Les socialistes sont dans la MARD
septembre 23, 2008 on 7:30 | In France | Commentaires fermésLa MARD, vous connaissez? Moscovici, Aubry, Royal, Delanoë. Les 4 candidats au poste de Premier Secrétaire du Parti Socialiste, qui s’affronteront d’ici le congrès de Reims dans 6 semaines.
En fait, il semble que Mosocovici, largement trahi aux universités d’été, ne soit déjà plus vraiment dans la course, alors que Hollande, lui, tire encore de nombreuses ficelles. Ainsi, ce ne serait plus la MARD, mais la HARD.
En fait, si les socialistes en sont là, à étaler en pleine lumière leur vacuité programmatique, qui n’a d’égale que l’acuité de leurs luttes de personnes, c’est pour plusieurs raisons.
D’abord, l’absence de renouvellement de leur personnel politique. Martine Aubry était déjà un personnalité majeure du premier gouvernement Mauroy, en 1981, au sein duquel elle mit en oeuvre les 35 heures. Pour ceux qui l’auraient oublié, c’était il y a 27 ans. Par comparaison, Nicolas Sarkozy n’est devenu ministre pour la première fois que 12 ans plus tard.
Ensuite, un flou total sur la façon de combattre la droitisation de l’électorat français. L’un des rares consensus socialistes est sur leur incapacité à gagner seuls, ou même avec leurs alliés historiques, les radicaux de gauche, les verts et les communistes, qui ne sont tous trois que l’ombre de ce qu’ils étaient du temps de l’union de la gauche en 1974.
Du coup, certains au sein du PS veulent suivre leur électorat, à la manière d’un Tony Blair et du New Labour britanniques, ou de José-Luis Zapatero qui vient de gagner pour la deuxième fois les élections espagnoles. C’est le projet de Delanoë, qui se dit dans son livre « libéral ».
D’autres, pas si éloignés des premiers, veulent une alliance au centre avec François Bayrou et le MoDem. Mais comme ceux-ci viennent tous de la droite, s’allier sans converger donne l’impression de ce que c’est vraiment, une simple alliance électorale de gens qui ne partiraient certes pas en vacances ensemble. C’est la ligne Royal, même si, en d’autres temps, le fait d’avoir laissé Bayrou à la porte après l’avoir invité à monter illustre son ambivalence.
Ces projets sont directement antinomiques des désirs d’alliance à gauche d’une autre frange du PS. Avec Oliver Besancenot, pas moins. D’où l’annonce de Martine Aubry d’un programme « carrément à gauche ».
Mais ce qui sous-tend cette incertitude sur les alliances, aussi bien que sur le leadership, c’est que les socialistes donnent l’impression de ne pas savoir où ils veulent aller, et, partant, conduire les Français. Voilà qui explique, que, quand on ne connaît pas la destination, il est difficile de choisir le leader que l’on va suivre, ainsi que ses compagnons de route.
Un exemple illustre la grande inconnue dans laquelle ils sont: le vote cette semaine à l’Assemblée Nationale sur la présence militaire française en Afghanistan. Eh bien, les socialistes ont voté contre tout en disant qu’ils étaient pour. Ils peuvent difficilement dire qu’ils sont contre vu leur héritage mitterrandien, qui n’a jamais manqué à la solidarité occidentale, et leur peu d’appétit pour assister à une victoire des talibans, inévitable si nous quittons tous l’Afghanistan.
Mais en même temps, ils ne se sentent pas capables de voter pour un projet et un programme sarkoziens, car, en ces temps de perte d’identité, cela leur enlèverait un morceau de la seule qui leur reste, celle d’opposition.
En fait, ce qui semble émasculer les dirigeants socialistes, c’est qu’il n’ont pas vraiment l’air d’y croire. C’est ce qui a fait que les éléphants, Fabius et Stauss-Kahn, se sont fait balayer par la tornade Royal, dont la suite a montré que c’était plus une soufflette qu’un nouveau souffle.
En fait, JusMurmurandi voudrait donner aux socialistes deux raisons d’espérer. L’une, c’est qu’ils ont soigneusement évité d’avoir à gouverner, et donc à assumer une crise économique dont nous n’avons fait que voir le début, et qui sera brutale. L’autre, c’est que leur situation actuelle n’est pas sans précédent. Elle ressemble au contraire à s’y méprendre à celle qui précéda le congrès d’Epinay, quand la FGDS était un véritable marigot.
Le problème, c’est que si les socialistes s’en sont sortis et ont commencé leur marche vers la victoire, c’est au prix d’un renouveau de tous les dirigeants, laminés par un certain François Mitterrand..
Harry Potter est-il le dernier espoir de Xavier Darcos?
septembre 22, 2008 on 10:04 | In Coup de gueule, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermésLes commentaires de Xavier Darcos, ministre de l’Education Nationale sur les diplomés Bac+5 qui passent leur temps à faire faire la sieste aux enfants et à changer leurs couches ont fait du bruit. Tant de bruit qu’ils ont du justement réveiller les bambins au milieu de leur sieste.
La question que pose le ministre, même si sa formulation est éminemment polémique, est néanmoins fondamentale. Quel est le rôle de l’Education Nationale?
S’agit-il d’armer les jeunes Français le mieux possible pour leur vie active et leur vie de citoyen? Compte tenu du monstrueux taux d’illettrisme à l’entrée (théorique) au collège, JusMurmurandi en doute sérieusement.
S’agit-il d’occuper les enfants coûte que coûte pour permettre aux parents de vaquer à leur vie propre sans en assumer la responsabilité? Quand on voit à quel point la mise en oeuvre d’un service minimum d’accueil des enfants même en cas de grève s’est révélée compliquée et conflictuelle, JusMurmurandi se dit qu’effectivement, l’école a bon dos.
S’agit-il de remplacer les parents en assumant l’intégralité du rôle éducatif d’enfants dont les parents soit en sont incapables, soit ont baissé les bras? Alors, c’est mission impossible. Car, pour commencer, l’école ne peut éduquer que les enfants qui y vont, et c’est aux parents de veiller que leurs enfants ne cèdent pas à la tentation de sécher les cours.
De même, si des parents veulent que l’école assume la totalité de la tâche éducative de leurs enfants, dont ils se déchargent, alors pourquoi les mêmes parents s’insurgent-ils (le mot est faible) quand un professeur recourt à une gifle, qui fait partie, de temps en temps, d’une relation parent-enfant? Pourquoi exigent-ils que l’école laïque respecte l’éducation religieuse qu’ils veulent que leur enfant reçoive?
Bref, ils veulent que l’école ait tous les devoirs, toutes les charges, toutes les obligations, et aucun droit.
Heureusement, cette école existe. Malheureusement pas en France. C’est l’institut Poudlard, connu pour son célèbrissime élève, Harry Potter.
Le problème, c’est que son maître, Dumbledore, est décédé avant son adversaire, le redoutable Voldemort.
Vu l’écart vertigineux entre la réalité de l’Education Nationale et les exigences de la tâche qu’elle est censée remplir, il est à craindre que Xavier Darcos lui aussi cesse d’être ministre bien avant d’avoir vaincu ses adversaires, qui ont pour noms Bêtise, Capitulation, Routine, Paresse, Bureaucratie, Avantages Acquis et j’en passe…
A l’aide, Harry, tu es notre dernier espoir.


Benjamin Franklin et la globalisation
septembre 22, 2008 on 6:04 | In Economie, Incongruités, International | Commentaires fermésLe monde est un endroit compliqué. Déjà les mécanismes à l’oeuvre dans chaque pays deviennent de plus en plus complexes, et, en plus, il est à tout moment possible d’être victime de problèmes importés et dont la responsabilité est ailleurs.
Ainsi, le problème des subprimes est-il exclusivement américain. Si les banques américaines, profitant des taux d’intérêts très bas offerts par la Federal Reserve elle aussi américaine, n’avaient offert des prêts immobiliers à taux variables pour que des Américains à revenus fort modestes achètent leurs logements américains, rien de tout cela ne serait arrivé.
Mais les Européens, qui entrent de ce fait en récession, ont quelque raison de râler contre le fait que le ciel qui leur tombe sur la tête soit celui où flotte la bannière étoilée. De même, les Russes ou les Chinois, dont les bourses ont perdu plus de 50% de leur valeur depuis leur plus haut il y a tout juste quelques mois.
Les contribuables américains, qui vont devoir débourser mille milliards de dollars (700 milliards pour le plan annoncé jeudi par le Président Bush, plus 85 milliards pour l’assureur AIG, plus 200 milliards pour les nationalisations précédentes de Freddie Mac et Fanny Mae) ont quelques raisons de se dire qu’il n’y a pas de raison qu’ils soient les seuls à payer si leur fardeau sort l’économie mondial d’un trou d’air global qui menaçait de devenir un trou noir.
Problème qui n’a rien à voir: le lait chinois frelaté. Des quantités importantes de lait ont été mélangées en Chine avec de la mélamine. Résultat: des dizaines de milliers d’enfants chinois à l’hôpital, dont quelques-uns meurent. Ceci n’est pas sans rapport avec le fait que, en dépit de la légendaire croissance chinoise des 20 dernières années, l’espérance de vie n’y augmente que très peu (3 ans en en 25 ans, contre plus du double en Occident) Et le monde de se demander jusqu’où la mélamine chinoise a pu être exportée sous forme de produit alimentaire.
Plus curieux encore, la politique chinoise d’un enfant par famille en vigueur depuis Mao créé un déséquilibre démographique qui sera catastrophique en Chine, et dont les répercussions seront indiscutablement mondiales tant il affectera les capacités productives d’un pays qui est de plus en plus « l’usine du monde ».
Preuve que ces phénomènes n’ont pas encore été intégrés: ce week-end, les 2 dernières banques d’affaires américaines indépendantes, Morgan Stanley et Goldman Sachs, ont décidé de se transformer en sociétés holdings. Elles trouveront grâce à cette nouvelle structure les avantages des banques classiques, notamment en matière de refinancement et de liquidité auprès de la Federal Reserve, lequel manque de liquidité à fait couler en si peu de temps Bear Sterns, repris par JM Morgan, Merril Lynch, repris par Bank of America, et Lehman Brothers, en liquidation. Mais elles devront, pour ce faire, accepter beaucoup plus de contrôles des régulateurs, et des ratios prudentiels beaucoup plus conservateurs, à l’égal des banques traditionnelles. C’est d’une certaine façon la fin des seigneurs de Wall Stret, et, suivant le livre de Tom Wolfe, le »bûcher des vanités ».
Mais quel impact ceci aura-t-il si le métier de banque d’affaires, rendu plus stable mais aussi moins rentable par ce surcroit de régulation est repris par les hedge funds non surveillés, ou par des établissements situés hors des Etats-Unis. Ainsi le Quantum Fund du célèbre George Soros, connu pour avoir « brisé » la Banque d’Angleterre en 1992, est-il résident à Curaçao (Antilles néerlandaises) et aux îles Cayman. Des paradis fiscaux où aucun régulateur ne vient chercher querelle à un investisseur et employeur.
En fait, la limite de tous ces exercices de délocalisations globales est qu’en cas de crise grave, le bébé revient toujours à ceux qui ont le moyen de régler le problème, les grande puissances, leur capacité budgétaire, leur qualité de signature, et leur armée de contribuables.
Car, comme le dit si bien Benjamin Franklin: « rien dans ce monde, ne peut être tenu pour certain, si ce n’est la mort et les impôts »
La révolution selon Besancenot ?
septembre 21, 2008 on 7:35 | In France, International | Commentaires fermésVoilà déjà un moment qu’il nous la promet la « Révolution » d’un nouveau genre.
Mais toujours en termes vagues et imprécis.
Il semblerait que ses contours puissent être désormais plus perceptibles au travers d’une manifestation organisée hier par la LCR.
Cette manifestation avait pour objet de dénoncer la présence occidentale et par conséquent française en Afghanistan.
Rappelons d’abord que si ce pays a été récemment occupé par les Soviétiques (au fait, qui est le « promoteur » de la révolution si pas Lénine dont le mausolée est…en Russie), il a été, lors de leur retrait, le théâtre d’une guerre civile que seul un régime islamiste fondamentaliste effroyable pour les libertés individuelles a pu arrêter.
Il suffit de lire un des ouvrages de Khaled Hosseini comme « Les cerf-volants de Kaboul » pour se rendre compte que le régime des Talibans est un exemple de l’horreur absolue. Un exemple de cette terreur est le dynamitage des Bouddhas de Bamiyan, parce qu’ils dataient de la période pré-islamique.
Les Occidentaux se sont alliés aux « anti Talibans » pour renverser le régime et tenter de stabiliser la situation politique du pays. A ceci près que les Talibans sont toujours très présents et prêts à reprendre le pouvoir dès qu’une opportunité se présentera.
Et que propose donc Besancenot ? Que les forces armées occidentales se retirent immédiatement.
« Tant qu’il y aura des troupes d’occupation militaire, les Talibans continueront à avoir le terreau sur lequel ils se développent » déclare t il. Bref, le fait que le pays était en guerre civile avant eux est une fiction de l’imagination, et il n’y a aucune raison que cela se reproduise.
Voir qu’avec les nouveaux exemples de volonté hégémonique de Moscou, les chars de Poutine, euh de Medvedev, ne veuillent rentrer dans Kaboul.
Par conséquent selon lui « il faut une aide politique, diplomatique et économique internationale pour permettre au peuple afghan, à ceux et celles qui veulent résister (aux talibans) de le faire » et « non une troupe d’occupation militaire ».
Voilà qui est beau et bien pensé. En somme, retirons nous, laissons les Talibans revenir tranquillement au pouvoir, augmenter encore et toujours la production de pavot qui sert à fabriquer l’opium, supprimer à nouveau les libertés individuelles, ré instaurer la charia; et le ferment islamiste pourra ainsi prendre racine de manière définitive dans le pays. Tout ira bien, c’est sûr.
Bel exemple de révolution.
Est cela donc cela qui nous attend, si le parti « anticapitaliste » de M. Besancenot arrive au pouvoir ?
Récit de drames politiques ordinaires sous le ciel d’Afrique
septembre 21, 2008 on 6:52 | In Best of, Incongruités, International | Commentaires fermésLa vie politique de l’Afrique australe ne ressemble décidément à aucune autre. Déjà le Zimbabwe en donnait un flagrant exemple, avec le vieux Robert Mugabe qui a réussi à s’accrocher au pouvoir après avoir perdu et une élection législative et le premier tour d’une présidentielle dont le deuxième le vit seul en lice après le désistement de son rival effrayé par une campagne de massacres contre lui et les siens.
C’est Thabo Mbeki, président de la puissante Afrique du Sud voisine qui fut chargé de a médiation entre Mugabe et son adversaire Tsvangirai, lequel Mbeki fut considéré par beaucoup comme beaucoup trop conciliant avec Mugabe. Même si, la semaine dernière, les deux adversaires zimbabwéens signèrent un accord de partage du pouvoir, personne ne sait ce qui va se passer dans le pays vu l’ambiguité du texte, qui prévoit que les ministres fassent partie de deux instances, l’une présidée par Mugabe, qui reste Président, et l’autre par Tsvangirai, qui devient Premier Ministre. Ambiance…
Le plus curieux, c’est qu’alors qu’on attendait une sortie de la scène internationale ignominieuse de Mugabe, c’est Thabo Mbeki qui vient d’annoncer sa démission. Il faut dire qu’il n’avait pas trop le choix, son propre parti l’ayant exigé.
A première vue, rien d’étrange là-dedans pour un pays qui a longtemps été influencé par la culture et l’héritage institutionnel britannique. Après tous, Margaret Thatcher et Tony Blair, chacun la personnalité politique la plus marquante de leur temps, et la plus longtemps au pouvoir aussi, n’ont-ils pas été chassés par leurs partis respectifs?
Non, ce qui est curieux, c’est la façon dont cela se passe. Thatcher et Blair ont été poussés dehors pour faire de la place de peur que les élections à venir ne conduisent leur parti à la catastrophe. Mbeki est poussé dehors alors que l’ANC, son parti et celui de Nelson Mandela est absolument sûr de gagner. C’est Jacob Zuma, son charismatique leader qui sera le prochain président sud-africain.
Sauf que Zuma n’est pas n’importe quel candidat. Combien au monde osent se présenter après avoir échappé à une condamnation pour viol faute de preuves, sous le coup d’un procès pour corruption, et faisant l’objet d’accusations de harcèlement sexuel? Voilà plus qu’il n’en faut pour couler définitivement la carrière de n’importe quel homme politique en occident.
Sauf que, encore, le procès pour corruption a été reporté, pour cause de « motivation politique », c’est-à-dire attribué spécifiquement à Thabo Mbeki après que celui-ci eût perdu au congrès de Polakwane la lutte qu’il menait contre Zuma pour le contrôle de l’ANC. On se demande bien en quoi le fait que l’action judiciaire soit, le cas échéant, à l’instigation du Président, fait que Zuma est ou non innocent d’avoir touché des pots de vin. Du vin français, d’ailleurs, car il s’agirait de Thalès.
Mais pourquoi virer Mbeki dans tout cela? Parce que la justice sud-africaine, nominalement indépendante, a décidé de maintenir les poursuites contre Zuma, et que l’ANC pense que ceci ne cessera pas tant que Mbeki sera président. Ce qui montre ce que l’ANC pense de ladite indépendance.
Mbeki est également peu populaire pour avoir géré l’Afrique du Sud « à l’occidentale » (toutes proportions gardées), ce qui a engendré un spectaculaire redressement économique, l’émergence d’une puissante classe moyenne noire inconnue du temps de l’Apartheid, et déçu les nombreux pauvres du pays, qui auraient voulu toucher plus vite les fruits d’une prospérité qu’ils veulent généreuse pour eux même s’ils ne travaillent pas. Il ne faut pas s’en étonner quand on sait le poids des syndicats et du parti communiste dans la coalition au pouvoir en Afrique du Sud.
Là, la ressemblance avec l’Europe n’est pas avec la Grande-Bretagne, mais avec la France, où la gauche se fait éjecter à chaque fois que, la politique de distribution généreuse mais à crédit perpétuel ayant trouvé ses limites (celles de la faillite du pays), elle se met à gérer avec le sens du réel et du possible, puis se fait virer aux prochaines élections.
Sauf que, comme Zuma, Mbeki n’est pas non plus un homme politique commun. Notamment pour sa dénonciation des précautions et thérapies occidentales contre le SIDA, auxquelles il préfère un remède à base d’ail, de citron, de patates et d’huile d’olives. Sa déclaration, en 2003, qu’il ne connaissait personne qui soit mort du SIDA, ne manqua pas de scandaliser dans un pays où ce fléau fit cette année-là 370.000 morts.
Comme on le voit, cette affaire est typique de l’Afrique australe, et impossible sous nos climats, où les moeurs politiques sont autrement civilisées, et policées. Jamais on n’imaginerait un Premier Ministre UMP lançant une affaire de comptes à l’étranger contre un autre UMP futur candidat à la présidentielle. Jamais on n’imaginerait cet autre candidat ripostant par l’intermédiaire de la Justice pour que la procédure handicape la candidature rivale du Premier Ministre. Jamais on ne trouverait un grand parti de gauche, c’est-à-dire chargé de la tâche noble et exigente de la défense des plus démunis, qui perde le sens de l’intérêt national dans les luttes de marigot pour le contrôle du parti.
Non, vraiment, ces évènements ne peuvent se passer qu’en Afrique australe, dans ce territoire que Kipling chantait, où l’oiseau Kolokolo encourage le naïf éléphanteau à plonger son nez dans la rivière Limpopo où maraude le crocodile qui cherche son dîner.
Une publicité qui décoiffe – un peu de légèreté dans ce monde de crises.
septembre 20, 2008 on 6:56 | In Best of, France, Insolite, International | Commentaires fermésAllez, détendons nous un petit peu.
La tempête qui souffle sur Wall Street est en train de retomber. Les Russes semblent vouloir se retirer de la Géorgie. Pas de nouvel ouragan annoncé dans le golfe du Mexique. Même la taxe pique-nique marque un temps d’arrêt, c’est dire.
Alors il ne reste à JusMurmurandi qu’à s’amuser un petit peu.
Avec une publicité qui « décoiffe ».
Qui ne craint pas les tempêtes, les ouragans ni même les tsunamis.
Elle est crée par Air New Zealand, et cible une partie bien précise de la population.
On connaissait l’homme sandwich. On aura désormais le crâne messager.
Air New Zealand propose en effet à 70 de ses passagers les plus fréquents de se faire tatouer la boule afin de faire passer des messages publicitaires lorsque ces personnes feront la queue. Et offre 1.000 Dollars néo zélandais aux personnes retenues.
Créatif, non ?
Dommage que Yul Brynner ou Kojak (Telly Savalas) ne soient plus de ce monde, ils auraiet été des candidats parfaits.
Qui reste t il en France qui puisse proposer ses services ?
Le divin chauve qui garda les buts de l’équipe de France de foot ball pendant la fameuse coupe du monde de 1998, Fabien Barthez ?
Trop tard, il est à la retraite.
Pierre Moscovici du PS, depuis qu’il s’est rasé la barbe, pourrait-il faire acte de candidature ?
Petit problème, personne n’en veut au PS ; on imagine donc mal comment Air New Zealand puisse se contenter des restes de la rue de Solférino…
Voyons voir au gouvernement: Brice Hortefeux ? Trop de cheveux.
Eric Woerth? Trop grand, personne n’arriverait à lire.
Quant aux Kouchner, Bertrand ou autres Darcos, leur tête est pour l’heure bien au chaud, couverte qu’elle est d’une pilosité généreusement développée.
Non en fait, JusMurmurandi suggère un candidat idoine.
Bientôt mis en disponibilité, il pourra se consacrer tout entier à faire de la publicité pour la Nouvelle Zélande où ses états de service (!) passés ne seront pas un handicap.
Grâce à son nom, il pourra faire de son crâne un espace publicitaire multi-marques.
Et personne ne lui en voudra parmi les siens de partir aussi loin, tellement ils sont tous impatients de le voir partir.
A vous de jouer, François Hollande !! La France vous regarde…l’arrière-crâne.

Le desesperanto du parti socialiste
septembre 20, 2008 on 7:53 | In Best of, France, Insolite | Commentaires fermésL’esperanto. Une langue universelle, facile à apprendre, qui faciliterait la communication entre tous les hommes. Quand on voit les difficultés de communication du Parti Socialiste, on se dit qu’il faudrait qu’ils inventent un esperanto socialiste.
D’ailleurs, vu que dans le mot esperanto figure clairement la racine du mot « espoir », et quand on voit le désespoir que suscite, tant dans les rangs du PS que plus largement dans le « peuple de gauche », les avatars d’un parti où les luttes de personnes tiennent compte de programme et d’actualité, JusMurmurandi se dit que ce dont les socialistes ont besoin, c’est d’éviter le desesperanto.
Bien sûr, il est facile d’ironiser sur les couacs de la majorité sarkozyenne, dont les membres ne parviennent pas toujours, (et toujours pas non plus d’ailleurs), à éviter de parler à tort et à travers (où sont donc ces villes de Tort et de Travers, où il semble que l’on parle si volontiers? Tout le monde y parle et en parle, et nul ne les connaît. Etrange, non?)
Mais comparée à la cacophonie socialiste, la majorité fait figure de philharmonie jouant une partition réglée comme du ….papier à musique!
Cette semaine, Hollande a apporté son soutien à Delanoë, qui se trouve être l’ennemi mortel de l’ex de Hollande, ex qu’il avait soutenue (Hollande, pas Delanoë, ou alors seulement du bout des lèvres, qu’il a de toute façon assez minces, ce qui en réduit encore la capacité de soutien) quand lui-même ne pouvait se présenter contre elle faute d’avoir été soutenu par les électeurs alors qu’il l’avait été par les militants. Etonnant, non? comme eût dit feu Pierre Desproges.
Dans le même temps, les barons régionaux ont décidé de soutenir Ségolène Royal à partir du moment où celle-ci ne fait plus de sa personne un préalable. En d’autres termes, ils soutiennent une motion suscitée par quelqu’un aussi longtemps que ce quelqu’un n’en est plus le leader. Vous avez dit bizarre?
Mais la lutte au sommet du PS ne se limite pas au duel Royal-Delanoë, puisqu’il faut compter aussi avec la motion de Martine Aubry. Laquelle Martine, Madone des 35 heures, a annoncé qu’elle en serait la première signataire. Comme si elle imaginait qu’une motion puisse exister que son propre auteur ne signerait pas. Etrange, n’est-il pas? Aubry sera soutenue par des éléments des courant Fabius et Strauss-Kahn. Quand on sait à quel point ses deux là n’ont rien de commun, sauf une ambition… peu commune, ce qui, en l’espèce, est exactement l’opposé d’une ambition commune, on se dit que Martine ferait bien de se rappeler l’histoire de la corde qui soutient le pendu.
JusMurmurandi se demande avec tout ça qui pourra bien être le prochain premier secrétaire d’un parti qui si fort se bagarre tout en espérant rassembler les Français. L’un des candidats déclarés, Pierre Moscovici, le seul à n’être sur aucune motion (curieux, alors que le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a du choix), se déclare inquiet et perplexe. JusMurmurandi se demande si ce sentiment ne fait pas de Moscovici le seul candidat du PS à avoir garder un semblant de contact avec la réalité.
Fort heureusement, une solution se profile à l’horizon pour le PS. La solution a deux têtes. Non, rassurez-vous, le PS ne se dirige pas (ou alors il se dirige sans le savoir, mais, en fait, on peut se demander si le PS se dirige tout court, vu l’anarchie qui y règne, à moins de dire que, dans l’état actuel des choses, il ne se dirige tout droit vers une nième défaite électorale) vers une solution à deux têtes. Ce sont les deux têtes des flèches de la cathédrale de Reims.
Car c’est à Reims que se tiendra le congrès socialiste. Bien sûr, il serait facile d’évoquer une nouvelle Saint Barthélémy (sauf que là, vu l’émiettement, les protestants risquent d’être tellement majoritaires que ce sont eux qui massacreront les orthodoxes, car on ne voit guère de catholiques à l’horizon) ou une future nuit des longs couteaux (en l’espèce, plutôt la nuit des seconds couteaux). Mais Reims n’est pas n’importe quelle ville. C’est celle, où, à la cathédrale justement, la France sacrait ses rois. Lesquels rois, oints du Seigneur, recevaient la France en partage, ainsi que le pouvoir de guérir les écrouelles.
Vu le marais, ou plutôt le sable mouvant dans lequel s’enfonce le PS, finalement, qu’ils se donnent un monarque pour être le vrai successeur de François 1er (Mitterrand, pas Hollande, car ce François-là a eu toute l’importance historique de François II, connu -tiens donc- avant tout pour avoir été l’époux éphémère de Marie Stuart, au destin -tiens donc- tragique) ne serait pas une si mauvaise idée.
Comment ça se dit, écrouelles, en esperanto?
Allo, mon oncle, Bobo!
septembre 19, 2008 on 6:21 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, International | Commentaires fermésOn peut pardonner aux financiers qui, cette semaine, ont régressé au stade d’enfants qui ont un bobo et appellent leur mère au secours, tant les marchés financiers ont vu souffler la super tornade Confiance avec une intensité qui a fait craindre l’imminence de l’implosion du système financier mondial.
Implosion qui aurait, par comparaison, sans nul doute réduit la crise de 1929 au stade simple tir de sommation.
Sauf que, dans les films américains sur la Conquête de l’Ouest, ce n’est pas la maman qui arrive pour souffler sur les plaies de son enfant, c’est la cavalerie qui arrive toujours très tard, mais jamais trop tard.
Là encore, jeudi, la cavalerie est arrivée. Et au lieu de maman, c’est l’Oncle Sam, le richissime Oncle d’Amérique, qui va nettoyer les ruines laissées par les folies de banquiers qui ont, une fois de plus, oublié que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel.
Bien sûr, il reste à l’Oncle Sam à mettre ses intentions en actes, rapidement et efficacement, ce dont on ne peut préjuger.
Mais JusMurmurandi ne va pas nier le soulagement qu’apportent les quelques 1 000 000 000 0000 dollars que va apporter sous une forme ou une autre le contribuable américain.
Les boursiers sont du même avis, avec des hausses sans précédent en Europe. A titre d’exemple, le titre du Crédit Agricole a gagné 25% en une journée! Si les boursiers sont acheté, c’est qu’ils ont confiance. Et la confiance, c’est ce qui a si cruellement manqué dans la crise de ces derniers jours. Plus que l’argent, c’est le vrai carburant de notre société, que ce soit pour la politique d’un gouvernement ou la solvabilité d’une banque.
Néanmoins, JusMurmurandi ne peut que clouer à son pilori tous ces seigneurs de la finance qui ont, avec un sens très aigu de leurs intérêts faits de méga-profits et de giga-bonus, créé ce qu’on ne peut appeler qu’un vrai merdier, et qui, ayant tant et si fort joué que leur jouet se soit cassé, ont sans la moindre vergogne appelé la puissance publique à leur secours.
L’ironie cruelle de l’historie est réservée aux actifs de Lehman Brothers, en liquidation, à leurs actionnaires lessivés, à leurs employés licenciés, aux actionnaires évincés de AIG, à tout Merril Lynch qui s’est bradé en urgence. S’ils avaient tenu simplement 4 jours de plus, ils auraient, eux aussi, été sauvés par l’Oncle Sam.
Il est à craindre que, loin de se repentir de leurs fautes, ils ne se considèrent comme des victimes d’une injustice, puisque d’autres, aussi coupables qu’eux, s’en sortiront avec leur argent et leur emploi intacts, à défaut de leur réputation.
Heureusement, nous sommes aux États-unis, où il y a des avocats pour plaider toutes les causes, même les plus oiseuses, ils pourront se lancer dans d’interminables procédures pour faire valoir leurs droits à être sauvés comme tous les autres.
Car si, en France, nous avons inventés, sous la Révolution Française, les Droits de l’Homme, sous Simone Veil le droit à l’avortement et sous Chirac et Villepin (chacun fait ce qu’il peut) le droit opposable au logement, sous Bush les Etats-Unis ont inventé le droit d’être sauvé quelles que soient les folies qu’on a commises…
La loi de la liquidité
septembre 17, 2008 on 3:44 | In Economie, International | Commentaires fermésMaurice Greenberg est une légende vivante. En 40 ans de labeur, il a fait d’AIG le premier et le plus rentable assureur mondial. Présent dans 130 pays, gérant 1000 000 000 000 de dollars (mille milliards!).
Que disait Maurice Greenberg, dont le « bébé » a été sauvé moyennant une nationalisation à 80% hier soir par le Trésor américain? Qu’AIG n’a aucun problème, sauf un problème de liquidité. Pas de problème de rentabilité ou de solvabilité. Juste un petit problème de liquidité. A peine quelques dizaines de milliards de dollars de besoins à très court terme. Donnez-nous un peu de temps, plaidait Maurice Greenberg, et tout ira bien.
Dans le même temps, la Bourse de Moscou suspend ses cotations devant l’ampleur de pertes, et la perspective de pertes encore plus grandes à venir. L’indice principal a déjà perdu plus de 60% depuis son plus haut de mai 2008, il y a à peine 4 mois, et 18% dans la seule journée d’hier.
D’après les autorités, il n’y a aucun problème avec les entreprises russes cotées dont les cours s’effondrent. Pas de problème de solvabilité ou de rentabilité. Mais l’économie russe connaît juste un petit problème de liquidité. Depuis la guerre de Géorgie, des milliards de dollars de capitaux étrangers sont sortis de Russie, effrayés par les bruits de bottes et l’agressivité du Kremlin.
Depuis, et notamment aussi à cause des spasmes des marchés financiers internationaux, les banques russes ne se prêtent plus les unes aux autres, ne sachant plus à qui elles peuvent faire confiance. La banque centrale russe a bien tenter d’injecter des liquidités massives dans 3 banques « teneuses de marché », Sberbank, Vneshtorgbank et Gazprombank pour qu’à leur tour elles prêtent à des banques plus petites, mais visiblement cela ne marche pas et il a fallu suspendre les cotations boursières.
Quel point commun y a-t-il entre les vieux lutteur Maurice Greenberg, tenant ardent de l’économie de marché, et les autorités monétaires russes, qui règnent sur une économie dominée par le pouvoir politique? En apparence, rien. En fait, l’un comme les autres donnent l’impression d’avoir oublié ce vieux principe: en temps de crise, « cash is king », la liquidité fait la loi. Ils ont tellement vécu dans une économie où les produits financiers sophistiqués ont permis de s’affranchir de toutes les règles, qu’ils sont fort surpris quand la gravité les rappelle sur terre, et avec rudesse.
JusMurmurandi prend un pari: même si leur problème est le même, et leur déni quasi autiste de ce problème et de leur responsabilité aussi, le Trésor américain, après avoir sauvé AIG, ne sauvera pas les oligarques russes et maîtres du Kremlin.
Le Carré d’as, le Ponant et l’immigration choisie
septembre 16, 2008 on 9:46 | In France | Commentaires fermésSale temps pour les terroristes de la corne de l’Afrique.
On se souvient de la prise en otage en avril dernier du Ponant, beau navire de plaisance de la CMA CGM; les pirates ont été neutralisés par la gendarmerie avec l’aide de la Royale. Après avoir remis la rançon, six des pirates sont stoppés à leur retour à terre et embarqués à bord d’un hélicoptère pour être ramenés en France afin d’être jugés.
Maintenant c’est au tour du Carré d’As, petit bateau convoyé par un couple qui se fait arraisonner au début du mois de septembre. Si un des preneurs d’otages est mort, six autres ont été faits prisonniers afin d’être eux aussi transportés en France pour que justice soit rendue.
Alors même qu’une de leurs demandes était justement que ceux de leurs camarades qui croupissent sous les verrous dans notre beau pays soient libérés en échange des deux nouveaux otages français….
Mais JusMurmurandi se demande tout de même ce qu’en pense Brice Hortefeux, proche du Président de la République, et Ministre de l’Immigration, de l’intégration et de l’identité nationale.
Est-ce sa vision de « l’immigration positive » que d’aller chercher des pirates et autres flibustiers au « Puntland » pour les ramener en France ?
Est ce que Martin Hirsch demandera à ce qu’ils puissent, d’ici à leur sortie, toucher le revenu de solidarité active?
A moins que la gauche, à l’image de la défense qu’elle a prise de l’italienne Marina Petrella, ne revendique que leur soit versé le revenu minimum d’insertion ?
Quand Ségolène Royal se démarque
septembre 16, 2008 on 7:59 | In France | Commentaires fermésDans une conjoncture économique où les nouvelles les plus folles s’entrechoquent, il est bon de revenir à ce que le bon Raymond Barre appelait le microcosme.
Et quel meilleure invitation qu’à l’occasion d’une interview donnée en direct par Ségolène Royal au journal télévisé de 20H sur TF1 [au passage, JusMurmurandi ne peut que faire un parallèle entre la baisse d'audience continue de Laurence Ferrari depuis son entrée en fanfare pour prendre la suite de PPDA et le passage de Me. Royal hier soir; était par exemple pour (re)conquérir une audience qui s'effrite ?]
Et là, avec l’assurance (!) que l’on lui connait, La Présidente [de la région Poitou Charentes] confond justement la Camif avec la Macif pour illustrer le cas d’une entreprise qui licencie 500 salariés. A se demander si elle pourrait aussi confondre La Russie avec la Géorgie ou encore Hillary Clinton avec Sarah Palin.
Car pendant son entretien, elle cite aussi une célèbre marque américaine, Frigidaire, célèbre…pour ses réfrigérateurs.
Non décidément elle n’était finalement pas si en forme que cela. Il est vrai qu’elle venait annoncer son retrait, pardon la mise en parenthèse (!) de sa candidature à la tête du PS. Mais soyons immédiatement rassurée par l’ex-candidate, les mauvais sondages ne sont pas en cause.
Cependant il est vrai que le mot démarque ne signifie pas uniquement se faire remarquer, ainsi que Ségolène Royal essayait de le faire hier soir.
La démarque illustre aussi les articles invendus que l’on solde à prix réduits, ceux dont personne ne veut…
Pour ceux qui ont des regrets quant aux résultats des élections présidentielles de l’année dernière, voici un petit lot de consolation.
La tornade Confiance (II)
septembre 16, 2008 on 3:59 | In France | 2 CommentsL’effondrement de Lehman Brothers a beau n’avoir que 24 heures, et être la plus grande faillite financière de l’histoire des Etats-Unis -excusez du peu-, qu’une entreprise plus grande vacille et menace de s’effondrer si elle ne trouve pas quelques dizaines de milliards de dollars en quelques dizaines d’heures. C’est l’assureur AIG, parmi les 3 géants mondiaux, et suivant certains classements, peut-être le premier.
Il fut un temps où les assureurs souffraient des grandes catastrophes naturelles ou artificielles. Un ouragan, un accident d’avion. Ce n’est pas ce qui menace AIG aujourd’hui, ou alors c’est que la catastrophe, c’est le passage de la tornade Confiance, déjà meurtrière pour Lehman.
Ce qu’il faut comprendre, c’est l’évolution récente de la finance mondiale. Un assureur en effet fait beaucoup plus qu’assurer des biens. Il gère aussi des capitaux pour des particuliers qui se crééent une épargne, notamment pour leur retraite. Aux Etats-unis, où règle la retraite par capitalisation, ce qui veut dire que les retraites sont fondées sur des capitaux réellement épargnés, et non sur des cotisations à venir des générations futures comme en France, ces capitaux sont énormes, et AIG en est un gestionnaire important.
Et dès lors qu’un assureur combine les métier du risque et le métier de la finance, il a d’autres possibilités. Dont une va peut-être lui coûter son existence. Pour pouvoir faire plus d’affaires, les banquiers ont besoin de fonds propres, car, depuis la crise de 1929, on sait qu’il faut à une banque des fonds propres pour servir de « coussin amortisseur » en cas de crise économique. Alors les banques ont trouvé un nouveau moyen de faire davantage de crédit sans augmenter leurs fonds propres ni violer les règles prudentielles. Dès qu’elles ont fait un prêt, hypothécaire par exemple, elles le « packagent » avec de nombreux autres prêts, et le revendent à une autre institution qui a de l’argent à placer. De ce fait, elles s’en débarrassent et peuvent recommencer à prêter.
Simplement, comme de nombreuses institutions ne souhaitent pas acheter ces packages de prêts de qualité inconnue, elles font appel à un garant, comme un propriétaire immobilier qui a un appartement à louer. AIG, compte tenu de sa taille, de sa solvabilité et de son excellente réputation était un excellent garant. Et c’était une activité très rentable, puisque sa seule signature suffisait à lui valoir une commission de garantie. Une façon de gagner de l’argent sur la seule confiance.
Sauf que, avec la crise, les crédits garantis par AIG sont devenus douteux, et la garantie donnée devient exigible. D’où la chute des cours de l’action et, en parallèle, la chute de la confiance. Laquelle chute de confiance vient de trouver sa traduction concrète aujourd’hui; les principales agences de notation financière viennent de dégrader AIG.
Ce qui veut dire concrètement que la seule signature d’AIG ne suffit plus à garantir ce à quoi elle s’était engagée, et qu’AIG doit trouver des garanties, essentiellement financières, pour remplacer celles que sa signature n’offre plus.
Inutile de dire que, par ces temps de tornade Confiance, trouver ces nouvelles ressources, qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars, n’est pas chose simple. Et que l’Oncle Sam va devoir, une fois de plus, se demander ce qui vaut mieux, sortir AIG de l’ornière avec de l’argent public, ou le laisser couler comme Lehman. Bien sûr, sauver AIG évite un problème à court terme, mais cela représente exactement la même forme de garantie par signature que celle que donnait allègrement AIG. Garantie dont on voit aujourd’hui les conséquences.
Sauf qu’on n’ose à peine imaginer les conséquences si les mêmes agences de notation qui viennent de dégrader AIG en venaient à dégrader la note de l’Etat américain, de très loin le plus gros emprunteur au monde.
Là, les faillites de Lehman et d’AIG réunies feraient par comparaison figure d’aimables plaisanteries…
Perrette serait-elle le vrai maître du Kremlin?
septembre 16, 2008 on 1:20 | In France | Commentaires fermésIl est de bon ton dans les Chancelleries comme dans les media de spéculer sur le nom du vrai maître du Kremlin. Est-ce toujours Vladimir Poutine, réincarné dans ses nouveaux habits de Premier Ministre, ou sa « créature », Dimitri Medvedev, dont il a fait son successeur à l’image de ce que son prédécesseur Boris Eltsine avait fait pour le mettre sur son orbite présidentielle?
Autre débat sur la réalité du pouvoir en Russie: réside-t-il au Kremlin, peuplé de ceux qu’on appelle les « Saloviki », ou hommes des « services », c’est-à-dire essentiellement du FSB, successeur du KGB, comme Poutine lui-même et son entourage? Ou bien est-il aux mains des « Oligarques », ces jeunes russes ultra-riches pour avoir bénéficié des privatisations à prix bradés des actifs énergétiques et minéraliers dont la Russie est si riche?
Sauf que, et si le vrai maître du Kremlin n’était pas là?
Car tout, en Russie, la fierté nationale retrouvée, l’aisance budgétaire, le luxe tapageur d’un petit nombre, la prospérité pour certains, le relative aisance pour beaucoup, la fin de la misère absolue pour presque tous, l’agressivité sur la scène internationale, tout cela repose sur un seul chiffre.
Le prix du baril de pétrole, et celui du mètre cube de gaz, qui lui est lié.
A 147$, le patron du groupe gazier Gazprom prédit qu’il sera bientôt à 250$, la bourse de Moscou flambe, et les Russes regardent le monde occidental qui se débat dans la crise financière avec dédain.
Mais aujourd’hui, le baril cote 91$, et la bourse de Moscou brûle. Près de 10% de perdus en une seule journée, soit beaucoup plus que n’importe quelle place occidentale frappée par la faillite de Lehman Brothers.
Entre temps, des capitaux immenses ont fui la Russie à la suite de la guerre de Géorgie et des craintes de son extension notamment en Ukraine.
Car 91$, c’est encore un très bon prix, mais quand on vient de 147$, quand on se voyait déjà à 250$, c’est beaucoup moins bien. Et la Russie a des besoins immenses, de reconstruction de son infrastructure laissée trop longtemps à l’abandon, d’investissement aussi dans ses ressources naturelles que les oligarques se contentent d’exploiter pour en tirer tout le profit possible à court terme, quitte à en hypothéquer l’avenir d’ici à quelques années. Des besoins militaires aussi pour remettre à niveau des forces armées asphyxiées par des années de budgets de misère.
C’est pourquoi l’avenir, l’avenir proche nous montrera si la nouvelle assurance de la Russie, certains disent sa nouvelle arrogance, résiste à une contrainte budgétaire retrouvée, comme le retour d’un vent mauvais.
C’est ainsi que JusMurmurandi se demande si le vrai maitre du Kremlin, c’est Poutine, Medvedev, les Saloviki, les Oligarques, ou tout simplement notre Perrette, qui portait sur la tête une bouteille de vodka
Le paquebot Lehman Brothers et le super-ouragan Confiance
septembre 15, 2008 on 6:48 | In Best of, Economie, France, International | Commentaires fermésC’est la saison des tornades aux Etats-Unis. On connaît Gustav, qui a fait évacuer les habitants de la Nouvelle-Orléans, et Ike, qui a fait évacuer Houston. On dit qu’au-delà d’un certain seuil, une tornade devient un super-ouragan, une super-tornade, ou tornade comme il s’en produit une fois tous les 10, 50 ou 100 ans.
Quel rapport avec la finance américaine et la banque Lehman Brothers?
C’est que, ce matin, la banque d’affaires Lehman Brothers, 4e banque d’affaires des Etats-Unis, et dans le Top 10 mondial, vient de se déclarer en faillite. Ce n’est pas qu’elle soit en cessation de paiement, ou qu’elle n’ait plus de fonds propres, non. Simplement une banque n’est pas une entreprise comme les autres parce qu’elle a besoin, pour fonctionner au quotidien, de crédit de toutes les autres banques, qui doivent donc avoir confiance qu’elle sera en mesure d’honorer ses engagements.
Et justement, il y a des semaines que Lehman Brothers, malgré sa taille, malgré son histoire longue et prestigieuse, malgré son nom respecté, n’en bénéficiait plus, de cette confiance. La faute à la crise du marché immobilier américaine, qui a plombé les comptes. Et à ses managers qui l’y ont embarqué, croyant y faire de juteux profits. Et, alors que les concurrents, Merril Lynch ou Citigroup se précipitaient pour augmenter massivement leur capital, fût-ce à prix cassés ou en mendiant auprès des fonds souverains du Moyen Orient et d’Asie, Lehman a trop tardé, n’a pas assez fait, et s’est trouvé sans chaise quand la musique s’est arrêtée.
Le problème, pour ceux d’entre nous qui ne travaillent pas pour ou avec Lehman Brothers, c’est que ce genre de jeu de chaises musicales, ne s’arrête jamais. Comme dans les émissions de télé-réalité, chaque semaine il y a un éliminé quand il ne bénéficie pas de la confiance du public.
Et, en matière de confiance, la faillite de Lehman Brothers est un très mauvais coup. Parce que ses actionnaires ont d’ores et déjà tout perdu, ce qui se chiffre en milliards de dollars. Parce que les banques qui travaillaient avec Lehman vont voir celle-ci ne pas dénouer ses transactions. Ce qui se chiffre en dizaines de milliards de dollars. Parce que cette faillite montre les limites de la bonne volonté du Trésor américain, qui a sauvé Bear Sterns en garantissant ses pertes pour qu’il soit repris, qui a nationalisé Fanny Mae et Freddy Mac, mais qui a laissé couler Lehman. Et que maintenant, les acteurs du monde financier vont regarder de nouveau quelle confiance on peut accorder à telle ou telle banque ou compagnie d’assurance elle aussi embourbée (le mot est faible) dans les pertes abyssales du subprime.
C’est si vrai que, dès cette nuit, Merril Lynch, plus gros courtier en bourse au monde, s’est vendu, ou plus exactement, s’est soldé à Bank of America en une fusion montée en quelques heures. Parce qu’ils savaient que les prochains sur la liste de la méfiance, liste aussi honnie que celle du McCarthysme dans les années 50, liste qui monte comme les eaux de la Louisiane ou du Texas quand souffle un super-ouragan, c’était eux.
Super-tornade, l’image n’est pas gratuite. Parce que c’est ce qui souffle sur la finance mondiale. Alan Greenspan vient de le dire, il n’a jamais vu cela. C’est sans précédent dans les 50, voire les 100 dernières années. C’est-à-dire pire que la crise de 1929 qui a entraîné la Grande Dépression des années 30. Dont le monde est sorti au travers d’une guerre mondiale.
Quelle est la seule conduite qui permet de se sauver quand souffle la tempête? C’est la solidarité. Faire des efforts et des sacrifices individuels pour le bien de tous. C’est ce à quoi tous les acteurs de la finance mondiale, privés ou publics, étaient conviés le week-end dernier. Et tous, tels Brennus vainqueur de Rome, ont laissé Lehman à son triste sort en disant « vae victis », malheur au vaincu.
Ni confiance, ni solidarité, ni argent public pour Lehman Brothers. R.I.P. Lehman Brothers
Bien sûr, la catastrophe n’est pas certaine. Les moyens de régulation sont infiniment supérieurs à ceux de 1929, la compétence des banquiers, privés ou centraux aussi. Mais si la super-tornade Confiance continue de souffler, le coût de n’avoir pas sauvé Lehman ressemblera au prix d’un billet de traversée transatlantique en première classe. Sur un tout nouveau paquebot. Moderne, luxueux, rapide, insubmersible. Tout comme notre monde d’aujourd’hui.
Comment s’appelle ce paquebot exceptionnel? Le Titanic, bien sûr.

Alitalia, ô Temps, suspends ton (mon ?) vol ??
septembre 14, 2008 on 12:35 | In Best of, Economie, Europe, France, Insolite, International | Commentaires fermésL’Italie, pays catholique, va t elle bientôt enterrer sa compagnie aérienne nationale ?
Il semble que les discussions qui se déroulaient avec les repreneurs potentiels aient tourné court.
Les syndicats des personnels volants, en particulier les pilotes, ont eu de telles exigences que les conditions d’une reprise éventuelle ne pouvaient être réunies, tant les revendications étaient importantes face aux économies nécessaires pour permettre à Alitalia de continuer à voler.
Au premier semestre, la compagnie a ainsi perdu la bagatelle de trois millions d’Euro par jour….
Alors qu’Air France était au bord du gouffre dans les années 90, après, entre autre, la désastreuse gestion de Bernard Attali, [frère de], les salariés de la compagnie reprise d’une poigne de maître par Christian Blanc ont compris qu’il s’agissait de leur survie que d’y mettre du sien.
En ce qui concerne Alitalia, nous assistons à une énième répétition de la célèbre phrase du président africain Sékou Touré. [NDLR : nous étions au bord du gouffre, et depuis nous avons fait un pas en avant
].
Il faut aussi rappeler que des discussions étaient bien avancées au printemps avec l’alliance Air France KLM, discussions qui furent mises à mal par des déclarations intempestives de Silvio Berlusconi, revenu au pouvoir entre temps.
Car, selon lui, il fallait une solution entièrement italienne. Toutefois pour cela il fallait tenir. Et par conséquent le Président du Conseil italien n’hésita pas un instant à violer Bruxelles, en prenant une fois encore le bon argent du contribuable italien pour tenter de maintenir les avions en vol.
Gaspillage ultime, mais sacrifice inutile.
Il semble que nous soyons bel et bien à la fin de l’aventure.
Les vols ne sont plus assurés à partir de demain, le kérosène pour remplir les réservoirs des appareils étant épuisé.
Ce qui amène JusMurmurandi à poser la seule question qui nous taraude.
Benoît XVI pourra-t-il rentrer de Lourdes en Italie pour donner les derniers sacrements à Alitalia ?
Faudra-t-il un miracle afin qu’il puisse rentrer dans ses États pontificaux ?
Eh non, car si le souverain pontife part (partait ??) toujours de Rome avec Alitalia, il est de coutume que ce soit la compagnie aérienne du pays d’accueil qui le ramène à bon port.
Ouf ! Merci, Air France !
