Jamais le dimanche!

janvier 7, 2009 on 9:10 | In Coup de gueule, Economie, France, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

L’ordre du jour de la prochaine session parlementaire vient de sortir, et un texte manque à l’appel, celui sur l’autorisation du travail du dimanche.

Pourtant, Nicolas Sarkozy l’avait qualifié de réforme essentielle, et il bénéficie d’un soutien largement majoritaire dans l’opinion publique.

Qui plus est, le texte auquel on en était arrivé en décembre, au moment où la crainte d’une révolte de suffisamment de députés UMP pour causer une défaite parlementaire, n’avais plus de réforme que le nom et l’ombre. Il se bornait en tout et pour tout à faire passer le nombre légal de dimanches travaillés de 5 à 8. Pas de quoi fouetter un chat, ni mériter un texte de loi, encore moins une bataille parlementaire.

C’est peut-être cela qui a amené Nicolas Sarkozy à baisser pavillon sans gloire, à savoir qu’il valait peut-être mieux ne plus rien faire du tout que de se battre pour faire accoucher aux forceps d’une réforme aussi dérisoire.

En fait, par-delà l’enjeu politicien sur l’éventuelle chiraquisation de Sarkozy, sur la rébellion de dizaines de députés de son propre parti, ou sur la guérilla que mènerait contre lui Jean-François Copé, c’est un autre point qui intéresse JusMurmurandi.

Le projet de loi était explicite sur le fait que le travail du dimanche ne pouvait avoir lieu que sur la base du strict volontariat de chacun. En d’autres termes, ceux qui le voulaient pouvaient travailler le dimanche à la place d’un jour de semaine, et gagner plus.

Mais les opposants ont considéré que les Français n’étaient pas aptes à décider pour eux-mêmes de prendre ou non cette décision. Que les employeurs allaient les contraindre, par la menace, à accepter de travailler à leur corps défendant.

Cette notion qu’ils faut protéger les Français contre eux-mêmes est partout dans le droit du travail (ou plutôt le droit du non-travail en l’occurrence). Ainsi en France est-il illégal de baisser les salaires, même quand les partenaires sociaux sont d’accord. Ce qui fait que des entreprises ferment faute de compétitivité quand un sacrifice partiel eût permis de sauver l’essentiel.

A titre d’exemple, Volkswagen en Allemagne a baissé les salaires horaires pour conserver en Allemagne la production de la Golf, qui eût sans cela soit été produit ailleurs (en Europe centrale en l’occurrence) tout en évitant qu’elle ne soit proposée trop cher au marché. Ne pas pouvoir en faire autant chez Renault conduit à ce que les petites voitures qui profitent du courant écologique, des aides d’Etat et de la modération financière d’acheteurs échaudés par la crise sont tous produites à l’étranger. La France et les Français y gagnent-ils? Volkswagen, société allemande alors à capitaux d’Etat n’est quand même pas un modèle d’ultra-libéralisme. Est-il un tel exemple d’horreur économique qu’il ne faille surtout pas l’imiter?

De même pour le travail du dimanche, tous les experts s’accordent à prédire une augmentation de l’emploi global dans la distribution en cas de généralisation de cette mesure. En ces temps de crise et de remontée du chômage, ce serait une fort bonne chose.

Mais l’intérêt général, la volonté du Président, et des sondages indiquant clairement la préférence des Français n’ont pas suffi. Les députés savent mieux que tout cela réuni.

Il est vrai qu’il est tellement plus facile d’accuser quelqu’un d’avoir fait quelque chose que de n’avoir rien fait.

Peut-être est-ce 1940 (et non pas 1944-1945) qui a sanctifié la notion de Résistance. Mais cela ne suffit pas à faire de toute résistance ni une morale ni une politique.

JusMurmurandi pense qu’il est temps de créer le délit d’inertie.

Le Machin

janvier 6, 2009 on 9:32 | In Best of, Coup de gueule, Europe, France, International, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

C’est ainsi que Charles de Gaulle appelait l’ONU.

Et on le comprend. Car une fois encore, la preuve nous est donnée que l’ONU ne sert pas à grand chose.

Un conflit de plus, cette fois au Moyen Orient, qui se déclenche sans que l’organisation des nations unies n’intervienne pour l’empêcher, avant ou après.

Et on retrouve donc Nicolas Sarkozy enfilant son manteau gaulliste pour prendre une initiative individuelle car les initiatives collectives ne sont, elles, que jérémiades et imprécations.

Aller voir les chefs d’états, même si l’on n’a plus « que » le mandat de Président de la République française, c’est toujours mieux que de rester tranquillement à New York en distillant la bonne parole comme seule tentative de rétablir la paix. Tandis que l’on laisse les gesticulations d’un fou, Ahmadinejad, se dérouler dans la totale indifférence. Ou encore un autre chef d’Etat, Mugabe, assassiner son pays en toute quiétude. Sans parler du Congo etc. etc.

Bref, le Machin, de Gaulle l’avait bien compris des décennies avant, ne sert à rien.

JusMurmurandi pose alors une question.

Alors que le monde traverse un ralentissement économique sans précédent, que les gouvernements mettent la main à la poche, le plus souvent vide et/ou trouée sans parler de réduire le train de vie de leurs états respectifs à hauteur de leurs dépenses nouvelles, qu’est ce que l’on attend, Bon Dieu, pour les supprimer, tous ces « Machins » inutiles ????

Les infirmières sont-elles des sorcières, et les docteurs des loup-garous?

janvier 5, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

JusMurmurandi se souvient du grand courant de sympathie qui avait saisi l’opinion publique lors de la grande grève des infirmières, destinée à leur valoir une meilleure rémunération. Voilà une profession qui requiert de longues études, qui expose ses personnels à des heures de travail longues et à un risque permanent d’erreur aux graves conséquences, et qui est, globalement, mal payée.

Mais quand un enfant est mort à l’hôpital d’avoir reçu par erreur une perfusion à la place d’une autre pour soigner son angine, l’infirmière, pourtant très bien notée, a été immédiatement suspendue et mise en examen. Ce avant que l’enquête ne montre que la perfusion qu’elle a prise par erreur n’avait pas à se trouver là où elle était, avait été livrée et rangée là par erreur et ressemblait à s’y méprendre à celle qu’elle eût du administrer. Où donc était le moindre courant de sympathie pour cette infirmière-là?

Ce tragique décès a agi comme le premier souffle d’un vent mauvais. La deuxième rafale a été celle d’un homme décédé de problèmes cardio-vasculaires après avoir attendu des heures que des régulateurs lui trouvent un lit dans un service d’urgence en région parisienne. Le rapport du parquet indiquant que l’autopsie a montré que cet homme n’eût probablement pas survécu à son accident circulatoire même en étant admis immédiatement a été accueilli avec les sarcasmes réservés aux tentatives maladroites d’auto-disculpation.

Troisième rafale, une femme de 82 ans est décédée, qui avait été renvoyée dans sa maison de retraite la veille par un hôpital où elle avait été admise pour des symptômes de déshydratation et de difficultés respiratoires. Les causes de la mort ne sont pas connues, mais l’avocat de la famille indique qu’il va mettre en cause Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé, car la vieille dame serait, aux dires de sa famille restée 8 heures sur un brancard sans qu’un médecin la voie. L’hôpital a une version très différente, affirme qu’infirmières et médecin ont vu et soigné la patiente qui, en outre, a été vue après son retour en maison de retraite par le médecin de celle-ci, lequel n’a rien signalé ou jugé bon de faire. Qu’importe! La famille, sûre qu’il y a eu faute, porte plainte, et les média de relayer abondamment cette « série noire »

Soyons clair, tout décès entraîne la douleur de la famille, et la demande de celle-ci de savoir si tout a été fait est tout-à-fait légitime. Ainsi que celle de tout faire pour qu’une erreur, voire une faute s’il y en a eu ne puisse être répétée au détriment d’un autre patient.

Il est clair aussi que la profession médicale a eu tendance à se réserver le bénéfice des enquêtes sur des « incidents » de ce genre, et à en exclure les non médecins, ce qui a permis dans certains cas, de nier abusivement toute faute. Les scandales du sang contaminé ou de l’hormone de croissance sont des exemples de ce refus de transparence et de responsabilité.

Mais là, où va-t-on? Si quelques heures sont trop longues pour admettre un patient aux urgences, quel est le délai admissible? 30 minutes? 60? Si le patient meurt en 45 minutes, est-ce la faute de l’hôpital?

Sans oublier que, derrière la peine des familles éprouvées se profilent des revendications financières ou politiques. Les médecins urgentistes réclament plus de postes et la revalorisation de leurs revenus. Les familles veulent des indemnités pour faute. L’opposition dénonce ces décès comme le résultat de la politique d’économie du gouvernement.

Que veulent les Français? Si le seul résultat acceptable de l’hôpital est « zéro mort », il va y avoir des conséquences. D’abord financières, car le coût du zéro-mort est extravagant. Redondance généralisée des moyens, multiplication des examens, assurance hors de prix, entre autres. Une recette dont les Etats-Unis donnent un avant-goût, ruineuse en termes de coût sans pour autant donner de meilleurs résultats sanitaires. Un bon exemple est celui d’une personne qui ferait un accident de santé sur la voie publique: aux Etats-Unis, tout médecin qui lui porterait secours, et qui ne disposerait pas, à l’évidence, de détails sur sa condition médicale, s’exposerait à des poursuites par la famille et leurs avocats requins payés à la commission en cas de problème. Alors que font-ils, ces médecins? Ils changent de trottoir, tout simplement.

Mais après tout, si tel est le choix éclairé des Français, pourquoi pas? Le problème est ce qu’on observe en gynécologie-obstétrique, et qu’une telle attitude généraliserait. Les grossesses ne sont jamais tout à fait sans risques. Les médecins, à force d’être attaqués en justice quand l’une d’entre elles ne va pas à un terme heureux, sont confrontés à un coût d’assurance qui peut dépasser 30% de leur chiffre d’affaires, ce qui est évidemment insupportable. Le résultat est simple: il n’y a quasiment plus de sage-femmes, et le nombre de médecins accoucheurs ne cessera de baisser vu que cette spécialité n’attire plus personne en raison de son rapport risque-rémunération désastreux. Et ceci n’a rien à voir avec une quelconque politique d’économies de santé, ces praticiens ressortant du secteur privé.

Si bien qu’en fait, à force de tenir les gynécos pour responsables de tout ce qui peut mal se passer, il n’y en aura plus du tout. JusMurmurandi doute que ce soit vraiment à l’avantage des femmes et des parents.

Alors peut-être faut-il raison garder, et ne pas brûler les infirmières et les médecins que nous avons tant aimés. Qu’il faille s’efforcer de minimiser les décès évitables, bien sûr. Mais, de même que notre société croyait que le progrès avait vaincu les crises économiques et que celles-ci ne pouvaient plus arriver, avant d’être durement démentie par l’actualité des derniers 12 mois, nous voudrions croire que la mort n’est plus que la fin après une vie toujours longue, très longue. Le fait est que tous les jours cet espoir est cruellement démenti. Soit parce que certains d’entre nous sont moins bien lotis dès la naissance, soit parce que d’autres rencontrent la fatalité, que ce soit sous la forme d’un accident de voiture ou d’un accident médical.

De même que nous n’interdisons pas toutes les voitures parce que certaines ont des accidents même mortels, n’interdisons pas nos médecins et nos infirmières même quand ils sont simplement des êtres humains, souvent merveilleux, pas toujours irréprochables.

Mort au Combat

janvier 5, 2009 on 8:03 | In Coup de gueule, Economie, France | Commentaires fermés

Maud Fontenoy, vous connaissez ? La célèbre navigatrice française qui détient le record du monde du tour éponyme à l’envers est célèbre en France, comme à l’étranger.

Ce qui est moins connu en revanche, c’est que le bateau qui lui a permis de remporter cette bataille sportive est issue des chantiers navals français Gamelin.

Cette entreprise a souffert au point qu’elle a été mise en redressement judiciaire le 5 décembre dernier.

Malgré le fait que ce ne soit pas une TPE, ou toute petite entreprise, dont la mortalité « infantile » en particulier est très élevée. Car crée en 1980, elle compte 120 collaborateurs.(http://www.chantiers-gamelin.fr/index.php)

Mais son endettement était trop élevé, elle est en déconfiture.

Et son fondateur ne l’a pas supporté.

Joël Gamelin, père de trois enfants, a mis fin à ses jours à fin du mois dernier.

Tragique. Dramatique.

Et caractéristique de cette société française qui n’aime pas ses entreprises, la nouvelle ne se trouvant qu’en nombre limité sur internet à titre d’exemple.

Car en France, on n’aime surtout pas les petites et moyennes entreprises, alors que ce sont justement celles qui ont crée des emplois sur les dix dernières années, par opposition aux grandes et célèbres qui en ont, elles, détruit, comme l’explique l’OCDE.

Aujourd’hui, sa fille a ouvert une adresse sur un site de « réseau social » afin d’appeler à l’aide et permettre à l’entreprise de survivre.

JusMurmurandi adresse un message de réconfort à la famille Gamelin, et se joint au mouvement d’aide.

Si vous souhaitez participer, voici les coordonnées de Me. Gamelin, telles qu’elles sont présentées sur le site internet (http://fr-fr.facebook.com/group.php?gid=56065731969&ref=mf).

Melle FANNY GAMELIN
2, chemin du prieuré
Résidence Maintenon
17000 La Rochelle
fgamelin@hotmail.com

A qui profite le crime?

janvier 4, 2009 on 4:34 | In Coup de gueule, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Israël frappe le Hamas qui frappe Israël. Rien de nouveau sous le soleil, sauf la date, 2009. L’Ukraine constate des baisses de livraison de gaz russe vers l’Europe, faute d’avoir signé un nouveau contrat d’approvisionnement et de transit. La Russie accuse l’Ukraine qui accuse la Russie. Rien de nouveau dans le froid, si ce n’est la date, 2009.

Rien non plus d’inattendu. Comme aucun nouveau contrat russo-ukrainien n’avait été approuvé par les parties, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode du bras de fer annuel entre les anciennes républiques soviétiques. Comme aucun modus vivendi n’avait été trouvée entre Israëliens et le Hamas, il était clair qu’on se dirigeait vers un nouvel épisode meurtrier entre les voisins ennemis.

Alors, bien sûr, on peut se demander pourquoi, dans les deux cas, cette situation de blocage annoncé.

Force est de constater que le pouvoir de Vladimir Poutine et de son acolyte Dimitri Medvedev est pour la première fois en grande difficulté face à la crise économique qui frappe la Russie. La baisse des prix des matières premières, à commencer par le pétrole et le gaz, réduit dramatiquement les rentrées de l’économie russe, qui en dépend très largement. Les ci-devant oligarques négocient un plan de sauvetage comme de très ordinaires banques ou fabricants d’automobiles américains. Les citoyens, en manque de confiance depuis l’aventure géorgienne, retrouvent les vieux réflexes de ceux qu’on a tondu plus souvent qu’à leur tour et sortent leur argent et de Russie et du rouble, qui s’enfonce. Dans ces conditions, trouver avec l’Ukraine un bouc émissaire qui détourne l’attention n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la révolution orange en Ukraine, qui avait suscité l’admiration d’une bonne partie du monde, n’a produit que des fruits amers. Une lutte permanente entre les 3 sempiternels personnages d’une comédie à l’ukrainienne, Yuschenko, Yanoukovitch et Timoshenko, se traduit par un immobilisme politique totalement inadapté aux difficultés du pays et au défi de la crise économique mondiale. Dans ces conditions, montrer l’Ukraine comme victime de la brutalité russe pou ressouder le soutien occidental n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la victoire du Hamas aux élections, puis l’éviction à la pointe du fusil du Fatah de la bande de Gazah n’ont produit que des fruits amers. Les mesures de rétorsion d’Israël et l’ostracisme de la communauté internationale qui refuse de discuter avec une organisation qui prône la disparition de l’Etat juif se traduisent par une misère et une désespérance croissantes dans ce territoire. Dans ces conditions, montrer à coups de tir de roquettes qu’on est la seule force qui combat activement Israël n’est pas nécessairement un mauvais calcul, même s’il est froid et cynique.

Force est de constater que la coalition au pouvoir en Israël en Kadima et les travaillistes est menacée de perdre les prochaines élections en Israël, face au Likoud de Benjamin Netaniahu. La faillite de leur offensive précédente contre le Hamas n’y est pas pour rien, ni sans doute les soucis judiciaires de Ehud Olmert, le Premier Ministre. Montrer, et notamment pour Ehud Barak, ancien général de Tsahal, ancien Premier Ministre, et leader des travaillistes, sa détermination et sa capacité retrouvée à protéger Israël des attaques du Hamas n’est pas nécessairement un mauvais calcul, comme ne témoignent une remontée en flèche dans les sondages, même s’il est froid et cynique.

Il ressort que tant de calcul froid peut donner des frissons. Encore une confirmation que nous sommes bien en hiver, et pas que sur le plan météorologique. Et que toute similitude avec ceux qui tentent d’exploiter tel ou tel drame de l’actualité pour en tirer des avantages catégoriels n’est que, osons le dire sans peur du pléonasme, coïncidence fortuite.

Le permis? Même pas besoin!

janvier 2, 2009 on 6:39 | In France | 1 Comment

Plus de 1000 voitures ont été brûlées la nuit de la Saint Sylvestre, un « score » en forte hausse par rapport à l’an dernier. Un mauvais score pour le Président de la République qui, ne l’oublions pas, a bâti le socle de sa réputation en étant un excellent ministre de l’Intérieur. Lequel Président, apparemment pas content du tout, dit vouloir interdire aux incendiaires de passer le permis de conduire tant qu’ils n’auront pas pleinement remboursé les victimes ou le fonds d’indemnisation.

Voilà bien le genre de gesticulation qui déplaît à JusMurmurandi. Elle cumule, pour le « bénéfice » très éphémère d’avoir l’air actif sur un sujet, plusieurs failles.

D’abord elle n’est pas utile du tout. Si les forces de l’ordre interpellent un incendiaire, l’arsenal pénal est bien suffisant pour donner à un juge tous les moyens de sévir. Alors pourquoi alourdir encore la machine judiciaire?

Ensuite, elle n’est pas réaliste. Le problème des voitures brûlées n’est pas que les juges n’ont pas les moyens de condamner les incendiaires attrapés, c’est justement qu’on n’en attrape que très peu, ce qui s’explique par l’impossibilité de protéger chaque voiture garée ce soir là. Donc imaginer changer la donne en agissant sur le levier judiciaire alors que la difficulté est policière revient à appliquer un cautère sur une jambe de bois. A moins de se satisfaire de la réduction de la politique aux seuls effets d’annonce.

Enfin ses conséquences, à supposer que cette nouvelle mesure voit le jour, vont être simples. Qui peut croire qu’un jeune déjà incendiaire de voitures soit particulièrement découragé à l’idée de ne pas pouvoir passer son permis de conduire? Car la France est un pays où plusieurs centaines de milliers de conducteurs habituels n’ont pas le permis, ou ne l’ont plus.

Faute d’avoir déjà l’âge ou d’avoir encore des points, d’avoir l’argent ou la capacité, combien prennent le volant régulièrement? Les chiffres les plus alarmistes s’élèvent à plus de deux millions.

On voit bien que, même à supposer que chaque voiture incendiée à la Saint Sylvestre ait son incendiaire attitré, et même à supposer que tous soient arrêtés, et même à supposer que tous soient condamnés à une interdiction de passer le permis de conduire, cela ne ferait « que » mille personnes de plus par an à rouler sans permis. Par rapport à 2 millions, ce n’est rien.

Quant au principe qui consiste à interdire une activité aux incendiaires, alors, il va y avoir du chômage au PS, vu l’énergie qu’ils mettent à s’allumer les uns les autres

Crachez, il en reste toujours un peu !

janvier 2, 2009 on 6:23 | In France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

La strioscopie vous connaissez ?

C’est une étude de la dynamique des fluides gazeux, dont l’un des plus grands experts est un américain nommé Garry Settles.

Cette technique, fréquemment utilisée au sein des industries aéronautique et automobile pour mesurer l’aérodynamique, permet de mettre au grand jour un nombre insoupçonné de phénomènes invisibles « crées » par les mouvements aériens.

Bref, on peut se rendre compte de ce qui se passe vraiment lorsque quelqu’un brasse de l’air, alors que l’on présume justement qu’il ne fait rien.

Là où cela devient encore plus intéressant c’est que des travaux ont été conduits par le New England Journal of Medicine pour montrer ce qui se passe lorsque quelqu’un tousse.

Et les résultats sont frappants.

Les expectorations de la personne soumise au test atteignent une vitesse de huit mètres par seconde.

Impressionnant.

On comprend mieux pourquoi il est tellement conseillé de se protéger que l’on soit l’émetteur ou la cible de tels courants.

Un sujet qui fera certainement réfléchir Julien Dray à l’aune ses récents démêlés autour de SOS Racisme ou encore Benoit Hamon pour  ses déclarations sur les royalistes qui « ont le poison de la division dans le sang »…

L’Année du Milliard

janvier 1, 2009 on 10:21 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Le magazine Time a l’habitude de choisir la « personne de l’année » pour en faire une couverture très suivie dans le monde entier. Et, en fonction des circonstances, de choisir de nommer non une personne, mais un évènement. Dans cette veine, JusMurmurandi a constaté que, plus que tout, 2008 resterait comme l’année du Milliard.

Rappelez-vous, il n’y pas si longtemps le Crédit Lyonnais lancé dans une folle aventure s’est réveillé avec une gueule de bois qui a coûté au contribuable français la bagatelle de 30 milliards de francs. Le scandale a été épouvantable, et l’opprobre qui a couvert cet établissement et la méthode très française de privatisation des profits et de nationalisation des pertes a durablement ébranlé le capitalisme étatique bien de chez nous.

Or 30 milliards de francs, c’est moins de 5 milliards d’euros. C’est-à-dire moins que ce que le seul Jérôme Kerviel a coûté à la Société Générale. Ce second « trou » fait lui aussi scandale, lui aussi planétaire, éclipsant au tableau de déshonneur tous les autres traders perdus, de Nick Leeson et la Barings, ou ceux de Mitsubishi ou de Metallgesellschaft.

Mais au moment où les esprits stupéfaits commencent à peine à s’habituer à l’idée d’une telle somme, et plus encore perdue par une seul homme, lui aussi perdu dans un système en perdition, les chiffres ne cessent de défiler tous plus grands que la semaine précédente. Et les épithètes manquent pour accompagner et rendre compte de ce défilé de sommes toujours plus énormes.

Alors que dire quand Madoff inscrit son nom en lettres de feu tout en haut du tableau des pertes individuelles, avec un astronomique 50 milliards, soit un décakerviel?

En septembre, Lehman Brothers fait faillite laissant derrière elle une ardoise de 146 milliards, sans compter les engagements par signature. Des sommes qui n’ont plus de sens, tant le montant n’a plus de rapport avec le tangible. Mais ce n’est, on n’ose à peine l’écrire, qu’un amuse-gueule. La tornade déclenchée par cette faillite manque emporter le système financier planétaire, et la situation n’est quelque peu stabilisée que grâce à un plan concocté par l’américain Henri Paulson. Plan annoncé à 250 milliards de dollars, puis 350, puis estimé à 500 milliards, pour sortir finalement au moment de son annonce officielle, à 700 milliards dollars. Somme bien entendu, comme toute les précédentes, sans précédent.

Quand on pense que la seule AIG, certes il y encore quelques mois premier assureur de la planète, a déjà « consommé » quelques 135 milliards de dollars d’aide de l’Etat américain pour éviter la faillite, et, avec elle, emporter tout le système, on commence à se dire que, finalement, par rapport à 135 milliards (et ce n’est pas la fin) pour un assureur, 700 milliards pour toutes banques, ce n’est pas tant que ça.

Le reste du monde n’est pas en reste. 240 milliards pour l’Union européenne, pourtant théoriquement corsetée de fer par les critères de Maastricht. 650 milliards pour la Chine, dont la dépendance aux exportations revient la hanter comme un vent mauvais après la brise d’été qui a culminé aux Jeux Olympiques. 140 Milliards pour soutenir le rouble dans une Russie dont l’arrogance, les réserves en devises, le taux de croissance et les fortunes des oligarques ne résistent pas à l’effondrement des prix des matières premières, à commencer par le pétrole.

Ainsi Roman Abramovitch, emblématique pour avoir dépensé sans compter pour son club de football de Chelsea, aurait-il vu sa fortune tomber de 22 milliards de dollars à 3 milliards. Comment ne pas le plaindre? Mais comment plaindre un milliardaire? A ceci près qu’Oleg Deripaska aurait perdu plus encore. Alors, avec « seulement » quelques milliards, comment les qualifier, ces perdants phénoménaux: de riches, de pauvres ? Tout repère a disparu, emporté par des sommes insensées.

Pendant ce temps-là, tous les plans annoncés semblent déjà trop faibles pour faire vraiment repartir la machine. Le monde attend de l’équipe Obama, au manettes dans trois semaines, un plan de relance de quelques 500 milliards de dollars. La France elle aussi attend une deuxième tranche du plan Sarkozy avant même que la première ait produit le moindre effet, car les délais de mise en œuvre sont encore à courir.

Rien ne pourrait mieux montrer cette escalade himalayenne que de constater que les pertes de BNP-Paribas en 2008 dues à la crise, soit quelques 4,2 milliards d’euros en fin d’année 2008 ne l’empêchent pas d’être considérée comme une des banques les mieux gérées au monde, alors qu’un montant supérieur mais de peu, perdu par Kerviel, a durablement marqué son concurrent la Société Générale comme un exemple de grand n’importe quoi. Si seulement le trou Kerviel avait éclaté (si l’on peut dire) quelques mois plus tard, eût-il vraiment marqué les esprits, et la Société Générale a-t-elle manqué de prudence, ou simplement joué de malchance dans le timing?

JusMurmurandi pourrait continuer à empiler sans fin ces sommes elles aussi sans fin ni sens. Mais nous sommes le 1e janvier, et donner mal à la tête un 1e janvier n’est vraiment pas une façon sympathique commencer l’année.

Alors, après avoir constaté que 2008 restera dans les annales comme l’année où le milliard, au lieu de vouloir dire « énormément, jamais vu » est devenu une unité de compte banale, voici un chiffre qui, lui ne bougera plus, et dont il faut espérer qu’il ne sera pas dépassé avant longtemps. En 2008, Wall Street a vu la capitalisation boursière des sociétés qui y sont cotées fondre de 7 trillions de dollars.

Trillions, le mot est lancé, impensable, incompréhensible. Visiblement le milliard ne suffit plus et le mot n’a pas passé le 31 décembre. 2008 restera définitivement comme l’Année du Milliard, et nous sommes bien en 2009.

Bonne année !!

Agapes de fin d’année

décembre 31, 2008 on 7:25 | In Best of, C'est ça, Paris?, Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

La fin de l’année est, de par le vaste monde, l’occasion de festivités et de réjouissances alimentaires. Si nombre d’entre elles sont traditionnelles, gastronomiques ou familiales, certaines sont inhabituelles ou incongrues. En voici 3 qui ont retenu l’attention de JusMurmurandi.

A Milan,les autorités ont saisi 40 kg de caviar beluga de contrebande, d’une valeur de 400.000 euros. Après que des tests aient démontré la comestibilité du produit de la saisie, ce caviar, le plus raffiné qui soit, a été distribué aux abris, foyers, hospices, et autres cantines pour pauvres. Peut-être, pour éviter de perdre la tête, Marie-Antoinette eût-elle dû suggérer que les affamés en manque de pain mangeassent non de la brioche, mais du caviar?

Autre lieux, autres moeurs. Les forces occidentales s’efforcent de garder le contrôle de l’Afghanistan qu’ils ont conquis militairement. Et cela passe par l’adhésion des nombreux chefs de tribus qui sont l’épine dorsale du pays. Pour s’acquérir le soutien de certains d’entre eux, un peu vieillissants, mais n’ayant pas renoncé au plaisir d’épouses beaucoup plus jeunes, la CIA a trouvé un argument choc: leur fournir du viagra. Il semble qu’une deuxième visite, quelques jours après le petit cadeau bleu, ait montré des chefs infiniment bien disposés à l’endroit des donateurs américains. Après tout, l’Afghanistan, premier producteur mondial de pavot à opium et héroïne n’ignore rien des substances qui provoquent la dépendance. Le tout était de trouver la bonne.

Au coeur de notre bonne société parisienne, une dame en rendez-vous d’affaires se fait voler son sac à main avec tout son contenu (clefs, argent, papiers, cartes de crédit, téléphone) dans un salon de thé très huppé des Champs-Elysées dont elle est une habituée. Revenue du choc et de la peu agréable visite au commissariat qui lui dit que, désolé, c’est un évènement banal parce que fréquent, elle tente de trouver dans ledit salon de thé un abri contre la pluie glacée qui tombe en ce jour où tout va mal pour elle, en attendant qu’un membre de sa famille lui apporte un double de ses clefs de voiture. Elle a même la malencontreuse idée de demander un verre d’eau et un thé pour se réchauffer. La direction du salon de thé pèse sa demande à l’aune du fait que c’est quand même chez eux que le vol a eu lieu, et que la cliente y est connue. Elle a eu droit à un chaise et à un verre d’eau. Mais le serveur n’a même pas laissé la carafe sur la table.

Il y a des jours où il vaut mieux être pauvre à Milan ou chef de tribu afghane que femme d’affaires à Paris.

Nous sommes tous des Madoff!

décembre 30, 2008 on 6:37 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International, La Cour des Mécomptes | 6 Comments

Bernard Madoff est un escroc, c’est maintenant une affaire entendue, même si la procédure judiciaire est très loin de l’avoir mené à une condamnation. Mais, de son propre aveu, les rendements qu’il promettait et servait à ses investisseurs venaient des dépôts d’autres investisseurs. Et il en fallait encore d’autres pour servir le rendement de ceux-là, et ainsi de suite jusqu’à la culbute finale. Ce schéma, appelé « pyramide », est bien entendu illégal.

En France, la pyramide des âges (tiens, encore une pyramide) fait que le pays passe graduellement d’un stade où il y avait 3 actifs pour un retraité, dans les années 60, à celui, en 2020, où il y aura un retraité pour un actif. Ceci est du à l’allongement de la durée de vie, au rajeunissement de l’âge de départ à la retraite (aujourd’hui vers les 58ans), et à la chute de la natalité après le baby-boom.

Qui peut imaginer sérieusement que l’actif en question pourra non seulement subvenir à ses besoins mais aussi à ceux d’une autre personne? Justement, personne. En attendant, le système par répartition prend les cotisations versées par les « nouveaux cotisants » et les attribue aux « anciens ayant-droits ». Et la culbute du système aura lieu quand il n’y aura plus assez de nouveaux cotisants pour financer les droits existants.

Qu’on m’explique en quoi ce système diffère du système -pénalement condamnable- de Madoff?

Autre question. L’Etat français, qui avait des finances équilibrées par le tandem Giscard-Barre jusqu’en 1980, a creusé des déficits et une dette publique vertigineux depuis lors, droite et gauche confondues. Notamment, il a multiplié les systèmes de « droits » non limités en montants, tels notamment le RMI ou la CMU, dont le nombre d’allocataires n’est pas plafonné, alors qu’il n’y a comme ressource en face que le budget général de l’Etat.

Tant que les ressources croissent, le système donne l’apparence de tenir debout. On prend les impôts versés et on les redistribue vers les bénéficiaires. Mais si les nouvelles rentrées ne suffisent plus à éteindre les droits acquis, il y a une impasse budgétaire (qu’en termes doux ces choses-là sont dites) qui ressemble fort à ce qui est arrivé à Madoff et à ses déposants.

L’origine de ces pyramides d’Etat est simple. Quand on a créé le système de retraites, on en a fait bénéficier des gens qui n’avaient pas cotisé. Aujourd’hui encore, quand la classe politique déplore, avec une belle unanimité, les toutes petites retraites, notamment des artisans commerçants et paysans, ils « oublient » au passage que ceux-ci n’ont pas cotisé beaucoup.

A l’école, les jeunes français apprennent que, sous Henri IV, leur roi préféré, l’un des deux seuls qui ait baissé les impôts, le bon ministre Sully disait que « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». Ce sont deux activités productives. Aujourd’hui, si l’on parle de mamelles de la France, tous penseront allocation et pensions. Et voudront consommer du lait même s’il n’a pas été produit. Qu’importe si, à trop la traire, on tarit la vache.

La case faillite, ce n’est que pour les vulgaires Madoff. Quand son système explose, on dénonce la pyramide. Quand l’Etat français fait exactement la même chose, c’est un système par répartition unique au monde…

Les prodiges de Buffett contre les miracles de Madoff

décembre 28, 2008 on 7:43 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermés

Un vieil américain nommé Warren Buffett a la réputation d’être le meilleur investisseur de la planète. Le fait que la croissance de sa société, Berkshire Hathaway, ait fait de lui l’homme le plus riche du monde contribue à sa légende. Pourquoi donc qui que ce soit a-t-il pu avoir envie d’investir chez un Madoff au lieu d’acheter purement et simplement des actions Berkshire Hathaway et d’attendre les résultats de la gestion à la mode Buffett?

Le problème est justement dans le mot “attendre”. Madoff promettait des rendements, Buffett ne promet rien, si ce n’est de faire du mieux qu’il peut avec des méthodes tout sauf modernes. Voilà un homme qui dit n’avoir pas investi dans les hautes technologies pendant la bulle Internet, au motif qu’il ne se voyait pas investir dans des sociétés qui n’existaient pas encore, ce qui lui a valu, par exemple, de ne pas participer à la phénoménale hausse du titre Google. Le revoilà absent de la bulle financière qui vient d’exploser, disant qu’il ne pouvait quand même pas investir son argent dans des produits qu’il ne comprend pas. Il ne gagne pas d’argent non plus dans les ventes à découvert pour profiter des marchés baissiers, contrairement à un John Paulson, qui y est devenu phénoménalement riche.

Ce qui conduit à ce paradoxe: l’investisseur le plus riche du monde y est parvenu en évitant les hausses les plus spectaculaires, et en ne profitant pas des baisses. Donc, pendant ces mouvements brutaux, beaucoup d’autres peuvent dépasser ses performances. Et donc attirer articles de presse favorables, récompenses et rémunération, et, enfin, investisseurs. Sauf que ces maisons sont construites sur le sable, et non sur le roc, comme celle de Warren Buffett, dont la recette de base consiste à privilégier la qualité avant tout, à l’acheter pas cher si faire se peut, et à attendre les résultats sur le long terme sans s’impatienter.

Mais voilà, imaginons un gestionnaire de fortune. Il doit non seulement attirer des clients, mais encore les convaincre de rester. Ce qui est difficile, c’est le moins qu’on puisse dire si, comme WB, on se tient à l’écart du dernier truc à la mode qui fait gagner des fortunes aux petits copains. Car les clients ne peuvent pas seulement gagner de l’argent, ils veulent en gagner plus et plus vite que le voisin. Et sont sans pitié pour qui ne leur donne pas satisfaction.

Ainsi, pendant la vague des « junk bonds » de la fin des années 80, où les « obligations pourries » à très fort risque ont permis des rachats d’entreprises avec des effets de levier démesurés, les grands établissements financiers qui s’en sont abstenus ont fortement reculé au classement des résultats de la profession, et un certain nombre de leur grands patrons ont été virés pour avoir confondu prudence et conservatisme. Qui se souvient aujourd’hui de Drexel Burnham Lambert, qui s’était brutalement fait une place parmi les très grandes banques d’affaires mondiales, puis se retrouva très rapidement disgraciée et faillie pendant que son principal animateur, Michaël Milken passait par la case prison? Même danse 10 ans plus tard avec ceux qui ne lancent pas leurs établissements à fond dans les TMT (technologie, média, télécom) comme on disait à l’époque: les prudents, jugés peureux, ont valsé.

Ceci montre que la loi du marché est imparfaite. Le marché est impatient, le marché n’a pas le temps. Or il semble bien que le temps soit un critère déterminant dans la réussite de Buffett, qui n’est due à aucune percée fulgurante, mais bien plutôt à la hausse générale des marchés sur 30 ans, optimisée par un choix judicieux parmi les grandes sociétés susceptibles de durer et de performer mieux que leurs pairs.

Qu’en tirer comme conclusion? Que l’argent mondial se trouverait beaucoup mieux d’être géré à la mode Buffett qu’à la mode Lehman, voire Madoff? L’irruption d’une première vague de fonds souverains financés par les giga-recettes de l’envolée éphémère des prix du pétrole, puis d’une deuxième vague de fonds d’Etat destinés à servir d’amortisseur de crise, dont le SLI français, pourrait en théorie permettre cette vision à long terme. Laquelle manque singulièrement dans les conditions mises aux Big Three américains, qui, pour pouvoir conserver les milliards du Trésor américain, devront prouver dès mars 2009 qu’ils sont revenus à des conditions de rentabilité pérenne. 4 mois pour redresser des colosses à la dérive depuis des décennies comme GM ou Chrysler, c’est comme donner une minute pour que Royal et Aubry, qui se détestent depuis longtemps, se mettent à s’aimer sincèrement.

En fait, c’est une simple question de sémantique. Warren Buffet, sur longue période, a fait des prodiges. Les mêmes prodiges réalisés en instantané, tels que le marché les réclame, cela s’appelle des miracles, et là s’arrête le pouvoir de WB, mais commence celui des promesses des Madoff de ce monde (il y en a d’autres, qui vont subir le même sort, après l’avoir fait subir à ceux qui leur ont fait confiance).

Car que font ceux qui ne se satisfont pas de prodiges, mais veulent des miracles? Vous avez raison, ils rêvent. Et comment savoir, quand le rêve démarre, s’il se terminera comme un conte ou en cauchemar?
Bernard Madoff
Warren Buffett

Même plus le droit de donner!

décembre 26, 2008 on 7:18 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | 3 Comments

« Savez-vous ce que c’est que donner? Il faut que JusMurmurandi vous l’explique: donner est la plus jolie chose du monde » aurait pu écrire la Marquise de Sévigné. En ces temps où Noël se déroule sur fond de crise, donner devrait être plus que jamais à l’ordre du jour. Deux exemples montrent que ce n’est pas si simple.

Depuis son arrivée à l’Elysée Nicolas Sarkozy s’est refusé à gracier qui que ce soit ou à amnistier quoi que ce soit, y compris les contraventions. Il dit y voir un pouvoir monarchique qui ne doit pas avoir droit de cité en République, sauf raisons humanitaires ou exceptionnelles, et, même dans ces cas là, plutôt des grâces partielles que totales. On est aux antipodes de l’usage américain qui veut que le Président sortant accorde des grâces par wagons aux derniers jours de son mandat.

Juste avant Noël Sarkozy vient pourtant d’accorder une grâce à 27 détenus « méritants », soit qu’ils l’aient été avant leur incarcération soit depuis, retenus parmi une quarantaine de cas proposés par la Chancellerie.

Il se trouve que, parmi les cas retenus figure Jean-Charles Marchiani, ce proche de Charles Pasqua qui est passé de serviteur de la République parfois au péril de sa vie à préfet condamné pour trafic d’influence. En clair il a perçu des commissions pour des marchés d’Etat, ce pour quoi il a été condamné et incarcéré, et la remise de peine de 6 mois octroyée par le Président pourrait lui permettre de bénéficier de la liberté conditionnelle en attendant de passer en jugement dans le procès dit de l’Angolagate.

La gauche n’a pas de termes assez vifs et violents pour dénoncer cette mesure, parlant de « reconstitution de privilèges », de « dérive du bon plaisir », de « monarchie » etc…

JusMurmurandi voudrait simplement rappeler à cette gauche qui oublie d’où elle vient et ce qu’elle a fait une grâce accordée par Robert Badinter, alors Garde des Sceaux de François Mitterrand et conscience morale autoproclamée à une catégorie de détenus qui n’en comptait que 7. 7 détenus, voilà qui serait fort peu, si, parmi ces 7 ne figurait pas Christina von Opel, richissime cliente que n’avaient pu empêcher d’aller en prison les efforts de son avocat d’alors, un certain Robert Badinter.

Autre petite leçon d’histoire, la revue des grâces accordées par la gauche inclut MM. Bové, Harlem Désir, Maxime Gremetz. JusMurmurandi n’a pas le souvenir que messieurs Bové, Gremetz ou Désir aient rendu à la République des services aussi risqués que ceux de l’agent secret Marchiani qui est allé, entre autres, sortir les otages Kaufman, Carton, Auque et Normandin des griffes du Hezbollah libanais, mission autrement plus dangereuse que de faucher quelques épis de maïs. Inversement, les mêmes donneurs de leçon (Montebourg, Hamon, etc..) se sont bien gardés d’user des mêmes épithètes quand Nicolas Sarkozy a gracié la terroriste italienne d’extrême gauche Marina Petrella. Terroristes des Brigades Rouges que n’avait pas graciés François Mitterrand, qui n’en avait même pas eu besoin puisqu’il leur avait tout simplement accordé au mépris et des lois et des traités une impunité et immunité pour les crimes commis en Italie du temps des meurtrières « années de plomb ».

Bref, le droit de grâce est juste aux yeux de la gauche quand c’est elle qui est au pouvoir, ou quand la droite ne n’en sert que pour gracier des gens de gauche. Même plus le droit de gracier.

Autre droit de donner contesté, celui de Liliane Bettencourt de disposer de sa fortune, l’un des plus importantes de France, puisqu’elle contrôle l’Oréal, et « pèse » quelques 17 milliards d’euros. Or cette dame dont l’âge est trop élevé pour qu’il soit bien élevé de le mentionner a donné des sommes de l’ordre d’un milliard d’euros à un photographe mondain de ses amis, François-Marie Banier. Et c’est sa propre fille qui conteste ce comportement, trouvant probablement que donner un milliard relève du gâtisme ou de la dépendance.

Les conseils d’administration de l’Oréal, où siègent à la fois Mme Bettencourt, sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, et son gendre Jean-Pierre Meyers ont toutes les chances d’être sportifs…

Bref, le droit de donner ne serait un droit un droit aux yeux de l’héritière Bettencourt qu’aussi longtemps que sa mère n’en use que très modérément, car si la somme d’un milliard peut paraître extravagante à beaucoup, on peut aussi se dire que ce « n’est que » 6% de sa fortune, dont il restera toujours un montant colossal pour sa fille.

Encore heureux que Liliane Bettencourt a fait ces donations au bienheureux photographe. C’est autant de moins qu’elle a donné à gérer à Bernie Madoff…

Bernie Madoff est-il le Père Noël?

décembre 25, 2008 on 9:01 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Ou peut-être faut-il se demander, à l’inverse, si le Père Noël n’est pas Bernard Madoff, ce financier new-yorkais qui s’accuse d’avoir fait s’évaporer 50 milliards de dollars. Vous me direz, quel rapport entre un financier véreux qui a « pris l’argent » et une figure débonnaire et généreuse qui donne des cadeaux, à laquelle ne croient que les jeunes enfants, et encore?

C’est bien là toute la question: qui a cru en Bernie Madoff, et pourquoi? En tout cas, pas la Société Générale, qui, après une mission de renseignement sur place, a décidé de ne pas orienter ses clients ni de ne travailler avec lui. D’autres aussi, ont compris, dit et écrit que Madoff ne pouvait être, n’était qu’un bidon. Un analyste qui le suivait de près en tentant de répliquer ses rendements a écrit avec ténacité depuis 1999 que Madoff ne pouvait en aucun cas tirer de la stratégie qu’il appliquait ou disait appliquer les rendements qu’il tirait ou disait tirer.

Oui, mais voilà, les gens à qui s’adressaient ces avertissements n’y ont pas cru. Ils ont préféré croire le rassurant financier. Comme les enfants, qui mesurent le conduit de cheminée, le trouvent terriblement étroit, mais choisissent de croire quand même qu’un gros bonhomme plus tout jeune et tout de rouge vêtu s’y glisse pour déposer des cadeaux dans des souliers.

Pourquoi les enfants croient-ils au Père Noël? Parce qu’ils ont besoin de merveilleux dans leur vie? Pour un quelconque besoin d’origine freudienne? Ou, plus simplement, parce que la preuve de l’existence du Père Noël, ce sont les cadeaux, bien réels, qu’il livre? Pourquoi les investisseurs ont-ils cru Bernie Madoff malgré les signes qui ont alerté la Société Générale et d’autres? Parce que la preuve de la performance de sa gestion, c’était le rendement qu’elle a offert jusqu’à la culbute finale.

Ne pas croire au Père Noël conduit à conclure que quelqu’un d’autre fait les cadeaux très réels qu’on attribue à ce personnage qui ne l’est pas, et que ce quelqu’un d’autre se satisfait de rester dans l’ombre anonyme d’un Père Noël qui récolte la reconnaissance des heureux enfants. On peut comprendre que les enfants ne croient pas à ce concept du « donateur anonyme » et lui préfèrent le gentil bonhomme rouge.

Ne pas croire à Bernard Madoff conduisait à conclure que les très réels rendements qu’il servait depuis tant d’années provenaient d’ailleurs, et que cet ailleurs se « satisfaisait » de se laisser plumer pour lui permettre de récolter la reconnaissance des heureux investisseurs et épargnants. Ce qui, en termes polis, s’appelle un schéma pyramidal, à moins d’imaginer d’autres montages plus scabreux encore (délits d’initiés,recyclage et blanchiment d’argent illégal, trafics, détournements, etc..).

Sauf que, comme la légende du Père Noël dispose d’arguments très concrets pour la conforter, Bernard Madoff lui aussi n’était pas n’importe qui, avec ses entrées dans la très haute société new-yorkaise, juive notamment, et son titre d’ancien président du conseil d’administration du NASDAQ. Que pesait, en face, le fait que la société d’audit chargé de surveiller ses comptes n’ait eu que trois employés, ce qui, pour des observateurs neutres, représentait un signal d’alerte en lui-même majeur?

Il faut dire que Madoff a été malin, en susurrant à ses investisseurs, triés sur le volet et qui devaient faire des pieds et des mains pour être admis dans le club des gens « autorisés » à déposer entre les mains réputées géniales du gestionnaire d’actifs, que la clef de sa performance résidait dans le fait qu’il savait chaque jour quel volume d’actions était traité sur chaque titre à New York. Ce qui lui eût permis de savoir quels titres étaient surachetés ou survendus, et donc, quelles positions allaient devoir être tôt ou tard couvertes et dans quel sens, et comment profiter de cette information pour gagner de l’argent à coup sûr. Ce qui est bien sûr illégal.

Cette illégalité, difficile à découvrir, comme la plupart des délits d’initiés, permettait aux investisseurs de ne rien trouver de « magique » aux rendements que leur servait le financier de New-York, qui n’avait, du coup, pas besoin de s’affubler d’une quelconque postiche blanche. Cela faisait aussi, dans une certaine mesure, de ses investisseurs des complices, donc réduisait d’autant leurs velléités de se fâcher, le cas échéant, avec le bon tonton Bernie.

C’est pourquoi il est difficile de trop pleurer, en ce temps de Noël, sur les milliards évaporés et leurs malheureux ex-propriétaires. Alors, bien sûr, il y en a qui se révéleront avoir été honnêtement grugés et dépouillés de tout. Mais beaucoup sont des pauvres gens riches qui sont plus pauvres pour avoir voulu être plus riches sans être trop regardants sur le choix des moyens.

Car Noël, c’est le temps de la fête, des repas fastueux et des cadeaux. On peut imaginer que beaucoup qui ont appris l’évaporation de leur argent regrettent aujourd’hui
de ne pas l’avoir flambé en purs plaisirs. Comme le disait George Best, le si doué mais fantasque joueur de football britannique des années 60, qui disait: « j’ai dépensé une fortune en filles, en alcool et drogue. Le reste, je l’ai gaspillé ».

Maintenant les perdants vont vouloir savoir où sont passés les milliards disparus. Car, tous les investisseurs n’auront pas tout perdu. Ceux qui auront encaissé les rendements élevés servis par Madoff, puis judicieusement retiré leur agent avant l’effondrement s’en seront très, très bien tirés. Reste à savoir si c’était le fait du hasard, d’une heureuse inspiration, ou si Bernard Madoff n’aurait pas, là, fait bénéficier certains de petits tuyaux.

Bref, l’affaire Madoff n’a pas fini de livrer ses secrets. Comme le Père Noël.
Bernard Madoff

Mars 500

décembre 24, 2008 on 12:34 | In Insolite, International | Commentaires fermés

Non ce n’est pas une nouvelle version de la magnifique réédition de la Fiat 500, mais une mission spatiale bien spéciale.

Trois Français et un Allemand ont été choisis par l’ESA (Agence spatiale européenne) pour simuler une mission vers Mars, dont la durée de voyage aller retour serait d’environ 520 jours.

Cela signifie qu’ils vont rester confinés dans une enceinte close pendant ce même nombre de jours.

A priori cela ressemble un peu à la Star Ac’, à ceci près que cela dure beaucoup plus longtemps et ce pour une mission quelque peu plus importante pour l’humanité.

Mais pour savoir si cela va marcher, deux d’entre eux vont d’abord avoir le « bénéfice » d’une période d’essai de 105 jours, à Moscou avec deux Russes.

Si l’essai est concluant, le test sera fait en grandeur nature, avec une rémunération à la clé de 54.000 Euros, soit environ 100 Euro par jour.

Deux questions se posent pour JusMurmurandi.

En imaginant que l’expérience longue durée ait lieu comme prévu début 2009, on pourra légitimement se demander ce que les spationautes trouveront à son issue.

Car 520 jours plus tard nous mettront vers juin 2010.

Le ralentissement économique sera-t-il terminé, quelle sera la réussite (ou l’échec) de Barack Obama quasiment à mi-mandat, de même pour Martine Aubry à la tête du PS, Jack Lang aura-t-il finalement obtenu un maroquin au sein d’un quelconque gouvernement, bref toutes sortes de questions qui nous tenaillent et nous tiennent en haleine en ce moment.

La deuxième, plus délicate, est de savoir pourquoi il n’y a que des hommes qui ont été retenus sur les 5680 candidats.

L’ESA répond simplement qu’elles n’ont pas été exclues du processus.

Le fait qu’un Russe, sous l’emprise de l’alcool, ait tenté d’embrasser une Canadienne en décembre 1999 en serait il la cause? Car à la suite de cela, un Japonais était parti en claquant la porte.

Pas besoin de vouloir aller sur Mars pour se rendre compte des différences culturelles.

Quant à filer à l’Anglaise en cours de voyage spatial, c’est un luxe que l’on ne peut se permettre….qu’en ayant les pieds sur Terre.

27 ans de malheur?

décembre 23, 2008 on 10:02 | In Coup de gueule, Economie, International | Commentaires fermés

Casser du verre blanc, selon la sagesse populaire, entraîne 7 ans de malheur. Mais sur la scène économique mondiale, c’est beaucoup plus que du verre qui a été brisé, et nous allons en voir de toutes les couleurs.

Déjà, le premier suicide de banquier, en l’occurrence un français qui avait dirigé l’argent de ses clients vers le trou sans fond de Bernard Madoff, rappelle ceux, nombreux des années 30. On peut se demander ce que pense Madoff, qui a si longtemps cultivé son image de parangon de respectabilité, du suicide d’un homme qui avait eu le tort de lui faire confiance et d’induire d’autres à en faire de même.

Pendant ce temps-là, les chiffres de malheur s’accumulent, certes pas tous mauvais, mais certains si mauvais qu’ils révèlent une dégringolade qui ne peut qu’affoler. Le marché automobile qui plonge de 27%. A ce rythme-là, c’est une usine sur quatre qu’il faut fermer, avec tous les fournisseurs au même régime…
Les exportations japonaises qui dévissent du même pourcentage. 27% pour tout le pays! Ce qui veut dire beaucoup plus pour les plus touchés. Comme « tsunami » est un mot que la langue japonaise à légué au monde, au moins les Japonais ont-ils le mot juste pour dire leur malheur. A tel point que, en novembre,le Japon, habituel recordman des exportations, est devenu globalement importateur!

Mais le chiffre qui frappe le plus JusMurmurandi, c’est le nombre de milliers d’emplois qu’une faillite liquidée va causer en Grande-Bretagne. 27. 27.000 emplois d’un coup quand les 850 magasins Woolworth ne rouvriront plus leurs portes, autour de la fin de l’année. Sans compter, là aussi tout l’amont des fournisseurs, pour une enseigne venue des Etats-Unis et fondée il y a 99 ans.
Soit dit en passant, même si les racines du mal qui a abattu cette chaîne de supermarchés sont anciennes et indépendantes de la crise actuelle, imagine-t-on une seconde en France une entreprise de 27.000 employés liquidée sans autre forme de procès? Et pendant que la gauche est au pouvoir qui plus est? Impensable! Ce qui montre vraiment à quel point ceux qui disent que l’idéologie dominante est le libéralisme racontent n’importe quoi, car si la France était libérale, il n’y aurait ni plan de relance, ni FSI, ni intervention il y a quelques années pour sauver Alstom, ou récemment Dexia, ni cortège d’amortisseurs sociaux pour atténuer la pénibilité de la crise pour les plus vulnérables et les plus démunis….

Il y a pour autant quelques raison d’espérer et de ne pas rejoindre dans le suicide le banquier déshonoré. JusMurmurandi en voit deux. L’une, que l’injection rapide et massive de fonds et la forte baisse de taux d’intérêts fassent leur effet avant que la crise n’ait atteint son plein effet destructeur. L’autre, que la brutalité de cette crise reflète avant tout l’accélération permanente de l’évolution de notre monde, comme l’a si bien montré Alvin Toffler dans son livre « le choc du futur ». Et que, en conséquence, la sortie de crise soit toute aussi accélérée.

Sinon, JusMurmurandi craint qu’avec tout ce qui aura été brisé, nous n’en ayons pour 27 ans de malheur.

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