Ne perdons pas notre temps!
janvier 18, 2009 on 8:26 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésMême plus le temps de parler! L’opposition s’étrangle de colère, et ne trouve pas de mots assez forts pour qualifier le projet sarkozyen de limite du temps de parole. Il est accusé de vouloir étrangler la démocratie, bâillonner l’opposition, égorger la constitution.
Qu’est-ce qui est en cause? Aujourd’hui, chaque groupe parlementaire dispose à l’Assemblée Nationale du droit de déposer des amendements à un projet de loi. Un droit illimité. Cela a permis à diverses oppositions de déposer des milliers d’amendements à tel où tel moment où un gouvernement proposait un texte dont elle ne voulait vraiment pas.
Ces amendements par milliers ne sont évidemment pas sérieux, car il n’y a pas des milliers de variantes possibles à un texte. Les députés en déposent donc qui ne diffèrent entre eux que par quelques mots. Ils en déposent qui ne sont même pas en français. Il n’est pas besoin qu’ils fassent du sens, ni qu’il y ait beaucoup de députés pour les défendre. C’est un droit, l’opposition en use. Et ne supporte pas que le projet actuel veuille le plafonner.
Il faut dire que la tendance récente est à une hyperinflation du nombre d’amendements. Ainsi la gauche en a déposé en moyenne cinq fois plus de 2002 à 2007 que la droite contre elle de 1997 à 2002
Cela peut atteindre des sommets hallucinants, comme les quelques 137537 amendements déposés en 2006 contre le projet gouvernemental relatif à l’énergie.
A la fin de 2008, le gouvernement a du demander au Président de France Télévision de supprimer de lui-même la publicité à la télévision, faute d’avoir pu, du fait d’une obstruction massive de ce type, mener à bien le travail parlementaire sur ce texte, qui n’était donc pas passé au Sénat. D’où aussi le ridicule d’un débat au Sénat pour légiférer sur une situation déjà actée par une décision de gestion de la société publique concernée.
Cette situation n’est pas propre à la France, puisque qu’aux Etats-Unis, cette obstruction par voie d’amendements porte le joli nom de « filibuster », dérivé du français « flibuste ».
Mais elle est de peu de conséquence en France, où le gouvernement dispose du célèbre article 49-3 pour forcer un vote sans débat, ce à quoi l’opposition voulait sans doute contraindre Nicolas Sarkozy, moment auquel elle eût pu l’accuser d’abuser de cet article pour court-circuiter la vie parlementaire. En oubliant au passage qu’elle-même, quand elle était au pouvoir a eu recours non seulement à cet article 49-3, mais aussi au gouvernement par ordonnances, encore plus rapide puisqu’il évite tout passage par l’Assemblée Nationale.
JusMurmurandi ne s’émeut pas beaucoup de tous ces troubles. La gauche criera et le texte passera limitant la temps de parole, ce dont la gauche se réjouira quand, un jour sans doute, elle sera à son tour au pouvoir.
De fait, il n’est pas sain qu’un gouvernement qui dispose d’un majorité légitime ment élue ne puisse pas légiférer, ce qui revient à nier sa victoire démocratique. Aux Etats-Unis, la seule façon pour une majorité d’échapper à un « filibuster » est de négocier pour que son texte reçoive le soutien de suffisamment de membres de l’opposition pour qu’il passe.
Car aux Etats-Unis, même avec des Présidents aussi polarisants que Richard Nixon, Ronald Regan ou George Bush, le travail parlementaire permet les votes individuels, alors qu’en France l’opposition fait presque toujours le choix de l’opposition systématique et en bloc. On en a vu un seul contre-exemple récent en France quand la voix de Jack Lang, seule, a permis à Sarkozy de faire passer sa réforme constitutionnelle.
Cela peut même aux USA aller jusqu’à ce que le gouvernement renvoie chez eux les fonctionnaires qu’il n’a plus les moyens de payer, faute d’avoir pu voter le budget! Que voilà une saine incitation à ne pas perdre de temps, et à s’entendre par-delà les clivages politiques!
De ce point de vue, adopter la pratique américaine serait un vrai progrès, une vraie ouverture. Encore faudrait-il que le MoDem, le PS ou le PC s’y prêtent, eux qui ont été la seule opposition d’un grand pays à ne pas voter le plan de soutien aux banques.
Dans l’attente de cette ouverture-là, la situation actuelle sera celle où le travail parlementaire n’aura pas beaucoup de sens, vue la capacité du gouvernement de passer en force. Et donc les dizaines de milliers d’amendements de l’opposition ne sont que du temps, de l’énergie et de l’argent des contribuables perdus.
Les limiter n’est donc pas forcément si inintéressant que cela. Car cela permettra peut-être d’amener les députés et sénateurs à travailler sur des sujets plus utiles. Auraient-il le sentiment d’en manquer, que JusMurmurandi et ses lecteurs pourraient en suggérer quelques-uns.
Une agression peut en cacher une autre
janvier 14, 2009 on 8:36 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésUne fois de plus les cheminots de la SNCF se sont distingués. Une grève « spontanée » a causé la fermeture de la gare St Lazare pendant la journée d’hier, et rendu misérable le transit de centaines de milliers de passagers (on n’ose dire usagers, encore moins clients). Sans compter les automobilistes coincés dans les encombrements qui en ont résulté.
La raison de cette grève: une agression sur un conducteur du RER A. Quel rapport avec les lignes de train de St Lazare? On se le demande encore. Sauf que, comme par hasard, un conflit durait à St Lazare depuis un mois. Et que les déclarations syndicales indiquant que l’agression du RER était liée à l’insatisfaction des usagers de St Lazare est fausse, et donc un mensonge éhonté et effronté. L’occasion était trop belle. Et la méthode choisie, créant délibérément un maximum de perturbation, met la direction de la SNCF sous un maximum de pression pour régler le problème à chaud. En lâchant, comme par hasard, des avantages sonnants et trébuchants aux grévistes.
Toute relation avec les élections professionnelles à venir à St Lazare en mars n’est que pure coïncidence, n’est-ce pas?
Toute ressemblance avec la technique russe de renégociation du prix du gaz vers l’Ukraine, entre les méthodes de Gazprom et Vladimir Poutine d’un côté et les syndicats SUD-Rail n’est que pure coïncidence, n’est-ce pas?
Sauf que le modus operandi est le même. Sauf que tous ont été formés aux méthodes marxistes de la lutte des classes.
Il ne manque plus que l’habituel concert de commentaires indiquant que distribuer des avantages aux cheminots grévistes, c’est à tout prendre bon pour le pouvoir d’achat et la relance, et donc bon pour le pays.
A noter que, ce matin encore, les encombrements sont énormes en région parisienne, tant les voyageurs échaudés hier font peu confiance aux cheminots pour tenir leurs engagements de reprendre le travail.
Quand on sait qu’une grève de 59 minutes pour une journée coûte à un cheminot 10 euros de revenus mais désorganise le service pour la journée, on voit l’attrait du système. Il se dit même que certains petits malins feraient grève de 59 minutes le matin pour être appelés en renfort et en heures supplémentaires payées cher à l’heure de pointe du soir, ce qui leur ferait gagner de l’argent en net, on comprend les malheureux chômeurs du matin, si enclins à un version très originale du « travailler plus pour gagner plus ».
Tant que dureront ces pratiques, les passagers se sentiront comme des mètre-cubes de gaz qu’on transfère ou non par des pipe-lines en fonction de combats politico-financiers. On se demande comment les Verts et leur allié Bertand Delanoë espèrent convaincre les automobilistes d’abandonner leur voiture si c’est pour tomber dans de tels guet-apens.
Tiens, aujourd’hui ce sont les transports en commun de la ville de Marseille qui sont en grève à la suite d’une agression contre un conducteur. Et les usagers, n’ont-ils pas le droit de se sentir agressés, eux aussi?
Faux, stupide et injuste !
janvier 11, 2009 on 8:03 | In Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésQue n’a t on entendu sur la réforme de France Télévision?
Les uns ont parlé de mégalomanie galopante du Président de la République (une fois de plus, car nous ne comptons plus de la combientième fois il s’agit ne serait-ce depuis son élection).
D’autres ont préféré faire de l’obstruction systématique au Parlement, prétendument au nom de la démocratie.
Enfin le Président de France Télévision a prononcé des propos très durs à l’encontre du jugement de Nicolas Sarkozy sur les programmes.
Sans parler du fait que ce dernier a clairement dit qu’il compte accomplir son devoir d’actionnaire et nommer le Président comme le font tous les actionnaires de toutes les sociétés anonymes de notre beau pays. Révolutionnaire.
Tout ceci alors que la télévision a, elle, été véritablement révolutionnée ces dernières années avec l’arrivée des satellites d’abord, du câble ensuite et maintenant de la TNT.
Contre vents et marées, après une bataille d’amendements aussi stérile que gaspilleuse des socialistes à l’Assemblée, la loi est en train de passer au Sénat.
Le même qui portait des jugements si durs, Carolis, a obtempéré en faisant arrêter la publicité au 5 janvier, comme prévu.
Donc avancé le commencement des programmes de la soirée à 20h35 sur les chaines de l’Etat.
Et est resté Président de France Télévision, ne démissionnant pas ni n’étant démissionné comme tant de ses prédécesseurs, alors même qu’il ne s’est pas gêné pour marquer son désaccord avec le Président de la République…Que ne se serait il pas passé si un chef d’entreprise publique avait osé prononcer des propos moitié aussi fort sur François Mitterrand ? On pourrait même se demander s’il serait encore en vie en se rappelant Grossouvre, Pelat, Bérégovoy et tant d’autres…
Que disent les Français aujourd’hui ?
Ils sont, selon un sondage CSA pour le Parisien, 78% à trouver cela une assez bonne ou une très bonne idée que d’avoir avancé le début de la soirée en supprimant la pub. Même parmi les chefs d’entreprise, artisans et professions libérales qui rentrent plus tard chez eux.
Chiffre en progression de 8% par rapport à décembre dernier lorsque la mesure n’était pas encore en place.
Qui a dit faux, stupide et injuste ?
Ne pas désespérer
janvier 11, 2009 on 8:06 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés3 morts ont récemment défrayé la chronique, un chef d’entreprise français, un financier français à New York, un milliardaire allemand. Leur point commun: s’être donné la mort face aux difficultés et à la ruine probable.
Le financier français de New York avait fait sa pelote en drainant l’argent de ses clients et ses amis (plus d’un milliard de dollars) vers un gestionnaire de fonds américains aux rendements remarquables par leur niveau élevé et surtout constant même en temps de crise, le très respecté Bernard Madoff. Face au fait d’avoir ruiné ses clients et amis, il s’est ouvert les veines. Ce qui a valu à sa mémoire un éloge unanime pour un courage et une honorabilité intactes, à la hauteur des Anciens grecs et romains. Peut-être eût-il été plus courageux de rester et de faire face à ses responsabilités, et permettre à ses clients, qu’il faut bien appeler ses victimes, de mieux faire le deuil de leurs fortunes envolées. Car, s’il est clair qu’il n’avait aucune idée que Madoff était un escroc, ce qui l’absout de toute malhonnêteté, sa « responsabilité de suivi et de supervision » était engagée, comme l’a rappelé le régulateur du Grand-Duché de Luxembourg, en accord avec la directive européenne.
Sur le même sujet, à noter la disparition (pas le décès, « seulement » la disparition) de la très charismatique banquière autrichienne Sonja Kohn, fondatrice et dirigeante de la Banque Medici. Celle-ci a apporté 1,2 milliards de dollars de fonds de ses clients à Madoff. La raison officieuse de cette plongée dans la clandestinité serait que, parmi les clients de Mme Kohn figureraient des oligarques russes et ukrainiens, et que ceux-ci auraient le dépit plus menaçant et violent que d’autres face aux nouvelles que leur argent s’est envolé.
Autre mort, un milliardaire allemand, qui avait emprunté de l’argent à une de ses sociétés cotées pour spéculer sur le titre Volkswagen. Le cours de celui-ci a été fort agité, avec une hausse colossale puis une baisse tout aussi brutale après un communiqué de Porsche, qui était en train d’en prendre le contrôle, ait fait état d’une participation plus importante que généralement admise, ce qui a obligé les acheteurs à découvert à se couvrir à n’importe quel prix, faisant flamber le cours. Avant qu’un communiqué rectificatif le fasse retomber tout aussi vite. Une étrange affaire avec des côtés sulfureux qui en rappelle d’autres qui jalonnent la carrière de Ferdinand Piëch, petit-fils de Ferdinand Porsche, le génial inventeur qui créa la Volkswagen pour Adolf Hitler, lequel petit-fils n’a eu de cesse de tout faire pour reprendre le contrôle des deux entreprises créées par son grand-père, ce qui est fait aujourd’hui puisqu’il contrôle Porsche qui contrôle Volkswagen.
Ce qui est curieux, c’est que le dit milliardaire allemand, qui s’est jeté sous un train, était en voie d’aboutir à un refinancement de son empire. Et que donc, même encadré par les banques, ou rétréci, celui-ci n’était pas en poussière comme les avoirs des déposants de Madoff. Car si tous les « presque ruinés » doivent se donner la mort dès lors qu’ils ne sont « plus que » riches à milliards après avoir l’avoir été par dizaines de milliards, alors il faut d’urgence agrandir les cimetières de Moscou, de Shanghai ou de Mumbay…
Enfin, un sujet que JusMurmurandi a déjà traité, un chef d’entreprises français qui s’est suicidé après n’avoir pas pu éviter le dépôt de bilan de son chantier naval. Et là encore, la presse de lui tresser des couronnes de héros à l’ancienne. Pour autant, et si son intégrité et son sens de l’honneur sont infiniment respectables, est-ce bien de laisser sa fille seule face à son désir de faire face? Le père n’aurait-il pu l’accompagner dans sa lutte? Lui, qui connaissait mieux que tout autre les ressources possibles de son entreprise ne pouvait-il les mettre à la disposition de l’administrateur judiciaire pour que la meilleure solution possible soit trouvée? S’il s’estimait responsable de la très mauvaise passe où se trouvait le chantier, ne fallait-il pas qu’il contribue à l’en sortir? Car, là encore, si tous les chefs d’entreprise qui vont connaître le tribunal de commerce dans les prochains mois devaient se suicider, il faut d’urgence agrandir les cimetières. Ce serait un gâchis incommensurable en plus d’une souffrance immense pour les proches qui ne peuvent s’empêcher, même quand ils n’y sont pour rien, de culpabiliser en se demandant ce qu’ils n’ont pas su faire pour empêcher la vague de désespoir de tout emporter.
Non, face aux difficultés, il ne faut pas désespérer. D’autant qu’un rebond est toujours possible. Combien de carrières se sont redressées après un échec.
JusMurmurandi a cherché un exemple de rebond pour prouver cette affirmation et terminer cet article à la tonalité grave sur une note d’espoir. Sauf que le meilleur exemple de rebond, de la part d’un homme qui ne s’est jamais avoué battu est-il un si bon exemple que cela? Sa première entreprise capote, n’importe, il en fera d’autres, et surtout il en reprendra nombreuses au tribunal de commerce, créant un petit empire et brassant des milliards. Sa notoriété au zénith, son nom en train de devenir un nom commun, il devient ministre malgré sa sulfureuse réputation. Puis tout s’effondre. Faillite, banqueroute, prison. Mais lui ne se suicide pas, il se bat, et, à la stupéfaction de tous, après 15 ans de procédures, obtient un arbitrage qui va lui rendre un pécule non négligeable.
Ce spécialiste du rebond, mais qui n’est pas un exemple, vous l’avez reconnu. C’est Bernard Tapie! Décidément, un article qui va de Madoff à Tapie pour parler d’espoir. De Bernard à Bernard, il y aurait de quoi se méfier de ce prénom, sauf que le nom du chien d’avalanche salvateur qui vous sauve quand tout est perdu, c’est le Saint-Bernard!
Qui se ressemble s’assemble
janvier 10, 2009 on 9:14 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésToute la presse hexagonale annonce à renfort d’articles le rapprochement entre ce qui reste d’Alitalia et le groupe Air France KLM, devenu un des deux premiers transporteurs aériens mondiaux.
Tout au long de ces derniers mois, on a longuement décrit Alitalia comme un grand européen dont il ne reste que quelques (mauvais) souvenirs, tant la concurrence, la mauvaise gestion et la faiblesse permanente des gouvernements successifs face aux oukases syndicaux.
En parallèle, les Français se rengorgent du succès de l’alliance Air France avec KLM, avec bons chiffres à l’appui.
Pour JusMurmurandi, la réalité est bien différente.
Si la taille des deux entreprises est clairement à la faveur des Français, bien des mauvaises pratiques si facilement décriées chez la compagnie transalpine se retrouvent chez nous.
Syndicats outranciers et personnels trop gâtés: si les pilotes Italiens se font toujours chercher par leur employeur en voiture à leur domicile pour se rendre au pied de l’avion, avantage négocié dans les années 70, qui a oublié toutes les grèves historiques d’Air France, y compris à la veille de la coupe du monde de football en 1998 ?
Ou encore les pilotes d’Air Inter, seuls au monde qui réclamaient le pilotage de l’Airbus A 320 à trois ?
Ou récemment encore, la grève pour s’opposer à la faculté qui serait accordée à ces pilotes qui souhaitent retarder leur départ en retraite ?
Sans parler de ce qui avait fait l’objet d’un article particulier de JusMurmurandi, le formidable fromage des GP (gratuits personnel) qui n’étaient soumis ni à l’impôt ni aux charges sociales ??
Le soutien public au détriment de la concurrence.: combien de milliards ont été gaspillés chez Alitalia, y compris récemment par Berlusconi, qui, encore candidat, s’opposait avec véhémence à un rapprochement franco italien?
Combien de manœuvres ont été accomplies afin que la France reste le seul pays majeur d’Europe qui ne compte pas une compagnie à coûts réduits pour les moyens courriers comme on les connait en Allemagne (German Wings, Air Berlin), en Espagne (Vueling, Clickair), Grande Bretagne (BMI, FlyBe, Ryanair, easyJet, Jet2…), Italie (Volareweb, Meridiana) ?
Ah si, il y en a bien une, c’est Transavia…qui est une ancienne filiale de KLM relancée par le nouveau groupe. Et pendant qu’Air France facture avec une audace sans pareil 50 Euro la possibilité de s’asseoir à côté d’une issue de secours pour avoir plus de place, elle vend des billets à 65 Euro pour faire l’aller retour Paris Porto. Allez comprendre. Ainsi, combien d’emplois n’ont pas été crées au seul bénéfice de protéger Air France ?
Une flotte surannée: Si Alitalia se débarrasse de ses vieux clous, DC 9 et autres MD 80 qui sont très gourmands, les premiers A 320-100 d’Air France, qui ont plus de 20 ans volent toujours. On les reconnait facilement, ils n’ont pas de saumon ou « winglet » au bout des ailes. Heureusement, le tableau est plus favorable pour les longs courriers où Air France a fait la part belle à Boeing et son 777.
Sur les lignes internationales américaines, où elle est seule avec son alliée Delta (Miami par exemple), vous paierez en classe économique deux, trois fois le prix que proposent certains concurrents pour des destinations équivalentes dans des conditions de transport comparables à la classe affaires.
Ahurissant, mais vrai. Tout au profit de la compagnie, tout au détriment du client. Pardon du passager.
Si le carburant a beaucoup baissé (plus que les taxes, surtaxes du même nom d’ailleurs), le nombre de passagers va suivre la même tendance avec le ralentissement économique et il va falloir être vigoureux. Bon moment pour passer la main comme le fait Spinetta à Gourgeon pour Air France…
Bref, à l’heure où tout le monde semble se réjouir de ce rapprochement, en particulier parce qu’il empêche Lufthansa ou British Airways de mettre la main sur Alitalia, gageons qu’il n’y aura pas de choc de cultures d’entreprises. Tout ce petit monde se retrouvera en pays de connaissance.
Dis moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es…
La matelas et le ressort
janvier 10, 2009 on 8:08 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 4 CommentsOn le sait, pour qui veut bien dormir, un bon matelas est indispensable. Mais à quoi sert un bon matelas sans un bon sommier? Et notamment, parmi les meilleurs, un sommier à ressort?
Avec cette entrée en matière, JusMurmurandi serait-il devenu soit marchand de sommeil, soit Webmarchand en périodes de soldes? Ni l’un ni l’autre, puisqu’il s’agit en fait de crise économique, plutôt du genre à vous faire perdre le sommeil.
Ce qui est intéressant, dans le genre glauque, c’est de constater que l’économie américaine a détruit, en 2008, la bagatelle de 2,6 millions d’emplois, le pire chiffre depuis 1945, et un cauchemar pour Barack Obama. Pendant ce temps, le chômage remontait à 7,2%, son plus haut niveau depuis 1993.
Pendant ce temps-là, en France, le chômage est repassé au dessus de la « barre » des 2 millions de chômeurs. Or, en 1993, le compte était à 3 millions. Faut-il en déduire que la France fait mieux, beaucoup mieux que les USA en termes de chômage, alors qu’on pense couramment le contraire?
En fait, l’économie française n’a pas encore commencé à détruire des emplois en masse. Les délais légaux de communication aux comité d’entreprise, de négociations obligatoires, de recours innombrables font qu’il s’écoule au moins 6 mois entre la décision et les licenciements. Et que ceux-ci sont assortis de préavis et d’indemnités qui allongent encore de nombreux mois le moment où le chômeur sera face à une pénurie de revenus. Pénurie atténuée par des versements d’allocations très supérieures, sauf exceptions, à celles en vigueur aux Etats-Unis.
La vague qui a frappé les USA est donc en avance sur la nôtre sur ce plan, mais nous ne l’éviterons pas. Notre système de délais sert de matelas amortisseur, comme aussi nos nombreux millions de fonctionnaires et autres employés de services publics et para-publics réputés intouchables. Alors que les Etats-Unis sont en récession depuis la fin 2007, la France aborde 2009 en l’ayant non pas évitée, mais retardée.
Et quand on regarde ce qui s’est passé entre 1993 et 2008, il est clair que les Etats-unis ont passé beaucoup plus de temps en plein emploi, avec des taux de chômage de moins de 5%, que la France, qui n’y est jamais parvenue depuis les années 60, et où la lente décrue du chômage est en partie due à une démographie en baisse.
Donc, avant de dauber sur les problèmes de l’économie américaine à l’aune de leurs déboires, qui sont réels et massifs, de ricaner sur la fin du leadership américain dans une forme de schadenfreude (joie trouble provoquée par les difficultés des autres) à la française, et de gloser sur la supériorité de notre matelas, gardons-nous de sous-estimer le ressort américain, qui leur a si souvent permis de sortir d’une crise plus vite et plus fort.
Car un matelas qui n’est pas couché sur un sommier avec du ressort devient vite mou et inerte. Le sommeil du dormeur s’y révèle inconfortable, et celui-ci a bientôt du mal à s’en extirper. C’est la langueur japonaise des années 80 et 90. Sauf que le dormeur japonais qui n’a certes pas de ressort pour se redresser, n’a pas, avec son futon, de matelas non plus pour amortir sa chute.
En attendant, les employés des hôpitaux, non contents d’avoir la sécurité de l’emploi, avantage dont on verra en 2009 tout le prix, demandent sans vergogne à Sarkozy plus de fric au motif que, s’il a aidé les banques, il peut bien aider aussi les personnels hospitaliers.
Ils ont aussi peu de chance d’être entendus par un Etat français qui n’a justement plus d’argent pour eux, ni pour d’autres d’ailleurs, au motif qu’ils ne sont pas les plus à plaindre et qu’il fallait absolument sauver les banques, pour irresponsables qu’elles aient été, que de voir voir le Prince Charmant réveiller la Belle Endormie.
Tiens, c’est de saison, il y a justement de la neige dehors, et tout est blanc.
La carte et le menu
janvier 7, 2009 on 7:09 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésEn ces temps de diète économique, chacun se souvient de la différence entre la carte, qui permet de choisir n’importe quel plat dans un restaurant tandis que le menu, généralement à prix fixe, offre un choix plus limité soit en nombre de plats soit quand à la sélection disponible.
Ce qui parait impensable serait qu’un restaurateur décide arbitrairement qu’une partie des clients seraient à la carte, tandis que d’autres n’auraient accès qu’à la partie congrue à savoir le menu.
Impensable?
Eh bien non, car c’est exactement ce que vient de pondre le Ministère du Travail au travers de sa réforme de la retraite en autorisant les salariés à travailler jusqu’à 70 ans.
Car les salariés sont les seuls à choisir s’ils restent ou non dans l’entreprise.
L’entreprise, elle, doit se plier à leurs désirs.
Et de manière compliquée en plus.
Trois mois avant leur 65ème anniversaire au plus tard, le responsable des ressources humaines doit écrire à tous les salariés concernés, chaque année jusqu’à leur 70ème anniversaire pour leur demander ce qu’ils souhaitent.
Mais si l’entreprise désire profiter de l’arrivée de la retraite d’un salarié pour s’en séparer à moindres frais parce qu’il serait, par exemple, devenu légitimement moins productif, eh bien non ! Ce choix n’appartient qu’aux salariés.
JusMurmurandi pense qu’avec des réformes de ce type, aussi défavorables à la compétitivité des entreprises, qui restreignent une fois de plus la liberté de décision de leurs chefs, de nature à saper l’attractivité de la France pour les entreprises étrangères, au profit de la production théorique de meilleurs chiffres pour le coût des retraites, il faut immédiatement se réjouir du départ de Xavier Bertrand du Ministère du Travail à l’UMP.
Jamais le dimanche!
janvier 7, 2009 on 9:10 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésL’ordre du jour de la prochaine session parlementaire vient de sortir, et un texte manque à l’appel, celui sur l’autorisation du travail du dimanche.
Pourtant, Nicolas Sarkozy l’avait qualifié de réforme essentielle, et il bénéficie d’un soutien largement majoritaire dans l’opinion publique.
Qui plus est, le texte auquel on en était arrivé en décembre, au moment où la crainte d’une révolte de suffisamment de députés UMP pour causer une défaite parlementaire, n’avais plus de réforme que le nom et l’ombre. Il se bornait en tout et pour tout à faire passer le nombre légal de dimanches travaillés de 5 à 8. Pas de quoi fouetter un chat, ni mériter un texte de loi, encore moins une bataille parlementaire.
C’est peut-être cela qui a amené Nicolas Sarkozy à baisser pavillon sans gloire, à savoir qu’il valait peut-être mieux ne plus rien faire du tout que de se battre pour faire accoucher aux forceps d’une réforme aussi dérisoire.
En fait, par-delà l’enjeu politicien sur l’éventuelle chiraquisation de Sarkozy, sur la rébellion de dizaines de députés de son propre parti, ou sur la guérilla que mènerait contre lui Jean-François Copé, c’est un autre point qui intéresse JusMurmurandi.
Le projet de loi était explicite sur le fait que le travail du dimanche ne pouvait avoir lieu que sur la base du strict volontariat de chacun. En d’autres termes, ceux qui le voulaient pouvaient travailler le dimanche à la place d’un jour de semaine, et gagner plus.
Mais les opposants ont considéré que les Français n’étaient pas aptes à décider pour eux-mêmes de prendre ou non cette décision. Que les employeurs allaient les contraindre, par la menace, à accepter de travailler à leur corps défendant.
Cette notion qu’ils faut protéger les Français contre eux-mêmes est partout dans le droit du travail (ou plutôt le droit du non-travail en l’occurrence). Ainsi en France est-il illégal de baisser les salaires, même quand les partenaires sociaux sont d’accord. Ce qui fait que des entreprises ferment faute de compétitivité quand un sacrifice partiel eût permis de sauver l’essentiel.
A titre d’exemple, Volkswagen en Allemagne a baissé les salaires horaires pour conserver en Allemagne la production de la Golf, qui eût sans cela soit été produit ailleurs (en Europe centrale en l’occurrence) tout en évitant qu’elle ne soit proposée trop cher au marché. Ne pas pouvoir en faire autant chez Renault conduit à ce que les petites voitures qui profitent du courant écologique, des aides d’Etat et de la modération financière d’acheteurs échaudés par la crise sont tous produites à l’étranger. La France et les Français y gagnent-ils? Volkswagen, société allemande alors à capitaux d’Etat n’est quand même pas un modèle d’ultra-libéralisme. Est-il un tel exemple d’horreur économique qu’il ne faille surtout pas l’imiter?
De même pour le travail du dimanche, tous les experts s’accordent à prédire une augmentation de l’emploi global dans la distribution en cas de généralisation de cette mesure. En ces temps de crise et de remontée du chômage, ce serait une fort bonne chose.
Mais l’intérêt général, la volonté du Président, et des sondages indiquant clairement la préférence des Français n’ont pas suffi. Les députés savent mieux que tout cela réuni.
Il est vrai qu’il est tellement plus facile d’accuser quelqu’un d’avoir fait quelque chose que de n’avoir rien fait.
Peut-être est-ce 1940 (et non pas 1944-1945) qui a sanctifié la notion de Résistance. Mais cela ne suffit pas à faire de toute résistance ni une morale ni une politique.
JusMurmurandi pense qu’il est temps de créer le délit d’inertie.
Le Machin
janvier 6, 2009 on 9:32 | In Best of, Coup de gueule, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésC’est ainsi que Charles de Gaulle appelait l’ONU.
Et on le comprend. Car une fois encore, la preuve nous est donnée que l’ONU ne sert pas à grand chose.
Un conflit de plus, cette fois au Moyen Orient, qui se déclenche sans que l’organisation des nations unies n’intervienne pour l’empêcher, avant ou après.
Et on retrouve donc Nicolas Sarkozy enfilant son manteau gaulliste pour prendre une initiative individuelle car les initiatives collectives ne sont, elles, que jérémiades et imprécations.
Aller voir les chefs d’états, même si l’on n’a plus « que » le mandat de Président de la République française, c’est toujours mieux que de rester tranquillement à New York en distillant la bonne parole comme seule tentative de rétablir la paix. Tandis que l’on laisse les gesticulations d’un fou, Ahmadinejad, se dérouler dans la totale indifférence. Ou encore un autre chef d’Etat, Mugabe, assassiner son pays en toute quiétude. Sans parler du Congo etc. etc.
Bref, le Machin, de Gaulle l’avait bien compris des décennies avant, ne sert à rien.
JusMurmurandi pose alors une question.
Alors que le monde traverse un ralentissement économique sans précédent, que les gouvernements mettent la main à la poche, le plus souvent vide et/ou trouée sans parler de réduire le train de vie de leurs états respectifs à hauteur de leurs dépenses nouvelles, qu’est ce que l’on attend, Bon Dieu, pour les supprimer, tous ces « Machins » inutiles ????
Les infirmières sont-elles des sorcières, et les docteurs des loup-garous?
janvier 5, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésJusMurmurandi se souvient du grand courant de sympathie qui avait saisi l’opinion publique lors de la grande grève des infirmières, destinée à leur valoir une meilleure rémunération. Voilà une profession qui requiert de longues études, qui expose ses personnels à des heures de travail longues et à un risque permanent d’erreur aux graves conséquences, et qui est, globalement, mal payée.
Mais quand un enfant est mort à l’hôpital d’avoir reçu par erreur une perfusion à la place d’une autre pour soigner son angine, l’infirmière, pourtant très bien notée, a été immédiatement suspendue et mise en examen. Ce avant que l’enquête ne montre que la perfusion qu’elle a prise par erreur n’avait pas à se trouver là où elle était, avait été livrée et rangée là par erreur et ressemblait à s’y méprendre à celle qu’elle eût du administrer. Où donc était le moindre courant de sympathie pour cette infirmière-là?
Ce tragique décès a agi comme le premier souffle d’un vent mauvais. La deuxième rafale a été celle d’un homme décédé de problèmes cardio-vasculaires après avoir attendu des heures que des régulateurs lui trouvent un lit dans un service d’urgence en région parisienne. Le rapport du parquet indiquant que l’autopsie a montré que cet homme n’eût probablement pas survécu à son accident circulatoire même en étant admis immédiatement a été accueilli avec les sarcasmes réservés aux tentatives maladroites d’auto-disculpation.
Troisième rafale, une femme de 82 ans est décédée, qui avait été renvoyée dans sa maison de retraite la veille par un hôpital où elle avait été admise pour des symptômes de déshydratation et de difficultés respiratoires. Les causes de la mort ne sont pas connues, mais l’avocat de la famille indique qu’il va mettre en cause Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé, car la vieille dame serait, aux dires de sa famille restée 8 heures sur un brancard sans qu’un médecin la voie. L’hôpital a une version très différente, affirme qu’infirmières et médecin ont vu et soigné la patiente qui, en outre, a été vue après son retour en maison de retraite par le médecin de celle-ci, lequel n’a rien signalé ou jugé bon de faire. Qu’importe! La famille, sûre qu’il y a eu faute, porte plainte, et les média de relayer abondamment cette « série noire »
Soyons clair, tout décès entraîne la douleur de la famille, et la demande de celle-ci de savoir si tout a été fait est tout-à-fait légitime. Ainsi que celle de tout faire pour qu’une erreur, voire une faute s’il y en a eu ne puisse être répétée au détriment d’un autre patient.
Il est clair aussi que la profession médicale a eu tendance à se réserver le bénéfice des enquêtes sur des « incidents » de ce genre, et à en exclure les non médecins, ce qui a permis dans certains cas, de nier abusivement toute faute. Les scandales du sang contaminé ou de l’hormone de croissance sont des exemples de ce refus de transparence et de responsabilité.
Mais là, où va-t-on? Si quelques heures sont trop longues pour admettre un patient aux urgences, quel est le délai admissible? 30 minutes? 60? Si le patient meurt en 45 minutes, est-ce la faute de l’hôpital?
Sans oublier que, derrière la peine des familles éprouvées se profilent des revendications financières ou politiques. Les médecins urgentistes réclament plus de postes et la revalorisation de leurs revenus. Les familles veulent des indemnités pour faute. L’opposition dénonce ces décès comme le résultat de la politique d’économie du gouvernement.
Que veulent les Français? Si le seul résultat acceptable de l’hôpital est « zéro mort », il va y avoir des conséquences. D’abord financières, car le coût du zéro-mort est extravagant. Redondance généralisée des moyens, multiplication des examens, assurance hors de prix, entre autres. Une recette dont les Etats-Unis donnent un avant-goût, ruineuse en termes de coût sans pour autant donner de meilleurs résultats sanitaires. Un bon exemple est celui d’une personne qui ferait un accident de santé sur la voie publique: aux Etats-Unis, tout médecin qui lui porterait secours, et qui ne disposerait pas, à l’évidence, de détails sur sa condition médicale, s’exposerait à des poursuites par la famille et leurs avocats requins payés à la commission en cas de problème. Alors que font-ils, ces médecins? Ils changent de trottoir, tout simplement.
Mais après tout, si tel est le choix éclairé des Français, pourquoi pas? Le problème est ce qu’on observe en gynécologie-obstétrique, et qu’une telle attitude généraliserait. Les grossesses ne sont jamais tout à fait sans risques. Les médecins, à force d’être attaqués en justice quand l’une d’entre elles ne va pas à un terme heureux, sont confrontés à un coût d’assurance qui peut dépasser 30% de leur chiffre d’affaires, ce qui est évidemment insupportable. Le résultat est simple: il n’y a quasiment plus de sage-femmes, et le nombre de médecins accoucheurs ne cessera de baisser vu que cette spécialité n’attire plus personne en raison de son rapport risque-rémunération désastreux. Et ceci n’a rien à voir avec une quelconque politique d’économies de santé, ces praticiens ressortant du secteur privé.
Si bien qu’en fait, à force de tenir les gynécos pour responsables de tout ce qui peut mal se passer, il n’y en aura plus du tout. JusMurmurandi doute que ce soit vraiment à l’avantage des femmes et des parents.
Alors peut-être faut-il raison garder, et ne pas brûler les infirmières et les médecins que nous avons tant aimés. Qu’il faille s’efforcer de minimiser les décès évitables, bien sûr. Mais, de même que notre société croyait que le progrès avait vaincu les crises économiques et que celles-ci ne pouvaient plus arriver, avant d’être durement démentie par l’actualité des derniers 12 mois, nous voudrions croire que la mort n’est plus que la fin après une vie toujours longue, très longue. Le fait est que tous les jours cet espoir est cruellement démenti. Soit parce que certains d’entre nous sont moins bien lotis dès la naissance, soit parce que d’autres rencontrent la fatalité, que ce soit sous la forme d’un accident de voiture ou d’un accident médical.
De même que nous n’interdisons pas toutes les voitures parce que certaines ont des accidents même mortels, n’interdisons pas nos médecins et nos infirmières même quand ils sont simplement des êtres humains, souvent merveilleux, pas toujours irréprochables.
Mort au Combat
janvier 5, 2009 on 8:03 | In Coup de gueule, Economie, France | Commentaires fermésMaud Fontenoy, vous connaissez ? La célèbre navigatrice française qui détient le record du monde du tour éponyme à l’envers est célèbre en France, comme à l’étranger.
Ce qui est moins connu en revanche, c’est que le bateau qui lui a permis de remporter cette bataille sportive est issue des chantiers navals français Gamelin.
Cette entreprise a souffert au point qu’elle a été mise en redressement judiciaire le 5 décembre dernier.
Malgré le fait que ce ne soit pas une TPE, ou toute petite entreprise, dont la mortalité « infantile » en particulier est très élevée. Car crée en 1980, elle compte 120 collaborateurs.(http://www.chantiers-gamelin.fr/index.php)
Mais son endettement était trop élevé, elle est en déconfiture.
Et son fondateur ne l’a pas supporté.
Joël Gamelin, père de trois enfants, a mis fin à ses jours à fin du mois dernier.
Tragique. Dramatique.
Et caractéristique de cette société française qui n’aime pas ses entreprises, la nouvelle ne se trouvant qu’en nombre limité sur internet à titre d’exemple.
Car en France, on n’aime surtout pas les petites et moyennes entreprises, alors que ce sont justement celles qui ont crée des emplois sur les dix dernières années, par opposition aux grandes et célèbres qui en ont, elles, détruit, comme l’explique l’OCDE.
Aujourd’hui, sa fille a ouvert une adresse sur un site de « réseau social » afin d’appeler à l’aide et permettre à l’entreprise de survivre.
JusMurmurandi adresse un message de réconfort à la famille Gamelin, et se joint au mouvement d’aide.
Si vous souhaitez participer, voici les coordonnées de Me. Gamelin, telles qu’elles sont présentées sur le site internet (http://fr-fr.facebook.com/group.php?gid=56065731969&ref=mf).
Melle FANNY GAMELIN
2, chemin du prieuré
Résidence Maintenon
17000 La Rochelle
fgamelin@hotmail.com
A qui profite le crime?
janvier 4, 2009 on 4:34 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermésIsraël frappe le Hamas qui frappe Israël. Rien de nouveau sous le soleil, sauf la date, 2009. L’Ukraine constate des baisses de livraison de gaz russe vers l’Europe, faute d’avoir signé un nouveau contrat d’approvisionnement et de transit. La Russie accuse l’Ukraine qui accuse la Russie. Rien de nouveau dans le froid, si ce n’est la date, 2009.
Rien non plus d’inattendu. Comme aucun nouveau contrat russo-ukrainien n’avait été approuvé par les parties, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode du bras de fer annuel entre les anciennes républiques soviétiques. Comme aucun modus vivendi n’avait été trouvée entre Israëliens et le Hamas, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode meurtrier entre les voisins ennemis.
Alors, bien sûr, on peut se demander pourquoi, dans les deux cas, cette situation de blocage annoncé.
Force est de constater que le pouvoir de Vladimir Poutine et de son acolyte Dimitri Medvedev est pour la première fois en grande difficulté face à la crise économique qui frappe la Russie. La baisse des prix des matières premières, à commencer par le pétrole et le gaz, réduit dramatiquement les rentrées de l’économie russe, qui en dépend très largement. Les ci-devant oligarques négocient un plan de sauvetage comme de très ordinaires banques ou fabricants d’automobiles américains. Les citoyens, en manque de confiance depuis l’aventure géorgienne, retrouvent les vieux réflexes de ceux qu’on a tondu plus souvent qu’à leur tour et sortent leur argent et de Russie et du rouble, qui s’enfonce. Dans ces conditions, trouver avec l’Ukraine un bouc émissaire qui détourne l’attention n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.
Force est de constater que la révolution orange en Ukraine, qui avait suscité l’admiration d’une bonne partie du monde, n’a produit que des fruits amers. Une lutte permanente entre les 3 sempiternels personnages d’une comédie à l’ukrainienne, Yuschenko, Yanoukovitch et Timoshenko, se traduit par un immobilisme politique totalement inadapté aux difficultés du pays et au défi de la crise économique mondiale. Dans ces conditions, montrer l’Ukraine comme victime de la brutalité russe pou ressouder le soutien occidental n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.
Force est de constater que la victoire du Hamas aux élections, puis l’éviction à la pointe du fusil du Fatah de la bande de Gazah n’ont produit que des fruits amers. Les mesures de rétorsion d’Israël et l’ostracisme de la communauté internationale qui refuse de discuter avec une organisation qui prône la disparition de l’Etat juif se traduisent par une misère et une désespérance croissantes dans ce territoire. Dans ces conditions, montrer à coups de tir de roquettes qu’on est la seule force qui combat activement Israël n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.
Force est de constater que la coalition au pouvoir en Israël en Kadima et les travaillistes est menacée de perdre les prochaines élections en Israël, face au Likoud de Benjamin Netaniahu. La faillite de leur offensive précédente contre le Hamas n’y est pas pour rien, ni sans doute les soucis judiciaires de Ehud Olmert, le Premier Ministre. Montrer, et notamment pour Ehud Barak, ancien général de Tsahal, ancien Premier Ministre, et leader des travaillistes, sa détermination et sa capacité retrouvée à protéger Israël des attaques du Hamas n’est pas nécessairement un mauvais calcul, comme ne témoignent une remontée en flèche dans les sondages, même s’il est froid et cynique.
Il ressort que tant de calcul froid peut donner des frissons. Encore une confirmation que nous sommes bien en hiver, et pas que sur le plan météorologique. Et que toute similitude avec ceux qui tentent d’exploiter tel ou tel drame de l’actualité pour en tirer des avantages catégoriels n’est que, osons le dire sans peur du pléonasme, coïncidence fortuite.
L’Année du Milliard
janvier 1, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésLe magazine Time a l’habitude de choisir la « personne de l’année » pour en faire une couverture très suivie dans le monde entier. Et, en fonction des circonstances, de choisir de nommer non une personne, mais un évènement. Dans cette veine, JusMurmurandi a constaté que, plus que tout, 2008 resterait comme l’année du Milliard.
Rappelez-vous, il n’y pas si longtemps le Crédit Lyonnais lancé dans une folle aventure s’est réveillé avec une gueule de bois qui a coûté au contribuable français la bagatelle de 30 milliards de francs. Le scandale a été épouvantable, et l’opprobre qui a couvert cet établissement et la méthode très française de privatisation des profits et de nationalisation des pertes a durablement ébranlé le capitalisme étatique bien de chez nous.
Or 30 milliards de francs, c’est moins de 5 milliards d’euros. C’est-à-dire moins que ce que le seul Jérôme Kerviel a coûté à la Société Générale. Ce second « trou » fait lui aussi scandale, lui aussi planétaire, éclipsant au tableau de déshonneur tous les autres traders perdus, de Nick Leeson et la Barings, ou ceux de Mitsubishi ou de Metallgesellschaft.
Mais au moment où les esprits stupéfaits commencent à peine à s’habituer à l’idée d’une telle somme, et plus encore perdue par une seul homme, lui aussi perdu dans un système en perdition, les chiffres ne cessent de défiler tous plus grands que la semaine précédente. Et les épithètes manquent pour accompagner et rendre compte de ce défilé de sommes toujours plus énormes.
Alors que dire quand Madoff inscrit son nom en lettres de feu tout en haut du tableau des pertes individuelles, avec un astronomique 50 milliards, soit un décakerviel?
En septembre, Lehman Brothers fait faillite laissant derrière elle une ardoise de 146 milliards, sans compter les engagements par signature. Des sommes qui n’ont plus de sens, tant le montant n’a plus de rapport avec le tangible. Mais ce n’est, on n’ose à peine l’écrire, qu’un amuse-gueule. La tornade déclenchée par cette faillite manque emporter le système financier planétaire, et la situation n’est quelque peu stabilisée que grâce à un plan concocté par l’américain Henri Paulson. Plan annoncé à 250 milliards de dollars, puis 350, puis estimé à 500 milliards, pour sortir finalement au moment de son annonce officielle, à 700 milliards dollars. Somme bien entendu, comme toute les précédentes, sans précédent.
Quand on pense que la seule AIG, certes il y encore quelques mois premier assureur de la planète, a déjà « consommé » quelques 135 milliards de dollars d’aide de l’Etat américain pour éviter la faillite, et, avec elle, emporter tout le système, on commence à se dire que, finalement, par rapport à 135 milliards (et ce n’est pas la fin) pour un assureur, 700 milliards pour toutes banques, ce n’est pas tant que ça.
Le reste du monde n’est pas en reste. 240 milliards pour l’Union européenne, pourtant théoriquement corsetée de fer par les critères de Maastricht. 650 milliards pour la Chine, dont la dépendance aux exportations revient la hanter comme un vent mauvais après la brise d’été qui a culminé aux Jeux Olympiques. 140 Milliards pour soutenir le rouble dans une Russie dont l’arrogance, les réserves en devises, le taux de croissance et les fortunes des oligarques ne résistent pas à l’effondrement des prix des matières premières, à commencer par le pétrole.
Ainsi Roman Abramovitch, emblématique pour avoir dépensé sans compter pour son club de football de Chelsea, aurait-il vu sa fortune tomber de 22 milliards de dollars à 3 milliards. Comment ne pas le plaindre? Mais comment plaindre un milliardaire? A ceci près qu’Oleg Deripaska aurait perdu plus encore. Alors, avec « seulement » quelques milliards, comment les qualifier, ces perdants phénoménaux: de riches, de pauvres ? Tout repère a disparu, emporté par des sommes insensées.
Pendant ce temps-là, tous les plans annoncés semblent déjà trop faibles pour faire vraiment repartir la machine. Le monde attend de l’équipe Obama, au manettes dans trois semaines, un plan de relance de quelques 500 milliards de dollars. La France elle aussi attend une deuxième tranche du plan Sarkozy avant même que la première ait produit le moindre effet, car les délais de mise en œuvre sont encore à courir.
Rien ne pourrait mieux montrer cette escalade himalayenne que de constater que les pertes de BNP-Paribas en 2008 dues à la crise, soit quelques 4,2 milliards d’euros en fin d’année 2008 ne l’empêchent pas d’être considérée comme une des banques les mieux gérées au monde, alors qu’un montant supérieur mais de peu, perdu par Kerviel, a durablement marqué son concurrent la Société Générale comme un exemple de grand n’importe quoi. Si seulement le trou Kerviel avait éclaté (si l’on peut dire) quelques mois plus tard, eût-il vraiment marqué les esprits, et la Société Générale a-t-elle manqué de prudence, ou simplement joué de malchance dans le timing?
JusMurmurandi pourrait continuer à empiler sans fin ces sommes elles aussi sans fin ni sens. Mais nous sommes le 1e janvier, et donner mal à la tête un 1e janvier n’est vraiment pas une façon sympathique commencer l’année.
Alors, après avoir constaté que 2008 restera dans les annales comme l’année où le milliard, au lieu de vouloir dire « énormément, jamais vu » est devenu une unité de compte banale, voici un chiffre qui, lui ne bougera plus, et dont il faut espérer qu’il ne sera pas dépassé avant longtemps. En 2008, Wall Street a vu la capitalisation boursière des sociétés qui y sont cotées fondre de 7 trillions de dollars.
Trillions, le mot est lancé, impensable, incompréhensible. Visiblement le milliard ne suffit plus et le mot n’a pas passé le 31 décembre. 2008 restera définitivement comme l’Année du Milliard, et nous sommes bien en 2009.
Bonne année !!
Agapes de fin d’année
décembre 31, 2008 on 7:25 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésLa fin de l’année est, de par le vaste monde, l’occasion de festivités et de réjouissances alimentaires. Si nombre d’entre elles sont traditionnelles, gastronomiques ou familiales, certaines sont inhabituelles ou incongrues. En voici 3 qui ont retenu l’attention de JusMurmurandi.
A Milan,les autorités ont saisi 40 kg de caviar beluga de contrebande, d’une valeur de 400.000 euros. Après que des tests aient démontré la comestibilité du produit de la saisie, ce caviar, le plus raffiné qui soit, a été distribué aux abris, foyers, hospices, et autres cantines pour pauvres. Peut-être, pour éviter de perdre la tête, Marie-Antoinette eût-elle dû suggérer que les affamés en manque de pain mangeassent non de la brioche, mais du caviar?
Autre lieux, autres moeurs. Les forces occidentales s’efforcent de garder le contrôle de l’Afghanistan qu’ils ont conquis militairement. Et cela passe par l’adhésion des nombreux chefs de tribus qui sont l’épine dorsale du pays. Pour s’acquérir le soutien de certains d’entre eux, un peu vieillissants, mais n’ayant pas renoncé au plaisir d’épouses beaucoup plus jeunes, la CIA a trouvé un argument choc: leur fournir du viagra. Il semble qu’une deuxième visite, quelques jours après le petit cadeau bleu, ait montré des chefs infiniment bien disposés à l’endroit des donateurs américains. Après tout, l’Afghanistan, premier producteur mondial de pavot à opium et héroïne n’ignore rien des substances qui provoquent la dépendance. Le tout était de trouver la bonne.
Au coeur de notre bonne société parisienne, une dame en rendez-vous d’affaires se fait voler son sac à main avec tout son contenu (clefs, argent, papiers, cartes de crédit, téléphone) dans un salon de thé très huppé des Champs-Elysées dont elle est une habituée. Revenue du choc et de la peu agréable visite au commissariat qui lui dit que, désolé, c’est un évènement banal parce que fréquent, elle tente de trouver dans ledit salon de thé un abri contre la pluie glacée qui tombe en ce jour où tout va mal pour elle, en attendant qu’un membre de sa famille lui apporte un double de ses clefs de voiture. Elle a même la malencontreuse idée de demander un verre d’eau et un thé pour se réchauffer. La direction du salon de thé pèse sa demande à l’aune du fait que c’est quand même chez eux que le vol a eu lieu, et que la cliente y est connue. Elle a eu droit à un chaise et à un verre d’eau. Mais le serveur n’a même pas laissé la carafe sur la table.
Il y a des jours où il vaut mieux être pauvre à Milan ou chef de tribu afghane que femme d’affaires à Paris.
Nous sommes tous des Madoff!
décembre 30, 2008 on 6:37 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | 6 CommentsBernard Madoff est un escroc, c’est maintenant une affaire entendue, même si la procédure judiciaire est très loin de l’avoir mené à une condamnation. Mais, de son propre aveu, les rendements qu’il promettait et servait à ses investisseurs venaient des dépôts d’autres investisseurs. Et il en fallait encore d’autres pour servir le rendement de ceux-là, et ainsi de suite jusqu’à la culbute finale. Ce schéma, appelé « pyramide », est bien entendu illégal.
En France, la pyramide des âges (tiens, encore une pyramide) fait que le pays passe graduellement d’un stade où il y avait 3 actifs pour un retraité, dans les années 60, à celui, en 2020, où il y aura un retraité pour un actif. Ceci est du à l’allongement de la durée de vie, au rajeunissement de l’âge de départ à la retraite (aujourd’hui vers les 58ans), et à la chute de la natalité après le baby-boom.
Qui peut imaginer sérieusement que l’actif en question pourra non seulement subvenir à ses besoins mais aussi à ceux d’une autre personne? Justement, personne. En attendant, le système par répartition prend les cotisations versées par les « nouveaux cotisants » et les attribue aux « anciens ayant-droits ». Et la culbute du système aura lieu quand il n’y aura plus assez de nouveaux cotisants pour financer les droits existants.
Qu’on m’explique en quoi ce système diffère du système -pénalement condamnable- de Madoff?
Autre question. L’Etat français, qui avait des finances équilibrées par le tandem Giscard-Barre jusqu’en 1980, a creusé des déficits et une dette publique vertigineux depuis lors, droite et gauche confondues. Notamment, il a multiplié les systèmes de « droits » non limités en montants, tels notamment le RMI ou la CMU, dont le nombre d’allocataires n’est pas plafonné, alors qu’il n’y a comme ressource en face que le budget général de l’Etat.
Tant que les ressources croissent, le système donne l’apparence de tenir debout. On prend les impôts versés et on les redistribue vers les bénéficiaires. Mais si les nouvelles rentrées ne suffisent plus à éteindre les droits acquis, il y a une impasse budgétaire (qu’en termes doux ces choses-là sont dites) qui ressemble fort à ce qui est arrivé à Madoff et à ses déposants.
L’origine de ces pyramides d’Etat est simple. Quand on a créé le système de retraites, on en a fait bénéficier des gens qui n’avaient pas cotisé. Aujourd’hui encore, quand la classe politique déplore, avec une belle unanimité, les toutes petites retraites, notamment des artisans commerçants et paysans, ils « oublient » au passage que ceux-ci n’ont pas cotisé beaucoup.
A l’école, les jeunes français apprennent que, sous Henri IV, leur roi préféré, l’un des deux seuls qui ait baissé les impôts, le bon ministre Sully disait que « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Ce sont deux activités productives. Aujourd’hui, si l’on parle de mamelles de la France, tous penseront allocation et pensions. Et voudront consommer du lait même s’il n’a pas été produit. Qu’importe si, à trop la traire, on tarit la vache.
La case faillite, ce n’est que pour les vulgaires Madoff. Quand son système explose, on dénonce la pyramide. Quand l’Etat français fait exactement la même chose, c’est un système par répartition unique au monde…