Faut il croire aux miracles ?
décembre 10, 2008 on 9:46 | In Best of, Economie, France, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésMonseigneur Jacques Perrier, évêque de Lourdes, annonce que jamais auparavant un aussi grand nombre de pèlerins ne s’étaient rendus aux Sanctuaires de Lourdes. Ils étaient plus de neuf millions de personnes à faire le déplacement à l’occasion des 150 ans des apparitions à Bernadette Soubirous.
A lire ces chiffres, il est clair que nombreux sont ceux parmi nous qui croient aux miracles.
Cela signifie-t-il que le PS va se raccommoder autour de Martine Aubry et Ségolène Royal ?
Cela veut il dire que la crise ne sera que passagère et que le ralentissement que nous observons laissera la place à une reprise vigoureuse portée par des matières premières comme le pétrole dont le prix s’est effondré depuis l’été (cours à 40/45 Dollars comparé à 150 cet été) ?
Cela aurait il pour signification que les fonctionnaires de l’ANPE vont se mettre au travail pour faire face à l’afflux de nouveaux « adhérents », le double de la normale avec le ralentissement de l’économie, et non faire preuve de leur habituel égoïsme en déposant un préavis de grève pour début janvier ?
Non, tout ceci étant des questions valables, justifiées, ce qui semble indiquer à JusMurmurandi que l’on peut croire aux miracles, c’est que les banquiers seraient peut être en train de commencer à se rendre compte de l’immense chaos qu’ils ont crée et à vouloir se racheter une conduite.
Car nombre d’entre eux semblent prêts à remettre leur bonus 2008 en question.
A titre d’exemple, Morgan Stanley prépare un mode de règlement qui permettra de retenir une partie des bonus dus afin que leur versement soit étalé sur trois ans, et ceci concerne 7.000 personnes.
Cette annonce est arrivée simultanément à celle de Merril Lynch (NDLR vendue précipitamment à Bank of America) qui déclare que les bonus 2008 de l’équipe dirigeante passeront à la trappe.
On ignore si d’autres établissement financiers suivront. Mais déjà que deux d’entre eux réalisent d’une part du désordre crée et de la nécessité d’essayer de redresser leur image semble, pour JusMurmurandi en tout cas, véritablement miraculeux, tant l’ampleur du désastre est grande et la surdité des banquiers jusqu’à ce jour (voir notre article le Sida bancaire).
Car pour ce qui concerne l’unité du PS, et la réconciliation de Martine et Ségolène, JusMurmurandi ne se fait aucune illusion: même un miracle n’y suffirait pas…
Avez-vous de la monnaie?
décembre 10, 2008 on 7:12 | In Economie, Europe, France, International | Commentaires fermésCette année l’hiver qui arrive s’est emparé non seulement du temps qu’il fait, mais, semble-t-il de la planète entière, pétrifiée par la crise.
Quoi de plus normal que, dans ces conditions, l’Europe, au climat largement tempéré, souffre moins que l’Ukraine ou la Russie?
En Russie, par exemple, il y a encore 6 mois si arrogante, avec ses milliardaires insolents, sa poussée pour la reconquête de son rang de super-puissance, sa reconnaissance des provinces séparatistes de Géorgie et ses prédictions d’un pétrole à 250$ le baril en 2009. Aujourd’hui, le capital fuit le pays par dizaines de milliards de dollars, le rouble baisse, la banque centrale est contrainte de pousser les taux d’intérêts à 13% pour soutenir sa monnaie, ce qui évidemment aggrave d’autant la crise, et ses milliardaires endettés sont en faillite virtuelle, maintenus artificiellement par des banques sur ordre du Kremlin.
En Ukraine, parent pauvre de la Russie, la situation est encore pire, parce que la monnaie locale, la Hryvnia, a perdu 50% de sa valeur en quelques mois, et que le pays, sous perfusion du Fonds Monétaire International, a du prendre l’engagement de la laisser flotter, ce qui, en l’occurrence, veut dire la laisser couler. Les conséquences sont classiques: la fonte de la monnaie provoque le renchérissement en monnaie locale de tout ce qui est importé, donc une inflation, que la production locale, et donc les salaires, ne peuvent compenser, c’est la douloureuse austérité comme beaucoup de pays en ont connu dans les années 70 et 80, notamment en Amérique centrale et en Amérique latine.
Lequel continent ne faillit pas à sa réputation, puisque l’Argentine, et, dans une moindre mesure le Brésil, se retrouvent à nouveau dans la même situation: monnaie qui dérape, endettement étranger qui enfle, forte inflation et perte de confiance, avec, au bout de la route, la culbute pour le niveau de vie d’une population dont beaucoup sont encore sous le seuil de la pauvreté.
Car il y a un point commun à toutes ses situations: des ressources en monnaie locale et des emprunts en devises étrangères, ce qui, en termes polis, s’appelle un risque de change. Et qui ressemble furieusement à ce que nos collectivités locales ont contracté sous le nom d’ « emprunts toxiques ».
Mais ce point commun ne concerne pas les pays du continent européen, car il y a un aspect sur lequel personne ne s’attarde, et qui, pourtant, le mérite amplement. La monnaie. Si ces pays sont en difficulté non pas comme nous, mais deux fois, trois fois, cinq fois, dix fois plus que nous, c’est parce que nous bénéficions d’une monnaie qui ne dérape pas. Déjà quand le pétrole montait à 147$ le baril, suivi des autres matières premières et denrées alimentaires, la hausse de l’euro contre le dollar amortissait le choc.
Et aujourd’hui, après la pire tempête financière que le monde moderne ait connu, force est de reconnaître qu’il n’y a pas eu de tension sur l’euro. Pas la moindre. Alors que beaucoup d’experts jugeaient que cette monnaie artificielle rassemblant des pays aux économies diverses, parfois divergentes, exploserait à la première alerte, rien. Pendant ce temps-là, la livre sterling tombe à son plus bas niveau contre le dollar, et le yen monte au ciel. L’une renchérit la vie en Angleterre au plus mauvais moment pour ce pays importateur, tandis que l’autre pénalise les exportations d’un pays exportateur.
Ce triomphe silencieux de l’euro quand le monde des devises n’est, autour de ce pôle de stabilité, que tempête, fureur, ruine et larmes, valait bien, à notre avis, un hommage à tous ses géniteurs, et permet à JusMusmurandi de s’écrier, parodiant le Général, « l’Euro, l’Euro, l’Euro! »

Marianne dit elle la Pravda (la vérité) ?
décembre 9, 2008 on 9:58 | In Coup de gueule, France | Commentaires fermésJFK a encore frappé. Et compare la France avec la Russie de Poutine quant au degré de liberté laissé à la presse.
Rappelons l’article de JusMurmurandi intitulé « Seppuku à Moscou » (http://www.jusmurmurandi.com/?p=984) expliquant que la simple rumeur annoncée par le journal Moskosvski Korrespondent que Poutine aurait une relation extra conjugale avec la gymnaste Alina Kabaeva avait signifié la « disparition » immédiate du journal. Pour cause de réflexion à un nouveau projet….
Voyons par conséquent si le même oukase viendra frapper Marianne dans les prochains jours:-) (on peut rêver, et ce ne serait pas JusMurmurandi qui écraserait la moindre larme…).
Parlez, Hamon! Ma tête est malade
décembre 8, 2008 on 6:37 | In Coup de gueule, Economie, France | 7 CommentsC’est ce qu’à dû lui dire Martine Aubry, tant l’ânerie proférée par Benoît Hamon, le nouveau porte-parole du Parti Socialiste, combine ineptie économique et démagogie.
En effet, sa proposition est de rétablir l’autorisation administrative de licenciements, et de refuser automatiquement tous les plans sociaux d’entreprises bénéficiaires.
Un jeu de mots facile permet de dire que, si Benoît Hamon s’intéresse tant aux licenciements, c’est qu’il est lui-même licencié… d’histoire! On peut y voir aussi l’influence de son camarade de courant, l’ex-inspecteur du travail Gérard Filoche, dont le haut-fait professionnel avait été de prouver que les cadres de Thomson (aujourd’hui Thales) travaillaient trop.
Mais ses connaissances en histoire devraient apprendre à M. Hamon que, si l’autorisation administrative de licenciement a été supprimée par le gouvernement Chirac en 1987, la gauche au pouvoir de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2002 s’est bien gardée de la rétablir. Ce qui eût pourtant été dans les attributions directes de la Ministre du travail de l’époque, qui ne passait pas pour une tendre, comme l’a prouvé sa mise en oeuvre des 35 heures, une certaine Martine Aubry!
Quant à l’argumentation de cette proposition, c’est un galimatias reprenant tout ce qu’il peut y avoir de clichés démagogiques autour de ce thème, licenciements boursiers, casse de l’emploi, responsabilité morale et sociale…
Comme M. Hamon n’a jamais travaillé que comme fonctionnaire (mais non, ce n’est pas systématiquement un oxymore), JusMurmurandi voudrait donner à l’eurodéputé-porte-parole quelques notions de base d’économie.
Ce n’est pas de bénéfices que vit une entreprise, mais de liquidités, de trésorerie pour faire simple. Il y a d’innombrables exemples d’entreprises qui font faillite sans avoir cessé de faire des profits. Toute la crise financière actuelle qui a été à deux doigts d’emporter le système financier mondial est une crise de liquidités, pas de profitabilité.
Ensuite, une entreprise peut toujours ne pas procéder à des licenciements si ceux-ci lui sont refusé par les Hamon et autres Emmanuelli du PS, à supposer qu’ils arrivent au pouvoir. Si l’entreprise peut continuer à fonctionner avec moins de personnel, ses concurrentes le peuvent aussi. Ce qui veut dire que le refus hamonien la condamnera à la non-compétitivité. Moment auquel elle fera des pertes, qui, alors peut-être, rendront possibles un plan social, lequel sera, en raison des pertes de part de marché subies entre temps, beaucoup plus lourd.
Enfin, toujours en faisant appel aux notions d’histoire qui sont sans aucun doute dans les cours qu’a dû assimiler M. Hamon pour être licencié, JusMurmurandi voudrait lui rappeler que, si le travail a toujours été le propre de l’humain depuis la préhistoire, l’évolution est due au progrès technologique, comme le feu, la roue etc… Chacune de ces étapes a augmenté la productivité, ce qui, à court terme, entraîne les licenciements que réprouve le PS par la voix de son porte-parole.
Plus encore, le progrès depuis le 15e siècle n’est pas du uniquement à la technologie, mais aussi au capital. Ce capital qu’honnit encore aujourd’hui, et seule en Europe, la gauche de la gauche française, à laquelle s’honore d’appartenir Benoît Hamon. Ce capital si important que Karl Marx, économiste pas vraiment de droite, appela son livre fondamental « Das Kapital ». Ce capital dont Marx démontre que sa combinaison avec le travail produit la richesse. Ce capital qui ne s’accroit que d’une seule façon, M. Hamon, par l’accumulation du profit.
Il faut dire que M. Hamon a des circonstances atténuantes à son emportement contre les bénéfices d’entreprises. Ses parents lui ont donné le prénom que portait Saint Benoît, qui fonda l’ordre des bénédictins, dont la règle comprend l’humilité, la charité et la pauvreté.
Pour l’humilité, il en semble pas que M. Hamon, qui se voyait déjà premier secrétaire du PS à 41 ans, soit trop doué. En revanche, il pousserait la charité jusqu’à vouloir faire don de la pauvreté à tout les Français. Merci M. Hamon.

Ségolène Royal est-elle General Motors?
décembre 8, 2008 on 8:49 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 CommentsLes 3 producteurs américains d’automobiles, GM, Ford et Chrysler avaient demandé la semaine dernière aux élus américains une injection immédiate de 39 milliards de dollars pour éviter la faillite à court terme (quelques semaines).
Les politiciens américains, ne sachant si c’était du lard ou du cochon, n’ont osé ni les envoyer paître, c’est-à-dire faire leur vrai travail qui consiste à gérer leur boutique de façon rentable sans soutien du contribuable, ni les satisfaire, faute d’être convaincu de 3 facteurs: que cela soit indispensable, que cela serve à quelque chose d’autre que prolonger de quelques mois la vie d’entreprises condamnées, et que cela soit politiquement acceptable.
Ils vont donc proposer une aide de 15 milliards à deux d’entre eux, puisque Ford, moins menacé que ses deux concurrents, pourrait s’en passer dans l’immédiat.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est que c’est beaucoup trop peu d’argent. General Motors à lui seul brûle 2 milliards de dollars de cash par mois dans les conditions actuelles de marché très déprimé. Lui accorder 10 milliards, c’est tout juste 5 mois de vie, si on alloue la totalité des fonds au fonctionnement quotidien, c’est-à-dire zéro à la réorganisation (réduction des coûts et des capacités, rationalisation des produits, développement de voitures plus sobres). Et 5 mois, pour un mastodonte comme GM, ce n’est rien, quand on sait que le développement d’un nouveau modèle, c’est au minimum 5 ans. 5 mois, ce n’est même pas le temps qu’il faut pour arriver à un accord de réduction de capacité avec le syndicat UAW, qui risque en cas de faillite de voir ses membres et ses retraités ne plus rien avoir faute d’avoir voulu conserver trop d’avantages acquis.
Car, que personne ne s’y trompe, la faillite de General Motors aurait des conséquences incalculables. Quel consommateur voudrait d’une voiture dont le fabricant ne sera plus là pour assurer l’après-vente, et dont la valeur de revente sera quasi-nulle? S’en déduit que, dans l’automobile, la faillite entraîne souvent la liquidation pure et simple, avec effet en cascade sur les employés, les sous-traitants, les concessionnaires, les retraités, et tous ceux que ces millions de consommateurs font vivre. Il est d’ailleurs possible que tout le bruit fait autour de la faillite possible entraîne dès à présent une désaffection pour cause d’inquiétude des clients potentiels, et que le bébé soit déjà irrémédiablement parti à la rivière avec l’eau du bain.
15 milliards de dollars, c’est donc un saupoudrage, un pourboire, un alibi pour que, quand la catastrophe arrive, tous puissent dire, tel Ponce Pilate, que le sang versé ne retombera pas sur leurs mains. C’est aussi la certitude que les mêmes politiciens vont voir revenir les mêmes fabricants avec les mêmes demandes, les mêmes menaces et les mêmes promesses dans quelques mois. Mais, là, Barack Obama aura pris ses fonctions, et ce sera à son équipe de gérer le problème. 5 mois, c’est donc le temps de lâchement acheter sa paix et de refiler le bébé à autrui.
Le saupoudrage et l’alibi, deux méthodes bien connues de la part de politiciens dont le courage ne constitue certes pas toujours la qualité première. Pourtant JusMurmurandi voudrait vous proposer un contre-exemple frappant, et, qui plus est, en France.
Martine Aubry devait composer l’équipe dirigeante du PS pour les 3 prochaines années. Et satisfaire les demandes de ses partisans, des fabiusiens, des strauss-kahniens, des partisans de Bertrand Delanoë ou de Benoit Hamon, qui avaient le mérite de l’avoir soutenue. Sans compter les partisans de Ségolène Royal, de façon à pouvoir rassembler ceux qui l’avaient combattue. Un exercice d’équilibrage dans la répartition d’une difficulté qui confinait à l’impossible.
Eh bien Martine Aubry a fait preuve de courage plutôt qu’oeuvre de saupoudrage. Ségolène Royal n’aura rien. Ce qui permettra d’éviter de la voir revenir dans quelques mois avec les mêmes demandes, les mêmes menaces, les mêmes promesses. Et, comme avec l’automobile américaine, la cote de Ségolène auprès des consommateurs politiques s’est d’ores et déjà effondrée en faveur de Martine Aubry ou Dominique Strauss-Kahn.
Ce qui oblige JusMurmurandi à poser la question: la faillite de Ségolène Royal, qui avait encore une part de marché de 47% en France en 2007, et de 50% au PS en novembre, le PS peut-il se la permettre?

La bulle qui engloutit le monde
décembre 6, 2008 on 7:34 | In Economie, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésSi JusMurmurandi pouvait prédire avec certitude la profondeur et la durée de la crise économique et financière qui frappe le monde entier, il y a longtemps que vous ne pourriez plus nous lire. D’abord parce que notre serveur se serait écroulé sous le volume de trafic. Ensuite parce que nous serions tous partis pour une île pour milliardaires après avoir gagné quelque menu argent grâce à cette prédiction…:-)
Ce n’est pas pour autant une raison de ne pas tenter d’analyser une situation qui montre autant de raisons de craindre que d’espérer. Quelles sont-elles?
Les raisons de craindre sont simples.
D’abord, le monde financier a commis les mêmes excès qui ont conduit à la crise de 1929. Si les modalités sont différentes, le résultat est le même: trop de crédit par rapport aux fonds propres des banques ont rendu celles-ci incapables de faire face au ralentissement cyclique de l’économie et aux défauts de remboursements de crédit qui l’accompagnent. Ensuite, les techniques modernes de levier, de produits dérivés, de titrisation, de rehaussement de crédit et autres engagements par signatures ont encore démultiplié ce montant de crédit octroyé et les risques associés, surtout quand les opérateurs étaient non plus des banques, mais aussi des hedge funds, dont l’existence même repose sur leur capacité à servir des rendements importants à leurs clients, et donc à prendre les risques qui vont de pair.
Si l’on restreint les risques que les banques et autre intervenants financiers pourront désormais prendre pour éviter le retour de pareilles folies, comme cela a été fait après la Dépression des années trente, le crédit sera ipso facto restreint lui aussi, et, avec lui, l’activité économique dont il est l’oxygène. D’où une longue et dure gueule de bois après une orgie de crédit.
Un signe plus inquiétant encore: les taux d’intérêt en dollars sont à 0 pour les emprunts à 3 mois, alors que l’inflation est à 2%, ce qui indique un rendement négatif. Or la logique veut qu’il y ait rendement négatif seulement quand il y a anticipation de baisse des prix. Cela s’appelle la déflation, et c’est le scénario noir qui a conduit au désastre des années trente, ou à l’asthénie japonaise des années 80, avec une quinzaine d’années sans croissance.
Mais, face à ces perspectives sombres, les raisons d’espérer ne sont pas nulles pour autant:
D’abord les dirigeants politiques du monde entier ont lu leurs classiques, dont Keynes. Ils savent qu’une dépression-déflation serait meurtrière, et ils injectent des masses sans précédent d’argent public pour re-dynamiser l’économie, alors que le président américain Hoover, pensant que l’orthodoxie financière permettrait à l’Amérique de s’en sortir, avait littéralement corseté une économie déjà exsangue, avec les résultats que l’on sait.
Ensuite, il y a des poches de croissance encore vigoureuse en Chine, en Inde et de façon générale dans les pays émergents. Ils vont servir à amortir une partie de la baisse de cycle économique. De même, il y a une épargne colossale dans le monde, tant au niveau des particuliers que des entreprises, ou de certains États. Il y a donc un problème de réorientation pour que cette épargne finance la reprise, ce qui est un problème qui n’est pas insoluble.
Va contribuer aussi à notre redémarrage la baisse du prix du pétrole et des matières premières, qui représente au moins 500 milliards de dollars annuels de coût en moins pour les pays développés. C’est un choc de croissance, à l’envers de celui subi les 3 dernières années, avec un hausse vertigineuse des cours. La forte baisse des taux d’intérêts va dans le même sens, réduisant les déficits des Etats endettés et réduisant l’appétence des individus à épargner au lieu de consommer.
La clef qui ouvre vers cette sortie de crise porte un nom: la confiance. Si les mesures gouvernementales sont suffisantes pour convaincre les particuliers d’ouvrir à nouveau les cordons de leurs bourses et de réduire leur taux d’épargne, et les entreprises d’embaucher puis d’investir pour satisfaire le demande renaissante, le pari sera gagné.
Mais, après, il faudra faire face aux gigantesques dettes accumulées par les États pour relancer, ainsi qu’aux masses d’argent ainsi injectées, qui auront un caractère fortement inflationniste. C’est-à-dire que, pour nous en sortir, et alors même que nombreux critiquent Alan Greenspan pour avoir « monnayé » (en clair, acheté) la prospérité au prix de liquidités nouvelles pour éviter tous les accidents qui ont jalonné sa présidence de la Réserve fédérale américaine, créant ainsi les conditions d’une suite de bulles financières, le monde est en train de créer une super-bulle, une hyper-bulle, une giga-bulle comme jamais même Greenspan n’eût osé en imaginer.
Et JusMurmurandi sait une chose ou deux en matières d’économie. Notamment que toute bulle finit par exploser, quoique, chaque fois, nous pensions avoir retenu les leçons du passé.
Et qu’en classe, l’élève qui « bulle » est celui qui ne travaille pas, et quand sa note est une bulle, cela veut dire que sa copie a été notée « zéro ».
GM, Ford, Chrysler: Dallas, ou la Star Ac’?
décembre 4, 2008 on 9:16 | In Best of, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésQui a oublié le feuilleton télévisé américain « Dallas » qui a inauguré les super-productions pour petit écran? Qui ne se souvient de Pamela, Sue Ellen, Bobby, et surtout de l’abominable JR?
Alors quelle est l’actualité de Dallas aujourd’hui? Est-ce la maison que la famille Bush vient d’acheter pour l’après-présidence? Pas du tout.
Dallas, c’est le feuilleton télévisuel que l’Amérique ne s’offre pas. Les 3 fabricants américains de voitures demandent au Congrès de leur accorder 39 milliards de dollars (après avoir demandé 25 milliars le mois dernier, l’inflation est galopante dans ce petit monde…). Il leur faut cet argent tout de suite, sinon c’est la faillite assurée, immédiate et irrémédiable. General Motors indique même que, faute de recevoir 4 milliards dès ce mois de décembre, le pire serait à craindre.
Comment se fait-il que l’audition des 3 dirigeants des groupes n’ait pas été reprise en direct par les grandes chaînes américaines? Car, pour ce qui est de la télé-réalité, en voilà qui n’aurait rien dû aux grand talent et aux petits arrangements d’Endemol et de TF1. N’oublions pas que, si, par exemple l’un des 3 venait à être mis en faillite, celle-ci pourrait avoir un effet bénéfique pour les deux autres, qui pourraient se partager le marché à deux et non à trois. Mais un effet maléfique aussi, car cette faillite pourrait entraîner celle de nombreux sous-traitants, qui eux-mêmes seraient dès lors dans l’incapacité de livrer les deux survivants.
Ce qui laisse donc dans ce jeu à trois, toutes les possibilités d’alliances, de trahisons, de renversements et de coups tordus, de ruine ou de fortune. Comme dans Dallas.
On voit que le suspense ne manque pas dans ce feuilleton plus vrai que nature. La composante personnelle est elle-même présente, avec les 3 PDG qui ont accepté de travailler pour un salaire annuel d’un dollar. Celui de Ford, anciennement patron de Boeing, et celui de Chrysler, auparavant patron de Home Depot, doivent vraiment se demander ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Beaucoup de travail, un fort risque d’échec, des conflits partout, tout cela pour un dollar?
Bien sûr, il y a une part de théâtre là-dedans. C’est comme par hasard quand ils sentent l’argent du plan Paulson et entendent les promesses électorales et post-électorales d’Obama que le chœur des vierges des « Big 3″, comme on les appelle, fait entendre sa mélopée de plaintes menaçantes.
Toujours est-il que JusMurmurandi ne résiste pas à vous faire partager sa vision de ce qu’aurait pu être l’audition des 3 PDG. Au lieu de les faire témoigner de façon statique derrière des micros, puisque les média américains n’ont pas voulu faire Dallas, avec ses coups fourrés, ils pouvaient faire la Star Ac’. Imaginez les 3 PDG, chantant et dansant l’un après l’autre.
Puis, au cours d’un prime haletant, on fait voter le public. Pour éliminer GM, votez « 1″, pour mettre Ford en faillite, votez « 2″, pour ne pas donner les crédits vitaux à Chrysler, votez « 3″.
Et le nom de l’éliminé est….
Les Intouchables
décembre 4, 2008 on 5:40 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésL’Inde a un système de castes, dont les intouchables composent la plus basse. Les toucher, c’est se salir si l’on appartient à une caste plus « élevée », en tout cas pour les adeptes de ce système.
La police a touché M .de Filippis, ex-directeur de Libération. Cela veut dire que, comme ils lui ont passé les menottes, soit ils n’ont pas eu peur de se salir les mains, soit ils ne savaient pas que de Filippis, apparemment comme tout journaliste, est un intouchable.
Car le contact du vil métal (de l’acier trempé tout de même) avec la noble peau, la mise en garde à vue qui s’en est suivie, soulèvent une tempête contre le Garde des Sceaux, le gouvernement et le Président de la République qui suggère une nouvelle affaire Dreyfus.
Les faits ne sont pas très compliqués. Visé par une plainte en diffamation concernant sa fonction de directeur de Libération, M. de Filippis reçoit une convocation devant un juge d’instruction. Convocation à laquelle il ne se rend pas. Moyennant quoi la juge, voulant que force reste à la loi, ordonne à la police d’arrêter M. de Filippis, d’où menottes et garde à vue.
Exemple de réaction de colère: Me Charrière-Bournazel, actuellement bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, dénonce des méthodes dignes de la Grèce des colonels ou de la période franquiste en Espagne. Et d’énoncer que, comme la plainte pour délit de presse le visant ne peut entraîner de peine de privation de liberté, il est scandaleux et gravissime qu’un juge prive ainsi le journaliste de liberté pendant la période de garde à vue.
Ce qui veut dire, si l’on suit argumentation du bâtonnier, que, comme le délit de presse est par nature réservé aux journalistes, cette profession est dispensée de devoir déférer aux convocations d’un juge d’instruction. On se demande dès lors à quoi sert un juge d’instruction, puisque, sans M. de Filippis, la plainte contre lui ne put être instruite à charge et à décharge, mais seulement à charge. On imagine la sainte colère de Me Charrière-Bournazel et du microcosme parisien si tel avait été le cas. On eût sans doute comparé la procédure avec les procès de Guantanamo ou de Jeanne d’Arc.
Toute aussi intéressante est la relation des faits par la police. Qui narre que M. de Filippis n’a cessé de se montrer très énervé, méprisant, insultant, provocant. Qu’il a de nombreuses fois excipé de sa qualité de directeur de journal pour prétendre éviter le sort commun. Où est la vertueuse indignation des républicains, des journalistes, avocats et autres bâtonniers contre cette privilégiature, contre ce système de castes? Où est l’égalité devant la justice quand, selon que vous êtes privilégié ou non, on vous arrêtera ou on vous laissera tranquille?
Poursuivons le raisonnement encore un peu plus loin, et imaginons que Vittorio de Filippis ait été ou soit un ami de Nicolas Sarkozy, ou que le plaignant, Xavier Niel, qui n’est pas sans quelques privilèges lui aussi, en tant que fondateur de Free, soit de ses ennemis. Que n’aurait on entendu sur la justice au service du Président. Ce ne serait plus l’affaire Dreyfus, ce serait le Watergate, et les mêmes eussent exigé non la suspension immédiate de la juge mais le départ du Président….
Dernier point, à l’attention du bâtonnier Charrière-Bournazel. Le régime des colonels tuait ses opposants, Lambrakis en tête. Les forces armées franquistes ont laissé des dizaines de milliers de morts dans le sinistre sillage de leur prise de pouvoir, et toutes les fosses communes débordant de cadavres n’ont pas encore été investiguées 70 ans après. Même si l’on partage le point de vue le plus extrême sur le traitement qu’a subi M. de Filippis, celui-ci n’a été ni frappé, ni blessé; ni torturé, ni a fortiori tué. Gardons notre compassion pour les vraies victimes, notre colère pour les vrais crimes et criminels, et nos articles vengeurs pour les vraies causes.
Ou bien faut-il penser, comme JusMurmurandi que la France est un beau pays parce que, justement, de ces débats peuvent avoir lieu, y compris avec tous leurs excès, ce qui montre que, fort heureusement, il n’y a pas de cause plus grave à dénoncer sur le plan des libertés. Le fait même que personne ne songe à poursuivre le bâtonnier pour voir assimilé le rôle de tel ou tel à celui d’un participant à un régime dictatorial et meurtrier prouve que son accusation n’est pas fondée….
Broyer du noir la conscience tranquille
décembre 1, 2008 on 9:24 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermésLundi premier décembre, 20ème journée mondiale du SIDA.
Journée « ordinaire », comme les 19 précédentes ?
Pas vraiment.
Parce qu’une étude publiée récemment par l’université de Harvard aux Etats Unis estime que certains malades auraient pu être sauvés.
Certains malades, ce ne sont pas des dizaines ou des centaines. 365.000 au cours de la dernière décennie.
Mais voilà, le chef de l’Etat de ce pays était en déni total, affirmant qu’il n’y a pas de lien entre le HIV et le SIDA.
Et refusait par conséquent de donner l’accès aux médecines modernes aux patients touchés.
Et alors même que les pays limitrophes, eux, permettaient aux séropositifs de pouvoir se soigner.
Les chercheurs qui ont établi ce chiffre qui horrifie et scandalise JusMurmurandi vont même jusqu’à dire que leur estimation est « conservatrice »…
Le dirigeant de ce pays a maintenant été « viré ».
Le jour même de sa prise de fonction, son successeur remplaça le Ministre de la Santé, qui affirmait que le seul remède efficace contre le SIDA sont…le jus de citron et les betteraves. Il a tout aussi rapidement permis la disponibilité des antirétrovirus, qui rendent une maladie mortelle à 100% en une maladie chronique « gérable ».
Et depuis son départ, ce chef d’Etat, Docteur de l’Université de Sussex, ne fait aucun commentaire sur ce qui pourrait s’appeler…un génocide.
Le monde occidental non plus d’ailleurs.
Après tout, quand un chef d’Etat noir envoie 365.000 de ses compatriotes à une mort certaine du fait de ses lubies, qui s’en soucie ?
N’est il pas plus simple de battre son éternelle coulpe sur l’apartheid, aux victimes incomparablement moins nombreuses, au seul motif que les couleurs de peau séparaient les deux partis opposés ?
JusMurmurandi a encore de « beaux » jours devant lui.
Une semaine de merde et de mort
décembre 1, 2008 on 8:24 | In Best of, Coup de gueule, France, International | Commentaires fermésJusMurmurandi s’était dit que s’étendre sur le sanglant feuilleton de Bombay n’avait pas de sens, cet évènement étant déjà couvert ad nauseam par les média. Mais l’accumulation de tragédies suscitant une combinaison d’horreur, d’effroi et de dégoût fait qu’il n’est plus possible de se taire.
Bombay, d’abord, bien sûr. 200 morts en 8 endroits, causés par un total de 10 terroristes très entraînés.
Après que 14 pirates de l’air aient pourri la vie de centaines de millions de passagers aériens en tuant quelques milliers d’américains, voilà que 10 tueurs vont pourrir la vie de dizaines de millions de clients d’hôtels qui vont les astreindre à subir une sécurité renforcée.
Et à chaque contrôle, chaque aéroport ou hall d’hôtel rappellera à tous que la menace est là, toujours et partout. Le même mécanisme que dans le métro et les bus londoniens et les trains madrilènes.
Frapper une fois pour inquiéter chaque jour. La terreur est en marche, et les terroristes ont encore marqué un point.
Et si maîtriser l’Afghanistan s’avère déjà quasi-impossible à une coalition composée de beaucoup des plus puissantes nations du monde, comment même imaginer venir à bout d’un terrorisme pakistanais, pays à la population 15 fois plus importante, et doté de l’arme nucléaire?
Après l’hyper-médiatisation de Bombay, le quasi-silence sur le Nigéria, où chrétiens et musulmans se sont entre-massacrés gaillardement, causant, là aussi, des centaines de morts. Ce n’est pas nouveau, les violences ethnico-religieuses ayant entraîné plus de 10.000 morts au Nigéria depuis 1999, et cela ne terrorise personne. Sans doute est-ce pour cela qu’on n’en parle que si peu.
Enfin, l’histoire d’une mort. Une seule mort, me demanderez-vous? Est-ce donc une personne importante? Le philosophe Claude Lévi-Strauss le jour anniversaire de son siècle? Non, juste un intérimaire d’un super-marché Wal-Mart de Long Island (USA). Le vendredi qui suit Thanksgiving est traditionnellement le jour de début des soldes de fin d’année, et les consommateurs étaient massés devant les portes à attendre avec impatience le moment de faire des bonnes affaires. Si massés, si impatients qu’à l’ouverture le pauvre intérimaire fut écrasé par la foule et qu’il en est mort. Et que les consommateurs ont refusé de cesser de consommer même quand on leur a dit qu’il y avait eu mort d’homme. Voilà une personne à qui les ventes à prix minimum auront coûté un maximum.
Après tout cela, même plus envie d’écrire. Ah si. Jean-Luc Mélenchon a créé son propre parti, à gauche bien sûr, et Martine Aubry consulte pour former l’équipe dirigeante du PS. Les transports en commun sont en grève à Bordeaux de manière préventive contre le changement d’opérateur de Véolia à la SNCF. Laquelle SNCF n’a pourtant pas la réputation d’être un ogre sur le plan social, et s’est déjà engagée à respecter tous les avantage acquis, mais on fait grève quand même. Ca fait sourire par contraste, même si c’est de dérision.
Tant mieux, cela fera toujours quelques moments de détente que les terroristes n’auront pas.
Essence, fromage régional et Révolution
novembre 29, 2008 on 12:14 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsEntre autres moyens de réduire le coût de fonctionnement d’un Etat français hypertrophié, Nicolas Sarkozy envisage la suppression de certaines collectivités territoriales. Cela pourrait être, suivant la recommandation de la commission Attali pour libérer la croissance, l’élimination pure et simple de l’échelon départemental, avec ses préfets et ses conseils généraux. Cela pourrait aussi, comme il l’a évoqué cette semaine, le regroupement de plusieurs collectivités pour en constituer de plus grandes, dotées de capacités elles aussi accrues, plus à même de répondre aux besoins locaux.
Face à ces perspectives, les socialistes sont vent debout, opposés à tout, même à en examiner l’opportunité éventuelle. Leur argument principal est que le Président chercherait à se débarrasser du niveau où l’opposition (lire: eux-mêmes) le gêne le plus.
Les évènements en cours en Guyane en donnent à JusMurmurandi une autre lecture. Lecture qui commence par rappeler la très forte augmentation d’impôts régionaux qui a immédiatement suivi le passage à gauche de toutes les régions sauf une aux élections de 2004. Augmentation qui n’a pu être justifiée « qu’à titre préventif », c’est tout dire.
Mais ce qu’a fait la région Guyane, présidée par Antoine Karam (socialiste) dépasse tout ce que ses collègues ont pu mettre en oeuvre; et on en voit aujourd’hui les conséquences. La région Guyane prélève une taxe de 70 centimes sur chaque litre de carburant. 70 centimes, quand le prix du carburant, déjà très fortement taxé par l’Etat atteint aujourd’hui aux alentours de 1€10 en métropole. Comment s’étonner donc que le litre de gas-oil coûte 1€70 en Guyane? Ce qui provoque la colère de la population, qui bloque toutes les voies de transport pour exiger une baisse immédiate de 50 centimes.
JusMurmurandi avance que l’opposition des socialistes à toute optimisation des communautés territoriales est avant tout celle d’élus locaux qui ont comme priorité de défendre leur fromage, notamment fiscal, fromage qui est, comme il se doit en France, composé d’un fort pourcentage de matière grasse.
A ces nantis, JusMurmurandi voudrait rappeler les années qui ont précédé la Révolution, où les fermiers généraux qui levaient l’impôt cristallisaient une bonne part de la détestation populaire. Sauf qu’en ce temps-là, c’était l’équivalent de la droite (l’aristocratie et le clergé) qui votait l’impôt payé par la gauche (le tiers-état). Aujourd’hui, c’est la gauche, dont l’électorat populaire ne paye par exemple pas d’impôt sur le revenu, puisque 50% des foyers français en sont exemptés, qui vote l’impôt que paye la droite.
Mais cette inversion ne doit pas cacher l’aversion de ceux qui payent l’impôt pour ceux qui le votent sans le payer. La leçon de la Révolution aurait-elle été oubliée?
Les armes des faibles
novembre 28, 2008 on 7:40 | In France | Commentaires fermésDes pirates en Somalie, des élèves aux Etats-Unis, des terroristes en Inde. Quels sont leurs points communs? Des armes, et notamment l’omniprésente Kalashnikov, originale ou de contrefaçon, et la célébrité sur les media du monde entier.
Andy Warhol avait prédit que nous aurions tous nos 30 secondes de notoriété. Il n’avait pas prévu que la Kalashnikov était le moyen le plus rapide pour y parvenir, même quand on est un raté total. Ainsi l’assassin le plus célèbre du XXe siècle, Lee Harvey Oswald, a-t-il pu, en dépit de sa médiocrité, et à l’aide d’une carabine achetée par correspondance, tuer le président américain le plus charismatique.
Cette omniprésence des armes, la facilité avec laquelle se les procurer (il y a plus d’armes à feu aux Etats-Unis que de citoyens), le fait que les media soient assoiffés d’évènements tragiques, la disponibilité d’images sur tout et partout grâce aux caméras numériques et autres téléphones portables forment un cocktail explosif, qui fait qu’il est de plus en plus difficile de trouver un pays de vacances qui n’ait connu aucun acte terroriste, qu’une université de Virginie, une séance de conseil municipal à Nanterre, une traversée maritime au marge de l’Afrique orientale, une chambre d’un hôtel de luxe à Mumbay ne sont plus sûrs. Sans parler du métro de Londres, des trains de Madrid ou des tours du World Trade Centre.
Alors que faire, à part verser des larmes aussi inutiles qu’amères?
Excommunier tous les croyants dans une religion au motif que de nombreux fous meurtriers commettent des attentats en son nom? Ce serait oublier que toutes les religions ont eu, peu ou prou des fous meurtriers qui se sont réclamées d’elles, et que cette folie ne fait pas de tous leurs coreligionnaires des coupables.
Supprimer leur accès aux armes? Ce serait un début, et beaucoup souhaitent que le Président Obama marque sur ce plan-là sa différence d’avec George Bush. Mais quand on connaît la facilité de production et le prix dérisoires d’une copie de Kalashnikov « made in Afghanistan », et les possiblités de transport offertes par le monde moderne, il serait illusoire d’attendre un vrai progrès à partir d’un tarissement de l’offre.
A peu près aussi illusoire que d’espérer vaincre le fléau de la drogue en comptant mettre un terme à la culture de la coca en Colombie et en Bolivie, et du pavot à opium en Afghanistan. Mais, si la drogue est elle aussi une tueuse, il y a une différence majeure avec les armes.
Les utilisateurs de drogue ne recherchent pas la notoriété. C’est pourquoi JusMurmurandi se demande ce qui se passerait si le public cessait de consommer avec frénésie des images d’attentats. Y aurait-il autant de candidats au suicide si ils et elles savaient qu’ils et elles disparaîtraient comme une pierre dans un lac?
Déjà l’anonymat rendrait impossible la diffusion de la terreur, car, la terreur, c’est répandre la peur au delà du cercle des victimes, vers la multitude des victimes potentielles. Or, pour terroriser, il faut que l’information se diffuse. Nous sommes donc, en consommant cette information, les acteurs de notre propre terreur, ce que nous pourrions cesser d’être en décidant d’exclure toute publicité aux terroristes, assassins et autres meurtriers.
Mais pour cela, il faudrait que nous cessions notre intérêt pour tout ce qui est spectacle, y compris celui de la mort et de la désolation. Mais nous en sommes incapables, car nous sommes faibles.
Les armes des faibles, ce sont bien sûr les armes entre les mains des enfants, des ados des gangs, des jeunes endoctrinés par des pouvoirs ou des chefs sans scrupules ni vergogne. Mais c’est aussi notre propre curiosité malsaine.
Excusez-moi, il faut que je termine ce post, ça va être l’heure du journal télévisé, et il faut absolument que je regarde les images de Bombay…. faibles, je vous dis….
Les Bronzés montent au Ciel
novembre 27, 2008 on 7:40 | In France | Commentaires fermés150 millions. Par les temps qui courent, quand apparaissent pour mieux disparaître et valsent, valsent, valsent, les centaines de milliards, ce n’est plus grand chose, 150 millions.
Oui, mais voilà, il ne s’agit pas d’euros, mais d’heureux. Car les 150 millions, ce sont les entrées réalisées en France par les films produits par Christian Fechner, décédé cette semaine. Si on ajoute les entrées à l’étranger, cela fait 500 millions. Rien qu’avec les entrées françaises, le total est 7 fois plus important que le maintenant mythique « Bienvenue chez les Chtis ».
Bien sûr, il est de bon ton dans les cercles intellectuels de n’avoir que condescendance et mépris pour une filmographie où brillent les 3 épisodes des Bronzés. A ceux-là, JusMurmurandi réplique que faire rire les gens n’est pas si facile, ni si trivial. Et que le grandissime Groucho Marx lui-même constatait que ses films n’avaient jamais eu la moindre critique favorable, alors qu’ils sont aujourd’hui considérés comme cultissimes. Comme peut l’être un « Papy fait de la Résistance », autre film produit par Christian Fechner.
Lequel n’a d’ailleurs pas uniquement donné dans le genre comique à succès quasi-garanti, puisque c’est aussi lui qui a eu le « privilège » de produire l’un des plus ambitieux et coûteux bides du cinéma français: « les amants du pont neuf », de Leos Carax. Un de ceux dont les intellectuels aux lèvres pincées disent « qu’il n’a jamais trouvé son public ». Et Patrice Leconte, réalisateur des Bronzés, a amplement montré depuis qu’il est un des réalisateurs français les plus talentueux.
En ces temps où la crise nous ôte toute envie -mais pas tout besoin- de rire, Christian Fechner va nous manquer. Silvio Berlusconi, premier ministre italien dont le comique troupier n’eût pas détonné dans les productions de CF, vient d’ailleurs de traiter le président-élu américain Barack Obama de « Bronzé », ce qui permettait d’envisager encore un épisode de la saga: « Les Bronzés à Washington ».
Christian Fechner, comme tous ceux par qui le comique arrive, procurant joie et détente à des millions de Français, comme celles de De Funès, de Bourvil, de Fernandel, de Le Luron ou de Coluche, votre décès ne fait pas rire du tout JusMurmurandi.
Trouvez ici notre hommage, nous qui préférons de loin vos francs éclats de rire aux moues pincées des culs-serrés intellectuels sans public s’auto-proclamant artistes.

L’argent de l’espoir, ou du désespoir?
novembre 26, 2008 on 9:20 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésMais d’où vient tout cet argent? Le plan Paulson de sauvetage des banques américaines? 700 milliards de dollars. Le plan Obama de relance de l’économie américaine: 800 milliards de dollars. Le plan chinois de relance: au moins 450 milliards de dollars. Le plan anglais: 2,5 points de baisse de TVA. Même l’Etat français, pourtant réputé « en faillite » sort 22 milliards d’euros, plus l’argent du sauvetage de Dexia, plus le fonds souverain de 20 milliards, plus le plan de relance qui sera annoncé incessamment…
Sans compter les garanties données au banques et au crédit interbancaire: des milliers de milliards de dollars. Rien que ce week-end, pour la seule Citigroup, l’Etat américain a accepté de garantir 306 milliards de dollars.
Sans compter l’aide industrielle qui se profile à l’horizon. Les 3 fabricants d’automobiles américains, à l’agonie, veulent de 25 à 50 milliards de dollars de plus que les 25 milliards de prêts consentis par l’Etat. L’Europe s’apprête de même à aider ses propres fabricants. Ainsi, Jaguar, pourtant tout récemment racheté à Ford par l’Indien Tata, n’hésite-t-il pas à demander au gouvernement britannique un prêt d’un milliard de livres. Déjà le public de contribuables rechigne à voir ses impôts soulager des banques dont les dirigeants et autres stars de la finance ont été payés des montants pharaoniques tout en les menant au bord du gouffre. S’il faut maintenant subventionner la production de voitures de grand luxe…
Alors, d’où vient le fric, le grisbi, la fraîche?
Justement, de fraîche il n’y a guère, vu que tous les Etats en question, sauf la Chine et l’Allemagne, avaient dès avant la crise des finances publiques largement déficitaires. Ainsi la Grande-Bretagne, pourtant dirigée par un Gordon Brown à la longue carrière de Chancelier de l’échiquier prudent, va-t-elle atteindre un déficit budgétaire de 10% du PNB, chiffre astronomique même en ces temps de folle surenchère de chiffres tellement énormes qu’ils en perdent toute signification.
De cette avalanche d’argent public « subitement » disponible, JusMurmurandi tire deux observations
L’une est que dès qu’apparaît la manne, dès que se respire la couleur de l’argent, dès qu’on entend le bruit des billets qu’on froisse, apparaissent les quémandeurs et lobbyistes avec toute la retenue, la grâce et l’élégance de cochons affamés se ruant vers leur auge pleine. Est-ce vraiment une coïncidence si General Motors se déclare au bord de l’anéantissement dès que l’argent public apparaît tel l’enfant Jésus?
L’autre est que, quand il le faut « vraiment », des masses d’argent « apparaissent » comme Jésus a multiplié les pains et les poissons, pour nourrir la multitude.
Mais, avant que ces 2 métaphores chrétiennes ne donnent à penser que la crise financière est avant tout le produit d’un amour immodéré de son prochain, il convient de se rappeler une chose: ce que font les gouvernements et les Etats pour injecter à la fois calme sur les marchés et fonds propres dans les banques, c’est avant tout emprunter par le biais d’un déficit budgétaire colossal, et garantir par leur (aujourd’hui excellente) signature les engagements et crédits « douteux » des banques et compagnies d’assurance pour rehausser la qualité de ces actifs.
C’est-à-dire exactement ce dont l’abus par le système financier a conduit là où nous sommes.
Il n’y a pas de petites économies !!
novembre 25, 2008 on 4:43 | In Best of, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésProverbe bien connu, lorsque les temps sont durs, il faut faire des efforts.
Tous, sans exception. Et a fortiori lorsque l’on est au sommet, il faut montrer l’exemple.
Car réunir des têtes pensantes pour atténuer les effets de la crise, c’est bien.
Créer des plans de relance pour tenter de sauver ce qui peut encore l’être [avec l'argent des contribuables], c’est louable.
Mais que dire alors d’une contribution personnelle, que les fonctionnaires mettent aussi la main à la poche pour contribuer de leurs propres deniers et subissent sur leurs revenus des effets de la crise comparables à leurs homologues du privé ?
Impensable, incroyable, inimaginable, démagogue ?
Et pourtant si, c’est possible !!
Les fonctionnaires vont recevoir cette année une partie variable de leur rémunération en baisse de moitié par rapport à 2007, et 19% de moins en 2009 qu’en 2008.
Personne n’est dans la rue. Tout le monde comprend, accepte, et se réjouit que même les fonctionnaires se serrent la ceinture.
Exemplaire non ? On imagine déjà la tête de Bernard Thibaut, en état de décomposition avancée, Chérèque faisant la gueule ou encore Besancenot prêt à dégainer (mais pas son Taser….), pour ne citer qu’eux.
Non, ce n’est pas possible. JusMurmurandi rêve, a bu, fumé la moquette, ou une combinaison des trois….
On vous avait bien prévenu qu’il ne faut pas croire tout ce que l’on lit sur Internet.
Et on n’est même pas le 1er avril !!!
Et pourtant c’est vrai; nous avions juste oublié de dire où cette exemplarité à lieu….
A Singapour.
Voici le communiqué de presse.
http://app.psd.gov.sg/data/Press%20Release%20-%20CIVIL%20SERVANTS%20ANNUAL%20PAY%20TO%20FALL.pdf
