Cynisme et opportunisme Royal

avril 5, 2009 on 5:44 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 2 Comments

L’opposition politique, en démocratie, a cet avantage immense qu’elle peut dire ce qu’elle veut parce que qu’elle n’a pas la charge des affaires. Ce qui lui permet de s’en donner à cœur joie sur le registre des « yaka ». Yaka distribuer, yaka sauver, yaka interdire, et j’en passe. Et c’est de bonne guerre.

Mais il y a des limites à ne pas dépasser. Notamment fopa (le négatif de yaka) donner des faux espoirs aux gens, ni utiliser de vraies détresses à des fins politiques.

Or c’est exactement ce que fait Ségolène Royal sur le dossier Heuliez. Heuliez est des plus gros employeurs (1000 emplois directs) de la région qu’elle préside, donc il est légitime qu’elle s’en soucie, car Heuliez est au bord du dépôt de bilan. Ce qui n’est pas vraiment une situation exceptionnelle pour une entreprise automobile dans le monde d’aujourd’hui, où General Motors (GM) et Chrysler ont reçu des ultimatums de 30 et 60 jours de leur bailleur de fonds, l’État américain.

Le problème de Heuliez est simple, et commun au secteur: la baisse de volume. En particulier de leur activité de fabrication de voitures en petites séries. Il leur reste une production de 20 Opel Tigra par jour, et ce pour quelques semaines avant que ce modèle disparaisse. Si ce n’est avant, car Opel est une filiale de GM, et donc un client très vulnérable même à très court terme.

Tout ceci serait un drame industriel malheureusement ordinaire en temps de crise, mais Ségolène Royal a choisi de le traiter à la mode dramatisation-show business dont elle est maintenant friande. Elle explique que le sauvetage de Heuliez est nécessaire en raison de la richesse de cette entreprise en innovation et matière grise. Elle a raison. C’est notamment Heuliez qui a inventé et produit le toit ouvrant métallique repliable qui a fait les beaux jours de la Peugeot 206 CC, et qui s’est généralisé à presque tous les constructeurs automobiles, mais pas toujours produits par Heuliez malheureusement.

Mais là où le débat industriel s’arrête pour céder le pas au crique et à la prestidigitation, c’est quand elle explique que la sauvetage de Heuliez, qui rappelons-le est à des jours ou des semaines de la grande culbute, viendra d’un véhicule électrique « révolutionnaire ».

Sans rentrer dans les détails, aucune voiture électrique n’a réussi à se vendre jusqu’ici, sauf en série minuscule. Les batteries sont lourdes, l’autonomie trop limitée, le rechargement long et peu commode. Et, le volume n’étant pas au rendez-vous, le prix est élevé. Des annonces ont été faites que des nouveaux modèles, fondés sur de nouvelles batteries vont enfin sortir de ce cercle vicieux.

Mais un véhicule qui n’est pas encore en production, comme c’est le cas chez Heuliez, ne sort pas des chaînes de montage (lire: ne donne pas de travail ni de chiffre d’affaires) sur un claquement de doigts, fussent-ils aussi féminins que ceux de la présidente de Poitou-Charentes. Il faut des années pour l’industrialisation, l’homologation, la commercialisation. Il n’y a aujourd’hui ni marché, ni réseau de vente, ni logistique de support, ni produit homologué. Et c’est ça, la solution pour une entreprise qui n’a plus que quelques semaines de trésorerie?

Alors, bien sûr, il est plus payant de se payer le Président de la République devant les caméras en arguant que c’est de sa faute, car son ami Vincent Bolloré va sortir un véhicule électrique auquel celui de Heuliez aurait fait de l’ombre, ombre qu’il faut effacer en laissant le concurrent potentiel sombrer, que de prendre le problème à bras le corps et en travaillant sur des solutions réalistes. Même si elles sont douloureuses, ce qui n’a pas forcément sa place dans l’univers fra-ter-nel et paillettes de la candidate de 2012.

Le problème avec Ségolène, c’est qu’on ne sait jamais, quand elle profère une ânerie, si elle s’en rend compte. Peut-être croit-elle effectivement à la solution qu’elle propose. Mais alors elle est d’une telle ignorance de la moindre réalité industrielle et commerciale qu’elle est plus digne de remplacer la co-animatrice de la Roue de la Fortune sur TF1 que de présider aux destinées de la France.

Ou alors, si elle n’y croit pas, ce dont JusMurmurandi, par égard à la France, à l’ENA dont elle est sortie et aux millions de Français qui ont voté pour elle, la crédite volontiers, et alors elle surfe sur la détresse et fait naître des espoirs totalement factices dans le seul but d’un passage positif à la télé. Et ramène la politique française à sa seule dimension de bac à sable (j’aide mes copains, qui sont pas les tiens, na!), qui est son niveau zéro.

On en viendrait presque à plaindre Martine Aubry, qui, elle, ne fait pas vraiment dans le genre séduction superficielle.

Noté: zéro pointé!

avril 3, 2009 on 6:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Incongruités, International, Poil à gratter | 5 Comments

Enfin, le G20 a accouché d’une résolution pertinente. Pas les 1100 milliards de dollars promis pour la relance immédiate, ni les 5000 milliards à terme, ni le quadruplement des ressources du Fonds Monétaire International, quoi que toutes ces mesures soient loin d’être négligeables. Pas les mesures de supervision des hedge funds, quoi que ceci soit certainement une étape dans la bonne direction. Pas l’exigence que tous les pays imposent une supervision des risques des acteurs économiques qui s’y trouvent, mettant ainsi fin aux paradis fiscaux incontrôlés, quoique cela aussi ne puisse que réduire les menaces contre la stabilité du système financier mondial.

Ce que JusMurmurandi a vu avec ravissement, c’est un petit paragraphe de 3 lignes et demie concernant les agences de notation. Car il ne faut pas sous-estimer leur rôle dans la crise actuelle.

C’est parce qu’il existe des agences de notation que des milliards de dollars peuvent être investis dans des actifs auxquels l’investisseur ne comprend rien. Il lui suffit de se fier à la note délivrée par l’agence.

Les autorités locales anglaises, comtés et municipalités ont confié des milliards de livres à des banques islandaises sans avoir jamais mis les pieds en Islande, lesquels milliards sont maintenant menacés de couler avec toute l’économie islandaise. Ils ne l’auraient jamais fait si les banques islandaises n’avaient pas été bien notées par les agences de notation.

Le marché des CDS, ou credit default swaps, n’aurait pas atteint le niveau faramineux de dizaine de milliers de milliards de dollars (il n’existe pas de chiffre précis et concordants sur le sujet!) si les agences n’avaient pas béni le fait que ces CDS permettaient de se débarrasser d’un risque trop important. Demandez donc à Lehman ou à AIG si ça a vraiment fonctionné comme ça…

Le marché de la titrisation n’aurait jamais permis de disperser des actifs au quatre coins du monde financier si ces actifs titrisés n’avaient pas bénéficié de bonnes notes des agences, suscitant une confiance dont les événements ont montré ce qu’elle valait.

Les crédits subprimes ne se serait jamais développé si les agences n’avaient pas noté au mieux des paquets de ces crédits simplement parce qu’ils avaient été garantis par la signature d’un assureur en tant que réhausseur de crédit. A preuve qu’il ne reste plus un seul réhausseur de crédit important aux États-unis qui n’ait été sauvé par l’État, à commencer par les gigantesques -et indispensables- Fanny Mae et Freddie Mac.

Bref, les agences qui ont régné sur un monde où leurs notes faisaient la pluie et le beau temps, ces agences ont mérité un zéro pointé. Un peu comme si les restaurants notés « trois étoiles » par le guide Michelin ou « 19/20″ par le Gault et Millau avaient servi de la viande tellement avariée que des centaines de clients se soient retrouvés aux urgences, en réanimation et en unité de soins intensifs.

Et pourtant, quel pouvoir a été le leur! Tous les PDG devaient servilement suivre la politique préconisée par tel ou tel analyste pour espérer continuer à bénéficier d’une bonne note. Ce sont les agences qui ont imposé les normes de bénéfice, voire carrément les plans de restructuration. Et oser différer, se cabrer, c’était se faire sabrer, et voir sa note dégradée, comme un officier dégradé devant le front des troupes. L’humiliation et le rétrogradation totales, signe évident pour un Conseil d’administration de l’échec du PDG. Qui devait donc aller à Canossa et ramper aux pieds de l’analyste tout-puissant.

Le plus hallucinant de tout le montage, c’est que c’étaient les entreprises qui devaient payer les agences qui les notaient. Imaginez que ce soient les parents d’élèves qui payent directement le professeur de leurs enfants… On appelle cela poliment un conflit d’intérêt. JusMurmurandi, à qui ces agences n’inspirent pas forcément une grande charité chrétienne, rappelle simplement qu’Enron a bénéficié de la meilleure note possible jusqu’à peine quelques semaines avant sa retentissante faillite. Note sans aucun rapport, on s’en doute avec le fait qu’Enron avait rapporté gros aux agences qui le notaient si bien…

Il est donc essentiel que le G20 impose enfin un code de transparence et de régulation à ces agences.

Et qu’elles commencent non seulement à noter des comptes, mais aussi à en rendre. JusMurmurandi attend avec impatience de voir ces entreprises jusqu’ici si arrogantes, les Standard & Poors, Moody et autres Fitch devoir se justifier.

Cela ressemblera à certains enseignants-chercheurs qui veulent bien noter les travaux de leurs étudiants, mais absolument pas qu’ils soient eux-mêmes notés.

Ah, non! Voilà que JusMurmurandi fait maintenant du mauvais esprit. Cela n’a rien à voir, bien sûr…

Bras de fer, ou …..??

mars 30, 2009 on 9:10 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Incongruités, Insolite, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermés

Bras de fer ou chantage – définition

Didier Le Reste, tête de pont de la CGT déclare dans les Echos du jour « le rapport de force ne vaut que s’il est mis au service de la négociation ».

Question : y a t il encore négociation quand il y a rapport de force ????

Deuxio : à votre avis, qui va trinquer avec la CGT en syndicat majoritaire à la SNCF ?

Réponse : Syndicat 1 – citoyens voyageurs 0.

Bras de fer ou gaspillage – définition

Mettez un groupe de pays ayant besoin d’un avion militaire, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre :-)

En face, mettez un groupe d’industriels, avec d’un côté un fabricant de cellule et de l’autre un groupe pour créer un nouveau moteur.

Agiter, puis essayer de laisser reposer.

Le résultat est un avion militaire qui tout en n’ayant jamais décollé, risque même de s’écraser !

Pour le plus grand bonheur des fabricants américains et russes.

A tous les hommes politiques européens, et français en particulier, qui donnent des leçons aux patrons, en voici une qui va, encore une fois, nous coûter cher – même si le programme A 400M décolle un jour.

Bras de fer ou piège à cons – définition

Encore deux navires capturés au large de la Somalie en 24 heures en fin de semaine dernière.

Un navire grec de 9.000 tonnes avec 19 membres d’équipage et un bateau norvégien de 23.000 tonnes avec 27 personnes.

Plus on paye les rançons, plus on équipe les pirates.

Plus on équipe les pirates, plus ils saisissent nos navires.

Plus ils saisissent de navires, plus on paye les rançons.

Plus on paye les rançons etc. etc. etc.

Rançon, piège à cons.

Bras de fer – ou prisonnier

Une à une, chaque grande ville, région etc. « est acculée à la rigueur budgétaire » nous livrent encore les Echos ce jour.

Après Paris et ses 9%, voici Marseille avec 4.9%.

« Les impôts sont notre seule variable d’ajustement » déclare ainsi l’adjoint aux finances de la ville phocéenne.

« Nous devons tout faire pour poursuivre l’élan engagé depuis 1995 à Marseille ».

A le lire JusMurmurandi pense plutôt que les finances de la ville vont dans le mur et qu’au lieu de prendre des décisions courageuses en réduisant le train de vie de la ville  d’autant que les recettes baissent, on préfère tondre le contribuable.

A cette classe politique qui conspue tant les chefs d’entreprise, rappelons que ces derniers lorsqu’ils sont mandataires sociaux sont révocables « ad nutum ». Cela veut dire virables dans l’instant.

Comme Christian Streiff, Président de PSA remplacé ce week end par le conseil d’administration.

A quand des politiques soumis au même régime ?

Quant aux socialistes qui réclament à cor et à cri plus de décentralisation, on vous aura prévenu, Cher Lecteur.

Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil…

Sauf chez JusMurmurandi !

On n’a rien demandé à personne. « On » a juste demandé aux futurs subventionnés s’ils voulaient bien l’être.

Résultat : avec 61% de votes exprimés, les Mahorais vont nous coûter « 200 millions d’Euro par an pour atteindre l’intégration complète…. d’ici 20 à 25 ans. » Dixit Yves Jego, le Secrétaire d’Etat à l’Outre mer. Et on entend les Comoriens, jusqu’en Métropole qui disent « Et nous, et nous, et nous !!! ».

Heureusement Jégo déclare aussi « Mayotte peut servir de modèle, y compris pour la métropole ».

Ouf, JusMurmurandi est rassuré…

Ah bon ?? Pas vous  ???

Le profit qui tue! Vive les Yaka!

mars 30, 2009 on 9:16 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

La Maison Blanche a, comme condition à la poursuite du renflouement du géant malade de l’automobile américaine, demandé la tête du patron de General Motors, Rick Waggoner, qui vient donc de démissionner. Le motif: il n’a pas fait assez pour restructurer l’entreprise, raison pour laquelle elle se retrouve en si piètre posture.

On peut comprendre que l’équipe Obama ne fasse pas confiance au patron qui, depuis 8 ans, dirige ce symbole déchu de la toute-puissance américaine, qui a reçu 17 milliards de dollars et en réclame encore autant, et ce en quelques mois.

On doit aussi s’attendre à ce que son successeur soit un négociateur musclé qui conditionne, en accord avec l’Administration américaine, la survie de GM à l’obtention de réelles concessions de toutes les parties prenantes: fournisseurs, employés, banques, syndicats, retraités. Il est aussi possible que la Maison Blanche rejette le nouveau plan comme elle vient de le faire avec celui-ci indiquant qu’il n’est pas une voie de retour au profit crédible, notamment sur le volet des restructurations.

Il est facile d’en tirer la conclusion que c’est la faute de Waggoner de ne pas l’avoir fait, ou alors trop peu, et trop tard. Le problème, c’est que ce n’est pas vrai. Parce que des mesures de restructuration, cela coûte cher. Abandonner une marque, et GM en a trop pour son volume actuel, cela veut dire couper le cordon avec des milliers de concessionnaires qui ont un contrat. Fermer une usine, et GM en a trop pour son volume actuel, cela veut dire des indemnités de licenciement considérables dans ce temple du syndicalisme américain. Dessiner une gamme de voitures plus petites et sobres tant que la demande porte sur des gros 4×4 et utilitaires beaucoup plus rentables, c’eût été une forme de démence.

D’ailleurs, tout patron qui eût prédit la vitesse sans précédent avec laquelle le pétrole a vu son prix grimper vers le sommet vertigineux de 147$ le baril eût aussi été jugé dément. Comme tout patron qui eût prédit la violence extrême de la crise financière aussi. Penser que ce soit possible est une chose, risquer l’avenir de l’entreprise et sacrifier le profit de l’entreprise au nom d’une prévision d’un changement dramatique encore à venir, en est une autre.

Ce qu’a fait Waggoner, c’est avant tout de maximiser le profit, comme l’exigeaient ses actionnaires. Ce faisant, il a minimisé les dépenses de restructuration et de transition vers un avenir incertain. Ne l’eût-il pas fait, qu’il eût été certainement viré.

Par extension, imaginons la situation d’un PDG de banque à qui ses troupes proposent de se lancer dans le nouveau métier des « Credit Default Swaps ». Ne pas le faire, c’est voir cette opportunité de business lui filer sous le nez, et les clients et cadres performants s’orienter vers des concurrents plus « modernes ». Alors, même s’il a des doute sur ces produits qu’il ne comprend pas bien, le PDG y va, pour faire comme les autres, pour tenir le rythme, pour ne pas être ringardisé d’abord, puis, moins rentable que ses concurrents, viré ensuite.

Et ensuite, quand le marché des CDS ressemble à un étal de boucher avec les tripes des banques étalées à l’air libre, tous ont beau jeu de crier haro sur le banquier inconséquent qui a pris des risques mal maîtrisés.

En « oubliant » que tous exigeaient un profit maximum, et aujourd’hui, qu’il ait aussi pris des mesures qui auraient sabré le profit de GM ou l’auraient contenu dans une banque.

Vraiment, oui vraiment, le rôle de Yaka!, que ce soit de la presse ou de la politique, est aussi confortable qu’il est intellectuellement malhonnête.

Ceci, soit dit en passant n’est pas une défense de Rick Waggoner. Lui aussi faisait partie du système qui l’éjecte aujourd’hui. Si cela ne lui convient pas aujourd’hui, il n’avait pas à en profiter hier, mais à aller voir ailleurs. Et GM a vraiment fait plus d’erreurs que beaucoup, beaucoup d’autres. Ça y est, voici que JusMurmurandi aussi se met à jouer les Yaka!

Le capitalisme a-t-il manqué de solidarité?

mars 27, 2009 on 8:02 | In Economie, France, International | Commentaires fermés

Prenons un mot au hasard, par exemple « solidaire ». Un joli mot, très à la mode, surtout quand il concerne les autres. Changeons une de ses lettres, une seule. Le « d », par exemple, et remplaçons le par un « t ». Et hop, cela donne « solitaire », ce qui n’est pas tout à fait pareil.

A quoi rime cet exercice? A voir ce qui se passe dans le monde de la finance. Deux cadres supérieurs d’AIG France viennent de démissionner, et un aux Etats-Unis, au motif que la distribution de leurs bonus pour l’année 2008, maintes fois promise, confirmée en pleine tempête financière mondiale, est maintenant prise dans une tourmente éthico-démagogico-politique. Et que, pour eux, ne pas recevoir de bonus, et être traités de rapaces immoraux pour avoir prétendu en recevoir est insupportable. Moyennant quoi, ils ne le supportent pas, et s’en vont.

Au cœur de leur argumentation, le fait que l’unité pour laquelle ils travaillaient n’avait rien à voir avec celle qui a valu sa triste déconfiture au géant de l’assurance américaine. Et que donc, ils se sentaient tout à fait étrangers aux troubles d’AIG, et avaient le sentiment du devoir accompli avec compétence et diligence. Deux mots qui, à leurs yeux, riment avec récompense. Une rime, qui, cela va de soi, est « riche ».

Voici donc nos cadres d’AIG qui réfutent toute solidarité avec le reste de l’entreprise. Ne se sentant pas solidaires de ses turpitudes, il ne se sentent pas plus solidaires du remède de cheval qui lui est administré. Ils regardent le travail qu’ils ont accompli isolément du reste de l’entreprise. Comme des solitaires, et non comme des solidaires.

Une lettre change, et tout est changé.

Ce qui pourrait n’être qu’un avatar banal dans le cours de la crise qui secoue notre monde est au contraire éclairant. Car ce spasme est né de ce que chaque acteur économique n’a pensé qu’à son bien-être solitaire, sans se soucier des risques collectifs que cela faisait prendre à tous. Alors que c’est bel et bien la solidarité collective qui est venu au secours des naufragés (sauf Lehman) des aventures solitaires.

Et aujourd’hui, nul ne se sent solidaire des banques ruinées, bien au contraire, alors même que nous avons tous bénéficié de la prospérité induite par leur orgie de crédit. Et aucun banquier n’a démissionné après avoir présenté ses excuses, plein de honte pour ce qui s’est passé, alors même qu’il en aurait reçu des rémunérations pharaoniques.

Au contraire, chacun veut profiter à fond des fonds (!) que l’urgence a fait trouver aux gouvernements pour s’en approprier une part, et les grands cadres financiers se désolidarisent de leur établissement infirme.

Le G20 se réunit pour trouver de nouvelles « règles du jeu », et il est déjà clair qu’elles consisteront en de nouvelles et restrictives mesures de contrôle, notamment pour les hedge funds. Quoiqu’on puisse aussi écrire, en ces temps solitaires, « contre » les hedge funds, pour les désigner comme coupables ce qui absout les autres au passage.

Le décret que va prendre le Gouvernement français la semaine prochaine est d’une toute autre nature. Il dit « pas de rémunération complémentaire dès lors qu’il y a aide de l’Etat ». Là où ceci intéresse JusMurmurandi, c’est la différence avec ce qu’ont fait les Américains, qui ont voté une taxation à 90% de ces rémunérations. Le principe américain taxe et punit, et, bien évidemment, va pousser les « victimes » à chercher le moyen de contourner cette quasi-confiscation. Le principe français créé ou recréé une solidarité imposée entre la performance d’une entreprise et la rémunération de ses dirigeants.

Il est trop tôt pour savoir comment va se faire la sortie de crise, qui finira bien par arriver un jour ou l’autre. Mais ce qui est sûr, c’est que, tant que le système permettra à chacun de s’isoler solitairement des conséquences collectives, d’autres crises identiques sont inévitables. Inversement, recréer une solidarité systémique oblige les énergies à travailler dans le même sens. Et cela n’a rien à voir avec un quelconque socialo-communisme.

Ce dernier système impose l’Etat comme acteur économique central, censé être impartial et attaché au bien-être commun. On sait à quel point cette représentation est idéalisée, et loin des pachydermes bureaucratiques qu’on observe dans la réalité. La solidarité dont parle JusMurmurandi se fait au niveau individuel, donc capitaliste, par des « règles du jeu » simples: pas d’îlots de prospérité s’il y a océan de pauvreté. Pas de bonus quand il y a des pertes. Pas de parachutes dorés quand l’avion s’écrase. Et ainsi de suite.

Non seulement ce n’est pas du socialisme, mais ce principe oblige les acteurs économiques à effectivement bénéficier ou pâtir de la prospérité de leur entreprise. Quoi de plus capitaliste que cela? Alors que le système solitaire permet de s’abstraire des conséquences de ses errements, tels des apparatchiks de l’époque soviétique.

JusMurmurandi serait-il devenu utopiste?

Boucs émissaires: le temps des charognards et du populisme

mars 25, 2009 on 6:56 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 2 Comments

Thierry Morin n’a pas de chance: un désaccord stratégique avec ses actionnaires le force à quitter le poste de PDG de Valeo. Compte tenu qu’il y a passé 20 ans, ce n’est pas le renvoi d’un simple mercenaire qui saute de poste en poste, mais l’éjection d’un grognard de l’époque légendaire de Noël Goutard, qui fit de Valéo ce qu’il est aujourd’hui.

Lequel Thierry Morin s’en va, et, comme son contrat le stipule, part avec deux ans de salaire, soit quelques 3 millions d’euros. Soit dit en passant, 1,5 millions d’euros par an, d’ailleurs ramenés récemment à 1,1 millions ce n’est pas le record du CAC 40, loin s’en faut.

Oui, mais maintenant, c’est la crise, et ce qui n’aurait pas valu plus de deux lignes de feuilles de chou pour obsédés de la finance fait aujourd’hui les gros titres de la presse nationale. Car Valeo est un équipementier automobile, et, à ce titre, en difficulté. 5000 suppressions de postes sont programmées, et le contraste avec les millions de Valeo fait désordre.

A partir de là, c’est la curée contre Morin. Nicolas Sarkozy, Laurence Parisot, Luc Chatel, les syndicats, la gauche, tous s’y mettent. Et, en passant, mélangent gaiement bonus et parachutes dorés, Bilger, l’ex-patron d’Alstom, Morin et les dirigeants de la Société Générale.

JusMurmurandi, une fois de plus écoeuré par la lâcheté et la veulerie de ces donneurs de leçons de morale qui ne sont que des leçons de démagogie, voudrait rappeler quelques faits.
- Thierry Morin ne touchera qu’une petite fraction des quelques dizaines de millions d’euros avec lesquels Daniel Bernard a quitté Carrefour, ou des stock options de Jaffré chez Elf. Pourtant il a fait toute sa carrière chez Valeo, alors qu’eux étaient des mercenaires de passage pour quelques années.
- Autant Pierre Bilger peut être tenu pour responsable des difficultés gravissimes d’Alstom, ce n’est pas Thierry Morin qui a inventé la crise automobile
- alors que le plan de stock-options de la Générale a été concocté en pleine tourmente, et donc en connaissance de cause, et que de multiples parachutés dorés sont négociés en dernière minute, Morin demande simplement l’application d’un contrat qui a été rédigé il y a des années

Ceci ne veut pas dire que JusMurmurandi soit insensible à la dissonance entre millions et suppressions de poste. Mais il faut raison garder.

Savez-vous combien touchera un salarié de Valeo licencié économique après 20 ans de maison? Si on tient compte de son préavis, de ses indemnités et de son chômage, auquel Morin n’a pas droit? Plus que Morin, si l’on mesure en années de salaire

Imaginez-vous ce que l’inspection du travail fait à une entreprise qui, au moment d’un licenciement, ne veut pas appliquer une clause de contrat de travail favorable à un employé? Elle la crucifie (le mot n’est pas trop fort). Sans compter le traitement médiatique réservé à l’entreprise par les syndicats devant les micros et caméras complaisantes. C’est pourtant ce qu’on demande à Valeo de faire dans le cas de Morin

JusMurmurandi est effaré de voir à quel vitesse le sentiment anti-patron et anti-riches progresse en France depuis l’arrivée de cette crise. Il est d’ailleurs stupéfiant de voir que la droite s’y adonne avec les mêmes délices que la gauche alors même que c’est contraire à son programme. Le pouvoir met donc en place un bouclier fiscal à 50% et courtise les riches pour qu’ils ne partent pas de France ou y reviennent, non sans succès d’ailleurs. Et, en même temps, ils les laissent se faire dévorer par la vindicte populaire dès qu’ils touchent de l’argent, même prévu à un contrat, même quand ils n’ont pas failli, même quand c’est le salaire d’une vie.

Nous avons souvent critiqué dans les termes les plus nets l’indécence qu’il y a à se servir une forte rémunération en cas d’échec. Mais une politique dominée par un ressentiment populaire attisé par la peur de la crise, lequel balaye le droit, l’équité, la morale et la raison, une telle politique à un nom: c’est le populisme. il y en a des exemples historiques, tel Peron en Argentine, ou contemporains, tel Chavez au Venezuela.

Sur le fond, JusMurmurandi ne dit pas que le populisme soit une voie interdite. Simplement qu’elle n’a jamais réussi, ce qui devrait nous rendre prudents avant d’emprunter ce chemin si tentant par la facilité qu’il offre. Et, accessoirement, qu’il n’y aura jamais de France riche sans Français riches.

PS: ceci n’est pas un plaidoyer pour Thierry Morin individuellement. Un dirigeant est un mandataire social qui connaît les conditions d’exercice de sa fonction, et les risques qu’il y a à mécontenter ses actionnaires.
Accessoirement, il est ironique de voir Morin vilipendé par toute la gauche alors qu’il est un homme d’entreprise, et que l’actionnaire qui a mené la rébellion contre lui est un fonds d’investissement américain focalisé uniquement sur le cours de l’action. Il est évident que son successeur sera recruté pour donner satisfaction à ses actionnaires. JusMurmurandi n’est pas sûr que le coût pour l’entreprise et ses collaborateurs ne fasse pas bientôt regretter Morin par ceux-là mêmes qui aujourd’hui font la une à bon compte en le dévorant à belles dents.

Thierry Morin

Ce serait presque drôle…

mars 24, 2009 on 11:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Enfin, Timothy Geithner, tout récent Secrétaire américain au Trésor, a fait connaître les grandes lignes de son plan pour dégager les banques de son pays de leurs actifs pourris, essentiellement immobiliers.

C’est un peu compliqué, mais vaut le coup de s’y intéresser, compte tenu des enjeux. On parle de 500 à 1000 milliards de dollars, ce qui n’est pas rien. Une approximation de 500 milliards, ce n’est pas rien non plus.

Soit, donc, un actif bancaire de 100$, par exemple, au hasard, un crédit immobilier « subprime ». Il s’agit de le vendre, car il est « douteux ». D’abord il faut le faire évaluer, ce qui sera confié, et c’est une nouveauté, au secteur privé, et mettons qu’il ne vaille « que » 84$. L’idée de Tim Geithner est de trouver des investisseurs privés pour l’acheter, de part à deux avec l’Etat américain, pour mettons, 12$ de cash (6 chacun) et 72$ d’emprunts accordés par l’Oncle Sam.

Donc la banque touche 84 dollars de cash. Comme il est à espérer qu’elle a déjà déprécié cet actif par rapport à ses 100$ initiaux, cela devrait se faire sans perte pour elle. Au contraire, elle va avoir 84$ de cash « libres » qu’elle pourra de nouveau prêter, ce qui contribuera à ranimer l’économie américaine qui a ses vapeurs. Les deux investisseurs vont maintenant espérer que leurs 84$ d’actifs vont repartir à la hausse, portés par la revitalisation de l’économie, ce qui générerait un profit consiérable par rapport à une mise de seulement 12$. Ainsi, si l’immobilier « pourri » remonte de 10%, cela fera 8,4$de plus-value, soit un gain de plus de 60% pour chacun des investisseurs. Si, en revanche, le marché baisse (ou, plus exactement, continue de baisser), ils peuvent rapidement perdre tout l’argent investi.

Cette approche a pour avantage majeur de ne pas laisser les banques américaines enchaînées au boulet de leurs crédits pourris comme l’ont été les banques japonaises des années 80-90, ce qui a contribué de manière déterminanate à 20 ans de stagnation économique.

Et hop! comme eût dit Achille Talon. C’est réglé!

Un petit détail frappe JusMurmurandi. Qui seront les investisseurs privés qui vont ainsi décharger les banques en prenant un fort risque, de gains comme de perte? Probablement des hedge funds, qui sont créés très exactement pour ce genre de situations. Comment? Des hedge funds jouant à fond l’effet de levier? Mais n’est-ce pas l’une des causes principales de la crise actuelle?

Non, l’une des causes principales de la crise actuelle, c’est l’endettement excessif des acteurs économiques, avec trop peu de ressources (pour les particuliers) et de fonds propres (pour les banques) pour faire face à un ralentissement qui fait partie de tous les cycles économiques. Mais, pour financer ce plan de « nettoyage » des bilans bancaires, l’État américain ne s’endettera-t-il pas trop par rapport à ses ressources? Avec un déficit fédéral prévu à 1800 milliards, c’est-à-dire 13% du PIB, excessif n’a tout simplement plus de sens. Surtout quand on en est à 500 milliards de plus ou de moins, comme aujourd’hui avec le plan Geithner.

Accessoirement, il est amusant de voir Martine Aubry, Benoît Hamon et compagnie prendre argument des sommes gigantesques dépensées par l’équipe Obama (en paroles tout au moins jusqu’ici) pour montrer que Sarkozy ne fait rien contre la crise. Ce sont les mêmes qui ont vilipendé pendant toute leur vie le modèle américain, et qui subitement, le prennent en exemple, alors même que la situation des deux pays n’est pas comparable.

En attendant, il est consternant de voir les pouvoirs publics de tous bords faire exactement ce qu’ils reprochent aux banques et aux particuliers d’avoir fait, puis encourager les hedge funds de prendre de fortes positions avec fort risque, tandis que les Banques Centrales créent force liquidité. (fForce liquidité, vu les montants en cause, le mot est faible…). bref, pour sortir de l’éclatement d’une bulle, on créé les conditions d’une nouvelle bulle, encore plus grosse. Exactement ce qu’on reproche aujourd’hui à Alan Greenspan, autrefois adulé comme Chairman de la Réserve Fédérale américaine, d’avoir fait.

Ce serait presque drôle, si ce n’était aussi terrifiant…

Minc et les patrons

mars 23, 2009 on 4:20 | In Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite | 1 Comment

Ce matin, dans le Figaro, un texte pour le moins curieux. Alain Minc, fleuron de l’intelligentsia parisienne, conseiller de tous les puissants, écrit à « ses amis » les patrons. En substance il leur dit que leur conduite, dans la circonstance actuelle, est de l’inconduite. Et il leur fait, avec force exemples d’excessive rapacité en France et, a contrario, de discrétion et de modération à l’étranger, un brin de conduite.

Il leur rappelle dans les termes les plus nets les errements de 1788, aussi bien que les dégâts qu’entrainerait une législation rigide et restrictive sur le sujet de leurs rémunérations.

Que cherche Alain Minc? Quand on connaît la complexité du personnage, on peut se poser la question. Imagine-t-il obtenir plus de résultats dans une lettre ouverte que par de nombreux entretiens avec tous ceux dont la porte lui, de toute façon, ouverte?

Ne voit-il pas que cette lettre, émanant d’un concentré de haute priviliégiature énarcho-parienne est un argument direct dans les mains de la gauche, Besancenot et Hamon en tête, qui soufflent sans vergogne sur les braises de la lutte des classes la plus dure en faisant semblant d’ignorer que Marx est bel et bien mort et enterré?

Veut-il dissocier son sort personnel de celui d’une caste qu’il juge d’ores et déjà perdue pour l’Histoire? Il en est beaucoup trop fin connaisseur pour ignorer que le duc d’Orléans, rebaptisé Philippe-Egalité, qui vota la mort sans appel du roi son cousin, fut lui-même guillotiné peu après.

Il ne faudrait pas oublier que Minc, même s’il a des revenus de ses nombreux livres, est avant tout un conseiller grassement payé par le haut patronat. Et que donc, déplaire est, dans cette fonction, pire qu’une faute professionnelle, une faute de goût. Laquelle peut fermer à tout un chacun -même à lui, Minc, petit Prince du Conseil, et, par ailleurs aussi Conseil du Prince puisque proche de Sarkozy- les chéquiers qui le nourrissent.

Mais Minc est plus subtil que toutes ces interprétations simples, et trop conscient de son intérêt pour se torpiller dans le but de briller, l’espace d’un instant, de cette nouvelle preuve de son ouverture aux Lumières de notre temps.

Alors JusMurmurandi propose quatre réponses à sa propre question.

La lettre ouverte de Minc serait en fait le message de patrons « raisonnables » effarés des excès de leurs collègues, excès pour lesquelles ils craignent d’être tous damnés, voire carrément condamnés. Et Minc serait le héraut de ces éclairés d’un nouveau genre, qui ne savent visiblement pas se faire entendre du MEDEF, dont la présidente est le seule personne citée explicitement de toute la lettre.

Deuxième possibilité, Minc vise en fait à ringardiser et déstabiliser Laurence Parisot pour mieux la remplacer. En montrant aux patrons le risque qu’il y a à la suivre, et que lui-même ferait autrement mieux dans ces temps si difficiles pour tous. Il éteindrait l’incendie après avoir avoir contribué à en aviver la flamme, et à diriger Laurence Parisot vers la place du Marché de Rouen.

Troisième possibilité: Minc serait en fait le porte-voix à peine déguisé de son ami Nicolas, lequel n’a certes pas besoin en ce moment de devoir ni défendre ni légiférer contre le patronat, ce à quoi le contraindraient d’autres affaires comme celle des stock-options -aujourd’hui annulées, mais le mal est fait- de la Société Générale. Et outre le fait de rendre service au Président, Minc montre à quel point il maîtrise la communication publique qu’il sait ciseler à merveille. Le contraste avec une certaine ministre des Finances pourrait donner des idées pour un poste qui commence par les mêmes trois premières lettres que le nom de Minc.

Enfin, on étalant sa « modernité », Minc peut susciter des affaires. Des patrons sensibles à sa « branchitude » peuvent vouloir bénéficier de ses conseils, tarifés au prix fort, bien entendu. Du marketing bien fait, en quelque sorte.

Connaissant l’habileté manœuvrière et la créativité d’Alain Minc, il paraît évident qu’il joue à ce billard à 4 bandes, quand les plus habiles du commun des mortels doivent se contenter de 3. Chapeau, l’artiste!

Alain Minc

Le marteau et l’enclume, ou le marteau est la faucille ?

mars 22, 2009 on 6:32 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermés

Alors que le PS est à son Nadir, il se réunit pour la deuxième fois pour une grand messe au Zénith parisien cette année.

Écouter Martine Aubry est toujours un moment intéressant tant l’exercice est difficile.

Il s’agissait de décider de puis de communiquer la liste des candidats socialistes aux élections européennes.

Elle a, pour commencer, reconnu qu’une fois de plus le PS avait connu des « psychodrames » pour effectuer le choix de qui va où.

Et ceci devant un auditoire plus restreint car il n’y avait 2.500 personnes hier contre 4.000 lors de la manifestation de Ségolène Royal il y a quelques mois.

L’unité ne serait donc pas au rendez vous ?…

Puis, tout en rappelant que le Parti Socialiste « n’avait pas peur de proposer », elle a longuement critiqué Nicolas Sarkozy, l’accusant, entre autre, de « ne rien faire face à la crise ».

Il est vrai que la marge de manœuvre du gouvernement est étroite étant donné l’endettement national; il est facile de fustiger aujourd’hui une intervention publique trop faible, pour demain s’enflammer contre les dettes que devront acquitter les générations futures…

On a donc entendu le couplet habituel sur la loi TEPA, tandis que les mesures annoncées au cours des dernières semaines (annulations du solde d’impôt sur le revenu, prime exceptionnelle pour les ménages modestes, meilleure couverture du chômage partiel, augmentation du minimum vieillesse, baisse du prix du gaz etc.) sont passées à la trappe d’une opposition aussi frontale que dogmatique.

Manuel Valls a même parlé d’ »anti sarkozisme » obsessionnel » au PS. Sic !

Et, comme d’habitude, on a attendu les propositions en vain.

En fait, JusMurmurandi pense si le gouvernement se sent pris entre le marteau et l’enclume, entre la nécessité de soutenir l’économie ainsi que les plus faibles et le manque de ressources disponibles avec un déficit prévu déjà supérieur à 100 milliards d’Euro pour 2009, Martine Aubry, elle, tente désespérément de donner un positionnement crédible  au PS.

Centre et Centre gauche sont occupés, merci Bayrou, ouverture and co. et l’extrême gauche est revendiquée haut et fort par Besancenot.

Alors que reste-t-il comme clientèle disponible pour le PS ? Celle de la voie bien à gauche, comprenant en particulier les restes d’un Parti communiste laminé à 2% des voix, et dont le symbole inoubliable est celui du marteau et de la faucille…

La cavalerie américaine arrive à temps pour la Société Générale

mars 21, 2009 on 6:45 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Certaines institutions ont, presque autant que des humains, du caractère. Dans certains cas, mauvais caractère, dans d’autres un caractère particulier. C’est le cas d’une banque qui ne fait jamais rien tout à fait comme les autres, la Société Générale. Si bien qu’elle devrait changer de nom pour s’appeler la Société Particulière, car son cas est tout sauf général.

Cette semaine éclaire une fois encore les particularismes de cette vénérable banque. D’un côté, elle figure au 2e rang sur la liste des banques que l’assureur américain AIG n’a pu rembourser que grâce aux fonds injectés par l’Etat américain. 11,9 milliards de dollars, une paille! Seule Goldman Sachs a reçu plus, qui, soit dit en passant, est l’ancienne boutique de Henry « Hank » Paulson, le secrétaire d’Etat au Trésor de l’Administration Bush qui a décidé de sa survie et de ne pas aider Lehman, le rival honni.

11,9 milliards de dollars d’argent du contribuable américain, soit presque exactement 2 Kerviel. Il est clair que la Société Générale n’aurait jamais pu survivre si elle avait du faire une croix sur cet argent. En tout cas, pas comme banque indépendante. Elle doit donc une fière chandelle à Henry Paulson et aux contribuables américains qui l’ont tiré d’un mauvais pas.

Vous direz qu’après tout, AIG n’a fait qu’honorer ses contrats, et que la Générale n’a donc rien reçu de particulier. Mais, quand une banque vous refuse un prêt, c’est qu’elle estime ne pas être sûre d’être remboursée, et donc qu’il y a trop de risque. Et que c’est son métier de ne pas prendre trop de risque. Là, quoique la somme soit un peu plus élevée (!), la mécanique est la même. La Générale a prêté, donc pris un risque. Et ce risque a failli la couler. Elle ne dira jamais assez merci à l’Oncle Sam.

Pendant ce temps-là, les dirigeants de la Générale se sont voté, on l’a appris hier, un généreux plan de stock-options. Alors certes ils l’ont étendu à 4200 personnes pour éviter les critiques. Mais quand même, des stocks options, d’un montant qui atteint plusieurs millions d’euros pour les principaux dirigeants alors que (1) la Générale a quand même la même année subi la perte Kerviel et failli couler avec AIG, et que (2) elle est sous perfusion d’argent public.

Mais sur quelle planète vivent donc ces cadres? Si, dans ces conditions ils se votent des stock-options, n’y en a-t-il donc aucune où ils considèrent que leur performance aura mérité zéro? On comprend Nicolas Sarkozy quand il dit que les entreprises qui auront mendié (il n’y a pas d’autre terme, même s’il n’est pas commun dans les salons feutrés du capitalisme financier) l’aide de l’Etat ne sauraient distribuer aucune « rémunération variable » (stock option, bonus, etc..) tant que durera ce soutien.

On imagine que la Société Générale et ses dirigeants se contrefichent de ce que dit Nicolas Sarkozy, comme à l’époque où il estimait que Daniel Bouton devait partir en tant que PDG au moment de l’affaire Kerviel. Bercy exige d’ailleurs, dans la foulée du Président, que les bénéficiaires de ce plan ne touchent rien tant que le soutien de l’Etat sera nécessaire. La SG s’y plie d’autant plus volontiers que l’une des conditions des stocks options étaient qu’elles ne puissent être exercées avant 2012, ce qui fait que les conditions de Bercy ne changent rien. En attendant 2012, la valeur des stocks options continue de courir, et, comme elles auront été émises à un cours particulièrement bas, elles ont des chances de rapporter d’autant plus à leurs heureux bénéficiaires. Qui, s’ils n’ont pas su gérer de façon à éviter Kerviel et AIG, savent en revanche très bien compter quand leur intérêt est en jeu. A titre d’exemple, le petit rebond du titre SG en quelques jours vaut déjà, en théorie, une plus-value sur papier de 600.000 euros pour M. Oudéa, son directeur général. On n’en attendait pas moins du successeur de Daniel Bouton à ce poste.

Mais JusMurmurandi se pose une question aussi impertinente que taquine. Si la Générale a été sauvée par le renflouement d’AIG, qui lui a permis de récupérer ses 11.9 milliards de dollars fort aventurés, elle est donc un des bénéficiaires de l’aide publique américaine. Et donc n’est-elle pas astreinte au conditions qui y sont attachées?

On rappellera que le Congrès américain vient de voter l’imposition à 90% de toutes les rémunérations variables des dirigeants d’entreprises ayant reçu l’aide de l’Etat américain.

90% sur le produit des bonus et des stock-options? Cela montre qu’aux Etats-Unis, temple du capitalisme, mais aussi pays très religieux, le pardon des fautes passe par la repentance. Et, comme l’a rappelé encore récemment le pape, par une bonne vieille période d’abstinence. Et la SG, après avoir accepté l’argent de l’Oncle Sam, peut difficilement ne pas accepter aussi la leçon de morale. Sinon, ce serait mordre la main qui l’a nourrie…

Plus on est de fous, plus on rit…

mars 20, 2009 on 8:47 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, Poil à gratter | 2 Comments

La journée d’hier a été fascinante.

En France, comme chez ses partenaires économiques, le ralentissement économique touche la population active de plein fouet.

Comme l’avait annoncé JusMurmurandi, si en 2008 on a eu peur, en 2009, on a mal.

Car si le premier phase du ralentissement est due à l’incurie d’un système bancaire guidé par Avidité et Cupidité, entrainant une ralentissement des secteurs industriels et des services, nous sommes aujourd’hui la cause de la poursuite, de l’aggravation de ce ralentissement.

Chaque fois que nous allumons la télévision, consultons internet, écoutons la radio ou encore lisons les journaux pour suivre les actualités, immanquablement, au moins une ligne, une minute sont consacrées aux difficultés économiques d’une entreprise, d’une partie de la population ou d’une nation.

Et quelle est la réaction naturelle ? Est ce de se battre pour contribuer à titre individuel à remettre la machine économique en route ? Est-ce de remplacer, par exemple une voiture qui peut encore rouler ?

Il faudrait être fou pour faire cela. Car cela voudrait dire de ne pas céder aux dangers annoncés ou réels, de dépenser, selon ses moyens, une part plus importante qu’habituellement de son revenu afin de remettre de l’argent frais dans le circuit.

C’est pour cela que la journée d’hier nous a fascinés.

Car finalement, à quoi a t elle abouti ?

Un, deux, trois millions de personnes dans les rues ?? Et alors ??

En Chine par exemple, pays tout autant impliqué dans le système économique mondial, ce sont des dizaines de millions de personnes qui sont touchées.

Alors que quelques Français descendent dans la rue, peccadille !

Non assurément, vu de l’étranger, on doit vraiment prendre les Français pour des fous, car encore une fois, ce n’est que par le travail, l’entraide et la solidarité nationale que l’on va s’en sortir. Comme le font les autres pays touchés. Et non en descendant dans la rue, sans autre but, avoué ou non, que de profiter des premiers beaux jours.

En cela, la France est une fois de plus seule, comme au temps des 35 heures, qu’elle est la seule à avoir voulu, dans un moment de folie, imposer à ses entreprises, puis au secteur public, au grand dam de la concurrence ou de la notion de service de la fonction publique.

Mais le plus fou de la journée d’hier, comme toujours un grand succès syndical, c’est que l’on ne peut même pas lire de journal aujourd’hui à son sujet. Rien. Pas une ligne.

Les journaux ne sont pas parus aujourd’hui….suite à la grève !

Brèves histoires indécentes

mars 19, 2009 on 12:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Une infirmière est soupçonnée d’avoir détourné 800.000 euros en surfacturant la Sécu en 2007 et 2008. Pour obtenir une telle somme elle a facturé des actes qu’elle n’a jamais faits. Le problème, c’est qu’il eût fallu, si tout avait été fait dans les règles, qu’elle travaille 12 heures par jour 7 jours sur 7 à raison d’un acte pour les 3 minutes. Soit une charge de travail totalement invraisemblable, et une rémunération hors normes dans un pays où les infirmières sont pour la plupart tellement mal payées qu’on en manque.
La question que pose JusMurmurandi: où donc étaient les contrôleurs de la Sécu? A la plage? (cela s’est passé à Nice). N’y a-t-il aucun « regard » sur les chiffres quand ils deviennent par trop atypiques? S’il en faut tant pour que la Sécu réagisse, combien de « petits » détournements passent inaperçus? Quand on connaît le déficit de la Sécu, et les économies de bout de chandelle qu’il conduit à faire par ci par là, un tel laxisme est indécent.

Les Républicains américains tirent à boulets rouges sur l’Administration républicaine d’Obama. En cause, bien sûr, les scandaleux bonus de 160 millions de dollars qu’AIG va payer au titre de 2008 à des collaborateurs, alors même que sa déconfiture aura coûté des centaines de milliards aux contribuables américains. Les sénateurs accusent leurs homologues démocrates de ne pas avoir verrouillé ce point et subordonné la nouvelle tranche d’aide à l’annulation de cette clause des contrats de travail. Ils manquent pas d’air, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est leur Administration qui a eu 8 ans pour contrôler et réguler ce qui se passait. C’est leur Administration qui a mis au point le sauvetage d’AIG qui ne comprenait pas de clause d’annulation de bonus. C’est sous leur Administration que ce sont signés ces contrats indécents. Comme l’est aussi la prétendue indignation vertueuse des opposants d’aujourd’hui qui demandent des comptes sur ce qu’ils ont eux-mêmes fait hier.

Lundi à Roubaix, un garçon de 14 ans, déjà connu des services de police et conduisant une voiture volée, renverse une jeune fille de 15 ans et lui cause de multiples fractures. Le juge des enfants l’a remis en liberté en lui imposant des mesures éducatives. Qui peut croire que cet adolescent aura retenu la leçon et restera désormais dans le droit chemin? La prison est, c’est bien connu, l’école de la récidive. Mais, dans un cas comme celui-ci, l’impunité, c’en est l’université!

A Moscou, Yelena Baturina, 46 ans, a demandé au Kremlin que l’Etat russe garantisse un milliard de dollars de dettes de son entreprise, le promoteur immobilier Inteko, qu’on suppose donc en grande difficulté. Mme Baturina est connue pour avoir été la seule femme milliardaire de Russie, avec un pic à plus de 3 milliards, dont elle aurait aujourd’hui perdu au moins 2,3 milliards. Déjà, il peut paraître indécent qu’une femme aussi riche demande à l’Etat de la tirer d’une situation où elle s’est elle-même mise en étant illiquide et endettée au moment où la crise a frappé. Ce dans un pays où la disparité entre riches et pauvres est extrême.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est que Yelena Baturina est la femme du très puissant maire de Moscou, Yuri Luzhkov…

Depuis le Zimbabwe, le vieux dictateur Robert Mugabe « au nom du peuple zimbabwéen » a appelé les Etats-Unis et l’Union Européenne à lever les sactions économiques qui frappent son pays, car elles sont « inhumaines, cruelles et infondées ». Comment Mugabe ose-t-il parler au nom d’un peuple qu’il a si mal dirigé pendant près de 30 ans, dont il a fait battre, voire assassiner les opposants, dont il a détourné le vote, dont il a pillé les biens? Et surtout, qu’il dise que les sanctions sont inhumaines et cruelles, passe encore. Il y a un vrai débat sur de telles sanctions, leur efficacité et les dégâts collatéraux qu’elles entraînent. Mais qu’il dise qu’elles sont infondées est totalement indécent. S’il y a un Etat au monde qui a été ravagé avant tout par ses dirigeants, c’est le Zimbabwe. Quand la voix de cette vieille crapule se taira-t-elle enfin?

En matière de crapule, en voici une autre. Josef Kumpf, 83 ans, a été déporté par les Etats-unis, son pays d’adoption, vers son Autriche natale, après avoir perdu sa nationalité américaine. La cause: il a été pendant la seconde guerre mondiale, en tant que membre de la sinistre SS « Totenkopf », garde aux camps allemand de Sachsenhausen puis polonais de Trawniky. C’est là qu’il assista au massacre par balles de quelques 8000 juifs, avec ordre de tirer et d’achever fuyards et survivants éventuels.
Vous nous direz: qu’y a-t-il d’indécent (le thème de ce billet, après tout), à ce que les États-Unis déportent pareille ordure? C’est que l’Autriche ne poursuivra pas Kumpf, pour cause de prescription depuis 1965! JusMurmurandi croyait que des actes tels que ceux de Kumpf relevaient des crimes contre l’Humanité, et que ceux-ci sont, toujours à notre connaissance, imprescriptibles. Visiblement, l’Autriche en a décidé autrement, et cette prescription, qui eût en France sauvé Barbie, Leguay, Bousquet, Papon et Touvier, entre autres, permet à ce pays de ne plus rouvrir ce chapitre quelque peu gênant -ou plutôt qui devrait l’être, et qui le serait s’il n’était étouffé par un silence imposé- de son histoire. Ce qui lui a permis, il y a quelques années, de porter un certain Kurt Waldheim à sa présidence malgré son passé nazi.
De la sorte, Josef Kumpf finira ses jours en paix dans son pays natal. Waldheim est mort il y a deux ans, mais nul doute que d’autres comme lui feront que Kumpf ne se sentira pas trop seul. Subitement les mots n’ont plus de sens, et même celui d’indécence paraît tellement insuffisant…

Le Pape du Salut et les bonus de Wall Street

mars 18, 2009 on 7:52 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 8 Comments

Benoît XVI est en Afrique. Le seul continent où l’Eglise catholique constate une augmentation du nombre de fidèles. Le continent aussi que le SIDA frappe le plus durement. Et que déclare Benoît? Que le préservatif n’est pas la bonne réponse pour se protéger, mais qu’il faut pratiquer l’abstinence. Se rajoutent à cette déclaration la théorie catholique sur l’infaillibilité papale, qui interdit de revenir en arrière, et le nom choisi par l’ex-cardinal Ratzinger. En latin, c’est « Benedictus », soit « Bien-disant ».

C’est dire tout le poids qu’il faut attacher à cette papale parole.

Le problème, c’est que les fidèles semblent plus abonnés à une autre radio qu’à Radio Notre-Dame, qu’ils sont révoltés parce qu’ils perçoivent comme une nouvelle preuve, après la levée d’excommunication des lefébristes, de la radicale déconnexion du Pape d’avec le monde dans lequel eux vivent.

Faut-il donc croire que ce pape ne comprend rien d’autre que la théologie, dont il a longtemps été le gardien aux côtés de son prédécesseur, Jean-Paul II? La réponse est « oui », et c’est même pour cela qu’il a été élu. Un pape n’est pas là pour « admettre », pour « tolérer », pour « faire des compromis ». Sa mission à lui, c’est l’Eglise de Jésus-Christ, et le salut des humains. Pas leur taux de morbidité ou de mortalité qui, pour lui, sera toujours de 100%.

Il y a là un curieux paradoxe. Les Protestants croient en la parole bliblique et rien d’autre. Ils ont donc un support de foi inchangé depuis des millénaires, et donc non « modernisable ». L’Eglise catholique, elle, croît non seulement en la Bible, mais aussi dans les rajouts et compléments de 2000 ans de papauté. Ceci pourrait permettre de moderniser l’Église sans trahir le support de la foi. Ainsi, c’est en 1950 que l’Eglise a encore changé le dogme sur Marie, après près de 2000 ans de réflexion. Et voilà qu’une fois de plus, c’est l’Eglise catholique qui apparaît moins « moderne » que les Eglises protestantes.

L’autre point paradoxal est que la Bible, pour des raisons évidentes, est muette sur le sujet du préservatif. Elle parle masturbation, copulation, débauche, mais contraception, point. La condamnation papale n’est donc pas purement biblique. Elle est en fait indirecte, en ce que le préservatif est le plus souvent la protection du sexe hors mariage, et que, là, on est en plein péché.

Ce que JusMurmurandi suggère benoitement est le point de vue suivant: si un homme a une relation sexuelle non protégée avec une femme avec qui il n’est pas marié, non seulement il commet un péché de chair, et lui en fait commettre un, ce qui en fait un total de deux, mais il se met aussi en danger en même temps qu’il la met en danger. Or le Commandement dit d’aimer son prochain, pas de lui transmettre le SIDA. On peut donc légitimement considérer cette mise en danger consciente comme un péché supplémentaire de chacun des deux participants.

Il y a donc un vrai calcul arithmétique à faire: vaut-il mieux, en s’arc-boutant sur l’abstinence comme moyen d’éviter le SIDA, persuader quelques-uns de ne pas pécher du tout, ou, en reconnaissant l’utilité du préservatif, aider un plus grand nombre à pécher « moins »?

Il y a un parallèle a priori surprenant à faire avec les bonus de Wall Street, et notamment d’AIG, qui offensent tant les Etats-Unis et leur Président. Vaut-il mieux punir les pécheurs, quitte à ce que leur départ de chez AIG affaiblisse encore plus ce qui reste de ce qui fut le premier assureur mondial, et coûte in fine encore plus d’argent aux contribuables? Ou faut-il faire un compromis au nom du réalisme, et limiter les conséquences financières des péchés d’AIG, quitte à passer un pacte avec ceux qui les ont commis?

La différence majeure entre Obama et le Pape, face à ces dilemmes étonnamment voisins, ce n’est pas qu’Obama est noir alors que le Pape se vêt de blanc, ou qu’Obama est laïc et le Pape religieux, ou qu’Obama est protestant et le Pape catholique. C’est que le Pape ne se préoccupe que du Salut, ce qui, par définition, ne se juge que dans l’autre monde. Et que l’espérance de tous les judéo-chrétiens est que celui-ci arrive au plus tôt.

Alors que le défi d’Obama, c’est d’éviter que notre monde tout entier n’y bascule trop vite…

Vive la Résistance !

mars 17, 2009 on 11:45 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermés

Quelle frustration que celle des majorités silencieuses qui subissent.

Par exemple les électeurs qui voient la classe politique ouvrir les cordons de la bourse pour ceux qui crient, manifestent ou paradent le plus bruyamment, voir plus si affinités.

Elie Domota et consorts, par exemple, suivez mon regard.

Car rarement cette classe politique, si prompte à défendre bec et ongles les avantages dits acquis de telle ou telle minorité, y compris les siens, ne monte au créneau pour défendre les intérêts de la majorité silencieuse qui encaisse les coups tandis qu’elle décaisse toujours plus d’impôts, taxes et autres délicatesses du même genre pour financer telle ou telle minorité bloquante.

Mais pour une fois il semblerait que l’on ait atteint le seuil de tolérance, de douleur aux Etats Unis.

Le Sénat américain, excédé par les primes versées par l’assureur AIG qui a en parallèle reçu 130 milliards de Dollars d’aide du gouvernement, a exigé de l’entreprise qu’elle revoie immédiatement les contrats de ses salariés afin de neutraliser les bonus et autres primes sous la menace de les imposer au travers d’une nouvelle loi visant à rendre l’argent aux contribuables en assujettissant les primes à de sévères pénalités, de plus de 90%.

De même a t on vu en février dernier en Afghanistan, dans la région de Dara-e-Noor,  les habitants d’un village attaqué par des Talibans qui avaient assassiné un dirigeant politique local prendre ces derniers en chasse. Les villageois ont neutralisé les Talibans et les ont assénés de coups jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Bref, ils ont montré que la majorité habituellement silencieuse et détentrice du  droit pouvait aussi, de temps en temps, ne pas se coucher, montrer les dents, se battre, y compris avec les mêmes armes que les assaillants, et non éternellement subir.

Ce soir, François Chérèque a déclaré qu’il « ne craignait pas d’embrasement social et que bien évidemment il ne le souhaitait pas ».

Peut être est ce (aussi) pour ne pas susciter de vocations chez les citoyens français souhaitant travailler qui vont jeudi prochain subir une fois de plus la grève d’une minorité de salariés, issus du secteur public des transports, qui, eux, ont la garantie de l’emploi etc. etc. (le mot service nous apparaît ici inapproprié).

Au cas où ils seraient tentés d’en venir aux mains avec, par exemple, les conducteurs de la SNCF comme ce fut le cas, si bien caché par les médias, en début d’année….

L’appât du gain

mars 17, 2009 on 7:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Gordon Brown se dit, maintenant, qu’il eût du se montrer plus ferme il y a 10 ans, à l’issue de la crise asiatique, pour imposer des réformes et des limites aux aspects « casino » de l’économie financière.
Sur un autre plan, le Premier Minstre chinois, Wen Jiabao, se dit préoccupé par les investissements colossaux que la Chine a faits en Bons du Trésor américains. Il veut espérer que les États-unis feront ce qu’ils faut pour rembourser cette dette.

Dans ces deux cas, et de nombreux autres où des « responsables » ont de semblables regrets tardifs, JusMurmurandi se demande vraiment qui peut croire à ces balivernes, sornettes, et contes pour enfants.

Brown savait très bien il y a 10 ans qu’un jour l’économie financière allait faire face à une crise, et que celle-ci serait proportionnelle aux risques prix, c’est à dire colossale. Wen Jiabao sait très bien pourquoi son pays achète des Bons du Trésor américains. Nous sommes tous au courant des déséquilibres structurels massifs qui affectent l’économie mondiale, mais nous faisons semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien sentir.

Pourquoi? Cela s’appelle l’appât du gain.

En laissant se développer la section « casino » de l’économie financière mondiale, Gordon Brown a permis à la City de Londres de créer quelques centaines de milliers d’emplois fortement rémunérés, et, ce faisant, de propulser l’économie britannique pendant 10 ans. 10 ans où, coïncidence certainement, il a été au pouvoir, comme Chancelier de l’Echiquier d’abord, puis comme Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté.

Wen Jiabao sait très bien que l’achat de Bons du Trésor américains joue un rôle déterminant dans la décision de toujours renouveler la clause de la nation la plus favorisée dont bénéficie la Chine de la part des Etats-Unis, clause qui favorise les exportations chinoises vers l’Amérique. Clause qui, soit dit en passant, est une véritable escroquerie au dépens de pays véritablement pauvres, et non « pauvre » comme la Chine, 2e économie mondiale, et seule à croître même en 2009 quand le monde entier sera en récession.

Il y a d’autres déséquilibres. Le tandem infernal du déficit budgétaire et du déficit commercial américains. Un jour, il faudra bien payer la note. La dette accumulée par certains pays (France, Italie, Japon notamment), et les déficits budgétaires correspondants. Sans compter les problèmes insurmontables de retraite des systèmes par répartition quand le ratio d’actifs à retraités sera tombé à 1 pour 1 en 2020.

JusMurmurandi entend d’ici les regrets des responsables d’alors, pour ce qu’ils n’auront pas fait en temps plus prospères.

Ainsi les socialistes français, qui ont eu la bonne fortune de gérer la prospérité de la fin des années 80 en ont profité pour créer le RMI, et celle des années 90 l’ont dépensée dans les 35 heures. Qu’ont-ils fait pour éviter la faillite inévitable des retraites? Rien. Pour combler une fois pour toutes le déficit budgétaire? Rien.

Il est tellement plus attirant, et électoralement payant de dépenser tout de suite l’argent qu’on a dans la poche (dans les poches des contribuables, bien entendu), et même celui qu’on aura demain, et après-demain, et encore après. Tellement plus joyeux de présider à la prospérité et à l’abondance d’aujourd’hui et de laisser à un quelconque successeur le fardeau de la crise de demain.

Notre article d’hier comparaît l’affreux parâtre autrichien Fritzl qui a enfermé sa fille et lui a fait 7 enfants en 24 ans d’inceste forcé et les piranhas de la finance internationale, Madoff en tête. Un commentaire a trouvé cet article « dur ». De fait, l’adage qui veut que « plaie d’argent ne soit pas mortelle » conduirait à penser que le sort des investisseurs qui ont perdu ce qu’ils ont confié à Madoff ou leur capital investi en titres Citigroup, AIG ou Lehman est bien clément comparé aux affres infernaux de la fille de Fritzl et de ses petits-enfants. Peut-être. Mais quand on fera le compte des innombrables désespoirs, ruines, dépressions et autres suicides ou folies meurtrières déclenchés chez ceux qui se sentiront -et non sans quelque raison- trahis par un système dont les coupables se votent envers et contre tout des bonus, on verra que Fritzl, par comparaison, n’aura été qu’un artisan de l’horreur, là où auront sévi de puissants industriels.

N’est-il pas temps de créer une section économique des crimes contre l’humanité?

« Page précédentePage suivante »