La France malade de Louis XIV
mars 22, 2009 on 4:37 | In Best of, Coup de gueule, France, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsLouis XIV est sans doute le Français à qui l’enseignement de l’Histoire de France accorde le plus de place. D’abord, sans doute, parce que la longueur de son règle lui a donné une vie bien remplie. Ensuite par la splendeur de sa face lumineuse, un rayonnement mondial, Versailles, une génération sans égale de génies artistiques. Et aussi la face sombre, les guerres, la révocation de l’Edit de Nantes.
Mais si Louis XIV est connu, c’est aussi pour avoir prononcé une phrase lapidaire: « l’Etat, c’est moi! ». Vous direz, quel rapport avec la crise qui frappe aujourd’hui?
JusMurmurandi s’interroge sur la fait que, dans cette conjoncture qui frappe grosso modo tous les pays développés de manière semblable, même s’il y a des différences d’intensité, la France est le seul d’entre eux où la crise ait déclenché des revendications sociales massives. Le plus étonnant est que, alors même que beaucoup de Français ne souffrent pas concrètement, tous demandent, protestent, exigent. Et sans nul doute se convainquent qu’ils sont des victimes.
Une cause saute aux yeux, à savoir que l’État, présumé jusque là impécunieux terminal, a trouvé des sommes considérables pour permettre aux banques françaises de ne pas sombrer, ce qui eût entraîné tout le pays avec elles. Dès lors le « mythe » de la « misère » de l’État a volé en éclats, et tous de se précipiter vers la mangeoire qui avait révélé un compartiment secret plein de nourriture en criant « et moi! et moi! et moi! ». Vous noterez au passage, que ce n’est même pas « et moi? et moi? et moi? » formulé comme une demande, mais avec un point d’exclamation qui indique l’exigence et l’ordre de faire.
Pourquoi n’en est-il pas de même dans les autres pays? La Grande-Bretagne, pourtant plus touchée que la France, a baissé sa T.V.A., mais pas à la suite de revendications, mais dans un désir gouvernemental de relancer au plus vite une machine économique en panne. Aux États-unis, les propriétaires menacés d’expulsion demandent bien à l’Etat de les dégager de leurs dettes inremboursables, mais de demande sociale générale, point. En Allemagne ou au Japon, rien.
En France même, on voit bien, que ce soit dans les propositions du PS ou dans les revendications des DOM TOM qu’il n’y a aucun rapport entre souffrir et exiger. Les fonctionnaires, qui sont statutairement totalement à l’abri de toute conséquence de la crise, ont encore une fois fourni les gros bataillons des grévistes de cette semaine. Le « coup de fouet » de Martine Aubry, c’est 500€ pour tous tout de suite, comme la hausse de 200€ des bas salaires dans les Antilles. On en est même à ce stade grotesque et choquant qu’un néo-chômeur, vraie victime de la crise, ne toucherait pas la prime Aubry, contrairement à un ouvrier ou employé qui ne serait pas touché.
Alors pourquoi?
Il semble que ce soit un héritage de la phrase de Louis XIV. En disant « L’État, c’est moi! », le roi-soleil signifiait clairement que l’État, c’était lui et lui seul, et donc personne d’autre. Ce que confirmait la pratique royale de lever des impôts dont les seuls partisans étaient ceux qui ne les payaient pas, l’aristocratie et le clergé, et ce contre l’immense majorité qui payaient ces impôts dont ils ne voulaient pas. Donc tous les Français peuvent avoir le sentiment que l’État, ce n’est pas eux. Donc qu’obtenir de l’argent de l’État, c’est tout bénéfice, puisque ce n’est pas eux qui paieront. Il y aurait donc une entité « État » indépendante des Français, puisque chacun est persuadé que c’est les autres. Ce qui pourrait se voir confirmé par le sentiment général que frauder le fisc, la Sécu ou les Assedic, ce n’est pas vraiment frauder, puisque ce « n’est que » l’argent de l’État. État d’esprit qui, soit dit en passant, est aussi celui des pirates de l’Internet, qui téléchargent sans payer de droits. Ils ne se conçoivent pas comme des voleurs, mais simplement comme des astucieux qui ne voient pas pourquoi payer quand on peut ne pas le faire « et que tout le monde le fait.
Il est d’ailleurs symptomatique -et quelque peu effrayant- de se dire que cette déconnexion entre les Français et l’État rappelle le sentiment des Français, à mesure que la dynastie des Louis avançait vers le fatal chiffre XVI, que le Roi, c’était de moins en moins « eux ». Louis XV jeune était le « bien-aimé ». Louis XV vieux n’était que l’amant de la vulgaire roturière rebaptisée Mme du Barry. Et Louis XVI eût été heureux avec une vie d’horloger. Les Français sont arrivés à la conclusion que payer pour cette caste-là n’était plus de mise.
C’est pourquoi JusMurmurandi a une interprétation complètement différente de celle qu’on lit couramment dans la presse de l’état d’esprit de la population. Fabius annonce avec des prudences de chattemite que les Français sont au bord de l’insurrection. Mais ce ne serait pas plus une insurrection de gauche que la Révolution n’a été de gauche. Ceux qui ont eu le pouvoir à la fin du cycle révolutionnaire, c’était la bourgeoisie, qui, jusque là n’avait pas eu son mot à dire quand bien même elle payait pour tout le pays. La situation n’est pas très différente aujourd’hui, où la classe moyenne paye pour tout. Pour les classes moins moyennes, qui ne payent pas d’impôt sur le revenu (50% de ménages ne le payent pas!), vivent dans des HLM largement subventionnés (pourquoi?) et touchent toutes sortes d’allocations et aides. Pour les classes supérieures qui soit ont un moyen de ne pas payer trop d’impôts grâce à d’innombrables niches fiscales, soit s’en vont purement et simplement (ici, l’émigration, c’est avant la Révolution, pas après comme en 1789).
Pour éviter cette nouvelle explosion d’une classe moyenne conservatrice,mieux vaudrait peut-être, après avoir enterré Marx et la révolution prolétarienne, commener par enterrer Louis XIV, et comprendre qu’en France aussi, l’Etat, c’est nous.
La cavalerie américaine arrive à temps pour la Société Générale
mars 21, 2009 on 6:45 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésCertaines institutions ont, presque autant que des humains, du caractère. Dans certains cas, mauvais caractère, dans d’autres un caractère particulier. C’est le cas d’une banque qui ne fait jamais rien tout à fait comme les autres, la Société Générale. Si bien qu’elle devrait changer de nom pour s’appeler la Société Particulière, car son cas est tout sauf général.
Cette semaine éclaire une fois encore les particularismes de cette vénérable banque. D’un côté, elle figure au 2e rang sur la liste des banques que l’assureur américain AIG n’a pu rembourser que grâce aux fonds injectés par l’Etat américain. 11,9 milliards de dollars, une paille! Seule Goldman Sachs a reçu plus, qui, soit dit en passant, est l’ancienne boutique de Henry « Hank » Paulson, le secrétaire d’Etat au Trésor de l’Administration Bush qui a décidé de sa survie et de ne pas aider Lehman, le rival honni.
11,9 milliards de dollars d’argent du contribuable américain, soit presque exactement 2 Kerviel. Il est clair que la Société Générale n’aurait jamais pu survivre si elle avait du faire une croix sur cet argent. En tout cas, pas comme banque indépendante. Elle doit donc une fière chandelle à Henry Paulson et aux contribuables américains qui l’ont tiré d’un mauvais pas.
Vous direz qu’après tout, AIG n’a fait qu’honorer ses contrats, et que la Générale n’a donc rien reçu de particulier. Mais, quand une banque vous refuse un prêt, c’est qu’elle estime ne pas être sûre d’être remboursée, et donc qu’il y a trop de risque. Et que c’est son métier de ne pas prendre trop de risque. Là, quoique la somme soit un peu plus élevée (!), la mécanique est la même. La Générale a prêté, donc pris un risque. Et ce risque a failli la couler. Elle ne dira jamais assez merci à l’Oncle Sam.
Pendant ce temps-là, les dirigeants de la Générale se sont voté, on l’a appris hier, un généreux plan de stock-options. Alors certes ils l’ont étendu à 4200 personnes pour éviter les critiques. Mais quand même, des stocks options, d’un montant qui atteint plusieurs millions d’euros pour les principaux dirigeants alors que (1) la Générale a quand même la même année subi la perte Kerviel et failli couler avec AIG, et que (2) elle est sous perfusion d’argent public.
Mais sur quelle planète vivent donc ces cadres? Si, dans ces conditions ils se votent des stock-options, n’y en a-t-il donc aucune où ils considèrent que leur performance aura mérité zéro? On comprend Nicolas Sarkozy quand il dit que les entreprises qui auront mendié (il n’y a pas d’autre terme, même s’il n’est pas commun dans les salons feutrés du capitalisme financier) l’aide de l’Etat ne sauraient distribuer aucune « rémunération variable » (stock option, bonus, etc..) tant que durera ce soutien.
On imagine que la Société Générale et ses dirigeants se contrefichent de ce que dit Nicolas Sarkozy, comme à l’époque où il estimait que Daniel Bouton devait partir en tant que PDG au moment de l’affaire Kerviel. Bercy exige d’ailleurs, dans la foulée du Président, que les bénéficiaires de ce plan ne touchent rien tant que le soutien de l’Etat sera nécessaire. La SG s’y plie d’autant plus volontiers que l’une des conditions des stocks options étaient qu’elles ne puissent être exercées avant 2012, ce qui fait que les conditions de Bercy ne changent rien. En attendant 2012, la valeur des stocks options continue de courir, et, comme elles auront été émises à un cours particulièrement bas, elles ont des chances de rapporter d’autant plus à leurs heureux bénéficiaires. Qui, s’ils n’ont pas su gérer de façon à éviter Kerviel et AIG, savent en revanche très bien compter quand leur intérêt est en jeu. A titre d’exemple, le petit rebond du titre SG en quelques jours vaut déjà, en théorie, une plus-value sur papier de 600.000 euros pour M. Oudéa, son directeur général. On n’en attendait pas moins du successeur de Daniel Bouton à ce poste.
Mais JusMurmurandi se pose une question aussi impertinente que taquine. Si la Générale a été sauvée par le renflouement d’AIG, qui lui a permis de récupérer ses 11.9 milliards de dollars fort aventurés, elle est donc un des bénéficiaires de l’aide publique américaine. Et donc n’est-elle pas astreinte au conditions qui y sont attachées?
On rappellera que le Congrès américain vient de voter l’imposition à 90% de toutes les rémunérations variables des dirigeants d’entreprises ayant reçu l’aide de l’Etat américain.
90% sur le produit des bonus et des stock-options? Cela montre qu’aux Etats-Unis, temple du capitalisme, mais aussi pays très religieux, le pardon des fautes passe par la repentance. Et, comme l’a rappelé encore récemment le pape, par une bonne vieille période d’abstinence. Et la SG, après avoir accepté l’argent de l’Oncle Sam, peut difficilement ne pas accepter aussi la leçon de morale. Sinon, ce serait mordre la main qui l’a nourrie…
Plus on est de fous, plus on rit…
mars 20, 2009 on 8:47 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, Poil à gratter | 2 CommentsLa journée d’hier a été fascinante.
En France, comme chez ses partenaires économiques, le ralentissement économique touche la population active de plein fouet.
Comme l’avait annoncé JusMurmurandi, si en 2008 on a eu peur, en 2009, on a mal.
Car si le premier phase du ralentissement est due à l’incurie d’un système bancaire guidé par Avidité et Cupidité, entrainant une ralentissement des secteurs industriels et des services, nous sommes aujourd’hui la cause de la poursuite, de l’aggravation de ce ralentissement.
Chaque fois que nous allumons la télévision, consultons internet, écoutons la radio ou encore lisons les journaux pour suivre les actualités, immanquablement, au moins une ligne, une minute sont consacrées aux difficultés économiques d’une entreprise, d’une partie de la population ou d’une nation.
Et quelle est la réaction naturelle ? Est ce de se battre pour contribuer à titre individuel à remettre la machine économique en route ? Est-ce de remplacer, par exemple une voiture qui peut encore rouler ?
Il faudrait être fou pour faire cela. Car cela voudrait dire de ne pas céder aux dangers annoncés ou réels, de dépenser, selon ses moyens, une part plus importante qu’habituellement de son revenu afin de remettre de l’argent frais dans le circuit.
C’est pour cela que la journée d’hier nous a fascinés.
Car finalement, à quoi a t elle abouti ?
Un, deux, trois millions de personnes dans les rues ?? Et alors ??
En Chine par exemple, pays tout autant impliqué dans le système économique mondial, ce sont des dizaines de millions de personnes qui sont touchées.
Alors que quelques Français descendent dans la rue, peccadille !
Non assurément, vu de l’étranger, on doit vraiment prendre les Français pour des fous, car encore une fois, ce n’est que par le travail, l’entraide et la solidarité nationale que l’on va s’en sortir. Comme le font les autres pays touchés. Et non en descendant dans la rue, sans autre but, avoué ou non, que de profiter des premiers beaux jours.
En cela, la France est une fois de plus seule, comme au temps des 35 heures, qu’elle est la seule à avoir voulu, dans un moment de folie, imposer à ses entreprises, puis au secteur public, au grand dam de la concurrence ou de la notion de service de la fonction publique.
Mais le plus fou de la journée d’hier, comme toujours un grand succès syndical, c’est que l’on ne peut même pas lire de journal aujourd’hui à son sujet. Rien. Pas une ligne.
Les journaux ne sont pas parus aujourd’hui….suite à la grève !
Du bon usage de Nietzsche en période de blocages d’université
mars 20, 2009 on 7:44 | In Best of, Coup de gueule, France | Commentaires fermésJusMurmurandi observe avec amusement et désolation le cortège grotesque d’étudiants encore adolescents, bloquant à quelques dizaines l’accès de leur université aux milliers d’autres qui souhaiteraient aller y étudier. Les inénarrables AG, soviets navrants et enflammés où une poignée de casseurs incultes décide de voter sans rire l’interdiction du libéralisme ou l’invalidation de l’élection de Nicolas Sarkozy, font désormais partie du paysage français, et illuminent chaque année, alors que reviennent le printemps et son lot de poussées hormonales urbaines incitant les porteurs de pancartes à battre le pavé sous le regard ému et bienveillant de professeurs complices, ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « printemps social ».
Mais si ce cirque tout aussi cocasse que prévisible creuse chaque jour un peu plus la tombe de la France maquillée sous le nom usurpé mais rassurant de révolte, il n’en demeure pas moins amusant de regarder s’égosiller ces bandes d’adolescents dont les méthodes d’intimidation rappellent que, loin d’être des idéalistes, comme le disent à l’envi des media fascinés par le miroir de leur propre jeunesse, ce sont là des réalistes pragmatiques, capables de paralyser en quelques heures l’ensemble de l’enseignement supérieur d’un pays, grâce aux réseaux qu’ils ont patiemment tissés en vue d’être désormais les véritables maîtres de l’université contemporaine.
Minoritaire numériquement, certes, mais infiltrés à chaque poste stratégique, et dotés d’une volonté sans faille d’en découdre avec le système dont ils oublient qu’ils sont le produit le plus navrant. Nourris aux pensées du soupçon, adulant les Bourdieu, Foucault, Derrida et autres Lyotard, ils brandissent Nietzsche comme l’étendard vibrant de ce qu’ils croient être l’expression de leur révolte. Ces anarchistes venus de SUD et de la CNT, réclament à tue-tête à un Etat dont ils nient la légitimité, de l’argent, des droits, de la justice, du bonheur. Ils vont mal, ils sont malheureux, mais il leur faut un coupable : ce coupable, ce ne peut pas être eux, ce ne peut être que l’Etat bourgeois, vendu au diable lui-même, soutenu en sous-main par Laurence Parisot qui, selon les slogans en vogue, « nuit gravement à la France ». Alors le remède à leur mal-être ne pourra être à leurs yeux que la dénonciation du coupable à cause duquel ils souffrent, et toute leur lamentable existence se transformera en haine à l’encontre de bouc-émissaires hypostasiés en démons auxquels on signale, chaque jour, l’illégitimité de leur pouvoir et, parfois même, de leur existence. S’ils n’en sont pas convaincus, on le leur rappellera par l’envoi de menaces de morts, délicatement accompagnées de balles de 9mm.
Alors, à tous ces apprentis anarchistes qui croient se réclamer de Nietzsche et du soupçon, JusMurmurandi aimerait rappeler que ce dernier, dans le Crépuscule des idoles, livre qu’ils n’ont pas dû lire puisque leurs camarades de 2005 en ont détruit les exemplaires dans les bibliothèques universitaires que, de toute façon ils ne fréquentent guère, avait eu les mots suivants à leur encontre :
« Quand l’Anarchiste, en tant que porte-parole de couches décadentes de la société, exige avec une belle indignation le « Droit », la « Justice », l’ « Egalité des Droits », il n’agit que sous la pression de son inculture, qui ne sait comprendre pourquoi il souffre au fond, et de quoi il est pauvre, c’est-à-dire de vie… C’est l’instinct de causalité qui l’emporte chez lui : s’il se sent mal, il faut quelqu’un soit en soit cause… De même, sa « généreuse indignation » lui fait déjà du bien. C’est pour tous les pauvres diables un vrai plaisir que de pouvoir proférer des injures – cela donne une petite ivresse de puissance. Les plaintes, déjà, et le simple fait de se plaindre, suffisent à donner à la vie assez de charme pour qu’elle soit supportable. Il y a dans toute plainte une subtile dose de vengeance : à ceux qui sont faits autrement, on reproche son mal-être, ou, le cas échéant, sa bassesse, comme une injustice, comme s’ils jouissaient d’un privilège illicite. « Si je suis une canaille, tu devrais aussi en être une. ». »
Cela se trouve au § 34 du Crépuscule des idoles, mais savent-ils seulement qu’il existe des nombres autres que 17, 36 et 68 ?
Brèves histoires indécentes
mars 19, 2009 on 12:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésUne infirmière est soupçonnée d’avoir détourné 800.000 euros en surfacturant la Sécu en 2007 et 2008. Pour obtenir une telle somme elle a facturé des actes qu’elle n’a jamais faits. Le problème, c’est qu’il eût fallu, si tout avait été fait dans les règles, qu’elle travaille 12 heures par jour 7 jours sur 7 à raison d’un acte pour les 3 minutes. Soit une charge de travail totalement invraisemblable, et une rémunération hors normes dans un pays où les infirmières sont pour la plupart tellement mal payées qu’on en manque.
La question que pose JusMurmurandi: où donc étaient les contrôleurs de la Sécu? A la plage? (cela s’est passé à Nice). N’y a-t-il aucun « regard » sur les chiffres quand ils deviennent par trop atypiques? S’il en faut tant pour que la Sécu réagisse, combien de « petits » détournements passent inaperçus? Quand on connaît le déficit de la Sécu, et les économies de bout de chandelle qu’il conduit à faire par ci par là, un tel laxisme est indécent.
Les Républicains américains tirent à boulets rouges sur l’Administration républicaine d’Obama. En cause, bien sûr, les scandaleux bonus de 160 millions de dollars qu’AIG va payer au titre de 2008 à des collaborateurs, alors même que sa déconfiture aura coûté des centaines de milliards aux contribuables américains. Les sénateurs accusent leurs homologues démocrates de ne pas avoir verrouillé ce point et subordonné la nouvelle tranche d’aide à l’annulation de cette clause des contrats de travail. Ils manquent pas d’air, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est leur Administration qui a eu 8 ans pour contrôler et réguler ce qui se passait. C’est leur Administration qui a mis au point le sauvetage d’AIG qui ne comprenait pas de clause d’annulation de bonus. C’est sous leur Administration que ce sont signés ces contrats indécents. Comme l’est aussi la prétendue indignation vertueuse des opposants d’aujourd’hui qui demandent des comptes sur ce qu’ils ont eux-mêmes fait hier.
Lundi à Roubaix, un garçon de 14 ans, déjà connu des services de police et conduisant une voiture volée, renverse une jeune fille de 15 ans et lui cause de multiples fractures. Le juge des enfants l’a remis en liberté en lui imposant des mesures éducatives. Qui peut croire que cet adolescent aura retenu la leçon et restera désormais dans le droit chemin? La prison est, c’est bien connu, l’école de la récidive. Mais, dans un cas comme celui-ci, l’impunité, c’en est l’université!
A Moscou, Yelena Baturina, 46 ans, a demandé au Kremlin que l’Etat russe garantisse un milliard de dollars de dettes de son entreprise, le promoteur immobilier Inteko, qu’on suppose donc en grande difficulté. Mme Baturina est connue pour avoir été la seule femme milliardaire de Russie, avec un pic à plus de 3 milliards, dont elle aurait aujourd’hui perdu au moins 2,3 milliards. Déjà, il peut paraître indécent qu’une femme aussi riche demande à l’Etat de la tirer d’une situation où elle s’est elle-même mise en étant illiquide et endettée au moment où la crise a frappé. Ce dans un pays où la disparité entre riches et pauvres est extrême.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est que Yelena Baturina est la femme du très puissant maire de Moscou, Yuri Luzhkov…
Depuis le Zimbabwe, le vieux dictateur Robert Mugabe « au nom du peuple zimbabwéen » a appelé les Etats-Unis et l’Union Européenne à lever les sactions économiques qui frappent son pays, car elles sont « inhumaines, cruelles et infondées ». Comment Mugabe ose-t-il parler au nom d’un peuple qu’il a si mal dirigé pendant près de 30 ans, dont il a fait battre, voire assassiner les opposants, dont il a détourné le vote, dont il a pillé les biens? Et surtout, qu’il dise que les sanctions sont inhumaines et cruelles, passe encore. Il y a un vrai débat sur de telles sanctions, leur efficacité et les dégâts collatéraux qu’elles entraînent. Mais qu’il dise qu’elles sont infondées est totalement indécent. S’il y a un Etat au monde qui a été ravagé avant tout par ses dirigeants, c’est le Zimbabwe. Quand la voix de cette vieille crapule se taira-t-elle enfin?
En matière de crapule, en voici une autre. Josef Kumpf, 83 ans, a été déporté par les Etats-unis, son pays d’adoption, vers son Autriche natale, après avoir perdu sa nationalité américaine. La cause: il a été pendant la seconde guerre mondiale, en tant que membre de la sinistre SS « Totenkopf », garde aux camps allemand de Sachsenhausen puis polonais de Trawniky. C’est là qu’il assista au massacre par balles de quelques 8000 juifs, avec ordre de tirer et d’achever fuyards et survivants éventuels.
Vous nous direz: qu’y a-t-il d’indécent (le thème de ce billet, après tout), à ce que les États-Unis déportent pareille ordure? C’est que l’Autriche ne poursuivra pas Kumpf, pour cause de prescription depuis 1965! JusMurmurandi croyait que des actes tels que ceux de Kumpf relevaient des crimes contre l’Humanité, et que ceux-ci sont, toujours à notre connaissance, imprescriptibles. Visiblement, l’Autriche en a décidé autrement, et cette prescription, qui eût en France sauvé Barbie, Leguay, Bousquet, Papon et Touvier, entre autres, permet à ce pays de ne plus rouvrir ce chapitre quelque peu gênant -ou plutôt qui devrait l’être, et qui le serait s’il n’était étouffé par un silence imposé- de son histoire. Ce qui lui a permis, il y a quelques années, de porter un certain Kurt Waldheim à sa présidence malgré son passé nazi.
De la sorte, Josef Kumpf finira ses jours en paix dans son pays natal. Waldheim est mort il y a deux ans, mais nul doute que d’autres comme lui feront que Kumpf ne se sentira pas trop seul. Subitement les mots n’ont plus de sens, et même celui d’indécence paraît tellement insuffisant…
Vive la Résistance !
mars 17, 2009 on 11:45 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésQuelle frustration que celle des majorités silencieuses qui subissent.
Par exemple les électeurs qui voient la classe politique ouvrir les cordons de la bourse pour ceux qui crient, manifestent ou paradent le plus bruyamment, voir plus si affinités.
Elie Domota et consorts, par exemple, suivez mon regard.
Car rarement cette classe politique, si prompte à défendre bec et ongles les avantages dits acquis de telle ou telle minorité, y compris les siens, ne monte au créneau pour défendre les intérêts de la majorité silencieuse qui encaisse les coups tandis qu’elle décaisse toujours plus d’impôts, taxes et autres délicatesses du même genre pour financer telle ou telle minorité bloquante.
Mais pour une fois il semblerait que l’on ait atteint le seuil de tolérance, de douleur aux Etats Unis.
Le Sénat américain, excédé par les primes versées par l’assureur AIG qui a en parallèle reçu 130 milliards de Dollars d’aide du gouvernement, a exigé de l’entreprise qu’elle revoie immédiatement les contrats de ses salariés afin de neutraliser les bonus et autres primes sous la menace de les imposer au travers d’une nouvelle loi visant à rendre l’argent aux contribuables en assujettissant les primes à de sévères pénalités, de plus de 90%.
De même a t on vu en février dernier en Afghanistan, dans la région de Dara-e-Noor, les habitants d’un village attaqué par des Talibans qui avaient assassiné un dirigeant politique local prendre ces derniers en chasse. Les villageois ont neutralisé les Talibans et les ont assénés de coups jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Bref, ils ont montré que la majorité habituellement silencieuse et détentrice du droit pouvait aussi, de temps en temps, ne pas se coucher, montrer les dents, se battre, y compris avec les mêmes armes que les assaillants, et non éternellement subir.
Ce soir, François Chérèque a déclaré qu’il « ne craignait pas d’embrasement social et que bien évidemment il ne le souhaitait pas ».
Peut être est ce (aussi) pour ne pas susciter de vocations chez les citoyens français souhaitant travailler qui vont jeudi prochain subir une fois de plus la grève d’une minorité de salariés, issus du secteur public des transports, qui, eux, ont la garantie de l’emploi etc. etc. (le mot service nous apparaît ici inapproprié).
Au cas où ils seraient tentés d’en venir aux mains avec, par exemple, les conducteurs de la SNCF comme ce fut le cas, si bien caché par les médias, en début d’année….
L’appât du gain
mars 17, 2009 on 7:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésGordon Brown se dit, maintenant, qu’il eût du se montrer plus ferme il y a 10 ans, à l’issue de la crise asiatique, pour imposer des réformes et des limites aux aspects « casino » de l’économie financière.
Sur un autre plan, le Premier Minstre chinois, Wen Jiabao, se dit préoccupé par les investissements colossaux que la Chine a faits en Bons du Trésor américains. Il veut espérer que les États-unis feront ce qu’ils faut pour rembourser cette dette.
Dans ces deux cas, et de nombreux autres où des « responsables » ont de semblables regrets tardifs, JusMurmurandi se demande vraiment qui peut croire à ces balivernes, sornettes, et contes pour enfants.
Brown savait très bien il y a 10 ans qu’un jour l’économie financière allait faire face à une crise, et que celle-ci serait proportionnelle aux risques prix, c’est à dire colossale. Wen Jiabao sait très bien pourquoi son pays achète des Bons du Trésor américains. Nous sommes tous au courant des déséquilibres structurels massifs qui affectent l’économie mondiale, mais nous faisons semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien sentir.
Pourquoi? Cela s’appelle l’appât du gain.
En laissant se développer la section « casino » de l’économie financière mondiale, Gordon Brown a permis à la City de Londres de créer quelques centaines de milliers d’emplois fortement rémunérés, et, ce faisant, de propulser l’économie britannique pendant 10 ans. 10 ans où, coïncidence certainement, il a été au pouvoir, comme Chancelier de l’Echiquier d’abord, puis comme Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté.
Wen Jiabao sait très bien que l’achat de Bons du Trésor américains joue un rôle déterminant dans la décision de toujours renouveler la clause de la nation la plus favorisée dont bénéficie la Chine de la part des Etats-Unis, clause qui favorise les exportations chinoises vers l’Amérique. Clause qui, soit dit en passant, est une véritable escroquerie au dépens de pays véritablement pauvres, et non « pauvre » comme la Chine, 2e économie mondiale, et seule à croître même en 2009 quand le monde entier sera en récession.
Il y a d’autres déséquilibres. Le tandem infernal du déficit budgétaire et du déficit commercial américains. Un jour, il faudra bien payer la note. La dette accumulée par certains pays (France, Italie, Japon notamment), et les déficits budgétaires correspondants. Sans compter les problèmes insurmontables de retraite des systèmes par répartition quand le ratio d’actifs à retraités sera tombé à 1 pour 1 en 2020.
JusMurmurandi entend d’ici les regrets des responsables d’alors, pour ce qu’ils n’auront pas fait en temps plus prospères.
Ainsi les socialistes français, qui ont eu la bonne fortune de gérer la prospérité de la fin des années 80 en ont profité pour créer le RMI, et celle des années 90 l’ont dépensée dans les 35 heures. Qu’ont-ils fait pour éviter la faillite inévitable des retraites? Rien. Pour combler une fois pour toutes le déficit budgétaire? Rien.
Il est tellement plus attirant, et électoralement payant de dépenser tout de suite l’argent qu’on a dans la poche (dans les poches des contribuables, bien entendu), et même celui qu’on aura demain, et après-demain, et encore après. Tellement plus joyeux de présider à la prospérité et à l’abondance d’aujourd’hui et de laisser à un quelconque successeur le fardeau de la crise de demain.
Notre article d’hier comparaît l’affreux parâtre autrichien Fritzl qui a enfermé sa fille et lui a fait 7 enfants en 24 ans d’inceste forcé et les piranhas de la finance internationale, Madoff en tête. Un commentaire a trouvé cet article « dur ». De fait, l’adage qui veut que « plaie d’argent ne soit pas mortelle » conduirait à penser que le sort des investisseurs qui ont perdu ce qu’ils ont confié à Madoff ou leur capital investi en titres Citigroup, AIG ou Lehman est bien clément comparé aux affres infernaux de la fille de Fritzl et de ses petits-enfants. Peut-être. Mais quand on fera le compte des innombrables désespoirs, ruines, dépressions et autres suicides ou folies meurtrières déclenchés chez ceux qui se sentiront -et non sans quelque raison- trahis par un système dont les coupables se votent envers et contre tout des bonus, on verra que Fritzl, par comparaison, n’aura été qu’un artisan de l’horreur, là où auront sévi de puissants industriels.
N’est-il pas temps de créer une section économique des crimes contre l’humanité?
Riposte
mars 15, 2009 on 8:24 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésJusMurmurandi est goguenard ce soir après avoir écouté l’ancien Premier Ministre Laurent Fabius déclarer pendant l’émission « Ripostes » qu’il y a un risque de révolte au printemps.
Petite digression.
Laurent Fabius, fils d’un riche antiquaire, est le géniteur de l’IGF, impôt sur les grandes fortunes, et ancêtre de l’ISF. Lorsqu’il voit le jour, il exclut les oeuvres d’art. L’homme est incontestablement intelligent, et…habile.
On ne va quand même pas saper le business de papa même si l’on s’affiche à gauche.
Devenu Premier Ministre, son mandat est malencontreusement sali par l’affaire du sang contaminé. Sa carrière politique en sortira à jamais entachée, même si l’intellect de l’homme est intact.
Alors l’entendre aujourd’hui déclarer qu’il y avait un risque d’embrasement, avec le ton mielleux qui est le sien, c’est tout bonnement insupportable.
Car, en dépit de son brillant intellect, il est comme les membres du PS en ce moment, prompt à critiquer, mais aux abonnés absents lorsqu’il faut passer à l’acte ou encore faire des contre propositions.
Passer à l’acte ? Jack Lang est le seul socialiste qui a accepté de voter la modification de la Constitution qui donne plus d’autonomie et d’autorité au Parlement.
Personne d’autre au PS, comme lorsqu’il s’est agi de voter les mesures de 26 milliards d’Euro destinées à soutenir l’économie, à un moment ô combien critique.
De temps en temps il réussit aussi, comme le passage à l’Euro dont il a la responsabilité pendant la cohabitation de Lionel Jospin durant laquelle il est Ministre de l’Economie, la Mnef ayant eu raison de DSK, et les agents du Ministère de Christian Sautter (a contrario d’Eric Woerth qui, lui, a maintenant réussi la simplification que Sautter a ratée.)
Aujourd’hui, Fabius annonce la catastrophe, tel l’homme qui sourit en soufflant sur les braises.
Voilà qui est vraiment utile pour la Nation.
Mais bon, cela ne fait il pas 7 ans qu’il n’est plus aux affaires, qu’il n’est plus président de l’Assemblée et, tout grand bourgeois qu’il est, s’est affiché aux côtés des communistes pour inviter (avec succès hélas) les Français à rejeter le projet de Constitution européenne en 2005. Ce qui lui vaudra un vote pour l’exclure du PS en juin 2005…
Lui qui pense qu’il sait toujours mieux que tout le monde et sait qu’il pense de même, n’est arrivé que triste troisième derrière DSK et Ségolène pour la candidature PS aux élections présidentielles de 2007. Une espèce de Juppé de gauche, en ce qu’il a raté l’héritage de son père politique, François Mitterrand, après avoir été le plus jeune Premier Ministre que la France ait connu.
Une belle mécanique, qui ne sait fonctionner quasiment qu’à contre courant….Et même pas recyclable avec l’ouverture aux membres du PS de Sarkozy…
Bref, c’est un sentiment de tristesse, de mélancolie qui assaille JusMurmurandi ce soir en l’écoutant parler.
Faire le Total!
mars 14, 2009 on 8:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermésOn connaissait déjà l’expression « faire la totale », pour désigner une opération faite au maximum, l’expression « faire le total », pour désigner une addition, voici maintenant « faire le Total », comme l’entreprise éponyme qui conjugue profits record et suppressions de postes.
Il faut dire que Total est déjà coupable, parce qu’ils ont dégagé un profit record pour une entreprise française de14 milliards d’euros. Il y a en France une vieille incapacité à aimer ses entreprises. Une idée marxisante suivant laquelle le profit ne peut être que le produit de l’exploitation des collaborateurs et des clients, ou catholicisante suivant laquelle le profit est, comme le culte de Mammon, « mal ».
Peu importe que Total n’ait, proportionnellement, pas gagné plus que ses rivaux, tous étrangers, ce qui montre qu’il a suivi les courbes de son industrie. Peu importe que Total n’ait aucune chance de renouveler cette performance aujourd’hui, compte tenu de l’effondrement du prix du pétrole et de la baisse de la demande survenus entre temps. Peu importe que Total paye d’autant plus d’impôts qu’il fait plus de bénéfices.
Alors, quand Total annonce qu’il va restructurer sa division raffinage, avec pour effet de supprimer 550 emplois à Gonfreville, c’est l’hallali. Peu importe qu’il n’y ait pas licenciements secs. Peu importe que Total investisse pour moderniser son outil de production. Peu importe que Total soit créateur net d’emplois en France. Aucun mot n’est trop dur pour condamner Total, et mettre face à face les profits d’un côté, et les suppressions d’emplois de l’autre.
Il est clair que Total n’a pas du être surpris de cette levée de boucliers et de la bordée d’insultes qui va avec. On peut donc se demander pourquoi ils n’ont pas attendu de publier des résultats du premier trimestre 2009, en forte baisse, pour que la pilule passe plus facilement.
Peut-être Total croit-il simplement que le droit suffit en France, et que le fait de ne pas remplacer des employés partant en retraite est un droit clair, puisqu’il n’y a pas de licenciements à justifier. Ce serait curieux de la part de la société qui a été agressée pour le naufrage de l’Erica, au mépris de toute la législation et de la jurisprudence existantes.
Croire que le droit suffit en France? Total ferait mieux de lire JusMurmurandi, tant il y d’exemples où hommes politiques, syndicats, groupes de pression et autres communautés d’intérêts ignorent froidement la loi dans leur quête du pouvoir et de l’argent. Et qui, le plus souvent, arrivent à leurs fins. Les violations de la loi à la Guadeloupe et à la Martinique se sont révélées payantes, et la séquestration du patron de Sony aussi.
JusMurmurandi a une solution simple à proposer à Total. Quand il y aura trop de profits, la prochaine fois, il suffira de les confier à un gourou de la finance infiniment respectable, qui se chargera de les faire disparaître en vitesse. Ce qui s’appelle subir une perte Total…. Comme cela, Total sera une victime qui prendra à regret les nécessaires mesures de restructuration, et non la multinationale sans foi ni loi qu’elle est menacée d’être aujourd’hui.
Comme quoi les Madoff de notre monde ont encore de beaux jours devant eux….
Mourir pour Madoff?
mars 13, 2009 on 7:39 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésL’affreux Bernard Madoff est en prison. L’homme qui a escroqué pas moins de 50 milliards de dollars a dormi sur la paille humide des cachots. L’homme qui a dépouillé les retraités et autres fondations charitables (mais pas seulement, bien sûr) va être condamné si lourdement, puisqu’il a plaidé coupable et qu’il risque jusqu’à 150 ans de prison, qu’il mourra sûrement derrière les barreaux.
Justice est, enfin, en train d’être faite!
En apparence tout au moins Car, JusMurmurandi, qui aime faire ressortir les paradoxes, se dit que tout n’est pas forcément aussi simple, voire simpliste que cette fable où les méchants sont punis, même si, en ces temps de crise, les gentils en sont pas forcément récompensés.
Car, qu’a fait Madoff? A-t-il détourné ces mythiques 50 milliards vers sa propre poche? Non, il les a distribués à d’autres clients. Certes, au passage il s’est rémunéré, mais pas plus qu’il n’est d’usage à Wall Street, et même moins que d’autres. Donc on ne peut pas véritablement l’accuser de vol. Mais comme il n’a pas exactement redistribué aux pauvres, il n’est pas exactement Soeur Emmanuelle non plus. Ni même Jesse James.
Alors quel est le crime de Bernard Madoff, si 50 milliards de dollars se sont envolés, mais qu’il ne les a pas volés? C’est qu’en fait, il a promis à ses clients des placements qu’il n’a pas faits, et des rendements qu’il n’a obtenus qu’en faisant semblant, et, en réalité, en redonnant à ses investisseurs plus anciens l’argent reçu des plus récents. Bref, il n’a pas fait ce qu’il a dit, il a menti, et ceux qui l’ont cru ont perdu leur mise.
La question impertinente (mais peut-être pertinente aussi!) de JusMurmurandi est la suivante: si mentir à des gens dont on perd l’argent mène tout droit à la case prison, alors ne faudrait-il pas s’interroger sur de nombreuses entreprises et pas « seulement » sur Madoff? Par exemple sur AIG, anciennement premier assureur du monde, qui a pris des risques tels que sa survie coûte des centaines de milliards aux contribuables américains, sans compter ses actionnaires dont l’argent a été perdu? AIG ne leur avait-il pas raconté une toute autre histoire, faite de sûreté, que celle de quasi-casino qu’il a véritablement menée? Lehman, qui a été balayé par la tourmente, n’en a-t-il pas fait autant? Et les banques qui ont dû être sauvées par les contribuables, mais pas sans avoir au passage quasi essoré leurs actionnaires, leur ont-elles dit qu’il risquaient de tout perdre? JusMurmurandi croit plutôt quelles ont raconté l’inverse.
Bien sûr, la différence est que la structure même de l’activité de Madoff était malhonnête, à la différence de celle de Citigroup ou AIG
Mais quand l’actionnaire de Citigroup perd 98% de son capital en 22 mois (de plus de 50 dollars à moins d’un dollar par action en moins de deux ans!), les 2% qui lui restent suffisent-ils à le convaincre qu’il n’a pas été floué de fausses promesses comme les pigeons de Madoff, dont les liquidateurs ont retrouvé jusqu’ici un montant qui, par rapport à l’investissement initial, se monte à … 2% ?
Contre-feux!
mars 12, 2009 on 8:10 | In Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésQuand la plaine était en feu, et que celui-ci menaçait de s’étendre, que faisaient nos ancêtres qui ne disposaient pas de Canadair? Ils allumaient des contre-feux pour brûler par avance et de façon contrôlée ce que le feu allait utiliser comme combustible, le détourner et l’asphyxier. Cette méthode a conservé toute son actualité, à observer comment les politiques de tout bord l’utilisent.
Honneur aux dames, Martine Aubry par exemple lance une diatribe au vitriol contre Nicolas Sarkozy sur le sujet des libertés publiques. Aucun mot n’est trop dur dans ce « livre noir »: à commencer par le titre: »La France en liberté surveillée, la République en danger », un texte qui « prévoit d’appliquer aux internautes des mesures réservées jusqu’ici aux terroristes », les « restrictions de liberté », comme si Sarkozy « voulait que ceux qui souhaitent s’exprimer sur ce qui en va pas ne puissent pas le faire », et ainsi de suite.
JusMurmurandi n’avait pas noté que ce soit une préoccupation majeure des Français, et se considère suffisamment exigeant et intransigeant sur le sujet des libertés pour trouver ces termes incongrus.
Martine Aubry va plus loin: elle parle de « rafles de sans-papiers ». L’allusion à Vichy est transparente. Traiter de vichyste un Président qui voue un culte à la Résistance est le moyen le plus sûr de le faire perdre son calme, voire même intenter un procès, ce qui serait pain bénit pour le PS.
Mais Martine Aubry ne donne pas dans l’invective gratuite. Elle est trop fine pour ne pas savoir qu’elle a utilisé une expression qu’on qualifiera, à son choix, d’ambigüe ou de glauque. Mais pendant que l’attention des medias se porte sur ce brûlot (tiens, encore une allusion à un incendie), peut-être accorderont-ils moins de place à l’actualité du PS, où le marchandage des places sur les listes pour les élections européennes tourne au pugilat en place publique (encore un). C’est le contre-feu.
Mais Martine Aubry n’est pas la seule à user de cette méthode.
Ivan Colonna et ses avocats ont un problème: comment détourner l’attention de tout ce qui a fait condamner le berger corse pour l’assassinat du préfet Erignac. Sachant que ce « tout », c’est avant tout (si j’ose dire), les aveux de ses propres complices, qui, eux, ont avoué que c’est leur bande qui a commis le crime. Alors tout est bon pour détourner l’attention de ces aveux qui posent problème. Notamment le témoignage d’un policer qui dit en avoir informé d’autres que d’autres membres du commando seraient encore en liberté… ce qui ne disculpe en rien Colonna. Et ainsi, de témoins qui, vivant en Corse dans le village même de la famille Colonna, se rétractent ou se font porter pâles, de segments d’enquêtes prétendument mal conduites en demande de révocation du Président de la Cour, on détourne l’attention, ou on tente de la faire, de ce qui fâche. Il faut dire que, en Corse, les contre-feux sont une méthode ancestrale…
La finance mondiale, elle aussi est en feu. Et menace notre monde d’un ère glaciaire, avec forte régression du PNB et du niveau de vie de tous.
Et le monde, désespérément cherche un contre-feu. Mais là, ce n’est plus pour détourner l’attention…
L’Etat des Banques
mars 11, 2009 on 6:08 | In Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermésQuel Français ne se souvient de 1981? Le 10 mai, François Mitterrand est élu Président de la République. Il gagne les élections législatives qu’il organise dans la foulée, et applique son programme, négocié en commun avec le Parti Communiste Français de George Marchais. Et notamment nationalise les 40 plus grandes banques françaises. les justifications de ce mouvement purement idéologique font référence aux nationalisations de 1945 ou du Front Populaire. Ambiance…
2009. Pas de socialistes à la mode Mitterrand à l’horizon, encore moins de communistes, qui ont disparu de la scène mondiale. Pourtant, après cette semaine, un certain nombre des plus grandes banque mondiales sont, à leur tour, nationalisées, à commencer par la plus grande banque d’entre elles, Citigroup. Avec elle, son seul rival américain, Bank of America. En Grande-Bretagne, autre temple de la libre entre prise et de la finance mondiale, Lloyd’s rejoint dans le giron de l’Etat la Royal Bank of Scotland, soit les deuxième et troisième banques britanniques. Elles rejoignent ainsi le groupe des banques que seul le soutien d’un Etat maintient solvables, comme Dexia, ING, ABN Amro, Fortis, UBS, l’ensemble Caisses d’Epargne-Banques Populaires et autres.
Soit, à vue de nez, 7 des 20 plus grandes banques mondiales. Sans compter la plus grande compagnie d’assurance mondiale, AIG, ou les réassureurs immobiliers Fanny Mae et Freddie Mac.
La nationalisation serait-elle une nouvelle modernité, ou le seul moyen de survie de banques qui ont excédé leurs et limites et les contribuables qui sont ulcérés de devoir payer pour leur folies?
Il est clair que seule l’urgence et non un quelconque plan à conduit à ces opérations le plus souvent conduites le week-end pour ne pas entraîner, avant qu’elles n’aient abouti, de turbulences que le marché n’aurait pu absorber.
C’est si vrai que Lloyd’s Bank était la banque anglaise considérée comme la mieux gérée et la plus rentable, et que c’est à ce titre que les autorités britanniques lui ont demandé de sauver HBoS en déconfiture, la composante Bank of Scotland n’ayant pas su gérer son acquisition du spécialiste immobilier Halifax. Pour sauver HBoS, c’est fait, mais au prix de devoir à son tour sauver son sauveur, Lloyd’s. Le bénéfice de l’opération n’est pas évident. Le même schéma aux Etats-Unis, où le plus gros courtier en bourse du monde, Merrill Lynch, menace ruine. En un week-end, le Trésor américain l’adosse à la rentable Bank of America. Sauvetage réussi, sauf que Bank of America à son tour doit passer dans le giron de l’Oncle Sam, n’ayant pas pu trouver ailleurs les dizaines de milliards nécessaires à conforter son bilan rongé par la crise et les pertes ruineuses de sa nouvelle acquisition.
Pour être honnête, ce ne sont pas uniquement les fusions orchestrées par les autorités monétaires qui se sont révélées catastrophiques. L’acquisition d’ABN Amro après une bataille d’enchères gagnée (si l’on peut dire) par la Royal Bank of Scotland contre Barclay’s l’a été à un tel prix que la crise a fait imploser le bilan de la RBS, la précipitant dans le giron de la Couronne britannique. On ne peut que souhaiter qu’il n’en aille pas de même avec l’acquisition à venir de Fortis par BNP-Paribas.
En sens inverse, Barclay’s Bank, la vénérable institution britannique qui perdit la bataille pour ABN-Amro a de quoi se consoler. Immédiatement après la faillite de Lehman Brothers, faillite qu’on considère aujourd’hui comme une erreur aux conséquences colossalement négatives, Barclay’s a racheté l’essentiel des actifs de Lehman pour une bouchée de pain, ce qui lui a donné le droit de choisir parmi les équipes de la banque d’affaires ceux des collaborateurs qui lui convenaient. Résultat: au 4e trimestre, les bénéfices de Barclay’s sont dus à une plus-value de 20 milliards de dollars sur les actifs de Lehman. Plus-value ahurissante quand on sait qu’elle a été calculée sur des valeurs de marché particulièrement déprimées, et qu’on peut donc imaginer qu’il y en aura d’autres quand le marché, un jour se redressera.
Ce qui indiquerait que la vente des dépouilles de Lehman à Barclay’s a été aussi mal gérée que sa faillite. Et qui nous ramène au début de l’article, en démontrant la difficulté pour une administration gouvernementale de gérer « en bon père de famille », ce qui est la culture des entreprises et des marchés, mais pas du tout de l’Administration. La France a bien connu cette difficulté et ses nombreuses conséquences douloureuses pour le contribuable, comme l’affaire du Crédit Lyonnais, et tout indique que l’avenir nous réservera le même lot de coûteuses déconvenues.
Il y a à cette situation un curieux paradoxe. Les banques, nous dit-on, ont accru leur capacité de prêter grâce à leur capacité à revendre leurs crédits à d’autres après les avoir faits. C’est ce qu’on appelle la titrisation. Les prêts « douteux » des subprimes américains ont ainsi été revendus de par le monde. Et c’est l’assèchement de ce marché de la titrisation qui a empêché les banques de continuer à prêter puisque le mécanisme de revente état en panne.
Maintenant, on nous dit que les Etats, à commencer par l’Etat américain, vont forger une solution pour décharger les bilans bancaires de 3000 milliards de crédits douteux, moyennant quoi tout rentrera dans l’ordre sur le plan -certes critique, mais pas unique- de la capacité du système bancaire à financer l’économie mondiale.
C’est du grand n’importe quoi. La réalité, c’est que la banques ont, par des mécanismes nouveaux et créatifs, comme la titrisation et les CDS, prêté beaucoup plus que ce que leurs fonds propres eussent dû permettre en conservant des ratios prudentiels suffisants. Ratios dont la mise en place remonte à la crise des années 30, intervenue exactement pour cette raison. Nous sommes donc dans un schéma de « bis repetita » sous une forme et avec des moyens modernisés.
A partir de là, il n’est pas sorcier de conclure que:
soit
(1) on accepte que, pour que tout revienne comme un avant jugé a posteriori idyllique, on nettoie les bilans des banques, et elles recommencent à prêter « comme avant », ce qui veut dire qu’il y aura une même incapacité de leur part à faire face à une phase de ralentissement cyclique de l’économie. Bon appétit aux amateurs!
soit
(2) on nettoie le bilan des banques, et on les astreint, à travers une régulation plus restrictive, à ne plus prêter au delà de ce que leurs ratios prudentiels et donc leurs fonds propres permettent pour garder une marge de sécurité et de stabilité suffisantes, et alors il faut bien savoir que, leur capacité à prêter se trouvant fort réduite, il va bien falloir que l’économie mondiale se contracte pour s’adapter. Une gigantesque gueule de bois après la beuverie!
soit
(3) on augmente massivement les fonds propres des banques pour combiner prudence et volume. Mais d’où viendrait l’argent, et comment le rémunérer à la satisfaction des actionnaires? Sans compter qu’une telle ponction, de l’ordre de 1000 milliards de dollars, ne serait pas sans conséquence sur la capacité des États à financer leur gigantesques déficits publics, et provoquerait une hausse des taux d’intêrets, et une autre phase de ralentissement économique. Brrrr!
(4) les banques redeviennent les simples machines à distribuer du crédit qu’elle étaient devenues avant la crise, comme des agences de voyage qui distribuent des voyages. Le risque serait alors porté « ailleurs ». Pour le moment, cet « ailleurs » n’a qu’un seul nom: la signature des États. Mais on sait les États mauvais gestionnaires, et les banques mal inspirées quand ce ne sont pas elles qui payent pour leurs imprudences. Joyeuse perspective!
Au moment de conclure, les nouvelles de la Bourse d’hier. La seule « fuite » d’un memo interne du président de Citigroup, indiquant que la banque a été très rentable en janvier-février, a suffi à ce que les marchés mondiaux montent de 5-6%, montrant à quel point le rêve de tous est de revenir à un « avant ». On peut également méditer sur la désespérance et l’inconséquence d’une hausse de 5% des grandes bourses mondiales sur la base de la fuite d’un seule memo d’une seule banque portant sur deux seuls mois. C’est ce qu’on appelle du levier!
C’est dire si l’on est loin d’avoir trouvé la moindre solution. Dormez bien, braves gens, et, demain, en vous levant, n’oubliez pas de vous préparer à beaucoup consommer pour participer à redresser l’économie mondiale, puisqu’on vous assure -si, si, vraiment!- que tout va bien.
Brèves
mars 7, 2009 on 7:28 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 6 CommentsEmancipation de la femme.
Le Vatican par l’intermédiaire de sa feuille de chou, l’Osservatore Romano, fait l’éloge de la machine à laver le linge, qui a le plus contribué à contribuer à émanciper la femme, plus encore que la pilule ou l’avortement.
Et de conclure l’article en illustrant ce que ce bel ustensile ménager permet de faire » Mets la lessive, ferme le couvercle et détends toi. »
Est ce ce que le Vatican compte faire avec Monseigneur Williamson en attendant qu’il revienne sur ses propos négationnistes sur les chambres à gaz ??
Déficit du budget de l’Etat
La vente des objets de collection de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent a atteint des sommets, 373 millions d’Euro. C’est une bonne nouvelle pour l’Etat français. Car transformer des objets de collection en monnaie sonnante et trébuchante rend les sommes immédiatement redevables de l’impôt sur la fortune, plus connu sous son acronyme d’ISF.
A moins que Pierre Bergé ne s’expatrie fiscalement bien sûr….
Airbus A 380 chez Air France: rendez l’argent ?
Tout le monde se souvient des cris d’orfraie poussés par les compagnies clientes car le programme a pris du retard. De nombreuses d’entre elles ont demandé des indemnités de retard.
La conjoncture se retournant, certaines demandent maintenant des reports de livraison, comme Air France.
Airbus va t elle se faire rembourser ses indemnités de retard ? Avec les intérêts moratoires, comme cerise sur le gâteau ?
2012
Ségolène Royal, rejetée par le PS, prend les devants et déclare prendre ses distances par rapport au parti et préparer 2012.
Elle va donc recentrer son action sur sa région, le Poitou Charentes afin « d’expérimenter des solutions à portée nationale ».
Le Poitou Charentes, quelle belle région, voilà (enfin ?) un défi à sa hauteur.
« Seconde Chance »
TF1 a décidé de ne pas donner de…seconde chance à l’émission éponyme.
Qu’en sera t il à Radio France en ce qui concerne Stéphane Guillon après ses propos sur Dominique Strauss Kahn ?
Bombarder d’argent, Mandela et Mugabe
mars 6, 2009 on 7:12 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 4 CommentsLes bombes pleuvent, tel est le cliché utilisé pour décrire un bombardement particulièrement intense. Il a plu des bombes sur l’Afghanistan, puis sur l’Irak, puis plus récemment sur Gaza. Ces bombes explosent dans le but principal de détruire des infrastructures, ce à quoi elles réussissent fort bien quand elles ne tombent pas sur des cibles autres que celles auxquelles elles étaient destinées.
Le résultat est que, si le décompte des morts d’une guerre « technologique » est beaucoup plus faible aujourd’hui qu’il y a un siècle, le champ de ruines qu’elle laisse est tel que toute vie décente est impossible. Plus d’eau potable, d’électricité, de transports. Pour rétablir un minimum de conditions de vie, il faut donc reconstruire.
Et c’est là qu’on assiste à une étrange démarche: on demande à « la communauté internationale » de payer la note, souvent pharaonique, de la reconstruction. Ainsi 4,5 milliards de dollars ont été promis pour la reconstruction de Gaza, alors même qu’il n’y a eu objectivement qu’une guerre de courte durée dans un tout petit territoire, et ce au milieu d’une crise économique gravissime qui met à mal la capacités financières de tous les États donateurs.
JusMurmurandi ne détestant pas de ressortir des souvenirs de son sac à malice, rappelle que c’est la France, perdante de la guerre de 1870, qui a du en payer les coûts, que c’est l’Allemagne, perdante de la première guerre mondiale qui a été condamnée à des « réparations », et que l’Union Soviétique s’est largement servie dans la partie orientale de l’Allemagne (encore!) après 1945.
On pourrait penser que ces exemples sont périmés, et que le lien entre l’Allemagne écrasée par le poids des exigences des vainqueurs de 1918 et l’Allemagne se donnant à Adolf Hitler qui promettait de la redresser fait que notre monde moderne ne se livre plus à de tels pillages. Erreur. C’est bel et bien l’Irak de Saddam Hussein qui a financé par ses exportations de pétrole le coût de la coalition de la première guerre du Golfe.
Alors au nom de quoi payer aujourd’hui pour Gaza, alors que chaque pays en pleine crise a tant d’autres priorités?
Sans doute au double nom d’une part de notre mauvaise conscience à voir les populations civiles souffrir d’une guerre qu’elles n’ont pas menée et conte laquelle elles ne peuvent rien. Une manière de tenir plus égaux les fléaux de la balance: soutien à Israël d’un côté, reconstruction de Gaza de l’autre. Et Israël ne saurait s’en plaindre, qui sait le prix qu’il y aurait à voir les gazaouis rejoindre en masse les rangs des suicidaires du Hamas. L’autre raison possible est la crainte de voir la guerre à Gaza se traduire par des violences sur le sol français. En attendant, le coût de la reconstruction est bel et bien pour des contribuables qui n’ont rien à voir avec le conflit.
La reconstruction s’impose aussi ailleurs, et plus près de chez nous, puisque c’est de la Guadeloupe qu’il s’agit. Les éructations de M. Domota qui donne aux chefs d’entreprise le choix entre appliquer un accord qu’ils n’ont pas signé et leurs organisations représentatives non plus, et quitter la Guadeloupe, -belle définition de la démocratie- ont sans nul doute causé des dégâts économiques importants. Qui peut aujourd’hui avoir envie de faire du tourisme en Guadeloupe, où les routes sont aussi bloquées que les relations sociales, et où le sentiment général est que la pression peut à tout moment causer une autre éruption?
Bref, là aussi, il va falloir reconstruire. Et là aussi, ce ne sont ni les uns ni les autres sur qui l’on peut payer, mais sur l’éternelle bonne volonté de ceux à qui l’on ne demande jamais leur avis, les contribuables.
Il ne faudrait pas oublier que c’est exactement cette situation, à savoir l’obligation de payer sans pouvoir donner son avis, qui a fait exploser les Révolutions américaine et française. Une majorité de Français sont aujourd’hui favorables à l’indépendance des DOM-TOM. M. Domota, que l’on dit lui aussi favorable à cette idée, ferait bien de mesurer ses paroles et de méditer le sort des colonies qui ont éjecté les Français. L’Algérie en particulier, autrement plus riche que la Guadeloupe grâce à son pétrole, est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, qui autrefois donnait aux Français de la métropole le choix entre la valise et le cercueil.
Un combat de libération et pour les droits de tous a donné au monde le prodigieux Nelson Mandela, dont on peut imaginer qu’il enfièvre l’imagination de M. Domota qui parle à tout moment du mot esclavage. Mais juste à côté, la même lutte a au contraire accouché du misérable Mugabe, qui, comme Domota, n’a que les mots de l’affrontement tandis que Mandela parlait de réconciliation, alors même qu’il sortait de décennies de bagne.
Ce n’est pas exactement la même chose.
Les Ignobles du jour
mars 5, 2009 on 7:57 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésVous me direz, il y en a tellement, qu’on pourrait consacrer un blog rien qu’à ce sujet, tant il paraît sans fin et vous aurez raison…:-(
Robert Mugabe, le dictateur-tyran-bourreau du Zimbabwe, qui a réduit son pays à l’état de ruine, où un « salaire » de professeur ou de médecin ne suffit même pas à prendre l’autobus pour aller travailler (donc écoles et hôpitaux sont désertés), qui fait bâtonner et massacrer ses opposants, qui n’honore pas sa propre signature sur un accord de gouvernement avec ceux qui ont gagné les élections malgré les fraudes massives de son parti, le ZANU-PF, a trouvé le moyen de s’acheter un pied-à-terre de grand luxe pour cinq millions de dollars US dans un pays qui veut encore de lui ( il n’y en a plus beaucoup), en l’occurrence en Chine. A Hong-Kong pour être précis.
Sa fille y vit, qui tente de faire ses études supérieures en dépit des protestations des autres étudiants, et sa femme aussi. On ne sait pas encore si Mugabe a prévu de s’y retirer lui-même s’il venait un jour à quitter le pouvoir. En attendant, c’est un patrimoine scandaleux pour un dirigeant de pays si pauvre, et un « invité » qui montre que les Chinois ne sont pas regardants sur le choix de leurs hôtes.
Il serait bien temps d’inventer le crime contre l’humanité en temps de paix, et pas « seulement » en temps de guerre. Cela permettrait à un Tribunal Pénal International de poursuivre Mugabe comme il poursuit aujourd’hui le tyran du Soudan, Omar el-Béchir. Un première qui réjouit JusMurmurandi. A noter que la Chine, encore elle, s’oppose au mandat d’arrêt contre el-Béchir. Tiens donc…
Dans un autre registre, la Justice américaine convoque 7 dirigeants de Merril Lynch, hier plus grande société de courtage boursier au monde, aujourd’hui entreprise disgraciée par des pertes énormes, et rachetée avec l’aide du Trésor américian (et donc du contribuable) par Bank of America, que cette acquisition plombe à son tour.
Ces 7 dirigeants ont organisé la distribution de bonus au titre de l’année 2008, pourtant calamiteuse.
Ce qui rend la chose insupportable, c’est que ces bonus ont été distribués en décembre, nettement plus tôt que d’habitude, avant la révélation de pertes abyssales au titre du 4e trimestre, et avant que Bank of America ne prenne le contrôle de Merril Lynch.
La totalité des bonus distribués chez Merril Lynch et d’autres sur lesquelles enquête la Justice américaine s’élève à 3,6 milliards de dollars.
Un montant de l’ordre de celui de l’aide du FMI à tout un pays, distribué sous forme de bonus après une année de cauchemar. On frémit à la double pensée de ce qui eût été distribué si l’année avait été bonne, et de ce qu’il eût fallu pour que ces gens-là ne se distribuent rien.
Vous me direz, il n’y a aucun rapport entre ces deux montants, les bonus ignobles de Wall Street et une aide du FMI, et vous aurez raison. Et avec 3,6 milliards de dollars, on fait vivre le Zimbabwe et ses millions d’habitants pour combien de mois ou d’années?
Vous avez raison, cela n’a aucun rapport.