres trafiquants. Et on va découvrir plus de secrets d’alcôve financière qu’il n’y a de contrôleurs fiscaux pour redresser tout ce joli monde, dont les démissions vont dépeupler le gotha de la finance et de la politique dans le monde entier.
Enfin ils vont, si la suisse « autorise » UBS à céder aux Américains. Car, pour sauver ainsi sa plus grande banque, la Suisse torpillerait une florissante industrie, ce qui n’est pas exactement dans leur nature. On peut donc s’attendre à une féroce résistance de la part d’un pays dont les défenses -ainsi que l’accueil par regardant du tout à leurs capitaux- a fait reculer les Nazis d’Adolf Hitler.
La suite promet d’être intéressante; JusMurmurandi se prépare à compter les coups, surtout s’ils sont bas.
Le triomphe du marché
février 19, 2009 on 8:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésIl est des ironies cruelles. A l’heure où les anti-libéraux, anti-marchés et autres partisans de l’économie régulée ont des arguments pour démontrer que « l’économie de marché, ça ne marche pas », JusMurmurandi pose une question simple.
Dans tous les pays gros producteurs d’automobiles, cette industrie est sinistrée. Pour le moment, les Etats mettent les producteurs sous perfusion d’argent public. General Motors consomme 2 milliards de cash par mois, et le montant requis pour lui permettre, ainsi qu’à son concurrent Chrysler, de survivre ne cesse d’enfler. Histoire de dire que ce n’est pas du qu’à l’ineptie de ces constructeurs, à l’asthénie du système bancaire américain, ou à l’état de dépression de ce marché, Nissan, constructeur ayant affiché la plus forte marge bénéficiaire mondiale, cherche une injection de fonds de 20 milliards de dollars.
Quand ce n’est plus seulement le cancre, mais toute la classe, y compris les meilleurs élèves, qui sont en grave difficulté, peut-être est-il temps de remettre en cause le programme. Or, justement, pour cause de pollution et de réchauffement climatique, de renchérissement et de raréfaction du pétrole, la fin de la civilisation de l’automobile avait été programmée.
Le problème, c’est que quand une conjoncture d’une violence extrême et inattendue dévaste cette industrie, subitement tous se réveillent pour se rappeler le nombre considérable de personnes qu’elle fait vivre. Ainsi l’Allemagne, pays si soucieux d’environnement qu’il a voté il y a des années déjà sa sortie du nucléaire, accorde une aide de 2500€ par voiture vendue, c’est-à-dire achetée.
Le problème, c’est que les aides d’Etat ne font rien pour régler le problème. Tout au plus le reportent-elles en permettant aux constructeurs de passer une échéance, puis une autre, puis encore une. En attendant une hypothétique reprise, après laquelle tous espèrent que « cela redeviendra comme avant ». Pire encore, les aides sont assorties de conditions qui minimisent l’impact social des mesures prises par les constructeurs pour se restructurer, ce qui retarde leur inévitable adaptation à un monde qui aurait effectivement, au moins pour sa partie occidentalo-développée, mis à terme à son histoire d’amour avec la bagnole.
Complément d’ironie, cette crise des achats automobiles a été déclenchée par la hausse vertigineuse du coût des carburants, hausse qui appartient maintenant à un passé qui paraît bien lointain. Mais la baisse des prix n’a pas fait repartir la demande, qui, ces derniers mois aux USA situe le volume du marché quelques 50 ans en arrière. Ce qui vaut aussi au Japon une baisse vertigineuse de son PNB du 4e trimestre, à -12,7%, entraînée par une baisse des exportations de 45%!
C’est pourquoi JusMurmurandi observe que ceux qui théorisent sur le retour de l’Etat face aux marchés ont peut-être raison en parlant des marchés financiers. Encore qu’il faudrait se demander si les montants gigantesques de capitaux investis et garantis par les pouvoirs publics ont jusqu’ici relancé les activités de crédit, ce qui n’apparaît pour le moins pas évident aux Etats-unis notamment.
Mais il est un maître que même les Etats ne peuvent faire plier, c’est le marché. Si les consommateurs continuent de refuser de consommer et préfèrent, comme actuellement, se désendetter et épargner, il n’y a pas grand chose que les Etats y puissent. Le Japon qui a vécu 20 ans de récession/stagnation malgré de nombreux plans de relance coûteux aurait pu servir d’exemple.
Le problème le plus aigu est donc de trouver une réponse efficace à la question « comment faire boire un animal qui n’a pas soif? » Car, comme le sait la sagesse populaire, « on peut mener son cheval au puits, on ne peut pas le forcer à boire. »
C’est la faiblesse de tous les plans de relance de la consommation, à savoir que les sommes distribuées ne seront pas dépensées, mais épargnées, et ne contribueront pas à la relance tant désirée. C’est donc jeter de l’argent dans un puits sans fond.
JusMurmurandi note avec intérêt qu’il y a eu une proposition originale pour tenter de sortir en force de cette situation. C’était de donner non pas de l’argent, mais des bons de consommation, qu’il s’agisse de produits alimentaires ou de chèques services. Quelle situation abrancadabrantesque quand il faut forcer les gens à consommer. Quelle leçon pour ceux qui n’aiment pas le marché!
Si l’Etat, en bonne logique, est conduit par ce qui précède à distribuer des voitures à ceux qui veulent, JusMurmurandi tient à faire preuve de civisme et acecptera sans barguigner d’être parmi les premiers à participer à ce programme!
Défendre l’extrème-droite et le négationnisme ?
février 11, 2009 on 2:49 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite, International | 2 CommentsIl y a des moments où le monde marche sur la tête, ce qui oblige à faire les pieds au mur pour l’avoir (la tête) à l’endroit. Ce qui rappelle le monde loufoque des Shadoks, avec ses escaliers pour descendre distincts de ses escaliers pour monter, ce qui valait un sort funeste à ceux qui s’essayaient à monter un escalier fait pour descendre ou à descendre un escalier propre à la montée.
Deux faits ont attiré l’attention de JusMurmurandi, qui requièrent pareille gymnastique.
L’un est la désexcommunication par l’Eglise catholique de Mgr Williamson, évèque ordonné dans la fraternité de Saint Pie V, lefèbvriste et très traditionnaliste. Le choeur des voix qui se sont élevées contre cette désexcommunication et ont vilipendé le pape a étouffé toute forme d’argumentation sous une menace d’excommunication pour « complaisance avec le négationnisme ». Pourtant il semble clair à Jusmurmurandi que le pape n’avait pas à tenir compte des idées négationnistes du lamentable évêque dans sa décision, mais uniquement d’aspects théologiques. Lesquels ne concernent pas JusMurmurandi. En effet, l’Eglise catholique, pas plus qu’une autre d’ailleurs, n’a pas pour mission de veiller au politiquement correct de ses ouailles, ni d’excommunier ceux qui, comme Williamson, se vautrent dans le nauséabond et l’ignoble. Il y a d’autres instances pour cela.
En France, les déclarations épiscopales auraient valu à leur auteur une comparution et une condamnation en correctionnelle. Elles sont également illégales en Allemagne. Et c’est très bien comme cela. Mais ce n’est pas là affaire d’Eglise. Sinon, que faites-vous de la laïcité? Si l’Eglise excommuniait pour cause d’illégalité, on serait en plein mélange de genres. En revanche, il appartient aux supérieurs ecclésiastiques de l’évêque perdu de veiller à ce qu’il ne puisse utiliser sa mitre pour propager son bien curieux catéchisme. Ce que et Rome et la Fraternité Saint Pie V ont fini par faire. Et les choses devraient en rester là.
On peut appartenir à une Eglise dès lors qu’on a une foi compatible avec celle-ci. Ce qui n’est pas la même chose qu’être bien-pensant. Il semble d’ailleurs bien que ne ne soyons plus qu’un monde de bien-pensants, alors même que de moins en moins de gens ont, dans les pays occidentaux, la foi.
L’autre fait est l’interdiction faite à un député d’extrême-droite néerlandais, Geert Wilders, de se rendre en Grande-Bretagne pour y projeter son film violemment anti-islam « fitna ». La thèse principale de ce film de 15 minutes est qu’il faut interdire le Coran qui serait une œuvre fasciste. Le motif invoqué par les autorités Britanniques pour refuser la venu de M. Wilders, pourtant parlementaire d’un pays de l’Union Européenne, est le trouble à l’ordre public. Et la privation de la liberté de circuler, de la liberté de parole, et de la liberté d’opinion, est-ce que cette privation ne trouble ni l’ordre public ni les consciences?
Outre le fait qu’elles sont contre-vérité et illégales, les thèses négationnistes de Williamson sont exécrables. Cela ne veut pas dire qu’il faille le rôtir, et à petit feu s’il vous plaît, en place publique ni l’excommunier.
Les thèses d’exécration du Coran de Geert Wilders sont aussi totalement choquantes. Lui non plus n’a pas pour autant mérité d’être assigné à résidence comme l’opposante birmane Aung San Su Kyi, dont le sort indigne les consciences occidentales. Mais pas plus.
Il est évidemment plus facile, plus sûr, plus payant de soutenir ces cas où le politiquement correct côtoie la bonne cause et le principe moral.
C’est justement à l’endroit où la pensée est dévoyée que le principe moral doit être affirmé avec force, faute de quoi il ne sera plus qu’un alibi de ce qui pourrait bien devenir un nouveau maccarthisme/fascisme/soviétisme/intégrisme et tous autres mots en « isme ».
Et dont le contraire s’appelle…. « liberté ».
A table!
février 11, 2009 on 7:25 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésN’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? On imagine facilement Nicolas Sarkozy se demander si tant d’efforts et de combats pour être élu Président de la République valaient le coup. Car le moins qu’on puisse dire est que sa présidence ne ressemble pas à ce qu’on pouvait imaginer. La faute à la crise, bien sûr, qui a bouleversé tous les équilibres.
Car ce qui est en train de se passer en Guadeloupe est ni plus ni moins une gifle pour le Président. Et ce n’est pas la première, ni la dernière. La population de l’ile, mécontente de « la vie chère » se met en grève. Et que constate-t-on? Que, pour peu qu’on veuille bien y jeter un coup d’oeil, la situation de distribution des carburants sur l’île est extravagante et entièrement à l’avantage du distributeur-raffineur qu’est Total, dont les stations-services sont, en outre, fermées pour empêcher l’ouverture de stations concurrentes! Le Secrétaire d’Etat Yves Jégo arrive sur place, et la valse des millions commence. Mise en oeuvre du RSA. Hausse des salaires de 200€ mensuels. JusMurmurandi vous rassure, ce ne sont pas les entreprises qui paieront, car elles exigent des compensations de l’Etat sous forme d’allègements de charges sociales. Et ainsi de suite.
Avant même que la situation de la Guadeloupe ne soit débloquée, la Martinique commence à faire de même, et les Martiniquais mettent la barre non pas à 200€, mais à 300€. Et la Guyane se dit qu’il n’y a aucune raison de ne pas en faire autant. Ce d’autant plus que c’est à la Réunion que tout a commencé et que l’Etat a ouvert grand son portefeuille.
Plusieurs commentaires s’imposent.
D’abord qu’il semble y avoir une étrange fatalité qui frappe les politiciens de droite dès lors qu’ils deviennent Présidents de la République. Que ce soient Giscard, Chirac, ou maintenant Sarkozy, élus à droite, ils ouvrent grand les cordons de la bourse (celle des autres, bien sûr, celle des contribuables présents et surtout futurs). Pourtant Sarkozy portait un projet clair, et on n’imaginait pas le voir tomber dans le radicalisme chiraquien. Oui, mais la crise est passée par là. Et Sarkozy, au-delà de mesures sociales annoncées dans sa campagne électorale et destinées à le dé-droitiser, tel le RSA, applique aujourd’hui une politique d’arrosage à tout-va que ne renierait pas un gouvernement de gauche. Il ne manque que la relance de la consommation.
La relance de la consommation, justement. C’est le dernier sujet à la mode. Toute demande d’avantages est aujourd’hui justifiée en disant qu’elle soutiendra l’activité économique, ou la consommation, ou l’emploi, voire les trois. Plus besoin de la justifier par la cause (le mérite, la justice, l’effort, par exemple), on justifie par l’effet. Et on ne discute plus « que » de l’efficacité relative des différents moyens (relance de la consommation contre relance par l’investissement ou soutien à l’industrie). Cela commence à ressembler à un glissement du capitalisme, où l’effet (rémunération) est adossé à la cause (à chacun suivant ses mérites) vers le communisme, où l’effet est adossé à tout autre chose (à chacun suivant ses besoins).
En conclusion, si l’aptitude d’un pays à minimiser la crise puis à en sortir rapidement est proportionnelle à l’intensité de la relance, alors il faut bien reconnaître que la France n’est pas très bien partie, d’autres pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment) annonçant qu’ils vont faire beaucoup plus que nous). Mais si cette « heureuse » sortie de crise est liée à la capacité de sa population à revendiquer en fonction de l’expression violente de ses besoins, alors la France a toutes les chances de figurer en tête du peloton. Pour une fois que les revendications sont « vertueuses ». Aux barricades, camarades, aux barricades!
Dans cet esprit de la relance par le besoin, JusMurmurandi demande ici solennellement à l’Etat un plan de relance de l’industrie du blog. La France, un moment première dans ce nouveau métier à la fois moderne, porteur d’avenir et « vert », a vu son leadership glisser. La faute, on s’en doute, à ces milliers de blogs délaissés par leurs auteurs, faute pour ceux-ci, écrasés de charges sociales, d’avoir les moyens en temps et en argent de les mettre à jour.
La proposition? Que chaque blogueur puisse passer 6 mois par an à son choix en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion aux frais de la collectivité reconnaissante. Transformer les DOM TOM en autant de Villa Medicis du futur, et les blogueurs en Prix de Rome, voilà une modernisation où tout le monde trouvera son compte. Et pour ce faire, bien sûr, il faudra doter ces îles d’infrastructures de télécommunications puissantes et modernes (du travail pour Alcatel et Astrium, des clients pour Orange et SFR), de moyens aéroportuaires accrus (voilà pour le bâtiment), afin de recevoir plus de visiteurs, venus en Airbus A380 (bon pour Airbus). Il ne manque plus que de l’énergie pour ne pas dépendre trop de l’affreux Total, alors on ajoute vite fait un EPR (bon pour Areva), et le tout est bouclé, et les îliens contents.
Comment, ce n’est pas encore fait? Mais que fait l’Etat? C’est indigne! Le Président nous méprise! Aux barricades, camarades, aux barricades! Vilipendons ce Président qui nous traite si mal. Disons-en pis que pendre, pour qu’il puisse mesurer la puissance de nos blogs, et l’ampleur de son erreur…
Besson le vichyste, à la même table que Kouchner le dénoncé?
février 8, 2009 on 3:16 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | 4 CommentsImaginons la scène suivante: dans un wagon de RER, un groupe de jeunes moleste une personne âgée pour lui voler son sac. Personne ne proteste ni ne s’interpose. Une fois leur sale coup fait, les voyous descendent à la prochaine station et disparaissent.
La police enquête et demande aux autres passagers d’aider à constituer un portrait robot des assaillants. Déjà mal à l’aise de n’avoir rien tenté, même verbalement, ils en remettent une couche en disant ne se souvenir de rien. En fait, ils ne veulent surtout pas s’exposer à des représailles s’ils étaient appelés à témoigner à un éventuel procès.
Nous dirions tous: »Honte! quelle belle bande lâches! », et nous aurions raison. Personne ne verrait à redire, bien au contraire, à ce que les témoins coopèrent avec la police. C’est tout aussi vrai dans des cas d’enlèvement d’enfant ou de viol par exemple, et de nombreux autres crimes crapuleux.
Pendant ce temps, Eric Besson suggère que les immigrés clandestins qui coopèreraient avec la police en dénonçant les réseaux de passeurs pourraient se voir donner des papiers de régularisation. Et là le cœur des bonnes âmes de vaticiner que l’on revient au temps les plus sombres de Vichy.
Pourquoi dans un cas la coopération avec la police est-elle un devoir moral et civique, et dans l’autre une indignité?
Pour mémoire, les passeurs de clandestins sont des ordures. Ils prélèvent des sommes exorbitantes en faisant des promesses mirifiques d’un Eldorado garanti, alors que les conditions de transport sont telles qu’il y a souvent des morts, comme dans ces bateaux dramatiquement surchargés qui dérivent en Méditerranée. Et ensuite ils font trimer les clandestins dans des conditions lamentables pendant des années pour « rembourser » leur passage.
Frédéric Lefebvre, porte parole de l’UMP, a donné une première réponse en expliquant la différence entre « dénonciation » et « délation ». La première s’applique aux coupables, la seconde aux innocents. La première est donc citoyenne, la seconde déshonorante. Et, bien sûr, seule la seconde est marqué de l’infamie vichyste. Sauf que c’est habile, mais faux. Car, sous Vichy, la loi était antisémite. Et donc dénoncer des Juifs était un devoir légal. Comme de Gaulle l’a montré, c’était illégitime, comme les pasteurs protestants l’ont prêché, c’était inhumain, mais c’était légal.
JusMurmurandi propose une autre explication. Violer, voler, frapper sont des crimes et délits unanimement reconnus. En revanche ne pas avoir de papiers ou frauder le fisc ne sont pas perçus comme des manquements à la loi. Au contraire, ils seraient presque une preuve de « débrouille » intelligente.
On ne saurait évidemment tenir rigueur aux associations de vouloir que la seule générosité guide l’action de la France, et que soient régularisés tous les clandestins passés, présents et à venir, mais agiter le spectre de Vichy à toute tentative de progresser dans la lutte contre les passeurs paraît plus que déplacé.
D’autant que les lois sur les repentis ont donné de spectaculaires résultats tant aux Etats-Unis qu’en Italie, deux pays qui ont ainsi porté des coups très durs à leurs crimes organisés (mafia, cosa nostra, n’drangheta etc.). Là il s’agit rien moins que d’absoudre des délinquants et criminels en échange de leur collaboration. Alors que Besson ne propose de régulariser « que » des clandestins, ce qui, à tout prendre, est moins grave que les crimes de sang qui sont la plupart du temps reprochés aux repentis.
JusMurmurandi voudrait poser une question. Que diraient ces associations, quasiment toutes très à gauche, qui hurlent au vichysme bessono-sarkozyen, ce qui soit dit entre nous est un non-sens pour qui voit le culte que le Président rend à toute occasion à la Résistance, culte qui scandalise aussi cette même gauche dans l’affaire de la lettre de Guy Môquet, si on leur proposait d’accorder immunité et pardon, ce qui est une forme de régularisation, à des banquiers qui en dénonceraient d’autres, coupables de turpitudes ayant joué un rôle dans la crise financière internationale?
On s’en doute. On ne parlerait pas de Vichy, mais de morale publique. Publique. Comme le comité de salut du même nom, présidé par un certain Maximilien Robespierre. J’en connais qui postulent déjà pour le rôle. Car l’exécution en règle de Bernard Kouchner, elle, est un vrai scandale digne d’une république bananière. Et là, la gauche, qui n’avait pas de mots assez durs contre l’auteur de ce livre à scandale quand il avait révélé le passé d’extrême droite de Mitterrand sur lequel celui-ci n’avait cessé de mentir, le trouve subitement divinement inspiré contre « ce pauvre Bernard » au motif que celui-ci a été travailler avec Sarkozy.
Et celui qui a bavé sur Kouchner à l’auteur du livre-torchon, il a commis une dénonciation ou une délation?
Amusant aussi de constater le point commun entre Kouchner et Besson. Deux hommes ex-PS. Et si ça comptait beaucoup plus aux yeux de certains que la réalité des faits? Le Comité de Salut Public, je vous dis.
La société de la peur
février 6, 2009 on 11:59 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | 4 CommentsNous avons peur. Peur de ce que nous savons, et plus encore de ce que nous ne savons pas. Et la peur devient l’un des moteurs principaux de l’opinion publique, relayée efficacement par des média qui y voient l’occasion d’augmenter leur diffusion.
Le exemples récents abondent. Bouygues Telecom a été condamné par le Tribunal de grande instance de Nanterre à démonter une antenne émettrice pour téléphones portables. Aucun problème médical n’a pu être imputé de façon certaine à ces antennes, mais la peur existe. Alors le tribunal, sans doute de peur de mal faire et de se retrouver responsable un jour, condamne au démontage. Même si les cours d’appel ont toujours inversé ces jugements de première instance. En attendant, cette condamnation contribue à faire peur à tous ceux qui ont des antennes à proximité de leurs maisons, bureaux ou écoles.
Et on peut comprendre les juges du TGI de Nanterre. Ce jugement spectaculaire leur vaut une remarquable couverture de presse, et une saine réputation de prudence. Alors que, s’ils avaient débouté les plaignants, qu’auraient-ils eu, sinon la réputation d’être des valets d’un pouvoir vendu aux intérêts d’un ami du Président?
Qu’importe, au passage, l’intérêt des usagers des téléphones mobiles, dont la couverture de réseau deviendra problématiques si des jugements de cet ordre deviennent exécutoires.
Autre peur qui est développée à satiété par des média avides de sensationnel: les morts « imprévues » dans les hôpitaux. UN exemple tragique aujourd’hui: le décès d’un enfant opéré quelques jours plus tôt des amygdales. On a déjà peine à imaginer le drame pour des parents qui se reprocheront toujours d’avoir ordonné une opération si banale qu’elle en est devenue fatale, et dont les nuit seront hantées par le souvenir de leur marche derrière un cercueil dont la trop petite taille indique qu’il est contre nature.
Est-il pour autant besoin que des meutes de journalistes assaillent ces parents au summum de leur deuil? Cela sert-il quelqu’un que de faire peur à ces millions de Français qui ne pourront plus passer la porte d’un hôpital sans angoisse?
Ils rejoindront les armées d’épargnants qui auront maintenant peur que leur argent n’ait été confié par leur banque, solide et rassurante, au patelin Bernard Madoff, qu’il faudrait vraiment appeler Docteur Mabuse, comme les légendaires films de Fritz Lang, tant il a abusé de gens.
Tant qu’à faire, ils rejoindront aussi les bataillons de ceux dont la Justice estime qu’elle a le droit de les envoyer en détention préventive (qui comptent pour plus de la moitié de la population carcérale française, ce qui est un taux honteux). Ainsi, avec le juge d’instruction, il est possible de se retrouver derrière les barreaux sans
avoir rien fait, et de se voir brisé et sa vie en ruines parce qu’un homme a acquis une intime conviction. La suppression proposée de cette fonction de juge d’instruction soulève de vives objections de la part de ceux qui craignent (la peur, toujours) que cela ne permettre d’étouffer des « affaires » comme l’affaire Elf, susceptibles d’éclabousser des politiques A ces objecteurs, JusMurmurandi voudrait dire que laisser en liberté les escrocs d’Elf lui paraît infiniment moins dommageable que d’incarcérer les innocents d’Outreau. Mais il est tellement plus payant de dénoncer les frasques de tel ministre et de sa maîtresse, et de clamer « tous pourris » que de manifester pour la libération de familles dont le moins qu’on puisse dire qu’elle n’appartiennent à aucun lobby puissant qui les soutiendrait.
George Orwell avait déjà prédit cette situation du gouvernement par la peur. Dans son univers totalitaire, la guerre était permanente avec l’un ou l’autre des 2 empires rivaux, qui balançaient des bombes sur la population civile comme le Hamas des roquettes. Sauf qu’on ne savait pas si ces bombes étaient vraiment le fait d’ennemis réels, ou du régime lui-même pour mieux maintenir la population en état de totale obéissance.
Toute ressemblance avec le fait que les massacres du Théâtre de Moscou et de Beslan soient peut-être le fait des forces de l’ordre russes, lesquelles ont comme par hasard comptabilisé des attentats meurtriers à chaque campagne électorale majeure, serait une coïncidence fortuite.
Comme aussi le fait que l’administration Bush rehaussait périodiquement le degré d’alerte terroriste sur le sol américain, ce qui maintenait le peuple dans la conscience aiguë de la dangerosité du monde et le devoir de donner à son Administration tous les moyens pour combattre les redoutables Osama Bin Laden, Al-Quaeda et autres mystérieux ennemis mortels de l’Oncle Sam
Entendons-nous bien. Il n’est pas question de dire que ces menaces n’existent pas, tant celles des terroriste islamistes que celles des accidents hospitaliers. Ni que les attentats sont le fait d’un gouvernement contre ses propres citoyens. Mais il est visible que la peur est devenue un puissant moyen de gouvernement, dont la diffusion sert les partis au pouvoir.
Du temps des Romains, il fallait, pour plaire au peuple et pouvoir gouverner en paix, lui donner « panem et circenses », du pain et des jeux. Maintenant il faut ajouter la peur à ce tandem.
Quel progrès en 20 siècles!
Le tigre devient petit cochon
février 3, 2009 on 5:55 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésQui se souvient du « tigre celtique », surnom donné à la petite Irlande pour honorer son fort taux de croissance, souvent plus proche de celui de la grande époque des « tigres d’Asie » que de celui de la vieille Europe? JusMurmurandi se remémore les innombrables articles écrits à la gloire de la façon dont les Irlandais surent profiter de généreux fonds européens, comment il attirèrent de nombreuses entreprises étrangères grâce à des taux d’imposition si bas qu’ils ressemblaient furieusement à du dumping fiscal, combien de jeunes Français doués et ambitieux trouvaient à Dublin ce que la France ne savait plus leur offrir, à savoir un avenir.
C’est pourquoi ce fut un choc pour les partenaires européens de l’Irlande de voir les citoyens de la verte Erin voter « non » à 53% au référendum sur le Traité de Lisbonne, et être le seul pays à faire dérailler la mécanique si vite et si irrésistiblement mise sur les rails par un Nicolas Sarkozy fraîchement élu. Comment ceux qui en avaient tant bénéficié pouvaient-ils aujourd’hui se montrer si ingrats, et mordre ainsi la main qui les avait nourris?
C’est pourquoi c’est avec une « schadenfreude » non dissimulée que JusMurmurandi s’est délecté de la lecture d’un sondage annonçant qu’aujourd’hui se dégagerait une forte majorité de « oui » sur le même texte. Schadenfreude, mot pour désigner la joie que l’on ressent devant les dommages que subit un tiers. Car ce n’est pas la concession faite par les Européens pour servir de feuille de vigne à un nouveau vote, à savoir que l’Irlande conservera un commissaire européen, qui entraîne ce revirement, mais bel et bien la crise. Crise qui frappe d’autant plus durement le pays que son développement est récent, qu’il s’appuie beaucoup sur des entreprises étrangères et donc sur des exportations mises à mal par la chute de la consommation mondiale, et que ce développement a été financé par des banques particulièrement agressives. Laquelle agressivité leur a valu de prendre des claques qui, en pourcentage, dépassent celles des autres pays européens, et rappellent qu’il n’y a qu’une lettre d’écart, et encore sont-elles voisines d’alphabet, entre l’Irlande et cette autre île aujourd’hui éprouvette de laboratoire de la crise mondiale, l’Islande.
Il y eut bien, quand la crise financière menaça de tout emporter, une tentative irlandaise de faire, comme à l’habitude, cavalier seul pour être mieux-disant bancaire, quand le gouvernement irlandais garantit tous les dépôts de ses banques. Cette manœuvre, qui irrita contre elles tous ses partenaires, furieux de voir l’Irlande jouer la concurrence intra-européenne pour tenter de sauver seule sa peau, trouva son épilogue quand ce fut au contraire un type de plan financier unique calqué sur le modèle britannique, qui fut mis en place pour calmer la tempête financière.
Ce fut le dernier rugissement du tigre.
Depuis, les Irlandais se sont rendus compte de la fragilité de leur prospérité. Ils ont aussi observé à quel point la crise est plus aiguë chez eux et chez leur cousin britannique que chez les grandes puissances continentales, la France et l’Allemagne. En particulier, l’effondrement de la livre anglaise, quasiment à parité aujourd’hui avec l’euro, que touchent du doigt ces grands voyageurs que sont les Britanniques dès qu’ils mettent le pied dans le reste de l’Europe. Ils ont vu à quel point le calcul qui leur fit voter « non », à savoir que le blocage du traité leur permettrait d’en rester à un statu quo qui leur valait de grasses subventions sans cela promises à migrer vers l’Est européen plus pauvre, leur avait coûté en bonne volonté et en soutien de leurs partenaires. Ils ont constaté une solidité totalement inattendue de l’Euro face à une tempête qui eût du balayer une monnaie jeune et dont beaucoup de Cassandres prédisaient qu’elle imploserait au premier coup de tabac.
Que fait-on quand on se sent seul, et trop petit pour faire face à la tempête? On se réfugie chez plus fort que soi. C’est la stratégie des 3 petits cochons face à l’attaque du grand méchant loup, bientôt regroupés dans la seule maison construite en « dur » et capable de résister à l’ennemi.
Passer du statut de tigre à celui de petit cochon, voilà qui ramène sans ménagement l’Irlande à plus de modestie. Dommage qu’il ait fallu une si grave crise pour lui faire toucher du doigt le prix d’une politique de cavalier seul.
Et une leçon pour les Européens aussi. Qu’ils n’oublient pas qu’au plus fort de la tempête, quand il fallait vaincre le tsunami bancaire ou mourir, ce ne sont pas les traités européens qu’on a vu à l’œuvre, pas plus que les autres accords ou institutions internationaux, mais les leaders des grands pays: Gordon Brown, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel
En attendant, l’Irlande a retrouvé sa place au sein de l’Europe, celle qui lui a valu son intégration réussie. Pas celle du tigre qui mangeait leur déjeuner sous les yeux de ses voisins ébahis par tant d’audace impunie, mais celle du petit cochon: à la mangeoire.
Je te tiens, tu me tiens…
janvier 30, 2009 on 8:15 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Insolite | Commentaires fermésPar la barbichette…
Il faut beau, nous n’allons pas commencer à pousser la chansonnette alors que la météo prévue pour le week end est clémente !!
Revenons en plutôt au thème de notre article, au travers de ce que nous avons vu hier.
Grande journée de mobilisation entre un et deux millions de personnes dans les rues, les syndicats peuvent bomber le torse.
Il faisait beau déjà hier, pour ceux qui ont la possibilité de défiler sans se défiler, pourquoi pas prendre un bol d’air, au frais du contribuable en plus si possible comme certaines lignes RER de la RATP/SNCF ?
Mais au fond était ce si tendu, si réussi que cela?
Il faisait beau, les petits oiseaux chantaient, et après ?
Car premièrement, une manifestation n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle en est à sa première itération. Manifester dans la durée, c’est difficile. Et l’on ne sait pas quelle suite sera donnée à ce coup d’éclat qui risque de n’être qu’un feu de paille.
Et en plus, pour ou contre quoi les défilés ont ils eu lieu ? Le gouvernement avait pris soin de retirer le projet de modification du lycée pour qu’il n’y ait pas de texte majeur de ce type qui aurait servi de fédérateur, et bien lui en a pris.
Donc, déjà, les syndicats ont peut être fait le plein dans la fonction publique, et chez les retraités (de la fonction publique aussi, entre autres) mais il n’y avait pas d’étudiants en nombre significatif.
Deuxièmement, si les taux de grève étaient élevés, ceux de service aux clients (N.D.L.R. JusMurmurandi a exclus de son vocabulaire le mot usager depuis longue date, ne reconnaissant que les clients) l’étaient pour une bonne part aux heures de pointe.
De plus, certains ayant pris leurs précautions, et puisqu’il ne s’agissait que d’une journée, la circulation fut dans l’ensemble fluide, jusqu’à être meilleure qu’en jour « normal ».
Enfin, le service minimum a visiblement marché.
Car les syndicats savent qu’ils ne peuvent aller trop loin. Derrière le non respect de la loi républicaine (eh oui, appelons les choses par leur nom) se profile l’ouverture à la concurrence sur ces segments de marché où ils sont encore en monopole : Poste, transports, contrôle aérien.
S’ils s’aliènent le gouvernement, ce dernier ne se fatiguera pas autant pour défendre les intérêts des entreprises concernées, car les intérêts des syndicats seront moindres que ceux des Français qui profiteront de cette ouverture à des fournisseurs étrangers.
Ils savent aussi qu’à chatouiller le gouvernement sur le non respect de l’esprit de la loi sur le service minimum peut être instauré la réquisition qui rend incarcérables ceux qui refuseraient d’obtempérer. Mesure ultime, mais bel et bien existante. Sans parler de revisiter la loi purement et simplement et supprimer les « niches » grèvistes comme on supprime les niches fiscales.
Si l’on peut légitimement avoir de la compréhension pour les salariés de l’automobile et plus généralement du secteur concurrentiel pour leur angoisse face à la crise, cette même compréhension est au niveau zéro chez JusMurmurandi pour des salariés du public qui ont la garantie de l’emploi et par conséquent plus facilement accès au crédit, et bénéficiaient d’une retraite améliorée jusqu’à la réforme engagée par le gouvernement d’aligner tout le monde au moins sur la durée de cotisation. Égalité, quand tu nous tiens….
Non, vraiment les seuls qui n’avaient rien à perdre, rien à troquer, c’étaient ces braves socialistes qui n’ont pas voulu appliquer la loi républicaine en instaurant l’accueil pour les enfants dans les écoles, comme Bertrand Delanoë à Paris, qui préfère dépenser l’argent des Parisiens pour faire la fête que pour les soutenir dans des conflit où ils sont pris en otages.
Car le seul mode de communication des socialistes depuis 2007, c’est soit l’outrance, soit la négation.
Et hier, par la négation, on a effectivement parlé d’eux, en montrant que certaines mairies ont préféré défendre leur archaïsmes contre l’intérêt collectif, s’arc bouter sur un combat d’arrière garde, plutôt que de faire preuve de pragmatisme au risque de passer pour des « collabos », comme Bockel, Kouchner, Besson, Jouyet, et tant d’autres…
Sauf que pour ces maires aussi qui ne respectent pas la loi républicaine, l’avenir risque de se compliquer si, comme JusMurmurandi l’espère et le souhaite, les Préfets, bras séculiers du gouvernement, décident de les poursuivre devant la justice.
Dura lex, sed lex.
Benoît XVI, pape de la laïcité?
janvier 26, 2009 on 5:41 | In Incongruités, Insolite | Commentaires fermésBenoït XVI a décidé de désexcommunier les fidèles de Saint Pie X, c’est-à-dire le groupe de Chrétiens qui, pour pouvoir continuer à pratiquer « à l’ancienne », avaient choisi de suivre Mgr Lefèbvre, lequel avait été excommunié pour avoir, en tant qu’archevêque, ordonné des évêques sans l’accord de la papauté.
Cette réintégration ne serait pas un sujet pour JusMurmurandi si elle se bornait à cela, c’est-à-dire à un choix théologique impactant une toute petite famille de la chrétienté (500 prêtres, 150.000 fidèles).
Mais il y a plus, car l’excommunicateur des lefèbvristes n’est autre que le défunt et très charismatique pape Jean-Paul II, dont on pensait qu’il avait été en tout le mentor de l’actuel pape Benoit XVI, et dont le fait d’avoir été le plus proche collaborateur du pape polonais fut probablement pour beaucoup dans son élection. Or ce geste a été fait sans que les lefèbvristes en fassent un, comme celui de reconnaître le Concile Vatican II, qu’il détestent en ce qu’il a modernisé et ouvert l’Eglise. Il y aurait donc du Brutus chez Benoït XVI…
Bien sûr il est tentant de se dire que Benoît fait ce qu’il peut pour récupérer des âmes perdues au sein d’une Église en perte de vitesse face à la modernité du monde et en butte à un Islam dont le dynamisme en Europe et dans le monde contraste avec le vide croissant des églises.
Ce serait oublier que Benoit XVI est avant tout un théologien, lequel a dénié aux communautés protestantes le statut d’Eglises, au nom d’un « trop faible contenu théologique », choquant au passage des millions de chrétiens, et rejetant à plus tard, beaucoup plus tard, toute possibilité de réunification des deux plus grandes branches de la chrétienté. L’ouverture à l’aile ultra-conservatrice de Benoît XVI n’est donc pas une tentative d’embrasser plus large pour mieux résister aux défis de l’époque.
Mais là où l’affaire devient passionnante, c’est que, parmi les désexcommuniés, figurent les 4 évêques lefèbvristes, et notamment un certain Mgr Williamson. Lequel a embarrassé toute la catholicité en déclarant cette semaine à une radio suédoise que les preuves historiques vont « massivement à l’encontre de six millions de Juifs gazés délibérément ». Entre autres horreurs négationnistes.
Et là, bien évidemment, l’idée de réintégrer un homme professant de telles idées et, qui plus est, sous couvert de son autorité morale épiscopale, est insupportable à beaucoup, qui condamnent le Vatican dans les termes les plus violents. Et rappellent, histoire de jeter de l’huile sur le feu, l’appartenance qui fut celle du jeune Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI, à la Hitlerjugend, ou jeunesses hitlériennes.
Or il n’y a rien, là, qui choque JusMurmurandi, alors même que nous réprouvons absolument tout ce qui, de près ou de loin, représente la moindre tolérance pour les abominations nazies, qu’elles soit en actes ou en paroles. Pourquoi? Parce qu’il suffit de se souvenir que l’Eglise catholique et romaine n’a jamais excommunié les nazis en tant que tels. Pas plus que d’autres monstres ou dictateurs. Où a-t-on vu que, par exemple, tous les condamnés des assises, les assassins, les violeurs, se verraient excommmuniés? Au contraire, les aumôniers des prisons veulent absolument ramener à la Foi les criminels. Et Jésus Christ dit que, comme le médecin vient pour les malades et non pour les bien portants, il est venu non pour les justes mais pour les pécheurs.
Ainsi, en ne reculant pas devant les déclarations de l’évêque britannique, l’Eglise catholique affirme qu’elle n’est pas comptable des pensées de ses membres, et pas juge de leurs actions. Qu’elle se « contente » des âmes, de leur foi et de leur pratique religieuse, et non des actes terrestres tels que la politique. Qu’elle condamne des pratiques légalement acceptables, dans le domaine sexuel notamment, alors qu’elle accepte des pratiques que la loi condamne, en matière idéologique et politique notamment.
A l’Etat britannique de condamner, s’il le juge bon, et comme le ferait l’Etat français, les déclarations de Mgr Williamson. Mais pas question de lui refuser le pardon des péchés. Chacun chez soi et les vaches (ici, les fidèles) seront bien gardées, montrons bien la séparation de l’Eglise et de l’Etat
Cette position porte un nom, que Benoît XVI déteste pourtant. Cela s’appelle la laïcité.
Ne me quitte pas !
janvier 24, 2009 on 12:05 | In France, Insolite, International | Commentaires fermésChacun sait que l’un des plus grands dangers lorsque l’on arrive aux plus hautes fonctions, c’est de perdre le contact avec la réalité, avec le sens commun.
En politique, c’est de ne plus pouvoir communiquer avec ses électeurs qu’au travers des filtres de conseillers.
On se souvient par exemple du débat télévisé organisé par Claude Chirac pour son Président de la République de père avec des adolescents et étudiants pour promouvoir l’adoption de la Constitution européenne, en 2005.
Après être arrivé à court d’argument car il était sec par rapport aux aspirations de ces jeunes électeurs, la seule phrase qui lui vint à l’esprit fut « Je ne vous comprends pas », aveu ô combien fort de son impuissance, de sa perte de contact avec l’électorat et de ses préoccupations.
De la même façon, on se rappellera combien François Mitterrand, déjà bien âgé, avait le souci d’apparaître à l’écoute des jeunes. Dans une de ses interviews, avec des questions ostensiblement convenues à l’avance, à celle où le journaliste lui demande s’il est « branché » [NDLR "à la mode"] il répond « Je suis même câblé » qui était l’ultime version du même mot pour exprimer le fait qu’il était « dans le vent ». JusMurmurandi, soucieux de ne pas polémiquer s’en tiendra pour cette fois à la forme quant à savoir si Mitterrand était un personnage à la mode….
Enfin qui a oublié les SMS présidentiels de Nicolas Sarkozy, qui sont là encore une expression d’un souci comparable de rester en contact mais aussi d’apparaître dans le coup.
Car si l’on est à l’écoute mais que cela ne se voit pas, encore une fois en particulier en politique, ce n’est que partie remise.
C’est pour cette raison que JusMurmurandi trouve symbolique que Barack Obama, fervent utilisateur du Blackberry, a obtenu le droit, la permission de continuer à s’en servir.
D’abord parce qu’il a du ruer dans les brancards et rappeler à ceux qui prétendent le protéger « pour son bien » que lui supprimer son outil de communication préféré relève de son choix personnel et pas du leur, marquant ainsi son territoire, et imprimant clairement sa volonté de changement. Mais aussi, comme expliqué plus haut, pour que l’on puisse toujours avoir accès à lui de façon directe, et non au travers du filtre, du tamis, constitué par sa horde de Secrétaires d’Etat, conseillers, et autres vizirs grands ou petits de toute nature.
Research in Motion, le fabricant, sortira t il un …..Obamaberry ???

Barack H. Obama et son Blackberry
Mieux fait de se taire…
janvier 22, 2009 on 7:22 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite | 2 CommentsFlorilège des déclarations que leurs auteurs auraient mieux fait, pour leur réputation, de s’abstenir de faire
Frédéric Lefebvre, porte parole de l’UMP, parlant du besoin de réformer les entreprises et leur gouvernance, veut des administrateurs véritablement indépendants, c’est-à-dire non rémunérés par l’entreprise dont ils sont administrateurs, et spécialistes du contrôle. En sommes des contrôleurs indépendants fouillant en permanence pour voir s’il n’y a pas de soucis. Pour ces nouveaux rôles d’administrateurs, il ne devrait y avoir aucun problème de recrutement: la suppression de la fonction de juge d’instruction, magistrat indépendant et enquêteur, devrait libérer de nombreux candidats répondant au souhait de M. Lefèbvre. Faute de quoi les inspecteurs du travail ont aussi un très bon profil, puisqu’aucune compétence en matière d’entreprise n’est apparemment requise.
Ségolène Royal, candidate PS autoproclamée à l’élection présidentielle de 2012, parlant de la vague de moqueries soulevée par ses déclarations disant qu’elle avait inspiré Barack Obama: c’était de l’humour! On se demande ce qui est le plus consternant: qu’elle pense effectivement avoir été copiée, ou qu’elle n’ait pas compris à quel point de telles remarques étaient risibles.
John Roberts, Président de la Cour Suprême des Etats-Unis d’Amérique, s’est emmêlé les crayons au mauvais moment. Celui, infiniment solennel, où il a fait prêter serment au nouveau Président, Barack Obama. Il a tout simplement mal placé le mot « fidèlement », et l’a ressorti au mauvais endroit. On aurait pu penser que le juge aurait répété et se serait mieux préparé. On aurait pu penser aussi que le nouveau Président aurait su le bref texte par cœur. Ce qui appelle deux commentaires. L’un, que ce n’est pas à Nicolas Sarkozy que ce serait arrivé, lui qui aurait déjà « vécu » ce moment mille fois par avance dans sa tête. L’autre, que si c’était arrivé à George Bush, tous les commentateurs se seraient précipité pour en tirer encore une preuve de son crétinisme.
Mais la palme revient à Samir Abu Hamza, qui est le dirigeant du réseau d’information islamique en Australie et Australasie. Cette « autorité religieuse » a déclaré qu’il était légitime qu’un homme recoure à la violence contre sa femme si les autres moyens de la faire obéir ont échoué. Mais seulement la violence légère, assure-t-il. Et de continuer en indiquant qu’une femme n’a pas le droit de refuser tous les désirs sexuels de son mari, ce qui fait qu’il ne comprend pas la définition australienne du viol. Sans commentaire…
Les oiseaux
janvier 18, 2009 on 7:40 | In Best of, Insolite, International | Commentaires fermésLe grand Alfred Hitchcock fit de ces animaux les héros d’un film magnifique, effrayant avec comme actrice vedette Tippi Hedren, également connue parce qu’elle est la mère de Mélanie Griffith.
Eh bien ces oiseaux sont les héros d’un évènement récent qui a connu une fin heureuse, lorsqu’un avion ayant décollé de l’aéroport de la Guardia à New York fut confronté, sous réserve de confirmation, à un vol d’oies sauvages.
Heureusement, malgré l’absence de puissance moteur, le pilote (et son copilote) réussirent à faire amerrir leur Airbus sur la rivière et l’équipage commercial gardant son sang froid put évacuer l’ensemble des passagers sans qu’une seule victime ne soit à déplorer (une jambe cassée, d’après nos dernières informations).
Bref, une bonne nouvelle.
Au delà de l’évènement, qui a retenu l’attention de tous les média, JusMurmurandi voudrait tirer quelques conclusions.
Tout d’abord, en dépit de ce que prédit la presse, il est aussi possible de parler de bonnes nouvelles, en particulier en cette période morose, où chaque organe y met du sien pour noircir le tableau.
Deuxièmement, lorsque vous avez un accident en avion, il en possible d’en réchapper vivant, même si l’on parle toujours plus des accidents mortels que de ceux où des passagers sortent à 37,2° en marchant. En particulier, les amerrissages, lorsqu’ils sont réussis et avec des avions qui ont les ailes en dessous de la cabine pour servir de flotteurs, les cas sont assez nombreux pour être significatifs.
Troisièmement, il est important de faire mentir les statistiques de temps en temps. La probabilité que les deux moteurs s’éteignent en même temps juste après le décollage est en effet tellement rare qu’elle ne figure dans aucun travail en simulateur pour les pilotes en fonction ou en formation.
Quatrièmement, il faut toujours garder les yeux ouverts avant de faire de grandes déclarations. JusMurmurandi était en effet mort de rire, après avoir appris que l’on cherchait désespérément les moteurs pour confirmer la thèse des oiseaux comme origine de l’accident, en entendant que l’un des deux était toujours….accroché sous l’aile droite de l’avion. Mais où les « experts » avaient ils la tête???
Entre temps, on a retrouvé le second à l’aide de cette invention anglaise datant de la deuxième guerre mondiale, le sonar (le mot, JusMurmurandi le rappelle est un acronyme pour sound navigation and ranging).
Enfin, il vaut toujours mieux être le premier, car personne ne se souvient du second; en l’occurrence, qui connait le nom du copilote, qui a certainement aussi « mouillé sa chemise » vendredi après midi ??
Et coup de pied de l’âne, ou dernier coup de bec de l’Histoire, c’est selon, tandis que tout le monde retenait son souffle autour de cet évènement hors du commun, personne, ou presque, n’écouta le discours d’adieu de George W. Bush qui décidément sort de la Maison Blanche par la petite porte….
Ne perdons pas notre temps!
janvier 18, 2009 on 8:26 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésMême plus le temps de parler! L’opposition s’étrangle de colère, et ne trouve pas de mots assez forts pour qualifier le projet sarkozyen de limite du temps de parole. Il est accusé de vouloir étrangler la démocratie, bâillonner l’opposition, égorger la constitution.
Qu’est-ce qui est en cause? Aujourd’hui, chaque groupe parlementaire dispose à l’Assemblée Nationale du droit de déposer des amendements à un projet de loi. Un droit illimité. Cela a permis à diverses oppositions de déposer des milliers d’amendements à tel où tel moment où un gouvernement proposait un texte dont elle ne voulait vraiment pas.
Ces amendements par milliers ne sont évidemment pas sérieux, car il n’y a pas des milliers de variantes possibles à un texte. Les députés en déposent donc qui ne diffèrent entre eux que par quelques mots. Ils en déposent qui ne sont même pas en français. Il n’est pas besoin qu’ils fassent du sens, ni qu’il y ait beaucoup de députés pour les défendre. C’est un droit, l’opposition en use. Et ne supporte pas que le projet actuel veuille le plafonner.
Il faut dire que la tendance récente est à une hyperinflation du nombre d’amendements. Ainsi la gauche en a déposé en moyenne cinq fois plus de 2002 à 2007 que la droite contre elle de 1997 à 2002
Cela peut atteindre des sommets hallucinants, comme les quelques 137537 amendements déposés en 2006 contre le projet gouvernemental relatif à l’énergie.
A la fin de 2008, le gouvernement a du demander au Président de France Télévision de supprimer de lui-même la publicité à la télévision, faute d’avoir pu, du fait d’une obstruction massive de ce type, mener à bien le travail parlementaire sur ce texte, qui n’était donc pas passé au Sénat. D’où aussi le ridicule d’un débat au Sénat pour légiférer sur une situation déjà actée par une décision de gestion de la société publique concernée.
Cette situation n’est pas propre à la France, puisque qu’aux Etats-Unis, cette obstruction par voie d’amendements porte le joli nom de « filibuster », dérivé du français « flibuste ».
Mais elle est de peu de conséquence en France, où le gouvernement dispose du célèbre article 49-3 pour forcer un vote sans débat, ce à quoi l’opposition voulait sans doute contraindre Nicolas Sarkozy, moment auquel elle eût pu l’accuser d’abuser de cet article pour court-circuiter la vie parlementaire. En oubliant au passage qu’elle-même, quand elle était au pouvoir a eu recours non seulement à cet article 49-3, mais aussi au gouvernement par ordonnances, encore plus rapide puisqu’il évite tout passage par l’Assemblée Nationale.
JusMurmurandi ne s’émeut pas beaucoup de tous ces troubles. La gauche criera et le texte passera limitant la temps de parole, ce dont la gauche se réjouira quand, un jour sans doute, elle sera à son tour au pouvoir.
De fait, il n’est pas sain qu’un gouvernement qui dispose d’un majorité légitime ment élue ne puisse pas légiférer, ce qui revient à nier sa victoire démocratique. Aux Etats-Unis, la seule façon pour une majorité d’échapper à un « filibuster » est de négocier pour que son texte reçoive le soutien de suffisamment de membres de l’opposition pour qu’il passe.
Car aux Etats-Unis, même avec des Présidents aussi polarisants que Richard Nixon, Ronald Regan ou George Bush, le travail parlementaire permet les votes individuels, alors qu’en France l’opposition fait presque toujours le choix de l’opposition systématique et en bloc. On en a vu un seul contre-exemple récent en France quand la voix de Jack Lang, seule, a permis à Sarkozy de faire passer sa réforme constitutionnelle.
Cela peut même aux USA aller jusqu’à ce que le gouvernement renvoie chez eux les fonctionnaires qu’il n’a plus les moyens de payer, faute d’avoir pu voter le budget! Que voilà une saine incitation à ne pas perdre de temps, et à s’entendre par-delà les clivages politiques!
De ce point de vue, adopter la pratique américaine serait un vrai progrès, une vraie ouverture. Encore faudrait-il que le MoDem, le PS ou le PC s’y prêtent, eux qui ont été la seule opposition d’un grand pays à ne pas voter le plan de soutien aux banques.
Dans l’attente de cette ouverture-là, la situation actuelle sera celle où le travail parlementaire n’aura pas beaucoup de sens, vue la capacité du gouvernement de passer en force. Et donc les dizaines de milliers d’amendements de l’opposition ne sont que du temps, de l’énergie et de l’argent des contribuables perdus.
Les limiter n’est donc pas forcément si inintéressant que cela. Car cela permettra peut-être d’amener les députés et sénateurs à travailler sur des sujets plus utiles. Auraient-il le sentiment d’en manquer, que JusMurmurandi et ses lecteurs pourraient en suggérer quelques-uns.
Get well soon, Steve Jobs !
janvier 15, 2009 on 2:19 | In Economie, Insolite, International | Commentaires fermésIl y a des entreprises où les patrons occupent une place exceptionnelle.
Certains les ont dirigées (comme Alfred Sloan chez General Motors pendant une bonne partie du 20ème siècle, ou Jack Welch chez General Electric); d’autres les ont même crées, comme Steve Jobs chez Apple.
L’entreprise est célèbre pour avoir débuté au cours des années 70 dans un garage et introduit l’ordinateur dit personnel sur le marché.
Ce fut le commencement avec l’Apple II, qui permit aux foyers d’avoir une puissance de calcul, des jeux jusqu’alors inconnus.

Apple II
Au début des années 80, ce fut une nouvelle révolution; la collaboration avec les techniciens de Rank Xerox et le célèbre PARC (Palo Alto Research center) donne naissance au Macintosh, et sa fameuse souris dont on vient de fêter le quarantième anniversaire.

Apple Macintosh
Même si l’architecture était dite « fermée », tant du point de vue matériel que logiciel, ce fut une vraie révolution.
Convivial, facile à utiliser, beaucoup plus que son concurrent de chez IBM, le PC, il marqua son temps de manière très significative.
Les Macbook qui sont vendus aujourd’hui sont toujours les descendants, bien améliorés de cette technologie.
Enfin dans les années 2000, c’est l’arrivée de la musique « portable » sans support matériel.
Après les Walkman et Discman de Sony qui marchent avec cassette ou CD, Apple lance un troisième pavé dans la mare avec l’ Ipod. On peut désormais emporter sa musique sur soi, facilement.

Apple Ipod
Dernière étape en date, l’iPhone lancé en 2007 qui réunit, entre autres, un téléphone GSM, un Ipod et la possibilité de sufer sur internet avec quelques grammes dans la poche.

Apple Iphone
Alors à l’heure où le génie et père de cette fantastique aventure se retire pour raison de santé au moins jusqu’au mois de juin, il nous est apparu tout naturel de lui souhaiter tous nos voeux de prompt rétablissement.
Get well soon, Steve Jobs !
Ne pas désespérer
janvier 11, 2009 on 8:06 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés3 morts ont récemment défrayé la chronique, un chef d’entreprise français, un financier français à New York, un milliardaire allemand. Leur point commun: s’être donné la mort face aux difficultés et à la ruine probable.
Le financier français de New York avait fait sa pelote en drainant l’argent de ses clients et ses amis (plus d’un milliard de dollars) vers un gestionnaire de fonds américains aux rendements remarquables par leur niveau élevé et surtout constant même en temps de crise, le très respecté Bernard Madoff. Face au fait d’avoir ruiné ses clients et amis, il s’est ouvert les veines. Ce qui a valu à sa mémoire un éloge unanime pour un courage et une honorabilité intactes, à la hauteur des Anciens grecs et romains. Peut-être eût-il été plus courageux de rester et de faire face à ses responsabilités, et permettre à ses clients, qu’il faut bien appeler ses victimes, de mieux faire le deuil de leurs fortunes envolées. Car, s’il est clair qu’il n’avait aucune idée que Madoff était un escroc, ce qui l’absout de toute malhonnêteté, sa « responsabilité de suivi et de supervision » était engagée, comme l’a rappelé le régulateur du Grand-Duché de Luxembourg, en accord avec la directive européenne.
Sur le même sujet, à noter la disparition (pas le décès, « seulement » la disparition) de la très charismatique banquière autrichienne Sonja Kohn, fondatrice et dirigeante de la Banque Medici. Celle-ci a apporté 1,2 milliards de dollars de fonds de ses clients à Madoff. La raison officieuse de cette plongée dans la clandestinité serait que, parmi les clients de Mme Kohn figureraient des oligarques russes et ukrainiens, et que ceux-ci auraient le dépit plus menaçant et violent que d’autres face aux nouvelles que leur argent s’est envolé.
Autre mort, un milliardaire allemand, qui avait emprunté de l’argent à une de ses sociétés cotées pour spéculer sur le titre Volkswagen. Le cours de celui-ci a été fort agité, avec une hausse colossale puis une baisse tout aussi brutale après un communiqué de Porsche, qui était en train d’en prendre le contrôle, ait fait état d’une participation plus importante que généralement admise, ce qui a obligé les acheteurs à découvert à se couvrir à n’importe quel prix, faisant flamber le cours. Avant qu’un communiqué rectificatif le fasse retomber tout aussi vite. Une étrange affaire avec des côtés sulfureux qui en rappelle d’autres qui jalonnent la carrière de Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche, le génial inventeur qui créa la Volkswagen pour Adolf Hitler, lequel petit-fils n’a eu de cesse de tout faire pour reprendre le contrôle des deux entreprises créées par son grand-père, ce qui est fait aujourd’hui puisqu’il contrôle Porsche qui contrôle Volkswagen.
Ce qui est curieux, c’est que le dit milliardaire allemand, qui s’est jeté sous un train, était en voie d’aboutir à un refinancement de son empire. Et que donc, même encadré par les banques, ou rétréci, celui-ci n’était pas en poussière comme les avoirs des déposants de Madoff. Car si tous les « presque ruinés » doivent se donner la mort dès lors qu’ils ne sont « plus que » riches à milliards après avoir l’avoir été par dizaines de milliards, alors il faut d’urgence agrandir les cimetières de Moscou, de Shanghai ou de Mumbay…
Enfin, un sujet que JusMurmurandi a déjà traité, un chef d’entreprises français qui s’est suicidé après n’avoir pas pu éviter le dépôt de bilan de son chantier naval. Et là encore, la presse de lui tresser des couronnes de héros à l’ancienne. Pour autant, et si son intégrité et son sens de l’honneur sont infiniment respectables, est-ce bien de laisser sa fille seule face à son désir de faire face? Le père n’aurait-il pu l’accompagner dans sa lutte? Lui, qui connaissait mieux que tout autre les ressources possibles de son entreprise ne pouvait-il les mettre à la disposition de l’administrateur judiciaire pour que la meilleure solution possible soit trouvée? S’il s’estimait responsable de la très mauvaise passe où se trouvait le chantier, ne fallait-il pas qu’il contribue à l’en sortir? Car, là encore, si tous les chefs d’entreprise qui vont connaître le tribunal de commerce dans les prochains mois devaient se suicider, il faut d’urgence agrandir les cimetières. Ce serait un gâchis incommensurable en plus d’une souffrance immense pour les proches qui ne peuvent s’empêcher, même quand ils n’y sont pour rien, de culpabiliser en se demandant ce qu’ils n’ont pas su faire pour empêcher la vague de désespoir de tout emporter.
Non, face aux difficultés, il ne faut pas désespérer. D’autant qu’un rebond est toujours possible. Combien de carrières se sont redressées après un échec.
JusMurmurandi a cherché un exemple de rebond pour prouver cette affirmation et terminer cet article à la tonalité grave sur une note d’espoir. Sauf que le meilleur exemple de rebond, de la part d’un homme qui ne s’est jamais avoué battu est-il un si bon exemple que cela? Sa première entreprise capote, n’importe, il en fera d’autres, et surtout il en reprendra nombreuses au tribunal de commerce, créant un petit empire et brassant des milliards. Sa notoriété au zénith, son nom en train de devenir un nom commun, il devient ministre malgré sa sulfureuse réputation. Puis tout s’effondre. Faillite, banqueroute, prison. Mais lui ne se suicide pas, il se bat, et, à la stupéfaction de tous, après 15 ans de procédures, obtient un arbitrage qui va lui rendre un pécule non négligeable.
Ce spécialiste du rebond, mais qui n’est pas un exemple, vous l’avez reconnu. C’est Bernard Tapie! Décidément, un article qui va de Madoff à Tapie pour parler d’espoir. De Bernard à Bernard, il y aurait de quoi se méfier de ce prénom, sauf que le nom du chien d’avalanche salvateur qui vous sauve quand tout est perdu, c’est le Saint-Bernard!