Logiques de marché contre principe de prudence, au bout de la route la culbute!
septembre 24, 2008 on 6:13 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésCette histoire est un peu technique, mais ô combien révélatrice de nombreuses dérives de notre planète où la finance joue un rôle si important.
Si des banques et autres institutions financières sont en grande difficulté, c’est avant tout parce que les autres banques ne leur font plus de crédit « au quotidien », comme avant.
Si elles ne le font plus, c’est parce qu’une incertitude pèse sur la réalité de leurs actifs, dépendant de la suite de l’évolution du marché immobilier aux Etats-unis. A-t-il fini de baisser, ou pas encore, va-t-il remonter, de combien, quand? Quel est le pourcentage de prêts immobiliers qui ne seront pas remboursés? Des réponses à ces questions dépend la « valeur » des portefeuilles de crédits hypothécaires détenus par les institutions financières.
Mais pas seulement. Parce qu’il existe aux Etats-Unis une règle comptable prudentielle appelée « mark to market », qui oblige toute entreprise à valoriser un actif, au maximum, au prix que le marché est prêt à payer pour cet actif. Cette règle, en apparence raisonnable, en tient pas compte d’un problème. C’est qu’en ce moment, personne ne veut acheter des portefeuilles d’emprunts immobiliers. Ce qui se comprend quand on pense à le crise aigue de ce marché.
Résultat, si ces portefeuilles de prêts sont invendables, c’est qu’ils ne valent pas cher du tout. Voire zéro. Donc la règle prudentielle oblige les banques à passer des provisions gigantesques, non pas en fonction de la valeur intrinsèque de ces prêts, qui dépend de leur taux de remboursement, mais en fonction de leur liquidité.
Avec pour conséquence que les banques passent des provisions qui déprécient « trop » les portefeuilles de crédits. Un exemple: Fanny Mae et Freddie Mac cumulent 91 milliards de fonds propres pour garantir 5000 milliards de crédits hypothécaires. Ce qui veut dire que, si 2% de ces prêts ne sont pas remboursés, les deux institutions sont lessivées. Raison pour laquelle l’Etat américain les a nationalisées, afin d’éviter les conséquences dramatiques de leur déconfiture, à savoir un effet de dominos catastrophique.
Comme l’Etat américain a l’intention d’injecter 200 milliards de dollars dans ces 2 établissements, cela veut dire que les pertes totales seront inférieures à 300 milliards, en totalisant cette injection de fonds publics et leurs fonds propres. Soit une estimation que la perte totale sera inférieure à 6% de la valeur du patrimoine, c’est-à-dire des portefeuilles de prêts hypothécaires.
Pas plus de 6%. Et ce, alors que Fanny et Freddie sont à 100% dans l’immobilier, ce qui est le pire cas de figure possible aujourd’hui. Mais alors, pourquoi les titres boursiers de Bear Sterns, de Lehman Brothers, de Merril Lynch, d’AIG se sont-ils effondrés non pas de 6% mais de 60% voire de 100%?
C’est là qu’intervient la stupide règle prudentielle: parce qu’il faut provisionner non pas en fonction de la valeur intrinsèque, au moins égale à 94%, mais en fonction de la vendabilité, ou liquidité, à qui il peut arriver en période de crise, comme c’est le cas maintenant, de tomber à zéro. Et quand on provisionne massivement, des pertes colossales apparaissent, les fonds propres fondent et la confiance disparaît. C’est le schéma de la crise actuelle.
Et c’est donc une règle de prudence qui risque d’entraîner une catastrophe. A noter que la règle FASB 157 qui définit précisément comment appliquer le « mark to market » est entrée en vigueur en novembre 2007, et qu’on en voit les effets en 2008. Cette FASB 157 est issue notamment du scandale Enron, où l’entreprise assignait des valeurs hyper-optimistes à la vendabilité des ses produits financiers « exotiques ».
Le législateur a donc voulu être prudent, pour éviter la répétition d’un scandale, et a en fait, joué à l’apprenti sorcier et déclenché une catastrophe bien pire. Bien joué!
En fait, il y a une bonne traduction française pour ce comportement. C’est le principe de précaution.
Harry Potter est-il le dernier espoir de Xavier Darcos?
septembre 22, 2008 on 10:04 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésLes commentaires de Xavier Darcos, ministre de l’Education Nationale sur les diplomés Bac+5 qui passent leur temps à faire faire la sieste aux enfants et à changer leurs couches ont fait du bruit. Tant de bruit qu’ils ont du justement réveiller les bambins au milieu de leur sieste.
La question que pose le ministre, même si sa formulation est éminemment polémique, est néanmoins fondamentale. Quel est le rôle de l’Education Nationale?
S’agit-il d’armer les jeunes Français le mieux possible pour leur vie active et leur vie de citoyen? Compte tenu du monstrueux taux d’illettrisme à l’entrée (théorique) au collège, JusMurmurandi en doute sérieusement.
S’agit-il d’occuper les enfants coûte que coûte pour permettre aux parents de vaquer à leur vie propre sans en assumer la responsabilité? Quand on voit à quel point la mise en oeuvre d’un service minimum d’accueil des enfants même en cas de grève s’est révélée compliquée et conflictuelle, JusMurmurandi se dit qu’effectivement, l’école a bon dos.
S’agit-il de remplacer les parents en assumant l’intégralité du rôle éducatif d’enfants dont les parents soit en sont incapables, soit ont baissé les bras? Alors, c’est mission impossible. Car, pour commencer, l’école ne peut éduquer que les enfants qui y vont, et c’est aux parents de veiller que leurs enfants ne cèdent pas à la tentation de sécher les cours.
De même, si des parents veulent que l’école assume la totalité de la tâche éducative de leurs enfants, dont ils se déchargent, alors pourquoi les mêmes parents s’insurgent-ils (le mot est faible) quand un professeur recourt à une gifle, qui fait partie, de temps en temps, d’une relation parent-enfant? Pourquoi exigent-ils que l’école laïque respecte l’éducation religieuse qu’ils veulent que leur enfant reçoive?
Bref, ils veulent que l’école ait tous les devoirs, toutes les charges, toutes les obligations, et aucun droit.
Heureusement, cette école existe. Malheureusement pas en France. C’est l’institut Poudlard, connu pour son célèbrissime élève, Harry Potter.
Le problème, c’est que son maître, Dumbledore, est décédé avant son adversaire, le redoutable Voldemort.
Vu l’écart vertigineux entre la réalité de l’Education Nationale et les exigences de la tâche qu’elle est censée remplir, il est à craindre que Xavier Darcos lui aussi cesse d’être ministre bien avant d’avoir vaincu ses adversaires, qui ont pour noms Bêtise, Capitulation, Routine, Paresse, Bureaucratie, Avantages Acquis et j’en passe…
A l’aide, Harry, tu es notre dernier espoir.
Benjamin Franklin et la globalisation
septembre 22, 2008 on 6:04 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésLe monde est un endroit compliqué. Déjà les mécanismes à l’oeuvre dans chaque pays deviennent de plus en plus complexes, et, en plus, il est à tout moment possible d’être victime de problèmes importés et dont la responsabilité est ailleurs.
Ainsi, le problème des subprimes est-il exclusivement américain. Si les banques américaines, profitant des taux d’intérêts très bas offerts par la Federal Reserve elle aussi américaine, n’avaient offert des prêts immobiliers à taux variables pour que des Américains à revenus fort modestes achètent leurs logements américains, rien de tout cela ne serait arrivé.
Mais les Européens, qui entrent de ce fait en récession, ont quelque raison de râler contre le fait que le ciel qui leur tombe sur la tête soit celui où flotte la bannière étoilée. De même, les Russes ou les Chinois, dont les bourses ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis leur plus haut il y a tout juste quelques mois.
Les contribuables américains, qui vont devoir débourser mille milliards de dollars (700 milliards pour le plan annoncé jeudi par le Président Bush, plus 85 milliards pour l’assureur AIG, plus 200 milliards pour les nationalisations précédentes de Freddie Mac et Fanny Mae) ont quelques raisons de se dire qu’il n’y a pas de raison qu’ils soient les seuls à payer si leur fardeau sort l’économie mondial d’un trou d’air global qui menaçait de devenir un trou noir.
Problème qui n’a rien à voir: le lait chinois frelaté. Des quantités importantes de lait ont été mélangées en Chine avec de la mélamine. Résultat: des dizaines de milliers d’enfants chinois à l’hôpital, dont quelques-uns meurent. Ceci n’est pas sans rapport avec le fait que, en dépit de la légendaire croissance chinoise des 20 dernières années, l’espérance de vie n’y augmente que très peu (3 ans en en 25 ans, contre plus du double en Occident) Et le monde de se demander jusqu’où la mélamine chinoise a pu être exportée sous forme de produit alimentaire.
Plus curieux encore, la politique chinoise d’un enfant par famille en vigueur depuis Mao créé un déséquilibre démographique qui sera catastrophique en Chine, et dont les répercussions seront indiscutablement mondiales tant il affectera les capacités productives d’un pays qui est de plus en plus « l’usine du monde ».
Preuve que ces phénomènes n’ont pas encore été intégrés: ce week-end, les 2 dernières banques d’affaires américaines indépendantes, Morgan Stanley et Goldman Sachs, ont décidé de se transformer en sociétés holdings. Elles trouveront grâce à cette nouvelle structure les avantages des banques classiques, notamment en matière de refinancement et de liquidité auprès de la Federal Reserve, lequel manque de liquidité à fait couler en si peu de temps Bear Sterns, repris par JM Morgan, Merril Lynch, repris par Bank of America, et Lehman Brothers, en liquidation. Mais elles devront, pour ce faire, accepter beaucoup plus de contrôles des régulateurs, et des ratios prudentiels beaucoup plus conservateurs, à l’égal des banques traditionnelles. C’est d’une certaine façon la fin des seigneurs de Wall Stret, et, suivant le livre de Tom Wolfe, le »bûcher des vanités ».
Mais quel impact ceci aura-t-il si le métier de banque d’affaires, rendu plus stable mais aussi moins rentable par ce surcroit de régulation est repris par les hedge funds non surveillés, ou par des établissements situés hors des Etats-Unis. Ainsi le Quantum Fund du célèbre George Soros, connu pour avoir « brisé » la Banque d’Angleterre en 1992, est-il résident à Curaçao (Antilles néerlandaises) et aux îles Cayman. Des paradis fiscaux où aucun régulateur ne vient chercher querelle à un investisseur et employeur.
En fait, la limite de tous ces exercices de délocalisations globales est qu’en cas de crise grave, le bébé revient toujours à ceux qui ont le moyen de régler le problème, les grande puissances, leur capacité budgétaire, leur qualité de signature, et leur armée de contribuables.
Car, comme le dit si bien Benjamin Franklin: « rien dans ce monde, ne peut être tenu pour certain, si ce n’est la mort et les impôts »
Récit de drames politiques ordinaires sous le ciel d’Afrique
septembre 21, 2008 on 6:52 | In Best of, Incongruités, International | Commentaires fermésLa vie politique de l’Afrique australe ne ressemble décidément à aucune autre. Déjà le Zimbabwe en donnait un flagrant exemple, avec le vieux Robert Mugabe qui a réussi à s’accrocher au pouvoir après avoir perdu et une élection législative et le premier tour d’une présidentielle dont le deuxième le vit seul en lice après le désistement de son rival effrayé par une campagne de massacres contre lui et les siens.
C’est Thabo Mbeki, président de la puissante Afrique du Sud voisine qui fut chargé de a médiation entre Mugabe et son adversaire Tsvangirai, lequel Mbeki fut considéré par beaucoup comme beaucoup trop conciliant avec Mugabe. Même si, la semaine dernière, les deux adversaires zimbabwéens signèrent un accord de partage du pouvoir, personne ne sait ce qui va se passer dans le pays vu l’ambiguité du texte, qui prévoit que les ministres fassent partie de deux instances, l’une présidée par Mugabe, qui reste Président, et l’autre par Tsvangirai, qui devient Premier Ministre. Ambiance…
Le plus curieux, c’est qu’alors qu’on attendait une sortie de la scène internationale ignominieuse de Mugabe, c’est Thabo Mbeki qui vient d’annoncer sa démission. Il faut dire qu’il n’avait pas trop le choix, son propre parti l’ayant exigé.
A première vue, rien d’étrange là-dedans pour un pays qui a longtemps été influencé par la culture et l’héritage institutionnel britannique. Après tous, Margaret Thatcher et Tony Blair, chacun la personnalité politique la plus marquante de leur temps, et la plus longtemps au pouvoir aussi, n’ont-ils pas été chassés par leurs partis respectifs?
Non, ce qui est curieux, c’est la façon dont cela se passe. Thatcher et Blair ont été poussés dehors pour faire de la place de peur que les élections à venir ne conduisent leur parti à la catastrophe. Mbeki est poussé dehors alors que l’ANC, son parti et celui de Nelson Mandela est absolument sûr de gagner. C’est Jacob Zuma, son charismatique leader qui sera le prochain président sud-africain.
Sauf que Zuma n’est pas n’importe quel candidat. Combien au monde osent se présenter après avoir échappé à une condamnation pour viol faute de preuves, sous le coup d’un procès pour corruption, et faisant l’objet d’accusations de harcèlement sexuel? Voilà plus qu’il n’en faut pour couler définitivement la carrière de n’importe quel homme politique en occident.
Sauf que, encore, le procès pour corruption a été reporté, pour cause de « motivation politique », c’est-à-dire attribué spécifiquement à Thabo Mbeki après que celui-ci eût perdu au congrès de Polakwane la lutte qu’il menait contre Zuma pour le contrôle de l’ANC. On se demande bien en quoi le fait que l’action judiciaire soit, le cas échéant, à l’instigation du Président, fait que Zuma est ou non innocent d’avoir touché des pots de vin. Du vin français, d’ailleurs, car il s’agirait de Thalès.
Mais pourquoi virer Mbeki dans tout cela? Parce que la justice sud-africaine, nominalement indépendante, a décidé de maintenir les poursuites contre Zuma, et que l’ANC pense que ceci ne cessera pas tant que Mbeki sera président. Ce qui montre ce que l’ANC pense de ladite indépendance.
Mbeki est également peu populaire pour avoir géré l’Afrique du Sud « à l’occidentale » (toutes proportions gardées), ce qui a engendré un spectaculaire redressement économique, l’émergence d’une puissante classe moyenne noire inconnue du temps de l’Apartheid, et déçu les nombreux pauvres du pays, qui auraient voulu toucher plus vite les fruits d’une prospérité qu’ils veulent généreuse pour eux même s’ils ne travaillent pas. Il ne faut pas s’en étonner quand on sait le poids des syndicats et du parti communiste dans la coalition au pouvoir en Afrique du Sud.
Là, la ressemblance avec l’Europe n’est pas avec la Grande-Bretagne, mais avec la France, où la gauche se fait éjecter à chaque fois que, la politique de distribution généreuse mais à crédit perpétuel ayant trouvé ses limites (celles de la faillite du pays), elle se met à gérer avec le sens du réel et du possible, puis se fait virer aux prochaines élections.
Sauf que, comme Zuma, Mbeki n’est pas non plus un homme politique commun. Notamment pour sa dénonciation des précautions et thérapies occidentales contre le SIDA, auxquelles il préfère un remède à base d’ail, de citron, de patates et d’huile d’olives. Sa déclaration, en 2003, qu’il ne connaissait personne qui soit mort du SIDA, ne manqua pas de scandaliser dans un pays où ce fléau fit cette année-là 370.000 morts.
Comme on le voit, cette affaire est typique de l’Afrique australe, et impossible sous nos climats, où les moeurs politiques sont autrement civilisées, et policées. Jamais on n’imaginerait un Premier Ministre UMP lançant une affaire de comptes à l’étranger contre un autre UMP futur candidat à la présidentielle. Jamais on n’imaginerait cet autre candidat ripostant par l’intermédiaire de la Justice pour que la procédure handicape la candidature rivale du Premier Ministre. Jamais on ne trouverait un grand parti de gauche, c’est-à-dire chargé de la tâche noble et exigente de la défense des plus démunis, qui perde le sens de l’intérêt national dans les luttes de marigot pour le contrôle du parti.
Non, vraiment, ces évènements ne peuvent se passer qu’en Afrique australe, dans ce territoire que Kipling chantait, où l’oiseau Kolokolo encourage le naïf éléphanteau à plonger son nez dans la rivière Limpopo où maraude le crocodile qui cherche son dîner.
Allo, mon oncle, Bobo!
septembre 19, 2008 on 6:21 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésOn peut pardonner aux financiers qui, cette semaine, ont régressé au stade d’enfants qui ont un bobo et appellent leur mère au secours, tant les marchés financiers ont vu souffler la super tornade Confiance avec une intensité qui a fait craindre l’imminence de l’implosion du système financier mondial.
Implosion qui aurait, par comparaison, sans nul doute réduit la crise de 1929 au stade simple tir de sommation.
Sauf que, dans les films américains sur la Conquête de l’Ouest, ce n’est pas la maman qui arrive pour souffler sur les plaies de son enfant, c’est la cavalerie qui arrive toujours très tard, mais jamais trop tard.
Là encore, jeudi, la cavalerie est arrivée. Et au lieu de maman, c’est l’Oncle Sam, le richissime Oncle d’Amérique, qui va nettoyer les ruines laissées par les folies de banquiers qui ont, une fois de plus, oublié que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel.
Bien sûr, il reste à l’Oncle Sam à mettre ses intentions en actes, rapidement et efficacement, ce dont on ne peut préjuger.
Mais JusMurmurandi ne va pas nier le soulagement qu’apportent les quelques 1 000 000 000 0000 dollars que va apporter sous une forme ou une autre le contribuable américain.
Les boursiers sont du même avis, avec des hausses sans précédent en Europe. A titre d’exemple, le titre du Crédit Agricole a gagné 25% en une journée! Si les boursiers sont acheté, c’est qu’ils ont confiance. Et la confiance, c’est ce qui a si cruellement manqué dans la crise de ces derniers jours. Plus que l’argent, c’est le vrai carburant de notre société, que ce soit pour la politique d’un gouvernement ou la solvabilité d’une banque.
Néanmoins, JusMurmurandi ne peut que clouer à son pilori tous ces seigneurs de la finance qui ont, avec un sens très aigu de leurs intérêts faits de méga-profits et de giga-bonus, créé ce qu’on ne peut appeler qu’un vrai merdier, et qui, ayant tant et si fort joué que leur jouet se soit cassé, ont sans la moindre vergogne appelé la puissance publique à leur secours.
L’ironie cruelle de l’historie est réservée aux actifs de Lehman Brothers, en liquidation, à leurs actionnaires lessivés, à leurs employés licenciés, aux actionnaires évincés de AIG, à tout Merril Lynch qui s’est bradé en urgence. S’ils avaient tenu simplement 4 jours de plus, ils auraient, eux aussi, été sauvés par l’Oncle Sam.
Il est à craindre que, loin de se repentir de leurs fautes, ils ne se considèrent comme des victimes d’une injustice, puisque d’autres, aussi coupables qu’eux, s’en sortiront avec leur argent et leur emploi intacts, à défaut de leur réputation.
Heureusement, nous sommes aux États-unis, où il y a des avocats pour plaider toutes les causes, même les plus oiseuses, ils pourront se lancer dans d’interminables procédures pour faire valoir leurs droits à être sauvés comme tous les autres.
Car si, en France, nous avons inventés, sous la Révolution Française, les Droits de l’Homme, sous Simone Veil le droit à l’avortement et sous Chirac et Villepin (chacun fait ce qu’il peut) le droit opposable au logement, sous Bush les Etats-Unis ont inventé le droit d’être sauvé quelles que soient les folies qu’on a commises…
Quand Hollande se prend les pieds dans le Tapie
septembre 10, 2008 on 7:55 | In Coup de gueule, France, Incongruités | 2 CommentsFrançois Hollande déclare ce soir qu’il ne faut pas s’attaquer à Bernard Tapie dans la tempête (dans un verre d’eau) qui se déroule autour du chèque que nous venons de lui verser.
Non, c’est sûr et certain, Bernard Tapie est un homme exemplaire.
Ne fut il pas, pour commencer, ministre de François Mitterrand ?
Quel magnifique exemple de qualité humaine ?
Ne fut il pas aussi un fossoyeur indécrottable d’entreprises et d’emplois, ne sachant au mieux que les acheter et les vendre, mais jamais les gérer ?
Et surtout il jouit encore aujourd’hui d’une notoriété, d’une sympathie qui, sait on jamais, pourraient un jour servir le Parti Socialiste, l’aider à revenir aux affaires, alors qu’il en semble tellement incapable en ce moment.
Mais avec un homme comme Tapie…tout ne serait il pas possible ?
Car c’est certain, ce ne sera pas (plus) le parti socialiste de François Hollande.
En ce qui le concerne, après 12 ans de longs et mauvais services (ou de bonnes défaites), une chose est sûre : il est temps qu’il parte.
C’est si facile!
septembre 9, 2008 on 1:54 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésJean-Marie Bigard s’est singularisé sur Europe 1 en affirmant que c’était un missile américain qui avait percuté le Pentagone le 11 septembre 2001, et non un avion dont des terroristes avaient pris le contrôle. Jean-Marie Bigard n’est d’ailleurs pas le seul, loin s’en faut, à soutenir de telles théories.
Cette attitude « conspirationniste » peut avoir plusieurs causes. Le désir de faire parler de soi. Le désir d’échapper à la « pensée convenue ». Ou tout simplement prendre ses désirs (ou ses délires) pour la réalité.
Peu importe d’ailleurs qu’une telle théorie n’ait aucun rapport avec la réalité, ou même aucune vraisemblance, le grand public n’en demande pas tant. Il existe même une presse spécialisée florissante qui ne traite que des sujets insensés, comme les enfants nés avec 3 têtes ou 18 bras.
Il est bien entendu possible de se dire que ceci n’est pas important et de laisser ces esprits égarés à leurs extravagances. Mais en fait, le ressort de cette mécanique, et le fait qu’elle soit « payante » en matière de notoriété, vient de ce qu’il est si facile de lancer des accusations sans avoir quoi que ce soit à prouver.
Où sont les restes du missile qui aurait frappé le Pentagone? D’où est-il parti? Par qui a-t-il été tiré? L’a-t-on enregistré sur les écrans radar de surveillance aérienne? Non, bien sûr.
Cela rappelle toutes les accusations qui « flottent » en ce moment. François Bayrou qui accuse Nicolas Sarkozy d’avoir orchestré la victoire de Tapie dans la procédure d’arbitrage qui l’opposait au Crédit Lyonnais. Ou les accusations contre le même Nicolas Sarkozy d’avoir personnellement fait virer Patrick Poivre d’Arvor du journal télévisé de TF1. Peu importe que, dans le premier cas, les arbitres qui ont tranché en faveur de Tapie soient parmi les plus honorables et respectés de France, peu importe que, dans le deuxième cas, TF1 ait eu intérêt à tenter de stopper sa perte de part de marché.
Il existe d’autres manifestations de ce régime d’accusation-conspiration. Il suffit de voir l’état d’esprit actuel qui oppose le « principe de précaution » à toute innovation. L’usage du taser, arme non létale déjà employée par la police et la gendarmerie, va être étendu aux polices municipales, et hop! les accusations de dangerosité du taser ressortent. Peu importe l’absence de preuve, ni la comparaison avec ce qui se serait passé si les forces de l’ordre avaient dégainé à la place des armes à feu.
Le quotidien « le Parisien » accuse les détenus et gardiens de Fleury-Mérogis d’avoir laissé un viol se dérouler sans que qui que ce soit intervienne. 339 d’entre eux portent plainte pour diffamation et se constituent parties civiles. Le tribunal les déboute au motif qu’ils ne sont pas nominativement mis en cause dans l’accusation du journal.
Dans un autre genre, on ne compte plus les accusations syndicales de la volonté du patronal de délocaliser, licencier, ou autre « forfait ». Le comble a même été atteint par François Chérèque, le leader de la CFDT. Il a dit sa crainte qu’une prise de contrôle de la société Eramet soit le préalable à des délocalisations en rapport avec les mines qu’elle exploite en Nouvelle-Calédonie….
Et, le temps que l’absence de tout fondement de l’accusation soit révélée, l’opinion publique est déjà passée à autre chose, et l’info ne vaut plus que 2 lignes en fond de journal.
Évidemment, la « découverte » récente qui a permis à la justice indienne de condamner sur la base d’une activité cérébrale « probante » devrait faire peur à ces accusateurs sans logique ni preuves.
Car un examen de leurs cerveaux pourrait révéler des activités bien curieuses…
Chargez !!
septembre 5, 2008 on 7:50 | In Best of, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésDans un précédent article, JusMurmurandi s’était penché sur ces barbarismes qui émaillent de plus en plus souvent la langue française, pour le simple motif que l’on « francise » un terme anglo-saxon alors même qu’un mot existe dans notre langue. Est-ce parce que cela « fait bien » ou toute autre raison de ce type, toujours est il que l’on n’enrichit pas la langue, on l’abâtardit, on la charcute.
Un exemple parfait est celui du support. Un support est quelque chose qui sert à… supporter. Exemple un support mural. Lorsque l’on fait appel à un service technique pour résoudre un problème, c’est du soutien, et non du « support » technique. Toute autre acception devient de facto…insupportable.
Depuis quelques jours, et il faut s’en réjouir, le prix du baril de pétrole baisse plus vite que l’Euro face au Dollar américain. Cela signifie que de nombreux pans de l’économie qui avaient mis en place des augmentations de prix spécifiquement liées à cette bulle inflationniste vont aujourd’hui les remettre sur les étagères.
Au passage, bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des Français.
Exemple, la surtaxe que font payer les transporteurs aériens. Et non la surcharge. Car cela vient du mot Anglais « to charge » qui signifie faire payer. Et non une charge (ex. charge utile qui est le poids que l’on peut mettre dans un véhicule utilitaire en sus de son poids à vide) qui n’a rien à voir avec une taxe comme c’est le cas ici.
Vous trouvez que JusMurmurandi charge la mule avec un combat d’arrière-garde ?
Allons plutôt demander à ce que l’on demande au gouvernement que l’on supprime toutes les surtaxes [inutiles] qu’il a introduites: taxe sur les poissons, RSA etc….
Chargeeeeeeeeeeeeeeeez !!
70 ans et toujours en activité
septembre 4, 2008 on 2:50 | In Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésJusMurmurandi croyait que l’âge de la retraite, en France, était au minimum, pour le régime général, de 60 ans et au maximum de 65 ans.
Et bien pas du tout. Les transports en commun lyonnais sont en grève parce que leur opérateur, la société Kéolis, voudrait, d’après les syndicats, remettre en cause la convention collective en vigueur depuis… 70 ans!
Oui, vous avez bien lu, 70 ans. C’est-à-dire depuis 1938, soit avant la seconde guerre mondiale. Tout a changé en 70 ans, notamment dans les transports, mais la convention collective doit rester intacte.
Il est à noter que, bien entendu, les syndicats ont choisi comme jour de grève celui où la ville de Lyon reçoit le jury chargé de désigner la capitale européenne de la culture. Cela rappelle la grève des syndicats d’Air France aux premiers jours de la Coupe du monde de football de 1998.
Il est à noter également que Kéolis a déjà garanti aux syndicats le maintien des 35 heures, la grille de salaires et le 13e mois. Et que la grève intervient avant tout début de négociation, c’est à dire avant que les syndicats puissent voir dans cette remise en cause quelque problème que ce soit.
Mais là où JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre incompréhension et ahurissement, c’est en lisant dans Lyon Mag l’interview de Bruno Serpaggi, délégué syndical CFTC, qui dit se plaint notamment de n’avoir pu rencontrer le patron de Kéolis « que » le 1er septembre pour un préavis de grève déposé le 28 juillet. Si Kéolis avait voulu négocier en août, JusMurmurandi voit d’ici les syndicalistes les taxer de mauvaise foi car proposant une date de négociation en pleine période de congés.. Mais ce n’est pas tout. Bruno Serpaggi reconnaît que Kéolis promet de maintenir les points importants mentionnés plus haut, mais ajoute: C’est très flou comme promesse. Bien sûr, la grille des salaires continuera d’exister, mais rien ne nous garantit qu’elle sera revue à la hausse.
En d’autres termes, pour éviter une grève pas encore survenue, mais annoncée pour contrer une négociation pas encore commencée, il faudrait à M. Serpaggi des garanties de hausse de la grille de salaires suivant une convention collective vieille de 70 ans, et dont il reconnaît lui-même qu’elle est plus avantageuse que la convention nationale… Peste! JusMurmurandi savait déjà que la ville de Lyon est réputée pour sa gastronomie, mais le moins qu’on puisse dire est que M. Serpaggi ne manque pas d’appétit.
Cela étant, le plus frappant est quand même la sacralisation de cette convention collective qu’on ne peut que qualifier d’antique. Cela montre à quel point les syndicats de l’entreprise ont pour seule perspective d’éviter tout changement, parce qu’ils imaginent que celui-ci ne pourrait leur être que défavorable. Ce qui, soit dit en passant, est le comportement type de défense des avantages acquis, c’est à dire dont on n’est pas sûr de se les faire réaccorder s’ils venaient à être remis en cause, car leur seule légitimité est qu’ils existent, et non qu’ils sont mérités.
Car, faut-il le rappeler à M. Serpaggi, il y a 70 ans, les Français travaillaient 40 heures, avaient 2 semaines de congés payés, pas de Sécurité Sociale, pas de congés formation, ni de formation d’ailleurs, pas de congés parentaux, etc…
La suite de l’entretien avec M. Serpaggi est de la même eau. En fait, celui-ci redoute que Kéolis veuille renégocier les coûts sociaux à la baisse pour améliorer sa rentabilité, ce qui permettrait d’attirer des candidatures quand le contrat de Kéolis sera remis à appel d’offres, permettant à l’agglomération lyonnaise de partager ce contrat entre plusieurs opérateurs, Kéolis conservant la partie bus qu’elle préfère.
En d’autres termes, Kéolis gagne aujourd’hui si peu, compte tenu des avantages sociaux qu’elle concède à ses employés, qu’il n’y aurait pas foule pour lui succéder sur les mêmes bases sociales. Et ses syndicats, au lieu de lui donner acte de ce traitement de faveur au détriment de ses actionnaires, initient une grève pour lui rendre la vie encore plus pénible et dégoûter les candidats. Sans voir que c’est justement ce comportement qui rend Kéolis désireux de se désengager au moins partiellement.
JusMurmurandi observe que le maire socialiste, M. Collomb, se tient à un silence prudent, coincé qu’il est entre le soutien traditionnel de la gauche aux mouvements sociaux et l’irresponsabilité manifeste d’une grève sans cause qui pénalise les usagers et la ville dans sa candidature européenne.
Heureusement il y a une solution qui ne dépend pas de la fameuse convention collective d’avant-guerre. Une innovation lyonnaise promue par la mairie de gauche et qui enlève aux syndicats des transports lyonnais une partie de leur capacité de prise d’otages.
C’est Vélov’, le vélo en libre-service. Qui n’existait certes pas il y a 70 ans….
Quand il vaut mieux sortir découvert…
septembre 3, 2008 on 6:54 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésLe pétrole a atteint hier, en séance, un cours de quelque 105$ par baril, avant de se stabiliser vers les 109$. Soit quelques 40$ de moins qu’il y a deux mois. Bonne affaire pour tout le monde, pays producteurs mis à part.
Pour tout le monde, voire. Car les consommateurs de pétrole, ou de ses dérivés (essence, kérosène, produits chimiques), l’achètent souvent à terme, pour se garantir à l’avance contre toute hausse des cours.
Cette stratégie, dite de couverture, a très bien fonctionné pour Air France-KLM, qui a couvert ses achats longtemps à l’avance. De ce fait, quand le pétrole montait, Air France continuait de le payer au prix négocié avant la hausse. D’où le choix à leur disposition entre augmenter les prix en appliquant une surcharge carburants, et encaisser un super-profit du à leur couverture opportune, ou maintenir leur prix et prendre des parts de marché face à des concurrents moins bien ou pas couverts du tout, et donc contraints de faire grimper les prix de leurs billets.
Maintenant que le pétrole a fortement baissé, il reste à voir comment les opérateurs comme Air France (si telle est leur situation) gèreront d’avoir à acheter du pétrole au prix convenu à l’avance, à des cours supérieurs à ceux du marché.
Mais le cas le plus frustrant doit être celui de la compagnie aérienne low-cost irlandaise Ryanair. Cette compagnie, dont toute la stratégie repose sur des prix de billets pas chers, a souffert jusqu’ici, affichant même des pertes au 2e trimestre 2008. En effet, son patron, Michaël O’Leary, ne croyait pas que le pétrole monterait si haut, et n’a donc pas acheté de couverture. Ryanair a donc du acheter son pétrole au prix fort, face à des concurrents qui, pour certains d’entre eux, le payaient beaucoup moins cher. Pour ne pas perdre de clients, Ryanair a maintenu ses prix, et a donc perdu de l’argent.
Ayant appris, croyait-il, sa leçon, M. O’Leary, en annonçant à la bourse ses résultats déficitaires, a indiqué qu’une telle situation ne se reproduirait plus car Ryanair avait très substantiellement couvert ses achats de kérosène pour les 12 prochains mois sur la base d’un pétrole entre 123$ et 129$.
Sauf qu’avec un pétrole en dessous de 110$, Ryanair, qui avait été trop en avance en croyant que le pétrole ne « valait » pas 147$, se trouve en retard quand elle le paye « encore » plus de 120$ alors qu’elle pourrait l’acheter au comptant pour beaucoup moins.
Comme quoi, quand on est une compagnie aérienne, arriver à l’heure ne concerne pas uniquement la ponctualité des vols…
Le PS ne mange pas de ce pain-là
septembre 1, 2008 on 6:47 | In France, Incongruités | Commentaires fermésLe PS a tenu son université d’été à la Rochelle. Les sujets ne manquaient pas.
La politique de Nicolas Sarkozy, exceptionnellement riche en actions, projets de lois, réformes et projets de réformes, devrait être du pain béni pour toute opposition, tant il leur sert sur un plateau du grain à moudre.
La morosité économique est un deuxième pain béni pour l’opposition, qui n’a pas à se fatiguer à expliquer les échecs économiques du gouvernement à des Français dont le pouvoir d’achat évolue négativement. Le calendrier politique est un troisième pain béni pour l’opposition, car il n’y a aura « que » des élections locales et européenne d’ici 2012, qui sont, historiquement, favorables à l’opposition.
Ce qui leur donne à la fois le temps de remédier à leur déficience programmatique et d’encaisser les bénéfices d’élections intermédiaires faciles à gagner.
Or qu’avons-nous vu à l’université d’été du PS à La Rochelle? Rien de visible. Même en cherchant bien, absolument rien. Tout au plus nous dit-on que tout s’est passé lors de déjeuners, petits ou grands, pour négocier des alliances pour le poste de premier secrétaire du parti socialiste. Car il semble y avoir beaucoup plus de candidats (Fabius, Moscovoci, Aubry, Royal, Delanoë) pour succéder à François Hollande au congrès de la fin d’année que de projets à proposer aux Français
Clairement, le PS, parti laïc avant tout, n’a pas voulu manger le pain des cadeaux que lui font l’économie mondiale, le calendrier politique et l’activisme de Nicolas Sarkozy. Sans doute parce que manger du pain n’est pas très socialiste s’il est béni…
J’atomise, je ventile, je disperse
août 28, 2008 on 8:55 | In Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésLe Polonium 210, vous connaissez ?
Rappelez vous, cette substance radioactive, utilisée par les Soviétiques (pardon, les Russes) à Londres pour éliminer Alexander Litvinenko en 2006. Soit dit en passant, on aurait du se méfier lorsque l’on utilise des méthodes aussi barbares de ce qui allait arriver aujourd’hui en Géorgie et peut être demain en Ukraine.
Mais ce n’est pas l’objet de cet article.
C’est simplement pour vous dire que le Polonium 210, nous en consommons tous, volontairement ou non.
Car ce produit hautement toxique se retrouve…dans les cigarettes, et les fabricants de cigarettes en connaissent les dangers depuis plus de…30ans. Il se trouve en effet dans les engrais utilisés pour cultiver le tabac.
Eh oui, depuis trente ans, les cigarettiers nous atomisent dans la joie et la bonne humeur avec leurs cigarettes. Soit dit en passant (bis) on remercie le gouvernement Villepin pour sa demi mesure sur les restaurants désormais interdits d’accès aux fumeurs…sauf en terrasse.
Si cela n’a gêné personne lors de l’entrée en vigueur de la directive en janvier dernier car qui veut aller prendre un bol d’air frais en plein hiver, nombreux sont ceux qui voudraient profiter des terrasses en été. Or elles sont désormais occupées en priorité par les fumeurs, qui ne font pas de distinction entre adultes et enfants pour enfumer tout le monde. Et les non fumeurs de se retrouver pénaliser et cloitrés s’ils ne veulent pas être justement…atomisés.
Mais, pour revenir à l’objet initial de notre article, pourquoi avoir donc utilisé cette phrase si célèbre des « Tontons Flingueurs », énoncée par un Bernard Blier en grandissime forme ?
C’est pour tout simplement reproduire le cycle du fumeur de cigarettes.
Je fume, donc j’atomise.
Je ventile, lorsque je suis mis en assistance respiratoire avec un bon cancer du poumon.
Je disperse, lorsque je rejoins les cendres de mes cigarettes.
Alors, fumeurs, quand est ce que vous arrêtez ?
La République de rien du tout et les lieux maudits
août 27, 2008 on 1:32 | In Europe, Incongruités, International | Commentaires fermésLa Russie vient officellement de reconnaître deux nouveaux Etats « indépendants » du Caucase, l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, jusqu’ici deux provinces géorgiennes.
Certes, cela donne à la Russie l’occasion de montrer au monde sa force, son indépendance et son audace à rectifier unitlatéralement des frontières internationales. Ces caractéristiques rendront certainement MM. Poutine et Medvedev encore plus populaires qu’ils ne le sont aujourd’hui en Russie, fier pays longtemps humilié lors des années Gorbatchev et Eltsine.
Mais après? Comment les dirigeants russes peuvent-ils espérer que qui que ce soit croie à la viabilité de ces deux Etats « indépendants »? L’Ossétie compte 70.000 habitants, soit à peine le double de Monaco, qui n’est indépendant en rien (ou si peu) tout en étant incomparablement plus riche.
Comment les Ossètes pourront-ils exister avec des passeports qu’aucun Etat sauf la Russie n’admettra? Avec une monnaie qu’aucune banque, sauf les russes n’acceptera? Et ainsi de suite.
La réponse est évidente. L’Ossétie et l’Abkhazie ne pourront survivre qu’au sein du « grand frère » russe. Sauf que ce n’est pas, mais alors pas du tout, ce que souhaitent les indépendantistes ossètes et abkhazes. Ils savent bien que tous les peuples du Caucase sont méprisés par les Russes, et que ceux d’entre eux qui vivent en Russie y sont humiliés et maltraités.
JusMurmurandi a, en son temps, dénoncé la folie de la reconnaissance par les Occidentaux de l’indépendance du Kossovo, indiquant que cela constituerait un précédent redoutable pour la reconnaissance russe de nombreuses enclaves russophones ou russophiles dans quasiment chaque pays de l’ex-URSS. Et le démantèlement de la Géorgie auquel prétend se livrer la Russie valide cette sinistre prédiction.
C’est manifestement une défaite pour les Occidentaux. Mais cela ne fait pas pour autant une victoire pour les Russes, dont on ne voit pas comment ils pourraient sortir gagnants d’un territoire qui ne peut vivre seul, et ne veut pas appartenir à quelqu’un d’autre, qu’il soit géorgien ou russe. Il suffit de se rappeler que l’Abkhazie est à portée de canon de la province russe de Tchétchénie, de sinistre mémoire.
Il semble bien que le Caucase, comme les Balkans ou l’Afghanistan soit un lieu qui porte une ancienne malédiction: celle de ne faire que des perdants.
Amitiés diaboliques
août 25, 2008 on 1:11 | In Best of, Incongruités, International | Commentaires fermésJusMurmurandi a déjà attiré votre attention sur deux sujets moins réjouissants que les Jeux Olympiques. L’un, que les talibans qui ont tué les soldats français avaient été formés et entraînés par les Américains et la CIA. L’autre, que le Pakistan, aujourd’hui sans chef d’Etat depuis la démission de Musharraf, est un Etat dont l’instabilité sied mal à une puissance nucléaire.
Les deux se trouvent aujourd’hui réunis sous les feux de l’actualité, ce dont ils se passeraient bien. Il s’agit d’une affaire d’espionnage complexe, trouble, scabreuse. Celle de trois citoyens suisses, M. Tinner et ses deux fils.
Les Tinner dirigeaient une entreprise de production de valves à très hautes performances, susceptibles d’applications tant civiles que militaires. Notamment pour des centrifugeuses de matières fissiles. Cette activité les met en contact avec le sinistre Dr A. Q. Khan, qui dirige l’effort du Pakistan pour se doter de l’arme nucléaire, puis diffuse cette technologie à l’étranger contre argent comptant.
En bons hommes d’affaires suisses, les Tinner développent leurs transactions avec le réseau Khan, jusqu’à leur fournir des centrifugeuses et autres équipements complèts….
Mais ensuite, voilà les traficants recrutés par la CIA, qui voit en eux l’occasion d’infiltrer les réseaux de Khan et de ses clients (Libye, Corée du Nord, Iran). Les Tinner, qui continuent leur activité, sont maintenant rémunérés par les deux côtés à la fois. les Américains sont ravis, car les Tinner, non contents de les informer, vont jusqu’à fournir aux Iraniens des matériels défectueux, sabotés ou explosifs (!)
Oui, mais voilà, ce faisant ils ont violé un grand nombre de lois suisses. D’abord sur l’exportation de matériel à usage nucléaire militaire. Ensuite sur le fait que les citoyens suisses n’ont pas le droit d’espionner pour le compte d’autres pays, en l’occurence les Etats-Unis. Les Tinner sont donc arrêtés et poursuivis pour ces faits.
Le procès des Tinner risque d’éclabousser le Pakistan, en révélant plus encore son rôle central dans la prolifération des armes nucléaires. Il risque d’éclabousser la Suisse, en révélant le rôle d’une de ses entreprises dans le commerce illégal de matériel nucléaire. Il risque d’éclabousser les Américains en révélant les méthodes peu regardantes de la CIA qui recrute des traficants internationaux, et en montrant à tous ceux qu’elle pourrait imaginer recruter que ses taupes finissent mal.
Sauf que, voilà! la Suisse révèle que tous les documents saisis chez les Tinner ont été détruits, officiellement pour éviter qu’ils puissent jamais tomber entre de mauvaises mains (celles des terroristes, bien sûr). On imagine d’ici la joie à Berne, Washington et Karachi. Voilà une destruction qui fait les affaires (au sens propre) de tous, sauf des juges suisses qui voient leur dossier contre les Tinner s’effondrer.
Sauf aussi que cette destruction providentielle de documents suisses en rappelle une autre à JusMurmurandi. Celle des listings de comptes bancaires appartenant aux victimes juives de la Shoah, et dont les banques suisses refusaient de restituer les avoirs à leurs ayant-droits. Par devant les banques coopéraient avec la Commission Volker, tandis que, par derrière, la destruction de tous les documents incriminants se poursuivait jour et nuit.
Il ya donc des raisons objectives pour lesquelles la Suisse a la réputation d’être le pays le plus propre du monde.
Concurrence, vous avez dit concurrence?
août 21, 2008 on 6:46 | In Best of, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésLe système capitaliste est fondé sur le fait que les acteurs économiques recherchent leur avantage économique maximum. Ce qui, pour les entreprises, s’appelle la maximisation du profit. Et ce qui évite que cette course au profit sans limite se fasse par une hausse de prix massive au détriment du client, se nomme concurrence.
Car si une entreprise affiche des prix trop élevés, une autre entreprise, aux prix plus raisonnables, viendra lui prendre ses clients. C’est simple.
Simple, pas si sûr. Car un certain nombre d’exemples troublent JusMurmurandi, et tendent à prouver que la concurrence en France est plus une façade qu’une réalité.
Ainsi le prix du lait a-t-il très fortement augmenté dans les grandes surfaces, mais les producteurs font face à des demandes de baisse de tarifs (des exigences plus que des demandes) de la part des quelques très grandes entreprises qui le collectent.
Ainsi est-il surprenant de constater que les producteurs de fruits et légumes, quand ils organisent des ventes en direct aux consommateurs, offrent leurs produits à des prix inférieurs au tiers, quand ce n’est pas au quart des prix pratiqués en grandes surfaces.
Pour ces 2 exemples, JusMurmurandi peut encore imaginer qu’il y ait une réalité plus complexe que celle décrite ici. Ce sont des catégories de produits vendus à travers des canaux de distribution peu transparents, le cas échéant réglementés, et où la logistique laisse peu de place à une vraie concurrence.
Mais hier, l’association Familles de France a publié un article montrant que le coût de la rentrée des classes a baissé d’une année sur l’autre de plus de 7%. C’est une baisse considérable, surtout en période d’inflation revigorée due à la hausse du prix des matières premières et de l’énergie.
En particulier, le coût de papeteries à baissé de plus de 5%, alors que le papier est fait de matières premières et d’énergie, donc de composants en forte hausse.
Alors d’où viennent ces marges de baisse de prix alors que les matières premières augmentent, si ce n’est que, les années précédentes, les marges étaient « trop hautes »? Et si elles étaient « trop hautes », n’était-ce pas parce que la concurrence était trop faible? Et si la concurrence était trop faible, n’était-ce pas parce que le régulateur de la concurrence (en l’occurence la DGCCRF) était lui aussi trop faible? Et parce que les pouvoirs publics, très soucieux de permettre au commerce de proximité et de centre ville de survivre à la concurrences des grandes surfaces, ont corseté la distribution par une série de lois limitatives (lois Royer, Raffarin, Galland, Jacob entre autres)?
C’est pourquoi Jusmurmurandi « s’amuse » de l’offre faite par Michel-Edouard Leclerc de vendre, si on l’y autorise, des médicaments dans ses grandes surfaces. Il prétend pouvoir y pratiquer des prix 20% à 30% plus bas que les officines spécialisées (on notera que ces officines sont justement des commerces de proximité et de centre-ville, typiques de ce que les gouvernements successifs ont voulu « aider » à perdurer).
M. Leclerc s’indigne du peu d’enthousiasme des pouvoirs publics à accepter son offre, dû d’après lui à un lobbying efficace et conservateur des pharmaciens soucieux de protéger leurs prétendus privilèges.
JusMurmurandi se dit que M. Leclerc serait plus crédible s’il n’y avait pas, à son débit, ces malheureux exemples de fruits et légumes, et, maintenant, de cahiers d’écoliers.
Mais peut-être, puisque ces fournitures scolaires ont baissé de prix, M. Leclerc pourra-t-il s’offrir, pour serrer enfin ses prix de près, un tout nouveau boulier?