La Françe malade du capitalisme à la française
septembre 14, 2008 on 6:29 | In Best of, Economie, France | Commentaires fermésLes Français n’aiment pas leur capitalisme. Est-ce en raison de leurs racines catholiques, si présentes en ces temps de visite papale? Est-ce parce qu’enseignés pendant des décennies par un corps professoral très largement de gauche, voire marxiste? Est-ce parce que les milieux d’affaires se seraient disqualifiés dans l’opinion publique en flirtant avec le régime honni de Vichy?
Peu importe. Le fait est là, les Français n’aiment pas leur capitalisme. Il suffit pour cela de voir les connotation négatives des mots « profit », « concurrence », « gros salaires », voire, pire, « libéral », ou « stock options », pour voir le rejet de l’idéologie capitaliste par l’opinion.
Et, corollaire, la carrière professionnelle souhaitée par le plus de jeunes Français est tout naturellement, compte tenu de ce rejet, celle de fonctionnaire.
Jusqu’ici, les Français s’appuyaient sur un pays qui leur semblait proche pour refuser le modèle capitaliste. Ce fut tout le débat entre le capitalisme anglo-saxon, perçu comme « ultra-libéral », dur sans coeur,impitoyable pour les faibles, et capitalisme rhénan, où nos voisins allemands partageaient avec nous le goût « d’amortisseurs sociaux » généreux et de services publics étoffés pour que personne ne soit vraiment abandonné dans la misère au bord de la route. Quitte à financer cela par une pression fiscale nettement plus forte qu’en Grande-Bretagne ou au Etats-Unis.
Et le Français plébiscitent encore ce refus du capitalisme « dur », que ce soit contre la fermeture de services publics dans les toutes petites communes, contre toute tentative de rationalisation financière des systèmes de santé, contre toute réduction du nombre record de fonctionnaires.
Le problème,, c’est que le capitalisme rhénan n’est plus ce qu’il était. Deutsche Bahn, l’équivalent allemand de la SNCF, s’est lancé à corps perdu dans la concurrence pan-européenne, devenant, notamment grâce à des acquisitions, l’un des champions de la logistique et du transport express. Deutche Post aussi, qui est aujourd’hui un des concurrents qui compte sur de bonnes vieilles recettes capitalistes pour tailler des croupières, en France même, à notre « la Poste » nationale et nationalisée, arc-boutée sur une visions franco-française et figée, et dont les syndicats et la base refusent absolument toute idée d’ouverture du capital. Pendant que, de l’autre côté du Rhin, Deitsche Post vend 30% de son bras financier à son nouvel allié, la puissante Deutsche Bank, première banque privée allemande, pour mieux concurrencer le nouveau géant qui naîtra de la fusion entre Commerzbank et Dresdner Bank, respectivement N° 2 et 3.
Le même séisme est à l’oeuvre sur le plan social, où le plan « Harz IV » limite les allocations des chômeurs qui refusent des offres d’emploi, et où le gouvernement a rétabli les finances publiques, autrefois aussi déficitaires que les nôtres, par une seule augmentation massive de la T.V.A., impôt réputé ici « anti-social » parce que tout le monde le paye, peu ou prou.
Dans le même temps, le capitalisme « ultra-libéral » n’est plus, lui non plus, ce qu’il était. Lorsque des institutions financières américaines ou britanniques se sont trouvées prises dans la tourmente de la crise immobilière, les Etats n’ont pas rechigné à intervenir, et à nationaliser. Les Etats-unis vont ainsi injecter 200 milliards de dollars dans Fanny Mae et Freddie Mac, nationalisés le week-end dernier, tandis que la Grande Bretagne tente de revendre la banque Northern Rock, nationalisée dans l’urgence pour éviter une panique des épargnants.
Il est donc clair que ces deux modèles de capitalisme évoluent rapidement pour s’adapter en permanence à la donne économique. Et d’ailleurs leurs réformes sont souvent bi-partisanes, c’est à dire votées ensemble par leur droite et leur gauche politique, tant il y est clair que l’économie et la bonne gestion ne sont pas de droite ou de gauche.
Bref, on le voit, le capitalisme rhénan n’est plus ce cocon protecteur auquel aspirent les Français. Le capitalisme anglo-saxon n’est pas non plus cet enfer dénoncé par Viviane Forrester dans son livre « l’horreur économique », qui transforma des Français économiquement incultes en gens peureux et repliés sur eux-mêmes.
Mais pendant ce temps-là, me direz-vous, et la France? Et bien, justement, et la France?
Elle discute, avance de deux pas avant -toute effrayée de son audace- de reculer précipitamment d’un. Elit un Président qui se dit -enfin- de droite avant de voter quasiment un nouvel impôt ou taxe par mois. Ratiocine ses réformes comme si le mot seul allait précipiter sa fin. Créé avec le RSA une nouvelle allocation, sans doute intéressante, mais qui va se cumuler avec les précédentes, dont chacun sait qu’elle coûtent mais ne « marchent » pas. Va offrir une retraite minimum à de nouvelles catégories de Français impécunieux, agriculteurs et femmes d’agriculteurs notamment, sans prendre en compte que c’est le cas avant tout parce qu’ils n’ont pas cotisé, que les finances publiques sont exsangues et les Français déjà recordmen des impôts. Et que, pire encore, cela va une fois de plus démontrer que la source de l’argent en France n’est pas le travail mais l’allocation d’assistance. Sans compter ses projets d’intervention de l’Etat dès qu’une entreprise n’a pas d’autre recours. L’Etat, l’Etat, toujours l’Etat.
Cette France regarde avec ahurissement la gauche s’opposer à tout ce que propose la droite sur tous les plans parce que l’opposition politique lui parait plus payante que l’intelligence ou le courage. La voit se déchirer non sur des projets de société, auxquels ils ont renoncé depuis qu’ils ont vu leur modèle de générosité pour tous aux frais des autres voler en éclats, mais sur des querelles de personnes pour prendre la place de leader.
Comment s’étonner, après, que notre voisin allemand, autrefois si proche, connaisse aujourd’hui, et ce malgré le fardeau toujours très lourd d’une réunification vieille de moins de 20 ans, une situation budgétaire équilibrée et un commerce extérieur excédentaire au moment où les déficits français, tant extérieur que budgétaire vont atteindre de nouveaux sommets?
Il est généralement reconnu que le système de santé français, pour hors de prix et en déficit chronique qu’ils soit, est un des meilleurs du monde pour le soin donné aux patients. JusMurmurandi s’en réjouit vivement. Parce que, vu la situation, ce sont toute l’économie et la société françaises qui vont bientôt être admises aux urgences.
Privatisation, ouverture de capital, intérêt général
septembre 8, 2008 on 5:58 | In Economie, France | Commentaires fermésLa Poste va voir son statut changer pour adopter celui de société anonyme en 2010, en application d’une directive européenne.
Les syndicats sont vent debout face à cette réforme, qui est, selon eux, le préalable autant que le prélude à une privatisation de la Poste, dont ils ne veulent à aucun prix.
La direction de la Poste, elle, souhaite ardemment procéder à une ouverture de capital dès que son changement de statut le permettra, ce afin d’avoir les ressources financières nécessaires à affronter la concurrence sur le service du courrier.
Aux syndicats, JusMurmurandi voudrait rappeler quelques faits:
- La privatisation d’Air France a permis de créer le premier transporteur aérien mondial, Air France-KLM, à partir d’une compagnie aérienne en état de quasi-faillite . Il est rentable et français.
France Telecom est devenu le géant qu’il est en téléphonie mobile grâce à son acquisition d’Orange, qui eut été impossible sans ouverture du capital. Et les associations de consommateurs se plaignent non qu’il y ait trop de concurrence dans ce secteur, mais pas assez pour faire baisser les prix pour les consommateurs.
- EDF, dont le capital a été ouvert à hauteur d’à peu près 12%, est la deuxième capitalisation boursière mondiale dans le secteur de l’énergie après le russe Gazprom. Comme la Poste, sa position de leader mondial suppose qu’elle ait les capitaux requis pour procéder à des acquisitions.
- Les souscripteurs les plus enthousiastes aux ouvertures de capital de EDF et GDF ont été leurs employés. Qui y ont très largement gagné, vu les hausses de cours de ces actions
Si la privatisation des sociétés d’autoroutes sert aussi mal l’intérêt général, avec des hausses de tarifs des péages que rien ne saurait justifier, c’est parce qu’il ne peut y avoir aucune concurrence sur ce service. Les automobilistes et transporteurs ne sont pas prêts à reprendre les vieilles routes nationales ou à repasser au train quand le péage augmente. Sans concurrence réelle, on a affaire à des monopoles, et les monopoles privés sont encore pires que les monopoles publics.
Mais dans le cas de la Poste, c’est justement la fin du monopole dans le service du courrier qui pousse la Poste à vouloir se moderniser à force de rame. Une telle modernisation, plus la possibilité pour les Français de choisir le meilleur service au meilleur prix, n’est-ce pas l’intérêt général? Une ouverture de capital à laquelle une forte majorité de salariés, si leur réaction est la même que celle de leurs collègues d’EDF ou GDF, vont vouloir souscrire, n’est-ce pas l’expression de l’intérêt des salariés?
Alors, si l’intérêt général y trouve son compte, et les salariés aussi, qui les syndicats opposés à cette ouverture de capital peuvent-ils bien défendre?
Chargez !!
septembre 5, 2008 on 7:50 | In Best of, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésDans un précédent article, JusMurmurandi s’était penché sur ces barbarismes qui émaillent de plus en plus souvent la langue française, pour le simple motif que l’on « francise » un terme anglo-saxon alors même qu’un mot existe dans notre langue. Est-ce parce que cela « fait bien » ou toute autre raison de ce type, toujours est il que l’on n’enrichit pas la langue, on l’abâtardit, on la charcute.
Un exemple parfait est celui du support. Un support est quelque chose qui sert à… supporter. Exemple un support mural. Lorsque l’on fait appel à un service technique pour résoudre un problème, c’est du soutien, et non du « support » technique. Toute autre acception devient de facto…insupportable.
Depuis quelques jours, et il faut s’en réjouir, le prix du baril de pétrole baisse plus vite que l’Euro face au Dollar américain. Cela signifie que de nombreux pans de l’économie qui avaient mis en place des augmentations de prix spécifiquement liées à cette bulle inflationniste vont aujourd’hui les remettre sur les étagères.
Au passage, bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat des Français.
Exemple, la surtaxe que font payer les transporteurs aériens. Et non la surcharge. Car cela vient du mot Anglais « to charge » qui signifie faire payer. Et non une charge (ex. charge utile qui est le poids que l’on peut mettre dans un véhicule utilitaire en sus de son poids à vide) qui n’a rien à voir avec une taxe comme c’est le cas ici.
Vous trouvez que JusMurmurandi charge la mule avec un combat d’arrière-garde ?
Allons plutôt demander à ce que l’on demande au gouvernement que l’on supprime toutes les surtaxes [inutiles] qu’il a introduites: taxe sur les poissons, RSA etc….
Chargeeeeeeeeeeeeeeeez !!
70 ans et toujours en activité
septembre 4, 2008 on 2:50 | In Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésJusMurmurandi croyait que l’âge de la retraite, en France, était au minimum, pour le régime général, de 60 ans et au maximum de 65 ans.
Et bien pas du tout. Les transports en commun lyonnais sont en grève parce que leur opérateur, la société Kéolis, voudrait, d’après les syndicats, remettre en cause la convention collective en vigueur depuis… 70 ans!
Oui, vous avez bien lu, 70 ans. C’est-à-dire depuis 1938, soit avant la seconde guerre mondiale. Tout a changé en 70 ans, notamment dans les transports, mais la convention collective doit rester intacte.
Il est à noter que, bien entendu, les syndicats ont choisi comme jour de grève celui où la ville de Lyon reçoit le jury chargé de désigner la capitale européenne de la culture. Cela rappelle la grève des syndicats d’Air France aux premiers jours de la Coupe du monde de football de 1998.
Il est à noter également que Kéolis a déjà garanti aux syndicats le maintien des 35 heures, la grille de salaires et le 13e mois. Et que la grève intervient avant tout début de négociation, c’est à dire avant que les syndicats puissent voir dans cette remise en cause quelque problème que ce soit.
Mais là où JusMurmurandi hoche la tête, perdu entre incompréhension et ahurissement, c’est en lisant dans Lyon Mag l’interview de Bruno Serpaggi, délégué syndical CFTC, qui dit se plaint notamment de n’avoir pu rencontrer le patron de Kéolis « que » le 1er septembre pour un préavis de grève déposé le 28 juillet. Si Kéolis avait voulu négocier en août, JusMurmurandi voit d’ici les syndicalistes les taxer de mauvaise foi car proposant une date de négociation en pleine période de congés.. Mais ce n’est pas tout. Bruno Serpaggi reconnaît que Kéolis promet de maintenir les points importants mentionnés plus haut, mais ajoute: C’est très flou comme promesse. Bien sûr, la grille des salaires continuera d’exister, mais rien ne nous garantit qu’elle sera revue à la hausse.
En d’autres termes, pour éviter une grève pas encore survenue, mais annoncée pour contrer une négociation pas encore commencée, il faudrait à M. Serpaggi des garanties de hausse de la grille de salaires suivant une convention collective vieille de 70 ans, et dont il reconnaît lui-même qu’elle est plus avantageuse que la convention nationale… Peste! JusMurmurandi savait déjà que la ville de Lyon est réputée pour sa gastronomie, mais le moins qu’on puisse dire est que M. Serpaggi ne manque pas d’appétit.
Cela étant, le plus frappant est quand même la sacralisation de cette convention collective qu’on ne peut que qualifier d’antique. Cela montre à quel point les syndicats de l’entreprise ont pour seule perspective d’éviter tout changement, parce qu’ils imaginent que celui-ci ne pourrait leur être que défavorable. Ce qui, soit dit en passant, est le comportement type de défense des avantages acquis, c’est à dire dont on n’est pas sûr de se les faire réaccorder s’ils venaient à être remis en cause, car leur seule légitimité est qu’ils existent, et non qu’ils sont mérités.
Car, faut-il le rappeler à M. Serpaggi, il y a 70 ans, les Français travaillaient 40 heures, avaient 2 semaines de congés payés, pas de Sécurité Sociale, pas de congés formation, ni de formation d’ailleurs, pas de congés parentaux, etc…
La suite de l’entretien avec M. Serpaggi est de la même eau. En fait, celui-ci redoute que Kéolis veuille renégocier les coûts sociaux à la baisse pour améliorer sa rentabilité, ce qui permettrait d’attirer des candidatures quand le contrat de Kéolis sera remis à appel d’offres, permettant à l’agglomération lyonnaise de partager ce contrat entre plusieurs opérateurs, Kéolis conservant la partie bus qu’elle préfère.
En d’autres termes, Kéolis gagne aujourd’hui si peu, compte tenu des avantages sociaux qu’elle concède à ses employés, qu’il n’y aurait pas foule pour lui succéder sur les mêmes bases sociales. Et ses syndicats, au lieu de lui donner acte de ce traitement de faveur au détriment de ses actionnaires, initient une grève pour lui rendre la vie encore plus pénible et dégoûter les candidats. Sans voir que c’est justement ce comportement qui rend Kéolis désireux de se désengager au moins partiellement.
JusMurmurandi observe que le maire socialiste, M. Collomb, se tient à un silence prudent, coincé qu’il est entre le soutien traditionnel de la gauche aux mouvements sociaux et l’irresponsabilité manifeste d’une grève sans cause qui pénalise les usagers et la ville dans sa candidature européenne.
Heureusement il y a une solution qui ne dépend pas de la fameuse convention collective d’avant-guerre. Une innovation lyonnaise promue par la mairie de gauche et qui enlève aux syndicats des transports lyonnais une partie de leur capacité de prise d’otages.
C’est Vélov’, le vélo en libre-service. Qui n’existait certes pas il y a 70 ans….
Quand il vaut mieux sortir découvert…
septembre 3, 2008 on 6:54 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésLe pétrole a atteint hier, en séance, un cours de quelque 105$ par baril, avant de se stabiliser vers les 109$. Soit quelques 40$ de moins qu’il y a deux mois. Bonne affaire pour tout le monde, pays producteurs mis à part.
Pour tout le monde, voire. Car les consommateurs de pétrole, ou de ses dérivés (essence, kérosène, produits chimiques), l’achètent souvent à terme, pour se garantir à l’avance contre toute hausse des cours.
Cette stratégie, dite de couverture, a très bien fonctionné pour Air France-KLM, qui a couvert ses achats longtemps à l’avance. De ce fait, quand le pétrole montait, Air France continuait de le payer au prix négocié avant la hausse. D’où le choix à leur disposition entre augmenter les prix en appliquant une surcharge carburants, et encaisser un super-profit du à leur couverture opportune, ou maintenir leur prix et prendre des parts de marché face à des concurrents moins bien ou pas couverts du tout, et donc contraints de faire grimper les prix de leurs billets.
Maintenant que le pétrole a fortement baissé, il reste à voir comment les opérateurs comme Air France (si telle est leur situation) gèreront d’avoir à acheter du pétrole au prix convenu à l’avance, à des cours supérieurs à ceux du marché.
Mais le cas le plus frustrant doit être celui de la compagnie aérienne low-cost irlandaise Ryanair. Cette compagnie, dont toute la stratégie repose sur des prix de billets pas chers, a souffert jusqu’ici, affichant même des pertes au 2e trimestre 2008. En effet, son patron, Michaël O’Leary, ne croyait pas que le pétrole monterait si haut, et n’a donc pas acheté de couverture. Ryanair a donc du acheter son pétrole au prix fort, face à des concurrents qui, pour certains d’entre eux, le payaient beaucoup moins cher. Pour ne pas perdre de clients, Ryanair a maintenu ses prix, et a donc perdu de l’argent.
Ayant appris, croyait-il, sa leçon, M. O’Leary, en annonçant à la bourse ses résultats déficitaires, a indiqué qu’une telle situation ne se reproduirait plus car Ryanair avait très substantiellement couvert ses achats de kérosène pour les 12 prochains mois sur la base d’un pétrole entre 123$ et 129$.
Sauf qu’avec un pétrole en dessous de 110$, Ryanair, qui avait été trop en avance en croyant que le pétrole ne « valait » pas 147$, se trouve en retard quand elle le paye « encore » plus de 120$ alors qu’elle pourrait l’acheter au comptant pour beaucoup moins.
Comme quoi, quand on est une compagnie aérienne, arriver à l’heure ne concerne pas uniquement la ponctualité des vols…
J’atomise, je ventile, je disperse
août 28, 2008 on 8:55 | In Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésLe Polonium 210, vous connaissez ?
Rappelez vous, cette substance radioactive, utilisée par les Soviétiques (pardon, les Russes) à Londres pour éliminer Alexander Litvinenko en 2006. Soit dit en passant, on aurait du se méfier lorsque l’on utilise des méthodes aussi barbares de ce qui allait arriver aujourd’hui en Géorgie et peut être demain en Ukraine.
Mais ce n’est pas l’objet de cet article.
C’est simplement pour vous dire que le Polonium 210, nous en consommons tous, volontairement ou non.
Car ce produit hautement toxique se retrouve…dans les cigarettes, et les fabricants de cigarettes en connaissent les dangers depuis plus de…30ans. Il se trouve en effet dans les engrais utilisés pour cultiver le tabac.
Eh oui, depuis trente ans, les cigarettiers nous atomisent dans la joie et la bonne humeur avec leurs cigarettes. Soit dit en passant (bis) on remercie le gouvernement Villepin pour sa demi mesure sur les restaurants désormais interdits d’accès aux fumeurs…sauf en terrasse.
Si cela n’a gêné personne lors de l’entrée en vigueur de la directive en janvier dernier car qui veut aller prendre un bol d’air frais en plein hiver, nombreux sont ceux qui voudraient profiter des terrasses en été. Or elles sont désormais occupées en priorité par les fumeurs, qui ne font pas de distinction entre adultes et enfants pour enfumer tout le monde. Et les non fumeurs de se retrouver pénaliser et cloitrés s’ils ne veulent pas être justement…atomisés.
Mais, pour revenir à l’objet initial de notre article, pourquoi avoir donc utilisé cette phrase si célèbre des « Tontons Flingueurs », énoncée par un Bernard Blier en grandissime forme ?
C’est pour tout simplement reproduire le cycle du fumeur de cigarettes.
Je fume, donc j’atomise.
Je ventile, lorsque je suis mis en assistance respiratoire avec un bon cancer du poumon.
Je disperse, lorsque je rejoins les cendres de mes cigarettes.
Alors, fumeurs, quand est ce que vous arrêtez ?
Jeux Olympiques, politiques, athlétiques ou…Panoramix?
août 27, 2008 on 7:48 | In C'est ça, Paris?, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, Insolite, International | Commentaires fermésPour conclure notre série d’articles sur les JO auxquels nous aurons consacré une large part de nos récentes rédactions, il y a un sujet que nous voudrions voir aborder, une éloge que nous souhaitons faire.
Avant d’être Olympiques, les Jeux de Pékin ont commencé par être politiques.
Pour nombreuses personnalités de la classe politique nationale, la Chine a été l’occasion de se faire une place au soleil, avec jérémiades, élucubrations et autres vitupérations, qui ont activement contribué à écorner l’image de la France en Chine. Mais comme les donneurs de (bonnes??) leçons ne paient pas les conséquences de leurs propos, comme les salariés des entreprises françaises qui perdent des contrats, pourquoi ne pas continuer à pérorer à tout va ?
Après avoir été politiques, sont ils un court instant devenus…Olympiques, c’est à dire athlétiques ?
JusMurmurandi en doute, en fait.
Car les performances de certains athlètes ont tellement progressé d’un jour à l’autre, qui augmentant ses performances de plus de 10 secondes un jour, et de quatre le lendemain, que JusMurmurandi pense qu’il est temps de rendre à César ce qui lui revient.
Pour JusMurmurandi, il est manifeste que des participants, à la vue basse et pour aucune autre raison, ont du faire des confusions au niveau des boissons ou autres liquides, à « l’insu de leur plein gré » comme le veut l’expression consacrée de Richard Virenque.
Et ont en fait, fièrement défendu la capacité de leurs industries pharmaceutiques respectives à fabriquer des produits susceptibles d’améliorer de façon tout aussi significative que théoriquement illégale leurs résultats.
Il était donc temps que l’on s’incline devant les performances atteintes à l’aide des décoctions de la dite industrie, qui a permis de tellement faire progresser les performances des athlètes. Panoramix, le célèbre druide d’Astérix et créateur de la potion magique ? Pas mort !!
Mais pas seulement des athlètes.
Leurs montures aussi. Pour preuve, quatre chevaux participant à des courses d’obstacles ont été disqualifiés pour ingestion de produits dopants.
On n’arrête pas le progrès…
Si tant est que cela en soit, bien sûr.
Pour aller plus avant dans sa réflexion, JusMurmurandi compte en parler prochainement…à son cheval.
L’Amérique libérale que nous aimons tous
août 23, 2008 on 9:23 | In Best of, Economie, France, International | Commentaires fermésDans ce monde politiquement correct où nous vivons, le nombre d’insultes « autorisées » a dramatiquement chuté. Plus aucune allusion à la race, la religion ou les moeurs. Fort heureusement, il y en a une qui permet aux politiciens de gauche de s’en donner à coeur joie, c’est « libéral ». Quand un politicien traite son adversaire de libéral(e), cela veut dire, grosso modo, « personne vendue corps et âme aux lois impitoyables du marché et des grandes multinationales, sans considération pour les dégâts immenses qu’elles provoquent chez les Français »
Il y a même une version « hard » de cette insulte, c’est « ultra-libéral ». Et l’exemple permanent de cet ultra-libéralisme débridé (encore un épithète aggravant), ce sont les Etats-Unis, territoire de toutes les horreurs économiques (cf. le livre de Viviane Forrester, l’horreur économique).
L’opposé de ce libéralisme présumé « fou », c’est l’intervention de l’Etat, bien sûr. L’Etat présumé salvateur, compassionnel, sage, impartial, et j’en passe.
Alors, pour montrer à quel point ce cliché est réaliste, intelligent, approprié, JusMurmurandi indique que les 3 fabricants américains d’automobiles viennent de demander au gouvernement américain 50 miliards de dollars d’aide pour reconvertir leurs usines de production de gros modèles gloutons en petits modèles économes. 50 miliards! Le candidat républicain aux Présidentielles américaines, John Mc Cain a déjà indiqué qu’il était d’accord avec cette demande, tandis que Barack Obama a, lui alloué, en cas de victoire, une enveloppe triple, soit 150 milliards, pour le « verdissement » de l’industrie américaine. Ce doivent être des milliards « libéraux », bien sûr, ce qui change tout…
Vous me direz, c’est un exemple isolé. Pas du tout, puisque, pour aider les Américains qui sont en danger de perdre leur logement dans le cadre de la crise immobilière, l’administration Bush a mis en place un programme de soutien aux propriétaires de plusieurs dizaines de miliards de dollars. Plus encore, les 2 organismes privés d’assurance des prêts immobiliers, Fannie Mae et Freddie Mac étant menacés de faillite par des dizaines de milliards de dollars de prêts immobiliers non remboursés, le président Bush a tout simplement dit qu’en cas de besoin, il les nationaliserait! Ouf! Quelle débauche de libéralisme! On ne faisait pas mieux du temps de l’Union de la Guache de 1981 en France!
Vous me direz, c’est un moment exceptionnel, atypique, de l’histoire américaine. Pas vraiment. Chrysler, 3e fabricant américain de voitures, a déjà été sauvé par l’Oncle Sam dans les années 70. Et les caisses d’épargne, qui s’étaient gavées de »junk bonds » pourries dans les années 80, ont été, elles aussi, sauvées par le contribuable américain.
Du coup, les accusations américaines contre les subventions européennes à Airbus prennent une saveur particulière. Mais ce sont des subventions anti-libérales, rien à voir avec l’aide US à Boeing…
Ce doit être pourquoi Bertrand Delanoë se décrit comme « libéral » dans son livre, au grand scandale de la moitié du PS emmenée par Ségolène Royal.
Oui mais voilà, si « libéral » à la mode américaine n’est plus ni scandaleux ni une insulte, que restera-t-il à la gauche pour tenter de disqualifier Nicolas Sarkozy?
Concurrence, vous avez dit concurrence?
août 21, 2008 on 6:46 | In Best of, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésLe système capitaliste est fondé sur le fait que les acteurs économiques recherchent leur avantage économique maximum. Ce qui, pour les entreprises, s’appelle la maximisation du profit. Et ce qui évite que cette course au profit sans limite se fasse par une hausse de prix massive au détriment du client, se nomme concurrence.
Car si une entreprise affiche des prix trop élevés, une autre entreprise, aux prix plus raisonnables, viendra lui prendre ses clients. C’est simple.
Simple, pas si sûr. Car un certain nombre d’exemples troublent JusMurmurandi, et tendent à prouver que la concurrence en France est plus une façade qu’une réalité.
Ainsi le prix du lait a-t-il très fortement augmenté dans les grandes surfaces, mais les producteurs font face à des demandes de baisse de tarifs (des exigences plus que des demandes) de la part des quelques très grandes entreprises qui le collectent.
Ainsi est-il surprenant de constater que les producteurs de fruits et légumes, quand ils organisent des ventes en direct aux consommateurs, offrent leurs produits à des prix inférieurs au tiers, quand ce n’est pas au quart des prix pratiqués en grandes surfaces.
Pour ces 2 exemples, JusMurmurandi peut encore imaginer qu’il y ait une réalité plus complexe que celle décrite ici. Ce sont des catégories de produits vendus à travers des canaux de distribution peu transparents, le cas échéant réglementés, et où la logistique laisse peu de place à une vraie concurrence.
Mais hier, l’association Familles de France a publié un article montrant que le coût de la rentrée des classes a baissé d’une année sur l’autre de plus de 7%. C’est une baisse considérable, surtout en période d’inflation revigorée due à la hausse du prix des matières premières et de l’énergie.
En particulier, le coût de papeteries à baissé de plus de 5%, alors que le papier est fait de matières premières et d’énergie, donc de composants en forte hausse.
Alors d’où viennent ces marges de baisse de prix alors que les matières premières augmentent, si ce n’est que, les années précédentes, les marges étaient « trop hautes »? Et si elles étaient « trop hautes », n’était-ce pas parce que la concurrence était trop faible? Et si la concurrence était trop faible, n’était-ce pas parce que le régulateur de la concurrence (en l’occurence la DGCCRF) était lui aussi trop faible? Et parce que les pouvoirs publics, très soucieux de permettre au commerce de proximité et de centre ville de survivre à la concurrences des grandes surfaces, ont corseté la distribution par une série de lois limitatives (lois Royer, Raffarin, Galland, Jacob entre autres)?
C’est pourquoi Jusmurmurandi « s’amuse » de l’offre faite par Michel-Edouard Leclerc de vendre, si on l’y autorise, des médicaments dans ses grandes surfaces. Il prétend pouvoir y pratiquer des prix 20% à 30% plus bas que les officines spécialisées (on notera que ces officines sont justement des commerces de proximité et de centre-ville, typiques de ce que les gouvernements successifs ont voulu « aider » à perdurer).
M. Leclerc s’indigne du peu d’enthousiasme des pouvoirs publics à accepter son offre, dû d’après lui à un lobbying efficace et conservateur des pharmaciens soucieux de protéger leurs prétendus privilèges.
JusMurmurandi se dit que M. Leclerc serait plus crédible s’il n’y avait pas, à son débit, ces malheureux exemples de fruits et légumes, et, maintenant, de cahiers d’écoliers.
Mais peut-être, puisque ces fournitures scolaires ont baissé de prix, M. Leclerc pourra-t-il s’offrir, pour serrer enfin ses prix de près, un tout nouveau boulier?
Le « nient-nient »
août 18, 2008 on 6:24 | In Best of, Economie | Commentaires fermésLes chiffres de la croissance française du deuxième trimestre, ou plutôt de sa décroissance, sont sortis et JusMurmurandi s’en est déjà fait l’écho. Mais les commentaires qu’ils suscitent ne peuvent qu’entraîner, à leur tour, d’autres commentaires. Si bien que, à force de commenter les commentaires des commentaires, c’est toujours un peu de PIB en plus qui viendra au secours de l’économie française aujourd’hui patraque.
Les socialistes ont été, depuis sa conception, des adversaires déclarés de la loi TEPA, le paquet fiscal mis en oeuvre dès son élection par l’équipe Sarkozy-Fillon. Ce paquet comprend un ensemble de mesures de réduction d’impôts, notamment sur les heures suplémentaires, sur les successions, sur les investissements dans les PME, sur les intérêts d’emprunts immobiliers.
Aujourd’hui que la croissance est en berne, les socialistes s’étranglent d’indignation et réclament un plan de relance de la part du gouvernement. Or, c’est exactement ce qu’est la loi TEPA.
Quand on sait qu’elle a été votée à la fin du premier semestre 2008, et qu’il faut quelques mois pour que les dispositions de toute loi de ce type produisent de l’effet, compte tenu des délais de publication des décrets d’application, et du temps qu’il faut aux décideurs économiques (entreprises aussi bien que consommateurs) pour en comprendre les avantages, savoir comment en profiter, et s’y adapter, JusMurmurandi se demande ce que serait l’économie française si un tel paquet fiscal n’avait pas été voté.
Car enfin, les choses sont simples. Soit cette loi produit des effets, ce que les socialistes nient, soit elle n’en produit pas, ce qui suppose que ces dispositions restent inutilisées, et alors elles ne coûtent rien, ce qu’ils nient aussi. C’est sans doute ce qu’on appelle le « nient-nient », version modernisée de l’immobiliste « ni-ni » de François Mitterrand (ni nationalisations ni privatisations).
Il est clair qu’en politique, il vaut mieux ne pas avoir de mémoire, car cela obligerait à se souvenir de ce qu’on a déclaré. Et notamment que ni Ségolène Royal ni François Bayrou n’avaient détecté que le pouvoir d’achat serait au centre des préoccupations des Français. Ni prévu de le stimuler par de quelconques mesures. Tiens, encore un « ni-ni »…
Bien sûr, Nicolas Sarkozy non plus n’avait pas prévu la crise internationale issue de la combinaison de la hausse vertiginieuse des prix des matières premières, des produits alimentaires et de l’énergie, et par la crise financière née des pertes abyssales des banques sur la marché immobilier américain, avec la contraction du marché du crédit qui s’ensuit. Bien sûr TEPA était prévu pour stimuler une croissance positive et non pas pour éviter de plonger en récession.
Mais l’adéquation de TEPA à une conjoncture qui requiert une vigoureuse stimulation a été actée par rien moins que le Fonds Monétaire International, dont l’orthodoxie financière le rend d’habitude allergique à ce genre de mesures, surout de la part d’un pays au déficit budgétaire aussi creusé que celui de la France. LE FMI a même déclaré que cette mesure donnait plusieurs mois d’avance à la France, qui « a avancé un programme de réformes ambitieux pour renouer avec une croissance soutenue et durable »
Bien sûr, les socialistes français pourront toujours dire que l’analyse économique du FMI, c’est du grand n’importe quoi. Le problème, c’est que son chef est Dominique Strauss-Kahn, depuis 20 ans meilleur économiste… du parti socialiste.
En attendant, JusMurmurandi constate la vente de la célèbre villa Leopolda sur la Côte d’Azur à un oligarque russe pour 492 millions d’euros (!!!). Ca fait au moins un record du monde français, ce dont les Jeux Olympiques sont jusqu’ici avares, et ça fera toujours un peu de rentrées fiscales en plus….
Des châteaux en Espagne… qui attendent des riches français
août 16, 2008 on 7:09 | In Best of, Economie, France, International | 2 CommentsDéjà le Roman de la rose et La Fontaine usaient de cette expression qui désigne des illusions d’une grandeur possible et trop facile.
C’est pourquoi JusMurmurandi conseille à tous les Français de ne surtout pas regarder ce qui se passe en Espagne. Notamment ce que va faire le gouvernement pour lutter contre la très forte chute de la croissance espagnole (ils sont encore positifs, contrairement à la situation française, au deuxième trimestre, mais en partant de plus haut).
Le gouvernement va sacrifier une partie de son excédent budgétaire (un excédent! Quand on pense que le dernier budget en équilibre en France remonte à Raymond Barre, c’est-à-dire à 30 ans, on voit bien le manque de courage consternant des hommes politiques qui se sont succédés au pouvoir) pour réduire les impôts, et relancer ainsi le pouvoir d’achat, et ils l’espèrent, l’économie.
Sur le fond, ce n’est pas gagné d’avance, car, si les consommateurs sont inquiets, il est possible qu’ils utilisent ce bonus (ou plutôt, parlant d’une baisse d’impôts, cette absence de malus) non pas pour consommer, mais pour augmenter leur épargne de précaution.
Mais ce qui fascine JusMurmurandi, c’est le choix de l’impôt que le gouvernement espagnol va baisser. Il va annuler l’impôt sur la fortune! En France, une telle action action serait réputée n’avoir aucun effet sur la croissance au motif que les « riches » n’augmenteraient pas leur consommation, et qu’il faudrait donc agir sur un autre impôt, comme la T.V.A. pour avoir un impact sur la consommation.
Sauf que l’annulation de leur impôt sur la fortune peut donner aux espagnols riches l’envie (et les moyens) d’investir davantage. Et l’on sait qu’une relance de l’économie par l’investissement est plus saine et durable qu’une relance par la consommation, spécialité française.
Fondamentalement, la France souffre de ce que la classe politique ne croit pas à la vertu économique des « riches », à la création de richesse, à l’investissement, et à toute cette sorte de choses. Pour la gauche, les « riches », qu’elle n’aime pas, sont coupables par nature, et ne sont (à peine) absous de leur péché de richesse que quand ils sont tondus. Pour la droite, qui a perdu cette guerre idéologico-économico-mediatico-sémantique contre la gauche, les riches sont comme un parent encombrant qu’on tente avec mauvaise conscience de cacher au monde comme l’idiot de la famille.
En attendant, la suppression espagnole de l’impôt sur la fortune laissera la France comme seul pays européen (le dernier, comme Astérix) à imposer ainsi la richesse et les riches.
Et le gouvernement espagnol qui procède à cette suppression est le gouvernement socialiste de Jose Luis Zapatero…
Jusqu’ici, les riches français partaient en Belgique ou en Grande-Bretagne pour rester riches. Maintenant, ils auront aussi le choix d’aller se construire des châteaux en Espagne.
Bonne nouvelle, oui, mais pour qui?
août 12, 2008 on 1:55 | In Economie, France, Incongruités, International | 6 CommentsHier le pétrole a coté 113 dollars le baril. Par rapport à son maximum de 147 dollars, c’est 23% de moins. Presqu’un quart en moins.
Qui en parle? Personne. Pourtant, si la hausse a tous les effets négatifs qui sont complaisamment décrits par les media, il semblerait que la baisse doive avoir tous les avantages opposés.
Pourquoi la baisse ne semble-t-elle intéresser personne?
Parce que les bonnes nouvelles (celle-ci n’est que relative, après tout, 113 dollars, c’est encore très cher) ne feraient pas « vendre », donc les media ne s’y intéresseraient pas? Ce serait le syndrôme des trains qui arrivent à l’heure…
Parce que le gouvernement voudrait mettre les Français dans une disposition d’esprit de pétrole cher, de façon à déclencher des réflexes d’économie d’énergie, de soutien au nucléaire, de choc économique indépendant de sa politique, et que donc une baisse n’irait pas dans le sens souhaité?
Parce que l’opposition voudrait blâmer le gouvernement pour tout ce qui arrive, et qu’il serait difficile de le blâmer pour une baisse du prix du baril?
Parce que cette baisse ne serait peut-être que transitoire, et que donc il ne faudrait pas s’y fier. A la hausse non plus, alors…
Pourtant, les entreprises peuvent profiter de cette baisse pour couvrir leurs besoins sur plusieurs mois sur la base du cours actuel, ce qui les protégerait contre une éventuelle remontée. Sur ce plan là, la compagnie aérienne à bas coûts Ryanair doit se sentir mal à l’aise. Ils ne se sont pas couverts quand le pétrole montait, ce que leur a valu de le payer au plus cher et de faire des pertes le trimestre dernier. Moyennant quoi ils ont fini par se couvrir, mais à prix élevé, et maintenant ils le voient baisser…
Bref, tout le monde semble-t-il aurait intérêt à la hausse du baril. Sans compter, bien sûr les Total et autres sheiks arabes et oilgarques russes.
Sauf le consommateur, bien sûr. Mais lui, qui s’en soucie?
Léger comme l’air, lourd comme le passager…
août 5, 2008 on 9:48 | In Best of, Economie, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésL’histoire pourrait prêter à sourire. Les compagnies aériennes, lourdement pénalisées par l’envolée du prix du kérosène, ne savent pas quoi inventer pour améliorer leur rentabilité sans augmenter, en apparence tout au moins, le prix des billets.
D’abord sont apparues les surtaxes carburant. Facile à comprendre, le carburant augmente, et cette augmentation est répercutée. Mais déjà se pose la question de savoir pourquoi elle n’est pas purement et simplement intégrée au prix du billet.
Sauf que, comme on ne peut augmenter à l’infini cette surtaxe, les compagnies ont aussi actionné le levier inverse, à savoir d’en donner moins pour le même argent. Ainsi, sur de nombreuses compagnies low-cost, les bagages sont devenus payants. Mais maintenant les choses vont encore plus loin sur une compagnie américaine: il faut payer non seulement pour boire un café, mais même pour un verre d’eau, et pour avoir un coussin ou une couverture.
En fait, là, l’amélioration économique ne vient pas seulement du revenu par verre d’eau vendu, mais surtout que, comme beaucoup de passagers ne boiront pas de l’eau « payante » qui auraient bu de l’eau « gratuite », l’avion transportera moins d’eau, ce qui le rendre plus léger et plus économe en kérosène.
Maintenant le pompon revient à une compagnie asiatique qui a décidé de faire payer les passages au pro-rata de leur poids de corps. En clair, les « grands et gros » australiens payeront plus que les chinois « petits et maigres ». Cette information annoncée par le responsable australien de ladite compagnie low-cost a ensuite été contredite par le siège de la compagnie, sans doute gênée par la contre-publicité qui lui était faite.
Il est de fait que les « gros » passagers d’avion coûtent plus cher (en kérosène) que les « maigres ». Est-il normal que les seconds subventionnent les premiers? JusMurmurandi imagine déjà Nicolas Sarkozy demandant à Air France de bénéficier de billets moins chers que ceux de son prédéceseur Jacques Chirac…
Délocalisation (trop) silencieuse
août 4, 2008 on 11:07 | In Best of, Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermésVoilà un sujet comme JusMurmurandi les aime et les déteste à la fois. De mauvaises nouvelles, mais bien paradoxales.
Nous avions écrit un article polémique sur les dernières déclaration de Carlos Ghosn qui expliquait, inter alia, que la crise allait obliger Renault de ralentir la production à Sandouville, mettant un voile pudique sur le fait que la baisse de candence était tout d’abord imputable à la médiocre réponse de la clientèle à la nouvelle (??!!) Laguna, tandis que Citroën ne sait pas répondre à la demande de sa concurrente directe, la C5. Et donc que les responsables produit de Renault étaient tout aussi responsables, voire coupables, vis à vis des salariés remerciés.
Mais beaucoup plus intéressant est le phénomène général qui illustre la production automobile de la France.
Rappelons tout d’abord que l’industrie automobile est (encore?) la première industrie française en nombre d’emplois.
On constate depuis plusieurs années que les emplois français sont en train de disparaître dans le plus grand silence, que ce soit de la part des entreprises, PSA Peugeot Citroën, mais plus étrangement de la part des syndicats. Au seul premier semestre 2008, ce sont 10% de voitures en moins fabriquées en France tandis que la production des deux constructeurs reste « mondialement stable » à peu près.
Peugeot 207 majoritairement fabriquée en Slovaquie alors que son prédécesseur était produit à Mulhouse ou Poissy, Twingo délocalisée de Flins en Slovénie, la fabrication hexagonale f… le camp. Encore une fois dans le plus grand silence syndical.
Comme si le premier employeur, et donc la première source de revenus pour ces syndicats quittait l’hexagone dans le désintérêt le plus absolu.
Car il faut rappeler que la « part de marché » des syndicats ne fait que baisser depuis des décennies pour atteindre le chiffre désastreux de 7% (quelle entreprise pourrais survivre à une division par trois de son chiffre d’affaires en 20 ans?? – demandez à General Motors ce qu’ils en pensent…).
Denis Gautier Sauvagnac, alias Lubricator, aurait-il donné le mode d’emploi sur comment « lubrifier » les relations syndicales en cas de période difficile ?
En tout cas, cette disparition d’emplois représente un cas très sérieux, grave, pour JusMurmurandi.
Et au passage, les voitures qui bénéficient du bonus gouvernemental sont celles qui bien entendu polluent le moins, donc les plus petites, par conséquent celles qui sont de plus en plus produites…à l’étranger.
Allez savoir ??!!
Mais face à ces mauvaises nouvelles, il en est toutefois une bonne. Qui illustre encore mieux le paradoxe de la situation.
Il y a bien une usine de production automobile française qui tourne à plein régime.
Elle va même battre des records de production en France cette année d’après les informations en notre possession.
Car elle aussi profite autant que faire se peut du bonus environnemental car elle produits des citadines.
Et son propriétaire la juge particulièrement rentable, alors qu’elle est hexagonale.
C’est l’usine Toyota de…Valenciennes. Bienvenu chez les Chtis.
Allez comprendre.
Bulles, bulles…
juillet 31, 2008 on 3:18 | In Economie, France, Insolite, International | Commentaires fermésMohammed Yunus n’est pas n’importe qui. Il a reçu le prix Nobel pour avoir inventé le micro-crédit, des prêts de toutes petites sommes destinées à permettre aux plus pauvres de mettre en oeuvre des activités individuelles rentables tant pour eux que pour leurs communautés.
Que dit Mohammed Yunus? Que la mode du micro-crédit, aujourd’hui très « tendance », fait affluer vers ce segment très particulier de l’économie des masses exagérées de capitaux, et que cela va créer une bulle de même nature que celle des subprimes.
Voir le banquier des pauvres s’inquiéter qu’on leur prête trop d’argent n’est déjà pas banal. Comparer la situation des ultra-pauvres du Bangladesh à celle des propriétaires immobiliers américains, fussent-ils les moins riches d’entre eux, est paradoxal.
Sauf que la logique est imparable: dans les deux cas, trop de capitaux sont à la recherche de trop peu d’opportunités de prêts. Dans les deux cas, c’est le « bas du marché » vers lequel ces capitaux ce tournent qu’on encourage à emprunter, avec la culbute au bout de la route.
Finalement, ne serait-ce pas Mohammed Yunus, un homme qui sait résister à l’ivresse du succès et à l’appât du gain, qui devrait gérer la Federal Reserve ou Citigroup?