Le capitalisme a-t-il manqué de solidarité?
mars 27, 2009 on 8:02 | In Economie, France, International | Commentaires fermésPrenons un mot au hasard, par exemple « solidaire ». Un joli mot, très à la mode, surtout quand il concerne les autres. Changeons une de ses lettres, une seule. Le « d », par exemple, et remplaçons le par un « t ». Et hop, cela donne « solitaire », ce qui n’est pas tout à fait pareil.
A quoi rime cet exercice? A voir ce qui se passe dans le monde de la finance. Deux cadres supérieurs d’AIG France viennent de démissionner, et un aux Etats-Unis, au motif que la distribution de leurs bonus pour l’année 2008, maintes fois promise, confirmée en pleine tempête financière mondiale, est maintenant prise dans une tourmente éthico-démagogico-politique. Et que, pour eux, ne pas recevoir de bonus, et être traités de rapaces immoraux pour avoir prétendu en recevoir est insupportable. Moyennant quoi, ils ne le supportent pas, et s’en vont.
Au cœur de leur argumentation, le fait que l’unité pour laquelle ils travaillaient n’avait rien à voir avec celle qui a valu sa triste déconfiture au géant de l’assurance américaine. Et que donc, ils se sentaient tout à fait étrangers aux troubles d’AIG, et avaient le sentiment du devoir accompli avec compétence et diligence. Deux mots qui, à leurs yeux, riment avec récompense. Une rime, qui, cela va de soi, est « riche ».
Voici donc nos cadres d’AIG qui réfutent toute solidarité avec le reste de l’entreprise. Ne se sentant pas solidaires de ses turpitudes, il ne se sentent pas plus solidaires du remède de cheval qui lui est administré. Ils regardent le travail qu’ils ont accompli isolément du reste de l’entreprise. Comme des solitaires, et non comme des solidaires.
Une lettre change, et tout est changé.
Ce qui pourrait n’être qu’un avatar banal dans le cours de la crise qui secoue notre monde est au contraire éclairant. Car ce spasme est né de ce que chaque acteur économique n’a pensé qu’à son bien-être solitaire, sans se soucier des risques collectifs que cela faisait prendre à tous. Alors que c’est bel et bien la solidarité collective qui est venu au secours des naufragés (sauf Lehman) des aventures solitaires.
Et aujourd’hui, nul ne se sent solidaire des banques ruinées, bien au contraire, alors même que nous avons tous bénéficié de la prospérité induite par leur orgie de crédit. Et aucun banquier n’a démissionné après avoir présenté ses excuses, plein de honte pour ce qui s’est passé, alors même qu’il en aurait reçu des rémunérations pharaoniques.
Au contraire, chacun veut profiter à fond des fonds (!) que l’urgence a fait trouver aux gouvernements pour s’en approprier une part, et les grands cadres financiers se désolidarisent de leur établissement infirme.
Le G20 se réunit pour trouver de nouvelles « règles du jeu », et il est déjà clair qu’elles consisteront en de nouvelles et restrictives mesures de contrôle, notamment pour les hedge funds. Quoiqu’on puisse aussi écrire, en ces temps solitaires, « contre » les hedge funds, pour les désigner comme coupables ce qui absout les autres au passage.
Le décret que va prendre le Gouvernement français la semaine prochaine est d’une toute autre nature. Il dit « pas de rémunération complémentaire dès lors qu’il y a aide de l’Etat ». Là où ceci intéresse JusMurmurandi, c’est la différence avec ce qu’ont fait les Américains, qui ont voté une taxation à 90% de ces rémunérations. Le principe américain taxe et punit, et, bien évidemment, va pousser les « victimes » à chercher le moyen de contourner cette quasi-confiscation. Le principe français créé ou recréé une solidarité imposée entre la performance d’une entreprise et la rémunération de ses dirigeants.
Il est trop tôt pour savoir comment va se faire la sortie de crise, qui finira bien par arriver un jour ou l’autre. Mais ce qui est sûr, c’est que, tant que le système permettra à chacun de s’isoler solitairement des conséquences collectives, d’autres crises identiques sont inévitables. Inversement, recréer une solidarité systémique oblige les énergies à travailler dans le même sens. Et cela n’a rien à voir avec un quelconque socialo-communisme.
Ce dernier système impose l’Etat comme acteur économique central, censé être impartial et attaché au bien-être commun. On sait à quel point cette représentation est idéalisée, et loin des pachydermes bureaucratiques qu’on observe dans la réalité. La solidarité dont parle JusMurmurandi se fait au niveau individuel, donc capitaliste, par des « règles du jeu » simples: pas d’îlots de prospérité s’il y a océan de pauvreté. Pas de bonus quand il y a des pertes. Pas de parachutes dorés quand l’avion s’écrase. Et ainsi de suite.
Non seulement ce n’est pas du socialisme, mais ce principe oblige les acteurs économiques à effectivement bénéficier ou pâtir de la prospérité de leur entreprise. Quoi de plus capitaliste que cela? Alors que le système solitaire permet de s’abstraire des conséquences de ses errements, tels des apparatchiks de l’époque soviétique.
JusMurmurandi serait-il devenu utopiste?
Brèves histoires indécentes (II)
mars 25, 2009 on 6:38 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés4 gérants de hedge funds (fonds spéculatifs) ont été payés plus d’un milliard de dollars en 2008. Parmi eux, le deuxième, John Paulson, est déjà connu des lecteurs de JusMurmurandi, qui avait relevé les 3 milliards qu’il avait touché en 2007 en pariant massivement sur l’effondrement des crédits immobiliers américains « subprime ». En 2008, Paulson arrive 2e, avec 2 milliards de revenus personnels, ce qui implique que le fonds éponyme qu’il gère a gagné 8 milliards.
Ordinairement, JusMurmurandi n’est pas bégueule avec le profit et les riches. Mais là, il semble quand même qu’il y ait un problème. Ces gens-là ont gagné à titre personnel plus que le PIB de certains pays. Penser que le premier d’entre eux a gagné 1000 fois plus que le montant attribué à Thierry Morin (voir l’article suivant), et qui fait scandale.
Ne serait-il pas temps que l’administration Obama remonte le taux d’imposition sur les ultra-super riches, au contraire de ce qu’avait fait George W. Bush? Le moins qu’on puisse dire est que le budget américain pourrait trouver à utiliser ces ressources supplémentaires.
Ségolène Royal a déclaré que les problèmes d’Heuliez, entreprise qui est le plus gros employeur des Deux-Sèvres, département qui se situe dans la région qu’elle préside, sont dus au fait que cette société, si elle survivait à ses difficultés, produirait des voitures électriques concurrents de celle que va lancer Vincent Bolloré, un ami du Président Sarkozy. Et que, donc, cette amitié a empêché de salvatrices interventions au secours d’Heuliez. Qu’un politicien ait besoin de se montrer devant les caméras, soit. Qu’il ou elle ait besoin d’attribuer à ses adversaires tout ce qui arrive de négatif, soit encore. Mais en arriver là, c’est vraiment le degré zéro de la politique. Visiblement, le fait qu’aucune production de voitures électriques n’ait été un succès, hormis celle des karts de golf, est un détail dont ne s’embarrasse pas Mme Royal. Pas plus que le fait que les projets actuels de voitures électriques remontent à l’époque du pétrole cher, et que l’effondrement de son prix entraîne des difficultés de compétitivité supplémentaires pour les véhicules électriques. Bientôt elle dira aussi que, si une entreprise textile a des difficultés, c’est parce qu’elle fait concurrence à des amis de Carla Bruni. Le degré zéro, je vous dis.
Le Pen récidive, et c’est une bonne nouvelle pour les Français. D’abord parce que le vieux pachyderme se montre sous ses vraies couleurs, celles d’un bateleur prêt à faire et dire n’importe quoi pour retrouver les feux de la rampe. Et comme son idéologie politique n’intéresse plus les media, conscients de sa baisse électorale, il recourt aux vieilles recettes pour attirer l’attention, et redit que l’Holocauste est un « détail » de l’Histoire. Le résultat est garanti, de même que la visibilité politique qu’il en tirera très brièvement. L’autre raison pour laquelle c’est une bonne nouvelle est que, la dernière fois qu’il a fait cette déclaration, il a été condamné à 200.000 euros d’amende. Des finances publiques exsangues et les Français lui sont reconnaissants de se mettre ainsi en situation d’une nouvelle et importante contribution par voie d’amende.
Mme Aubry regrette le Président Chirac, qui, lui au moins, connaissait la France, et avec qui, finalement, elle a eu de bons moments entre 1997 et 2002. Elle oublie de dire qu’elle et ses amis socialistes ont été portés au pouvoir par une dissolution suicidaire de Chirac conseillée par Villepin et exécutée par Juppé. C’est quand même mieux que d’être dans l’opposition face à un Président actif et créatif, et à la tête d’un PS aussi suicidaire que la dissolution de Chirac. On peut penser que Balladur préférait aussi être Premier Ministre de Mitterrand de 1993 à 1995 que ce qu’il est aujourd’hui. Car Mitterrand aussi connaissait la France, et, avec lui, il y a sûrement eu aussi de bons moments.
L’Afrique du Sud de Nelson Mandela a refusé un visa au Dalaï Lama, nécessaire pour participer à une conférence des Prix Nobel, en préalable à la Coupe du Monde de football de 2010. Ce refus est à relier à l’influence de la Chine, partenaire commercial important de l’Afrique du Sud. Et au traitement qu’elle inflige à la France, accusée d’avoir prêté une oreille trop compatissante aux plaintes tibétaines. Résultat: tant de Prix Nobel se sont désistés de cette conférence sous influence qu’elle a été purement et simplement annulée. Voilà qui augure on ne peut mieux de la Coupe du Monde dans ce pays qui détient déjà le record du monde des taux de meurtres et de viols, qui a un taux phénoménal de SIDA, dû entre autres au fait que l’ancien Président M’Beki préconisait un traitement ancestral à base de plantes plutôt que les préservatifs, et dont le programme de construction de stades est très en retard. Visiblement, cette Afrique du Sud n’est plus blanche, et c’est très bien. Mais elle n’est plus non plus celle de Nelon Mandela, et c’est très regrettable. Espérons qu’elle ne devienne pas un nouveau Zimbabwe….
Boucs émissaires: le temps des charognards et du populisme
mars 25, 2009 on 6:56 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités | 2 CommentsThierry Morin n’a pas de chance: un désaccord stratégique avec ses actionnaires le force à quitter le poste de PDG de Valeo. Compte tenu qu’il y a passé 20 ans, ce n’est pas le renvoi d’un simple mercenaire qui saute de poste en poste, mais l’éjection d’un grognard de l’époque légendaire de Noël Goutard, qui fit de Valéo ce qu’il est aujourd’hui.
Lequel Thierry Morin s’en va, et, comme son contrat le stipule, part avec deux ans de salaire, soit quelques 3 millions d’euros. Soit dit en passant, 1,5 millions d’euros par an, d’ailleurs ramenés récemment à 1,1 millions ce n’est pas le record du CAC 40, loin s’en faut.
Oui, mais maintenant, c’est la crise, et ce qui n’aurait pas valu plus de deux lignes de feuilles de chou pour obsédés de la finance fait aujourd’hui les gros titres de la presse nationale. Car Valeo est un équipementier automobile, et, à ce titre, en difficulté. 5000 suppressions de postes sont programmées, et le contraste avec les millions de Valeo fait désordre.
A partir de là, c’est la curée contre Morin. Nicolas Sarkozy, Laurence Parisot, Luc Chatel, les syndicats, la gauche, tous s’y mettent. Et, en passant, mélangent gaiement bonus et parachutes dorés, Bilger, l’ex-patron d’Alstom, Morin et les dirigeants de la Société Générale.
JusMurmurandi, une fois de plus écoeuré par la lâcheté et la veulerie de ces donneurs de leçons de morale qui ne sont que des leçons de démagogie, voudrait rappeler quelques faits.
- Thierry Morin ne touchera qu’une petite fraction des quelques dizaines de millions d’euros avec lesquels Daniel Bernard a quitté Carrefour, ou des stock options de Jaffré chez Elf. Pourtant il a fait toute sa carrière chez Valeo, alors qu’eux étaient des mercenaires de passage pour quelques années.
- Autant Pierre Bilger peut être tenu pour responsable des difficultés gravissimes d’Alstom, ce n’est pas Thierry Morin qui a inventé la crise automobile
- alors que le plan de stock-options de la Générale a été concocté en pleine tourmente, et donc en connaissance de cause, et que de multiples parachutés dorés sont négociés en dernière minute, Morin demande simplement l’application d’un contrat qui a été rédigé il y a des années
Ceci ne veut pas dire que JusMurmurandi soit insensible à la dissonance entre millions et suppressions de poste. Mais il faut raison garder.
Savez-vous combien touchera un salarié de Valeo licencié économique après 20 ans de maison? Si on tient compte de son préavis, de ses indemnités et de son chômage, auquel Morin n’a pas droit? Plus que Morin, si l’on mesure en années de salaire
Imaginez-vous ce que l’inspection du travail fait à une entreprise qui, au moment d’un licenciement, ne veut pas appliquer une clause de contrat de travail favorable à un employé? Elle la crucifie (le mot n’est pas trop fort). Sans compter le traitement médiatique réservé à l’entreprise par les syndicats devant les micros et caméras complaisantes. C’est pourtant ce qu’on demande à Valeo de faire dans le cas de Morin
JusMurmurandi est effaré de voir à quel vitesse le sentiment anti-patron et anti-riches progresse en France depuis l’arrivée de cette crise. Il est d’ailleurs stupéfiant de voir que la droite s’y adonne avec les mêmes délices que la gauche alors même que c’est contraire à son programme. Le pouvoir met donc en place un bouclier fiscal à 50% et courtise les riches pour qu’ils ne partent pas de France ou y reviennent, non sans succès d’ailleurs. Et, en même temps, ils les laissent se faire dévorer par la vindicte populaire dès qu’ils touchent de l’argent, même prévu à un contrat, même quand ils n’ont pas failli, même quand c’est le salaire d’une vie.
Nous avons souvent critiqué dans les termes les plus nets l’indécence qu’il y a à se servir une forte rémunération en cas d’échec. Mais une politique dominée par un ressentiment populaire attisé par la peur de la crise, lequel balaye le droit, l’équité, la morale et la raison, une telle politique à un nom: c’est le populisme. il y en a des exemples historiques, tel Peron en Argentine, ou contemporains, tel Chavez au Venezuela.
Sur le fond, JusMurmurandi ne dit pas que le populisme soit une voie interdite. Simplement qu’elle n’a jamais réussi, ce qui devrait nous rendre prudents avant d’emprunter ce chemin si tentant par la facilité qu’il offre. Et, accessoirement, qu’il n’y aura jamais de France riche sans Français riches.
PS: ceci n’est pas un plaidoyer pour Thierry Morin individuellement. Un dirigeant est un mandataire social qui connaît les conditions d’exercice de sa fonction, et les risques qu’il y a à mécontenter ses actionnaires.
Accessoirement, il est ironique de voir Morin vilipendé par toute la gauche alors qu’il est un homme d’entreprise, et que l’actionnaire qui a mené la rébellion contre lui est un fonds d’investissement américain focalisé uniquement sur le cours de l’action. Il est évident que son successeur sera recruté pour donner satisfaction à ses actionnaires. JusMurmurandi n’est pas sûr que le coût pour l’entreprise et ses collaborateurs ne fasse pas bientôt regretter Morin par ceux-là mêmes qui aujourd’hui font la une à bon compte en le dévorant à belles dents.

Ce serait presque drôle…
mars 24, 2009 on 11:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésEnfin, Timothy Geithner, tout récent Secrétaire américain au Trésor, a fait connaître les grandes lignes de son plan pour dégager les banques de son pays de leurs actifs pourris, essentiellement immobiliers.
C’est un peu compliqué, mais vaut le coup de s’y intéresser, compte tenu des enjeux. On parle de 500 à 1000 milliards de dollars, ce qui n’est pas rien. Une approximation de 500 milliards, ce n’est pas rien non plus.
Soit, donc, un actif bancaire de 100$, par exemple, au hasard, un crédit immobilier « subprime ». Il s’agit de le vendre, car il est « douteux ». D’abord il faut le faire évaluer, ce qui sera confié, et c’est une nouveauté, au secteur privé, et mettons qu’il ne vaille « que » 84$. L’idée de Tim Geithner est de trouver des investisseurs privés pour l’acheter, de part à deux avec l’Etat américain, pour mettons, 12$ de cash (6 chacun) et 72$ d’emprunts accordés par l’Oncle Sam.
Donc la banque touche 84 dollars de cash. Comme il est à espérer qu’elle a déjà déprécié cet actif par rapport à ses 100$ initiaux, cela devrait se faire sans perte pour elle. Au contraire, elle va avoir 84$ de cash « libres » qu’elle pourra de nouveau prêter, ce qui contribuera à ranimer l’économie américaine qui a ses vapeurs. Les deux investisseurs vont maintenant espérer que leurs 84$ d’actifs vont repartir à la hausse, portés par la revitalisation de l’économie, ce qui générerait un profit consiérable par rapport à une mise de seulement 12$. Ainsi, si l’immobilier « pourri » remonte de 10%, cela fera 8,4$de plus-value, soit un gain de plus de 60% pour chacun des investisseurs. Si, en revanche, le marché baisse (ou, plus exactement, continue de baisser), ils peuvent rapidement perdre tout l’argent investi.
Cette approche a pour avantage majeur de ne pas laisser les banques américaines enchaînées au boulet de leurs crédits pourris comme l’ont été les banques japonaises des années 80-90, ce qui a contribué de manière déterminanate à 20 ans de stagnation économique.
Et hop! comme eût dit Achille Talon. C’est réglé!
Un petit détail frappe JusMurmurandi. Qui seront les investisseurs privés qui vont ainsi décharger les banques en prenant un fort risque, de gains comme de perte? Probablement des hedge funds, qui sont créés très exactement pour ce genre de situations. Comment? Des hedge funds jouant à fond l’effet de levier? Mais n’est-ce pas l’une des causes principales de la crise actuelle?
Non, l’une des causes principales de la crise actuelle, c’est l’endettement excessif des acteurs économiques, avec trop peu de ressources (pour les particuliers) et de fonds propres (pour les banques) pour faire face à un ralentissement qui fait partie de tous les cycles économiques. Mais, pour financer ce plan de « nettoyage » des bilans bancaires, l’État américain ne s’endettera-t-il pas trop par rapport à ses ressources? Avec un déficit fédéral prévu à 1800 milliards, c’est-à-dire 13% du PIB, excessif n’a tout simplement plus de sens. Surtout quand on en est à 500 milliards de plus ou de moins, comme aujourd’hui avec le plan Geithner.
Accessoirement, il est amusant de voir Martine Aubry, Benoît Hamon et compagnie prendre argument des sommes gigantesques dépensées par l’équipe Obama (en paroles tout au moins jusqu’ici) pour montrer que Sarkozy ne fait rien contre la crise. Ce sont les mêmes qui ont vilipendé pendant toute leur vie le modèle américain, et qui subitement, le prennent en exemple, alors même que la situation des deux pays n’est pas comparable.
En attendant, il est consternant de voir les pouvoirs publics de tous bords faire exactement ce qu’ils reprochent aux banques et aux particuliers d’avoir fait, puis encourager les hedge funds de prendre de fortes positions avec fort risque, tandis que les Banques Centrales créent force liquidité. (fForce liquidité, vu les montants en cause, le mot est faible…). bref, pour sortir de l’éclatement d’une bulle, on créé les conditions d’une nouvelle bulle, encore plus grosse. Exactement ce qu’on reproche aujourd’hui à Alan Greenspan, autrefois adulé comme Chairman de la Réserve Fédérale américaine, d’avoir fait.
Ce serait presque drôle, si ce n’était aussi terrifiant…
Minc et les patrons
mars 23, 2009 on 4:20 | In Economie, Europe, France, Incongruités, Insolite | 1 CommentCe matin, dans le Figaro, un texte pour le moins curieux. Alain Minc, fleuron de l’intelligentsia parisienne, conseiller de tous les puissants, écrit à « ses amis » les patrons. En substance il leur dit que leur conduite, dans la circonstance actuelle, est de l’inconduite. Et il leur fait, avec force exemples d’excessive rapacité en France et, a contrario, de discrétion et de modération à l’étranger, un brin de conduite.
Il leur rappelle dans les termes les plus nets les errements de 1788, aussi bien que les dégâts qu’entrainerait une législation rigide et restrictive sur le sujet de leurs rémunérations.
Que cherche Alain Minc? Quand on connaît la complexité du personnage, on peut se poser la question. Imagine-t-il obtenir plus de résultats dans une lettre ouverte que par de nombreux entretiens avec tous ceux dont la porte lui, de toute façon, ouverte?
Ne voit-il pas que cette lettre, émanant d’un concentré de haute priviliégiature énarcho-parienne est un argument direct dans les mains de la gauche, Besancenot et Hamon en tête, qui soufflent sans vergogne sur les braises de la lutte des classes la plus dure en faisant semblant d’ignorer que Marx est bel et bien mort et enterré?
Veut-il dissocier son sort personnel de celui d’une caste qu’il juge d’ores et déjà perdue pour l’Histoire? Il en est beaucoup trop fin connaisseur pour ignorer que le duc d’Orléans, rebaptisé Philippe-Egalité, qui vota la mort sans appel du roi son cousin, fut lui-même guillotiné peu après.
Il ne faudrait pas oublier que Minc, même s’il a des revenus de ses nombreux livres, est avant tout un conseiller grassement payé par le haut patronat. Et que donc, déplaire est, dans cette fonction, pire qu’une faute professionnelle, une faute de goût. Laquelle peut fermer à tout un chacun -même à lui, Minc, petit Prince du Conseil, et, par ailleurs aussi Conseil du Prince puisque proche de Sarkozy- les chéquiers qui le nourrissent.
Mais Minc est plus subtil que toutes ces interprétations simples, et trop conscient de son intérêt pour se torpiller dans le but de briller, l’espace d’un instant, de cette nouvelle preuve de son ouverture aux Lumières de notre temps.
Alors JusMurmurandi propose quatre réponses à sa propre question.
La lettre ouverte de Minc serait en fait le message de patrons « raisonnables » effarés des excès de leurs collègues, excès pour lesquelles ils craignent d’être tous damnés, voire carrément condamnés. Et Minc serait le héraut de ces éclairés d’un nouveau genre, qui ne savent visiblement pas se faire entendre du MEDEF, dont la présidente est le seule personne citée explicitement de toute la lettre.
Deuxième possibilité, Minc vise en fait à ringardiser et déstabiliser Laurence Parisot pour mieux la remplacer. En montrant aux patrons le risque qu’il y a à la suivre, et que lui-même ferait autrement mieux dans ces temps si difficiles pour tous. Il éteindrait l’incendie après avoir avoir contribué à en aviver la flamme, et à diriger Laurence Parisot vers la place du Marché de Rouen.
Troisième possibilité: Minc serait en fait le porte-voix à peine déguisé de son ami Nicolas, lequel n’a certes pas besoin en ce moment de devoir ni défendre ni légiférer contre le patronat, ce à quoi le contraindraient d’autres affaires comme celle des stock-options -aujourd’hui annulées, mais le mal est fait- de la Société Générale. Et outre le fait de rendre service au Président, Minc montre à quel point il maîtrise la communication publique qu’il sait ciseler à merveille. Le contraste avec une certaine ministre des Finances pourrait donner des idées pour un poste qui commence par les mêmes trois premières lettres que le nom de Minc.
Enfin, on étalant sa « modernité », Minc peut susciter des affaires. Des patrons sensibles à sa « branchitude » peuvent vouloir bénéficier de ses conseils, tarifés au prix fort, bien entendu. Du marketing bien fait, en quelque sorte.
Connaissant l’habileté manœuvrière et la créativité d’Alain Minc, il paraît évident qu’il joue à ce billard à 4 bandes, quand les plus habiles du commun des mortels doivent se contenter de 3. Chapeau, l’artiste!

Le marteau et l’enclume, ou le marteau est la faucille ?
mars 22, 2009 on 6:32 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Poil à gratter | Commentaires fermésAlors que le PS est à son Nadir, il se réunit pour la deuxième fois pour une grand messe au Zénith parisien cette année.
Écouter Martine Aubry est toujours un moment intéressant tant l’exercice est difficile.
Il s’agissait de décider de puis de communiquer la liste des candidats socialistes aux élections européennes.
Elle a, pour commencer, reconnu qu’une fois de plus le PS avait connu des « psychodrames » pour effectuer le choix de qui va où.
Et ceci devant un auditoire plus restreint car il n’y avait 2.500 personnes hier contre 4.000 lors de la manifestation de Ségolène Royal il y a quelques mois.
L’unité ne serait donc pas au rendez vous ?…
Puis, tout en rappelant que le Parti Socialiste « n’avait pas peur de proposer », elle a longuement critiqué Nicolas Sarkozy, l’accusant, entre autre, de « ne rien faire face à la crise ».
Il est vrai que la marge de manœuvre du gouvernement est étroite étant donné l’endettement national; il est facile de fustiger aujourd’hui une intervention publique trop faible, pour demain s’enflammer contre les dettes que devront acquitter les générations futures…
On a donc entendu le couplet habituel sur la loi TEPA, tandis que les mesures annoncées au cours des dernières semaines (annulations du solde d’impôt sur le revenu, prime exceptionnelle pour les ménages modestes, meilleure couverture du chômage partiel, augmentation du minimum vieillesse, baisse du prix du gaz etc.) sont passées à la trappe d’une opposition aussi frontale que dogmatique.
Manuel Valls a même parlé d’ »anti sarkozisme » obsessionnel » au PS. Sic !
Et, comme d’habitude, on a attendu les propositions en vain.
En fait, JusMurmurandi pense si le gouvernement se sent pris entre le marteau et l’enclume, entre la nécessité de soutenir l’économie ainsi que les plus faibles et le manque de ressources disponibles avec un déficit prévu déjà supérieur à 100 milliards d’Euro pour 2009, Martine Aubry, elle, tente désespérément de donner un positionnement crédible au PS.
Centre et Centre gauche sont occupés, merci Bayrou, ouverture and co. et l’extrême gauche est revendiquée haut et fort par Besancenot.
Alors que reste-t-il comme clientèle disponible pour le PS ? Celle de la voie bien à gauche, comprenant en particulier les restes d’un Parti communiste laminé à 2% des voix, et dont le symbole inoubliable est celui du marteau et de la faucille…
La France malade de Louis XIV
mars 22, 2009 on 4:37 | In Best of, Coup de gueule, France, La Cour des Mécomptes | 2 CommentsLouis XIV est sans doute le Français à qui l’enseignement de l’Histoire de France accorde le plus de place. D’abord, sans doute, parce que la longueur de son règle lui a donné une vie bien remplie. Ensuite par la splendeur de sa face lumineuse, un rayonnement mondial, Versailles, une génération sans égale de génies artistiques. Et aussi la face sombre, les guerres, la révocation de l’Edit de Nantes.
Mais si Louis XIV est connu, c’est aussi pour avoir prononcé une phrase lapidaire: « l’Etat, c’est moi! ». Vous direz, quel rapport avec la crise qui frappe aujourd’hui?
JusMurmurandi s’interroge sur la fait que, dans cette conjoncture qui frappe grosso modo tous les pays développés de manière semblable, même s’il y a des différences d’intensité, la France est le seul d’entre eux où la crise ait déclenché des revendications sociales massives. Le plus étonnant est que, alors même que beaucoup de Français ne souffrent pas concrètement, tous demandent, protestent, exigent. Et sans nul doute se convainquent qu’ils sont des victimes.
Une cause saute aux yeux, à savoir que l’État, présumé jusque là impécunieux terminal, a trouvé des sommes considérables pour permettre aux banques françaises de ne pas sombrer, ce qui eût entraîné tout le pays avec elles. Dès lors le « mythe » de la « misère » de l’État a volé en éclats, et tous de se précipiter vers la mangeoire qui avait révélé un compartiment secret plein de nourriture en criant « et moi! et moi! et moi! ». Vous noterez au passage, que ce n’est même pas « et moi? et moi? et moi? » formulé comme une demande, mais avec un point d’exclamation qui indique l’exigence et l’ordre de faire.
Pourquoi n’en est-il pas de même dans les autres pays? La Grande-Bretagne, pourtant plus touchée que la France, a baissé sa T.V.A., mais pas à la suite de revendications, mais dans un désir gouvernemental de relancer au plus vite une machine économique en panne. Aux États-unis, les propriétaires menacés d’expulsion demandent bien à l’Etat de les dégager de leurs dettes inremboursables, mais de demande sociale générale, point. En Allemagne ou au Japon, rien.
En France même, on voit bien, que ce soit dans les propositions du PS ou dans les revendications des DOM TOM qu’il n’y a aucun rapport entre souffrir et exiger. Les fonctionnaires, qui sont statutairement totalement à l’abri de toute conséquence de la crise, ont encore une fois fourni les gros bataillons des grévistes de cette semaine. Le « coup de fouet » de Martine Aubry, c’est 500€ pour tous tout de suite, comme la hausse de 200€ des bas salaires dans les Antilles. On en est même à ce stade grotesque et choquant qu’un néo-chômeur, vraie victime de la crise, ne toucherait pas la prime Aubry, contrairement à un ouvrier ou employé qui ne serait pas touché.
Alors pourquoi?
Il semble que ce soit un héritage de la phrase de Louis XIV. En disant « L’État, c’est moi! », le roi-soleil signifiait clairement que l’État, c’était lui et lui seul, et donc personne d’autre. Ce que confirmait la pratique royale de lever des impôts dont les seuls partisans étaient ceux qui ne les payaient pas, l’aristocratie et le clergé, et ce contre l’immense majorité qui payaient ces impôts dont ils ne voulaient pas. Donc tous les Français peuvent avoir le sentiment que l’État, ce n’est pas eux. Donc qu’obtenir de l’argent de l’État, c’est tout bénéfice, puisque ce n’est pas eux qui paieront. Il y aurait donc une entité « État » indépendante des Français, puisque chacun est persuadé que c’est les autres. Ce qui pourrait se voir confirmé par le sentiment général que frauder le fisc, la Sécu ou les Assedic, ce n’est pas vraiment frauder, puisque ce « n’est que » l’argent de l’État. État d’esprit qui, soit dit en passant, est aussi celui des pirates de l’Internet, qui téléchargent sans payer de droits. Ils ne se conçoivent pas comme des voleurs, mais simplement comme des astucieux qui ne voient pas pourquoi payer quand on peut ne pas le faire « et que tout le monde le fait.
Il est d’ailleurs symptomatique -et quelque peu effrayant- de se dire que cette déconnexion entre les Français et l’État rappelle le sentiment des Français, à mesure que la dynastie des Louis avançait vers le fatal chiffre XVI, que le Roi, c’était de moins en moins « eux ». Louis XV jeune était le « bien-aimé ». Louis XV vieux n’était que l’amant de la vulgaire roturière rebaptisée Mme du Barry. Et Louis XVI eût été heureux avec une vie d’horloger. Les Français sont arrivés à la conclusion que payer pour cette caste-là n’était plus de mise.
C’est pourquoi JusMurmurandi a une interprétation complètement différente de celle qu’on lit couramment dans la presse de l’état d’esprit de la population. Fabius annonce avec des prudences de chattemite que les Français sont au bord de l’insurrection. Mais ce ne serait pas plus une insurrection de gauche que la Révolution n’a été de gauche. Ceux qui ont eu le pouvoir à la fin du cycle révolutionnaire, c’était la bourgeoisie, qui, jusque là n’avait pas eu son mot à dire quand bien même elle payait pour tout le pays. La situation n’est pas très différente aujourd’hui, où la classe moyenne paye pour tout. Pour les classes moins moyennes, qui ne payent pas d’impôt sur le revenu (50% de ménages ne le payent pas!), vivent dans des HLM largement subventionnés (pourquoi?) et touchent toutes sortes d’allocations et aides. Pour les classes supérieures qui soit ont un moyen de ne pas payer trop d’impôts grâce à d’innombrables niches fiscales, soit s’en vont purement et simplement (ici, l’émigration, c’est avant la Révolution, pas après comme en 1789).
Pour éviter cette nouvelle explosion d’une classe moyenne conservatrice,mieux vaudrait peut-être, après avoir enterré Marx et la révolution prolétarienne, commener par enterrer Louis XIV, et comprendre qu’en France aussi, l’Etat, c’est nous.
La cavalerie américaine arrive à temps pour la Société Générale
mars 21, 2009 on 6:45 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésCertaines institutions ont, presque autant que des humains, du caractère. Dans certains cas, mauvais caractère, dans d’autres un caractère particulier. C’est le cas d’une banque qui ne fait jamais rien tout à fait comme les autres, la Société Générale. Si bien qu’elle devrait changer de nom pour s’appeler la Société Particulière, car son cas est tout sauf général.
Cette semaine éclaire une fois encore les particularismes de cette vénérable banque. D’un côté, elle figure au 2e rang sur la liste des banques que l’assureur américain AIG n’a pu rembourser que grâce aux fonds injectés par l’Etat américain. 11,9 milliards de dollars, une paille! Seule Goldman Sachs a reçu plus, qui, soit dit en passant, est l’ancienne boutique de Henry « Hank » Paulson, le secrétaire d’Etat au Trésor de l’Administration Bush qui a décidé de sa survie et de ne pas aider Lehman, le rival honni.
11,9 milliards de dollars d’argent du contribuable américain, soit presque exactement 2 Kerviel. Il est clair que la Société Générale n’aurait jamais pu survivre si elle avait du faire une croix sur cet argent. En tout cas, pas comme banque indépendante. Elle doit donc une fière chandelle à Henry Paulson et aux contribuables américains qui l’ont tiré d’un mauvais pas.
Vous direz qu’après tout, AIG n’a fait qu’honorer ses contrats, et que la Générale n’a donc rien reçu de particulier. Mais, quand une banque vous refuse un prêt, c’est qu’elle estime ne pas être sûre d’être remboursée, et donc qu’il y a trop de risque. Et que c’est son métier de ne pas prendre trop de risque. Là, quoique la somme soit un peu plus élevée (!), la mécanique est la même. La Générale a prêté, donc pris un risque. Et ce risque a failli la couler. Elle ne dira jamais assez merci à l’Oncle Sam.
Pendant ce temps-là, les dirigeants de la Générale se sont voté, on l’a appris hier, un généreux plan de stock-options. Alors certes ils l’ont étendu à 4200 personnes pour éviter les critiques. Mais quand même, des stocks options, d’un montant qui atteint plusieurs millions d’euros pour les principaux dirigeants alors que (1) la Générale a quand même la même année subi la perte Kerviel et failli couler avec AIG, et que (2) elle est sous perfusion d’argent public.
Mais sur quelle planète vivent donc ces cadres? Si, dans ces conditions ils se votent des stock-options, n’y en a-t-il donc aucune où ils considèrent que leur performance aura mérité zéro? On comprend Nicolas Sarkozy quand il dit que les entreprises qui auront mendié (il n’y a pas d’autre terme, même s’il n’est pas commun dans les salons feutrés du capitalisme financier) l’aide de l’Etat ne sauraient distribuer aucune « rémunération variable » (stock option, bonus, etc..) tant que durera ce soutien.
On imagine que la Société Générale et ses dirigeants se contrefichent de ce que dit Nicolas Sarkozy, comme à l’époque où il estimait que Daniel Bouton devait partir en tant que PDG au moment de l’affaire Kerviel. Bercy exige d’ailleurs, dans la foulée du Président, que les bénéficiaires de ce plan ne touchent rien tant que le soutien de l’Etat sera nécessaire. La SG s’y plie d’autant plus volontiers que l’une des conditions des stocks options étaient qu’elles ne puissent être exercées avant 2012, ce qui fait que les conditions de Bercy ne changent rien. En attendant 2012, la valeur des stocks options continue de courir, et, comme elles auront été émises à un cours particulièrement bas, elles ont des chances de rapporter d’autant plus à leurs heureux bénéficiaires. Qui, s’ils n’ont pas su gérer de façon à éviter Kerviel et AIG, savent en revanche très bien compter quand leur intérêt est en jeu. A titre d’exemple, le petit rebond du titre SG en quelques jours vaut déjà, en théorie, une plus-value sur papier de 600.000 euros pour M. Oudéa, son directeur général. On n’en attendait pas moins du successeur de Daniel Bouton à ce poste.
Mais JusMurmurandi se pose une question aussi impertinente que taquine. Si la Générale a été sauvée par le renflouement d’AIG, qui lui a permis de récupérer ses 11.9 milliards de dollars fort aventurés, elle est donc un des bénéficiaires de l’aide publique américaine. Et donc n’est-elle pas astreinte au conditions qui y sont attachées?
On rappellera que le Congrès américain vient de voter l’imposition à 90% de toutes les rémunérations variables des dirigeants d’entreprises ayant reçu l’aide de l’Etat américain.
90% sur le produit des bonus et des stock-options? Cela montre qu’aux Etats-Unis, temple du capitalisme, mais aussi pays très religieux, le pardon des fautes passe par la repentance. Et, comme l’a rappelé encore récemment le pape, par une bonne vieille période d’abstinence. Et la SG, après avoir accepté l’argent de l’Oncle Sam, peut difficilement ne pas accepter aussi la leçon de morale. Sinon, ce serait mordre la main qui l’a nourrie…
Plus on est de fous, plus on rit…
mars 20, 2009 on 8:47 | In Best of, Coup de gueule, Economie, Europe, France, Incongruités, International, Poil à gratter | 2 CommentsLa journée d’hier a été fascinante.
En France, comme chez ses partenaires économiques, le ralentissement économique touche la population active de plein fouet.
Comme l’avait annoncé JusMurmurandi, si en 2008 on a eu peur, en 2009, on a mal.
Car si le premier phase du ralentissement est due à l’incurie d’un système bancaire guidé par Avidité et Cupidité, entrainant une ralentissement des secteurs industriels et des services, nous sommes aujourd’hui la cause de la poursuite, de l’aggravation de ce ralentissement.
Chaque fois que nous allumons la télévision, consultons internet, écoutons la radio ou encore lisons les journaux pour suivre les actualités, immanquablement, au moins une ligne, une minute sont consacrées aux difficultés économiques d’une entreprise, d’une partie de la population ou d’une nation.
Et quelle est la réaction naturelle ? Est ce de se battre pour contribuer à titre individuel à remettre la machine économique en route ? Est-ce de remplacer, par exemple une voiture qui peut encore rouler ?
Il faudrait être fou pour faire cela. Car cela voudrait dire de ne pas céder aux dangers annoncés ou réels, de dépenser, selon ses moyens, une part plus importante qu’habituellement de son revenu afin de remettre de l’argent frais dans le circuit.
C’est pour cela que la journée d’hier nous a fascinés.
Car finalement, à quoi a t elle abouti ?
Un, deux, trois millions de personnes dans les rues ?? Et alors ??
En Chine par exemple, pays tout autant impliqué dans le système économique mondial, ce sont des dizaines de millions de personnes qui sont touchées.
Alors que quelques Français descendent dans la rue, peccadille !
Non assurément, vu de l’étranger, on doit vraiment prendre les Français pour des fous, car encore une fois, ce n’est que par le travail, l’entraide et la solidarité nationale que l’on va s’en sortir. Comme le font les autres pays touchés. Et non en descendant dans la rue, sans autre but, avoué ou non, que de profiter des premiers beaux jours.
En cela, la France est une fois de plus seule, comme au temps des 35 heures, qu’elle est la seule à avoir voulu, dans un moment de folie, imposer à ses entreprises, puis au secteur public, au grand dam de la concurrence ou de la notion de service de la fonction publique.
Mais le plus fou de la journée d’hier, comme toujours un grand succès syndical, c’est que l’on ne peut même pas lire de journal aujourd’hui à son sujet. Rien. Pas une ligne.
Les journaux ne sont pas parus aujourd’hui….suite à la grève !
Du bon usage de Nietzsche en période de blocages d’université
mars 20, 2009 on 7:44 | In Best of, Coup de gueule, France | Commentaires fermésJusMurmurandi observe avec amusement et désolation le cortège grotesque d’étudiants encore adolescents, bloquant à quelques dizaines l’accès de leur université aux milliers d’autres qui souhaiteraient aller y étudier. Les inénarrables AG, soviets navrants et enflammés où une poignée de casseurs incultes décide de voter sans rire l’interdiction du libéralisme ou l’invalidation de l’élection de Nicolas Sarkozy, font désormais partie du paysage français, et illuminent chaque année, alors que reviennent le printemps et son lot de poussées hormonales urbaines incitant les porteurs de pancartes à battre le pavé sous le regard ému et bienveillant de professeurs complices, ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « printemps social ».
Mais si ce cirque tout aussi cocasse que prévisible creuse chaque jour un peu plus la tombe de la France maquillée sous le nom usurpé mais rassurant de révolte, il n’en demeure pas moins amusant de regarder s’égosiller ces bandes d’adolescents dont les méthodes d’intimidation rappellent que, loin d’être des idéalistes, comme le disent à l’envi des media fascinés par le miroir de leur propre jeunesse, ce sont là des réalistes pragmatiques, capables de paralyser en quelques heures l’ensemble de l’enseignement supérieur d’un pays, grâce aux réseaux qu’ils ont patiemment tissés en vue d’être désormais les véritables maîtres de l’université contemporaine.
Minoritaire numériquement, certes, mais infiltrés à chaque poste stratégique, et dotés d’une volonté sans faille d’en découdre avec le système dont ils oublient qu’ils sont le produit le plus navrant. Nourris aux pensées du soupçon, adulant les Bourdieu, Foucault, Derrida et autres Lyotard, ils brandissent Nietzsche comme l’étendard vibrant de ce qu’ils croient être l’expression de leur révolte. Ces anarchistes venus de SUD et de la CNT, réclament à tue-tête à un Etat dont ils nient la légitimité, de l’argent, des droits, de la justice, du bonheur. Ils vont mal, ils sont malheureux, mais il leur faut un coupable : ce coupable, ce ne peut pas être eux, ce ne peut être que l’Etat bourgeois, vendu au diable lui-même, soutenu en sous-main par Laurence Parisot qui, selon les slogans en vogue, « nuit gravement à la France ». Alors le remède à leur mal-être ne pourra être à leurs yeux que la dénonciation du coupable à cause duquel ils souffrent, et toute leur lamentable existence se transformera en haine à l’encontre de bouc-émissaires hypostasiés en démons auxquels on signale, chaque jour, l’illégitimité de leur pouvoir et, parfois même, de leur existence. S’ils n’en sont pas convaincus, on le leur rappellera par l’envoi de menaces de morts, délicatement accompagnées de balles de 9mm.
Alors, à tous ces apprentis anarchistes qui croient se réclamer de Nietzsche et du soupçon, JusMurmurandi aimerait rappeler que ce dernier, dans le Crépuscule des idoles, livre qu’ils n’ont pas dû lire puisque leurs camarades de 2005 en ont détruit les exemplaires dans les bibliothèques universitaires que, de toute façon ils ne fréquentent guère, avait eu les mots suivants à leur encontre :
« Quand l’Anarchiste, en tant que porte-parole de couches décadentes de la société, exige avec une belle indignation le « Droit », la « Justice », l’ « Egalité des Droits », il n’agit que sous la pression de son inculture, qui ne sait comprendre pourquoi il souffre au fond, et de quoi il est pauvre, c’est-à-dire de vie… C’est l’instinct de causalité qui l’emporte chez lui : s’il se sent mal, il faut quelqu’un soit en soit cause… De même, sa « généreuse indignation » lui fait déjà du bien. C’est pour tous les pauvres diables un vrai plaisir que de pouvoir proférer des injures – cela donne une petite ivresse de puissance. Les plaintes, déjà, et le simple fait de se plaindre, suffisent à donner à la vie assez de charme pour qu’elle soit supportable. Il y a dans toute plainte une subtile dose de vengeance : à ceux qui sont faits autrement, on reproche son mal-être, ou, le cas échéant, sa bassesse, comme une injustice, comme s’ils jouissaient d’un privilège illicite. « Si je suis une canaille, tu devrais aussi en être une. ». »

Cela se trouve au § 34 du Crépuscule des idoles, mais savent-ils seulement qu’il existe des nombres autres que 17, 36 et 68 ?
Brèves histoires indécentes
mars 19, 2009 on 12:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésUne infirmière est soupçonnée d’avoir détourné 800.000 euros en surfacturant la Sécu en 2007 et 2008. Pour obtenir une telle somme elle a facturé des actes qu’elle n’a jamais faits. Le problème, c’est qu’il eût fallu, si tout avait été fait dans les règles, qu’elle travaille 12 heures par jour 7 jours sur 7 à raison d’un acte pour les 3 minutes. Soit une charge de travail totalement invraisemblable, et une rémunération hors normes dans un pays où les infirmières sont pour la plupart tellement mal payées qu’on en manque.
La question que pose JusMurmurandi: où donc étaient les contrôleurs de la Sécu? A la plage? (cela s’est passé à Nice). N’y a-t-il aucun « regard » sur les chiffres quand ils deviennent par trop atypiques? S’il en faut tant pour que la Sécu réagisse, combien de « petits » détournements passent inaperçus? Quand on connaît le déficit de la Sécu, et les économies de bout de chandelle qu’il conduit à faire par ci par là, un tel laxisme est indécent.
Les Républicains américains tirent à boulets rouges sur l’Administration républicaine d’Obama. En cause, bien sûr, les scandaleux bonus de 160 millions de dollars qu’AIG va payer au titre de 2008 à des collaborateurs, alors même que sa déconfiture aura coûté des centaines de milliards aux contribuables américains. Les sénateurs accusent leurs homologues démocrates de ne pas avoir verrouillé ce point et subordonné la nouvelle tranche d’aide à l’annulation de cette clause des contrats de travail. Ils manquent pas d’air, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est leur Administration qui a eu 8 ans pour contrôler et réguler ce qui se passait. C’est leur Administration qui a mis au point le sauvetage d’AIG qui ne comprenait pas de clause d’annulation de bonus. C’est sous leur Administration que ce sont signés ces contrats indécents. Comme l’est aussi la prétendue indignation vertueuse des opposants d’aujourd’hui qui demandent des comptes sur ce qu’ils ont eux-mêmes fait hier.
Lundi à Roubaix, un garçon de 14 ans, déjà connu des services de police et conduisant une voiture volée, renverse une jeune fille de 15 ans et lui cause de multiples fractures. Le juge des enfants l’a remis en liberté en lui imposant des mesures éducatives. Qui peut croire que cet adolescent aura retenu la leçon et restera désormais dans le droit chemin? La prison est, c’est bien connu, l’école de la récidive. Mais, dans un cas comme celui-ci, l’impunité, c’en est l’université!
A Moscou, Yelena Baturina, 46 ans, a demandé au Kremlin que l’Etat russe garantisse un milliard de dollars de dettes de son entreprise, le promoteur immobilier Inteko, qu’on suppose donc en grande difficulté. Mme Baturina est connue pour avoir été la seule femme milliardaire de Russie, avec un pic à plus de 3 milliards, dont elle aurait aujourd’hui perdu au moins 2,3 milliards. Déjà, il peut paraître indécent qu’une femme aussi riche demande à l’Etat de la tirer d’une situation où elle s’est elle-même mise en étant illiquide et endettée au moment où la crise a frappé. Ce dans un pays où la disparité entre riches et pauvres est extrême.
Mais la cerise sur le gâteau, c’est que Yelena Baturina est la femme du très puissant maire de Moscou, Yuri Luzhkov…
Depuis le Zimbabwe, le vieux dictateur Robert Mugabe « au nom du peuple zimbabwéen » a appelé les Etats-Unis et l’Union Européenne à lever les sactions économiques qui frappent son pays, car elles sont « inhumaines, cruelles et infondées ». Comment Mugabe ose-t-il parler au nom d’un peuple qu’il a si mal dirigé pendant près de 30 ans, dont il a fait battre, voire assassiner les opposants, dont il a détourné le vote, dont il a pillé les biens? Et surtout, qu’il dise que les sanctions sont inhumaines et cruelles, passe encore. Il y a un vrai débat sur de telles sanctions, leur efficacité et les dégâts collatéraux qu’elles entraînent. Mais qu’il dise qu’elles sont infondées est totalement indécent. S’il y a un Etat au monde qui a été ravagé avant tout par ses dirigeants, c’est le Zimbabwe. Quand la voix de cette vieille crapule se taira-t-elle enfin?
En matière de crapule, en voici une autre. Josef Kumpf, 83 ans, a été déporté par les Etats-unis, son pays d’adoption, vers son Autriche natale, après avoir perdu sa nationalité américaine. La cause: il a été pendant la seconde guerre mondiale, en tant que membre de la sinistre SS « Totenkopf », garde aux camps allemand de Sachsenhausen puis polonais de Trawniky. C’est là qu’il assista au massacre par balles de quelques 8000 juifs, avec ordre de tirer et d’achever fuyards et survivants éventuels.
Vous nous direz: qu’y a-t-il d’indécent (le thème de ce billet, après tout), à ce que les États-Unis déportent pareille ordure? C’est que l’Autriche ne poursuivra pas Kumpf, pour cause de prescription depuis 1965! JusMurmurandi croyait que des actes tels que ceux de Kumpf relevaient des crimes contre l’Humanité, et que ceux-ci sont, toujours à notre connaissance, imprescriptibles. Visiblement, l’Autriche en a décidé autrement, et cette prescription, qui eût en France sauvé Barbie, Leguay, Bousquet, Papon et Touvier, entre autres, permet à ce pays de ne plus rouvrir ce chapitre quelque peu gênant -ou plutôt qui devrait l’être, et qui le serait s’il n’était étouffé par un silence imposé- de son histoire. Ce qui lui a permis, il y a quelques années, de porter un certain Kurt Waldheim à sa présidence malgré son passé nazi.
De la sorte, Josef Kumpf finira ses jours en paix dans son pays natal. Waldheim est mort il y a deux ans, mais nul doute que d’autres comme lui feront que Kumpf ne se sentira pas trop seul. Subitement les mots n’ont plus de sens, et même celui d’indécence paraît tellement insuffisant…
Le Pape du Salut et les bonus de Wall Street
mars 18, 2009 on 7:52 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 8 CommentsBenoît XVI est en Afrique. Le seul continent où l’Eglise catholique constate une augmentation du nombre de fidèles. Le continent aussi que le SIDA frappe le plus durement. Et que déclare Benoît? Que le préservatif n’est pas la bonne réponse pour se protéger, mais qu’il faut pratiquer l’abstinence. Se rajoutent à cette déclaration la théorie catholique sur l’infaillibilité papale, qui interdit de revenir en arrière, et le nom choisi par l’ex-cardinal Ratzinger. En latin, c’est « Benedictus », soit « Bien-disant ».
C’est dire tout le poids qu’il faut attacher à cette papale parole.
Le problème, c’est que les fidèles semblent plus abonnés à une autre radio qu’à Radio Notre-Dame, qu’ils sont révoltés parce qu’ils perçoivent comme une nouvelle preuve, après la levée d’excommunication des lefébristes, de la radicale déconnexion du Pape d’avec le monde dans lequel eux vivent.
Faut-il donc croire que ce pape ne comprend rien d’autre que la théologie, dont il a longtemps été le gardien aux côtés de son prédécesseur, Jean-Paul II? La réponse est « oui », et c’est même pour cela qu’il a été élu. Un pape n’est pas là pour « admettre », pour « tolérer », pour « faire des compromis ». Sa mission à lui, c’est l’Eglise de Jésus-Christ, et le salut des humains. Pas leur taux de morbidité ou de mortalité qui, pour lui, sera toujours de 100%.
Il y a là un curieux paradoxe. Les Protestants croient en la parole bliblique et rien d’autre. Ils ont donc un support de foi inchangé depuis des millénaires, et donc non « modernisable ». L’Eglise catholique, elle, croît non seulement en la Bible, mais aussi dans les rajouts et compléments de 2000 ans de papauté. Ceci pourrait permettre de moderniser l’Église sans trahir le support de la foi. Ainsi, c’est en 1950 que l’Eglise a encore changé le dogme sur Marie, après près de 2000 ans de réflexion. Et voilà qu’une fois de plus, c’est l’Eglise catholique qui apparaît moins « moderne » que les Eglises protestantes.
L’autre point paradoxal est que la Bible, pour des raisons évidentes, est muette sur le sujet du préservatif. Elle parle masturbation, copulation, débauche, mais contraception, point. La condamnation papale n’est donc pas purement biblique. Elle est en fait indirecte, en ce que le préservatif est le plus souvent la protection du sexe hors mariage, et que, là, on est en plein péché.
Ce que JusMurmurandi suggère benoitement est le point de vue suivant: si un homme a une relation sexuelle non protégée avec une femme avec qui il n’est pas marié, non seulement il commet un péché de chair, et lui en fait commettre un, ce qui en fait un total de deux, mais il se met aussi en danger en même temps qu’il la met en danger. Or le Commandement dit d’aimer son prochain, pas de lui transmettre le SIDA. On peut donc légitimement considérer cette mise en danger consciente comme un péché supplémentaire de chacun des deux participants.
Il y a donc un vrai calcul arithmétique à faire: vaut-il mieux, en s’arc-boutant sur l’abstinence comme moyen d’éviter le SIDA, persuader quelques-uns de ne pas pécher du tout, ou, en reconnaissant l’utilité du préservatif, aider un plus grand nombre à pécher « moins »?
Il y a un parallèle a priori surprenant à faire avec les bonus de Wall Street, et notamment d’AIG, qui offensent tant les Etats-Unis et leur Président. Vaut-il mieux punir les pécheurs, quitte à ce que leur départ de chez AIG affaiblisse encore plus ce qui reste de ce qui fut le premier assureur mondial, et coûte in fine encore plus d’argent aux contribuables? Ou faut-il faire un compromis au nom du réalisme, et limiter les conséquences financières des péchés d’AIG, quitte à passer un pacte avec ceux qui les ont commis?
La différence majeure entre Obama et le Pape, face à ces dilemmes étonnamment voisins, ce n’est pas qu’Obama est noir alors que le Pape se vêt de blanc, ou qu’Obama est laïc et le Pape religieux, ou qu’Obama est protestant et le Pape catholique. C’est que le Pape ne se préoccupe que du Salut, ce qui, par définition, ne se juge que dans l’autre monde. Et que l’espérance de tous les judéo-chrétiens est que celui-ci arrive au plus tôt.
Alors que le défi d’Obama, c’est d’éviter que notre monde tout entier n’y bascule trop vite…
Vive la Résistance !
mars 17, 2009 on 11:45 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, Poil à gratter | Commentaires fermésQuelle frustration que celle des majorités silencieuses qui subissent.
Par exemple les électeurs qui voient la classe politique ouvrir les cordons de la bourse pour ceux qui crient, manifestent ou paradent le plus bruyamment, voir plus si affinités.
Elie Domota et consorts, par exemple, suivez mon regard.
Car rarement cette classe politique, si prompte à défendre bec et ongles les avantages dits acquis de telle ou telle minorité, y compris les siens, ne monte au créneau pour défendre les intérêts de la majorité silencieuse qui encaisse les coups tandis qu’elle décaisse toujours plus d’impôts, taxes et autres délicatesses du même genre pour financer telle ou telle minorité bloquante.
Mais pour une fois il semblerait que l’on ait atteint le seuil de tolérance, de douleur aux Etats Unis.
Le Sénat américain, excédé par les primes versées par l’assureur AIG qui a en parallèle reçu 130 milliards de Dollars d’aide du gouvernement, a exigé de l’entreprise qu’elle revoie immédiatement les contrats de ses salariés afin de neutraliser les bonus et autres primes sous la menace de les imposer au travers d’une nouvelle loi visant à rendre l’argent aux contribuables en assujettissant les primes à de sévères pénalités, de plus de 90%.
De même a t on vu en février dernier en Afghanistan, dans la région de Dara-e-Noor, les habitants d’un village attaqué par des Talibans qui avaient assassiné un dirigeant politique local prendre ces derniers en chasse. Les villageois ont neutralisé les Talibans et les ont assénés de coups jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Bref, ils ont montré que la majorité habituellement silencieuse et détentrice du droit pouvait aussi, de temps en temps, ne pas se coucher, montrer les dents, se battre, y compris avec les mêmes armes que les assaillants, et non éternellement subir.
Ce soir, François Chérèque a déclaré qu’il « ne craignait pas d’embrasement social et que bien évidemment il ne le souhaitait pas ».
Peut être est ce (aussi) pour ne pas susciter de vocations chez les citoyens français souhaitant travailler qui vont jeudi prochain subir une fois de plus la grève d’une minorité de salariés, issus du secteur public des transports, qui, eux, ont la garantie de l’emploi etc. etc. (le mot service nous apparaît ici inapproprié).
Au cas où ils seraient tentés d’en venir aux mains avec, par exemple, les conducteurs de la SNCF comme ce fut le cas, si bien caché par les médias, en début d’année….
L’appât du gain
mars 17, 2009 on 7:53 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésGordon Brown se dit, maintenant, qu’il eût du se montrer plus ferme il y a 10 ans, à l’issue de la crise asiatique, pour imposer des réformes et des limites aux aspects « casino » de l’économie financière.
Sur un autre plan, le Premier Minstre chinois, Wen Jiabao, se dit préoccupé par les investissements colossaux que la Chine a faits en Bons du Trésor américains. Il veut espérer que les États-unis feront ce qu’ils faut pour rembourser cette dette.
Dans ces deux cas, et de nombreux autres où des « responsables » ont de semblables regrets tardifs, JusMurmurandi se demande vraiment qui peut croire à ces balivernes, sornettes, et contes pour enfants.
Brown savait très bien il y a 10 ans qu’un jour l’économie financière allait faire face à une crise, et que celle-ci serait proportionnelle aux risques prix, c’est à dire colossale. Wen Jiabao sait très bien pourquoi son pays achète des Bons du Trésor américains. Nous sommes tous au courant des déséquilibres structurels massifs qui affectent l’économie mondiale, mais nous faisons semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien sentir.
Pourquoi? Cela s’appelle l’appât du gain.
En laissant se développer la section « casino » de l’économie financière mondiale, Gordon Brown a permis à la City de Londres de créer quelques centaines de milliers d’emplois fortement rémunérés, et, ce faisant, de propulser l’économie britannique pendant 10 ans. 10 ans où, coïncidence certainement, il a été au pouvoir, comme Chancelier de l’Echiquier d’abord, puis comme Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté.
Wen Jiabao sait très bien que l’achat de Bons du Trésor américains joue un rôle déterminant dans la décision de toujours renouveler la clause de la nation la plus favorisée dont bénéficie la Chine de la part des Etats-Unis, clause qui favorise les exportations chinoises vers l’Amérique. Clause qui, soit dit en passant, est une véritable escroquerie au dépens de pays véritablement pauvres, et non « pauvre » comme la Chine, 2e économie mondiale, et seule à croître même en 2009 quand le monde entier sera en récession.
Il y a d’autres déséquilibres. Le tandem infernal du déficit budgétaire et du déficit commercial américains. Un jour, il faudra bien payer la note. La dette accumulée par certains pays (France, Italie, Japon notamment), et les déficits budgétaires correspondants. Sans compter les problèmes insurmontables de retraite des systèmes par répartition quand le ratio d’actifs à retraités sera tombé à 1 pour 1 en 2020.
JusMurmurandi entend d’ici les regrets des responsables d’alors, pour ce qu’ils n’auront pas fait en temps plus prospères.
Ainsi les socialistes français, qui ont eu la bonne fortune de gérer la prospérité de la fin des années 80 en ont profité pour créer le RMI, et celle des années 90 l’ont dépensée dans les 35 heures. Qu’ont-ils fait pour éviter la faillite inévitable des retraites? Rien. Pour combler une fois pour toutes le déficit budgétaire? Rien.
Il est tellement plus attirant, et électoralement payant de dépenser tout de suite l’argent qu’on a dans la poche (dans les poches des contribuables, bien entendu), et même celui qu’on aura demain, et après-demain, et encore après. Tellement plus joyeux de présider à la prospérité et à l’abondance d’aujourd’hui et de laisser à un quelconque successeur le fardeau de la crise de demain.
Notre article d’hier comparaît l’affreux parâtre autrichien Fritzl qui a enfermé sa fille et lui a fait 7 enfants en 24 ans d’inceste forcé et les piranhas de la finance internationale, Madoff en tête. Un commentaire a trouvé cet article « dur ». De fait, l’adage qui veut que « plaie d’argent ne soit pas mortelle » conduirait à penser que le sort des investisseurs qui ont perdu ce qu’ils ont confié à Madoff ou leur capital investi en titres Citigroup, AIG ou Lehman est bien clément comparé aux affres infernaux de la fille de Fritzl et de ses petits-enfants. Peut-être. Mais quand on fera le compte des innombrables désespoirs, ruines, dépressions et autres suicides ou folies meurtrières déclenchés chez ceux qui se sentiront -et non sans quelque raison- trahis par un système dont les coupables se votent envers et contre tout des bonus, on verra que Fritzl, par comparaison, n’aura été qu’un artisan de l’horreur, là où auront sévi de puissants industriels.
N’est-il pas temps de créer une section économique des crimes contre l’humanité?
Tabous
mars 16, 2009 on 8:09 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermésL’Autriche aborde avec horreur le procès de Josef Fritzl, qui a pendant des années gardé sa fille enfermée et lui a fait de nombreux enfants, eux aussi enfermés à l’insu du monde extérieur.
Cette horreur vient du nombre de tabous que Fritzl a violés. Dont celui de l’inceste. Mais aussi de l’apparente absence de sentiments d’amour paternel pour sa fille, de tout désir de la protéger. Du rejet aussi de toute « normalité » dans cette affaire.
Nous avons tous vu la photo de la tête hirsute du monstrueux Fritzl
JusMurmurandi se demande si on ne pourrait pas en dire autant, mutatis mutandis, de certains aspects du monde de la finance.
Nous avons tout vu la photo de la tête impeccable du respectable Madoff.
Madoff a orchestré sa fraude pyramidale pendant à peu près autant de temps que Fritzl. Il était évident que l’un comme l’autre finiraient par être découverts. L’un comme l’autre avaient rejeté toute normalité dans leur système pervers. L’un comme l’autre menaient une double vie dont les deux parties étaient séparées et contradictoires.
La loi dit qu’une entreprise doit être gérée « en bon père de famille », et, par extension, que c’est comme cela qu’un gestionnaire doit gérer les fonds qui lui sont confiés. Fritzl a dévoyé son rôle de père, censé être au bénéfice de sa fille, pour la satisfaction de son plaisir personnel. Combien de gestionnaires de fonds ont dévoyé l’usage des fonds qui leur ont été confiés pour la satisfaction de leurs plaisirs personnels (bonus, prestige, pouvoir)?
Fritzl a rejeté toute normalité en s’octroyant du plaisir alors même qu’il soumettait sa fille et ses petits-enfants à un enfermement infernal. Les cadres de Merril Lynch, AIG et autres ont rejeté toute normalité en s’octroyant des bonus alors même qu’ils soumettaient leurs actionnaires et investisseurs à des pertes infernales.
Bien sûr il ne s’agit de dire que les deux phénomènes sont à mettre sur le même plan pénal. Mais qu’en terme de transgression de tabous, il existe des similitudes qui font froid dans le dos…

