Noté: zéro pointé!

avril 3, 2009 on 6:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, Poil à gratter | 5 Comments

Enfin, le G20 a accouché d’une résolution pertinente. Pas les 1100 milliards de dollars promis pour la relance immédiate, ni les 5000 milliards à terme, ni le quadruplement des ressources du Fonds Monétaire International, quoi que toutes ces mesures soient loin d’être négligeables. Pas les mesures de supervision des hedge funds, quoi que ceci soit certainement une étape dans la bonne direction. Pas l’exigence que tous les pays imposent une supervision des risques des acteurs économiques qui s’y trouvent, mettant ainsi fin aux paradis fiscaux incontrôlés, quoique cela aussi ne puisse que réduire les menaces contre la stabilité du système financier mondial.

Ce que JusMurmurandi a vu avec ravissement, c’est un petit paragraphe de 3 lignes et demie concernant les agences de notation. Car il ne faut pas sous-estimer leur rôle dans la crise actuelle.

C’est parce qu’il existe des agences de notation que des milliards de dollars peuvent être investis dans des actifs auxquels l’investisseur ne comprend rien. Il lui suffit de se fier à la note délivrée par l’agence.

Les autorités locales anglaises, comtés et municipalités ont confié des milliards de livres à des banques islandaises sans avoir jamais mis les pieds en Islande, lesquels milliards sont maintenant menacés de couler avec toute l’économie islandaise. Ils ne l’auraient jamais fait si les banques islandaises n’avaient pas été bien notées par les agences de notation.

Le marché des CDS, ou credit default swaps, n’aurait pas atteint le niveau faramineux de dizaine de milliers de milliards de dollars (il n’existe pas de chiffre précis et concordants sur le sujet!) si les agences n’avaient pas béni le fait que ces CDS permettaient de se débarrasser d’un risque trop important. Demandez donc à Lehman ou à AIG si ça a vraiment fonctionné comme ça…

Le marché de la titrisation n’aurait jamais permis de disperser des actifs au quatre coins du monde financier si ces actifs titrisés n’avaient pas bénéficié de bonnes notes des agences, suscitant une confiance dont les événements ont montré ce qu’elle valait.

Les crédits subprimes ne se serait jamais développé si les agences n’avaient pas noté au mieux des paquets de ces crédits simplement parce qu’ils avaient été garantis par la signature d’un assureur en tant que réhausseur de crédit. A preuve qu’il ne reste plus un seul réhausseur de crédit important aux États-unis qui n’ait été sauvé par l’État, à commencer par les gigantesques -et indispensables- Fanny Mae et Freddie Mac.

Bref, les agences qui ont régné sur un monde où leurs notes faisaient la pluie et le beau temps, ces agences ont mérité un zéro pointé. Un peu comme si les restaurants notés « trois étoiles » par le guide Michelin ou « 19/20″ par le Gault et Millau avaient servi de la viande tellement avariée que des centaines de clients se soient retrouvés aux urgences, en réanimation et en unité de soins intensifs.

Et pourtant, quel pouvoir a été le leur! Tous les PDG devaient servilement suivre la politique préconisée par tel ou tel analyste pour espérer continuer à bénéficier d’une bonne note. Ce sont les agences qui ont imposé les normes de bénéfice, voire carrément les plans de restructuration. Et oser différer, se cabrer, c’était se faire sabrer, et voir sa note dégradée, comme un officier dégradé devant le front des troupes. L’humiliation et le rétrogradation totales, signe évident pour un Conseil d’administration de l’échec du PDG. Qui devait donc aller à Canossa et ramper aux pieds de l’analyste tout-puissant.

Le plus hallucinant de tout le montage, c’est que c’étaient les entreprises qui devaient payer les agences qui les notaient. Imaginez que ce soient les parents d’élèves qui payent directement le professeur de leurs enfants… On appelle cela poliment un conflit d’intérêt. JusMurmurandi, à qui ces agences n’inspirent pas forcément une grande charité chrétienne, rappelle simplement qu’Enron a bénéficié de la meilleure note possible jusqu’à peine quelques semaines avant sa retentissante faillite. Note sans aucun rapport, on s’en doute avec le fait qu’Enron avait rapporté gros aux agences qui le notaient si bien…

Il est donc essentiel que le G20 impose enfin un code de transparence et de régulation à ces agences.

Et qu’elles commencent non seulement à noter des comptes, mais aussi à en rendre. JusMurmurandi attend avec impatience de voir ces entreprises jusqu’ici si arrogantes, les Standard & Poors, Moody et autres Fitch devoir se justifier.

Cela ressemblera à certains enseignants-chercheurs qui veulent bien noter les travaux de leurs étudiants, mais absolument pas qu’ils soient eux-mêmes notés.

Ah, non! Voilà que JusMurmurandi fait maintenant du mauvais esprit. Cela n’a rien à voir, bien sûr…

Bras de fer, ou …..??

mars 30, 2009 on 9:10 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Bras de fer ou chantage – définition

Didier Le Reste, tête de pont de la CGT déclare dans les Echos du jour « le rapport de force ne vaut que s’il est mis au service de la négociation ».

Question : y a t il encore négociation quand il y a rapport de force ????

Deuxio : à votre avis, qui va trinquer avec la CGT en syndicat majoritaire à la SNCF ?

Réponse : Syndicat 1 – citoyens voyageurs 0.

Bras de fer ou gaspillage – définition

Mettez un groupe de pays ayant besoin d’un avion militaire, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre :-)

En face, mettez un groupe d’industriels, avec d’un côté un fabricant de cellule et de l’autre un groupe pour créer un nouveau moteur.

Agiter, puis essayer de laisser reposer.

Le résultat est un avion militaire qui tout en n’ayant jamais décollé, risque même de s’écraser !

Pour le plus grand bonheur des fabricants américains et russes.

A tous les hommes politiques européens, et français en particulier, qui donnent des leçons aux patrons, en voici une qui va, encore une fois, nous coûter cher – même si le programme A 400M décolle un jour.

Bras de fer ou piège à cons – définition

Encore deux navires capturés au large de la Somalie en 24 heures en fin de semaine dernière.

Un navire grec de 9.000 tonnes avec 19 membres d’équipage et un bateau norvégien de 23.000 tonnes avec 27 personnes.

Plus on paye les rançons, plus on équipe les pirates.

Plus on équipe les pirates, plus ils saisissent nos navires.

Plus ils saisissent de navires, plus on paye les rançons.

Plus on paye les rançons etc. etc. etc.

Rançon, piège à cons.

Bras de fer – ou prisonnier

Une à une, chaque grande ville, région etc. « est acculée à la rigueur budgétaire » nous livrent encore les Echos ce jour.

Après Paris et ses 9%, voici Marseille avec 4.9%.

« Les impôts sont notre seule variable d’ajustement » déclare ainsi l’adjoint aux finances de la ville phocéenne.

« Nous devons tout faire pour poursuivre l’élan engagé depuis 1995 à Marseille ».

A le lire JusMurmurandi pense plutôt que les finances de la ville vont dans le mur et qu’au lieu de prendre des décisions courageuses en réduisant le train de vie de la ville  d’autant que les recettes baissent, on préfère tondre le contribuable.

A cette classe politique qui conspue tant les chefs d’entreprise, rappelons que ces derniers lorsqu’ils sont mandataires sociaux sont révocables « ad nutum ». Cela veut dire virables dans l’instant.

Comme Christian Streiff, Président de PSA remplacé ce week end par le conseil d’administration.

A quand des politiques soumis au même régime ?

Quant aux socialistes qui réclament à cor et à cri plus de décentralisation, on vous aura prévenu, Cher Lecteur.

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil…

Sauf chez JusMurmurandi !

On n’a rien demandé à personne. « On » a juste demandé aux futurs subventionnés s’ils voulaient bien l’être.

Résultat : avec 61% de votes exprimés, les Mahorais vont nous coûter « 200 millions d’Euro par an pour atteindre l’intégration complète…. d’ici 20 à 25 ans. » Dixit Yves Jego, le Secrétaire d’Etat à l’Outre mer. Et on entend les Comoriens, jusqu’en Métropole qui disent « Et nous, et nous, et nous !!! ».

Heureusement Jégo déclare aussi « Mayotte peut servir de modèle, y compris pour la métropole ».

Ouf, JusMurmurandi est rassuré…

Ah bon ?? Pas vous  ???

Brèves

mars 28, 2009 on 11:38 | In Best of, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Pour le meilleur et pour le pire

Le Japon est un pays bien connu pour ses produits inventifs; dernier en date un caleçon, actuellement testé sur la station spatiale internationale par un spationaute japonais.

Ce produit permet de neutraliser les bactéries et autres sources d’odeurs et de démangeaisons de manière a être porté pendant une semaine sans discontinuer.

Koichi Wakata, actuellement à bord de la station, est en train de le tester.

On n’a pas encore recueilli ses impressions.

Plus important encore celles des personnes qui sont actuellement en mission avec lui…

Slip longue durée, la nouvelle arme anti crise ???

Koichi Wakata

Koichi Wakata

Haro sur le baudet

Enfin l’union nationale en France.

Dominique Strauss Kahn, interrogé par Arlette Chabot cette semaine répondait pudiquement que l’union nationale était une notion variable d’un pays à l’autre, pour « excuser » le fait qu’en France aucune personne de l’opposition n’avait voté le plan gouvernemental de sauvegarde de l’économie.

Heureusement un « patron voyou » est projeté sous les feux de la rampe.

Toute la classe politique se jette dessus, telle la misère sur le monde, mode banderilleros.

Comme si un chef d’entreprise, si tant est qu’il soit critiquable, en l’occurrence Thierry Morin et ses indemnités de départ, devait représenter l’étalon.

Comme si parce que cette classe politique, si prompte à critiquer les autres, et en particulier les créateurs d’une richesse qu’elle dilapide avec vitesse et diligence, était un modèle du genre.

Car Dieu merci les entreprises françaises ne sont pas gérées comme l’est l’Etat. Sinon les Allemands, Japonais et autres grands concurrents de la France auraient, et depuis longtemps, un concurrent de moins.

Heureusement, comme d’habitude en France, on va légiférer. Car un seul exemple suffit à remettre les scribouillards législateurs au travail, pour peu que cela aille dans le sens de ce que la classe politique imagine être la vox populi.

Entre temps, réjouissons nous que le bon peuple ne juge pas la classe politique à l’aune d’un seul homme.

Par exemple à l’aune de celui qui a une relation extra maritale tout en occupant des fonctions de banquier mondial où il « jouit »… d’une exposition planétaire.

Ou encore tel autre qui, tout en étant « ancien » trotskiste et proche d’une ex candidate à la présidence de la République, est soupçonné d’avoir détourné de l’argent pour avoir… un train de vie de nabab.

Imaginez que l’on légifère sur le train de vie ou la vie sexuelle des hommes et femmes de la classe politique parce qu’un seul d’entre eux est pris la main dans le sac ???

De l’efficacité du préservatif

Monseigneur André Fort, évêque d’Orléans, a déclaré que le préservatif n’était pas efficace pour empêcher la transmission du virus du sida.

Sans s’aventurer sur les terrains moral, médical ou scientifique, JusMurmurandi affirme que les déclarations de ce genre sont en revanche très efficaces pour…. réduire la crédibilité et l’audience de l’église catholique….

Balayer devant sa porte.

Mirek Topolanek, Premier Ministre tchèque et Président en exercice de l’Union Européenne a déclaré que le budget américain et les sommes faramineuses engagées pour relancer l’économie américaine est « la route vers l’Enfer ».

JusMurmurandi rappelle tout d’abord que, souvent, la route vers l’Enfer est pavée de bonnes intentions.

Deuxio que tandis qu’il faisait ces déclarations au goût douteux, le Parlement tchèque mettait provisoirement fin à son mandat de Premier Ministre au travers d’un vote de défiance…..

Enfin, JusMurmurandi  imagine que pendant ce temps là on expliquait  à Barack H. Obama où se trouve la République tchèque sur la mappemonde….

Mirek Topolanek

Mirek Topolanek

Boucs émissaires: le temps des charognards et du populisme

mars 25, 2009 on 6:56 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 2 Comments

Thierry Morin n’a pas de chance: un désaccord stratégique avec ses actionnaires le force à quitter le poste de PDG de Valeo. Compte tenu qu’il y a passé 20 ans, ce n’est pas le renvoi d’un simple mercenaire qui saute de poste en poste, mais l’éjection d’un grognard de l’époque légendaire de Noël Goutard, qui fit de Valéo ce qu’il est aujourd’hui.

Lequel Thierry Morin s’en va, et, comme son contrat le stipule, part avec deux ans de salaire, soit quelques 3 millions d’euros. Soit dit en passant, 1,5 millions d’euros par an, d’ailleurs ramenés récemment à 1,1 millions ce n’est pas le record du CAC 40, loin s’en faut.

Oui, mais maintenant, c’est la crise, et ce qui n’aurait pas valu plus de deux lignes de feuilles de chou pour obsédés de la finance fait aujourd’hui les gros titres de la presse nationale. Car Valeo est un équipementier automobile, et, à ce titre, en difficulté. 5000 suppressions de postes sont programmées, et le contraste avec les millions de Valeo fait désordre.

A partir de là, c’est la curée contre Morin. Nicolas Sarkozy, Laurence Parisot, Luc Chatel, les syndicats, la gauche, tous s’y mettent. Et, en passant, mélangent gaiement bonus et parachutes dorés, Bilger, l’ex-patron d’Alstom, Morin et les dirigeants de la Société Générale.

JusMurmurandi, une fois de plus écoeuré par la lâcheté et la veulerie de ces donneurs de leçons de morale qui ne sont que des leçons de démagogie, voudrait rappeler quelques faits.
- Thierry Morin ne touchera qu’une petite fraction des quelques dizaines de millions d’euros avec lesquels Daniel Bernard a quitté Carrefour, ou des stock options de Jaffré chez Elf. Pourtant il a fait toute sa carrière chez Valeo, alors qu’eux étaient des mercenaires de passage pour quelques années.
- Autant Pierre Bilger peut être tenu pour responsable des difficultés gravissimes d’Alstom, ce n’est pas Thierry Morin qui a inventé la crise automobile
- alors que le plan de stock-options de la Générale a été concocté en pleine tourmente, et donc en connaissance de cause, et que de multiples parachutés dorés sont négociés en dernière minute, Morin demande simplement l’application d’un contrat qui a été rédigé il y a des années

Ceci ne veut pas dire que JusMurmurandi soit insensible à la dissonance entre millions et suppressions de poste. Mais il faut raison garder.

Savez-vous combien touchera un salarié de Valeo licencié économique après 20 ans de maison? Si on tient compte de son préavis, de ses indemnités et de son chômage, auquel Morin n’a pas droit? Plus que Morin, si l’on mesure en années de salaire

Imaginez-vous ce que l’inspection du travail fait à une entreprise qui, au moment d’un licenciement, ne veut pas appliquer une clause de contrat de travail favorable à un employé? Elle la crucifie (le mot n’est pas trop fort). Sans compter le traitement médiatique réservé à l’entreprise par les syndicats devant les micros et caméras complaisantes. C’est pourtant ce qu’on demande à Valeo de faire dans le cas de Morin

JusMurmurandi est effaré de voir à quel vitesse le sentiment anti-patron et anti-riches progresse en France depuis l’arrivée de cette crise. Il est d’ailleurs stupéfiant de voir que la droite s’y adonne avec les mêmes délices que la gauche alors même que c’est contraire à son programme. Le pouvoir met donc en place un bouclier fiscal à 50% et courtise les riches pour qu’ils ne partent pas de France ou y reviennent, non sans succès d’ailleurs. Et, en même temps, ils les laissent se faire dévorer par la vindicte populaire dès qu’ils touchent de l’argent, même prévu à un contrat, même quand ils n’ont pas failli, même quand c’est le salaire d’une vie.

Nous avons souvent critiqué dans les termes les plus nets l’indécence qu’il y a à se servir une forte rémunération en cas d’échec. Mais une politique dominée par un ressentiment populaire attisé par la peur de la crise, lequel balaye le droit, l’équité, la morale et la raison, une telle politique à un nom: c’est le populisme. il y en a des exemples historiques, tel Peron en Argentine, ou contemporains, tel Chavez au Venezuela.

Sur le fond, JusMurmurandi ne dit pas que le populisme soit une voie interdite. Simplement qu’elle n’a jamais réussi, ce qui devrait nous rendre prudents avant d’emprunter ce chemin si tentant par la facilité qu’il offre. Et, accessoirement, qu’il n’y aura jamais de France riche sans Français riches.

PS: ceci n’est pas un plaidoyer pour Thierry Morin individuellement. Un dirigeant est un mandataire social qui connaît les conditions d’exercice de sa fonction, et les risques qu’il y a à mécontenter ses actionnaires.
Accessoirement, il est ironique de voir Morin vilipendé par toute la gauche alors qu’il est un homme d’entreprise, et que l’actionnaire qui a mené la rébellion contre lui est un fonds d’investissement américain focalisé uniquement sur le cours de l’action. Il est évident que son successeur sera recruté pour donner satisfaction à ses actionnaires. JusMurmurandi n’est pas sûr que le coût pour l’entreprise et ses collaborateurs ne fasse pas bientôt regretter Morin par ceux-là mêmes qui aujourd’hui font la une à bon compte en le dévorant à belles dents.

Thierry Morin

La France malade de Louis XIV

mars 22, 2009 on 4:37 | In Best of, Coup de gueule, France, La Cour des Mécomptes | 2 Comments

Louis XIV est sans doute le Français à qui l’enseignement de l’Histoire de France accorde le plus de place. D’abord, sans doute, parce que la longueur de son règle lui a donné une vie bien remplie. Ensuite par la splendeur de sa face lumineuse, un rayonnement mondial, Versailles, une génération sans égale de génies artistiques. Et aussi la face sombre, les guerres, la révocation de l’Edit de Nantes.

Mais si Louis XIV est connu, c’est aussi pour avoir prononcé une phrase lapidaire: « l’Etat, c’est moi! ». Vous direz, quel rapport avec la crise qui frappe aujourd’hui?

JusMurmurandi s’interroge sur la fait que, dans cette conjoncture qui frappe grosso modo tous les pays développés de manière semblable, même s’il y a des différences d’intensité, la France est le seul d’entre eux où la crise ait déclenché des revendications sociales massives. Le plus étonnant est que, alors même que beaucoup de Français ne souffrent pas concrètement, tous demandent, protestent, exigent. Et sans nul doute se convainquent qu’ils sont des victimes.

Une cause saute aux yeux, à savoir que l’État, présumé jusque là impécunieux terminal, a trouvé des sommes considérables pour permettre aux banques françaises de ne pas sombrer, ce qui eût entraîné tout le pays avec elles. Dès lors le « mythe » de la « misère » de l’État a volé en éclats, et tous de se précipiter vers la mangeoire qui avait révélé un compartiment secret plein de nourriture en criant « et moi! et moi! et moi! ». Vous noterez au passage, que ce n’est même pas « et moi? et moi? et moi? » formulé comme une demande, mais avec un point d’exclamation qui indique l’exigence et l’ordre de faire.

Pourquoi n’en est-il pas de même dans les autres pays? La Grande-Bretagne, pourtant plus touchée que la France, a baissé sa T.V.A., mais pas à la suite de revendications, mais dans un désir gouvernemental de relancer au plus vite une machine économique en panne. Aux États-unis, les propriétaires menacés d’expulsion demandent bien à l’Etat de les dégager de leurs dettes inremboursables, mais de demande sociale générale, point. En Allemagne ou au Japon, rien.

En France même, on voit bien, que ce soit dans les propositions du PS ou dans les revendications des DOM TOM qu’il n’y a aucun rapport entre souffrir et exiger. Les fonctionnaires, qui sont statutairement totalement à l’abri de toute conséquence de la crise, ont encore une fois fourni les gros bataillons des grévistes de cette semaine. Le « coup de fouet » de Martine Aubry, c’est 500€ pour tous tout de suite, comme la hausse de 200€ des bas salaires dans les Antilles. On en est même à ce stade grotesque et choquant qu’un néo-chômeur, vraie victime de la crise, ne toucherait pas la prime Aubry, contrairement à un ouvrier ou employé qui ne serait pas touché.

Alors pourquoi?

Il semble que ce soit un héritage de la phrase de Louis XIV. En disant « L’État, c’est moi! », le roi-soleil signifiait clairement que l’État, c’était lui et lui seul, et donc personne d’autre. Ce que confirmait la pratique royale de lever des impôts dont les seuls partisans étaient ceux qui ne les payaient pas, l’aristocratie et le clergé, et ce contre l’immense majorité qui payaient ces impôts dont ils ne voulaient pas. Donc tous les Français peuvent avoir le sentiment que l’État, ce n’est pas eux. Donc qu’obtenir de l’argent de l’État, c’est tout bénéfice, puisque ce n’est pas eux qui paieront. Il y aurait donc une entité « État » indépendante des Français, puisque chacun est persuadé que c’est les autres. Ce qui pourrait se voir confirmé par le sentiment général que frauder le fisc, la Sécu ou les Assedic, ce n’est pas vraiment frauder, puisque ce « n’est que » l’argent de l’État. État d’esprit qui, soit dit en passant, est aussi celui des pirates de l’Internet, qui téléchargent sans payer de droits. Ils ne se conçoivent pas comme des voleurs, mais simplement comme des astucieux qui ne voient pas pourquoi payer quand on peut ne pas le faire « et que tout le monde le fait.

Il est d’ailleurs symptomatique -et quelque peu effrayant- de se dire que cette déconnexion entre les Français et l’État rappelle le sentiment des Français, à mesure que la dynastie des Louis avançait vers le fatal chiffre XVI, que le Roi, c’était de moins en moins « eux ». Louis XV jeune était le « bien-aimé ». Louis XV vieux n’était que l’amant de la vulgaire roturière rebaptisée Mme du Barry. Et Louis XVI eût été heureux avec une vie d’horloger. Les Français sont arrivés à la conclusion que payer pour cette caste-là n’était plus de mise.

C’est pourquoi JusMurmurandi a une interprétation complètement différente de celle qu’on lit couramment dans la presse de l’état d’esprit de la population. Fabius annonce avec des prudences de chattemite que les Français sont au bord de l’insurrection. Mais ce ne serait pas plus une insurrection de gauche que la Révolution n’a été de gauche. Ceux qui ont eu le pouvoir à la fin du cycle révolutionnaire, c’était la bourgeoisie, qui, jusque là n’avait pas eu son mot à dire quand bien même elle payait pour tout le pays. La situation n’est pas très différente aujourd’hui, où la classe moyenne paye pour tout. Pour les classes moins moyennes, qui ne payent pas d’impôt sur le revenu (50% de ménages ne le payent pas!), vivent dans des HLM largement subventionnés (pourquoi?) et touchent toutes sortes d’allocations et aides. Pour les classes supérieures qui soit ont un moyen de ne pas payer trop d’impôts grâce à d’innombrables niches fiscales, soit s’en vont purement et simplement (ici, l’émigration, c’est avant la Révolution, pas après comme en 1789).

Pour éviter cette nouvelle explosion d’une classe moyenne conservatrice,mieux vaudrait peut-être, après avoir enterré Marx et la révolution prolétarienne, commener par enterrer Louis XIV, et comprendre qu’en France aussi, l’Etat, c’est nous.

Plus on est de fous, plus on rit…

mars 20, 2009 on 8:47 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, Poil à gratter | 2 Comments

La journée d’hier a été fascinante.

En France, comme chez ses partenaires économiques, le ralentissement économique touche la population active de plein fouet.

Comme l’avait annoncé JusMurmurandi, si en 2008 on a eu peur, en 2009, on a mal.

Car si le premier phase du ralentissement est due à l’incurie d’un système bancaire guidé par Avidité et Cupidité, entrainant une ralentissement des secteurs industriels et des services, nous sommes aujourd’hui la cause de la poursuite, de l’aggravation de ce ralentissement.

Chaque fois que nous allumons la télévision, consultons internet, écoutons la radio ou encore lisons les journaux pour suivre les actualités, immanquablement, au moins une ligne, une minute sont consacrées aux difficultés économiques d’une entreprise, d’une partie de la population ou d’une nation.

Et quelle est la réaction naturelle ? Est ce de se battre pour contribuer à titre individuel à remettre la machine économique en route ? Est-ce de remplacer, par exemple une voiture qui peut encore rouler ?

Il faudrait être fou pour faire cela. Car cela voudrait dire de ne pas céder aux dangers annoncés ou réels, de dépenser, selon ses moyens, une part plus importante qu’habituellement de son revenu afin de remettre de l’argent frais dans le circuit.

C’est pour cela que la journée d’hier nous a fascinés.

Car finalement, à quoi a t elle abouti ?

Un, deux, trois millions de personnes dans les rues ?? Et alors ??

En Chine par exemple, pays tout autant impliqué dans le système économique mondial, ce sont des dizaines de millions de personnes qui sont touchées.

Alors que quelques Français descendent dans la rue, peccadille !

Non assurément, vu de l’étranger, on doit vraiment prendre les Français pour des fous, car encore une fois, ce n’est que par le travail, l’entraide et la solidarité nationale que l’on va s’en sortir. Comme le font les autres pays touchés. Et non en descendant dans la rue, sans autre but, avoué ou non, que de profiter des premiers beaux jours.

En cela, la France est une fois de plus seule, comme au temps des 35 heures, qu’elle est la seule à avoir voulu, dans un moment de folie, imposer à ses entreprises, puis au secteur public, au grand dam de la concurrence ou de la notion de service de la fonction publique.

Mais le plus fou de la journée d’hier, comme toujours un grand succès syndical, c’est que l’on ne peut même pas lire de journal aujourd’hui à son sujet. Rien. Pas une ligne.

Les journaux ne sont pas parus aujourd’hui….suite à la grève !

Du bon usage de Nietzsche en période de blocages d’université

mars 20, 2009 on 7:44 | In Best of, Coup de gueule, France | Commentaires fermés

JusMurmurandi observe avec amusement et désolation le cortège grotesque d’étudiants encore adolescents, bloquant à quelques dizaines l’accès de leur université aux milliers d’autres qui souhaiteraient aller y étudier. Les inénarrables AG, soviets navrants et enflammés où une poignée de casseurs incultes décide de voter sans rire l’interdiction du libéralisme ou l’invalidation de l’élection de Nicolas Sarkozy, font désormais partie du paysage français, et illuminent chaque année, alors que reviennent le printemps et son lot de poussées hormonales urbaines incitant les porteurs de pancartes à battre le pavé sous le regard ému et bienveillant de professeurs complices, ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « printemps social ».

 

Mais si ce cirque tout aussi cocasse que prévisible creuse chaque jour un peu plus la tombe de la France maquillée sous le nom usurpé mais rassurant de révolte, il n’en demeure pas moins amusant de regarder s’égosiller ces bandes d’adolescents dont les méthodes d’intimidation rappellent que, loin d’être des idéalistes, comme le disent à l’envi des media fascinés par le miroir de leur propre jeunesse, ce sont là des réalistes pragmatiques, capables de paralyser en quelques heures l’ensemble de l’enseignement supérieur d’un pays, grâce aux réseaux qu’ils ont patiemment tissés en vue d’être désormais les véritables maîtres de l’université contemporaine.

 

Minoritaire numériquement, certes, mais infiltrés à chaque poste stratégique, et dotés d’une volonté sans faille d’en découdre avec le système dont ils oublient qu’ils sont le produit le plus navrant. Nourris aux pensées du soupçon, adulant les Bourdieu, Foucault, Derrida et autres Lyotard, ils brandissent Nietzsche comme l’étendard vibrant de ce qu’ils croient être l’expression de leur révolte. Ces anarchistes venus de SUD et de la CNT, réclament à tue-tête à un Etat dont ils nient la légitimité, de l’argent, des droits, de la justice, du bonheur. Ils vont mal, ils sont malheureux, mais il leur faut un coupable : ce coupable, ce ne peut pas être eux, ce ne peut être que l’Etat bourgeois, vendu au diable lui-même, soutenu en sous-main par Laurence Parisot qui, selon les slogans en vogue, « nuit gravement à la France ». Alors le remède à leur mal-être ne pourra être à leurs yeux que la dénonciation du coupable à cause duquel ils souffrent, et toute leur lamentable existence se transformera en haine à l’encontre de bouc-émissaires hypostasiés en démons auxquels on signale, chaque jour, l’illégitimité de leur pouvoir et, parfois même, de leur existence. S’ils n’en sont pas convaincus, on le leur rappellera par l’envoi de menaces de morts, délicatement accompagnées de balles de 9mm.

 

Alors, à tous ces apprentis anarchistes qui croient se réclamer de Nietzsche et du soupçon, JusMurmurandi aimerait rappeler que ce dernier, dans le Crépuscule des idoles, livre qu’ils n’ont pas dû lire puisque leurs camarades de 2005 en ont détruit les exemplaires dans les bibliothèques universitaires que, de toute façon ils ne fréquentent guère, avait eu les mots suivants à leur encontre :

 

« Quand l’Anarchiste, en tant que porte-parole de couches décadentes de la société, exige avec une belle indignation le « Droit », la « Justice », l’ « Egalité des Droits », il n’agit que sous la pression de son inculture, qui ne sait comprendre pourquoi il souffre au fond, et de quoi il est pauvre, c’est-à-dire de vie… C’est l’instinct de causalité qui l’emporte chez lui : s’il se sent mal, il faut quelqu’un soit en soit cause… De même, sa « généreuse indignation » lui fait déjà du bien. C’est pour tous les pauvres diables un vrai plaisir que de pouvoir proférer des injures – cela donne une petite ivresse de puissance. Les plaintes, déjà, et le simple fait de se plaindre, suffisent à donner à la vie assez de charme pour qu’elle soit supportable. Il y a dans toute plainte une subtile dose de vengeance : à ceux qui sont faits autrement, on reproche son mal-être, ou, le cas échéant, sa bassesse, comme une injustice, comme s’ils jouissaient d’un privilège illicite. « Si je suis une canaille, tu devrais aussi en être une. ». » 

 nietzsche1

 

 

Cela se trouve au § 34 du Crépuscule des idoles, mais savent-ils seulement qu’il existe des nombres autres que 17, 36 et 68 ?

Vive la Résistance !

mars 17, 2009 on 11:45 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quelle frustration que celle des majorités silencieuses qui subissent.

Par exemple les électeurs qui voient la classe politique ouvrir les cordons de la bourse pour ceux qui crient, manifestent ou paradent le plus bruyamment, voir plus si affinités.

Elie Domota et consorts, par exemple, suivez mon regard.

Car rarement cette classe politique, si prompte à défendre bec et ongles les avantages dits acquis de telle ou telle minorité, y compris les siens, ne monte au créneau pour défendre les intérêts de la majorité silencieuse qui encaisse les coups tandis qu’elle décaisse toujours plus d’impôts, taxes et autres délicatesses du même genre pour financer telle ou telle minorité bloquante.

Mais pour une fois il semblerait que l’on ait atteint le seuil de tolérance, de douleur aux Etats Unis.

Le Sénat américain, excédé par les primes versées par l’assureur AIG qui a en parallèle reçu 130 milliards de Dollars d’aide du gouvernement, a exigé de l’entreprise qu’elle revoie immédiatement les contrats de ses salariés afin de neutraliser les bonus et autres primes sous la menace de les imposer au travers d’une nouvelle loi visant à rendre l’argent aux contribuables en assujettissant les primes à de sévères pénalités, de plus de 90%.

De même a t on vu en février dernier en Afghanistan, dans la région de Dara-e-Noor,  les habitants d’un village attaqué par des Talibans qui avaient assassiné un dirigeant politique local prendre ces derniers en chasse. Les villageois ont neutralisé les Talibans et les ont assénés de coups jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Bref, ils ont montré que la majorité habituellement silencieuse et détentrice du  droit pouvait aussi, de temps en temps, ne pas se coucher, montrer les dents, se battre, y compris avec les mêmes armes que les assaillants, et non éternellement subir.

Ce soir, François Chérèque a déclaré qu’il « ne craignait pas d’embrasement social et que bien évidemment il ne le souhaitait pas ».

Peut être est ce (aussi) pour ne pas susciter de vocations chez les citoyens français souhaitant travailler qui vont jeudi prochain subir une fois de plus la grève d’une minorité de salariés, issus du secteur public des transports, qui, eux, ont la garantie de l’emploi etc. etc. (le mot service nous apparaît ici inapproprié).

Au cas où ils seraient tentés d’en venir aux mains avec, par exemple, les conducteurs de la SNCF comme ce fut le cas, si bien caché par les médias, en début d’année….

Riposte

mars 15, 2009 on 8:24 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermés

JusMurmurandi est goguenard ce soir après avoir écouté l’ancien Premier Ministre Laurent Fabius déclarer pendant l’émission « Ripostes » qu’il y a un risque de révolte au printemps.

Petite digression.

Laurent Fabius, fils d’un riche antiquaire, est le géniteur de l’IGF, impôt sur les grandes fortunes, et ancêtre de l’ISF. Lorsqu’il voit le jour, il exclut les oeuvres d’art. L’homme est incontestablement intelligent, et…habile.

On ne va quand même pas saper le business de papa même si l’on s’affiche à gauche.

Devenu Premier Ministre, son mandat est malencontreusement sali par l’affaire du sang contaminé. Sa carrière politique en sortira à jamais entachée, même si l’intellect de l’homme est intact.

Alors l’entendre aujourd’hui déclarer qu’il y avait un risque d’embrasement, avec le ton mielleux qui est le sien, c’est tout bonnement insupportable.

Car, en dépit de son brillant intellect, il est comme les membres du PS en ce moment, prompt à critiquer, mais aux abonnés absents lorsqu’il faut passer à l’acte ou encore faire des contre propositions.

Passer à l’acte ? Jack Lang est le seul socialiste qui a accepté de voter la modification de la Constitution qui donne plus d’autonomie et d’autorité au Parlement.

Personne d’autre au PS, comme lorsqu’il s’est agi de voter les mesures de 26 milliards d’Euro destinées à soutenir l’économie, à un moment ô combien critique.

De temps en temps il réussit aussi, comme le passage à l’Euro dont il a la responsabilité pendant la cohabitation de Lionel Jospin durant laquelle il est Ministre de l’Economie, la Mnef ayant eu raison de DSK, et les agents du Ministère de Christian Sautter (a contrario d’Eric Woerth qui, lui, a maintenant réussi la simplification que Sautter a ratée.)

Aujourd’hui, Fabius annonce la catastrophe, tel l’homme qui sourit en soufflant sur les braises.

Voilà qui est vraiment utile pour la Nation.

Mais bon, cela ne fait il pas 7 ans qu’il n’est plus aux affaires, qu’il n’est plus président de l’Assemblée et, tout grand bourgeois qu’il est, s’est affiché aux côtés des communistes pour inviter (avec succès hélas) les Français à rejeter le projet de Constitution européenne en 2005. Ce qui lui vaudra un vote pour l’exclure du PS en juin 2005…

Lui qui pense qu’il sait toujours mieux que tout le monde et sait qu’il pense de même, n’est arrivé que triste troisième derrière DSK et Ségolène pour la candidature PS aux élections présidentielles de 2007. Une espèce de Juppé de gauche, en ce qu’il a raté l’héritage de son père politique, François Mitterrand, après avoir été le plus jeune Premier Ministre que la France ait connu.

Une belle mécanique, qui ne sait fonctionner quasiment qu’à contre courant….Et même pas recyclable avec l’ouverture aux membres du PS de Sarkozy…

Bref, c’est un sentiment de tristesse, de mélancolie qui assaille JusMurmurandi ce soir en l’écoutant parler.


Clash Chirac Fabius 1986

Faire le Total!

mars 14, 2009 on 8:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

On connaissait déjà l’expression « faire la totale », pour désigner une opération faite au maximum, l’expression « faire le total », pour désigner une addition, voici maintenant « faire le Total », comme l’entreprise éponyme qui conjugue profits record et suppressions de postes.

Il faut dire que Total est déjà coupable, parce qu’ils ont dégagé un profit record pour une entreprise française de14 milliards d’euros. Il y a en France une vieille incapacité à aimer ses entreprises. Une idée marxisante suivant laquelle le profit ne peut être que le produit de l’exploitation des collaborateurs et des clients, ou catholicisante suivant laquelle le profit est, comme le culte de Mammon, « mal ».

Peu importe que Total n’ait, proportionnellement, pas gagné plus que ses rivaux, tous étrangers, ce qui montre qu’il a suivi les courbes de son industrie. Peu importe que Total n’ait aucune chance de renouveler cette performance aujourd’hui, compte tenu de l’effondrement du prix du pétrole et de la baisse de la demande survenus entre temps. Peu importe que Total paye d’autant plus d’impôts qu’il fait plus de bénéfices.

Alors, quand Total annonce qu’il va restructurer sa division raffinage, avec pour effet de supprimer 550 emplois à Gonfreville, c’est l’hallali. Peu importe qu’il n’y ait pas licenciements secs. Peu importe que Total investisse pour moderniser son outil de production. Peu importe que Total soit créateur net d’emplois en France. Aucun mot n’est trop dur pour condamner Total, et mettre face à face les profits d’un côté, et les suppressions d’emplois de l’autre.

Il est clair que Total n’a pas du être surpris de cette levée de boucliers et de la bordée d’insultes qui va avec. On peut donc se demander pourquoi ils n’ont pas attendu de publier des résultats du premier trimestre 2009, en forte baisse, pour que la pilule passe plus facilement.

Peut-être Total croit-il simplement que le droit suffit en France, et que le fait de ne pas remplacer des employés partant en retraite est un droit clair, puisqu’il n’y a pas de licenciements à justifier. Ce serait curieux de la part de la société qui a été agressée pour le naufrage de l’Erica, au mépris de toute la législation et de la jurisprudence existantes.

Croire que le droit suffit en France? Total ferait mieux de lire JusMurmurandi, tant il y d’exemples où hommes politiques, syndicats, groupes de pression et autres communautés d’intérêts ignorent froidement la loi dans leur quête du pouvoir et de l’argent. Et qui, le plus souvent, arrivent à leurs fins. Les violations de la loi à la Guadeloupe et à la Martinique se sont révélées payantes, et la séquestration du patron de Sony aussi.

JusMurmurandi a une solution simple à proposer à Total. Quand il y aura trop de profits, la prochaine fois, il suffira de les confier à un gourou de la finance infiniment respectable, qui se chargera de les faire disparaître en vitesse. Ce qui s’appelle subir une perte Total…. Comme cela, Total sera une victime qui prendra à regret les nécessaires mesures de restructuration, et non la multinationale sans foi ni loi qu’elle est menacée d’être aujourd’hui.

Comme quoi les Madoff de notre monde ont encore de beaux jours devant eux….

A l’hallali ! A l’Hadopi !

mars 10, 2009 on 9:37 | In Best of, C'est ça, Paris?, Economie, Elections présidentielles 2007, France, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

JusMurmurandi a décidé une fois de plus de faire le poil à gratter et d’entrer dans le vif du sujet avec cette fois la loi « Hadopi » destinée à sanctionner les personnes qui utilisent leur connexion internet afin de télécharger du contenu sans en acquitter les droits.

Mais avant que de conclure par ces piques que nous chérissons, tentons avec modestie et sans polémiquer de présenter les faits tels que nous avons pu en disposer.

D’un côté on regarde le côté économique de la chose où l’on nous dit que les « producteurs » de contenu, maisons de disques, artistes, réalisateurs de cinéma et distributeurs respectifs voient leurs oeuvres acquises illégalement, et par conséquent subissent un appauvrissement directement mesurable (baisse des ventes de disques, de fréquentation au cinéma etc.)

D’un autre, on entend les internautes qui se plaignent à pleins poumons sur les sites de journaux, blogs etc. que l’offre ne correspond pas à la demande, que la loi est liberticide, que l’on s’achemine vers un contrôle absolu de l’internet, que cette loi est contre l’esprit du filet (« net ») etc. etc.

Quelques éléments de réflexion. D’une part, rappelons nous lorsque la bonne vieille cassette audio est née dans les années 60, vierge de tout contenu, personne n’a hurlé que l’on allait copier un disque 33 cm pour son copain sans acquitter les droits d’auteur. On parle d’une question d’échelle, mais le principe de base est le même.

Deuxièmement, soyons clair, les possibilités de détourner la loi sont multiples. Et en particulier, si la France est seule à mettre en place une loi de ce type, autant dire que ce sera une goutte d’eau dans un vase et que n’importe quel internaute un peu débrouillard pourra aller se connecter au travers d’une autre machine dans un pays où le téléchargement est libre sans subir les foudres albanelliennes.

Troisièmement, se pose la question de ceux qui bénéficient de l’offre triple (téléphone, internet télévision); techniquement la ségrégation des trois services visant à interrompre uniquement la connexion internet est, à notre connaissance, irréalisable. Couper l’internet, c’est une chose, interrompre la liaison téléphonique, on ne joue plus dans la même cour.

Citons enfin que l’un des principaux fournisseurs de contenu au monde est Apple au travers de son iTunes, dont les musiques etc. ne sont accessibles qu’en mode protégé et… payant.

On le voit donc, la situation est complexe et il ne serait à la fois pas tolérable de piller les œuvres des uns sans pour autant entrer dans la société policée que d’autres brandissent comme un épouvantail (en toute naïveté ou incompétence – ou les deux; pour s’en assurer, faites un petit passage sur le site de la Commission de l’informatique et des libertés, www.cnil.fr, et vous allez rapidement prendre peur, alors que la loi n’est qu’en discussion -on sait tout de vous lorsque vous vous « promenez » sur le filet).

Bref, sujet complexe où il n’y a pas de réponse évidente.

Si ce n’est qu’il fait l’unanimité au parti socialiste, une fois de plus vent debout devant un projet gouvernemental, comme d’habitude. Et rien à proposer, comme d’habitude. Il est d’ailleurs à noter que tout le monde sait que l’industrie de la musique est en train de mourir du piratage, et que le film suivra, mais que personne ne fait rien. Sauf Hadopi.

Là où c’est encore plus croustillant que précédemment, c’est qu’une large majorité d’artistes, musiciens, compositeurs, cinéastes, acteurs (sauf peut être Sophie Marceau…) que la loi souhaite protéger est (ou en tout cas se dit) de gauche…..

Le PS est-il en train de tourner le dos à sa frange caviar ? Ou craint-il qu’afficher ses affinités avec le show-biz paraisse excessivement…bling-bling?

Brèves

mars 7, 2009 on 7:28 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 6 Comments

Emancipation de la femme.

Le Vatican par l’intermédiaire de sa feuille de chou, l’Osservatore Romano, fait l’éloge de la machine à laver le linge, qui a le plus contribué à contribuer à émanciper la femme, plus encore que la pilule ou l’avortement.

Et de conclure l’article en illustrant ce que ce bel ustensile ménager permet de faire  » Mets la lessive, ferme le couvercle et détends toi. »

Est ce ce que le Vatican compte faire avec Monseigneur Williamson en attendant qu’il revienne sur ses propos négationnistes sur les chambres à gaz ??

Déficit du budget de l’Etat

La vente des objets de collection de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent a atteint des sommets, 373 millions d’Euro. C’est une bonne nouvelle pour l’Etat français. Car transformer des objets de collection en monnaie sonnante et trébuchante rend les sommes immédiatement redevables de l’impôt sur la fortune, plus connu sous son acronyme d’ISF.

A moins que Pierre Bergé ne s’expatrie fiscalement bien sûr….

Airbus A 380 chez Air France: rendez l’argent ?

Tout le monde se souvient des cris d’orfraie poussés par les compagnies clientes car le programme a pris du retard. De nombreuses d’entre elles ont demandé des indemnités de retard.

La conjoncture se retournant, certaines demandent maintenant des reports de livraison, comme Air France.

Airbus va t elle se faire rembourser ses indemnités de retard ? Avec les intérêts moratoires, comme cerise sur le gâteau ?

2012

Ségolène Royal, rejetée par le PS, prend les devants et déclare prendre ses distances par rapport au parti et préparer 2012.

Elle va donc recentrer son action sur sa région, le Poitou Charentes afin « d’expérimenter des solutions à portée nationale ».

Le Poitou Charentes, quelle belle région, voilà (enfin ?) un défi à sa hauteur.

« Seconde Chance »

TF1 a décidé de ne pas donner de…seconde chance à l’émission éponyme.

Qu’en sera t il à Radio France en ce qui concerne Stéphane Guillon après ses propos sur Dominique Strauss Kahn ?


Guillon: Visite de DSK à France Inter, tous aux abris !

Lassalle cochon – ne faites pas de grève de la faim…

mars 7, 2009 on 12:28 | In Best of, France, Incongruités | 5 Comments

ça laisse des traces.

Jean Lassalle, le député MoDem qui s’est rendu célèbre pour avoir fait une grève de la faim pour tenter de maintenir une usine dans son département, s’est rendu à l’édition 2009 du salon de l’agriculture . Ecoutez l’interview qu’il a donnée, elle est…plus que cochonne.



JusMurmurandi ne voudra pas être à la place de son épouse la prochaine fois qu’elle va faire ses courses chez son boucher…

P.S. Quand on pense au petit nombre de députés MoDem (3) qui subsiste encore à l’Assemblée Nationale, si c’est ça le haut du panier…

Un sondage pour quoi faire? Du journalisme, ou donner du foin aux ânes?

mars 1, 2009 on 1:48 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | 1 Comment

Oui, vraiment, à quoi sert un sondage? Réponse simple: à savoir ce que pensent les Français. On sait ce qu’il faut en penser, quand un journal (le Parisien-Aujourd’hui en France) titre que Sarkozy n’a pas convaincu une majorité de Français lors d’une intervention télévisée, sur la foi d’un sondage qui interrogeait des Français, qu’ils aient écouté/regardé ou non ladite intervention.

Autre exemple aujourd’hui de ces sondages qui semblent avoir pour but de faire dire quelque chose de précis aux Français:le même Parisien-Aujourd’hui en France interroge les Français (en tout cas, un panel dit « représentatif ») par le truchement de l’institut CSA, et titre: « l’affaire Pérol choque les Français ». Le journal affrme que 48% des Français jugent cette nomination « choquante », contre 38%… et 14% qui ne se prononcent pas.

Le propos de JusMurmurandi n’est pas de se prononcer sur la nomination de François Pérol, mais sur le traitement journalistique avalisé par le sondage. D’abord le titre: quand il dit « les Français », le Parisien « oublie de dire qu’ils ne sont qu’une minorité (48%), ou une majorité relative. Ce ne sont pas « les Français ». Ensuite, le journal ne dit pas à quelle question les sondés ont du répondre. Si évidemment la question était: « jugez-vous choquante ou parfaitement normale la nomination à la tête de la deuxième banque française de François Pérol, proche conseiller et ami de Nicolas Sarkozy, qui a d’ailleurs contribué au rapprochement entre les deux banques qui créera cette banque géante quand il travaillait pour la richissime banque Rothschild? », on peut se dire que n’avoir « que » 48% de Français choqués serait…choquant. Donc, sans énoncé de la question, nul ne peut se faire d’opinion sur ce à quoi les Français ont répondu, d’autant que le journal ne dit même pas quelle alternative a été proposée aux sondés à « choquante ». Lequel journal ne semble pas avoir de ces délicatesses ou pudeurs quand il tire pourtant de ce sondage ce titre vengeur.

JusMurmurandi se demande d’ailleurs ce que peuvent répondre les Français, quand ils ne savent pas grand-chose des conditions d’accession à la fonction de président de grande banque. Combien se font par parachutage, combien par promotion interne, etc… Et qu’en plus, comme l’opinion publique voit en eux en ce moment les auteurs et les fauteurs de la crise, soit Pérol n’est pas un banquier, et sa nomination montre une inexpérience coupable, et donc une nomination par la faveur du prince choquante, ou c’en est un, et c’est un faquin et un coquin. Et qu’en outre l’impopularité de son Président de patron le prédestine à une même impopularité.

Plus amusant encore, le sondage demande aux Français si la prise de participation de l’Etat est « plutôt une bonne chose ou une mauvaise » (réponse: 49% bonne, 41% mauvaise), et ceux qui y sont favorables disent « qu’ainsi l’Etat pourra surveiller l’utilisation des fonds publics ». M. de la Palice doit se réjouir, lui qui n’aurait pas manqué de faire remarquer que, s’il n’y avait pas de prise de participation, il n’y aurait pas de fonds publics dont il faille surveiller l’usage.

Bref, on le voit, tout est bon pour justifier un titre convenu à l’avance: il faut condamner la nomination de Pérol. Et c’est d’autant plus facile que le rapprochement ne permettra de redresser la situation des deux banques mal en point que si la nouvelle direction fait des changements. Dont certains ne peuvent manquer d’être douloureux: renvoi de certains dirigeants qui auront fauté ou failli, suppressions d’emploi pour faire des économies, dont celles que permet la fusion en supprimant des « doublons » entre les deux banques pour la partie que ne verra pas le client. Bref, redresser les comptes ne sera pas affaire d’enfant de chœur.

Autant d’occasions de montrer à ses lecteurs qu’ils avaient eu raison, en tant que sondés ou assimilés, de trouver choquante la nomination d’un banquier ami de l’Elysée qui se livre à des pratiques aussi scabreuses, voire dégradantes.

Des lecteurs avisés, informés par un journal éclairé. Cet éclairage, c’est sans doute ce qu’il convient d’appeler de la lumière artificielle. Artificielle comme la survie de la presse quotidienne française qui n’est due qu’à la perfusion de fonds publics. Ceci n’a bien entendu aucun rapport avec cela. Sauf à imaginer que les lecteurs ne soient moins bêtes que les journalistes ne le croient qui leur servent pareil foin comme s’ils n’étaient que des ânes…

François Pérol

Une gauche mal initiée

février 26, 2009 on 7:50 | In Best of, France, Insolite | 2 Comments

Le tout-Paris politico-médiatique est en révolution. Le patron du futur ensemble issu de la fusion à venir Banques Populaires-Caisses d’épargne devrait être François Pérol, jusqu’ici conseiller du président Sarkozy aux affaires économiques.

L’opposition commune PS-MoDem clame qu’il s’agit là d’une forfaiture, d’un viol des institutions, et que sais-je encore. Ils ressortent les mêmes arguments que quand le texte sur l’audiovisuel a mis entre les mains de l’exécutif la nomination du président de France Télévisions.

Qu’imaginent-ils? Que Nicolas Sarkozy va choisir un de ses ennemis, justement pour éviter de se voir critiquer pour avoir choisi un de ses amis?

De toute façon, si un de ses ennemis acceptait un tel poste, et donc le devoir d’exécuter une mission avec laquelle il ne serait pas d’accord, puisque les députés PS et MoDem votent contre tous les textes gouvernementaux, y compris celui sur le sauvetage des banques, ce serait donc par pur opportunisme, pour ne pas dire vénalité. Or les socialistes ne sont pas sensibles à l’attrait de l’argent, des postes et du pouvoir, c’est bien connu. Quant au MoDem, la question ne se pose pas dans les mêmes termes car acheter un si petit parti ne serait pas d’un grand rapport.

Plus sérieusement, la pratique de nommer ses partisans aux postes de pouvoir est aussi vieille que la politique et répond à une logique claire. Il est plus facile d’appliquer une politique avec un groupe soudé et qui y croit qu’avec un ensemble aussi hétéroclite que la coalition gauloise qui a tenté de s’opposer à la conquête de la Gaule par Jules César. On sait comment cette alliance-là a fini.

Politiquement parlant, les socialistes sont sérieusement gonflés d’oser protester contre la nomination de Pérol, et ce, pour deux raisons. L’une est que, quand le plan Sarkozy de sauvetage des banques a été dévoilé, ils ont poussé des cris d’écorchés contre le fait que l’État soutenait et garantissait, mais sans prendre de pouvoir au sein des banques, comme des sièges de conseils d’administration. Maintenant que l’État s’implique dans les deux établissements français les plus atteints et va participer directement au capital, il faudrait que cette-fois-ci, pour les socialistes, et alors que les deux directions ont failli et doivent être remplacées, il ne prenne pas le pouvoir, contrairement à ce que les socialistes ont réclamé cette fois-là?

L’autre raison est que l’histoire devrait leur enseigner un peu plus de modestie. Après tout, ce sont eux qui ont nationalisé en 1981 pas moins de 40 banques. Combien de présidents ont-ils viré et remplacé par des socialistes bon teint? 40. Et dans l’audiovisuel, non seulement le président de l’audiovisuel public (il n’y en avait pas d’autre à l’époque) était nommé par le Conseil des Ministres, mais il y a eu une chasse aux opposants en bonne et due forme dans les rangs des cadres et des journalistes, virant et placardisant gaiement pour promouvoir les fidèles et récompenser les amis méritants. Jean-Pierre Elkabbach s’en souvient encore.

Il est utile de rappeler à ces socialistes à la mémoire décidément très sélective comment ils ont utilisé ce réseau de copains placés aux postes de commandement économique pour dénoyauter les entreprises privatisées avec des noyaux durs concoctés en son temps par Edouard Balladur. Et le retentissant scandale qui est résulté d’une tentative infructueuse d’appliquer cette méthode à la Société Générale, avec raid boursier, délit d’initiés et comptes à l’étranger. Et l’autre scandale issu de la même équipe, à savoir les délits d’initiés sur les titres d’une société américaine achetée par le français Péchiney. Délits d’initiés qui ont été commis non seulement par le meilleur ami de François Mitterrand, mais aussi par l’un des co-fondateurs de la FNAC, Max Théret.

Lequel Max Théret vient de mourir à 96 ans, après un parcours atypique pour celui qui s’est toujours dit homme de gauche. Un temps trotskyste, combattant les franquistes dans les ranges des républicains espagnols, fondateur de la FNAC, coopérative pro-consommateur depuis tombée dans le giron du très capitaliste François Pinault, fondateur du journal « investir », ce qui n’est quand même pas la même chose que « Lutte Ouvrière » ou « Rouge », et puis ce délit d’initié qui lui valut une condamnation correctionnelle pour avoir profité d’un tuyau trop bon pour être honnête.

Une histoire de délit d’initiés sur Péchiney-Triangle que la gauche a des raison d’avoir bien connu car, à l’époque, un des cadres dirigeants de cette entreprise alors leader mondial de l’aluminium, n’était autre que celle qui aujourd’hui joue les vierges effarouchées, le premier secrétaire du PS, Martine Aubry.

François Pérol

Martine Aubry

« Page précédentePage suivante »