Brèves
mars 15, 2009 on 10:12 | In Economie, France, Insolite, La Cour des Mécomptes, Poil à gratter | Commentaires fermésMichel Rocard, éternel second du PS sous François Mitterrand comme Poulidor le fut au cyclisme et à Eddy Merckx, va finalement accepter une mission de Nicolas Sarkozy.
Après avoir qualifié ce dernier de dangereux lors de la campagne à l’élection présidentielle, il accepterait de travailler sur la situation de l’Arctique et de l’Antarctique.
C’est aussi lui qui avait dit que le score de Ségolène Royal en 2007 n’était pas une « victoire » comme l’affirmait la candidate malchanceuse, mais « un point bas » pour le PS.
Allons nous étonner ensuite que l’on lui confie une mission sur les climats aux extrêmes terrestres, lui qui entretient une relation polaire avec la rue de Solférino.
Le porte avions Charles de Gaulle retourne en révision aussitôt après en être sorti.
300 millions d’Euro pour le remettre au goût du jour, 18 mois d’immobilisation pour un navire éternellement en retard pendant sa gestation qui a duré 14 ans, avec un nombre de péripéties impressionnant (incendie de chantier, hélice qui casse etc.); le tout pour un coût total de 3 milliards d’Euro.
Motif invoqué pour ce retour au garage sitôt après la sortie ?
Des vibrations dans les moteurs.
18 mois de révision pour arriver à un tel résultat. A ce tarif là, ce sont surtout les contribuables qui devraient avoir de mauvaises vibrations…
On comprend mieux la volonté de la France de rejoindre l’Otan lorsqu’elle passe de deux porte avions historiques à n’être même plus capable d’en projeter un seul….
Riposte
mars 15, 2009 on 8:24 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | Commentaires fermésJusMurmurandi est goguenard ce soir après avoir écouté l’ancien Premier Ministre Laurent Fabius déclarer pendant l’émission « Ripostes » qu’il y a un risque de révolte au printemps.
Petite digression.
Laurent Fabius, fils d’un riche antiquaire, est le géniteur de l’IGF, impôt sur les grandes fortunes, et ancêtre de l’ISF. Lorsqu’il voit le jour, il exclut les oeuvres d’art. L’homme est incontestablement intelligent, et…habile.
On ne va quand même pas saper le business de papa même si l’on s’affiche à gauche.
Devenu Premier Ministre, son mandat est malencontreusement sali par l’affaire du sang contaminé. Sa carrière politique en sortira à jamais entachée, même si l’intellect de l’homme est intact.
Alors l’entendre aujourd’hui déclarer qu’il y avait un risque d’embrasement, avec le ton mielleux qui est le sien, c’est tout bonnement insupportable.
Car, en dépit de son brillant intellect, il est comme les membres du PS en ce moment, prompt à critiquer, mais aux abonnés absents lorsqu’il faut passer à l’acte ou encore faire des contre propositions.
Passer à l’acte ? Jack Lang est le seul socialiste qui a accepté de voter la modification de la Constitution qui donne plus d’autonomie et d’autorité au Parlement.
Personne d’autre au PS, comme lorsqu’il s’est agi de voter les mesures de 26 milliards d’Euro destinées à soutenir l’économie, à un moment ô combien critique.
De temps en temps il réussit aussi, comme le passage à l’Euro dont il a la responsabilité pendant la cohabitation de Lionel Jospin durant laquelle il est Ministre de l’Economie, la Mnef ayant eu raison de DSK, et les agents du Ministère de Christian Sautter (a contrario d’Eric Woerth qui, lui, a maintenant réussi la simplification que Sautter a ratée.)
Aujourd’hui, Fabius annonce la catastrophe, tel l’homme qui sourit en soufflant sur les braises.
Voilà qui est vraiment utile pour la Nation.
Mais bon, cela ne fait il pas 7 ans qu’il n’est plus aux affaires, qu’il n’est plus président de l’Assemblée et, tout grand bourgeois qu’il est, s’est affiché aux côtés des communistes pour inviter (avec succès hélas) les Français à rejeter le projet de Constitution européenne en 2005. Ce qui lui vaudra un vote pour l’exclure du PS en juin 2005…
Lui qui pense qu’il sait toujours mieux que tout le monde et sait qu’il pense de même, n’est arrivé que triste troisième derrière DSK et Ségolène pour la candidature PS aux élections présidentielles de 2007. Une espèce de Juppé de gauche, en ce qu’il a raté l’héritage de son père politique, François Mitterrand, après avoir été le plus jeune Premier Ministre que la France ait connu.
Une belle mécanique, qui ne sait fonctionner quasiment qu’à contre courant….Et même pas recyclable avec l’ouverture aux membres du PS de Sarkozy…
Bref, c’est un sentiment de tristesse, de mélancolie qui assaille JusMurmurandi ce soir en l’écoutant parler.
Faire le Total!
mars 14, 2009 on 8:32 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermésOn connaissait déjà l’expression « faire la totale », pour désigner une opération faite au maximum, l’expression « faire le total », pour désigner une addition, voici maintenant « faire le Total », comme l’entreprise éponyme qui conjugue profits record et suppressions de postes.
Il faut dire que Total est déjà coupable, parce qu’ils ont dégagé un profit record pour une entreprise française de14 milliards d’euros. Il y a en France une vieille incapacité à aimer ses entreprises. Une idée marxisante suivant laquelle le profit ne peut être que le produit de l’exploitation des collaborateurs et des clients, ou catholicisante suivant laquelle le profit est, comme le culte de Mammon, « mal ».
Peu importe que Total n’ait, proportionnellement, pas gagné plus que ses rivaux, tous étrangers, ce qui montre qu’il a suivi les courbes de son industrie. Peu importe que Total n’ait aucune chance de renouveler cette performance aujourd’hui, compte tenu de l’effondrement du prix du pétrole et de la baisse de la demande survenus entre temps. Peu importe que Total paye d’autant plus d’impôts qu’il fait plus de bénéfices.
Alors, quand Total annonce qu’il va restructurer sa division raffinage, avec pour effet de supprimer 550 emplois à Gonfreville, c’est l’hallali. Peu importe qu’il n’y ait pas licenciements secs. Peu importe que Total investisse pour moderniser son outil de production. Peu importe que Total soit créateur net d’emplois en France. Aucun mot n’est trop dur pour condamner Total, et mettre face à face les profits d’un côté, et les suppressions d’emplois de l’autre.
Il est clair que Total n’a pas du être surpris de cette levée de boucliers et de la bordée d’insultes qui va avec. On peut donc se demander pourquoi ils n’ont pas attendu de publier des résultats du premier trimestre 2009, en forte baisse, pour que la pilule passe plus facilement.
Peut-être Total croit-il simplement que le droit suffit en France, et que le fait de ne pas remplacer des employés partant en retraite est un droit clair, puisqu’il n’y a pas de licenciements à justifier. Ce serait curieux de la part de la société qui a été agressée pour le naufrage de l’Erica, au mépris de toute la législation et de la jurisprudence existantes.
Croire que le droit suffit en France? Total ferait mieux de lire JusMurmurandi, tant il y d’exemples où hommes politiques, syndicats, groupes de pression et autres communautés d’intérêts ignorent froidement la loi dans leur quête du pouvoir et de l’argent. Et qui, le plus souvent, arrivent à leurs fins. Les violations de la loi à la Guadeloupe et à la Martinique se sont révélées payantes, et la séquestration du patron de Sony aussi.
JusMurmurandi a une solution simple à proposer à Total. Quand il y aura trop de profits, la prochaine fois, il suffira de les confier à un gourou de la finance infiniment respectable, qui se chargera de les faire disparaître en vitesse. Ce qui s’appelle subir une perte Total…. Comme cela, Total sera une victime qui prendra à regret les nécessaires mesures de restructuration, et non la multinationale sans foi ni loi qu’elle est menacée d’être aujourd’hui.
Comme quoi les Madoff de notre monde ont encore de beaux jours devant eux….
Mourir pour Madoff?
mars 13, 2009 on 7:39 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésL’affreux Bernard Madoff est en prison. L’homme qui a escroqué pas moins de 50 milliards de dollars a dormi sur la paille humide des cachots. L’homme qui a dépouillé les retraités et autres fondations charitables (mais pas seulement, bien sûr) va être condamné si lourdement, puisqu’il a plaidé coupable et qu’il risque jusqu’à 150 ans de prison, qu’il mourra sûrement derrière les barreaux.
Justice est, enfin, en train d’être faite!
En apparence tout au moins Car, JusMurmurandi, qui aime faire ressortir les paradoxes, se dit que tout n’est pas forcément aussi simple, voire simpliste que cette fable où les méchants sont punis, même si, en ces temps de crise, les gentils en sont pas forcément récompensés.
Car, qu’a fait Madoff? A-t-il détourné ces mythiques 50 milliards vers sa propre poche? Non, il les a distribués à d’autres clients. Certes, au passage il s’est rémunéré, mais pas plus qu’il n’est d’usage à Wall Street, et même moins que d’autres. Donc on ne peut pas véritablement l’accuser de vol. Mais comme il n’a pas exactement redistribué aux pauvres, il n’est pas exactement Soeur Emmanuelle non plus. Ni même Jesse James.
Alors quel est le crime de Bernard Madoff, si 50 milliards de dollars se sont envolés, mais qu’il ne les a pas volés? C’est qu’en fait, il a promis à ses clients des placements qu’il n’a pas faits, et des rendements qu’il n’a obtenus qu’en faisant semblant, et, en réalité, en redonnant à ses investisseurs plus anciens l’argent reçu des plus récents. Bref, il n’a pas fait ce qu’il a dit, il a menti, et ceux qui l’ont cru ont perdu leur mise.
La question impertinente (mais peut-être pertinente aussi!) de JusMurmurandi est la suivante: si mentir à des gens dont on perd l’argent mène tout droit à la case prison, alors ne faudrait-il pas s’interroger sur de nombreuses entreprises et pas « seulement » sur Madoff? Par exemple sur AIG, anciennement premier assureur du monde, qui a pris des risques tels que sa survie coûte des centaines de milliards aux contribuables américains, sans compter ses actionnaires dont l’argent a été perdu? AIG ne leur avait-il pas raconté une toute autre histoire, faite de sûreté, que celle de quasi-casino qu’il a véritablement menée? Lehman, qui a été balayé par la tourmente, n’en a-t-il pas fait autant? Et les banques qui ont dû être sauvées par les contribuables, mais pas sans avoir au passage quasi essoré leurs actionnaires, leur ont-elles dit qu’il risquaient de tout perdre? JusMurmurandi croit plutôt quelles ont raconté l’inverse.
Bien sûr, la différence est que la structure même de l’activité de Madoff était malhonnête, à la différence de celle de Citigroup ou AIG
Mais quand l’actionnaire de Citigroup perd 98% de son capital en 22 mois (de plus de 50 dollars à moins d’un dollar par action en moins de deux ans!), les 2% qui lui restent suffisent-ils à le convaincre qu’il n’a pas été floué de fausses promesses comme les pigeons de Madoff, dont les liquidateurs ont retrouvé jusqu’ici un montant qui, par rapport à l’investissement initial, se monte à … 2% ?
Contre-feux!
mars 12, 2009 on 8:10 | In Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésQuand la plaine était en feu, et que celui-ci menaçait de s’étendre, que faisaient nos ancêtres qui ne disposaient pas de Canadair? Ils allumaient des contre-feux pour brûler par avance et de façon contrôlée ce que le feu allait utiliser comme combustible, le détourner et l’asphyxier. Cette méthode a conservé toute son actualité, à observer comment les politiques de tout bord l’utilisent.
Honneur aux dames, Martine Aubry par exemple lance une diatribe au vitriol contre Nicolas Sarkozy sur le sujet des libertés publiques. Aucun mot n’est trop dur dans ce « livre noir »: à commencer par le titre: »La France en liberté surveillée, la République en danger », un texte qui « prévoit d’appliquer aux internautes des mesures réservées jusqu’ici aux terroristes », les « restrictions de liberté », comme si Sarkozy « voulait que ceux qui souhaitent s’exprimer sur ce qui en va pas ne puissent pas le faire », et ainsi de suite.
JusMurmurandi n’avait pas noté que ce soit une préoccupation majeure des Français, et se considère suffisamment exigeant et intransigeant sur le sujet des libertés pour trouver ces termes incongrus.
Martine Aubry va plus loin: elle parle de « rafles de sans-papiers ». L’allusion à Vichy est transparente. Traiter de vichyste un Président qui voue un culte à la Résistance est le moyen le plus sûr de le faire perdre son calme, voire même intenter un procès, ce qui serait pain bénit pour le PS.
Mais Martine Aubry ne donne pas dans l’invective gratuite. Elle est trop fine pour ne pas savoir qu’elle a utilisé une expression qu’on qualifiera, à son choix, d’ambigüe ou de glauque. Mais pendant que l’attention des medias se porte sur ce brûlot (tiens, encore une allusion à un incendie), peut-être accorderont-ils moins de place à l’actualité du PS, où le marchandage des places sur les listes pour les élections européennes tourne au pugilat en place publique (encore un). C’est le contre-feu.
Mais Martine Aubry n’est pas la seule à user de cette méthode.
Ivan Colonna et ses avocats ont un problème: comment détourner l’attention de tout ce qui a fait condamner le berger corse pour l’assassinat du préfet Erignac. Sachant que ce « tout », c’est avant tout (si j’ose dire), les aveux de ses propres complices, qui, eux, ont avoué que c’est leur bande qui a commis le crime. Alors tout est bon pour détourner l’attention de ces aveux qui posent problème. Notamment le témoignage d’un policer qui dit en avoir informé d’autres que d’autres membres du commando seraient encore en liberté… ce qui ne disculpe en rien Colonna. Et ainsi, de témoins qui, vivant en Corse dans le village même de la famille Colonna, se rétractent ou se font porter pâles, de segments d’enquêtes prétendument mal conduites en demande de révocation du Président de la Cour, on détourne l’attention, ou on tente de la faire, de ce qui fâche. Il faut dire que, en Corse, les contre-feux sont une méthode ancestrale…
La finance mondiale, elle aussi est en feu. Et menace notre monde d’un ère glaciaire, avec forte régression du PNB et du niveau de vie de tous.
Et le monde, désespérément cherche un contre-feu. Mais là, ce n’est plus pour détourner l’attention…
L’Etat des Banques
mars 11, 2009 on 6:08 | In Coup de gueule, Economie, France, International | Commentaires fermésQuel Français ne se souvient de 1981? Le 10 mai, François Mitterrand est élu Président de la République. Il gagne les élections législatives qu’il organise dans la foulée, et applique son programme, négocié en commun avec le Parti Communiste Français de George Marchais. Et notamment nationalise les 40 plus grandes banques françaises. les justifications de ce mouvement purement idéologique font référence aux nationalisations de 1945 ou du Front Populaire. Ambiance…
2009. Pas de socialistes à la mode Mitterrand à l’horizon, encore moins de communistes, qui ont disparu de la scène mondiale. Pourtant, après cette semaine, un certain nombre des plus grandes banque mondiales sont, à leur tour, nationalisées, à commencer par la plus grande banque d’entre elles, Citigroup. Avec elle, son seul rival américain, Bank of America. En Grande-Bretagne, autre temple de la libre entre prise et de la finance mondiale, Lloyd’s rejoint dans le giron de l’Etat la Royal Bank of Scotland, soit les deuxième et troisième banques britanniques. Elles rejoignent ainsi le groupe des banques que seul le soutien d’un Etat maintient solvables, comme Dexia, ING, ABN Amro, Fortis, UBS, l’ensemble Caisses d’Epargne-Banques Populaires et autres.
Soit, à vue de nez, 7 des 20 plus grandes banques mondiales. Sans compter la plus grande compagnie d’assurance mondiale, AIG, ou les réassureurs immobiliers Fanny Mae et Freddie Mac.
La nationalisation serait-elle une nouvelle modernité, ou le seul moyen de survie de banques qui ont excédé leurs et limites et les contribuables qui sont ulcérés de devoir payer pour leur folies?
Il est clair que seule l’urgence et non un quelconque plan à conduit à ces opérations le plus souvent conduites le week-end pour ne pas entraîner, avant qu’elles n’aient abouti, de turbulences que le marché n’aurait pu absorber.
C’est si vrai que Lloyd’s Bank était la banque anglaise considérée comme la mieux gérée et la plus rentable, et que c’est à ce titre que les autorités britanniques lui ont demandé de sauver HBoS en déconfiture, la composante Bank of Scotland n’ayant pas su gérer son acquisition du spécialiste immobilier Halifax. Pour sauver HBoS, c’est fait, mais au prix de devoir à son tour sauver son sauveur, Lloyd’s. Le bénéfice de l’opération n’est pas évident. Le même schéma aux Etats-Unis, où le plus gros courtier en bourse du monde, Merrill Lynch, menace ruine. En un week-end, le Trésor américain l’adosse à la rentable Bank of America. Sauvetage réussi, sauf que Bank of America à son tour doit passer dans le giron de l’Oncle Sam, n’ayant pas pu trouver ailleurs les dizaines de milliards nécessaires à conforter son bilan rongé par la crise et les pertes ruineuses de sa nouvelle acquisition.
Pour être honnête, ce ne sont pas uniquement les fusions orchestrées par les autorités monétaires qui se sont révélées catastrophiques. L’acquisition d’ABN Amro après une bataille d’enchères gagnée (si l’on peut dire) par la Royal Bank of Scotland contre Barclay’s l’a été à un tel prix que la crise a fait imploser le bilan de la RBS, la précipitant dans le giron de la Couronne britannique. On ne peut que souhaiter qu’il n’en aille pas de même avec l’acquisition à venir de Fortis par BNP-Paribas.
En sens inverse, Barclay’s Bank, la vénérable institution britannique qui perdit la bataille pour ABN-Amro a de quoi se consoler. Immédiatement après la faillite de Lehman Brothers, faillite qu’on considère aujourd’hui comme une erreur aux conséquences colossalement négatives, Barclay’s a racheté l’essentiel des actifs de Lehman pour une bouchée de pain, ce qui lui a donné le droit de choisir parmi les équipes de la banque d’affaires ceux des collaborateurs qui lui convenaient. Résultat: au 4e trimestre, les bénéfices de Barclay’s sont dus à une plus-value de 20 milliards de dollars sur les actifs de Lehman. Plus-value ahurissante quand on sait qu’elle a été calculée sur des valeurs de marché particulièrement déprimées, et qu’on peut donc imaginer qu’il y en aura d’autres quand le marché, un jour se redressera.
Ce qui indiquerait que la vente des dépouilles de Lehman à Barclay’s a été aussi mal gérée que sa faillite. Et qui nous ramène au début de l’article, en démontrant la difficulté pour une administration gouvernementale de gérer « en bon père de famille », ce qui est la culture des entreprises et des marchés, mais pas du tout de l’Administration. La France a bien connu cette difficulté et ses nombreuses conséquences douloureuses pour le contribuable, comme l’affaire du Crédit Lyonnais, et tout indique que l’avenir nous réservera le même lot de coûteuses déconvenues.
Il y a à cette situation un curieux paradoxe. Les banques, nous dit-on, ont accru leur capacité de prêter grâce à leur capacité à revendre leurs crédits à d’autres après les avoir faits. C’est ce qu’on appelle la titrisation. Les prêts « douteux » des subprimes américains ont ainsi été revendus de par le monde. Et c’est l’assèchement de ce marché de la titrisation qui a empêché les banques de continuer à prêter puisque le mécanisme de revente état en panne.
Maintenant, on nous dit que les Etats, à commencer par l’Etat américain, vont forger une solution pour décharger les bilans bancaires de 3000 milliards de crédits douteux, moyennant quoi tout rentrera dans l’ordre sur le plan -certes critique, mais pas unique- de la capacité du système bancaire à financer l’économie mondiale.
C’est du grand n’importe quoi. La réalité, c’est que la banques ont, par des mécanismes nouveaux et créatifs, comme la titrisation et les CDS, prêté beaucoup plus que ce que leurs fonds propres eussent dû permettre en conservant des ratios prudentiels suffisants. Ratios dont la mise en place remonte à la crise des années 30, intervenue exactement pour cette raison. Nous sommes donc dans un schéma de « bis repetita » sous une forme et avec des moyens modernisés.
A partir de là, il n’est pas sorcier de conclure que:
soit
(1) on accepte que, pour que tout revienne comme un avant jugé a posteriori idyllique, on nettoie les bilans des banques, et elles recommencent à prêter « comme avant », ce qui veut dire qu’il y aura une même incapacité de leur part à faire face à une phase de ralentissement cyclique de l’économie. Bon appétit aux amateurs!
soit
(2) on nettoie le bilan des banques, et on les astreint, à travers une régulation plus restrictive, à ne plus prêter au delà de ce que leurs ratios prudentiels et donc leurs fonds propres permettent pour garder une marge de sécurité et de stabilité suffisantes, et alors il faut bien savoir que, leur capacité à prêter se trouvant fort réduite, il va bien falloir que l’économie mondiale se contracte pour s’adapter. Une gigantesque gueule de bois après la beuverie!
soit
(3) on augmente massivement les fonds propres des banques pour combiner prudence et volume. Mais d’où viendrait l’argent, et comment le rémunérer à la satisfaction des actionnaires? Sans compter qu’une telle ponction, de l’ordre de 1000 milliards de dollars, ne serait pas sans conséquence sur la capacité des États à financer leur gigantesques déficits publics, et provoquerait une hausse des taux d’intêrets, et une autre phase de ralentissement économique. Brrrr!
(4) les banques redeviennent les simples machines à distribuer du crédit qu’elle étaient devenues avant la crise, comme des agences de voyage qui distribuent des voyages. Le risque serait alors porté « ailleurs ». Pour le moment, cet « ailleurs » n’a qu’un seul nom: la signature des États. Mais on sait les États mauvais gestionnaires, et les banques mal inspirées quand ce ne sont pas elles qui payent pour leurs imprudences. Joyeuse perspective!
Au moment de conclure, les nouvelles de la Bourse d’hier. La seule « fuite » d’un memo interne du président de Citigroup, indiquant que la banque a été très rentable en janvier-février, a suffi à ce que les marchés mondiaux montent de 5-6%, montrant à quel point le rêve de tous est de revenir à un « avant ». On peut également méditer sur la désespérance et l’inconséquence d’une hausse de 5% des grandes bourses mondiales sur la base de la fuite d’un seule memo d’une seule banque portant sur deux seuls mois. C’est ce qu’on appelle du levier!
C’est dire si l’on est loin d’avoir trouvé la moindre solution. Dormez bien, braves gens, et, demain, en vous levant, n’oubliez pas de vous préparer à beaucoup consommer pour participer à redresser l’économie mondiale, puisqu’on vous assure -si, si, vraiment!- que tout va bien.
A l’hallali ! A l’Hadopi !
mars 10, 2009 on 9:37 | In Best of, C'est ça, Paris?, Economie, Elections présidentielles 2007, France, Insolite, International, Poil à gratter | Commentaires fermésJusMurmurandi a décidé une fois de plus de faire le poil à gratter et d’entrer dans le vif du sujet avec cette fois la loi « Hadopi » destinée à sanctionner les personnes qui utilisent leur connexion internet afin de télécharger du contenu sans en acquitter les droits.
Mais avant que de conclure par ces piques que nous chérissons, tentons avec modestie et sans polémiquer de présenter les faits tels que nous avons pu en disposer.
D’un côté on regarde le côté économique de la chose où l’on nous dit que les « producteurs » de contenu, maisons de disques, artistes, réalisateurs de cinéma et distributeurs respectifs voient leurs oeuvres acquises illégalement, et par conséquent subissent un appauvrissement directement mesurable (baisse des ventes de disques, de fréquentation au cinéma etc.)
D’un autre, on entend les internautes qui se plaignent à pleins poumons sur les sites de journaux, blogs etc. que l’offre ne correspond pas à la demande, que la loi est liberticide, que l’on s’achemine vers un contrôle absolu de l’internet, que cette loi est contre l’esprit du filet (« net ») etc. etc.
Quelques éléments de réflexion. D’une part, rappelons nous lorsque la bonne vieille cassette audio est née dans les années 60, vierge de tout contenu, personne n’a hurlé que l’on allait copier un disque 33 cm pour son copain sans acquitter les droits d’auteur. On parle d’une question d’échelle, mais le principe de base est le même.
Deuxièmement, soyons clair, les possibilités de détourner la loi sont multiples. Et en particulier, si la France est seule à mettre en place une loi de ce type, autant dire que ce sera une goutte d’eau dans un vase et que n’importe quel internaute un peu débrouillard pourra aller se connecter au travers d’une autre machine dans un pays où le téléchargement est libre sans subir les foudres albanelliennes.
Troisièmement, se pose la question de ceux qui bénéficient de l’offre triple (téléphone, internet télévision); techniquement la ségrégation des trois services visant à interrompre uniquement la connexion internet est, à notre connaissance, irréalisable. Couper l’internet, c’est une chose, interrompre la liaison téléphonique, on ne joue plus dans la même cour.
Citons enfin que l’un des principaux fournisseurs de contenu au monde est Apple au travers de son iTunes, dont les musiques etc. ne sont accessibles qu’en mode protégé et… payant.
On le voit donc, la situation est complexe et il ne serait à la fois pas tolérable de piller les œuvres des uns sans pour autant entrer dans la société policée que d’autres brandissent comme un épouvantail (en toute naïveté ou incompétence – ou les deux; pour s’en assurer, faites un petit passage sur le site de la Commission de l’informatique et des libertés, www.cnil.fr, et vous allez rapidement prendre peur, alors que la loi n’est qu’en discussion -on sait tout de vous lorsque vous vous « promenez » sur le filet).
Bref, sujet complexe où il n’y a pas de réponse évidente.
Si ce n’est qu’il fait l’unanimité au parti socialiste, une fois de plus vent debout devant un projet gouvernemental, comme d’habitude. Et rien à proposer, comme d’habitude. Il est d’ailleurs à noter que tout le monde sait que l’industrie de la musique est en train de mourir du piratage, et que le film suivra, mais que personne ne fait rien. Sauf Hadopi.
Là où c’est encore plus croustillant que précédemment, c’est qu’une large majorité d’artistes, musiciens, compositeurs, cinéastes, acteurs (sauf peut être Sophie Marceau…) que la loi souhaite protéger est (ou en tout cas se dit) de gauche…..
Le PS est-il en train de tourner le dos à sa frange caviar ? Ou craint-il qu’afficher ses affinités avec le show-biz paraisse excessivement…bling-bling?
Brèves
mars 7, 2009 on 7:28 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Elections présidentielles 2007, Europe, France, Incongruités, Insolite, Poil à gratter | 6 CommentsEmancipation de la femme.
Le Vatican par l’intermédiaire de sa feuille de chou, l’Osservatore Romano, fait l’éloge de la machine à laver le linge, qui a le plus contribué à contribuer à émanciper la femme, plus encore que la pilule ou l’avortement.
Et de conclure l’article en illustrant ce que ce bel ustensile ménager permet de faire » Mets la lessive, ferme le couvercle et détends toi. »
Est ce ce que le Vatican compte faire avec Monseigneur Williamson en attendant qu’il revienne sur ses propos négationnistes sur les chambres à gaz ??
Déficit du budget de l’Etat
La vente des objets de collection de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent a atteint des sommets, 373 millions d’Euro. C’est une bonne nouvelle pour l’Etat français. Car transformer des objets de collection en monnaie sonnante et trébuchante rend les sommes immédiatement redevables de l’impôt sur la fortune, plus connu sous son acronyme d’ISF.
A moins que Pierre Bergé ne s’expatrie fiscalement bien sûr….
Airbus A 380 chez Air France: rendez l’argent ?
Tout le monde se souvient des cris d’orfraie poussés par les compagnies clientes car le programme a pris du retard. De nombreuses d’entre elles ont demandé des indemnités de retard.
La conjoncture se retournant, certaines demandent maintenant des reports de livraison, comme Air France.
Airbus va t elle se faire rembourser ses indemnités de retard ? Avec les intérêts moratoires, comme cerise sur le gâteau ?
2012
Ségolène Royal, rejetée par le PS, prend les devants et déclare prendre ses distances par rapport au parti et préparer 2012.
Elle va donc recentrer son action sur sa région, le Poitou Charentes afin « d’expérimenter des solutions à portée nationale ».
Le Poitou Charentes, quelle belle région, voilà (enfin ?) un défi à sa hauteur.
« Seconde Chance »
TF1 a décidé de ne pas donner de…seconde chance à l’émission éponyme.
Qu’en sera t il à Radio France en ce qui concerne Stéphane Guillon après ses propos sur Dominique Strauss Kahn ?
Lassalle cochon – ne faites pas de grève de la faim…
mars 7, 2009 on 12:28 | In Best of, France, Incongruités | 5 Commentsça laisse des traces.
Jean Lassalle, le député MoDem qui s’est rendu célèbre pour avoir fait une grève de la faim pour tenter de maintenir une usine dans son département, s’est rendu à l’édition 2009 du salon de l’agriculture . Ecoutez l’interview qu’il a donnée, elle est…plus que cochonne.
JusMurmurandi ne voudra pas être à la place de son épouse la prochaine fois qu’elle va faire ses courses chez son boucher…
P.S. Quand on pense au petit nombre de députés MoDem (3) qui subsiste encore à l’Assemblée Nationale, si c’est ça le haut du panier…
Bombarder d’argent, Mandela et Mugabe
mars 6, 2009 on 7:12 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | 4 CommentsLes bombes pleuvent, tel est le cliché utilisé pour décrire un bombardement particulièrement intense. Il a plu des bombes sur l’Afghanistan, puis sur l’Irak, puis plus récemment sur Gaza. Ces bombes explosent dans le but principal de détruire des infrastructures, ce à quoi elles réussissent fort bien quand elles ne tombent pas sur des cibles autres que celles auxquelles elles étaient destinées.
Le résultat est que, si le décompte des morts d’une guerre « technologique » est beaucoup plus faible aujourd’hui qu’il y a un siècle, le champ de ruines qu’elle laisse est tel que toute vie décente est impossible. Plus d’eau potable, d’électricité, de transports. Pour rétablir un minimum de conditions de vie, il faut donc reconstruire.
Et c’est là qu’on assiste à une étrange démarche: on demande à « la communauté internationale » de payer la note, souvent pharaonique, de la reconstruction. Ainsi 4,5 milliards de dollars ont été promis pour la reconstruction de Gaza, alors même qu’il n’y a eu objectivement qu’une guerre de courte durée dans un tout petit territoire, et ce au milieu d’une crise économique gravissime qui met à mal la capacités financières de tous les États donateurs.
JusMurmurandi ne détestant pas de ressortir des souvenirs de son sac à malice, rappelle que c’est la France, perdante de la guerre de 1870, qui a du en payer les coûts, que c’est l’Allemagne, perdante de la première guerre mondiale qui a été condamnée à des « réparations », et que l’Union Soviétique s’est largement servie dans la partie orientale de l’Allemagne (encore!) après 1945.
On pourrait penser que ces exemples sont périmés, et que le lien entre l’Allemagne écrasée par le poids des exigences des vainqueurs de 1918 et l’Allemagne se donnant à Adolf Hitler qui promettait de la redresser fait que notre monde moderne ne se livre plus à de tels pillages. Erreur. C’est bel et bien l’Irak de Saddam Hussein qui a financé par ses exportations de pétrole le coût de la coalition de la première guerre du Golfe.
Alors au nom de quoi payer aujourd’hui pour Gaza, alors que chaque pays en pleine crise a tant d’autres priorités?
Sans doute au double nom d’une part de notre mauvaise conscience à voir les populations civiles souffrir d’une guerre qu’elles n’ont pas menée et conte laquelle elles ne peuvent rien. Une manière de tenir plus égaux les fléaux de la balance: soutien à Israël d’un côté, reconstruction de Gaza de l’autre. Et Israël ne saurait s’en plaindre, qui sait le prix qu’il y aurait à voir les gazaouis rejoindre en masse les rangs des suicidaires du Hamas. L’autre raison possible est la crainte de voir la guerre à Gaza se traduire par des violences sur le sol français. En attendant, le coût de la reconstruction est bel et bien pour des contribuables qui n’ont rien à voir avec le conflit.
La reconstruction s’impose aussi ailleurs, et plus près de chez nous, puisque c’est de la Guadeloupe qu’il s’agit. Les éructations de M. Domota qui donne aux chefs d’entreprise le choix entre appliquer un accord qu’ils n’ont pas signé et leurs organisations représentatives non plus, et quitter la Guadeloupe, -belle définition de la démocratie- ont sans nul doute causé des dégâts économiques importants. Qui peut aujourd’hui avoir envie de faire du tourisme en Guadeloupe, où les routes sont aussi bloquées que les relations sociales, et où le sentiment général est que la pression peut à tout moment causer une autre éruption?
Bref, là aussi, il va falloir reconstruire. Et là aussi, ce ne sont ni les uns ni les autres sur qui l’on peut payer, mais sur l’éternelle bonne volonté de ceux à qui l’on ne demande jamais leur avis, les contribuables.
Il ne faudrait pas oublier que c’est exactement cette situation, à savoir l’obligation de payer sans pouvoir donner son avis, qui a fait exploser les Révolutions américaine et française. Une majorité de Français sont aujourd’hui favorables à l’indépendance des DOM-TOM. M. Domota, que l’on dit lui aussi favorable à cette idée, ferait bien de mesurer ses paroles et de méditer le sort des colonies qui ont éjecté les Français. L’Algérie en particulier, autrement plus riche que la Guadeloupe grâce à son pétrole, est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, qui autrefois donnait aux Français de la métropole le choix entre la valise et le cercueil.
Un combat de libération et pour les droits de tous a donné au monde le prodigieux Nelson Mandela, dont on peut imaginer qu’il enfièvre l’imagination de M. Domota qui parle à tout moment du mot esclavage. Mais juste à côté, la même lutte a au contraire accouché du misérable Mugabe, qui, comme Domota, n’a que les mots de l’affrontement tandis que Mandela parlait de réconciliation, alors même qu’il sortait de décennies de bagne.
Ce n’est pas exactement la même chose.

Les Ignobles du jour
mars 5, 2009 on 7:57 | In Coup de gueule, Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésVous me direz, il y en a tellement, qu’on pourrait consacrer un blog rien qu’à ce sujet, tant il paraît sans fin et vous aurez raison…:-(
Robert Mugabe, le dictateur-tyran-bourreau du Zimbabwe, qui a réduit son pays à l’état de ruine, où un « salaire » de professeur ou de médecin ne suffit même pas à prendre l’autobus pour aller travailler (donc écoles et hôpitaux sont désertés), qui fait bâtonner et massacrer ses opposants, qui n’honore pas sa propre signature sur un accord de gouvernement avec ceux qui ont gagné les élections malgré les fraudes massives de son parti, le ZANU-PF, a trouvé le moyen de s’acheter un pied-à-terre de grand luxe pour cinq millions de dollars US dans un pays qui veut encore de lui ( il n’y en a plus beaucoup), en l’occurrence en Chine. A Hong-Kong pour être précis.
Sa fille y vit, qui tente de faire ses études supérieures en dépit des protestations des autres étudiants, et sa femme aussi. On ne sait pas encore si Mugabe a prévu de s’y retirer lui-même s’il venait un jour à quitter le pouvoir. En attendant, c’est un patrimoine scandaleux pour un dirigeant de pays si pauvre, et un « invité » qui montre que les Chinois ne sont pas regardants sur le choix de leurs hôtes.
Il serait bien temps d’inventer le crime contre l’humanité en temps de paix, et pas « seulement » en temps de guerre. Cela permettrait à un Tribunal Pénal International de poursuivre Mugabe comme il poursuit aujourd’hui le tyran du Soudan, Omar el-Béchir. Un première qui réjouit JusMurmurandi. A noter que la Chine, encore elle, s’oppose au mandat d’arrêt contre el-Béchir. Tiens donc…
Dans un autre registre, la Justice américaine convoque 7 dirigeants de Merril Lynch, hier plus grande société de courtage boursier au monde, aujourd’hui entreprise disgraciée par des pertes énormes, et rachetée avec l’aide du Trésor américian (et donc du contribuable) par Bank of America, que cette acquisition plombe à son tour.
Ces 7 dirigeants ont organisé la distribution de bonus au titre de l’année 2008, pourtant calamiteuse.
Ce qui rend la chose insupportable, c’est que ces bonus ont été distribués en décembre, nettement plus tôt que d’habitude, avant la révélation de pertes abyssales au titre du 4e trimestre, et avant que Bank of America ne prenne le contrôle de Merril Lynch.
La totalité des bonus distribués chez Merril Lynch et d’autres sur lesquelles enquête la Justice américaine s’élève à 3,6 milliards de dollars.
Un montant de l’ordre de celui de l’aide du FMI à tout un pays, distribué sous forme de bonus après une année de cauchemar. On frémit à la double pensée de ce qui eût été distribué si l’année avait été bonne, et de ce qu’il eût fallu pour que ces gens-là ne se distribuent rien.
Vous me direz, il n’y a aucun rapport entre ces deux montants, les bonus ignobles de Wall Street et une aide du FMI, et vous aurez raison. Et avec 3,6 milliards de dollars, on fait vivre le Zimbabwe et ses millions d’habitants pour combien de mois ou d’années?
Vous avez raison, cela n’a aucun rapport.
Euro-mystère, ou euro-misère?
mars 4, 2009 on 4:29 | In Economie, Europe, France, Incongruités, International | Commentaires fermésIl n’est pas toujours bon d’avoir de la mémoire, cela permet trop souvent de rappeler à d’aucuns, experts en particulier, des prédictions qui ne se sont pas réalisées.
JusMumurandi se souvient en particulier de tous les prédictions apocalyptiques qui ont accompagné la naissance de l’Euro. Une monnaie unique pour des pays ayant des politiques économiques divergentes ne saurait survivre, affirmaient toutes les sommités en matière économique.
Le fait est là, une tornade d’une ampleur sans précédent a balayé le système financier mondial, et l’euro est toujours là. Et il suffit de regarder le sort des monnaies restées « indépendantes » de l’euro pour voir la différence. Forint, zloty, couronne ont perdu de 15% à 30% de leur valeur face à l’euro depuis novembre, non pas dans une volonté affirmée de dévaluation compétitive, ou à cause d’une baisse des taux d’intérêts pour vigoureuse que chez nous pour mieux relancer la machine, mais à cause d’une fuite devant ces « petites » monnaies assises sur des économies nationales que la crise fragilise. Quant au rouble, il combine grande faiblesse et taux d’intérêts élevés, un couple véritablement infernal pour l’économie et la population russes
Et c’est à ce moment qu’on assiste à une double interrogation en apparence contradictoire: certains pays sont en difficulté avec leur appartenance à la zone euro, comme la Grèce, ou, à un moindre degré, l’Italie, et des articles de presse commencent à évoquer leur possible abandon de la monnaie unique pour revenir à une monnaie nationale. Et, dans le même temps, des pays d’Europe centrale, Pologne notamment, demandent une accélération du calendrier de leur adhésion à la même monnaie unique.
Quel est donc cet euro-mystère?
Tout simplement, les finances publiques grecques sont, avant même la forte dégradation qu’entraînera la crise, en état lamentable. Trop de déficits, trop de dette publique accumulée font que le remboursement de cette dette est aujourd’hui considéré comme incertain, et que la Grèce peut être tentée de se demander si ne pas la rembourser n’est pas une option attractive. Comme la Grèce avait déjà menti outrageusement sur la réalité de ses performances financières pour obtenir son accession à la zone euro, ce précédent de flibuste financière n’inspire pas particulièrement confiance aux investisseurs. D’où des difficultés pour la Grèce à trouver preneur pour ses émissions de dette souveraine, ce qui n’est évidemment pas bon pour l’euro, monnaie actuelle de la Grèce.
Quel avantage la Grèce pourrait-elle trouver à sortir de l’euro? Le « droit » de dévaluer sa monnaie, ce qui la rendrait plus compétitive à l’exportation. Les vacances en Grèce, par exemple, seraient plus compétitives que celles, aujourd’hui mois chères, en Croatie voisine. Et, évidemment, qui peut dire que la perspective de ne pas payer ses dettes ne présente pas d’attrait pour les mauvais sujets? Ceci dit, comme toujours, une telle dévaluation compétitive se paye par une inflation importée, et une augmentation immédiate du poids de la dette étrangère.
Tandis que l’adhésion de la Pologne, par exemple, à l’euro, se traduirait par la fin de la baisse de sa monnaie, et la capacité améliorée à lever de la dette, vu le plus grand appétit des investisseurs pour la dette en euros qu’en zlotys. Cela dit, les inconvénients subis par les Grecs seraient alors ressentis par les Polonais: dans un premier temps il faut assumer une devise forte, qui ne permet pas d’ajuster son cours à la baisse quand les voisins et concurrents le font. Ensuite, s’ils lèvent trop de dette, l’euro devient comme un corset qui ne leur laisse plus les libertés louches qu’on peut prendre avec sa propre devise.
Et, après avoir beaucoup emprunté, ils pourraient se retrouver à leur tour tentés d’en sortir pour retrouver leur liberté de manœuvre.
Cela veut-il dire que tous les pays de la zone euro seront attirés, à un moment ou à un autre, par l’idée de quitter la monnaie unique, source de leurs euro-misères?
Comme le dit l’adage: » quand je me regarde, je me désole (et comme c’est vrai en ce temps de crise), quand je me compare, je me console ». Force est de constater, si l’on mesure l’intensité de la crise à la « croissance » (vu qu’elle a été négative partout, j’ai du mal à employer ce mot, mais parler de « décroissance » ne serait pas encore clair pour vous tous, nos lecteurs) du 4e trimestre 2008, la comparaison de la zone euro avec la Grande Bretagne, le Japon, la Corée ou les Etats-Unis montre que cela va encore nettement plus mal chez les autres grandes économies occidentales que chez nous.
Mais enfin, un grand européen, Jules César, qui, lui, a réussi à inclure l’Angleterre dans l’Europe qu’il a construit, a dit qu’il préférait « être premier dans un petit village italien que deuxième à Rome ». Peut-être la Grèce préfère-t-elle être bannie par les marchés financiers et ligotée par les exigences du FMI, mais libre de sa monnaie que de participer à l’auberge espagnole de l’euro?
Cela montrerait que certaines choses sont sans prix. Surtout à un moment où la monétisation à outrance de notre mode de vie et de notre civilisation montre ses limites, le relais peut-il être pris par autre chose que par le retour de valeurs plus essentielles?
Le meilleur jeune économiste de France n’est pas le meilleur jeune amant de France : les tribulations de Thomas Piketty
mars 3, 2009 on 11:15 | In France | 4 Comments
Mardi 3 mars, Le Figaro révélait dans sa rubrique « Confidentiel » qu’Aurélie Filippetti, la jolie porte-flingue de Royal, titulaire d’une double agrégation de lettres classiques et d’antiracisme engagé, avait porté plainte contre son compagnon pour « violences entre conjoints », plainte dont l’intérêt paraîtrait somme toute fort limité si le compagnon auteur des coups n’était pas aussi célèbre : il s’agit en effet de Thomas Piketty, sacré en son temps « meilleur jeune économiste de France », ce qui en faisait à l’époque quelqu’un d’aussi considérable que Djibril Cissé, élu « meilleur espoir » du football par la FIFA la même année, et qui en fait aujourd’hui l’équivalent d’un Giscard, ancien plus jeune Président de la République française.
Mieux que cela, dans un roman se voulant inspiré de Zola et dont le style n’avait rien à envier à Marc Lévy, Aurélie Filippetti avait décrit le rôle des femmes dans les cités ouvrières, présentées comme le rouage essentiel de la pérennité du travail minier et de l’extraction de charbon. Loin d’une Nadine de Rothschild prônant la soumission et la discrétion de la femme, l’auteur-e exaltait le rôle central et structurant de la femme, aussi bien dans son cadre familial que professionnel, faisant de celle-ci le point nodal du monde social.

Dans ces conditions, voir cette pauvre Aurélie, symbole du refus des violences conjugales, se faire physiquement maltraiter par son compagnon, dont le passeport de gauche assurait pourtant la gentillesse, la bonté et la détestation de toute forme de misogynie, inspire un certain nombre de réflexions. Tout d’abord, JusMurmurandi sait gré à Mme Filippetti de pratiquer avec courage ce que les anthropologues aiment à appeler « l’observation participante », c’est-à-dire l’immersion en milieu hostile du chercheur, afin d’observer les peuplades en se mêlant à elles. Voir une combattante engagée pour le droit des femmes devenir la victime physique de son propre compagnon ne peut qu’inviter à admirer la qualité de la chercheuse qui n’hésite pas à payer de sa personne. En revanche, si JusMurmurandi ne tarit pas d’éloges sur le sérieux et l’engagement de Mme Filippetti, il demeure plus circonspect quant à l’acuité psychologique de l’ancien plus jeune meilleur économiste de France, figure médiatique du PS, ne trouvant rien de mieux à faire que de s’illustrer en usant de sa force par trop phallocratique sur une jeune et innocente figure phare du féminisme ; en matière de communication, peut mieux faire.

Epilogue. Que Piketty se rassure, dans son éditorial de Libération, il pourra stigmatiser la presse bourgeoise et réactionnaire se nourrissant de bruits de « caniveaux », et vomira cette dérive sensationnaliste de la presse sarkozyste. Il hurlera à la face du monde son respect des femmes, le prouvera en rappelant qu’il est de gauche, et trouvera le moyen d’évoquer Sarkozy comme dérivatif expiatoire de ses propres turpitudes. Quant à la petite Aurélie, elle recevra un coup de téléphone réconfortant de Ségolène, qui lui suggérera certainement d’envoyer anonymement les photos de ses ecchymoses à Paris-Match afin de devenir en Une le symbole des femmes battues, tout en attaquant Paris-Match pour atteinte au droit à l’image.
A vous Cognacq Jay, à vous les studios
mars 3, 2009 on 9:49 | In Coup de gueule, France, Incongruités | Commentaires fermésDécidément, l’opposition n’a pas de chance avec l’audio visuel et les modifications entreprises pas Nicolas Sarkozy.
Après un sondage dont nous avions donné les résultats indiquant qu’une grande majorité de Français étaient favorables à la suppression de la publicité (dans une premier temps après 20h30 totale d’ici 2011), c’est le Conseil Constitutionnel qui vient de donner une deuxième fessée à ceux qui l’avaient saisi pour tenter de prouver que cette nouvelle loi ne respecte pas la Constitution.
Un point qui chagrine beaucoup l’opposition est bien entendu que ce soit le Chef de l’Etat qui nomme le Président de France Télévision. Qu’il nomme le Président de la SNCF, par exemple, cela ne les gêne pas, même si au niveau juridique il s’agit de la même chose puisque c’est l’Etat qui détient la majorité des actions des deux entreprises citées.
On entend ainsi Mamère des Verts déclarer que le Conseil Constitutionnel venait de « légitimer la création en France d’une télévision d’Etat ». Ceci est tout aussi stupide que lorsqu’il prétend arriver en vélo devant les caméras de Canal Plus alors qu’il vient d’être filmé en train de descendre d’une voiture.
Car de télévision d’Etat il n’y a plus et depuis fort longtemps dès lors qu’il y a concurrence et en particulier avec l’arrivée de la TNT qui a ouvert la télévision à une concurrence sans précédent.
Bref, après tous les cris d’orfraie que nous avons entendus tout au long des débats, volontairement sabotés par l’opposition, voici qui va une fois de plus susciter la remise en cause du Conseil Constitutionnel par l’opposition, dès lors qu’il ne prend pas fait et cause en faveur de sa requête.
Lorsque les Français semblent une fois de plus très largement favorables à cette réforme, n’est il pas temps de citer Laurent Gerra dans son inoubliable sketch avec Léon Zitrone commentant les ébats amoureux de Charles et Camilla qu’il termine en disant « Je ne vous vois plus, je ne vous entends plus, à vous les studios, à vous Cognacq Jay » ??
Fin de liberté pour quelqu’un qui ne manque pas d’air ?
mars 2, 2009 on 8:28 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 3 CommentsNous vous avions promis de vous tenir informés des démêlés de M. Corbet, éphémère chef de la compagnie aérienne Air Lib’. Chose promise, chose due. (voir notre précédent article http://www.jusmurmurandi.com/?p=591 )
Le jugement de la cour d’appel est tombé. Et plutôt bien en ce qui nous concerne, car il confirme en tout point le jugement de première instance.
A savoir que la gestion de Corbet qui n’a duré que 18 mois, jugée par le procureur de la République comme étant un « pillage méthodiquement organisé » de la compagnie, et qui entraina la perte d’emplois à des milliers de personnes, est aujourd’hui aussi durement sanctionnée que la première fois.
Quatre ans de prison dont 18 mois ferme plus près de 4 millions d’Euro de punition financière.
Il y a juste un point qui fait grincer JusMurmurandi.
Où est donc Jean-Claude Gayssot qui avait mis à sa disposition 30 millions d’Euro de fonds publics (vos impôts et les nôtres) pour aboutir à cette débâcle financière??