L’appât du gain

mars 17, 2009 on 7:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Gordon Brown se dit, maintenant, qu’il eût du se montrer plus ferme il y a 10 ans, à l’issue de la crise asiatique, pour imposer des réformes et des limites aux aspects « casino » de l’économie financière.
Sur un autre plan, le Premier Minstre chinois, Wen Jiabao, se dit préoccupé par les investissements colossaux que la Chine a faits en Bons du Trésor américains. Il veut espérer que les États-unis feront ce qu’ils faut pour rembourser cette dette.

Dans ces deux cas, et de nombreux autres où des « responsables » ont de semblables regrets tardifs, JusMurmurandi se demande vraiment qui peut croire à ces balivernes, sornettes, et contes pour enfants.

Brown savait très bien il y a 10 ans qu’un jour l’économie financière allait faire face à une crise, et que celle-ci serait proportionnelle aux risques prix, c’est à dire colossale. Wen Jiabao sait très bien pourquoi son pays achète des Bons du Trésor américains. Nous sommes tous au courant des déséquilibres structurels massifs qui affectent l’économie mondiale, mais nous faisons semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien sentir.

Pourquoi? Cela s’appelle l’appât du gain.

En laissant se développer la section « casino » de l’économie financière mondiale, Gordon Brown a permis à la City de Londres de créer quelques centaines de milliers d’emplois fortement rémunérés, et, ce faisant, de propulser l’économie britannique pendant 10 ans. 10 ans où, coïncidence certainement, il a été au pouvoir, comme Chancelier de l’Echiquier d’abord, puis comme Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté.

Wen Jiabao sait très bien que l’achat de Bons du Trésor américains joue un rôle déterminant dans la décision de toujours renouveler la clause de la nation la plus favorisée dont bénéficie la Chine de la part des Etats-Unis, clause qui favorise les exportations chinoises vers l’Amérique. Clause qui, soit dit en passant, est une véritable escroquerie au dépens de pays véritablement pauvres, et non « pauvre » comme la Chine, 2e économie mondiale, et seule à croître même en 2009 quand le monde entier sera en récession.

Il y a d’autres déséquilibres. Le tandem infernal du déficit budgétaire et du déficit commercial américains. Un jour, il faudra bien payer la note. La dette accumulée par certains pays (France, Italie, Japon notamment), et les déficits budgétaires correspondants. Sans compter les problèmes insurmontables de retraite des systèmes par répartition quand le ratio d’actifs à retraités sera tombé à 1 pour 1 en 2020.

JusMurmurandi entend d’ici les regrets des responsables d’alors, pour ce qu’ils n’auront pas fait en temps plus prospères.

Ainsi les socialistes français, qui ont eu la bonne fortune de gérer la prospérité de la fin des années 80 en ont profité pour créer le RMI, et celle des années 90 l’ont dépensée dans les 35 heures. Qu’ont-ils fait pour éviter la faillite inévitable des retraites? Rien. Pour combler une fois pour toutes le déficit budgétaire? Rien.

Il est tellement plus attirant, et électoralement payant de dépenser tout de suite l’argent qu’on a dans la poche (dans les poches des contribuables, bien entendu), et même celui qu’on aura demain, et après-demain, et encore après. Tellement plus joyeux de présider à la prospérité et à l’abondance d’aujourd’hui et de laisser à un quelconque successeur le fardeau de la crise de demain.

Notre article d’hier comparaît l’affreux parâtre autrichien Fritzl qui a enfermé sa fille et lui a fait 7 enfants en 24 ans d’inceste forcé et les piranhas de la finance internationale, Madoff en tête. Un commentaire a trouvé cet article « dur ». De fait, l’adage qui veut que « plaie d’argent ne soit pas mortelle » conduirait à penser que le sort des investisseurs qui ont perdu ce qu’ils ont confié à Madoff ou leur capital investi en titres Citigroup, AIG ou Lehman est bien clément comparé aux affres infernaux de la fille de Fritzl et de ses petits-enfants. Peut-être. Mais quand on fera le compte des innombrables désespoirs, ruines, dépressions et autres suicides ou folies meurtrières déclenchés chez ceux qui se sentiront -et non sans quelque raison- trahis par un système dont les coupables se votent envers et contre tout des bonus, on verra que Fritzl, par comparaison, n’aura été qu’un artisan de l’horreur, là où auront sévi de puissants industriels.

N’est-il pas temps de créer une section économique des crimes contre l’humanité?

Tabous

mars 16, 2009 on 8:09 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

L’Autriche aborde avec horreur le procès de Josef Fritzl, qui a pendant des années gardé sa fille enfermée et lui a fait de nombreux enfants, eux aussi enfermés à l’insu du monde extérieur.

Cette horreur vient du nombre de tabous que Fritzl a violés. Dont celui de l’inceste. Mais aussi de l’apparente absence de sentiments d’amour paternel pour sa fille, de tout désir de la protéger. Du rejet aussi de toute « normalité » dans cette affaire.

Nous avons tous vu la photo de la tête hirsute du monstrueux Fritzl

JusMurmurandi se demande si on ne pourrait pas en dire autant, mutatis mutandis, de certains aspects du monde de la finance.

Nous avons tout vu la photo de la tête impeccable du respectable Madoff.

Madoff a orchestré sa fraude pyramidale pendant à peu près autant de temps que Fritzl. Il était évident que l’un comme l’autre finiraient par être découverts. L’un comme l’autre avaient rejeté toute normalité dans leur système pervers. L’un comme l’autre menaient une double vie dont les deux parties étaient séparées et contradictoires.

La loi dit qu’une entreprise doit être gérée « en bon père de famille », et, par extension, que c’est comme cela qu’un gestionnaire doit gérer les fonds qui lui sont confiés. Fritzl a dévoyé son rôle de père, censé être au bénéfice de sa fille, pour la satisfaction de son plaisir personnel. Combien de gestionnaires de fonds ont dévoyé l’usage des fonds qui leur ont été confiés pour la satisfaction de leurs plaisirs personnels (bonus, prestige, pouvoir)?

Fritzl a rejeté toute normalité en s’octroyant du plaisir alors même qu’il soumettait sa fille et ses petits-enfants à un enfermement infernal. Les cadres de Merril Lynch, AIG et autres ont rejeté toute normalité en s’octroyant des bonus alors même qu’ils soumettaient leurs actionnaires et investisseurs à des pertes infernales.

Bien sûr il ne s’agit de dire que les deux phénomènes sont à mettre sur le même plan pénal. Mais qu’en terme de transgression de tabous, il existe des similitudes qui font froid dans le dos…

Joef Fritzl

Bernard Madoff

Faire le Total!

mars 14, 2009 on 8:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

On connaissait déjà l’expression « faire la totale », pour désigner une opération faite au maximum, l’expression « faire le total », pour désigner une addition, voici maintenant « faire le Total », comme l’entreprise éponyme qui conjugue profits record et suppressions de postes.

Il faut dire que Total est déjà coupable, parce qu’ils ont dégagé un profit record pour une entreprise française de14 milliards d’euros. Il y a en France une vieille incapacité à aimer ses entreprises. Une idée marxisante suivant laquelle le profit ne peut être que le produit de l’exploitation des collaborateurs et des clients, ou catholicisante suivant laquelle le profit est, comme le culte de Mammon, « mal ».

Peu importe que Total n’ait, proportionnellement, pas gagné plus que ses rivaux, tous étrangers, ce qui montre qu’il a suivi les courbes de son industrie. Peu importe que Total n’ait aucune chance de renouveler cette performance aujourd’hui, compte tenu de l’effondrement du prix du pétrole et de la baisse de la demande survenus entre temps. Peu importe que Total paye d’autant plus d’impôts qu’il fait plus de bénéfices.

Alors, quand Total annonce qu’il va restructurer sa division raffinage, avec pour effet de supprimer 550 emplois à Gonfreville, c’est l’hallali. Peu importe qu’il n’y ait pas licenciements secs. Peu importe que Total investisse pour moderniser son outil de production. Peu importe que Total soit créateur net d’emplois en France. Aucun mot n’est trop dur pour condamner Total, et mettre face à face les profits d’un côté, et les suppressions d’emplois de l’autre.

Il est clair que Total n’a pas du être surpris de cette levée de boucliers et de la bordée d’insultes qui va avec. On peut donc se demander pourquoi ils n’ont pas attendu de publier des résultats du premier trimestre 2009, en forte baisse, pour que la pilule passe plus facilement.

Peut-être Total croit-il simplement que le droit suffit en France, et que le fait de ne pas remplacer des employés partant en retraite est un droit clair, puisqu’il n’y a pas de licenciements à justifier. Ce serait curieux de la part de la société qui a été agressée pour le naufrage de l’Erica, au mépris de toute la législation et de la jurisprudence existantes.

Croire que le droit suffit en France? Total ferait mieux de lire JusMurmurandi, tant il y d’exemples où hommes politiques, syndicats, groupes de pression et autres communautés d’intérêts ignorent froidement la loi dans leur quête du pouvoir et de l’argent. Et qui, le plus souvent, arrivent à leurs fins. Les violations de la loi à la Guadeloupe et à la Martinique se sont révélées payantes, et la séquestration du patron de Sony aussi.

JusMurmurandi a une solution simple à proposer à Total. Quand il y aura trop de profits, la prochaine fois, il suffira de les confier à un gourou de la finance infiniment respectable, qui se chargera de les faire disparaître en vitesse. Ce qui s’appelle subir une perte Total…. Comme cela, Total sera une victime qui prendra à regret les nécessaires mesures de restructuration, et non la multinationale sans foi ni loi qu’elle est menacée d’être aujourd’hui.

Comme quoi les Madoff de notre monde ont encore de beaux jours devant eux….

Mourir pour Madoff?

mars 13, 2009 on 7:39 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

L’affreux Bernard Madoff est en prison. L’homme qui a escroqué pas moins de 50 milliards de dollars a dormi sur la paille humide des cachots. L’homme qui a dépouillé les retraités et autres fondations charitables (mais pas seulement, bien sûr) va être condamné si lourdement, puisqu’il a plaidé coupable et qu’il risque jusqu’à 150 ans de prison, qu’il mourra sûrement derrière les barreaux.

Justice est, enfin, en train d’être faite!

En apparence tout au moins Car, JusMurmurandi, qui aime faire ressortir les paradoxes, se dit que tout n’est pas forcément aussi simple, voire simpliste que cette fable où les méchants sont punis, même si, en ces temps de crise, les gentils en sont pas forcément récompensés.

Car, qu’a fait Madoff? A-t-il détourné ces mythiques 50 milliards vers sa propre poche? Non, il les a distribués à d’autres clients. Certes, au passage il s’est rémunéré, mais pas plus qu’il n’est d’usage à Wall Street, et même moins que d’autres. Donc on ne peut pas véritablement l’accuser de vol. Mais comme il n’a pas exactement redistribué aux pauvres, il n’est pas exactement Soeur Emmanuelle non plus. Ni même Jesse James.

Alors quel est le crime de Bernard Madoff, si 50 milliards de dollars se sont envolés, mais qu’il ne les a pas volés? C’est qu’en fait, il a promis à ses clients des placements qu’il n’a pas faits, et des rendements qu’il n’a obtenus qu’en faisant semblant, et, en réalité, en redonnant à ses investisseurs plus anciens l’argent reçu des plus récents. Bref, il n’a pas fait ce qu’il a dit, il a menti, et ceux qui l’ont cru ont perdu leur mise.

La question impertinente (mais peut-être pertinente aussi!) de JusMurmurandi est la suivante: si mentir à des gens dont on perd l’argent mène tout droit à la case prison, alors ne faudrait-il pas s’interroger sur de nombreuses entreprises et pas « seulement » sur Madoff? Par exemple sur AIG, anciennement premier assureur du monde, qui a pris des risques tels que sa survie coûte des centaines de milliards aux contribuables américains, sans compter ses actionnaires dont l’argent a été perdu? AIG ne leur avait-il pas raconté une toute autre histoire, faite de sûreté, que celle de quasi-casino qu’il a véritablement menée? Lehman, qui a été balayé par la tourmente, n’en a-t-il pas fait autant? Et les banques qui ont dû être sauvées par les contribuables, mais pas sans avoir au passage quasi essoré leurs actionnaires, leur ont-elles dit qu’il risquaient de tout perdre? JusMurmurandi croit plutôt quelles ont raconté l’inverse.

Bien sûr, la différence est que la structure même de l’activité de Madoff était malhonnête, à la différence de celle de Citigroup ou AIG

Mais quand l’actionnaire de Citigroup perd 98% de son capital en 22 mois (de plus de 50 dollars à moins d’un dollar par action en moins de deux ans!), les 2% qui lui restent suffisent-ils à le convaincre qu’il n’a pas été floué de fausses promesses comme les pigeons de Madoff, dont les liquidateurs ont retrouvé jusqu’ici un montant qui, par rapport à l’investissement initial, se monte à … 2% ?

L’Etat des Banques

mars 11, 2009 on 6:08 | In Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermés

Quel Français ne se souvient de 1981? Le 10 mai, François Mitterrand est élu Président de la République. Il gagne les élections législatives qu’il organise dans la foulée, et applique son programme, négocié en commun avec le Parti Communiste Français de George Marchais. Et notamment nationalise les 40 plus grandes banques françaises. les justifications de ce mouvement purement idéologique font référence aux nationalisations de 1945 ou du Front Populaire. Ambiance…

2009. Pas de socialistes à la mode Mitterrand à l’horizon, encore moins de communistes, qui ont disparu de la scène mondiale. Pourtant, après cette semaine, un certain nombre des plus grandes banque mondiales sont, à leur tour, nationalisées, à commencer par la plus grande banque d’entre elles, Citigroup. Avec elle, son seul rival américain, Bank of America. En Grande-Bretagne, autre temple de la libre entre prise et de la finance mondiale, Lloyd’s rejoint dans le giron de l’Etat la Royal Bank of Scotland, soit les deuxième et troisième banques britanniques. Elles rejoignent ainsi le groupe des banques que seul le soutien d’un Etat maintient solvables, comme Dexia, ING, ABN Amro, Fortis, UBS, l’ensemble Caisses d’Epargne-Banques Populaires et autres.

Soit, à vue de nez, 7 des 20 plus grandes banques mondiales. Sans compter la plus grande compagnie d’assurance mondiale, AIG, ou les réassureurs immobiliers Fanny Mae et Freddie Mac.

La nationalisation serait-elle une nouvelle modernité, ou le seul moyen de survie de banques qui ont excédé leurs et limites et les contribuables qui sont ulcérés de devoir payer pour leur folies?

Il est clair que seule l’urgence et non un quelconque plan à conduit à ces opérations le plus souvent conduites le week-end pour ne pas entraîner, avant qu’elles n’aient abouti, de turbulences que le marché n’aurait pu absorber.

C’est si vrai que Lloyd’s Bank était la banque anglaise considérée comme la mieux gérée et la plus rentable, et que c’est à ce titre que les autorités britanniques lui ont demandé de sauver HBoS en déconfiture, la composante Bank of Scotland n’ayant pas su gérer son acquisition du spécialiste immobilier Halifax. Pour sauver HBoS, c’est fait, mais au prix de devoir à son tour sauver son sauveur, Lloyd’s. Le bénéfice de l’opération n’est pas évident. Le même schéma aux Etats-Unis, où le plus gros courtier en bourse du monde, Merrill Lynch, menace ruine. En un week-end, le Trésor américain l’adosse à la rentable Bank of America. Sauvetage réussi, sauf que Bank of America à son tour doit passer dans le giron de l’Oncle Sam, n’ayant pas pu trouver ailleurs les dizaines de milliards nécessaires à conforter son bilan rongé par la crise et les pertes ruineuses de sa nouvelle acquisition.

Pour être honnête, ce ne sont pas uniquement les fusions orchestrées par les autorités monétaires qui se sont révélées catastrophiques. L’acquisition d’ABN Amro après une bataille d’enchères gagnée (si l’on peut dire) par la Royal Bank of Scotland contre Barclay’s l’a été à un tel prix que la crise a fait imploser le bilan de la RBS, la précipitant dans le giron de la Couronne britannique. On ne peut que souhaiter qu’il n’en aille pas de même avec l’acquisition à venir de Fortis par BNP-Paribas.

En sens inverse, Barclay’s Bank, la vénérable institution britannique qui perdit la bataille pour ABN-Amro a de quoi se consoler. Immédiatement après la faillite de Lehman Brothers, faillite qu’on considère aujourd’hui comme une erreur aux conséquences colossalement négatives, Barclay’s a racheté l’essentiel des actifs de Lehman pour une bouchée de pain, ce qui lui a donné le droit de choisir parmi les équipes de la banque d’affaires ceux des collaborateurs qui lui convenaient. Résultat: au 4e trimestre, les bénéfices de Barclay’s sont dus à une plus-value de 20 milliards de dollars sur les actifs de Lehman. Plus-value ahurissante quand on sait qu’elle a été calculée sur des valeurs de marché particulièrement déprimées, et qu’on peut donc imaginer qu’il y en aura d’autres quand le marché, un jour se redressera.

Ce qui indiquerait que la vente des dépouilles de Lehman à Barclay’s a été aussi mal gérée que sa faillite. Et qui nous ramène au début de l’article, en démontrant la difficulté pour une administration gouvernementale de gérer « en bon père de famille », ce qui est la culture des entreprises et des marchés, mais pas du tout de l’Administration. La France a bien connu cette difficulté et ses nombreuses conséquences douloureuses pour le contribuable, comme l’affaire du Crédit Lyonnais, et tout indique que l’avenir nous réservera le même lot de coûteuses déconvenues.

Il y a à cette situation un curieux paradoxe. Les banques, nous dit-on, ont accru leur capacité de prêter grâce à leur capacité à revendre leurs crédits à d’autres après les avoir faits. C’est ce qu’on appelle la titrisation. Les prêts « douteux » des subprimes américains ont ainsi été revendus de par le monde. Et c’est l’assèchement de ce marché de la titrisation qui a empêché les banques de continuer à prêter puisque le mécanisme de revente état en panne.

Maintenant, on nous dit que les Etats, à commencer par l’Etat américain, vont forger une solution pour décharger les bilans bancaires de 3000 milliards de crédits douteux, moyennant quoi tout rentrera dans l’ordre sur le plan -certes critique, mais pas unique- de la capacité du système bancaire à financer l’économie mondiale.

C’est du grand n’importe quoi. La réalité, c’est que la banques ont, par des mécanismes nouveaux et créatifs, comme la titrisation et les CDS, prêté beaucoup plus que ce que leurs fonds propres eussent dû permettre en conservant des ratios prudentiels suffisants. Ratios dont la mise en place remonte à la crise des années 30, intervenue exactement pour cette raison. Nous sommes donc dans un schéma de « bis repetita » sous une forme et avec des moyens modernisés.

A partir de là, il n’est pas sorcier de conclure que:

soit

(1) on accepte que, pour que tout revienne comme un avant jugé a posteriori idyllique, on nettoie les bilans des banques, et elles recommencent à prêter « comme avant », ce qui veut dire qu’il y aura une même incapacité de leur part à faire face à une phase de ralentissement cyclique de l’économie. Bon appétit aux amateurs!

soit

(2) on nettoie le bilan des banques, et on les astreint, à travers une régulation plus restrictive, à ne plus prêter au delà de ce que leurs ratios prudentiels et donc leurs fonds propres permettent pour garder une marge de sécurité et de stabilité suffisantes, et alors il faut bien savoir que, leur capacité à prêter se trouvant fort réduite, il va bien falloir que l’économie mondiale se contracte pour s’adapter. Une gigantesque gueule de bois après la beuverie!

soit

(3) on augmente massivement les fonds propres des banques pour combiner prudence et volume. Mais d’où viendrait l’argent, et comment le rémunérer à la satisfaction des actionnaires? Sans compter qu’une telle ponction, de l’ordre de 1000 milliards de dollars, ne serait pas sans conséquence sur la capacité des États à financer leur gigantesques déficits publics, et provoquerait une hausse des taux d’intêrets, et une autre phase de ralentissement économique. Brrrr!

(4) les banques redeviennent les simples machines à distribuer du crédit qu’elle étaient devenues avant la crise, comme des agences de voyage qui distribuent des voyages. Le risque serait alors porté « ailleurs ». Pour le moment, cet « ailleurs » n’a qu’un seul nom: la signature des États. Mais on sait les États mauvais gestionnaires, et les banques mal inspirées quand ce ne sont pas elles qui payent pour leurs imprudences. Joyeuse perspective!

Au moment de conclure, les nouvelles de la Bourse d’hier. La seule « fuite » d’un memo interne du président de Citigroup, indiquant que la banque a été très rentable en janvier-février, a suffi à ce que les marchés mondiaux montent de 5-6%, montrant à quel point le rêve de tous est de revenir à un « avant ». On peut également méditer sur la désespérance et l’inconséquence d’une hausse de 5% des grandes bourses mondiales sur la base de la fuite d’un seule memo d’une seule banque portant sur deux seuls mois. C’est ce qu’on appelle du levier!

C’est dire si l’on est loin d’avoir trouvé la moindre solution. Dormez bien, braves gens, et, demain, en vous levant, n’oubliez pas de vous préparer à beaucoup consommer pour participer à redresser l’économie mondiale, puisqu’on vous assure -si, si, vraiment!- que tout va bien.

A l’hallali ! A l’Hadopi !

mars 10, 2009 on 9:37 | In Best of, C'est ça, Paris?, Economie, Elections présidentielles 2007, France, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

JusMurmurandi a décidé une fois de plus de faire le poil à gratter et d’entrer dans le vif du sujet avec cette fois la loi « Hadopi » destinée à sanctionner les personnes qui utilisent leur connexion internet afin de télécharger du contenu sans en acquitter les droits.

Mais avant que de conclure par ces piques que nous chérissons, tentons avec modestie et sans polémiquer de présenter les faits tels que nous avons pu en disposer.

D’un côté on regarde le côté économique de la chose où l’on nous dit que les « producteurs » de contenu, maisons de disques, artistes, réalisateurs de cinéma et distributeurs respectifs voient leurs oeuvres acquises illégalement, et par conséquent subissent un appauvrissement directement mesurable (baisse des ventes de disques, de fréquentation au cinéma etc.)

D’un autre, on entend les internautes qui se plaignent à pleins poumons sur les sites de journaux, blogs etc. que l’offre ne correspond pas à la demande, que la loi est liberticide, que l’on s’achemine vers un contrôle absolu de l’internet, que cette loi est contre l’esprit du filet (« net ») etc. etc.

Quelques éléments de réflexion. D’une part, rappelons nous lorsque la bonne vieille cassette audio est née dans les années 60, vierge de tout contenu, personne n’a hurlé que l’on allait copier un disque 33 cm pour son copain sans acquitter les droits d’auteur. On parle d’une question d’échelle, mais le principe de base est le même.

Deuxièmement, soyons clair, les possibilités de détourner la loi sont multiples. Et en particulier, si la France est seule à mettre en place une loi de ce type, autant dire que ce sera une goutte d’eau dans un vase et que n’importe quel internaute un peu débrouillard pourra aller se connecter au travers d’une autre machine dans un pays où le téléchargement est libre sans subir les foudres albanelliennes.

Troisièmement, se pose la question de ceux qui bénéficient de l’offre triple (téléphone, internet télévision); techniquement la ségrégation des trois services visant à interrompre uniquement la connexion internet est, à notre connaissance, irréalisable. Couper l’internet, c’est une chose, interrompre la liaison téléphonique, on ne joue plus dans la même cour.

Citons enfin que l’un des principaux fournisseurs de contenu au monde est Apple au travers de son iTunes, dont les musiques etc. ne sont accessibles qu’en mode protégé et… payant.

On le voit donc, la situation est complexe et il ne serait à la fois pas tolérable de piller les œuvres des uns sans pour autant entrer dans la société policée que d’autres brandissent comme un épouvantail (en toute naïveté ou incompétence – ou les deux; pour s’en assurer, faites un petit passage sur le site de la Commission de l’informatique et des libertés, www.cnil.fr, et vous allez rapidement prendre peur, alors que la loi n’est qu’en discussion -on sait tout de vous lorsque vous vous « promenez » sur le filet).

Bref, sujet complexe où il n’y a pas de réponse évidente.

Si ce n’est qu’il fait l’unanimité au parti socialiste, une fois de plus vent debout devant un projet gouvernemental, comme d’habitude. Et rien à proposer, comme d’habitude. Il est d’ailleurs à noter que tout le monde sait que l’industrie de la musique est en train de mourir du piratage, et que le film suivra, mais que personne ne fait rien. Sauf Hadopi.

Là où c’est encore plus croustillant que précédemment, c’est qu’une large majorité d’artistes, musiciens, compositeurs, cinéastes, acteurs (sauf peut être Sophie Marceau…) que la loi souhaite protéger est (ou en tout cas se dit) de gauche…..

Le PS est-il en train de tourner le dos à sa frange caviar ? Ou craint-il qu’afficher ses affinités avec le show-biz paraisse excessivement…bling-bling?

Bombarder d’argent, Mandela et Mugabe

mars 6, 2009 on 7:12 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 4 Comments

Les bombes pleuvent, tel est le cliché utilisé pour décrire un bombardement particulièrement intense. Il a plu des bombes sur l’Afghanistan, puis sur l’Irak, puis plus récemment sur Gaza. Ces bombes explosent dans le but principal de détruire des infrastructures, ce à quoi elles réussissent fort bien quand elles ne tombent pas sur des cibles autres que celles auxquelles elles étaient destinées.

Le résultat est que, si le décompte des morts d’une guerre « technologique » est beaucoup plus faible aujourd’hui qu’il y a un siècle, le champ de ruines qu’elle laisse est tel que toute vie décente est impossible. Plus d’eau potable, d’électricité, de transports. Pour rétablir un minimum de conditions de vie, il faut donc reconstruire.

Et c’est là qu’on assiste à une étrange démarche: on demande à « la communauté internationale » de payer la note, souvent pharaonique, de la reconstruction. Ainsi 4,5 milliards de dollars ont été promis pour la reconstruction de Gaza, alors même qu’il n’y a eu objectivement qu’une guerre de courte durée dans un tout petit territoire, et ce au milieu d’une crise économique gravissime qui met à mal la capacités financières de tous les États donateurs.

JusMurmurandi ne détestant pas de ressortir des souvenirs de son sac à malice, rappelle que c’est la France, perdante de la guerre de 1870, qui a du en payer les coûts, que c’est l’Allemagne, perdante de la première guerre mondiale qui a été condamnée à des « réparations », et que l’Union Soviétique s’est largement servie dans la partie orientale de l’Allemagne (encore!) après 1945.

On pourrait penser que ces exemples sont périmés, et que le lien entre l’Allemagne écrasée par le poids des exigences des vainqueurs de 1918 et l’Allemagne se donnant à Adolf Hitler qui promettait de la redresser fait que notre monde moderne ne se livre plus à de tels pillages. Erreur. C’est bel et bien l’Irak de Saddam Hussein qui a financé par ses exportations de pétrole le coût de la coalition de la première guerre du Golfe.

Alors au nom de quoi payer aujourd’hui pour Gaza, alors que chaque pays en pleine crise a tant d’autres priorités?

Sans doute au double nom d’une part de notre mauvaise conscience à voir les populations civiles souffrir d’une guerre qu’elles n’ont pas menée et conte laquelle elles ne peuvent rien. Une manière de tenir plus égaux les fléaux de la balance: soutien à Israël d’un côté, reconstruction de Gaza de l’autre. Et Israël ne saurait s’en plaindre, qui sait le prix qu’il y aurait à voir les gazaouis rejoindre en masse les rangs des suicidaires du Hamas. L’autre raison possible est la crainte de voir la guerre à Gaza se traduire par des violences sur le sol français. En attendant, le coût de la reconstruction est bel et bien pour des contribuables qui n’ont rien à voir avec le conflit.

La reconstruction s’impose aussi ailleurs, et plus près de chez nous, puisque c’est de la Guadeloupe qu’il s’agit. Les éructations de M. Domota qui donne aux chefs d’entreprise le choix entre appliquer un accord qu’ils n’ont pas signé et leurs organisations représentatives non plus, et quitter la Guadeloupe, -belle définition de la démocratie- ont sans nul doute causé des dégâts économiques importants. Qui peut aujourd’hui avoir envie de faire du tourisme en Guadeloupe, où les routes sont aussi bloquées que les relations sociales, et où le sentiment général est que la pression peut à tout moment causer une autre éruption?

Bref, là aussi, il va falloir reconstruire. Et là aussi, ce ne sont ni les uns ni les autres sur qui l’on peut payer, mais sur l’éternelle bonne volonté de ceux à qui l’on ne demande jamais leur avis, les contribuables.

Il ne faudrait pas oublier que c’est exactement cette situation, à savoir l’obligation de payer sans pouvoir donner son avis, qui a fait exploser les Révolutions américaine et française. Une majorité de Français sont aujourd’hui favorables à l’indépendance des DOM-TOM. M. Domota, que l’on dit lui aussi favorable à cette idée, ferait bien de mesurer ses paroles et de méditer le sort des colonies qui ont éjecté les Français. L’Algérie en particulier, autrement plus riche que la Guadeloupe grâce à son pétrole, est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, qui autrefois donnait aux Français de la métropole le choix entre la valise et le cercueil.

Un combat de libération et pour les droits de tous a donné au monde le prodigieux Nelson Mandela, dont on peut imaginer qu’il enfièvre l’imagination de M. Domota qui parle à tout moment du mot esclavage. Mais juste à côté, la même lutte a au contraire accouché du misérable Mugabe, qui, comme Domota, n’a que les mots de l’affrontement tandis que Mandela parlait de réconciliation, alors même qu’il sortait de décennies de bagne.

Ce n’est pas exactement la même chose.

Elie Domota

Les Ignobles du jour

mars 5, 2009 on 7:57 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermés

Vous me direz, il y en a tellement, qu’on pourrait consacrer un blog rien qu’à ce sujet, tant il paraît sans fin et vous aurez raison…:-(

Robert Mugabe, le dictateur-tyran-bourreau du Zimbabwe, qui a réduit son pays à l’état de ruine, où un « salaire » de professeur ou de médecin ne suffit même pas à prendre l’autobus pour aller travailler (donc écoles et hôpitaux sont désertés), qui fait bâtonner et massacrer ses opposants, qui n’honore pas sa propre signature sur un accord de gouvernement avec ceux qui ont gagné les élections malgré les fraudes massives de son parti, le ZANU-PF, a trouvé le moyen de s’acheter un pied-à-terre de grand luxe pour cinq millions de dollars US dans un pays qui veut encore de lui ( il n’y en a plus beaucoup), en l’occurrence en Chine. A Hong-Kong pour être précis.

Sa fille y vit, qui tente de faire ses études supérieures en dépit des protestations des autres étudiants, et sa femme aussi. On ne sait pas encore si Mugabe a prévu de s’y retirer lui-même s’il venait un jour à quitter le pouvoir. En attendant, c’est un patrimoine scandaleux pour un dirigeant de pays si pauvre, et un « invité » qui montre que les Chinois ne sont pas regardants sur le choix de leurs hôtes.

Il serait bien temps d’inventer le crime contre l’humanité en temps de paix, et pas « seulement » en temps de guerre. Cela permettrait à un Tribunal Pénal International de poursuivre Mugabe comme il poursuit aujourd’hui le tyran du Soudan, Omar el-Béchir. Un première qui réjouit JusMurmurandi. A noter que la Chine, encore elle, s’oppose au mandat d’arrêt contre el-Béchir. Tiens donc…

Dans un autre registre, la Justice américaine convoque 7 dirigeants de Merril Lynch, hier plus grande société de courtage boursier au monde, aujourd’hui entreprise disgraciée par des pertes énormes, et rachetée avec l’aide du Trésor américian (et donc du contribuable) par Bank of America, que cette acquisition plombe à son tour.
Ces 7 dirigeants ont organisé la distribution de bonus au titre de l’année 2008, pourtant calamiteuse.

Ce qui rend la chose insupportable, c’est que ces bonus ont été distribués en décembre, nettement plus tôt que d’habitude, avant la révélation de pertes abyssales au titre du 4e trimestre, et avant que Bank of America ne prenne le contrôle de Merril Lynch.

La totalité des bonus distribués chez Merril Lynch et d’autres sur lesquelles enquête la Justice américaine s’élève à 3,6 milliards de dollars.

Un montant de l’ordre de celui de l’aide du FMI à tout un pays, distribué sous forme de bonus après une année de cauchemar. On frémit à la double pensée de ce qui eût été distribué si l’année avait été bonne, et de ce qu’il eût fallu pour que ces gens-là ne se distribuent rien.

Vous me direz, il n’y a aucun rapport entre ces deux montants, les bonus ignobles de Wall Street et une aide du FMI, et vous aurez raison. Et avec 3,6 milliards de dollars, on fait vivre le Zimbabwe et ses millions d’habitants pour combien de mois ou d’années?

Vous avez raison, cela n’a aucun rapport.

Euro-mystère, ou euro-misère?

mars 4, 2009 on 4:29 | In Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Il n’est pas toujours bon d’avoir de la mémoire, cela permet trop souvent de rappeler à d’aucuns, experts en particulier, des prédictions qui ne se sont pas réalisées.

JusMumurandi se souvient en particulier de tous les prédictions apocalyptiques qui ont accompagné la naissance de l’Euro. Une monnaie unique pour des pays ayant des politiques économiques divergentes ne saurait survivre, affirmaient toutes les sommités en matière économique.

Le fait est là, une tornade d’une ampleur sans précédent a balayé le système financier mondial, et l’euro est toujours là. Et il suffit de regarder le sort des monnaies restées « indépendantes » de l’euro pour voir la différence. Forint, zloty, couronne ont perdu de 15% à 30% de leur valeur face à l’euro depuis novembre, non pas dans une volonté affirmée de dévaluation compétitive, ou à cause d’une baisse des taux d’intérêts pour vigoureuse que chez nous pour mieux relancer la machine, mais à cause d’une fuite devant ces « petites » monnaies assises sur des économies nationales que la crise fragilise. Quant au rouble, il combine grande faiblesse et taux d’intérêts élevés, un couple véritablement infernal pour l’économie et la population russes

Et c’est à ce moment qu’on assiste à une double interrogation en apparence contradictoire: certains pays sont en difficulté avec leur appartenance à la zone euro, comme la Grèce, ou, à un moindre degré, l’Italie, et des articles de presse commencent à évoquer leur possible abandon de la monnaie unique pour revenir à une monnaie nationale. Et, dans le même temps, des pays d’Europe centrale, Pologne notamment, demandent une accélération du calendrier de leur adhésion à la même monnaie unique.

Quel est donc cet euro-mystère?

Tout simplement, les finances publiques grecques sont, avant même la forte dégradation qu’entraînera la crise, en état lamentable. Trop de déficits, trop de dette publique accumulée font que le remboursement de cette dette est aujourd’hui considéré comme incertain, et que la Grèce peut être tentée de se demander si ne pas la rembourser n’est pas une option attractive. Comme la Grèce avait déjà menti outrageusement sur la réalité de ses performances financières pour obtenir son accession à la zone euro, ce précédent de flibuste financière n’inspire pas particulièrement confiance aux investisseurs. D’où des difficultés pour la Grèce à trouver preneur pour ses émissions de dette souveraine, ce qui n’est évidemment pas bon pour l’euro, monnaie actuelle de la Grèce.

Quel avantage la Grèce pourrait-elle trouver à sortir de l’euro? Le « droit » de dévaluer sa monnaie, ce qui la rendrait plus compétitive à l’exportation. Les vacances en Grèce, par exemple, seraient plus compétitives que celles, aujourd’hui mois chères, en Croatie voisine. Et, évidemment, qui peut dire que la perspective de ne pas payer ses dettes ne présente pas d’attrait pour les mauvais sujets? Ceci dit, comme toujours, une telle dévaluation compétitive se paye par une inflation importée, et une augmentation immédiate du poids de la dette étrangère.

Tandis que l’adhésion de la Pologne, par exemple, à l’euro, se traduirait par la fin de la baisse de sa monnaie, et la capacité améliorée à lever de la dette, vu le plus grand appétit des investisseurs pour la dette en euros qu’en zlotys. Cela dit, les inconvénients subis par les Grecs seraient alors ressentis par les Polonais: dans un premier temps il faut assumer une devise forte, qui ne permet pas d’ajuster son cours à la baisse quand les voisins et concurrents le font. Ensuite, s’ils lèvent trop de dette, l’euro devient comme un corset qui ne leur laisse plus les libertés louches qu’on peut prendre avec sa propre devise.

Et, après avoir beaucoup emprunté, ils pourraient se retrouver à leur tour tentés d’en sortir pour retrouver leur liberté de manœuvre.

Cela veut-il dire que tous les pays de la zone euro seront attirés, à un moment ou à un autre, par l’idée de quitter la monnaie unique, source de leurs euro-misères?

Comme le dit l’adage:  » quand je me regarde, je me désole (et comme c’est vrai en ce temps de crise), quand je me compare, je me console ». Force est de constater, si l’on mesure l’intensité de la crise à la « croissance » (vu qu’elle a été négative partout, j’ai du mal à employer ce mot, mais parler de « décroissance » ne serait pas encore clair pour vous tous, nos lecteurs) du 4e trimestre 2008, la comparaison de la zone euro avec la Grande Bretagne, le Japon, la Corée ou les Etats-Unis montre que cela va encore nettement plus mal chez les autres grandes économies occidentales que chez nous.

Mais enfin, un grand européen, Jules César, qui, lui, a réussi à inclure l’Angleterre dans l’Europe qu’il a construit, a dit qu’il préférait « être premier dans un petit village italien que deuxième à Rome ». Peut-être la Grèce préfère-t-elle être bannie par les marchés financiers et ligotée par les exigences du FMI, mais libre de sa monnaie que de participer à l’auberge espagnole de l’euro?

Cela montrerait que certaines choses sont sans prix. Surtout à un moment où la monétisation à outrance de notre mode de vie et de notre civilisation montre ses limites, le relais peut-il être pris par autre chose que par le retour de valeurs plus essentielles?

La toute-puissance américaine

février 27, 2009 on 5:35 | In Economie, Europe, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Oh, c’est vrai, le titre a de quoi provoquer. On lit en effet partout que la crise financière est le dernier clou dans le cercueil de la toute-puissance américaine, que ce soit sur le plan idéologique, avec la faillite du capitalisme libéral, ou sur le plan géopolitique.

Si on le lit déjà partout, vous n’avez pas besoin de le lire aussi sur JusMurmurandi :-)

Mais vous ne venez sans pas ici non plus pour lire systématiquement le contraire de ce que vous lisez par tout. Ce serait du négationnisme. Et pour cela, en politique ordinaire il y a déjà François Bayrou et l’hebdomadaire Marianne, et en crimes contre l’humanité il y a Mgr Williamson, qui en remet encore une couche ce matin en s’excusant pour les conséquences de ses déclarations, mais pas pour leur contenu.

Mais il se trouve que l’actualité donne en ce moment à voir un autre visage que celui généralement donné à lire sur les média internationaux. Et là, JusMurmurandi s’invite à la table de discussion.

Les craintes se multiplient de voir des pays d’Europe centrale sombrer dans la crise. Non pas souffrir, comme nous, mais sombrer, avec implosion financière, faillite de banques, évaporation, de l’épargne, fuite devant la monnaie, et le cortège de misère sociale qui en résulterait. Ou alternativement, ne pouvoir s’en sortir qu’avec l’aide du FMI mais se retrouver ligoté dans le corset de contraintes que celui-ci exige pour prix de ses prêts. Déjà la Hongrie et l’Ukraine sont passés sous ses fourches caudines, et d’autres pays semblent devoir y avoir recours.

La cause de la plus grande dureté de la crise dans cette région d’Europe est simple: pour se rebâtir après des décennies de communisme et d’économie centralisée et planifiée, ces pays ont misé sur les investissements étrangers et les exportations. Un exemple parmi mille, l’industrie automobile. Peugeot fait des petites voitures en partenariat avec Toyota en Tchéquie, et tout seul en Slovaquie, tandis qu’Audi fait des moteurs en Hongrie, Renault, outre sa production slovène, dévelope le roumain Dacia à marches forcée, tandis que Volkswagen fait de même avec le tchèque Skoda, etc. Et l’immense majorité des productions de ces usines est exportée, notamment en Europe occidentale, à des coûts moins élevés qu’une production locale.

Et la crise, en asséchant le marché automobile, a asséché leur plan de charge, conduisant à du chômage partiel et à des licenciements en masse. Les nouveaux investissements, qui venaient année après année soutenir la croissance de ces économies, se sont aussi taris, entraînant la fin des créations d’emplois.

JusMurmurandi ne peut s’empêcher de rapprocher ces situations de celle du Japon, autre pays dont le renouveau de croissance après deux décennies d’asthénie était lui aussi fondé sur les exportations. Lesquelles sont en baisse de plus de 40% en décembre 2008 et janvier 2009 par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. un effondrement qui dépasse la capacité de n’importe quelle entreprise fondée sur les exportations à survivre.

Et la Chine, dont 30 millions de travailleurs migrants ont déjà perdu leur emploi, et dont la moitié des fabricants de jouets a déjà fermé, tout ceci pour cause de baisse des exportations, alors même que là, le marché intérieur reste relativement dynamique pour autant que les chiffres officiels aient le moindre rapport avec la réalité, ce qui est moins sûr là que dans d’autres régions du monde.

Dans toutes ces situations, un talon d’Achille, les exportations, et, le cas échéant, un facteur aggravant, les investissements étrangers.

Or quel est le marché qui n’a pas ce problème de dépendance aux exportations ou aux investissements étrangers? Celui qui a au contraire le plus gigantesque déficit commercial que le monde ait connu, et qui donc exporte les licenciements que la baisse de son marché induit. Les Etats-Unis bien sûr.

Longtemps il a été de bon ton de dauber sur la fragilité américaine parce que ses énormes déficits étaient financé par les achats étrangers de Bons du Trésor (par les Japonais puis par les Chinois). Et d’imaginer qu’un jour ces pays puissent mettre l’Oncle Sam à genoux avec la seule menace de ne plus en acheter.

Sauf que maintenant ce sont eux qui sont à genoux depuis que les citoyens de l’Oncle Sam n’ouvrent plus les cordons de leur bourse pour acheter leurs produits.

Si bien qu’on pourrait imaginer le président Obama mettre en demeure Chine et Japon de financer une partie du plan de relance américain, tant il leur est indispensable. Vu l’ampleur [les mots me manquent pour décrire ce qui requiert un superlatif de tous les superlatifs] du déficit budgétaire qu’il soumet au Congrès, cela pourrait vite se révéler aussi inévitable que révolutionnaire.

L’Europe pourrait se retrouver dans la même situation, à un moindre degré, entre ses parties occidentale et centrale-orientale.

Vous avez dit: crépuscule de la toute-puissance américaine?

Un courant d’opinion, appelé « conspirationniste » a tendance à voir derrière chaque catastrophe la preuve d’une conspiration. Le plus célèbre exemple est l’assassinat de John Kennedy à Dallas en 1963, le plus récent est le 11 septembre, que ces dingos attribuent au gouvernement américains lui-même.

JusMurmurandi leur donne matière à exercer leur imagination enfiévrée: et si, tant le résultat est de rabaisser les concurrents de l’Amérique, la crise économique était partie des Etats-Unis non pas comme le produit d’institutions financières trop dérégulées, de cadres trop rapaces et de risques trop mal appréciés, mais comme un tour de force du machiavélique gouvernement américain pour mettre ses concurrents à genoux?

Petit cours de paradis fiscal, de fraude, de chantage et d’histoire

février 24, 2009 on 3:24 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Voilà un sujet sulfureux à souhait. On y trouve quasiment tous les tabous de la civilisation occidentale, tous les interdits, tous les scandales. Toutes les démagogies aussi. C’est pourquoi, après avoir chaussé ses cuissardes et enfilé son scaphandre étanche résistant aux contaminations nucléaires, bactériologiques et chimiques, Jusmurmurandi vous offre un petit abécédaire de ce dont on parle.

Paradis fiscal: se dit d’un pays où une activité où un actif ne paye pas (ou presque pas) d’impôts. Ainsi, pour les bateaux, le Panama est un paradis fiscal,raison pour laquelle, en termes d’immatriculations, le Panama a une des plus puissantes flottes commerciales au monde. Ceci n’a rien à voir avec un quelconque secret ou une quelconque fraude ou illégalité, uniquement avec l’absence d’impôts. Autre exemple: pour les citoyens monégasques, il n’y a pas d’impôts sur le revenu. Sur ce créneau là, Monaco est donc un paradis fiscal.

Évasion fiscale: se dit d’un flux ou d’un montant d’argent dont le propriétaire veut éviter qu’il ne paye de l’impôt, mais, à la différence d’un paradis fiscal, une évasion fiscale se fait en contournant ou en violant la règlementation fiscale d’un pays. Ainsi, si un exportateur se fait payer une partie de son prix de vente ailleurs que dans son propre pays pour éviter d’y payer cette partie de ses impôts, c’est de l’évasion fiscale. Il va de soi que l’évasion fiscale a tendance à se multiplier dans les pays à très forte fiscalité, et vers des paradis fiscaux. Pourquoi en effet détourner des capitaux d’un pays à faible imposition vers un autre où elle serait plus forte?

Fuite des capitaux: se dit de capitaux dont leur propriétaire organise qu’ils quittent un pays jugé risqué. Ceci peut se faire légalement, comme un investissement dans un pays étranger, ou illégalement par le biais de transaction occultes. Ainsi, le déclenchement de la mini-guerre avec la Géorgie a-t-il déclenché une maxi-fuite des capitaux de Russie par des citoyens inquiets.

Blanchiment de capitaux: se dit de capitaux d’origine illégale, souvent criminelle, que leur détenteur veut « légaliser » afin de pouvoir les utiliser. C’est l’argent des commissions occultes, de la drogue, de la prostitution, du racket, et autres activités de même nature. Pour « blanchir ces capitaux, il faut disposer d’une activité publique qui acceptera des rentrées le plus souvent en billets de banque, mais aussi en virements bancaires d’origine injustifiables, le tout sans poser de questions. Dès lors que les fonds seront recyclés par cette activité publique, leur provenance ne pose plus problème, ils sont « blanchis ». Ainsi un restaurant peut déclarer des recettes supérieures à son chiffre d’affaires réel, en les complétant par du liquide censé avoir été déposé par des clients en réalité fictifs. Le restaurant va donc faire un bénéfice artificiellement gonflé, lequel pourra être distribué le plus légalement du monde, en apparence tout au moins. Cet exemple est celui d’un blanchiment au petit pied, mais le même mécanisme fonctionne souvent à beaucoup plus grande échelle.

Comptes anonymes et secret bancaire. Ce sont des comptes dont le titulaire reste anonyme, protégé par le secret bancaire du pays où est le compte, comme la Suisse, le Luxembourg ou le Liechstenstein pour ne citer que l’Europe. Évidemment l’anonymat du compte peut servir à protéger de l’argent en fuite, ou illégal. Mais le secret est aujourd’hui levé quand l’origine criminelle des capitaux peut être alléguée. Et tout aussi évidemment, ce secret et cet anonymat se complètent bien avec une pression fiscale très faible.

Régulation: quand un pays veut attirer des capitaux, il peut choisir de compléter son attractivité principale, celle d’un paradis fiscal, par une régulation très limitée, ce qui permettra à des opérateurs de faire ce qu’ils veulent (y compris n’importe quoi, à commencer par des prises de risques exagérées), alors que ce serait interdit dans des pays à régulation plus développée.

Il est de bon ton en ce moment de taper sur les paradis fiscaux. Il y en a même un qui tape avec un très gros bâton, c’est l’Oncle Sam. Le fisc américain a réussi à prouver que la banque suisse UBS, par ailleurs déjà estropiée par la crise financière et mouillée jusqu’au cou dans le scandale Madoff, a aidé 300 de ses clients américains à frauder le fisc. Il a donc mis en demeure UBS de livrer le nom de ses clients et de payer une forte amende, ou de perdre sa licence bancaire américaine, ce qui lui interdit les clients américains, les actions et obligations et bons du trésor américains. Pour la première banque de gestion de fortune au monde, c’est quasiment un arrêt de mort. La banque a donc transigé, et, avec l’accord des autorités suisses, dérogé au célèbre secret bancaire pour livrer les noms des fraudeurs. Mais les autorités américaines en veulent plus, et somment UBS de livrer les noms de 52000 clients US, propriétaires présumés illégaux de 18.000 milliards de dollars.

Il va sans dire que l’Union Européenne s’engouffrerait dans une pareille brèche et réclamerait aussi les noms de tous les clients européens soupçonnés de pratiquer l’évasion fiscale en Suisse. Ce serait alors le plus retentissant scandale financier de l’histoire, car l’on constaterait que la Suisse abrite une formidable collection de tous les puissants de la terre. Les crapules en merde massive (pourquoi seul l’or serait-il massif?), narco-traficants, dictateurs cachant là le fruit de leur corruption et autres prévarications, trafiquants d’armes, proxénètes et ainsi de suite. Mais aussi de nombreux hommes riches plus soucieux de payer moins d’impôts que de suivre la loi à la lettre. Et on pourrait aussi trouver des sommes appartenant encore aux familles juives massacrées par les Nazis, sommes que les banques suisses n’ont restituées aux ayant-droits que sous la plus extrême contrainte (déjà!) et partiellement.

On y trouverait sans aucun doute aussi de nombreux politiciens de tous bords, y compris pourquoi pas des Démocrates du bord de ce même Obama dont l’administration menace UBS. Ainsi JusMurmurandi, toujours taquin, ne peut s’empêcher de constater que 2 des candidats retenus par le Président américain pour des postes importants ont du se récuser quand ils ont été confrontés à leur « oubli » d’avoir payé tel ou tel impôt. Même Timothy Geithner, aujourd’hui tout-puissant Secrétaire américain au Trésor a eu quelques soucis de ce côté-là, mais a néanmoins été confirmé par le Sénat.

On voit donc que les débat sur les paradis fiscaux a toutes les chances de se révéler croustillant. On commence fort civilement par vouloir réguler des place-fortes de la prise de risque sans limite, on continue par vouloir exploiter une des dernières ressources fiscales non encore mises à contribution, celle de la fraude et de l’évasion fiscales. On en profite pour jeter tout ce beau monde en pâture à la populace en mélangeant cette fraude fiscale qui n’est même pas un délit dans certains pays, avec la crise financière, les hedge funds, Madoff, les dictateurs et autres trafiquants. Et on va découvrir plus de secrets d’alcôve financière qu’il n’y a de contrôleurs fiscaux pour redresser tout ce joli monde, dont les démissions vont dépeupler le gotha de la finance et de la politique dans le monde entier.

Enfin ils vont, si la suisse « autorise » UBS à céder aux Américains. Car, pour sauver ainsi sa plus grande banque, la Suisse torpillerait une florissante industrie, ce qui n’est pas exactement dans leur nature. On peut donc s’attendre à une féroce résistance de la part d’un pays dont les défenses -ainsi que l’accueil par regardant du tout à leurs capitaux- a fait reculer les Nazis d’Adolf Hitler.

La suite promet d’être intéressante; JusMurmurandi se prépare à compter les coups, surtout s’ils sont bas.

Banques et automobiles, même combat?

février 23, 2009 on 2:08 | In Economie, France, Incongruités, International | 2 Comments

Les chiffres record s’accumulent avec cette crise véritablement sans précédent. Quelques uns illustrent l’état de confusion et de délabrement du système économico-financier mondial.

En janvier, le premier marché automobile au monde était…la Chine. Les marchés américain et japonais, effondrés, ont cédé le pas. Ce qui rend la situation véritablement intéressante, parce que le marché chinois est en pleine transition entre une part de marché étrangère de 100% au départ (dominé par Volkswagen, GM et les japonais), et une part de marché croissante de constructeurs chinois inconnus hier, et qui, aujourd’hui, visent aussi l’exportation.

Plus symbolique encore, le cas de Citigroup, hier premier groupe financier mondial. Son action est tombée la semaine dernière en dessous de 2 dollars, donnant à l’ensemble une capitalisation boursière de moins de un milliard de dollars. Moins de un milliard de dollars, c’est à dire moins que rien pour un groupe de cette taille. Moins de 5% de celle de BNP-Paribas par exemple, qui n’a pourtant pas été épargnée par la crise, ayant perdu les 3/4 de sa valeur en moins de 2 ans. Tandis que Citigroup a perdu plus de 95% de la sienne. L’exemple qui vient à l’esprit pour un tel effondrement d’un géant autrefois dominateur est, bien sûr, General Motors. Ce qui nous ramène tout droit au marché automobile. Comme nous y ramène aussi le fait que deux des trois métiers les plus sinistrés par la crise sont l’automobile et la banque. L’un et l’autre sont également liés par le fait qu’il faut que les banques fonctionnent pour que les consommateurs puissent acheter à crédit des automobiles.

Ce qui oblige à poser cette question quelque peu curieuse: la banque est-elle l’automobile des années 2000?

Par beaucoup de côtés, oui. Les pays occidentaux, anglo-saxons en particulier, avaient largement accepté le déclin de leur industrie manufacturière, automobile en particulier, en contrepartie du développement de leurs métiers de services, services financiers en particulier. Ce qui faisait de Citigroup le successeur naturel de General Motors au firmament de la toute-puissance économique américaine. Et les Américains n’ont eu de cesse, dans les négociations de l’OMC, de marchander l’ouverture de leur marché aux produits d’autres pays en contrepartie de l’ouverture de ces pays aux services financiers américains.

Un court retour en arrière rappelle que l’industrie manufacturière américaine traditionnelle a déjà cru connaître une manière de successeur sous la forme de la high-tech des années 90. Intel et Microsoft devaient être les nouveaux champions planétaires de l’Oncle Sam, et Bill Gates était l’homme le plus riche du monde année après année. On sait comment a fini cette formidable émergence, avec l’éclatement de la bulle Internet en 2000/2001.

Ce qui est plus curieux est que, dans de multiples cas, la menace -ou bien est-ce une promesse?- de nationalisation d’une banque a eu pour effet de faire remonter son cours de bourse, en montrant que l’Etat était prêt à garantir la survie de la banque. or l’action de Citigroup ne cesse de baisser à chaque discussion d’une possible nationalisation, alors que celle de GM monte et baisse dans les cas inverses.

Toujours est-il qu’il est clair que les Etats-unis ne répèteront pas l’erreur ruineuse qui a consisté à laisser tomber Lehman Brothers, ce qui permet à Citigoup, et à son concurrent Bank of America, atteint du même syndrome quoiqu’à un moindre degré, de poursuivre leur activité sans trop craindre un exode des clients. Mais que, si on évoque le dépôt de bilan de GM et Chrysler comme possible, voire même probable, personne ne se hasarde à envisager leur antionhalisation. C’est-à-dire là encore l’inverse de Citigroup ou Bank of America.

En attendant, si le monde commence à savoir penser une forme d’existence où la voiture à moteur à combustion interne d’hydrocarbures fossiles ne serait plus omnipotente, nous n’en en sommes pas, même de très loin, à commencer à imaginer un monde sans banques ni épargne ni crédit…

A un autre niveau, une fois de plus, une simple comparaison montre que la France ne s’en sort pas si mal face à ses concurrent anglo-saxons, que ce soit au niveau des banques, des fabricants d’automobiles ou du déficit budgétaire, ou encore de l’immobilier. De nombreux média de ces pays titrent d’ailleurs sur l’excellence du « modèle français » mixte État-marché.

On pourrait en déduire que Nicolas Sarkozy recueillerait les justes fruits de cette moindre dureté des temps en termes de popularité.

Ce serait supposer que les Français soient (1) économiquement alphabétisés, (2) aussi prompts à louer qu’à critiquer et (3) rationnels plutôt que passionnels

Finalement, de même que certaines entreprises doivent se réjouir aujourd’hui d’avoir perdu certaines batailles en 2007, comme Barclay’s qui a laissé son concurrent anglais RBS racheter la banque néerlandaise ABN-AMRO, achat qui l’a coulé, ou comme Michaïl Prokhorov qui a perdu la bataille du nickel contre deux autres oligarques russes et à été contraint de leur vendre ses actions contre cash juste avant l’effondrement de leur valeur, ce qui a ruiné les « gagnants », un voyage de Ségolène Royal est comme un long fleuve tranquille par rapport à tout déplacement de Nicolas Sarkozy.

Cela donnerait un tout nouveau sens à sa défaite et à la victoire de NS si tous deux avaient su à l’avance que gagner ce jour-là, c’était embarquer comme capitaine de paquebot quand rugissent les vagues géantes et soufflent les typhons.

On peut se demander aussi ce que pense François Pérol, aujourd’hui chargé des questions économiques au cabinet de Sarkozy et qui sera demain le patron de la fusion Banques Populaires-Caisses d’Epargne, toutes deux en grande difficulté notamment du fait de leur filiale commune, Natixis. Qu’ayant connu la peste, il est maintenant mûr pour lutter contre le choléra?

La grosse commission (de Bruxelles)

février 20, 2009 on 10:05 | In Coup de gueule, Economie, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermés

Il est des cas quand de talentueux humoristes qui s’astreignent à une production quotidienne d’humour sur commande ne sont pas très inspirés. Il y a alors un recours qui permet de pallier la panne d’inspiration, c’est le fameux thème pipi-caca. Laurent Gerra, le brillant imitateur qui se produit tous les matins sur une radio périphérique est bien connu pour ce recours à l’univers érotico-uro-scato.

C’est pourquoi, quand vous lisez ici que JusMurmurandi se lâche et que son titre donne dans la métaphore grasse, vous vous dites: eux aussi sont en panne d’inspiration.

Que nenni, Messeigneurs, c’est délibéré.

Car traiter la Commission de Bruxelles de grosse commission, c’est dire qu’ils ont fait plus que se compisser, il se sont conchiés. Et si d’aventure il vous déplaisait de lire pareils mots sous notre plume, sachez qu’ils sont empruntés, entre autres, à François Villon et à François Rabelais.

Revenons donc à l’étron qu’a commis la Commission (si l’on ose dire). Ladite commission était resté étrangement silencieuse depuis les mois que dure la crise qui bouleverse le monde et ruine les européens par millions. Encore sous la présidence Sarkozy Manuel Barroso faisait-il partie des voyages présidentiels, fût-ce aux places arrières de l’avion, mais avec la présidence tchèque, on a l’impression que la chaise de Commission est vide. Ce qui, contrairement à une chaise percée, qui sert à quelque chose, ne sert manifestement à rien. Il faut dire que, puisque la vacance de la Commission semble indiquer que sa principale occupation consiste à serrer les fesses pour attendre que cela se passe, on se demande quel usage ils pourraient avoir d’une chaise percée.

L’étron, donc, c’est qu’au milieu de cette immobilité constipée, la Commission a décidé de passer à l’action. Et a subito presto entamé une procédure de déficit contre 6 pays européens pour dépassement du déficit prévu par le pacte de stabilité, soit 3% du PNB.

Rarement a-t-on vu une action plus faux-cul. Il y a des mois que l’on sait que la crise va plonger les Etats européens dans une récession en 2009 qui va creuser les comptes budgétaires de tous. Il y a des mois que la Commission elle-même a recommandé d’appliquer des plans de relance de l’ordre de 1,4% de PIB. Ce qui veut dire que tout Etat dont les finances publiques connaîtraient un déficit supérieur à 1,6% du PIB serait interdit de relance. Quand on prend en compte la dégradation du déficit causé par une forte récession, qui ampute les recettes fiscales sans amputer les dépenses, cela veut dire que quasiment aucun Etat ne pourrait relancer son économie suivant les « conseils » de la Commission sans encourir les foudres de la même Commission.

Peut-être les Européns ne sont-ils pas suffisamment dans la mouise, ce qui expliquerait que Bruxelles ait voulu en rajouter une louche. Peut-être la crise donne-t-elle à suffisamment d’européens l’impression de l’avoir dans une partie charnue de l’anatomie au point que la Commission européenne ait voulu administrer à tous un puissant laxatif, dont on sait que l’effet premier est de faire chier.

Force est de reconnaître qu’ils ont réussi. On aurait voulu fâcher les Européens avec l’Europe version Commission de Bruxelles qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Et ce, pour faire bonne mesure, juste avant les élections européennes, qui permettront aux électeurs d’exprimer ce qu’ils pensent d’un pareil lavement.

A l’époque où les agriculteurs français voulaient faire pression sur la Commission pour obtenir d’elle de meilleurs prix garantis pour leurs productions, un moyen des plus fins, élégants et délicats qu’ils utilisaient pour se rappeler au bon souvenir des commissaires bruxellois était de déverser devant les bâtiments européens un savant mélange de fumier, de purin et de lisier.

Sans doute est-ce en mémoire de ce rituel historique que la Commission a décidé de se substituer aux agriculteurs de l’ancien temps. Et qu’elle se couvre elle-même, sans recours à des cochons ou à des tracteurs, de ses propres excréments.

Ou peut-être est-ce par solidarité avec les Européens, pour montrer qu’elle aussi est dans la merde?

La Russie, terre de l’échec ou des échecs?

février 19, 2009 on 7:00 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermés

Les échecs, c’est bien connu, sont une spécialité russe. Mais ce n’est qu’en langue française que les échecs, c’est-à-dire le jeu, sont le pluriel de l’échec, qui veut dire le ratage.

Or c’est bien une série d’échecs que récolte le pouvoir russe, sans doute pour avoir voulu trop jouer. Les faits sont bien connus: le meurtre en plein Moscou de la journaliste Anna Politkovskaïa. Ce crime en plein jour fait tache, d’autant qu’il n’est pas le seul, le banquier central Andréï Kozlov ayant été lui aussi massacré dans la capitale russe. Ainsi que de nombreux autres, moins connus en Occident, comme Zelimkhan Magomedov ou Alexandre Plokhine.

Mais le cas d’Anna Politkovskaïa ternit la réputation de la Russie et de l’équipe au pouvoir, qui est immédiatement soupçonnée d’avoir commandité l’élimination d’une journaliste d’opposition. Laquelle équipe annonce bientôt que les assassins sont connus. Et aujourd’hui s’achève le procès de 4 d’entre eux, en tout cas en ce qui concerne l’accusation.

Il faut dire que ce procès ne satisfaisait pas grand-monde. Les autorités n’avaient pas réussi à réunir de preuves contre les accusés. Des documents avaient mystérieusement été perdus. Les tests ADN sur l’arme du crime n’avaient rien donné. Le FSB, successeur du KGB avait refusé de livrer le contenu des dernières conversations téléphoniques d’Anna Politkovskaïa avant sa mort. Et surtout, il n’y avait ni mobile évident pour les 4 hommes, ni la moindre indication de l’identité d’un quelconque commanditaire. Enfin l’assassin présumé était absent, présumé en fuite à l’étranger.

Bref, on s’attendait à un procès fantoche comme Moscou en a déjà donné dans les années 30 et 50, un temps qui semblait révolu. Et on anticipait sur la satisfaction des autorités russes déclarant que tout allait pour le mieux dans la sainte Russie, où les coupables sont immanquablement châtiés pour leurs crimes odieux.

Oui, mais voilà, il y a eu un hic. Le tribunal a acquitté les 4 accusés. Du coup le meurtre est officiellement non résolu, et la farce de l’autosatisfaction medvedevo-poutinienne n’a pu être jouée. Elle était pourtant d’autant plus indiquée qu’il y a peu Stanislav Markelov, avocat impliqué dans des dossiers tchétchènes comme Anna Politkovskaïa, et Anastasia Babourova, stagiaire dans le même journal qu’elle, étaient assassinés en pleine rue à Moscou. Ce qui continue à faire tache. Tache de sang, bien évidemment.

Cet acquittement est donc à première vue un spectaculaire échec pour le Kremlin, dont la stratégie de « il n’y a plus rien à voir » est battue en brèche. Évidemment, cela pourrait permettre aux autorités russes de mettre en avant cette « preuve » de l’indépendance de leur justice alors que tous les Occidentaux considéraient cette affaire comme jugée d’avance, mais cette voie ne ressemble pas un coup d’échecs à la russe.

Non, ce qui serait plutôt dans leur manière est que, comme il n’y a pas eu condamnation, le dossier est toujours ouvert, et pourra donc resservir contre toute personne qui aurait eu le malheur de déplaire. Ainsi les autorités avaient déjà indiqué pendant un temps que les assassins de Politkovskaïa étaient aussi, contre toute vraisemblance, impliqués également dans le meurtre de Kozlov, voire dans celui d’Anatoli Litvinienko, mort d’avoir ingéré à Londres du polonium, matériau hautement radioactif administré, si l’on en croit l’opinion générale, sur ordre du Kremlin.

Pendant ce temps, après des années de détention, le ministère de la justice russe vient-il de lancer de nouvelles et graves accusations contre Michaïl Khodorkovski, l’ex patron milliardaire propriétaire de Youkos, emprisonné en Sibérie pour fraude fiscale après un procès largement considéré comme truqué. Pour quoi est-ce après des années, et juste au moment où il pourrait être libéré, que de nouvelles charges surgissent tel le squelette d’un mammouth du permafrost sibérien?

En tout cas, Jusmurmurandi fait deux prédictions. L’une que ce n’est pas au cours du procès Khodorkovski qu’on risque de voir le tribunal acquitter celui que le Kremlin veut vraiment abattre. Et donc, en corollaire, que l’affaire Politkovskaïa ressortira au moment opportun pour servir contre quelqu’un d’autre. Quelqu’un dont la condamnation vaudrait pour le Kremlin le coût de ces échecs apparents.

Dommage pour le Kremlin qu’on ne puisse pas coller ce meurtre à Khodorkovski. Encore que, et pourquoi pas? Voilà qui règlerait deux problèmes d’un coup.

Comme aux échecs…

Anna Politkovskaïa

Le triomphe du marché

février 19, 2009 on 8:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Il est des ironies cruelles. A l’heure où les anti-libéraux, anti-marchés et autres partisans de l’économie régulée ont des arguments pour démontrer que « l’économie de marché, ça ne marche pas », JusMurmurandi pose une question simple.

Dans tous les pays gros producteurs d’automobiles, cette industrie est sinistrée. Pour le moment, les Etats mettent les producteurs sous perfusion d’argent public. General Motors consomme 2 milliards de cash par mois, et le montant requis pour lui permettre, ainsi qu’à son concurrent Chrysler, de survivre ne cesse d’enfler. Histoire de dire que ce n’est pas du qu’à l’ineptie de ces constructeurs, à l’asthénie du système bancaire américain, ou à l’état de dépression de ce marché, Nissan, constructeur ayant affiché la plus forte marge bénéficiaire mondiale, cherche une injection de fonds de 20 milliards de dollars.

Quand ce n’est plus seulement le cancre, mais toute la classe, y compris les meilleurs élèves, qui sont en grave difficulté, peut-être est-il temps de remettre en cause le programme. Or, justement, pour cause de pollution et de réchauffement climatique, de renchérissement et de raréfaction du pétrole, la fin de la civilisation de l’automobile avait été programmée.

Le problème, c’est que quand une conjoncture d’une violence extrême et inattendue dévaste cette industrie, subitement tous se réveillent pour se rappeler le nombre considérable de personnes qu’elle fait vivre. Ainsi l’Allemagne, pays si soucieux d’environnement qu’il a voté il y a des années déjà sa sortie du nucléaire, accorde une aide de 2500€ par voiture vendue, c’est-à-dire achetée.

Le problème, c’est que les aides d’Etat ne font rien pour régler le problème. Tout au plus le reportent-elles en permettant aux constructeurs de passer une échéance, puis une autre, puis encore une. En attendant une hypothétique reprise, après laquelle tous espèrent que « cela redeviendra comme avant ». Pire encore, les aides sont assorties de conditions qui minimisent l’impact social des mesures prises par les constructeurs pour se restructurer, ce qui retarde leur inévitable adaptation à un monde qui aurait effectivement, au moins pour sa partie occidentalo-développée, mis à terme à son histoire d’amour avec la bagnole.

Complément d’ironie, cette crise des achats automobiles a été déclenchée par la hausse vertigineuse du coût des carburants, hausse qui appartient maintenant à un passé qui paraît bien lointain. Mais la baisse des prix n’a pas fait repartir la demande, qui, ces derniers mois aux USA situe le volume du marché quelques 50 ans en arrière. Ce qui vaut aussi au Japon une baisse vertigineuse de son PNB du 4e trimestre, à -12,7%, entraînée par une baisse des exportations de 45%!

C’est pourquoi JusMurmurandi observe que ceux qui théorisent sur le retour de l’Etat face aux marchés ont peut-être raison en parlant des marchés financiers. Encore qu’il faudrait se demander si les montants gigantesques de capitaux investis et garantis par les pouvoirs publics ont jusqu’ici relancé les activités de crédit, ce qui n’apparaît pour le moins pas évident aux Etats-unis notamment.

Mais il est un maître que même les Etats ne peuvent faire plier, c’est le marché. Si les consommateurs continuent de refuser de consommer et préfèrent, comme actuellement, se désendetter et épargner, il n’y a pas grand chose que les Etats y puissent. Le Japon qui a vécu 20 ans de récession/stagnation malgré de nombreux plans de relance coûteux aurait pu servir d’exemple.

Le problème le plus aigu est donc de trouver une réponse efficace à la question « comment faire boire un animal qui n’a pas soif? » Car, comme le sait la sagesse populaire, « on peut mener son cheval au puits, on ne peut pas le forcer à boire. »

C’est la faiblesse de tous les plans de relance de la consommation, à savoir que les sommes distribuées ne seront pas dépensées, mais épargnées, et ne contribueront pas à la relance tant désirée. C’est donc jeter de l’argent dans un puits sans fond.

JusMurmurandi note avec intérêt qu’il y a eu une proposition originale pour tenter de sortir en force de cette situation. C’était de donner non pas de l’argent, mais des bons de consommation, qu’il s’agisse de produits alimentaires ou de chèques services. Quelle situation abrancadabrantesque quand il faut forcer les gens à consommer. Quelle leçon pour ceux qui n’aiment pas le marché!

Si l’Etat, en bonne logique, est conduit par ce qui précède à distribuer des voitures à ceux qui veulent, JusMurmurandi tient à faire preuve de civisme et acecptera sans barguigner d’être parmi les premiers à participer à ce programme!

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