Après l’effondrement vient le pire…
février 12, 2011 on 11:17 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésLe régime de Hosni Moubarak s’est effondré après trente ans de règne sans partage, exactement comme celui de Zinedine Ben Ali en Tunisie juste avant lui. La question véritablement hallucinante que se pose JusMurmurandi est celle-ci: pourquoi maintenant, pas il y a dix jours, dix semaines, dix mois ou dix ans? Si après tout c’était à portée de manifestants de renverser ces régimes, pourquoi ont-ils attendu? Était-ce que ces régimes n’étaient pas si honnis que cela? La réponse serait plutôt qu’ils ne savaient pas que cela pouvait être fait si « facilement ». Il reste deux espoirs: que les régimes qui leur succèdent ne soient pas pires, comme ce fut le cas en Iran en 1979, et que le mouvement s’étende aux autres régimes autoritaires et corrompus du monde arabe. On ne doit pas très bien dormir ces temps-ci dans certains palais de Damas, d’Amman, d’Alger ou de Rabat…
Nokia était l’une des entreprises les plus admirées au monde. Largement plus de 30% du marché mondial des téléphones mobiles, face à des concurrents toujours plus désarmés, réduits à se réjouir quand une année de profits venait interrompre une série d’années en pertes. Mais Nokia a raté le virage des smartphones, que ce soit avec des logiciens propriétaires, comme Apple, ou ouverts comme Android. Et, du coup, part de marché et profits d’effondrent. A tel point que le nouveau patron, Stephen Elop, débauché de chez Microsoft, a écrit à ses troupes que Nokia vivait sur une plate-forme en feu. Il tire les conclusions de son analyse en liquidant la plateforme logicielle Nokia, nommée Symbian, et en s’alliant avec son ancienne société, Microsoft, autour de son logiciel Windows Phone. Mais les produits ne sortiront que dans deux ans. Deux ans de licenciements massifs. Et deux ans, dans ce métier, c’est une éternité. Le risque chez Nokia, comme en Tunisie ou en Égypte, c’est que dans deux ans, en tant qu’allié de Microsoft, qui n’a jamais réussi dans les téléphones mobiles, ce ne soit encore bien pire qu’aujourd’hui…
Florence Cassez vient de voir sa condamnation à 60 ans de prison rendue définitive par la Cour de Cassation mexicaine. Elle est effondrée, car elle espérait que la mobilisation des plus hautes instances françaises suffirait à faire comprendre à l’État mexicain qu’il serait une bonne idée de la remettre, d’une façon ou d’une autre, en liberté. C’est l’occasion pour MAM qui, pour un ministre des Affaires Étrangères, est étrangement peu diplomate, de quasiment déclarer la guerre aux Mexique, appuyée par la famille de Florence Cassez, pour qui il faut supprimer l’année du Mexique en France. JusMurmurandi est stupéfait que le Mexique, qui est une démocratie, soit traité en république bananière par la même MAM qui proposait d’aider au maintien de l’ordre en Tunisie. Que Florence Cassez soit en prison est triste. Que la procédure contre elle soit viciée de toutes sortes de manières, est très triste. Mais les faits sont là: elle vivait avec un compagnon qui dirigeait un réseau d’enlèvements, une industrie qui gangrène tout le Mexique, lequel est un État souverain, qu’on aime ses décisions de justice ou non. Et, à trop crier que c’est un scandale, Michèle Alliot-Marie comme Florence Cassez risquent la même chose que Nokia, l’Egypte et la Tunisie: que ce soit bien pire après…
Ne pas payer pour ses erreurs!!!
février 9, 2011 on 9:28 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésClaude Bartolone est le président du conseil général du 9.3. Il a la tâche peu enviable de présider un département non seulement très endetté, mais dont plus de 70% de la dette est libellée en « emprunts toxiques ». Ce sont des emprunts dont certaines banques promettaient à qui voulaient l’entendre que les taux d’intérêts seraient bas, parce que variables.
Sauf que la crise est passée par là, et un emprunt parmi d’autres, qui, à l’émission, coûtait à peine plus de 1,5% par an d’intérêts, coûte aujourd’hui plus de 24%!!!
Et le malheureux Bartolone a choisi une stratégie: ne pas payer, car c’est de la faute des banques! Il attaque donc Depfa, Dexia et le Crédit Agricole, qui n’auraient pas « suffisamment averti le département que des taux variables pouvaient monter ».
La réalité est simple. Alors que les taux au moment où ces emprunts ont été contractés étaient déjà très bas, les responsables de l’équipe Bartolone ont spéculé pour en avoir qui seraient encore plus bas. Alors que la gauche honnit -en paroles- la spéculation, elle s’y livre gaillardement quand on regarde les actes. Et là, patatras! ça rate! et le département douille.
C’est alors que Bartolone dévoile les vraies couleurs du socialisme à la française: quand je fais quelque chose de bien, c’est que je suis très fort, quand ça rate, c’est la faute des autres. Et je n’admets jamais avoir fait la moindre erreur. Et surtout, surtout, je ne veux pas en payer les conséquences. Oh pas sur le plan pénal bien sûr, rien de ce qu’a fait le département n’est illégal. Ni immoral, sauf si on pense que toute spéculation est immorale. Ni pécuniaire, car après tout ce ne sont pas Bartolone et sa fine équipe de financiers à deux balles qui vont payer les pots cassés, ce sont les contribuables du 93, comme toujours.
Non, la faute de Bartolone & Co., c’est qu’ils ont été incompétents, souscrivant à des contrats qu’ils ne comprenaient pas. Inutile de dire que n’importe quel foyer français qui serait géré de la sorte se retrouverait illico presto à la commission du surendettement, ce qui ferait peut-être tache pour ceux qui se veulent « responsables », car il ne faut pas nécessairement avoir fait l’ENA pour savoir qu’un emprunt à taux fixe n’est pas risqué et qu’un taux variable l’est.
Mais le plus frappant, et qui appelle une comparaison évidente avec leur politique au plan national est le fait que le département ne veut pas payer, alors que les contrats signés sont valides. Comment ne pas y voir un encouragement au mépris de la loi? Un jeune a fait des bêtises? Pas vu, pas pris! Mais, s’il est pris, il n’aura qu’à faire comme Bartolone: ce n’est pas de ma faute c’est la faute de l’autre, de la société, de la France, qui ne me chouchoute pas comme elle le devrait.
Accessoirement, si ces quelques 750 millions de dette « toxique » portent intérêt de « seulement » 13-14% par an, cela fait 10% de plus que ceux qu’aurait pris n’importe quelle équipe de crétins trop idiots et timorés pour spéculer, donc le surcoût de la spéculation made in Bartolone est de 75 millions par an. On fait combien de fois le tour du monde en jet privé pour 75 millions?
Toujours les mêmes!
février 9, 2011 on 5:32 | In Best of, C'est ça, Paris?, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermésIl y a quelque jours, JusMurmurandi s’élevait contre la grève des magistrats au motif que certains d’entre eux, s’ils avaient fauté dans l’affaire Tony Meilhon-Laetitia, pourraient être sanctionnés. Et nous rappelions que ce n’est pas la première fois que les magistrats considèrent, que, même quand il y a aurait faute, il ne devrait pas y avoir de sanction, ce qui fut le cas -ou presque- avec l’affaire lamentable d’Outreau.
Ce n’est pas le seul cas de récidive dans le genre scabreux. La police vient d’interpeller 20 personnes soupçonnées de vol de bagages à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Cette enquête est fondée sur 3.000 lettres de plainte de passagers dont les bagages ont été pillés. 3.000! Sans compter ceux qui n’ont jamais écrit. Si on considère que Roissy est la plaque tournante de l’entrée en France des touristes et hommes d’affaires si nécessaires à notre économie, on voit les ravages qu’un tel pillage cause à la réputation de la France. Et pourtant, ce n’est pas la première fois que cela se produit, bien au contraire. On aurait pu penser qu’après la mise au jour d’une bande organisée de vol de bagages, les parties prenantes, à commencer par Aéroport de Paris, auraient pris les mesures nécessaires pour que cela ne se reproduise pas à grande échelle. Eh bien, non! Sans doute doivent-ils tenir à ce que notre aéroport le plus important conserve sa place tout en bas de la liste des pires aéroports mondiaux…
Autre récidive scabreuse. Les opérateurs téléphoniques avaient juré qu’ils ne pouvaient pas supporter la hausse de la TVA, et que l’équilibre de leurs comptes exigeait que celle-ci soit reportée sur les usagers (on n’ose dire clients). JusMurmurandi, conscient du peu de concurrence en France par rapport aux pays européens comparables, trouvait que ces pleurs ressemblaient un peu trop, une fois de plus, à des larmes de crocodile. Eh bien, il a suffi que des petits malins s’aperçoivent que toute augmentation des tarifs en cours de contrat donne droit à l’abonné de résilier sans frais, et c’est un véritable exode de clientèle qui a semble-t-il commencé. Lequel exode a fait, comme au temps de Moïse un miracle! Les opérateurs ont décidé de ne pas répercuter la hausse de la TVA, alors qu’il y a deux semaines, ils juraient encore, la main sur le cœur, que c’était aussi intolérable qu’impossible…
Sans doute l’ont-ils décidé parce que leur clientèle était en train de se faire piller comme de vulgaires bagages à Roissy, et que, pour eux, l’intangibilité du lien de dépendance qui les lie à leurs usagers était aussi importante que l’impunité des magistrats…
Je veux travailler au Port de Marseille!
février 3, 2011 on 6:06 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésSavez-vous ce que c’est qu’un oxymore? C’est une phrase qui est, par elle-même, contradictoire. Et, suivant l’imparable et implacable démonstration de la Cour des Comptes, travailler au Port de Marseille, c’est justement un oxymore. Une contradiction. Parce que, sur le port de Marseille, on ne travaille pas. Ou si peu…
Dans le domaine des avantages sociaux extravagants, JusMurmurandi pensait avoir tout vu, tout lu, tout entendu. Mais non, il y a toujours plus, toujours pire.
Imaginez: à Fos sur Mer, un docker travaille 14 heures par semaine, et à Marseille, 12 heures! Si on travaille le lundi, cela veut dire qu’on a fini sa semaine le mardi midi… Et, alors que vous, cher lecteur, pensez qu’un emploi à 12 ou 14 heures par semaine, c’est un temps partiel de caissière dans une grande surface, pas du tout. C’est un temps plein. Enfin si l’on peut dire. Ce qui est plein, en revanche, c’est le portefeuille, par ce que nos travailleurs gagnent, pour ce faire, entre 3500€ et 4500€ nets par mois. Ceci ne provient pas uniquement de leur salaire, mais aussi d’un maquis de 132 primes diverses. Et, encore plus fort, alors que ce sont des employés salariés du Port de Marseille, ils se font verser, en tout illégalité, des « compléments » par les entreprises de manutention. Encore un exemple de gabegie: entre 2006 et 2008 les heures travaillées baissent de 4%…. tandis que les heures supplémentaires augmentent de 21%…
Cette situation est due à la combinaison de plusieurs facteurs: au potentiel de blocage de ces dockers sur toute une région, au monopole d’un syndicat, la CGT, dont l’action est la même qu’au Syndicat du Livre: aucune considération autre que le toujours plus jusqu’à l’absurde, à la lâcheté du Port de Marseille, qui cède, et donne, donne, donne tout ce que réclament les dockers. Suivi en cela par les entreprises de manutention, qui acceptent le racket qui leur est infligé, et par les pouvoirs publics qui, notamment, ne poursuivent jamais les violences physiques qui punissent toutes les tentatives de revenir à l’ordre républicain.
Vous me direz: on ne peut qu’admirer les héros d’un tel combat social! Quelle force doit être la leur pour imposer -et gagner- de tels bras de fer! Eh bien non, ce sont au contraire des petites natures: 28,5 jours d’absence par an et par employé!
Les conséquences économiques sont évidentes: un coût de manutention tellement élevé que Marseille est de plus en plus déserté par tout le transit du fret par tous les opérateurs qui ont le choix d’un autre port.
Les informations ci-dessus n’ont pas reçu de réponse de la part des dockers ou de leur syndicat. C’est qu’ils sont en grève, pour obtenir que la pénibilité de leur travail leur vaille, ce qui serait un cas unique en France, un départ en retraite à taux plein à 58 ans! Ce qui fait que Marseille est non seulement un port très coûteux, mais aussi très peu fiable, ce qui détourne encore plus, s’il était besoin, les utilisateurs que sont les armateurs.
Et, comme toujours, dans un cas où on a le choix entre la honte de la capitulation et la douleur de l’affrontement, quand on cède et qu’on capitule, ce que n’ont cessé de faire au fil des ans, et le management et les Pouvoirs Publics, on finit par avoir et la honte, et, quand même, l’affrontement.
Fauchés, niche fiscale, avantage acquis, ou exception culturelle française?
janvier 28, 2011 on 5:56 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésLes chiffres sont tombés. Ils sont bien tombés. Ils sont même tombés d’assez haut pour faire beaucoup de bruit, voire même pour creuser un trou. Le lecteur me pardonnera ce pastiche du « Du côté d’ailleurs » du génial Pierre Dac.
Car le trou est profond: plus d’un milliard d’euros de déficit annuel pour le régime d’assurance chômage des seuls intermittents du spectacle. C’est déjà plus que beaucoup. Mais quand on approfondit l’étude du trou, il y a de quoi être effondré. Les cotisations sont de 233 millions et les indemnités de 1300 millions, soit grosso modo 6 fois plus. Ce n’est plus de l’indemnité, c’est carrément de la subvention.
Et une subvention massive, puisque ce milliard de déficit a bénéficié à 105.000 personnes, ce qui donne 10.000 euros de subvention annuelle à chaque intermittent du spectacle.
Ceci montre que les réformes de 2003 et 2006 n’ont servi à rien, et que les intermittents et leurs employeurs sont bien plus malins que ceux qui s’efforcent de réduire ce trou sans fond.
Alors, bien sûr, toute tentative de réformer et de réduire cet avantage extravagant va se traduire par des protestations de toute une profession qui dira qu’on l’égorge, que la culture est morte en France, que Sarkozy de toute façon est beaucoup plus show-biz et bling-bling que culture, que Mitterrand est un social-traître, et j’en passe.
La réalité est beaucoup plus simple. Il ne s’agit ici ni de culture, ni de modèle de société, mais simplement de fric. Il y a une bizarrerie dans la loi qui fait que ce sont les salariés et les entreprises qui subventionnent le train de vie des intermittents du spectacle, au lieu que ce soient leurs rémunérations qui y subviennent.
Il suffirait pour mettre de l’ordre là-dedans d’exiger des bénéficiaires qu’ils se rendent utiles pendant les nombreux mois où ils sont payés à ne rien faire. On pourrait aussi exiger des entreprises du spectacle qu’elles payent des cotisations suffisantes pour couvrir -soyons modestes- 50% des indemnités. On verrait le nombre d’intermittents fondre, et ceux qui resteraient seraient employés de façon plus continue.
Mais ce serait attenter au modèle français qui consiste à récupérer sur le dos de la collectivité un maximum d’avantages, même si c’est un abus manifeste. Et tenter de changer cela, ce serait une révolution. Beaucoup plus dangereuse que d’allonger les retraites ou augmenter les cotisations. Tout le reste n’est que du théâtre, ou du cinéma, comme on voudra. Et, évidemment, pour faire du théâtre, mieux vous être bien avec les artistes, même s’ils sont avant tout virtuoses dans l’art de de faire payer les autres…
Les fauchés!
janvier 25, 2011 on 7:07 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Poil à gratter | 2 CommentsÇa y est, c’est fait! La France est officiellement fauchée, et nous avec! Jusqu’ici, les politiques budgétaires cachaient leur orientation derrière un charabia compréhensible seulement des initiés. Mais maintenant, le Roi est nu, et tout le monde le voit et le sait, et c’est bigrement nouveau.
Que le Roi-État soit nu, c’est un fait depuis longtemps, mais il masquait cette pauvreté pour que le public ne le voie pas et que le spectacle continue. Ceci dit, quand on sait que plus de 40% des hélicoptères militaires (on n’ose dire « de combat ») français ne sont pas en état de voler faute de pièces détachées, ou que les armées ont des jours de munitions devant eux et non des semaines, des signes de pauvreté étaient visibles pour peu qu’on veuille voir et qu’on sache où regarder.
Mais maintenant on voit: il y aura à la rentrée prochaine moins de professeurs, alors qu’il y aura plus d’élèves. Oh, certes, il y a toute une argumentation pour expliquer que ce n’est pas si grave que cela, à savoir qu’il y en aura quand même plus qu’en 1990 alors qu’il y aura moins d’élèves, ou encore que la moitié des économies réalisées est reversée aux professeurs, qui bénéficieront d’une augmentation de traitement de 10%. Mais la cause, la seule, de cette réduction d’effectifs, n’est pas une quelconque réforme, ou un « mieux-disant » éducatif. Non, c’est qu’il faut réaliser des économies, parce que nous sommes fauchés.
Ce qui ouvre un champ tout à fait nouveau à la vie sociale française. Désormais chacun sait que l’État peut un jour ne plus avoir les moyens d’assurer telle ou telle prestation, parce qu’il n’y aura plus d’argent. C’est vrai pour la santé, qui risque de ne plus pouvoir traiter aussi bien ou aussi vite les malades. C’est vrai pour les retraites, malgré la réformette de 2010. C’est vrai pour les fonctionnaires et leur traitement. C’est vrai pour les achats de l’État et ses fournisseurs.
La politique vient donc de perdre, pour en avoir scandaleusement abusé, le droit de faire ce qu’elle veut sans compter. Comme le dit l’adage: « quand on n’a plus les moyens de sa politique, il faut avoir la politique de ses moyens… »
Et la campagne de 2012 se dessine ainsi plus d’un an à l’avance sous un jour particulièrement cru, mais aussi peut-être libérateur.
D’un côté (et ce n’est pas un clivage droite-gauche puisqu’on trouve sur le même bord Marine et Martine), il y aura les marchands de rêve qui assureront les électeurs que tout est possible, à commencer par revenir sur les mesures d’austérité sarkozyennes, et que les fleuves couleront de lait et de miel comme au temps du paradis avant qu’il soit perdu, pour peu qu’on fasse payer « les autres » (on est toujours les autres de quelqu’un, ou, plus exactement, on a toujours ses « autres » à disposition).
De l’autre, il y aura les réalistes, qui promettront du sang, de la sueur et des larmes, car, après l’orgie, il y a la gueule de bois.
Il reste à savoir quel degré d’intelligence et de lucidité les Français montreront. Les prendre pour des cons sera-t-il un pari gagnant?
Fauchés, c’est sûr, mais cons en plus, ce serait grave…
Low cost contre mega-bonus…
janvier 15, 2011 on 4:19 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, International, Poil à gratter | Commentaires fermésQui ne se souvient de la débâcle financière dans laquelle des banquiers aussi inconscients qu’inconséquents ont plongé la planète finance, et, par extension, la planète tout court en 2007/2008/2009?
Et les dégâts sont loin d’avoir été tous réparés en 2010/2011, le nombre de chômeurs restant beaucoup plus élevé dans le monde occidental qu’avant la crise.
Mais il y en a pour qui ce n’est pas la crise, à savoir les banquiers de Wall Street.
Ils vont se partager, au titre de l’année 2010, la bagatelle de 140 milliards de dollars de bonus.
Ce qui, sans compter les salaires « classiques », fait pour une population d’environ 150.000 personnes la modique somme de 900.000 dollars par individu qui a la chance d’exercer ce métier génial où on commence par prendre des risques aux frais des autres et par encaisser des bonus faramineux au passage, puis, quand les choses tournent vinaigre, on se fait secourir, sans coup férir, par l’argent des contribuables, puis, sitôt cette page tournée, tout recommence comme avant, sauf les bonus, qui sont, eux, devenus encore plus gras…
Ces 140 milliards de dollars sont aussi le tiers de la croissance du p.i.b. de toute l’économie américaine en 2010. Le tiers de la croissance accaparée par les bonus de 150.000 personnes qui non seulement ne jouent pas un rôle de créateurs de richesse, mais ont précipité par leurs excès après desquels les orgies romaines n’étaient que de vagues amusements pour des jeunes filles de patronage, c’est beaucoup, quand même, non?
Visiblement les déclarations d’intention des dirigeants de l’époque, Obama, Brown (aujourd’hui Cameron), Sarkozy) n’y changent et n’y changeront rien, les banquiers ont gagné… le droit de se rémunérer à coups de montants astronomiques.
Mais faut-il croire que, parce que les politiques ont échoué à réguler, il n’existe aucune solution? Non, car, c’est la beauté du marché, quand un non-sens économique existe, le marché « génère » un ou des acteurs pour le corriger.
Il est clair qu’aujourd’hui le métier de banquier est exercé par des structures dont les coûts sont, du fait des ces ultra-méga-rémunérations, beaucoup trop élevés. Ceci ouvre donc, comme une vulgaire compagnie aérienne ou un banal supermarché, une place pour des banques d’affaires « low cost ».
JusMurmurandi entend déjà les objections disant que « la banque d’affaires n’est pas un métier comme les autres », car il y faut des capitaux énormes et une confiance qui met des décennies à se construire, sans parler d’équipes de gens de talent rare.
C’est évidemment ce que les banquiers tentent de faire croire, oubliant au passage que le talent des n’a pas suffi à éviter une crise « tsunamesque » qui a ratatiné lesdits capitaux…
Les compagnies aériennes ne disaient pas autre chose, parlant de la nécessaire confiance des passagers, qui mettait des décennies à se construire. On connaît la suite, et JusMurmurandi attend avec impatience les restructurations bancaires quand les futurs anciens « maîtres du Monde », privés non seulement de leurs bonus mais de leurs emplois, en seront réduits à voler avec les compagnies aériennes « low cost, qui les traiteront comme du bétail ordinaire…
Le retour de la stupiditude
janvier 10, 2011 on 10:58 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, Europe, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermésElle recommence! Décidément, Ségolène Royal a un style bien à elle. Elle prend une vraie inquiétude des Français, et elle y répond par la formule la plus simpliste possible, de façon à ce que le maximum de monde comprenne qu’avec elle ce serait différent, en mieux, bien sûr.
Hier, elle a affirmé qu’elle s’opposerait, si elle revenait aux affaires, aux « licenciements boursiers ». Quoiqu’elle se soit bien gardée de rentrer dans les détails, cela veut dire, en gros, qu’une entreprise cotée qui ferait des bénéfices serait interdite de licencier et/ou de délocaliser, car voir son cours de bourse et ses bénéfices augmenter n’est pas une justification pour « chosifier les employés ».
JusMurmurandi se demande vraiment comment Mme Royal peut imaginer une seule seconde que la France tirerait avantage d’une telle mesure.
Pour commencer, elle est totalement inapplicable, car le droit du travail français ne fait et ne saurait faire aucune différence entre une société cotée et une autre qui ne le serait pas, car ce serait de la discrimination pure et simple, interdit par la Constitution, les traités européens, l’OMC et j’en passe.
Ensuite, en supposant que cette idée fasse malgré tout son chemin, la question de fond: les entreprises licencient-elles par plaisir, et peut-on légiférer l’emploi privé avec la même légèreté avec laquelle l’État a créé tant et tant d’emplois publics aux frais du contribuable?
Il y a des domaines où c’est possible, à savoir ceux où il n’y a aucune concurrence, encore que, avec l’intégration européenne, même les anciens monopoles des postes, des télécommunications et du chemin de fer se retrouvent avec des concurrents.
Mais, dès lors qu’il y a concurrence, si une entreprise française ne prend pas une mesure pour diminuer ses coûts, et qu’une autre le fait, que croyez-vous qu’il arrivera? Ce sera l’entreprise aux coûts bas qui gagnera.
Il est bien évidemment possible de le déplorer, mais c’est pourtant ce que nous souhaitons tous en tant que consommateurs, nous qui ne cessons de consommer toujours plus de « low cost », que ce soit de la grande surface ou du hard discount, du textile chinois, du billet d’avion pour trois fois rien ou des voitures roumaines Dacia.
En outre, on sait ce qui arrive quand il n’est pas possible de licencier: personne n’embauche. Alors il suffit de ne pas remplacer les départs à la retraite, ce qui ne s’appelle pas licencier, et l’entreprise obtient le résultat souhaité, avec la baisse des ses effectifs.
Mais le plus consternant est de constater que cette énarque (!) continue de rechercher dans les seules interdiction et intervention de l’État, comme à l’époque où il fallait une autorisation administrative de licenciement, les clefs d’un mieux-être économique.
Cela évite de voir que notre voisin allemand peut, avec un niveau de vie au moins égal au nôtre et un modèle social au moins aussi protecteur des gens, affiche des performances en matière d’emploi infiniment meilleures que les nôtres. Mais cette comparaison peut sembler cruelle aux socialistes français, tant leur « performance » pâlit par comparaison avec celle des sociaux-démocrates allemands.
Alors il vaut sans doute mieux pour Mme Royal continuer dans la social-démagogie que dans la social-démocratie. C’est tellement plus facile…
Qu’ils mangent de la brioche!
janvier 7, 2011 on 3:35 | In Economie, Europe, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésC’est la phrase bien connue attribuée à Marie-Antoinette quand elle apprit les révoltes de la faim en 1788, causées par une très forte hausse du prix du pain, qui était alors l’aliment de base en France.
En 2007-2008 déjà les prix alimentaires avaient flambé sous l’effet de la prospérité nouvelle de centaines de millions de Chinois et d’Indiens, ainsi que du fait de vastes surfaces agricoles détournées de produits alimentaires pour des cultures productrices d’éthanol pour remplacer une essence hors de prix. Mais la crise a mis fin à tout cela, et les prix se sont effondrés, au grand dam des agriculteurs français qui avaient oublié de partager leur joie quand ils flambaient.
Mais voilà que, alors que nous avons le sentiment que la crise est encore là, les prix reprennent une folle course vers le haut, le sucre par exemple doublant en un an. Ce qui va bien sûr ravir les agriculteurs, mais pas les consommateurs, notamment pas ceux qui sont très pauvres, et hors d’état de faire face à ces hausses.
Ces hausses ne se limitent pas aux seuls produits alimentaires, de nombreux autres matières premières étant affectées: pétrole, coton, caoutchouc, minerais et métaux.
JusMurmurandi prédit qu’à mesure que les économies occidentales frappées par la crise se redressent, la demande excèdera l’offre, et seule la hausse des prix permettra d’équilibrer les marchés. Cela provoquera un choc très différent de ceux de 1974 et 1979, parce que là c’était uniquement le pétrole, sous l’effet d’un cartel.
Or maintenant, la croissance mondiale va faire buter notre monde contre des contraintes de production globale. Il faudra apprendre à utiliser moins, à payer plus, à trouver des substitutions. Et ce sans espoir de solution, car, pour la première fois, c’est notre monde qui bute sur ses ressources finies face à notre prospérité, qui, elle, requiert des ressources infinies pour continuer à croître.
Et, comme la brioche de Marie Antoinette, les solutions de remplacement coûtent plus cher que celles auxquelles elles se substituent…
Ce qui fait que, cette fois-ci, la hausse des prix va véritablement entrainer une partage des richesses, et une redistribution des consommateurs vers les producteurs.
A tous ceux-ci, JusMurmurandi non seulement souhaite, mais aussi prédit une bonne année!
Les derniers perdreaux de 2010
décembre 31, 2010 on 6:45 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | 1 CommentQuoi de mieux que de terminer 2010 avec les derniers perdreaux de l’année.
Gbagbo a perdu puisqu’il au eu moins de voix que son concurrent. Tout le monde le dit et personne ne le soutient.
Ou presque.
Roland Dumas, célèbre pour avoir été le pote de Tonton, le « client » de luxe de Elf via Me. Deviers Joncours inter alia tellement son pédigree est long, et Jacques Vergès, avocat au curriculum sulfureux, sont allés en Côte d’Ivoire pour soutenir ce brave Laurent.
C’est magnifique. Quelle belle brochette!
Le président Lula, le grand ami de la France même sans lui acheter ses si beaux Rafale, quitte le pouvoir, et signe son dernier décret, vite, vite.
Un peu comme Clinton qui accorda le pardon présidentiel à quelque copains juste avant de quitter la Maison Blanche, Lula ne permet pas l’extradition de Cesare Battisti vers l’Italie afin qu’il réponde de ses crimes de sang. Discutable.
Ce qui est par contre risible, c’est de voir BHL applaudir.
Décidément les Français savent se montrer sous leur meilleur jour jusqu’à la Saint Sylvestre.
La cour des Comptes sort un rapport ravageur sur la région la plus pauvre de France.
La Corrèze chère à Jacques Chirac.
Environ mille Euro de dettes par habitant.
Un musée Chirac qui perd 30€ par visiteur, après un agrandissement somptueux.
Déjà sa construction, en Corrèze, est discutable.
Mais un agrandissement???
Region présidée par Francois Hollande, celui ci affirme évidemment que tout cela est l’héritage qu’il a trouvé en arrivant il y a une paire d’années.
Il oublie juste de dire que la Corrèze est la première région de France à avoir distribué un millier d’iPad aux élèves et enseignants de la région lors de la dernière rentrée des classes.
Ou continue d’investir aujourd’hui, sous une présidence socialiste, 60 millions d’Euro par an alors qu’il ne faudrait pas dépasser 35 pour revenir à de saines finances…
Ce n’est pas ce que JusMurmurandi qualifierait de mesure d’austérité…..
2011, année sans langue de bois ? Ne rêvons pas.
On vous la souhaite tout au moins excellente !
Toute l’équipe de JusMurmurandi se joint à moi pour vous adresser tous nos meilleurs vœux.
Et si on sortait de l’euro?
décembre 27, 2010 on 1:53 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | 2 CommentsUn scénario permet une fois encore à un certain type d’intellectuels de rêver. Et si on sortait de l’euro? Car, c’est l’euro, Mesdames et Messieurs, qui est la source de tous nos maux. Les prix qui flambent, la compétitivité en berne, les contraintes de Bruxelles et des marchés financiers, c’est l’euro, bien sûr. Tout juste si la vague de neige et la navrante exhibition de l’équipe de France de football à Knysna, ce n’est pas l’euro aussi (en fait, c’est la faute à Sarko, comme chacun sait).
Il est symptomatique que les partisans de la sortie de l’euro sont ceux qui, depuis toujours, sont les détracteurs de « la pensée unique », comme il y avait les tenants de « l’autre logique ». Quelques articles épandent l’idée que sortir de l’euro serait indolore, presque inodore, voire quasiment insensible. Ainsi Alain Cotta, ou Laurent Pinsolle, sur son blog hébergé par Marianne, qui se fait le champion du combat contre l’orthodoxie. D’après Laurent Pinsolle, le retour au franc pourrait se faire, vu que « il y a des
précédents, en Tchécoslovaquie ou dans l’ancienne URSS qui montrent tous que la chose est à la fois relativement simple et peu coûteuse selon les mots même de partisans de l’intégration européenne ».
Mentionnons d’abord qu’il y a des traités qui lient la France, lesquels traités ne prévoient de sortie de l’euro. Il faudrait donc les violer unilatéralement, ce qui n’a l’air de gêner personne. Ensuite, il y a une myriade de problèmes techniques. Mentionnons-en simplement un ou deux. Il y aujourd’hui des détenteurs de milliers de milliards d’euros, et des débiteurs de montants comparables. Comment décider si ces actifs et ces dettes doivent être convertis en francs ou conservé en euros? La réponse simpliste serait que les actifs et dettes français seraient libellés en francs et les actifs et dettes étrangers seraient maintenus en euros. Ce serait ignorer
que les actifs et les dettes circulent librement. Par exemple, le premier marché de cotation de nombre d’entreprises du CAC40 est Londres plutôt que Paris. Des actions Danone ou Peugeot détenues par des britanniques, par exemple, sont-elles françaises, ou étrangères? La dette française, aujourd’hui en euros, comment la convertir? Si le détenteur est français, il recevrait un équivalent en francs, et sinon il garderait des euros? Et s’il veut malgré tout garder des euros conformément à ce qu’il a acquis? Ce qui, manifestement, soulèverait un problème d’inégalité de traitement des détenteurs de dette selon qu’ils seraient français ou non, ce qui est interdit par tous les traités européens sur le grand marché unique et suivants.
Et ceci ne sont que des problèmes techniques, sans compter les problèmes économiques: forte dévaluation, forte augmentation des taux d’intérêts, donc double explosion de la charge de la dette, qui est d’ores et déjà le premier poste de charge budgétaire de la France, inflation due à la dévaluation, etc… Laurent Pinsolle va même jusqu’à ajouter qu’il faudrait mettre en place un contrôle des changes pour lutter contre la spéculation…. une recette qui a fait faillite il y a 30 ans, quand, déjà, François Mitterrand avait entraîné la France sur la voie des dépenses inconséquentes et grevé l’avenir de tous les Français.
Avec tout ceci, JusMurmurandi ne prétend pas démontrer que l’euro ait bénéficié ou non aux Français, encore que la stabilité monétaire pendant dix ans, y compris pendant la plus grande crise financière depuis 80 ans, ne soit pas une réussite à négliger, ni que seul l’euro nous offre des taux d’intérêt assez bas pour que notre dette monstrueuse et en croissance continue et rapide soit encore à peu près supportable…
Non, vraiment, essayer de faire croire aux Français que sortir de l’euro est une possibilité réaliste et concrète, c’est vraiment les prendre pour des crétins…
Fluctuat nec Mediator…
décembre 26, 2010 on 9:45 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésQuel naufrage! Un médicament, le Mediator, fabriqué par le laboratoire français Servier, est soupçonné d’avoir causé des centaines, voire des milliers de décès. Conçu comme un anti-diabétique, il a été prescrit avant tout comme une pilule « pour maigrir ».
Là où cela devient choquant, c’est qu’apparemment, tout le monde savait depuis bien des années que le Mediator était problématique. Sa molécule active, le fenfluramine, a été retirée de la vente dans les années 90, après que, sous le nom d’isoméride, elle ait été jugée responsable de milliers de décès. Mais Servier, bien entendu, a toujours souligné dans sa communication que le Mediator n’était pas de la famille du fenfluramine.
Non seulement le Mediator a continué à être distribué pour un usage très différent de sa conception, mais il a continué à être bien remboursé (65%) par la Sécu, alors même que les études montraient un bénéfice thérapeutique faible, sans rapport avec son coût.
Alors, la question que tous posent est « pourquoi? » Pourquoi personne n’a-t-il rien fait? Évidemment les socialistes ont réponse à tout, réponse unique, même: c’est la faute à Sarko. Lequel Sarko aurait été « proche » de Jacques Servier, fondateur et propriétaire des laboratoires éponymes. Sauf que, manque de chance, le médicament eût du être retiré en 1999, date à laquelle, et pour trois ans encore, ils étaient eux-mêmes au pouvoir et pas Sarkozy. Donc l’affaire ne saurait « payer » pour eux s’ils la jouent politicienne. Vous noterez que JusMurmurandi, par « charité » ne donne pas le nom des socialistes qui étaient aux affaires à ce moment et pourraient en faire les frais…
En fait, la réponse à cette question est simple: personne n’était prêt à prendre une décision qui eut affaibli le laboratoire français, lequel laboratoire eût dénoncé tout à la fois le mauvais coup à l’industrie française, les pertes d’emploi, etc… Pour cela il eût fallu du courage.
Du courage pour prendre des décisions, voilà justement une denrée rare, dans un pays qui a inscrit le Principe de Précaution dans sa Constitution, c’est-à-dire contitutionnalisé le fait de ne rien faire. Car qui peut être sûr à 100%? Qui peut garantir contre l’avenir? Ce qui reflète le fait qu’en France, dès qu’il y a un « souci », fût-il « léger » (tout est relatif) comme la neige qui a étalé au grand jour les limites d’Aéroports de Paris, ou gravissime comme avec le Médiator, si les allégations sont prouvées, c’est la faute de l’État…. l’État dont on attend tout, y compris la démographie pour nos retraites, le climat pour les voyages de Noël et les bonnes performances de l’Équipe de France de football.
Mais un État dont on attend aussi qu’il protège contre l’avenir et à qui on délègue toutes nos responsabilités, moyennant quoi il est responsable de tout quand, a posteriori, il y a eu un problème. Donc un État qui ne prend plus aucune responsabilité pour innover, ni non plus pour stopper ce qui fonctionne. Car des remboursements pour des traitements sans bénéfices thérapeutiques, il n’y a pas que le Mediator, mais personne n’a le courage de faire….
En matière de courage, le champion n’est évidemment pas le député socialiste Gérard Bapt qui se précipite pour hurler avec les loups et exiger que Jacques Servier paye de sa poche les dégâts. Oubliant au passage que la France est un État de droit, et qu’il faudrait pour cela un nombre non négligeable de décisions de justice, ce qui est quand même mieux que des gesticulations de politico-démagogue à la Hugo Chavez, pour qui il suffit d’avoir de l’argent pour avoir tort et devoir payer.
Et maintenant la liste de 76 médicaments « sous observation » de l’AFSSAPS, c’est-à-dire dont on n’est pas sûr qu’ils soient sûrs, est déjà une nouvelle liste d’infamie. Il suffit que quelques médecin aient des soupçons, et hop! je te colle sur la liste, et je te publie dans les journaux, et j’ouvre mon parapluie avec un claquement sec. Au passage, que deviennent les avantages pour les malades qu’offre l’immense majorité des nouveaux médicaments? Est-ce un hasard qu’en France on appelle les « malades » des « patients »? Tout cela parce qu’un laboratoire a franchi la ligne jaune, et qu’aucun de ceux dont c’était la mission n’a averti d’un dérapage incontrôlé…
Décidément, bientôt, paraphrasant Sully, on pourra dire que lâcheté et immobilisme sont les deux mamelles de la France.
Hermès, ça presse !
décembre 23, 2010 on 9:53 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésFleuron familial du luxe français, Hermès est attaqué.
Les mêmes gamins qui ont mis hors d’état de nuire des sites internet parce qu’ils ne voulaient plus héberger Wikileaks ? Non.
Des manifestants se sont-ils pressés devant la boutique du 24 Faubourg Saint Honoré pour exprimer leur exaspération alors qu’ils sont touchés par la crise et doivent se serrer la ceinture ? Non plus.
C’est une attaque beaucoup plus feutrée, d’autant plus dangereuse, qui guette cette noble maison fondée en 1837. Historiquement détenue par les familles Dumas et Hermès, celui qui a le plus contribué à son développement, Jean-Louis Dumas, décide de l’introduire en bourse en 1993, les différents membres de la famille gardant environ 75% du capital.
Au printemps 2010 ce dernier passe de vie à trépas, et dès le début de l’été, le groupe LVMH annonce qu’il a ramassé 17% du capital d’Hermès.
Effroi, stupeur, la belle endormie réalise que le danger est immédiat.
L’autorité des marchés financiers, l’AMF, s’ébroue, toute embarrassée de constater que LVMH a ramassé un tel paquet alors même que le franchissement du seuil de seulement 5% aurait dû obligatoirement déclencher une note d’information de l’acheteur. L’AMF donc promet une enquête.
Concurremment, LVMH continue ses « courses » et annonce maintenant avoir dépassé le seuil de 20%.
Tout ceci n’est pas innocent et a deux conséquences majeures. D’une part, le dépassement de ce seuil lui permet de consolider les résultats dans son propre bilan, et ils sont bons. D’autre part, cela signifie que le « flottant » restant entre les 73% environ des familles Dumas et Hermès et les 20% plus de LVMH est inférieur aux 10% obligatoires pour demeurer coté.
Cela va donc nécessairement amener une OPA sur le solde, et rend surtout les familles totalement illiquides, soit l’exact opposé de l’objectif souhaité avec l’introduction en Bourse !!!
Sans parler du fait que la plus value de LVMH entre le cours actuel et le cours d’acquisition moyen équivaut à un profit de….un milliard et demi d’Euro…
Tandis que l’AMF ne promet un résultat d’enquête que pour février 2011, il y a fort à parier que les choses seront d’ores et déjà « pliées » au train où va LVMH….
JusMurmurandi avec la modestie et l’humilité qui sont les siennes voudrait donc rappeler qu’une des meilleures défenses, c’est justement l’attaque.
L’ange exterminateur, comme l’appela Airy Routier dans l’ouvrage qu’il consacre à Bernard Arnault, ne s’est pas fait que des amis depuis son début chez Férinel, entreprise de promotion immobilière paternelle.
Qui mieux qu’un François Pinault accueillerait l’idée de prendre la tête d’une offensive avec l’aide de quelques fonds en manque de cibles pour lancer une contre OPA…. sur LVMH….
Noël, ou pas Noël ?
décembre 21, 2010 on 9:45 | In Best of, Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésNoël, mais pas pour tous. Beaucoup pour certains, pas du tout, mais alors pas du tout pour d’autres….
Noël pour 25% des entreprises du CAC 40 qui réussissent à ne pas payer d’impôts du tout en France. 10 entreprises qui ne payent aucun impôt sur les bénéfices, parce qu’elles les réalisent hors de France, ou trouvent assez de déductions et de niches pour n’en avoir aucun à payer. Cela vous choque? JusMurmurandi aussi. Surtout quand, en tête de liste, on trouve Total, la plus bénéficiaire de toutes. Voilà bien un sujet pour la prochaine réforme fiscale.
Noël beaucoup plus surprenant, pour les investisseurs ruinés par l’affreux Bernard Madoff. Ils vont pouvoir récupérer 50% de leur mise. En fait, sur les 50 milliards annoncés perdus, il n’y en avait « que » 20 qui aient été du cash Le reste, c’était du profit annoncé par Madoff à ses gogos-clients. Donc du manque à gagner, mais pas de la perte réelle. Et le liquidateur aura réussi en tout, à en récupérer 10. Sans compter ce qu’il réclame aux banques qui ont incité leurs clients à investir (moyennant commission) chez Madoff. Récupérer 50% de sa mise, c’est inespéré. C’est Mme Bettencourt (entre autres) qui être contente de son petit Noël, elle qui y était de 30
millions d’euros…
Pas Noël pour les électeurs ivoiriens, qui ont élu Ouattara et se retrouvent avec Gbagbo. Ce fin démocrate, grand ami des socialistes français, refuse de quitter le pouvoir et envoie, de nuit, ses troupes et mercenaires terroriser la population et faire des dizaines de morts et disparus.
Pas Noël non plus pour les opposants à Lukashenko au Belarus. Non seulement on leur dit qu’ils ont perdu l’élection présidentielle, mais, quand ils protestent qu’elle était truquée à grande échelle, ils ont le choix. Certains se retrouvent à l’hôpital après des violences policières. D’autres directement en prison pour quelques années. C’est affaire de goût, après tout. Pour nous, ce sera le dégoût.
Pas Noël du tout non plus, bien qu’en moins grave, pour les milliers de passagers des compagnies aériennes qui se retrouvent bloqués dans des aéroports incapables de déneiger pistes et avions. Les moins bien lotis sont à Londres, où certains « campent » depuis samedi dernier, et où tout ne reviendra à la normale, au mieux, que le 27. La situation y est tellement dégradée que l’aéroport a interdit qu’on en publie des images. Tiens, voilà qui rappelle la Côte d’Ivoire de Gbagbo et la Belarus de Lukashenko. Là aussi il est interdit de filmer ce qui déplaît.
Décidément, l’esprit de pas Noël est partout…
Donner l’exemple ?
décembre 15, 2010 on 7:51 | In Ca m'énerve, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2012, France, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésJusMurmurandi a lu avec intérêt que certaines très grandes fortunes américaines ont choisi de distribuer la moitié de leur patrimoine pour des « bonnes » causes.
Bill Gates, de Microsoft, Warren Buffett, de Berkshire Hathaway, ont montré le chemin et encouragé d’autres personnes très riches, réellement ou virtuellement, comme Mark Zuckerberg (Facebook), de suivre leur exemple.
Bien entendu, on est tenté de ramener cela à nos grandes fortunes hexagonales.
Vont elles suivre l’exemple?
JusMurmurandi voudrait commencer par rappeler cette petite histoire remontant à la période où Francois Mitterrand était président.
Après la mise en place de l’IGF, ancêtre de l’ISF, ou impôt sur les grandes fortunes, on posait la question suivante: « comment fait on pour avoir une petite fortune en France? On commence avec une grande… ».
Mais revenons à notre sujet d’origine, la générosité des grandes fortunes américaines, et demandons nous ce qu’attendent les grandes fortunes françaises pour faire de même.
Si l’on prend un exemple récent, comme par exemple la famille Bettencourt, remémorons nous ce qui fut écrit, dit, ça et là.
Certains de ceux qui furent généreusement employés et stipendiés par Me. Bettencourt n’hésitent pas à cracher dans la soupe et critiquer leur ancien employeur, même si la séparation en particulier fut des plus généreuses, sans parler des « cadeaux » pendant la durée du contrat de travail.
La presse elle se déchaîne, trop à la joie de pouvoir remuer le marigot politico-familialo-industriel.
Les questions véritablement importantes, elles, JusMurmurandi attend toujours qu’on les pose.
Qui a soutenu le groupe l’Oréal et ses soixante cinq mille salariés tout au long des décennies qui ont permis à ce groupe français de devenir un leader mondial??
Qui a résisté aux sirènes des pays voisins à la fiscalité avantageuse, comme la Belgique, membre de la zone Euro qui n’impose pas ses citoyens sur les plus values ou sur les successions??
Bref, cette fortune dont dispose la famille Bettencourt, grand bien lui fasse, vient aussi de ses bons choix à long terme dans une entreprise de qualité.
De la même façon que l’on ne reconnait aucun mérite aux trains qui arrivent à l’heure, on ne se réjouit pas plus de nos succès industriels, et on méprise les fortunes qu’ils engendrent – en France.
En France toujours, on n’a pas une fiscalité qui permet de créer des structures comparables à la « Bill and Melinda Gates foundation ».
En France enfin, on n’a donc pas intérêt à vouloir donner la moitié de sa fortune, parce que cela reviendrait à avouer que l’on en a une.
Sauf si l’on est de gauche bien sûr.
Voir le trio Bergé Niel Pigasse qui reprend, d’une main de fer, le Monde, comme nous le lisons dans l’actualité du jour.
Dans le cas du Monde et de ses riches actionnaires, il est question de retour aux profits, avec un « cost killer » de service pour la basse besogne.
Pas question de donation de la moitié de sa fortune, par contre.
Bien entendu, cela n’interpelle personne.
Circulez, il n’y a rien à voir en France mais il n’y a pas d’exemple à donner non plus !!