Petit cours de paradis fiscal, de fraude, de chantage et d’histoire
février 24, 2009 on 3:24 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésVoilà un sujet sulfureux à souhait. On y trouve quasiment tous les tabous de la civilisation occidentale, tous les interdits, tous les scandales. Toutes les démagogies aussi. C’est pourquoi, après avoir chaussé ses cuissardes et enfilé son scaphandre étanche résistant aux contaminations nucléaires, bactériologiques et chimiques, Jusmurmurandi vous offre un petit abécédaire de ce dont on parle.
Paradis fiscal: se dit d’un pays où une activité où un actif ne paye pas (ou presque pas) d’impôts. Ainsi, pour les bateaux, le Panama est un paradis fiscal,raison pour laquelle, en termes d’immatriculations, le Panama a une des plus puissantes flottes commerciales au monde. Ceci n’a rien à voir avec un quelconque secret ou une quelconque fraude ou illégalité, uniquement avec l’absence d’impôts. Autre exemple: pour les citoyens monégasques, il n’y a pas d’impôts sur le revenu. Sur ce créneau là, Monaco est donc un paradis fiscal.
Évasion fiscale: se dit d’un flux ou d’un montant d’argent dont le propriétaire veut éviter qu’il ne paye de l’impôt, mais, à la différence d’un paradis fiscal, une évasion fiscale se fait en contournant ou en violant la règlementation fiscale d’un pays. Ainsi, si un exportateur se fait payer une partie de son prix de vente ailleurs que dans son propre pays pour éviter d’y payer cette partie de ses impôts, c’est de l’évasion fiscale. Il va de soi que l’évasion fiscale a tendance à se multiplier dans les pays à très forte fiscalité, et vers des paradis fiscaux. Pourquoi en effet détourner des capitaux d’un pays à faible imposition vers un autre où elle serait plus forte?
Fuite des capitaux: se dit de capitaux dont leur propriétaire organise qu’ils quittent un pays jugé risqué. Ceci peut se faire légalement, comme un investissement dans un pays étranger, ou illégalement par le biais de transaction occultes. Ainsi, le déclenchement de la mini-guerre avec la Géorgie a-t-il déclenché une maxi-fuite des capitaux de Russie par des citoyens inquiets.
Blanchiment de capitaux: se dit de capitaux d’origine illégale, souvent criminelle, que leur détenteur veut « légaliser » afin de pouvoir les utiliser. C’est l’argent des commissions occultes, de la drogue, de la prostitution, du racket, et autres activités de même nature. Pour « blanchir ces capitaux, il faut disposer d’une activité publique qui acceptera des rentrées le plus souvent en billets de banque, mais aussi en virements bancaires d’origine injustifiables, le tout sans poser de questions. Dès lors que les fonds seront recyclés par cette activité publique, leur provenance ne pose plus problème, ils sont « blanchis ». Ainsi un restaurant peut déclarer des recettes supérieures à son chiffre d’affaires réel, en les complétant par du liquide censé avoir été déposé par des clients en réalité fictifs. Le restaurant va donc faire un bénéfice artificiellement gonflé, lequel pourra être distribué le plus légalement du monde, en apparence tout au moins. Cet exemple est celui d’un blanchiment au petit pied, mais le même mécanisme fonctionne souvent à beaucoup plus grande échelle.
Comptes anonymes et secret bancaire. Ce sont des comptes dont le titulaire reste anonyme, protégé par le secret bancaire du pays où est le compte, comme la Suisse, le Luxembourg ou le Liechstenstein pour ne citer que l’Europe. Évidemment l’anonymat du compte peut servir à protéger de l’argent en fuite, ou illégal. Mais le secret est aujourd’hui levé quand l’origine criminelle des capitaux peut être alléguée. Et tout aussi évidemment, ce secret et cet anonymat se complètent bien avec une pression fiscale très faible.
Régulation: quand un pays veut attirer des capitaux, il peut choisir de compléter son attractivité principale, celle d’un paradis fiscal, par une régulation très limitée, ce qui permettra à des opérateurs de faire ce qu’ils veulent (y compris n’importe quoi, à commencer par des prises de risques exagérées), alors que ce serait interdit dans des pays à régulation plus développée.
Il est de bon ton en ce moment de taper sur les paradis fiscaux. Il y en a même un qui tape avec un très gros bâton, c’est l’Oncle Sam. Le fisc américain a réussi à prouver que la banque suisse UBS, par ailleurs déjà estropiée par la crise financière et mouillée jusqu’au cou dans le scandale Madoff, a aidé 300 de ses clients américains à frauder le fisc. Il a donc mis en demeure UBS de livrer le nom de ses clients et de payer une forte amende, ou de perdre sa licence bancaire américaine, ce qui lui interdit les clients américains, les actions et obligations et bons du trésor américains. Pour la première banque de gestion de fortune au monde, c’est quasiment un arrêt de mort. La banque a donc transigé, et, avec l’accord des autorités suisses, dérogé au célèbre secret bancaire pour livrer les noms des fraudeurs. Mais les autorités américaines en veulent plus, et somment UBS de livrer les noms de 52000 clients US, propriétaires présumés illégaux de 18.000 milliards de dollars.
Il va sans dire que l’Union Européenne s’engouffrerait dans une pareille brèche et réclamerait aussi les noms de tous les clients européens soupçonnés de pratiquer l’évasion fiscale en Suisse. Ce serait alors le plus retentissant scandale financier de l’histoire, car l’on constaterait que la Suisse abrite une formidable collection de tous les puissants de la terre. Les crapules en merde massive (pourquoi seul l’or serait-il massif?), narco-traficants, dictateurs cachant là le fruit de leur corruption et autres prévarications, trafiquants d’armes, proxénètes et ainsi de suite. Mais aussi de nombreux hommes riches plus soucieux de payer moins d’impôts que de suivre la loi à la lettre. Et on pourrait aussi trouver des sommes appartenant encore aux familles juives massacrées par les Nazis, sommes que les banques suisses n’ont restituées aux ayant-droits que sous la plus extrême contrainte (déjà!) et partiellement.
On y trouverait sans aucun doute aussi de nombreux politiciens de tous bords, y compris pourquoi pas des Démocrates du bord de ce même Obama dont l’administration menace UBS. Ainsi JusMurmurandi, toujours taquin, ne peut s’empêcher de constater que 2 des candidats retenus par le Président américain pour des postes importants ont du se récuser quand ils ont été confrontés à leur « oubli » d’avoir payé tel ou tel impôt. Même Timothy Geithner, aujourd’hui tout-puissant Secrétaire américain au Trésor a eu quelques soucis de ce côté-là, mais a néanmoins été confirmé par le Sénat.
On voit donc que les débat sur les paradis fiscaux a toutes les chances de se révéler croustillant. On commence fort civilement par vouloir réguler des place-fortes de la prise de risque sans limite, on continue par vouloir exploiter une des dernières ressources fiscales non encore mises à contribution, celle de la fraude et de l’évasion fiscales. On en profite pour jeter tout ce beau monde en pâture à la populace en mélangeant cette fraude fiscale qui n’est même pas un délit dans certains pays, avec la crise financière, les hedge funds, Madoff, les dictateurs et autres trafiquants. Et on va découvrir plus de secrets d’alcôve financière qu’il n’y a de contrôleurs fiscaux pour redresser tout ce joli monde, dont les démissions vont dépeupler le gotha de la finance et de la politique dans le monde entier.
Enfin ils vont, si la suisse « autorise » UBS à céder aux Américains. Car, pour sauver ainsi sa plus grande banque, la Suisse torpillerait une florissante industrie, ce qui n’est pas exactement dans leur nature. On peut donc s’attendre à une féroce résistance de la part d’un pays dont les défenses -ainsi que l’accueil par regardant du tout à leurs capitaux- a fait reculer les Nazis d’Adolf Hitler.
La suite promet d’être intéressante; JusMurmurandi se prépare à compter les coups, surtout s’ils sont bas.
Banques et automobiles, même combat?
février 23, 2009 on 2:08 | In Economie, France, Incongruités, International | 2 CommentsLes chiffres record s’accumulent avec cette crise véritablement sans précédent. Quelques uns illustrent l’état de confusion et de délabrement du système économico-financier mondial.
En janvier, le premier marché automobile au monde était…la Chine. Les marchés américain et japonais, effondrés, ont cédé le pas. Ce qui rend la situation véritablement intéressante, parce que le marché chinois est en pleine transition entre une part de marché étrangère de 100% au départ (dominé par Volkswagen, GM et les japonais), et une part de marché croissante de constructeurs chinois inconnus hier, et qui, aujourd’hui, visent aussi l’exportation.
Plus symbolique encore, le cas de Citigroup, hier premier groupe financier mondial. Son action est tombée la semaine dernière en dessous de 2 dollars, donnant à l’ensemble une capitalisation boursière de moins de un milliard de dollars. Moins de un milliard de dollars, c’est à dire moins que rien pour un groupe de cette taille. Moins de 5% de celle de BNP-Paribas par exemple, qui n’a pourtant pas été épargnée par la crise, ayant perdu les 3/4 de sa valeur en moins de 2 ans. Tandis que Citigroup a perdu plus de 95% de la sienne. L’exemple qui vient à l’esprit pour un tel effondrement d’un géant autrefois dominateur est, bien sûr, General Motors. Ce qui nous ramène tout droit au marché automobile. Comme nous y ramène aussi le fait que deux des trois métiers les plus sinistrés par la crise sont l’automobile et la banque. L’un et l’autre sont également liés par le fait qu’il faut que les banques fonctionnent pour que les consommateurs puissent acheter à crédit des automobiles.
Ce qui oblige à poser cette question quelque peu curieuse: la banque est-elle l’automobile des années 2000?
Par beaucoup de côtés, oui. Les pays occidentaux, anglo-saxons en particulier, avaient largement accepté le déclin de leur industrie manufacturière, automobile en particulier, en contrepartie du développement de leurs métiers de services, services financiers en particulier. Ce qui faisait de Citigroup le successeur naturel de General Motors au firmament de la toute-puissance économique américaine. Et les Américains n’ont eu de cesse, dans les négociations de l’OMC, de marchander l’ouverture de leur marché aux produits d’autres pays en contrepartie de l’ouverture de ces pays aux services financiers américains.
Un court retour en arrière rappelle que l’industrie manufacturière américaine traditionnelle a déjà cru connaître une manière de successeur sous la forme de la high-tech des années 90. Intel et Microsoft devaient être les nouveaux champions planétaires de l’Oncle Sam, et Bill Gates était l’homme le plus riche du monde année après année. On sait comment a fini cette formidable émergence, avec l’éclatement de la bulle Internet en 2000/2001.
Ce qui est plus curieux est que, dans de multiples cas, la menace -ou bien est-ce une promesse?- de nationalisation d’une banque a eu pour effet de faire remonter son cours de bourse, en montrant que l’Etat était prêt à garantir la survie de la banque. or l’action de Citigroup ne cesse de baisser à chaque discussion d’une possible nationalisation, alors que celle de GM monte et baisse dans les cas inverses.
Toujours est-il qu’il est clair que les Etats-unis ne répèteront pas l’erreur ruineuse qui a consisté à laisser tomber Lehman Brothers, ce qui permet à Citigoup, et à son concurrent Bank of America, atteint du même syndrome quoiqu’à un moindre degré, de poursuivre leur activité sans trop craindre un exode des clients. Mais que, si on évoque le dépôt de bilan de GM et Chrysler comme possible, voire même probable, personne ne se hasarde à envisager leur antionhalisation. C’est-à-dire là encore l’inverse de Citigroup ou Bank of America.
En attendant, si le monde commence à savoir penser une forme d’existence où la voiture à moteur à combustion interne d’hydrocarbures fossiles ne serait plus omnipotente, nous n’en en sommes pas, même de très loin, à commencer à imaginer un monde sans banques ni épargne ni crédit…
A un autre niveau, une fois de plus, une simple comparaison montre que la France ne s’en sort pas si mal face à ses concurrent anglo-saxons, que ce soit au niveau des banques, des fabricants d’automobiles ou du déficit budgétaire, ou encore de l’immobilier. De nombreux média de ces pays titrent d’ailleurs sur l’excellence du « modèle français » mixte État-marché.
On pourrait en déduire que Nicolas Sarkozy recueillerait les justes fruits de cette moindre dureté des temps en termes de popularité.
Ce serait supposer que les Français soient (1) économiquement alphabétisés, (2) aussi prompts à louer qu’à critiquer et (3) rationnels plutôt que passionnels
Finalement, de même que certaines entreprises doivent se réjouir aujourd’hui d’avoir perdu certaines batailles en 2007, comme Barclay’s qui a laissé son concurrent anglais RBS racheter la banque néerlandaise ABN-AMRO, achat qui l’a coulé, ou comme Michaïl Prokhorov qui a perdu la bataille du nickel contre deux autres oligarques russes et à été contraint de leur vendre ses actions contre cash juste avant l’effondrement de leur valeur, ce qui a ruiné les « gagnants », un voyage de Ségolène Royal est comme un long fleuve tranquille par rapport à tout déplacement de Nicolas Sarkozy.
Cela donnerait un tout nouveau sens à sa défaite et à la victoire de NS si tous deux avaient su à l’avance que gagner ce jour-là, c’était embarquer comme capitaine de paquebot quand rugissent les vagues géantes et soufflent les typhons.
On peut se demander aussi ce que pense François Pérol, aujourd’hui chargé des questions économiques au cabinet de Sarkozy et qui sera demain le patron de la fusion Banques Populaires-Caisses d’Epargne, toutes deux en grande difficulté notamment du fait de leur filiale commune, Natixis. Qu’ayant connu la peste, il est maintenant mûr pour lutter contre le choléra?
La grosse commission (de Bruxelles)
février 20, 2009 on 10:05 | In Coup de gueule, Economie, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermésIl est des cas quand de talentueux humoristes qui s’astreignent à une production quotidienne d’humour sur commande ne sont pas très inspirés. Il y a alors un recours qui permet de pallier la panne d’inspiration, c’est le fameux thème pipi-caca. Laurent Gerra, le brillant imitateur qui se produit tous les matins sur une radio périphérique est bien connu pour ce recours à l’univers érotico-uro-scato.
C’est pourquoi, quand vous lisez ici que JusMurmurandi se lâche et que son titre donne dans la métaphore grasse, vous vous dites: eux aussi sont en panne d’inspiration.
Que nenni, Messeigneurs, c’est délibéré.
Car traiter la Commission de Bruxelles de grosse commission, c’est dire qu’ils ont fait plus que se compisser, il se sont conchiés. Et si d’aventure il vous déplaisait de lire pareils mots sous notre plume, sachez qu’ils sont empruntés, entre autres, à François Villon et à François Rabelais.
Revenons donc à l’étron qu’a commis la Commission (si l’on ose dire). Ladite commission était resté étrangement silencieuse depuis les mois que dure la crise qui bouleverse le monde et ruine les européens par millions. Encore sous la présidence Sarkozy Manuel Barroso faisait-il partie des voyages présidentiels, fût-ce aux places arrières de l’avion, mais avec la présidence tchèque, on a l’impression que la chaise de Commission est vide. Ce qui, contrairement à une chaise percée, qui sert à quelque chose, ne sert manifestement à rien. Il faut dire que, puisque la vacance de la Commission semble indiquer que sa principale occupation consiste à serrer les fesses pour attendre que cela se passe, on se demande quel usage ils pourraient avoir d’une chaise percée.
L’étron, donc, c’est qu’au milieu de cette immobilité constipée, la Commission a décidé de passer à l’action. Et a subito presto entamé une procédure de déficit contre 6 pays européens pour dépassement du déficit prévu par le pacte de stabilité, soit 3% du PNB.
Rarement a-t-on vu une action plus faux-cul. Il y a des mois que l’on sait que la crise va plonger les Etats européens dans une récession en 2009 qui va creuser les comptes budgétaires de tous. Il y a des mois que la Commission elle-même a recommandé d’appliquer des plans de relance de l’ordre de 1,4% de PIB. Ce qui veut dire que tout Etat dont les finances publiques connaîtraient un déficit supérieur à 1,6% du PIB serait interdit de relance. Quand on prend en compte la dégradation du déficit causé par une forte récession, qui ampute les recettes fiscales sans amputer les dépenses, cela veut dire que quasiment aucun Etat ne pourrait relancer son économie suivant les « conseils » de la Commission sans encourir les foudres de la même Commission.
Peut-être les Européns ne sont-ils pas suffisamment dans la mouise, ce qui expliquerait que Bruxelles ait voulu en rajouter une louche. Peut-être la crise donne-t-elle à suffisamment d’européens l’impression de l’avoir dans une partie charnue de l’anatomie au point que la Commission européenne ait voulu administrer à tous un puissant laxatif, dont on sait que l’effet premier est de faire chier.
Force est de reconnaître qu’ils ont réussi. On aurait voulu fâcher les Européens avec l’Europe version Commission de Bruxelles qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Et ce, pour faire bonne mesure, juste avant les élections européennes, qui permettront aux électeurs d’exprimer ce qu’ils pensent d’un pareil lavement.
A l’époque où les agriculteurs français voulaient faire pression sur la Commission pour obtenir d’elle de meilleurs prix garantis pour leurs productions, un moyen des plus fins, élégants et délicats qu’ils utilisaient pour se rappeler au bon souvenir des commissaires bruxellois était de déverser devant les bâtiments européens un savant mélange de fumier, de purin et de lisier.
Sans doute est-ce en mémoire de ce rituel historique que la Commission a décidé de se substituer aux agriculteurs de l’ancien temps. Et qu’elle se couvre elle-même, sans recours à des cochons ou à des tracteurs, de ses propres excréments.
Ou peut-être est-ce par solidarité avec les Européens, pour montrer qu’elle aussi est dans la merde?
Le triomphe du marché
février 19, 2009 on 8:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésIl est des ironies cruelles. A l’heure où les anti-libéraux, anti-marchés et autres partisans de l’économie régulée ont des arguments pour démontrer que « l’économie de marché, ça ne marche pas », JusMurmurandi pose une question simple.
Dans tous les pays gros producteurs d’automobiles, cette industrie est sinistrée. Pour le moment, les Etats mettent les producteurs sous perfusion d’argent public. General Motors consomme 2 milliards de cash par mois, et le montant requis pour lui permettre, ainsi qu’à son concurrent Chrysler, de survivre ne cesse d’enfler. Histoire de dire que ce n’est pas du qu’à l’ineptie de ces constructeurs, à l’asthénie du système bancaire américain, ou à l’état de dépression de ce marché, Nissan, constructeur ayant affiché la plus forte marge bénéficiaire mondiale, cherche une injection de fonds de 20 milliards de dollars.
Quand ce n’est plus seulement le cancre, mais toute la classe, y compris les meilleurs élèves, qui sont en grave difficulté, peut-être est-il temps de remettre en cause le programme. Or, justement, pour cause de pollution et de réchauffement climatique, de renchérissement et de raréfaction du pétrole, la fin de la civilisation de l’automobile avait été programmée.
Le problème, c’est que quand une conjoncture d’une violence extrême et inattendue dévaste cette industrie, subitement tous se réveillent pour se rappeler le nombre considérable de personnes qu’elle fait vivre. Ainsi l’Allemagne, pays si soucieux d’environnement qu’il a voté il y a des années déjà sa sortie du nucléaire, accorde une aide de 2500€ par voiture vendue, c’est-à-dire achetée.
Le problème, c’est que les aides d’Etat ne font rien pour régler le problème. Tout au plus le reportent-elles en permettant aux constructeurs de passer une échéance, puis une autre, puis encore une. En attendant une hypothétique reprise, après laquelle tous espèrent que « cela redeviendra comme avant ». Pire encore, les aides sont assorties de conditions qui minimisent l’impact social des mesures prises par les constructeurs pour se restructurer, ce qui retarde leur inévitable adaptation à un monde qui aurait effectivement, au moins pour sa partie occidentalo-développée, mis à terme à son histoire d’amour avec la bagnole.
Complément d’ironie, cette crise des achats automobiles a été déclenchée par la hausse vertigineuse du coût des carburants, hausse qui appartient maintenant à un passé qui paraît bien lointain. Mais la baisse des prix n’a pas fait repartir la demande, qui, ces derniers mois aux USA situe le volume du marché quelques 50 ans en arrière. Ce qui vaut aussi au Japon une baisse vertigineuse de son PNB du 4e trimestre, à -12,7%, entraînée par une baisse des exportations de 45%!
C’est pourquoi JusMurmurandi observe que ceux qui théorisent sur le retour de l’Etat face aux marchés ont peut-être raison en parlant des marchés financiers. Encore qu’il faudrait se demander si les montants gigantesques de capitaux investis et garantis par les pouvoirs publics ont jusqu’ici relancé les activités de crédit, ce qui n’apparaît pour le moins pas évident aux Etats-unis notamment.
Mais il est un maître que même les Etats ne peuvent faire plier, c’est le marché. Si les consommateurs continuent de refuser de consommer et préfèrent, comme actuellement, se désendetter et épargner, il n’y a pas grand chose que les Etats y puissent. Le Japon qui a vécu 20 ans de récession/stagnation malgré de nombreux plans de relance coûteux aurait pu servir d’exemple.
Le problème le plus aigu est donc de trouver une réponse efficace à la question « comment faire boire un animal qui n’a pas soif? » Car, comme le sait la sagesse populaire, « on peut mener son cheval au puits, on ne peut pas le forcer à boire. »
C’est la faiblesse de tous les plans de relance de la consommation, à savoir que les sommes distribuées ne seront pas dépensées, mais épargnées, et ne contribueront pas à la relance tant désirée. C’est donc jeter de l’argent dans un puits sans fond.
JusMurmurandi note avec intérêt qu’il y a eu une proposition originale pour tenter de sortir en force de cette situation. C’était de donner non pas de l’argent, mais des bons de consommation, qu’il s’agisse de produits alimentaires ou de chèques services. Quelle situation abrancadabrantesque quand il faut forcer les gens à consommer. Quelle leçon pour ceux qui n’aiment pas le marché!
Si l’Etat, en bonne logique, est conduit par ce qui précède à distribuer des voitures à ceux qui veulent, JusMurmurandi tient à faire preuve de civisme et acecptera sans barguigner d’être parmi les premiers à participer à ce programme!
Un plan de sauvetage…de l’opposition ?
février 14, 2009 on 6:51 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 4 CommentsIl y a des modes, des phénomènes qui sont dans l’air du temps. Ainsi par exemple, ces espèces de grand-messes qu’on appelle « états généraux » ou « Grenelle ». Le Grenelle de l’environnement, les états généraux de la presse. En fait ce sont des sortes de forums qui existent dès lors que l’État veut bien laisser n’importe qui discuter de n’importe quoi tout en assurant le financement dans une espèce d’orgie de repentance qui ne dit pas son nom.
Mais la mode la plus récente, c’est le plan de sauvetage. Plan de sauvetage des banques, plan de sauvetage de l’automobile, plan de sauvetage des DOM-TOM, à chacun suivant ses besoins. L’Etat semble avoir des moyens illimités, ce qui permet de voir que les Français ont une capacité illimitée à exprimer des besoins.
Celà étant ce n’est pas phénomène purement français, bien au contraire. Ainsi le tout nouveau Président Obama n’a-t-il eu de cesse de faire approuver son plan de relance de l’activité économique américaine, pour un montant proche de 800 milliards de dollars, ce qui ridiculise les 26 milliards d’euros du plan Sarkozy. Alors, bien sûr, il est possible d’y voir le fait que les Etats-Unis sont dans un état de délabrement économique bien plus aigu que le nôtre, et ce n’est pas faux.
Mai il y a une autre différence qui a attiré l’attention de JusMurmurandi. Le plan d’Obama a été discuté, charcuté, re-taillé avec les Républicains, et, s’il est passé avec succès par les deux chambres américaines, c’est grâce aux voix d’un nombre modeste mais indispensables de ces voix républicaines. C’est ce qu’outre Atlantique on appelle une approche bi-partisane.
Mais les Américains doivent être au moins deux fois plus doués que nous, car ici il n’y a que des approches partisanes. L’opposition, que ce soit le PS ou le Modem, refuse obstinément de voter quelque texte que ce soit qui émane du Gouvernement. Ils sont mêmes les seuls au monde qui aient refusé de voter le plan de soutien aux banques, avant de refuser de voter le plan de relance.
Il faut se souvenir que certains avaient tenté de franchir les barrières traditionnelles entre majorité et opposition. Comme par hasard, les deux principales figures de l’opposition à l’avoir fait se font attaquer: Bernard Kouchner dans un livre qui insinue faute de pouvoir démontrer, qui parle de conflit d’intérêt et de mélange de genres faute d’avoir trouvé quoi que ce soit d’illégal, et Eric Besson qui se voit maintenant traité de vichyste. Quant à Jack Lang, dont la voix a fait la différence lors du vote pour la réforme constitutionnelle, il est quasiment banni.
Ce comportement, bien sûr ignore superbement que François Mitterrand lui-même avait fait bon usage de l’ouverture à l’époque du gouvernement de Michel Rocard, mais le pS est trop fatigué pour s’en souvenir.
C’est pourquoi Nicolas Sarkozy est devant un dilemme. Il est clair que le PS est en grande difficulté du fait de la crise. Déjà avant, il avait été dépouillé par le processus d’ouverture, et n’avait pas de programme. Maintenant que la crise oblige le Président à des mesures de gauche, le PS n’a plus d’espace pour se distinguer de sa droite, plus de marché. Et comme le nouveau produit anticapitaliste de Besancenot (pardon, le nouveau parti anticapitaliste) le bloque à sa gauche, il n’y a plus de place pour le PS, qui est donc menacé d’asphyxie.
D’où la proposition sarkozyenne de lancer un plan de relance ou de sauvetage, comme on voudra, pour le PS. Après tout, il est au moins aussi indispensable à la vie politique française que les Antilles ou la Corse, alors ce serait bien naturel.
Le seul problème, c’est que ce plan de relance aussi, s’ils n’y prennent pas garde, les socialistes vont voter contre!
A table!
février 11, 2009 on 7:25 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésN’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? On imagine facilement Nicolas Sarkozy se demander si tant d’efforts et de combats pour être élu Président de la République valaient le coup. Car le moins qu’on puisse dire est que sa présidence ne ressemble pas à ce qu’on pouvait imaginer. La faute à la crise, bien sûr, qui a bouleversé tous les équilibres.
Car ce qui est en train de se passer en Guadeloupe est ni plus ni moins une gifle pour le Président. Et ce n’est pas la première, ni la dernière. La population de l’ile, mécontente de « la vie chère » se met en grève. Et que constate-t-on? Que, pour peu qu’on veuille bien y jeter un coup d’oeil, la situation de distribution des carburants sur l’île est extravagante et entièrement à l’avantage du distributeur-raffineur qu’est Total, dont les stations-services sont, en outre, fermées pour empêcher l’ouverture de stations concurrentes! Le Secrétaire d’Etat Yves Jégo arrive sur place, et la valse des millions commence. Mise en oeuvre du RSA. Hausse des salaires de 200€ mensuels. JusMurmurandi vous rassure, ce ne sont pas les entreprises qui paieront, car elles exigent des compensations de l’Etat sous forme d’allègements de charges sociales. Et ainsi de suite.
Avant même que la situation de la Guadeloupe ne soit débloquée, la Martinique commence à faire de même, et les Martiniquais mettent la barre non pas à 200€, mais à 300€. Et la Guyane se dit qu’il n’y a aucune raison de ne pas en faire autant. Ce d’autant plus que c’est à la Réunion que tout a commencé et que l’Etat a ouvert grand son portefeuille.
Plusieurs commentaires s’imposent.
D’abord qu’il semble y avoir une étrange fatalité qui frappe les politiciens de droite dès lors qu’ils deviennent Présidents de la République. Que ce soient Giscard, Chirac, ou maintenant Sarkozy, élus à droite, ils ouvrent grand les cordons de la bourse (celle des autres, bien sûr, celle des contribuables présents et surtout futurs). Pourtant Sarkozy portait un projet clair, et on n’imaginait pas le voir tomber dans le radicalisme chiraquien. Oui, mais la crise est passée par là. Et Sarkozy, au-delà de mesures sociales annoncées dans sa campagne électorale et destinées à le dé-droitiser, tel le RSA, applique aujourd’hui une politique d’arrosage à tout-va que ne renierait pas un gouvernement de gauche. Il ne manque que la relance de la consommation.
La relance de la consommation, justement. C’est le dernier sujet à la mode. Toute demande d’avantages est aujourd’hui justifiée en disant qu’elle soutiendra l’activité économique, ou la consommation, ou l’emploi, voire les trois. Plus besoin de la justifier par la cause (le mérite, la justice, l’effort, par exemple), on justifie par l’effet. Et on ne discute plus « que » de l’efficacité relative des différents moyens (relance de la consommation contre relance par l’investissement ou soutien à l’industrie). Cela commence à ressembler à un glissement du capitalisme, où l’effet (rémunération) est adossé à la cause (à chacun suivant ses mérites) vers le communisme, où l’effet est adossé à tout autre chose (à chacun suivant ses besoins).
En conclusion, si l’aptitude d’un pays à minimiser la crise puis à en sortir rapidement est proportionnelle à l’intensité de la relance, alors il faut bien reconnaître que la France n’est pas très bien partie, d’autres pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment) annonçant qu’ils vont faire beaucoup plus que nous). Mais si cette « heureuse » sortie de crise est liée à la capacité de sa population à revendiquer en fonction de l’expression violente de ses besoins, alors la France a toutes les chances de figurer en tête du peloton. Pour une fois que les revendications sont « vertueuses ». Aux barricades, camarades, aux barricades!
Dans cet esprit de la relance par le besoin, JusMurmurandi demande ici solennellement à l’Etat un plan de relance de l’industrie du blog. La France, un moment première dans ce nouveau métier à la fois moderne, porteur d’avenir et « vert », a vu son leadership glisser. La faute, on s’en doute, à ces milliers de blogs délaissés par leurs auteurs, faute pour ceux-ci, écrasés de charges sociales, d’avoir les moyens en temps et en argent de les mettre à jour.
La proposition? Que chaque blogueur puisse passer 6 mois par an à son choix en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion aux frais de la collectivité reconnaissante. Transformer les DOM TOM en autant de Villa Medicis du futur, et les blogueurs en Prix de Rome, voilà une modernisation où tout le monde trouvera son compte. Et pour ce faire, bien sûr, il faudra doter ces îles d’infrastructures de télécommunications puissantes et modernes (du travail pour Alcatel et Astrium, des clients pour Orange et SFR), de moyens aéroportuaires accrus (voilà pour le bâtiment), afin de recevoir plus de visiteurs, venus en Airbus A380 (bon pour Airbus). Il ne manque plus que de l’énergie pour ne pas dépendre trop de l’affreux Total, alors on ajoute vite fait un EPR (bon pour Areva), et le tout est bouclé, et les îliens contents.
Comment, ce n’est pas encore fait? Mais que fait l’Etat? C’est indigne! Le Président nous méprise! Aux barricades, camarades, aux barricades! Vilipendons ce Président qui nous traite si mal. Disons-en pis que pendre, pour qu’il puisse mesurer la puissance de nos blogs, et l’ampleur de son erreur…
Quand Vélib’ perd les pédales…
février 10, 2009 on 7:34 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésDes informations sur la situation de Vélib’ ont beaucoup intéressé JusMurmurandi.
Comme nous l’avions dit précédemment, si Vélib’ est une idée intéressante, elle n’est qu’une copie de l’original Vélov lyonnais; et les stations ont été implantées exprès pour pourrir la vie des automobilistes parisiens ou franciliens.
Le problème c’est que Vélib perd ses pédales.
Le bilan civico-économique est accablant.
Sur les 20.000 installés, 7.800 se sont envolés (eh oui, les vélos volent dans la capitale) et 11.600 ont été vandalisés.
Deux fois plus de vélos volés à Paris qu’à Lyon, et le parc de la capitale a déjà été entièrement renouvelé.
A telle enseigne que si la maintenance quotidienne assurée par Decaux s’arrêtait, il ne faudrait que dix jours pour que l’ensemble du parc soit immobilisé…. Consternant.
Alors que le Conseil d’Etat a maintenant autorisé Vélib’ a se déployer dans les villes limitrophes, le problème ne va qu’augmenter.
Clear Channel, concurrent malheureux face à Decaux, doit se frotter les mains.
Et bien évidemment Bertrand Delanoë refuse que les stations les plus criminogènes soient supprimées. Ce serait trop simple.
Les bijoux de la couronne
février 9, 2009 on 10:11 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésLe titre est un peu inexact car nous sommes en République.
Pour le reste, on voudrait bien en parler des bijoux….
Mais certains d’entre eux disparaissent pour réapparaître on ne sait comment dans des salles de ventes quelques temps plus tard.
Depuis dix ans, une commission dite du récolement tente de retrouver les 185.000 objets prêtés aux ministères comme au palais présidentiel. à Matignon comme aux ambassades ou aux consulats comme à l’Assemblée Nationale.
JusMurmurandi commencera, c’est normal, par dire que 185.000 objets en dix ans et un travail qui n’est pas achevé, cela ressemble à un travail de fourmi.
Car ramené à l’année, cela fait 18.500 objets, ou encore 92 objets par jour.
Vous l’aurez compris, JusMurmurandi se demande s’ils sont 2 ou 3 pour atteindre de tels sommets de productivité…
Passons.
Sur le total énoncé, ci-dessus, 133.000 ont été retrouvées, 20.000 sont réputées « non vues » et 3400 détruites. Il reste 16.500 pièces qui portent le doux nom de « non localisées ».
Tout arrive à ces oeuvres. Emprunt à « long terme » par un ministre (qui a dit que seules les banques prêtaient ?), copie réalisée par un ambassadeur pour garder l’original, la créativité de nos agents de l’Etat est impressionnante…à ceci près que l’on aimerait qu’elle soit plus mise au service de l’intérêt public qu’à celui de leur intérêt personnel….
Là où cela devient plus intéressant encore,c’est lorsque que l’on voit la répartition des pièces « non vues » (20.000 rappelons le).
Au Ministère de l’Education Nationale, cela représente 50% environ des pièces confiées.
Bel exemple pour nos têtes blondes.
Alors, étonnez vous que nos « éducateurs » ne veuillent pas être notés.
Petit cours de désinformation
février 8, 2009 on 8:08 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 2 CommentsLe passage du Président de la République à la télévision jeudi soir dernier a suscité toutes sortes de réactions, le plus souvent négatives.
Une de celles qui a le plus « amusé » JusMurmurandi est celle du Parisien qui publie un sondage à la suite de l’émission.
Et le journal de mettre en titre qu’en majorité les Français n’ont pas été convaincus par le discours présidentiel.
Chiffres à l’appui, l’institut CSA a interrogé 960 personnes et plus de 50% déclarent ne pas avoir été convaincus.
960 personnes, oui, c’est une population statistique représentative, comme le veut le jargon statistique.
Mais hélas, pas 960 personnes qui ont au moins en partie suivi l’émission. 16% n’avaient même pas vu l’émission du tout !!
Allez porter un jugement dans ces conditions. Et surtout ne vous gênez pas pour publier, et prétendre informer….
Là où cela devient carrément croustillant, c’est lorsque l’on écoute la déclaration du directeur adjoint de la publication, qui affirme « Il s’agissait pour nous de vérifier l’impact d’une intervention présidentielle dans l’opinion publique ». On est bien loin de la manchette attrape nigaud dénigrant l’action de l’exécutif.
JusMurmurandi s’esclaffe, car il est bon de rappeler qu’il y a encore quelques semaines, des états généraux de la presse écrite avaient été réunis à l’initiative de l’Elysée, car les journaux souffrent de déficits chroniques impressionnants (parmi lesquels les fleurons de la bonne conscience collective comme Le Monde ou Libération).
Allez vous étonner que les Français se détournent de la presse écrite lorsque cette dernière détourne ainsi l’information.
Car si elle détourne l’information, elle ne détourne pas le regard lorsqu’il s’agit de tendre la main au soutien pécuniaire de 600 millions d’Euro….. mis à disposition par Nicolas Sarkozy.
Pour un petit cours de désinformation :
Irresponsables!
février 7, 2009 on 12:56 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 2 CommentsJusMurmurandi hoche la tête et se frotte les yeux, perdu entre ahurissement et incrédulité. L’audition du juge Burgaud, le trop tristement célèbre juge d’instruction de l’affaire d’Outreau a donné lieu à ce qu’il faut bien appeler un scandale. Le Syndicat de la Magistrature l’a soutenu, indiquant en substance que, comme Burgaud n’était qu’un juge parmi beaucoup à avoir « mis la main » à cette sordide erreur judiciaire, il ne saurait être condamné. Et l’instance requérante s’est « contentée » de requérir jusqu’à un an d’exclusion du juge, ce qui est une sanction « moyenne ».
Si Burgaud, dont l’action a ravagé plus d’une dizaine de vies, conduit une personne à mourir en prison, coûté une fortune à l’Etat en indemnités, et ruiné la réputation de sa fonction et de son institution ne mérite qu’une sanction « moyenne », que faut-il donc faire pour mériter une sanction « dure »?
D’ailleurs le juge Burgaud déclare qu’il n’a pas le sentiment d’avoir failli, et il réclame qu’on lui restitue son honneur. Tiens donc, et quoi encore? Et où sont les autres magistrats qui ont contribué au désastre? Car si c’est Burgaud qui a instruit, ce ne pas lui tout seul qui a mis en prison, puis condamné.
En dehors d’avoir fait la même chose à des accusés juifs, noirs ou handicapés, moment auquel, bien sûr, il eût été liquidé dans la plus extrême urgence, car la « justice » du politiquement correct est infiniment plus expéditive que la Justice tout court, JusMurmurandi ne voit pas ce qu’il eût pu faire de pire. Ce qui conduit inévitablement à la conclusion que les condamnations n’existent que de pure forme, et que les juges sont intouchables et, pour tout dire, irresponsables.
Il faut dire qu’il ne sont pas les seuls.
Les dirigeants de banques qu’ils ont engagé dans des voies si risquées qu’il a fallu que l’État leur vienne en aide pour éviter qu’elles ne disparaissent dans de retentissantes faillites qui eussent englouti l’épargne de millions de clients n’ont pas non plus le sentiment d’avoir failli. Alors, avoir failli, c’est quoi pour un banquier? Et de pleurer qu’ils ont quand même droit à leurs bonus et à leurs primes pharaoniques. 18 milliards de dollars de bonus à Wall Street, on se demande ce qu’il ont fumé.
JusMurmurandi voudrait aussi ajouter à la longue liste des irresponsables les établissements bancaires qui, après avoir vanté la qualité de leur gestion d’actifs, leur sérieux et la solidité de leur bilan, se sont contentés de confier l’argent qui leur était donné en gestion à ce bon M. Madoff, et déclarent maintenant qu’ils sont des victimes…
Enfin comment ne pas mentionner les actionnaires de banques qui, quoi qu’elles n’aient été sauvées de la faillite que par l’intervention urgente et massive de l’Etat, veulent néanmoins toucher des dividendes. Le pompon revient aux actionnaires de Fortis qui, quoique leur banque ait valu zéro et moins que zéro quand elle a été cédée à BNP Paribas par l’État belge avec force garanties et injections de liquidités, réclament à cor et à cris une meilleure sortie pour eux.
Car eux non plus ne veulent pas subir les conséquences financières de leurs investissements dans les banques inconséquentes.
Les Etats non plus n’hésitent pas à créer une gigantesque bulle de liquidités pour financer moult plans de soutien de relance et de reprise, faisant ainsi à une immense échelle exactement ce qui a conduit les banques dans l’impasse et qui leur est fort justement reproché.
On comprend pourquoi, dans ces conditions, l’humeur du jour soit à ce que chaque groupe d’intérêts réclame pour soi des avantages totalement ridicules. Pour quoi seraient-ils les seuls à adopter une conduite responsable?
Arnaque!
février 3, 2009 on 8:37 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésQuelquefois avoir de la mémoire n’est pas une bonne chose. Ainsi, dans le livre de George Orwell « 1984″, Big Brother a-t-il créé un Ministère de l’information qui a pour mission de désinformer. Et, pour cela, des armées de fonctionnaires réécrivent le passé pour montrer que le présent est meilleur. Ainsi tous les articles de journaux qui parlaient d’une ration de chocolat de 50 grammes sont-ils réécrits en mentionnant 30 grammes, ce qui permet de nommer « hausse » et non pas « baisse » le passage de la ration à 40 grammes. Et ceux qui refusent de se laisser ainsi laver le cerveau sont-ils traités comme des ennemis du régime, et impitoyablement brisés ou éliminés.
Oui, mais voilà, le cerveau de JusMurmurandi est dur à laver, ce qui lui vaut des souvenirs inconfortables pour certains.
Au premier semestre 2007, Nicolas Sarkozy fait sa campagne à l’élection présidentielle sur le thème de la hausse du pouvoir d’achat. Mais, dans le même temps, on observe au niveau mondial une flambée des prix des matières premières, énergie, minerais, produits agricoles. Tout cela culmine en juillet-août 2008 avec un pétrole à 147$ le baril et la promesse de fortes hausses encore à venir.
La conjoncture, déjà affaiblie en 2007, ne va pas résister à ce troisième choc pétrolier et les Français voient les prix augmenter fortement au moment où leurs revenus n’augmentent que faiblement. C’est ce qu’en anglais on appelle un squeeze, et ça fait mal. C’est d’autant plus dur à supporter qu’il n’y a pas de grain à moudre pour encaisser cette mini-flambée de l’inflation, qui va culminer à près de 4% en rythme annuel en septembre 2008. Pour tenter de faire passer la pilule amère, le Gouvernement tente de mobiliser pour obtenir pour les salariés des hausses de salaire, ou une prime transports. De même il fait passer la loi Chatel pour permettre plus de concurrence entre grande surfaces, contrairement à la succession de lois qui la limitaient (Royer, Galland, Raffarin, Jacob entre autres) pour leur plus grand profit au nom d’une hypothétique protection du petit commerce de proximité et de centre-ville.
Qu’en est-il aujourd’hui, près de un an et demie plus tard?
Les syndicats et la gauche, reflétant le sentiment de la majorité de l’opinion publique, réclament à corps et à cris des hausses de pouvoir d’achat pour aider les Français à supporter la crise. Or, entre temps, les prix des matières premières se sont effondrés, retombant plus bas qu’avant le début de leur flambée. Comme entre temps, les revenus ont continué d’augmenter, il serait facile de conclure que le pouvoir d’achat a augmenté, entre des prix qui baissent et un revenu qui croît.
Erreur! L’inflation, qui était passée de 1% à 3,8% en quinze mois, n’est repassée « qu’à » 1% depuis l’effondrement des coûts, alors qu’en toute logique elle eût du devenir négative pendant un temps au moins. JusMurmurandi veut bien admettre qu’il y a un effet retard sur l’énergie, où il est usuel de se couvrir contre les hausses possibles par des contrats ou des options appropriés. C’est ainsi que le prix du gaz facturé aux consommateurs n’a pas suivi la flambée des cours et n’a donc pas de raison de décroître aussi vite non plus. C’est ainsi que les compagnies aériennes ont souvent acheté des couvertures de prix de kérosène à des cours beaucoup plus élevés que les cours actuels, ce qui explique pourquoi il y a encore des surtaxes carburant alors que le pétrole est au plus bas.
Mais JusMurmurandi se souvient de la folle inflation des prix des produits laitiers ou de ceux des pâtes alimentaires. Une hausse de 20% était banale. On nous expliquait que le blé était poussé à la hausse par la folle croissance de la consommation d’éthanol, substitut à un pétrole devenu aussi cher que les meilleurs champagnes. Que la hausse de pouvoir d’achat des citoyens des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) créait une hausse de la demande de lait qui dépassait la capacité de production mondiale et donc tirait les prix à la hausse. Des grandes surfaces ont déréférencé certains produits phare à grand renfort de tintamarre médiatique pour bien montrer la vigueur de leur combat contre les prix trop chers.
Aujourd’hui les prix de lait payés aux producteurs ont effacé cette hausse. L’état nul de la diffusion de l’éthanol ne pèse plus sur les cours du blé.
Pourtant, JusMurmurandi n’a nul part entendu parler de baisse de 15% du prix des yaourts, des fromages, du lait ou des pâtes. Les grandes surfaces auraient-elles oublié de communiquer sur ces très bonnes nouvelles pour les consommateurs? Ou bien n’auraient-elles pas plutôt, et les entreprises de transformation avec elles, oublié de répercuter ces baisses? On en voit pas non plus baisser les prix industriels qui avaient gonflé en raison de la hausse des prix de l’énergie et de ses dérivés (produits chimiques, matières plastiques, etc).
C’est pourquoi JusMurmurandi dit « Arnaque! »
C’est pourquoi aussi, quand les syndicats et la gauche hurlent à la baisse du pouvoir d’achat 6 mois après que la bulle ait éclaté, et quand l’inflation est retombée au-dessous du rythme de hausse des revenus, JusMurmurandi dit « Arnaque »!
Décidément, avoir de la mémoire n’est pas toujours un cadeau.
Le tigre devient petit cochon
février 3, 2009 on 5:55 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésQui se souvient du « tigre celtique », surnom donné à la petite Irlande pour honorer son fort taux de croissance, souvent plus proche de celui de la grande époque des « tigres d’Asie » que de celui de la vieille Europe? JusMurmurandi se remémore les innombrables articles écrits à la gloire de la façon dont les Irlandais surent profiter de généreux fonds européens, comment il attirèrent de nombreuses entreprises étrangères grâce à des taux d’imposition si bas qu’ils ressemblaient furieusement à du dumping fiscal, combien de jeunes Français doués et ambitieux trouvaient à Dublin ce que la France ne savait plus leur offrir, à savoir un avenir.
C’est pourquoi ce fut un choc pour les partenaires européens de l’Irlande de voir les citoyens de la verte Erin voter « non » à 53% au référendum sur le Traité de Lisbonne, et être le seul pays à faire dérailler la mécanique si vite et si irrésistiblement mise sur les rails par un Nicolas Sarkozy fraîchement élu. Comment ceux qui en avaient tant bénéficié pouvaient-ils aujourd’hui se montrer si ingrats, et mordre ainsi la main qui les avait nourris?
C’est pourquoi c’est avec une « schadenfreude » non dissimulée que JusMurmurandi s’est délecté de la lecture d’un sondage annonçant qu’aujourd’hui se dégagerait une forte majorité de « oui » sur le même texte. Schadenfreude, mot pour désigner la joie que l’on ressent devant les dommages que subit un tiers. Car ce n’est pas la concession faite par les Européens pour servir de feuille de vigne à un nouveau vote, à savoir que l’Irlande conservera un commissaire européen, qui entraîne ce revirement, mais bel et bien la crise. Crise qui frappe d’autant plus durement le pays que son développement est récent, qu’il s’appuie beaucoup sur des entreprises étrangères et donc sur des exportations mises à mal par la chute de la consommation mondiale, et que ce développement a été financé par des banques particulièrement agressives. Laquelle agressivité leur a valu de prendre des claques qui, en pourcentage, dépassent celles des autres pays européens, et rappellent qu’il n’y a qu’une lettre d’écart, et encore sont-elles voisines d’alphabet, entre l’Irlande et cette autre île aujourd’hui éprouvette de laboratoire de la crise mondiale, l’Islande.
Il y eut bien, quand la crise financière menaça de tout emporter, une tentative irlandaise de faire, comme à l’habitude, cavalier seul pour être mieux-disant bancaire, quand le gouvernement irlandais garantit tous les dépôts de ses banques. Cette manœuvre, qui irrita contre elles tous ses partenaires, furieux de voir l’Irlande jouer la concurrence intra-européenne pour tenter de sauver seule sa peau, trouva son épilogue quand ce fut au contraire un type de plan financier unique calqué sur le modèle britannique, qui fut mis en place pour calmer la tempête financière.
Ce fut le dernier rugissement du tigre.
Depuis, les Irlandais se sont rendus compte de la fragilité de leur prospérité. Ils ont aussi observé à quel point la crise est plus aiguë chez eux et chez leur cousin britannique que chez les grandes puissances continentales, la France et l’Allemagne. En particulier, l’effondrement de la livre anglaise, quasiment à parité aujourd’hui avec l’euro, que touchent du doigt ces grands voyageurs que sont les Britanniques dès qu’ils mettent le pied dans le reste de l’Europe. Ils ont vu à quel point le calcul qui leur fit voter « non », à savoir que le blocage du traité leur permettrait d’en rester à un statu quo qui leur valait de grasses subventions sans cela promises à migrer vers l’Est européen plus pauvre, leur avait coûté en bonne volonté et en soutien de leurs partenaires. Ils ont constaté une solidité totalement inattendue de l’Euro face à une tempête qui eût du balayer une monnaie jeune et dont beaucoup de Cassandres prédisaient qu’elle imploserait au premier coup de tabac.
Que fait-on quand on se sent seul, et trop petit pour faire face à la tempête? On se réfugie chez plus fort que soi. C’est la stratégie des 3 petits cochons face à l’attaque du grand méchant loup, bientôt regroupés dans la seule maison construite en « dur » et capable de résister à l’ennemi.
Passer du statut de tigre à celui de petit cochon, voilà qui ramène sans ménagement l’Irlande à plus de modestie. Dommage qu’il ait fallu une si grave crise pour lui faire toucher du doigt le prix d’une politique de cavalier seul.
Et une leçon pour les Européens aussi. Qu’ils n’oublient pas qu’au plus fort de la tempête, quand il fallait vaincre le tsunami bancaire ou mourir, ce ne sont pas les traités européens qu’on a vu à l’œuvre, pas plus que les autres accords ou institutions internationaux, mais les leaders des grands pays: Gordon Brown, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel
En attendant, l’Irlande a retrouvé sa place au sein de l’Europe, celle qui lui a valu son intégration réussie. Pas celle du tigre qui mangeait leur déjeuner sous les yeux de ses voisins ébahis par tant d’audace impunie, mais celle du petit cochon: à la mangeoire.
Passer de l’assurance à la protection
février 1, 2009 on 7:32 | In Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermésDe nombreuse publicités d’assureurs disent en substance: » bien assurés, bien protégés ». Or la période actuelle montre qu’il n’en est rien. Quelques exemples simples le montrent: l’assurance-chômage ne protège en rien du chômage. Au contraire, seuls les chômeurs en bénéficient.
De même, la dernière mode en termes de finance, et la plus meurtrière comme la crise l’a montré, a été de se croire protégé parce qu’on avait souscrit une assurance sous une forme ou une autre. Cela pouvait être auprès d’un rehausseur de crédit (Fanny Mae, Freddie Mac, AIG, ou les « monoline »), ou en passant par des produits dérivés comme les maintenant funestement célèbres CDS (Credit Default Swaps). L’histoire récente a prouvé que le fait d’être assuré n’a pas protégé ceux qui croyaient l’être. Notamment parce que le supposé protecteur qui vendait sa protection n’était pas suffisamment protégé lui-même des effets de la crise.
Il y a donc eu une sorte de financiarisation de la planète, où tout était devenu assurable, puis réassurable, transférable, revendable, titrisable. De la sorte, la prise de risque était en quelque sorte exorcisée, puisqu’on était assuré de son salut (au moins financier). Le seul problème était que cette assurance tous risques n’ayant pas fait disparaître les sinistres, quand ceux-ci sont arrivés, en l’occurrence les fameux sub-primes non remboursés, on s’est rendu compte avec horreur que tout ce jeu d’assurance ne faisait que faire passer le mistigri entre de nombreuses mains, mais qu’il n’y avait pas assez d’argent dans le système financier pour absorber les dégâts.
Bref, l’heure n’est plus à l’assurance. On voit d’ailleurs ce que peuvent valoir les assurances d’un dirigeant face au tsunami financier. Ainsi les assurances de Vladimir Poutine qui déclare avec assurance que le rouble ne baissera pas. Ou pas trop. Ou pas trop vite en tout cas. Ou au moins sans causer d’inflation… Non, l’heure est à la protection.
Nicolas Sarkozy, à qui la gauche avide de slogans simplificateurs avait tenté, non sans quelque succès, de coller l’image d’un champion de la droite libérale et néo-conservatrice, disait explicitement que le rôle de l’Etat est de protéger.
Or maintenant voilà que nous sautons le pas de la protection vers le protectionnisme, ce qui n’est pas du tout la même chose. Car le protectionnisme ne protège pas. Imaginez que les Etats-Unis rendent l’importation d’acier plus onéreuse pour protéger leur sidérurgie largement dépassée. Ce faisant ils contraignent leurs trois fabricants d’automobiles à acheter un acier moins compétitif, ce qui à son tour détériorera le positionnement des voitures qu’ils offriront aux consommateurs, et encouragera les constructeurs japonais à moins produire aux Etats-Unis pour importer plus du Japon. Jusqu’au moment où l’importation des voitures elles-mêmes sera rendue plus onéreuse, et ainsi de suite.
Justement, le tout nouvellement investi Président Obama a déclaré que le plan de relance américain, d’un montant qui fait apparaître dérisoires en comparaison les mesures prises par les Européens, devrait profiter avant tout aux Américains. On ne saurait être plus clair. On ne saurait trop non plus lui en faire le reproche, car tous les autres pays ont gaillardement taillé dans les conventions internationales de libre échange dès lors que la crise a frappé. Ainsi les aides nationales aux banques ont-elles pris des tournures très différentes d’un pays à l’autre, entraînant des distorsions de concurrence manifestes. Et personne (ni Bruxelles, ni l’OMC par exemple) n’a trouvé à y redire.
Pourtant, il paraît indispensable à JusMurmurandi de rappeler que, si le protectionnisme rassure, il ne protège pas. Il ne ramènera pas la prospérité comme « au bon vieux temps ». Au contraire, toute l’histoire montre que le protectionnisme a toujours entraîné un marasme économique, et que la prospérité s’accompagne de libre-échange.
Et, dans une économie déjà gravement freinée par le double fléau de la perte de crédit et de la perte de confiance, il faut absolument éviter d’en rajouter un troisième, à savoir la perte des échanges internationaux.
Mais évidemment, il est tentant pour les dirigeants de procéder d’abord à court terme en évitant les désastres annoncés, quitte à fermer les yeux sur ceux qu’ils provoquent pour plus tard en refermant graduellement les barrières douanières.
Et que, plutôt que de chercher dans le protectionnisme une illusoire et mortifère solution, nos dirigeants feraient de travailler à restaurer un carburant de l’économie encore plus indispensable que l’argent de la finance. La rime avec finance est riche, puisqu’il s’agit de la confiance.
En d’autres termes, avoir été assurés et réassurés n’a pas marché. Être protégés ne marchera pas. Nous voulons seulement être rassurés.
Désir d’avenir
février 1, 2009 on 4:25 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermésC’est tout ce que se souhaitent les socialistes en ce moment.
Car depuis bientôt deux ans que Ségolène Royal a perdu les présidentielles, les deux seules mamelles existentielles ont été l’outrance ou la négation comme l’indiquait JusMurmurandi hier.
On serait tenter de penser que les choses vont changer.
Tout d’abord parce qu’ils se réunissent aujourd’hui dimanche à la Mutualité. Or si c’est le dernier jour de la semaine qu’ils se retrouvent, n’est ce pas un signal qu’ils sont prêts à travailler le dimanche, et ne refuseraient donc plus le projet présidentiel de libérer les commerces eux aussi de cette contrainte???
Mais lorsque l’on écoute Bertrand Delanoë, on se rend compte que la tentation de l’outrance est encore bien ancrée dans les esprits de la rue de Solférino.
Bertrand Delanoë, que l’on pourrait surnommer le Général Boulanger du PS parce qu’il a tant créé d’espérances sans jamais aboutir (voir notre article « le Maire du vide », déjà en février 2007 http://www.jusmurmurandi.com/?p=91).
Récemment encore, après sa candidature pour la tête du PS, il a jeté l’éponge en plein combat (voir le Maire de la capitule http://www.jusmurmurandi.com/?p=1960), laissant sur le carreau tous ceux qui le suivaient.
Bertrand Delanoë, donc, dénonce ainsi un « pouvoir brutal ».
JusMurmurandi est pris de spasmes incontrôlés en se disant que le maire de la capitale ferait bien de se regarder dans le miroir.
Qui a brutalement imposé une circulation prétendument douce en faisant perdre des heures dans la circulation aux Franciliens avec comme seul but réel de s’acheter la paix avec ses alliés verts pendant son premier mandat ?
A-t-on vu la moindre tentative de discussion sur le sujet ? Non. Un quelconque programme qui aurait annoncé l’étendue des dégâts ? Pas non plus.
Et les Parisiens se sont vus infliger des kilomètres de couloirs de bus aussi vides que coûteux, tout au long des sept longues années de sa mandature.
Vous avez dit « pouvoir brutal » tandis que « les Français sont dans le désarroi » (sic).
Mais qui est le maire qui augmente soudainement les impôts locaux avec une augmentation à deux chiffres parce qu’il n’a rien fait pour bien exploiter le fruits d’un marché immobilier porteur pendant de longues années ???
Ainsi les Parisiens se trouvent une fois de plus être le dindon de la farce, alors que Bertrand Delanoë parle de « politique fiscale clientéliste » de la part du gouvernement.
On serait presque tentés de penser qu’il fait son autocritique.
Mais bon, il est certain que Bertrand Delanoë n’est pas le PS, et pour cause, il a laissé la place à Martine Aubry.
Il est donc intéressant de voir cette dernière annoncer que ce dimanche est une journée de travail, afin de proposer un nouveau modèle de société et préparer les élections européennes. Même si ces braves gens auront mis du temps à se réveiller car on est en février et les problèmes économiques qui procèdent de la crise financière datent de septembre dernier….
Par conséquent JusMurmurandi imagine que, continuant à tout prendre à contrepied puisqu’ils travaillent le dimanche, les socialistes vont désormais se reposer la semaine ???
Wall Street et le Bûcher des Vanités
janvier 31, 2009 on 7:12 | In Best of, C'est ça, Paris?, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésNous connaissons tous la publicité d’Adidas « impossible is nothing », amusante inversion de l’évident « nothing is impossible ». En Français, cela donne « l’impossible n’est rien ». Malheureusement, cela ne s’applique pas toujours aussi facilement, puisque voici un exemple de quelque chose qui n’est pas impossible, bien que nous l’eussions cru (notez l’usage de l’irréel du passé, car, en vérité, cela paraît en effet irréel), et ce quelque chose n’est certes pas rien.
Ce à quoi pense JusMurmurandi, c’est aux quelques 18 milliards de dollars de bonus que ce sont attribués les banquiers de Wall Street au titre de 2008. Compte tenu que cette année restera dans les livres d’histoire comme la pire depuis 80 ans, il était évident que ce serait zéro. Un zéro pointé, même, pour l’élève WS, qui rendit une copie tellement affreuse que les grandes banques ne durent leur salut qu’à l’absorption par une banque plus robuste ou par le sauvetage par les milliards de dollars des contribuables.
Oui mais voilà, pour certains, ce n’est pas une raison suffisante pour qu’il n’y ait pas de bonus. Il est à noter que 18 milliards sont un montant inférieur de 44% à celui distribué en 2007. C’est certes une baisse significative, mais c’est ce qu’on attendrait d’une année médiocre, pas d’une catastrophe planétaire.
Comment cela est-il possible?
Faut-il imaginer que les banquiers de Wall Street sont à tel point déconnectés du monde extérieur qu’ils ne réalisent pas que les chiffres de leurs résultats différent de ceux d’une console de jeu vidéo en ce que, sur une console de jeu, il suffit d’appuyer sur le bouton « reset » pour avoir une nouvelle « vie » et recommencer à zéro ? Ne réalisent-ils pas la réalité de la misère de ceux à qui des prêts irresponsables ont fait perdre la maison de leurs rêves, ou dont la plongée de la bourse à laminé les économies et l’épargne d’une vie, les ouvriers de l’automobile ou de la sidérurgie licenciés et sans espoir de retrouver un emploi, les migrants chinois renvoyés chez eux où ne les attend qu’un bol de riz, la foi de tous ceux qui croyaient qu’en travaillant dur ils auraient droit pour eux et leurs enfants à un avenir meilleur?
Faut-il se dire que, même si l’année a été catastrophique, les établissements de Wall Street ont peur de perdre leurs meilleurs éléments au profit de la concurrence, et les gardent donc « au chaud » par des bonus même aussi manifestement non mérités?
Faut-il en conclure que l’absence de bonus aurait conduit ces golden boys au désastre financier, y compris la perte de leurs somptueuses résidences dans les Hamptons, leurs villas dans le comté de Westchester, leurs penthouses à Manhattan, et que leur voter des bonus, c’est participer à la relance au lieu d’aggraver la crise de l’immobilier haut de gamme?
Bref, c’est grotesque, indécent, plus obscène qu’un film de cul. Il est intéressant de voir qu’en France, où les excès ont été bien moindres et bien moins catastrophiques, quelques banques exceptées (Dexia, Natixis, Caisses d’Epargne, notamment), il a fallu que le Président tape du poing sur la table pour obtenir qu’il n’y ait pas de bonus, mais enfin il l’a obtenu.
Non, la question que cela pose pour JusMurmurandi est la suivante. La crise actuelle montre à quel point le monde a besoin de ses banques, puisque, clairement, sans banques qui fonctionnent et prêtent de l’argent, plus de monde tel que nous le connaissons, et l’apprécions depuis qu’il est menacé.
Mais avons-nous besoin des banquiers, ces jeunes arrogants, ces Maîtres du Monde, issus des meilleures universités et payés mille fois plus que de simples prix Nobel? Pour ceux qui en voudraient une description saisissante de réalisme et qui n’a pas vieilli en 20 ans, JusMurmurandi recommande la lecture de « Bucher des Vanités » de Tom Wolfe.
Ce bûcher des vanités tire son nom de ce qui s’est passé le jour de Mardi Gras 1497 quand le moine Savonarole fit brûler par les Florentins toutes sortes d’objets d’art, livres, tableaux et autres chefs d’oeuvre de la Renaissance, mais jugés trop splendides, athées, licencieux, obscènes, sataniques par l’intransigeant moins dominicain.
Or Mardi Gras est le jour où l’on festoie avant de se plonger dans l’abstinence du Carême.
Toute ressemblance avec le bûcher où les banquiers de Wall Street sont conviés à brûler leurs bonus pour avoir plongé le monde dans une phase longue et dure d’abstinence n’est pas fortuite.
Et il est à souhaiter qu’il n’y ait pas de moine illuminé et prophétique qui prenne le pouvoir, porté par le désespoir des gens ordinaires.