La toute-puissance américaine

février 27, 2009 on 5:35 | In Economie, Europe, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Oh, c’est vrai, le titre a de quoi provoquer. On lit en effet partout que la crise financière est le dernier clou dans le cercueil de la toute-puissance américaine, que ce soit sur le plan idéologique, avec la faillite du capitalisme libéral, ou sur le plan géopolitique.

Si on le lit déjà partout, vous n’avez pas besoin de le lire aussi sur JusMurmurandi :-)

Mais vous ne venez sans pas ici non plus pour lire systématiquement le contraire de ce que vous lisez par tout. Ce serait du négationnisme. Et pour cela, en politique ordinaire il y a déjà François Bayrou et l’hebdomadaire Marianne, et en crimes contre l’humanité il y a Mgr Williamson, qui en remet encore une couche ce matin en s’excusant pour les conséquences de ses déclarations, mais pas pour leur contenu.

Mais il se trouve que l’actualité donne en ce moment à voir un autre visage que celui généralement donné à lire sur les média internationaux. Et là, JusMurmurandi s’invite à la table de discussion.

Les craintes se multiplient de voir des pays d’Europe centrale sombrer dans la crise. Non pas souffrir, comme nous, mais sombrer, avec implosion financière, faillite de banques, évaporation, de l’épargne, fuite devant la monnaie, et le cortège de misère sociale qui en résulterait. Ou alternativement, ne pouvoir s’en sortir qu’avec l’aide du FMI mais se retrouver ligoté dans le corset de contraintes que celui-ci exige pour prix de ses prêts. Déjà la Hongrie et l’Ukraine sont passés sous ses fourches caudines, et d’autres pays semblent devoir y avoir recours.

La cause de la plus grande dureté de la crise dans cette région d’Europe est simple: pour se rebâtir après des décennies de communisme et d’économie centralisée et planifiée, ces pays ont misé sur les investissements étrangers et les exportations. Un exemple parmi mille, l’industrie automobile. Peugeot fait des petites voitures en partenariat avec Toyota en Tchéquie, et tout seul en Slovaquie, tandis qu’Audi fait des moteurs en Hongrie, Renault, outre sa production slovène, dévelope le roumain Dacia à marches forcée, tandis que Volkswagen fait de même avec le tchèque Skoda, etc. Et l’immense majorité des productions de ces usines est exportée, notamment en Europe occidentale, à des coûts moins élevés qu’une production locale.

Et la crise, en asséchant le marché automobile, a asséché leur plan de charge, conduisant à du chômage partiel et à des licenciements en masse. Les nouveaux investissements, qui venaient année après année soutenir la croissance de ces économies, se sont aussi taris, entraînant la fin des créations d’emplois.

JusMurmurandi ne peut s’empêcher de rapprocher ces situations de celle du Japon, autre pays dont le renouveau de croissance après deux décennies d’asthénie était lui aussi fondé sur les exportations. Lesquelles sont en baisse de plus de 40% en décembre 2008 et janvier 2009 par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. un effondrement qui dépasse la capacité de n’importe quelle entreprise fondée sur les exportations à survivre.

Et la Chine, dont 30 millions de travailleurs migrants ont déjà perdu leur emploi, et dont la moitié des fabricants de jouets a déjà fermé, tout ceci pour cause de baisse des exportations, alors même que là, le marché intérieur reste relativement dynamique pour autant que les chiffres officiels aient le moindre rapport avec la réalité, ce qui est moins sûr là que dans d’autres régions du monde.

Dans toutes ces situations, un talon d’Achille, les exportations, et, le cas échéant, un facteur aggravant, les investissements étrangers.

Or quel est le marché qui n’a pas ce problème de dépendance aux exportations ou aux investissements étrangers? Celui qui a au contraire le plus gigantesque déficit commercial que le monde ait connu, et qui donc exporte les licenciements que la baisse de son marché induit. Les Etats-Unis bien sûr.

Longtemps il a été de bon ton de dauber sur la fragilité américaine parce que ses énormes déficits étaient financé par les achats étrangers de Bons du Trésor (par les Japonais puis par les Chinois). Et d’imaginer qu’un jour ces pays puissent mettre l’Oncle Sam à genoux avec la seule menace de ne plus en acheter.

Sauf que maintenant ce sont eux qui sont à genoux depuis que les citoyens de l’Oncle Sam n’ouvrent plus les cordons de leur bourse pour acheter leurs produits.

Si bien qu’on pourrait imaginer le président Obama mettre en demeure Chine et Japon de financer une partie du plan de relance américain, tant il leur est indispensable. Vu l’ampleur [les mots me manquent pour décrire ce qui requiert un superlatif de tous les superlatifs] du déficit budgétaire qu’il soumet au Congrès, cela pourrait vite se révéler aussi inévitable que révolutionnaire.

L’Europe pourrait se retrouver dans la même situation, à un moindre degré, entre ses parties occidentale et centrale-orientale.

Vous avez dit: crépuscule de la toute-puissance américaine?

Un courant d’opinion, appelé « conspirationniste » a tendance à voir derrière chaque catastrophe la preuve d’une conspiration. Le plus célèbre exemple est l’assassinat de John Kennedy à Dallas en 1963, le plus récent est le 11 septembre, que ces dingos attribuent au gouvernement américains lui-même.

JusMurmurandi leur donne matière à exercer leur imagination enfiévrée: et si, tant le résultat est de rabaisser les concurrents de l’Amérique, la crise économique était partie des Etats-Unis non pas comme le produit d’institutions financières trop dérégulées, de cadres trop rapaces et de risques trop mal appréciés, mais comme un tour de force du machiavélique gouvernement américain pour mettre ses concurrents à genoux?

Une gauche mal initiée

février 26, 2009 on 7:50 | In Best of, France, Insolite | 2 Comments

Le tout-Paris politico-médiatique est en révolution. Le patron du futur ensemble issu de la fusion à venir Banques Populaires-Caisses d’épargne devrait être François Pérol, jusqu’ici conseiller du président Sarkozy aux affaires économiques.

L’opposition commune PS-MoDem clame qu’il s’agit là d’une forfaiture, d’un viol des institutions, et que sais-je encore. Ils ressortent les mêmes arguments que quand le texte sur l’audiovisuel a mis entre les mains de l’exécutif la nomination du président de France Télévisions.

Qu’imaginent-ils? Que Nicolas Sarkozy va choisir un de ses ennemis, justement pour éviter de se voir critiquer pour avoir choisi un de ses amis?

De toute façon, si un de ses ennemis acceptait un tel poste, et donc le devoir d’exécuter une mission avec laquelle il ne serait pas d’accord, puisque les députés PS et MoDem votent contre tous les textes gouvernementaux, y compris celui sur le sauvetage des banques, ce serait donc par pur opportunisme, pour ne pas dire vénalité. Or les socialistes ne sont pas sensibles à l’attrait de l’argent, des postes et du pouvoir, c’est bien connu. Quant au MoDem, la question ne se pose pas dans les mêmes termes car acheter un si petit parti ne serait pas d’un grand rapport.

Plus sérieusement, la pratique de nommer ses partisans aux postes de pouvoir est aussi vieille que la politique et répond à une logique claire. Il est plus facile d’appliquer une politique avec un groupe soudé et qui y croit qu’avec un ensemble aussi hétéroclite que la coalition gauloise qui a tenté de s’opposer à la conquête de la Gaule par Jules César. On sait comment cette alliance-là a fini.

Politiquement parlant, les socialistes sont sérieusement gonflés d’oser protester contre la nomination de Pérol, et ce, pour deux raisons. L’une est que, quand le plan Sarkozy de sauvetage des banques a été dévoilé, ils ont poussé des cris d’écorchés contre le fait que l’État soutenait et garantissait, mais sans prendre de pouvoir au sein des banques, comme des sièges de conseils d’administration. Maintenant que l’État s’implique dans les deux établissements français les plus atteints et va participer directement au capital, il faudrait que cette-fois-ci, pour les socialistes, et alors que les deux directions ont failli et doivent être remplacées, il ne prenne pas le pouvoir, contrairement à ce que les socialistes ont réclamé cette fois-là?

L’autre raison est que l’histoire devrait leur enseigner un peu plus de modestie. Après tout, ce sont eux qui ont nationalisé en 1981 pas moins de 40 banques. Combien de présidents ont-ils viré et remplacé par des socialistes bon teint? 40. Et dans l’audiovisuel, non seulement le président de l’audiovisuel public (il n’y en avait pas d’autre à l’époque) était nommé par le Conseil des Ministres, mais il y a eu une chasse aux opposants en bonne et due forme dans les rangs des cadres et des journalistes, virant et placardisant gaiement pour promouvoir les fidèles et récompenser les amis méritants. Jean-Pierre Elkabbach s’en souvient encore.

Il est utile de rappeler à ces socialistes à la mémoire décidément très sélective comment ils ont utilisé ce réseau de copains placés aux postes de commandement économique pour dénoyauter les entreprises privatisées avec des noyaux durs concoctés en son temps par Edouard Balladur. Et le retentissant scandale qui est résulté d’une tentative infructueuse d’appliquer cette méthode à la Société Générale, avec raid boursier, délit d’initiés et comptes à l’étranger. Et l’autre scandale issu de la même équipe, à savoir les délits d’initiés sur les titres d’une société américaine achetée par le français Péchiney. Délits d’initiés qui ont été commis non seulement par le meilleur ami de François Mitterrand, mais aussi par l’un des co-fondateurs de la FNAC, Max Théret.

Lequel Max Théret vient de mourir à 96 ans, après un parcours atypique pour celui qui s’est toujours dit homme de gauche. Un temps trotskyste, combattant les franquistes dans les ranges des républicains espagnols, fondateur de la FNAC, coopérative pro-consommateur depuis tombée dans le giron du très capitaliste François Pinault, fondateur du journal « investir », ce qui n’est quand même pas la même chose que « Lutte Ouvrière » ou « Rouge », et puis ce délit d’initié qui lui valut une condamnation correctionnelle pour avoir profité d’un tuyau trop bon pour être honnête.

Une histoire de délit d’initiés sur Péchiney-Triangle que la gauche a des raison d’avoir bien connu car, à l’époque, un des cadres dirigeants de cette entreprise alors leader mondial de l’aluminium, n’était autre que celle qui aujourd’hui joue les vierges effarouchées, le premier secrétaire du PS, Martine Aubry.

François Pérol

Martine Aubry

Nicolas Sarkozy, la folie et le fromage

février 25, 2009 on 2:36 | In Coup de gueule, Economie | Commentaires fermés

On prête au Général de Gaulle d’avoir dit que la France était ingouvernable, à preuve que ses habitants ne pouvaient s’entendre pour avoir moins de fromages que de jours dans une année, ce qui, au dernières nouvelles faisait pas moins de 365 fromages différents. Et ceci avant même la vague de créativité des fromagers industriels.

Si, à son époque, de Gaulle a été très abondamment vilipendé (Mitterrand l’a traité de de tous les noms de dictateur dans « Le coup d’État permanent », entre autres amabilités), il est aujourd’hui une figure tutélaire qui fait l’unanimité du pays.

Il ne faudrait pas pour autant que Nicolas Sarkozy en tire la conclusion qu’il suffit d’être en butte à toutes les critiques, ce qui est son cas aujourd’hui, pour se retrouver en posture de Père de la Nation plus tard.

Pourtant, ces critiques sont sûres d’augmenter dès lors que la commission présidée par Edouard Balladur va rendre ses conclusions sur le meilleur équilibre des collectivités territoriales françaises: villes, cantons, départements, régions…

En effet, ces recommandations font passer le nombre de conseillers, aujourd’hui généraux et régionaux, et demain territoriaux de 6000 à 4000. Le nombre de régions chute de 22 à 15, 3 départements, et pas des moindres, fusionnent avec Paris.

Peu importe que ces réformes aient pour but d’améliorer l’efficacité et de diminuer le coût pour la collectivité des services publics. Peu importe que l’opposition ait clamé avant même que les conclusions soient publiques, que les recommandations étaient désastreuses et à motivation exclusivement politicienne. Peu importe que la fonction publique française et les services qu’elle rend soient parmi les plus coûteux des pays comparables sans bénéfice manifeste pour les Français qui la financent.

Oui, peu importe, parce que, de toute façon, cette réforme est sûre d’échouer.

Imaginez: 2000 conseillers en moins, 3 exécutifs régionaux en moins, 3 départements en moins. Autant de fromages en moins. Impensable. Certes, vous me direz que de Gaulle ne pensait pas à ces fromages-là dans sa déclaration sur l’ingouvernabilité de la France, mais elle s’applique tout autant.

Car aujourd’hui, que voit-on en France si ce n’est pas une course au fromage? Au fromage d’État, bien sûr, le plus goûteux. Il ne saurait être question de fromage sans mentionner celui des Dom Tom, qui fait l’actualité en ce moment. Dans ces départements et territoires en perfusion financière totale de la métropole, un petit nombre de sociétés et de grandes familles se partagent le fromage économique avec un sens de la rapacité qui ferait honte au loup qui dévore l’agneau dans la fable de la Fontaine.

C’est pourquoi JusMurmurandi l’affirme aujourd’hui, Nicolas Sarkozy est fou. Fou de ne pas donner aux doux Guadeloupéens le toujours plus d’argent qu’ils souhaitent,
soutenus en cela par 80% des Français. Fou d’avoir réformé la carte judiciaire en réduisant le nombre et le coût des tribunaux. Fou d’avoir réformé la carte militaire en réduisant le nombre et le coût des implantations des troupes. Fou d’avoir clamé qu’il allait falloir travailler plus si l’on voulait gagner plus. Fou d’avoir concocté un plan de relance à base d’investissements, d’infrastructures et de soutien aux banques et aux entreprises. Car il n’y a pas de fromage là-dedans, et la France, chacun le sait, est le Pays du Fromage.

Ceci explique sans doute pourquoi l’inauguration du Salon de l’Agriculture par le Président a été brève et peu chaleureuse, alors que la visite de son prédécesseur, Jaques Chirac, a quasiment tourné à l’émeute. Car le second, lui, contrairement à son successeur, adore le fromage.

Évidemment, vous me direz que, pour avoir du fromage, encore faut-il pouvoir en produire, et que, pour cela, il faut du lait. Lequel lait est malheureusement rare car on a tant trait la vache qu’on l’a quasiment tarie.

C’est pourquoi, pour pouvoir donner toujours plus de fromage même quand on n’a plus de lait, sans doute faut-il se tourner vers d’autres spécialistes que Sarkozy, qui n’a pas l’air suffisamment créatif dans ce domaine.

JusMurmurandi peut recommander un tel spécialiste, ou plutôt une, car c’est une femme. Non, ce n’est pas Ségolène Royal, pas plus que sa rivale Martine Aubry. Elle s’appelle Perette, et, du lait, elle a un plein pot.

Le problème, c’est qu’elle n’expose pas au salon de l’Agriculture, mais plutôt du côté du Festival de la Magie…

Nicolas Sarkozy au Salon de l'Agriculture

Petit cours de paradis fiscal, de fraude, de chantage et d’histoire

février 24, 2009 on 3:24 | In Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Voilà un sujet sulfureux à souhait. On y trouve quasiment tous les tabous de la civilisation occidentale, tous les interdits, tous les scandales. Toutes les démagogies aussi. C’est pourquoi, après avoir chaussé ses cuissardes et enfilé son scaphandre étanche résistant aux contaminations nucléaires, bactériologiques et chimiques, Jusmurmurandi vous offre un petit abécédaire de ce dont on parle.

Paradis fiscal: se dit d’un pays où une activité où un actif ne paye pas (ou presque pas) d’impôts. Ainsi, pour les bateaux, le Panama est un paradis fiscal,raison pour laquelle, en termes d’immatriculations, le Panama a une des plus puissantes flottes commerciales au monde. Ceci n’a rien à voir avec un quelconque secret ou une quelconque fraude ou illégalité, uniquement avec l’absence d’impôts. Autre exemple: pour les citoyens monégasques, il n’y a pas d’impôts sur le revenu. Sur ce créneau là, Monaco est donc un paradis fiscal.

Évasion fiscale: se dit d’un flux ou d’un montant d’argent dont le propriétaire veut éviter qu’il ne paye de l’impôt, mais, à la différence d’un paradis fiscal, une évasion fiscale se fait en contournant ou en violant la règlementation fiscale d’un pays. Ainsi, si un exportateur se fait payer une partie de son prix de vente ailleurs que dans son propre pays pour éviter d’y payer cette partie de ses impôts, c’est de l’évasion fiscale. Il va de soi que l’évasion fiscale a tendance à se multiplier dans les pays à très forte fiscalité, et vers des paradis fiscaux. Pourquoi en effet détourner des capitaux d’un pays à faible imposition vers un autre où elle serait plus forte?

Fuite des capitaux: se dit de capitaux dont leur propriétaire organise qu’ils quittent un pays jugé risqué. Ceci peut se faire légalement, comme un investissement dans un pays étranger, ou illégalement par le biais de transaction occultes. Ainsi, le déclenchement de la mini-guerre avec la Géorgie a-t-il déclenché une maxi-fuite des capitaux de Russie par des citoyens inquiets.

Blanchiment de capitaux: se dit de capitaux d’origine illégale, souvent criminelle, que leur détenteur veut « légaliser » afin de pouvoir les utiliser. C’est l’argent des commissions occultes, de la drogue, de la prostitution, du racket, et autres activités de même nature. Pour « blanchir ces capitaux, il faut disposer d’une activité publique qui acceptera des rentrées le plus souvent en billets de banque, mais aussi en virements bancaires d’origine injustifiables, le tout sans poser de questions. Dès lors que les fonds seront recyclés par cette activité publique, leur provenance ne pose plus problème, ils sont « blanchis ». Ainsi un restaurant peut déclarer des recettes supérieures à son chiffre d’affaires réel, en les complétant par du liquide censé avoir été déposé par des clients en réalité fictifs. Le restaurant va donc faire un bénéfice artificiellement gonflé, lequel pourra être distribué le plus légalement du monde, en apparence tout au moins. Cet exemple est celui d’un blanchiment au petit pied, mais le même mécanisme fonctionne souvent à beaucoup plus grande échelle.

Comptes anonymes et secret bancaire. Ce sont des comptes dont le titulaire reste anonyme, protégé par le secret bancaire du pays où est le compte, comme la Suisse, le Luxembourg ou le Liechstenstein pour ne citer que l’Europe. Évidemment l’anonymat du compte peut servir à protéger de l’argent en fuite, ou illégal. Mais le secret est aujourd’hui levé quand l’origine criminelle des capitaux peut être alléguée. Et tout aussi évidemment, ce secret et cet anonymat se complètent bien avec une pression fiscale très faible.

Régulation: quand un pays veut attirer des capitaux, il peut choisir de compléter son attractivité principale, celle d’un paradis fiscal, par une régulation très limitée, ce qui permettra à des opérateurs de faire ce qu’ils veulent (y compris n’importe quoi, à commencer par des prises de risques exagérées), alors que ce serait interdit dans des pays à régulation plus développée.

Il est de bon ton en ce moment de taper sur les paradis fiscaux. Il y en a même un qui tape avec un très gros bâton, c’est l’Oncle Sam. Le fisc américain a réussi à prouver que la banque suisse UBS, par ailleurs déjà estropiée par la crise financière et mouillée jusqu’au cou dans le scandale Madoff, a aidé 300 de ses clients américains à frauder le fisc. Il a donc mis en demeure UBS de livrer le nom de ses clients et de payer une forte amende, ou de perdre sa licence bancaire américaine, ce qui lui interdit les clients américains, les actions et obligations et bons du trésor américains. Pour la première banque de gestion de fortune au monde, c’est quasiment un arrêt de mort. La banque a donc transigé, et, avec l’accord des autorités suisses, dérogé au célèbre secret bancaire pour livrer les noms des fraudeurs. Mais les autorités américaines en veulent plus, et somment UBS de livrer les noms de 52000 clients US, propriétaires présumés illégaux de 18.000 milliards de dollars.

Il va sans dire que l’Union Européenne s’engouffrerait dans une pareille brèche et réclamerait aussi les noms de tous les clients européens soupçonnés de pratiquer l’évasion fiscale en Suisse. Ce serait alors le plus retentissant scandale financier de l’histoire, car l’on constaterait que la Suisse abrite une formidable collection de tous les puissants de la terre. Les crapules en merde massive (pourquoi seul l’or serait-il massif?), narco-traficants, dictateurs cachant là le fruit de leur corruption et autres prévarications, trafiquants d’armes, proxénètes et ainsi de suite. Mais aussi de nombreux hommes riches plus soucieux de payer moins d’impôts que de suivre la loi à la lettre. Et on pourrait aussi trouver des sommes appartenant encore aux familles juives massacrées par les Nazis, sommes que les banques suisses n’ont restituées aux ayant-droits que sous la plus extrême contrainte (déjà!) et partiellement.

On y trouverait sans aucun doute aussi de nombreux politiciens de tous bords, y compris pourquoi pas des Démocrates du bord de ce même Obama dont l’administration menace UBS. Ainsi JusMurmurandi, toujours taquin, ne peut s’empêcher de constater que 2 des candidats retenus par le Président américain pour des postes importants ont du se récuser quand ils ont été confrontés à leur « oubli » d’avoir payé tel ou tel impôt. Même Timothy Geithner, aujourd’hui tout-puissant Secrétaire américain au Trésor a eu quelques soucis de ce côté-là, mais a néanmoins été confirmé par le Sénat.

On voit donc que les débat sur les paradis fiscaux a toutes les chances de se révéler croustillant. On commence fort civilement par vouloir réguler des place-fortes de la prise de risque sans limite, on continue par vouloir exploiter une des dernières ressources fiscales non encore mises à contribution, celle de la fraude et de l’évasion fiscales. On en profite pour jeter tout ce beau monde en pâture à la populace en mélangeant cette fraude fiscale qui n’est même pas un délit dans certains pays, avec la crise financière, les hedge funds, Madoff, les dictateurs et autres trafiquants. Et on va découvrir plus de secrets d’alcôve financière qu’il n’y a de contrôleurs fiscaux pour redresser tout ce joli monde, dont les démissions vont dépeupler le gotha de la finance et de la politique dans le monde entier.

Enfin ils vont, si la suisse « autorise » UBS à céder aux Américains. Car, pour sauver ainsi sa plus grande banque, la Suisse torpillerait une florissante industrie, ce qui n’est pas exactement dans leur nature. On peut donc s’attendre à une féroce résistance de la part d’un pays dont les défenses -ainsi que l’accueil par regardant du tout à leurs capitaux- a fait reculer les Nazis d’Adolf Hitler.

La suite promet d’être intéressante; JusMurmurandi se prépare à compter les coups, surtout s’ils sont bas.

Banques et automobiles, même combat?

février 23, 2009 on 2:08 | In Economie, France, Incongruités, International | 2 Comments

Les chiffres record s’accumulent avec cette crise véritablement sans précédent. Quelques uns illustrent l’état de confusion et de délabrement du système économico-financier mondial.

En janvier, le premier marché automobile au monde était…la Chine. Les marchés américain et japonais, effondrés, ont cédé le pas. Ce qui rend la situation véritablement intéressante, parce que le marché chinois est en pleine transition entre une part de marché étrangère de 100% au départ (dominé par Volkswagen, GM et les japonais), et une part de marché croissante de constructeurs chinois inconnus hier, et qui, aujourd’hui, visent aussi l’exportation.

Plus symbolique encore, le cas de Citigroup, hier premier groupe financier mondial. Son action est tombée la semaine dernière en dessous de 2 dollars, donnant à l’ensemble une capitalisation boursière de moins de un milliard de dollars. Moins de un milliard de dollars, c’est à dire moins que rien pour un groupe de cette taille. Moins de 5% de celle de BNP-Paribas par exemple, qui n’a pourtant pas été épargnée par la crise, ayant perdu les 3/4 de sa valeur en moins de 2 ans. Tandis que Citigroup a perdu plus de 95% de la sienne. L’exemple qui vient à l’esprit pour un tel effondrement d’un géant autrefois dominateur est, bien sûr, General Motors. Ce qui nous ramène tout droit au marché automobile. Comme nous y ramène aussi le fait que deux des trois métiers les plus sinistrés par la crise sont l’automobile et la banque. L’un et l’autre sont également liés par le fait qu’il faut que les banques fonctionnent pour que les consommateurs puissent acheter à crédit des automobiles.

Ce qui oblige à poser cette question quelque peu curieuse: la banque est-elle l’automobile des années 2000?

Par beaucoup de côtés, oui. Les pays occidentaux, anglo-saxons en particulier, avaient largement accepté le déclin de leur industrie manufacturière, automobile en particulier, en contrepartie du développement de leurs métiers de services, services financiers en particulier. Ce qui faisait de Citigroup le successeur naturel de General Motors au firmament de la toute-puissance économique américaine. Et les Américains n’ont eu de cesse, dans les négociations de l’OMC, de marchander l’ouverture de leur marché aux produits d’autres pays en contrepartie de l’ouverture de ces pays aux services financiers américains.

Un court retour en arrière rappelle que l’industrie manufacturière américaine traditionnelle a déjà cru connaître une manière de successeur sous la forme de la high-tech des années 90. Intel et Microsoft devaient être les nouveaux champions planétaires de l’Oncle Sam, et Bill Gates était l’homme le plus riche du monde année après année. On sait comment a fini cette formidable émergence, avec l’éclatement de la bulle Internet en 2000/2001.

Ce qui est plus curieux est que, dans de multiples cas, la menace -ou bien est-ce une promesse?- de nationalisation d’une banque a eu pour effet de faire remonter son cours de bourse, en montrant que l’Etat était prêt à garantir la survie de la banque. or l’action de Citigroup ne cesse de baisser à chaque discussion d’une possible nationalisation, alors que celle de GM monte et baisse dans les cas inverses.

Toujours est-il qu’il est clair que les Etats-unis ne répèteront pas l’erreur ruineuse qui a consisté à laisser tomber Lehman Brothers, ce qui permet à Citigoup, et à son concurrent Bank of America, atteint du même syndrome quoiqu’à un moindre degré, de poursuivre leur activité sans trop craindre un exode des clients. Mais que, si on évoque le dépôt de bilan de GM et Chrysler comme possible, voire même probable, personne ne se hasarde à envisager leur antionhalisation. C’est-à-dire là encore l’inverse de Citigroup ou Bank of America.

En attendant, si le monde commence à savoir penser une forme d’existence où la voiture à moteur à combustion interne d’hydrocarbures fossiles ne serait plus omnipotente, nous n’en en sommes pas, même de très loin, à commencer à imaginer un monde sans banques ni épargne ni crédit…

A un autre niveau, une fois de plus, une simple comparaison montre que la France ne s’en sort pas si mal face à ses concurrent anglo-saxons, que ce soit au niveau des banques, des fabricants d’automobiles ou du déficit budgétaire, ou encore de l’immobilier. De nombreux média de ces pays titrent d’ailleurs sur l’excellence du « modèle français » mixte État-marché.

On pourrait en déduire que Nicolas Sarkozy recueillerait les justes fruits de cette moindre dureté des temps en termes de popularité.

Ce serait supposer que les Français soient (1) économiquement alphabétisés, (2) aussi prompts à louer qu’à critiquer et (3) rationnels plutôt que passionnels

Finalement, de même que certaines entreprises doivent se réjouir aujourd’hui d’avoir perdu certaines batailles en 2007, comme Barclay’s qui a laissé son concurrent anglais RBS racheter la banque néerlandaise ABN-AMRO, achat qui l’a coulé, ou comme Michaïl Prokhorov qui a perdu la bataille du nickel contre deux autres oligarques russes et à été contraint de leur vendre ses actions contre cash juste avant l’effondrement de leur valeur, ce qui a ruiné les « gagnants », un voyage de Ségolène Royal est comme un long fleuve tranquille par rapport à tout déplacement de Nicolas Sarkozy.

Cela donnerait un tout nouveau sens à sa défaite et à la victoire de NS si tous deux avaient su à l’avance que gagner ce jour-là, c’était embarquer comme capitaine de paquebot quand rugissent les vagues géantes et soufflent les typhons.

On peut se demander aussi ce que pense François Pérol, aujourd’hui chargé des questions économiques au cabinet de Sarkozy et qui sera demain le patron de la fusion Banques Populaires-Caisses d’Epargne, toutes deux en grande difficulté notamment du fait de leur filiale commune, Natixis. Qu’ayant connu la peste, il est maintenant mûr pour lutter contre le choléra?

La grosse commission (de Bruxelles)

février 20, 2009 on 10:05 | In Coup de gueule, Economie, Europe, Incongruités, International | Commentaires fermés

Il est des cas quand de talentueux humoristes qui s’astreignent à une production quotidienne d’humour sur commande ne sont pas très inspirés. Il y a alors un recours qui permet de pallier la panne d’inspiration, c’est le fameux thème pipi-caca. Laurent Gerra, le brillant imitateur qui se produit tous les matins sur une radio périphérique est bien connu pour ce recours à l’univers érotico-uro-scato.

C’est pourquoi, quand vous lisez ici que JusMurmurandi se lâche et que son titre donne dans la métaphore grasse, vous vous dites: eux aussi sont en panne d’inspiration.

Que nenni, Messeigneurs, c’est délibéré.

Car traiter la Commission de Bruxelles de grosse commission, c’est dire qu’ils ont fait plus que se compisser, il se sont conchiés. Et si d’aventure il vous déplaisait de lire pareils mots sous notre plume, sachez qu’ils sont empruntés, entre autres, à François Villon et à François Rabelais.

Revenons donc à l’étron qu’a commis la Commission (si l’on ose dire). Ladite commission était resté étrangement silencieuse depuis les mois que dure la crise qui bouleverse le monde et ruine les européens par millions. Encore sous la présidence Sarkozy Manuel Barroso faisait-il partie des voyages présidentiels, fût-ce aux places arrières de l’avion, mais avec la présidence tchèque, on a l’impression que la chaise de Commission est vide. Ce qui, contrairement à une chaise percée, qui sert à quelque chose, ne sert manifestement à rien. Il faut dire que, puisque la vacance de la Commission semble indiquer que sa principale occupation consiste à serrer les fesses pour attendre que cela se passe, on se demande quel usage ils pourraient avoir d’une chaise percée.

L’étron, donc, c’est qu’au milieu de cette immobilité constipée, la Commission a décidé de passer à l’action. Et a subito presto entamé une procédure de déficit contre 6 pays européens pour dépassement du déficit prévu par le pacte de stabilité, soit 3% du PNB.

Rarement a-t-on vu une action plus faux-cul. Il y a des mois que l’on sait que la crise va plonger les Etats européens dans une récession en 2009 qui va creuser les comptes budgétaires de tous. Il y a des mois que la Commission elle-même a recommandé d’appliquer des plans de relance de l’ordre de 1,4% de PIB. Ce qui veut dire que tout Etat dont les finances publiques connaîtraient un déficit supérieur à 1,6% du PIB serait interdit de relance. Quand on prend en compte la dégradation du déficit causé par une forte récession, qui ampute les recettes fiscales sans amputer les dépenses, cela veut dire que quasiment aucun Etat ne pourrait relancer son économie suivant les « conseils » de la Commission sans encourir les foudres de la même Commission.

Peut-être les Européns ne sont-ils pas suffisamment dans la mouise, ce qui expliquerait que Bruxelles ait voulu en rajouter une louche. Peut-être la crise donne-t-elle à suffisamment d’européens l’impression de l’avoir dans une partie charnue de l’anatomie au point que la Commission européenne ait voulu administrer à tous un puissant laxatif, dont on sait que l’effet premier est de faire chier.

Force est de reconnaître qu’ils ont réussi. On aurait voulu fâcher les Européens avec l’Europe version Commission de Bruxelles qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Et ce, pour faire bonne mesure, juste avant les élections européennes, qui permettront aux électeurs d’exprimer ce qu’ils pensent d’un pareil lavement.

A l’époque où les agriculteurs français voulaient faire pression sur la Commission pour obtenir d’elle de meilleurs prix garantis pour leurs productions, un moyen des plus fins, élégants et délicats qu’ils utilisaient pour se rappeler au bon souvenir des commissaires bruxellois était de déverser devant les bâtiments européens un savant mélange de fumier, de purin et de lisier.

Sans doute est-ce en mémoire de ce rituel historique que la Commission a décidé de se substituer aux agriculteurs de l’ancien temps. Et qu’elle se couvre elle-même, sans recours à des cochons ou à des tracteurs, de ses propres excréments.

Ou peut-être est-ce par solidarité avec les Européens, pour montrer qu’elle aussi est dans la merde?

La Russie, terre de l’échec ou des échecs?

février 19, 2009 on 7:00 | In Coup de gueule, Incongruités, International | Commentaires fermés

Les échecs, c’est bien connu, sont une spécialité russe. Mais ce n’est qu’en langue française que les échecs, c’est-à-dire le jeu, sont le pluriel de l’échec, qui veut dire le ratage.

Or c’est bien une série d’échecs que récolte le pouvoir russe, sans doute pour avoir voulu trop jouer. Les faits sont bien connus: le meurtre en plein Moscou de la journaliste Anna Politkovskaïa. Ce crime en plein jour fait tache, d’autant qu’il n’est pas le seul, le banquier central Andréï Kozlov ayant été lui aussi massacré dans la capitale russe. Ainsi que de nombreux autres, moins connus en Occident, comme Zelimkhan Magomedov ou Alexandre Plokhine.

Mais le cas d’Anna Politkovskaïa ternit la réputation de la Russie et de l’équipe au pouvoir, qui est immédiatement soupçonnée d’avoir commandité l’élimination d’une journaliste d’opposition. Laquelle équipe annonce bientôt que les assassins sont connus. Et aujourd’hui s’achève le procès de 4 d’entre eux, en tout cas en ce qui concerne l’accusation.

Il faut dire que ce procès ne satisfaisait pas grand-monde. Les autorités n’avaient pas réussi à réunir de preuves contre les accusés. Des documents avaient mystérieusement été perdus. Les tests ADN sur l’arme du crime n’avaient rien donné. Le FSB, successeur du KGB avait refusé de livrer le contenu des dernières conversations téléphoniques d’Anna Politkovskaïa avant sa mort. Et surtout, il n’y avait ni mobile évident pour les 4 hommes, ni la moindre indication de l’identité d’un quelconque commanditaire. Enfin l’assassin présumé était absent, présumé en fuite à l’étranger.

Bref, on s’attendait à un procès fantoche comme Moscou en a déjà donné dans les années 30 et 50, un temps qui semblait révolu. Et on anticipait sur la satisfaction des autorités russes déclarant que tout allait pour le mieux dans la sainte Russie, où les coupables sont immanquablement châtiés pour leurs crimes odieux.

Oui, mais voilà, il y a eu un hic. Le tribunal a acquitté les 4 accusés. Du coup le meurtre est officiellement non résolu, et la farce de l’autosatisfaction medvedevo-poutinienne n’a pu être jouée. Elle était pourtant d’autant plus indiquée qu’il y a peu Stanislav Markelov, avocat impliqué dans des dossiers tchétchènes comme Anna Politkovskaïa, et Anastasia Babourova, stagiaire dans le même journal qu’elle, étaient assassinés en pleine rue à Moscou. Ce qui continue à faire tache. Tache de sang, bien évidemment.

Cet acquittement est donc à première vue un spectaculaire échec pour le Kremlin, dont la stratégie de « il n’y a plus rien à voir » est battue en brèche. Évidemment, cela pourrait permettre aux autorités russes de mettre en avant cette « preuve » de l’indépendance de leur justice alors que tous les Occidentaux considéraient cette affaire comme jugée d’avance, mais cette voie ne ressemble pas un coup d’échecs à la russe.

Non, ce qui serait plutôt dans leur manière est que, comme il n’y a pas eu condamnation, le dossier est toujours ouvert, et pourra donc resservir contre toute personne qui aurait eu le malheur de déplaire. Ainsi les autorités avaient déjà indiqué pendant un temps que les assassins de Politkovskaïa étaient aussi, contre toute vraisemblance, impliqués également dans le meurtre de Kozlov, voire dans celui d’Anatoli Litvinienko, mort d’avoir ingéré à Londres du polonium, matériau hautement radioactif administré, si l’on en croit l’opinion générale, sur ordre du Kremlin.

Pendant ce temps, après des années de détention, le ministère de la justice russe vient-il de lancer de nouvelles et graves accusations contre Michaïl Khodorkovski, l’ex patron milliardaire propriétaire de Youkos, emprisonné en Sibérie pour fraude fiscale après un procès largement considéré comme truqué. Pour quoi est-ce après des années, et juste au moment où il pourrait être libéré, que de nouvelles charges surgissent tel le squelette d’un mammouth du permafrost sibérien?

En tout cas, Jusmurmurandi fait deux prédictions. L’une que ce n’est pas au cours du procès Khodorkovski qu’on risque de voir le tribunal acquitter celui que le Kremlin veut vraiment abattre. Et donc, en corollaire, que l’affaire Politkovskaïa ressortira au moment opportun pour servir contre quelqu’un d’autre. Quelqu’un dont la condamnation vaudrait pour le Kremlin le coût de ces échecs apparents.

Dommage pour le Kremlin qu’on ne puisse pas coller ce meurtre à Khodorkovski. Encore que, et pourquoi pas? Voilà qui règlerait deux problèmes d’un coup.

Comme aux échecs…

Anna Politkovskaïa

Le triomphe du marché

février 19, 2009 on 8:55 | In Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite, International | Commentaires fermés

Il est des ironies cruelles. A l’heure où les anti-libéraux, anti-marchés et autres partisans de l’économie régulée ont des arguments pour démontrer que « l’économie de marché, ça ne marche pas », JusMurmurandi pose une question simple.

Dans tous les pays gros producteurs d’automobiles, cette industrie est sinistrée. Pour le moment, les Etats mettent les producteurs sous perfusion d’argent public. General Motors consomme 2 milliards de cash par mois, et le montant requis pour lui permettre, ainsi qu’à son concurrent Chrysler, de survivre ne cesse d’enfler. Histoire de dire que ce n’est pas du qu’à l’ineptie de ces constructeurs, à l’asthénie du système bancaire américain, ou à l’état de dépression de ce marché, Nissan, constructeur ayant affiché la plus forte marge bénéficiaire mondiale, cherche une injection de fonds de 20 milliards de dollars.

Quand ce n’est plus seulement le cancre, mais toute la classe, y compris les meilleurs élèves, qui sont en grave difficulté, peut-être est-il temps de remettre en cause le programme. Or, justement, pour cause de pollution et de réchauffement climatique, de renchérissement et de raréfaction du pétrole, la fin de la civilisation de l’automobile avait été programmée.

Le problème, c’est que quand une conjoncture d’une violence extrême et inattendue dévaste cette industrie, subitement tous se réveillent pour se rappeler le nombre considérable de personnes qu’elle fait vivre. Ainsi l’Allemagne, pays si soucieux d’environnement qu’il a voté il y a des années déjà sa sortie du nucléaire, accorde une aide de 2500€ par voiture vendue, c’est-à-dire achetée.

Le problème, c’est que les aides d’Etat ne font rien pour régler le problème. Tout au plus le reportent-elles en permettant aux constructeurs de passer une échéance, puis une autre, puis encore une. En attendant une hypothétique reprise, après laquelle tous espèrent que « cela redeviendra comme avant ». Pire encore, les aides sont assorties de conditions qui minimisent l’impact social des mesures prises par les constructeurs pour se restructurer, ce qui retarde leur inévitable adaptation à un monde qui aurait effectivement, au moins pour sa partie occidentalo-développée, mis à terme à son histoire d’amour avec la bagnole.

Complément d’ironie, cette crise des achats automobiles a été déclenchée par la hausse vertigineuse du coût des carburants, hausse qui appartient maintenant à un passé qui paraît bien lointain. Mais la baisse des prix n’a pas fait repartir la demande, qui, ces derniers mois aux USA situe le volume du marché quelques 50 ans en arrière. Ce qui vaut aussi au Japon une baisse vertigineuse de son PNB du 4e trimestre, à -12,7%, entraînée par une baisse des exportations de 45%!

C’est pourquoi JusMurmurandi observe que ceux qui théorisent sur le retour de l’Etat face aux marchés ont peut-être raison en parlant des marchés financiers. Encore qu’il faudrait se demander si les montants gigantesques de capitaux investis et garantis par les pouvoirs publics ont jusqu’ici relancé les activités de crédit, ce qui n’apparaît pour le moins pas évident aux Etats-unis notamment.

Mais il est un maître que même les Etats ne peuvent faire plier, c’est le marché. Si les consommateurs continuent de refuser de consommer et préfèrent, comme actuellement, se désendetter et épargner, il n’y a pas grand chose que les Etats y puissent. Le Japon qui a vécu 20 ans de récession/stagnation malgré de nombreux plans de relance coûteux aurait pu servir d’exemple.

Le problème le plus aigu est donc de trouver une réponse efficace à la question « comment faire boire un animal qui n’a pas soif? » Car, comme le sait la sagesse populaire, « on peut mener son cheval au puits, on ne peut pas le forcer à boire. »

C’est la faiblesse de tous les plans de relance de la consommation, à savoir que les sommes distribuées ne seront pas dépensées, mais épargnées, et ne contribueront pas à la relance tant désirée. C’est donc jeter de l’argent dans un puits sans fond.

JusMurmurandi note avec intérêt qu’il y a eu une proposition originale pour tenter de sortir en force de cette situation. C’était de donner non pas de l’argent, mais des bons de consommation, qu’il s’agisse de produits alimentaires ou de chèques services. Quelle situation abrancadabrantesque quand il faut forcer les gens à consommer. Quelle leçon pour ceux qui n’aiment pas le marché!

Si l’Etat, en bonne logique, est conduit par ce qui précède à distribuer des voitures à ceux qui veulent, JusMurmurandi tient à faire preuve de civisme et acecptera sans barguigner d’être parmi les premiers à participer à ce programme!

Dans le dur…

février 16, 2009 on 9:21 | In France | Commentaires fermés

Il y a longtemps que JusMurmurandi indique que la crise que traverse l’économie mondiale est profonde et risque d’être durable. Cela étant, notamment en France où existent de nombreux « amortisseurs sociaux », ses effets ne sont pas encore véritablement sensibles.

En clair, les Français ont peur, mais ils n’ont pas encore véritablement mal. Le pouvoir d’achat n’a (encore) baissé pour personne. Les chômeurs supplémentaires sont des gens qui ne trouvent pas de travail, et pas (encore) des gens qui ont perdu le leur à cause de la crise.

Il n’y a pas de millions de Français expulsés ou menacés de l’être pour cause d’emprunts immobiliers non remboursés comme aux Etats-Unis, en grande-Bretagne ou en Espagne.

Mais il y a des signes que cette phase se termine, et que la douleur va commencer. En voici quelques uns, choisis au hasard de l’information internationale ce lundi.

Singapour Airlines, la compagnie aérienne la mieux gérée au monde, celle qui dispose de la flotte la plus jeune,et qui dessert la région la moins frappée par la crise, va retirer de sa flotte 17% de ses avions. 17%! Cela donne une idée de la baisse du nombre des passages et, plus encore des tonnes de fret. C’est un assez bon indicateur de l’activité économique sous-jacente. Ou plutôt de sa faiblesse.

General Motors envisage de se déclarer en faillite. En soi, rien de nouveau, même si cette perspective fait frémir toute personne qui comprend la réaction en chaîne que cela va déclencher. Le « hic », c’est que ce serait après avoir reçu 10 milliards de dollars d’aide du gouvernement, et pas faute de l’avoir reçu. Ce qui montre à quel point ils sont mal. Mal en point, bien sûr. 10 milliards de dollars disparus comme un pourboire dans le tablier d’une serveuse. Comment mieux illustrer le désastre?

L’économie japonaise a vu son PIB se contracter de 12,7% au dernier trimestre 2008. 12,7%, soit plus qu’aucun autre trimestre sauf celui du plus fort du choc pétrolier de 1974, celui qui a mis un terme aux « Trente Glorieuses ». Par contraste, la contraction française avec 1.2%, soit onze fois moins apparaît comme presque un bienfait.

Alors, évidemment, à la lumière, si l’on peut dire, de ce que ces quelques faits glanés de ci de là laissent prévoir de ce qui va nous arriver, il devient moins évident de s’émouvoir des revendications des antillais contre « la vie chère » alors qu’ils ont le niveau de vie le plus élevé des Antilles grâce au transfert de richesse de la métropole.

Il devient moins évident de soutenir le droit des enseignants chercheurs à n’enseigner que 8 heures par semaine et à ne jamais rien publier qui porte témoignage de leurs recherches, sans parler de leurs découvertes. N’est pas Montagnier qui veut, après tout.

Il devient moins évident de militer pour le maintien d’un dividende de la part d’entreprises, qu’elles soient bancaires ou automobiles, dès lors qu’il leur a fallu le soutien de l’argent des contribuables pour éviter un sort contraire.

Il devient moins évident de donner raison aux socialistes qui revendiquent à cor et à cris un plan de relance de la consommation quand on se souvient que tous ceux qui ont été mis en place, tant par la droite (Chirac en 1974) que par la gauche (Mitterrand en 1981) ont fait le jeu des importations et pas des emplois français.

A tous ceux qui donc trouvent qu’il est indispensable de se plaindre, JusMurmurandi leur promet que les temps à venir vont leur en donner d’amples raisons. Et cette-fois-ci ce ne seront plus des gesticulations que l’on verra à la télévision, mais des vraies scènes de détresse.

C’est pourquoi il faut espérer que les efforts des gouvernements permettent d’éviter les scénarios catastrophe. Et se dire qu’un échec ne serait pas de droite ou de gauche, mais tout simplement de France.

Et s’en réjouir au motif qu’il abattrait un adversaire politique serait un bien piètre calcul. Pardon, une bien piètre calculitude.

Un plan de sauvetage…de l’opposition ?

février 14, 2009 on 6:51 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 4 Comments

Il y a des modes, des phénomènes qui sont dans l’air du temps. Ainsi par exemple, ces espèces de grand-messes qu’on appelle « états généraux » ou « Grenelle ». Le Grenelle de l’environnement, les états généraux de la presse. En fait ce sont des sortes de forums qui existent dès lors que l’État veut bien laisser n’importe qui discuter de n’importe quoi tout en assurant le financement dans une espèce d’orgie de repentance qui ne dit pas son nom.

Mais la mode la plus récente, c’est le plan de sauvetage. Plan de sauvetage des banques, plan de sauvetage de l’automobile, plan de sauvetage des DOM-TOM, à chacun suivant ses besoins. L’Etat semble avoir des moyens illimités, ce qui permet de voir que les Français ont une capacité illimitée à exprimer des besoins.

Celà étant ce n’est pas phénomène purement français, bien au contraire. Ainsi le tout nouveau Président Obama n’a-t-il eu de cesse de faire approuver son plan de relance de l’activité économique américaine, pour un montant proche de 800 milliards de dollars, ce qui ridiculise les 26 milliards d’euros du plan Sarkozy. Alors, bien sûr, il est possible d’y voir le fait que les Etats-Unis sont dans un état de délabrement économique bien plus aigu que le nôtre, et ce n’est pas faux.

Mai il y a une autre différence qui a attiré l’attention de JusMurmurandi. Le plan d’Obama a été discuté, charcuté, re-taillé avec les Républicains, et, s’il est passé avec succès par les deux chambres américaines, c’est grâce aux voix d’un nombre modeste mais indispensables de ces voix républicaines. C’est ce qu’outre Atlantique on appelle une approche bi-partisane.

Mais les Américains doivent être au moins deux fois plus doués que nous, car ici il n’y a que des approches partisanes. L’opposition, que ce soit le PS ou le Modem, refuse obstinément de voter quelque texte que ce soit qui émane du Gouvernement. Ils sont mêmes les seuls au monde qui aient refusé de voter le plan de soutien aux banques, avant de refuser de voter le plan de relance.

Il faut se souvenir que certains avaient tenté de franchir les barrières traditionnelles entre majorité et opposition. Comme par hasard, les deux principales figures de l’opposition à l’avoir fait se font attaquer: Bernard Kouchner dans un livre qui insinue faute de pouvoir démontrer, qui parle de conflit d’intérêt et de mélange de genres faute d’avoir trouvé quoi que ce soit d’illégal, et Eric Besson qui se voit maintenant traité de vichyste. Quant à Jack Lang, dont la voix a fait la différence lors du vote pour la réforme constitutionnelle, il est quasiment banni.

Ce comportement, bien sûr ignore superbement que François Mitterrand lui-même avait fait bon usage de l’ouverture à l’époque du gouvernement de Michel Rocard, mais le pS est trop fatigué pour s’en souvenir.

C’est pourquoi Nicolas Sarkozy est devant un dilemme. Il est clair que le PS est en grande difficulté du fait de la crise. Déjà avant, il avait été dépouillé par le processus d’ouverture, et n’avait pas de programme. Maintenant que la crise oblige le Président à des mesures de gauche, le PS n’a plus d’espace pour se distinguer de sa droite, plus de marché. Et comme le nouveau produit anticapitaliste de Besancenot (pardon, le nouveau parti anticapitaliste) le bloque à sa gauche, il n’y a plus de place pour le PS, qui est donc menacé d’asphyxie.

D’où la proposition sarkozyenne de lancer un plan de relance ou de sauvetage, comme on voudra, pour le PS. Après tout, il est au moins aussi indispensable à la vie politique française que les Antilles ou la Corse, alors ce serait bien naturel.

Le seul problème, c’est que ce plan de relance aussi, s’ils n’y prennent pas garde, les socialistes vont voter contre!

Trouver des chercheurs ou avoir des chercheurs qui trouvent ??

février 14, 2009 on 10:11 | In Coup de gueule, France, Incongruités, La Cour des Mécomptes | 7 Comments

That is the question…

Cette phrase du Général de Gaulle pose le problème.

Et la solution à ce sujet n’a pas été trouvée. Car une mission scientifique du Ministère de l’Education Nationale annonce des résultats…qui ont laissé JusMurmurandi sans voix.

Digression.

Les enseignants chercheurs commencent leur carrière à 1.700 Euro contre lesquels ils enseignent huit heures hebdomadaires pendant l’année universitaire. On est loin des trente cinq heures, car le reste du temps devrait être, théoriquement, consacré à la recherche.

Théoriquement seulement car les chiffres de la mission sont impressionnants: 24% ne font partie d’aucune équipe de recherche (de là à dire qu’ils se cantonnent, pour leur activité professionnelle, aux huit heures d’enseignement, il n’y a qu’un pas…), préférant probablement s’adonner à des activité s plus rémunératrices…et pour cause, il n’y a pas de sanction prévue au règlement.

Quant aux 76% restants, un quart n’a pas publié au cours des quatre années précédentes.

Pour JusMurmurandi, cela rappelle étrangement le Parti Socialiste.

Il se dit dans l’opposition, certes, mais depuis maintenant sept ans qu’il s’y trouve, on voit bien quelques gesticulations et autres attaques personnelles, mais aucune contre proposition ni réelle et encore moins sérieuse. Et ceci pour un nombre limité du parti. L’essentiel de la caste dirigeante est, elle, plus préoccupée par sa survie et le maintien de son pré carré et donc, quelque part, de ses fameux « avantages acquis ». Et en cas extrême, sort carrément de l’Assemblée Nationale, et refuse même le débat avec le gouvernement.

Le problème, c’est qu’ils n’ont pas encore compris que les électeurs, eux, peuvent sanctionner, et ne s’en privent pas.

Petit cours de désinformation – 2

février 12, 2009 on 8:00 | In Best of, Coup de gueule, France, Incongruités | 11 Comments

L’antisarkozysme a atteint un point tel dans notre belle France que tout journaliste qui n’affiche pas clairement son antisarkozysme militant – et vertueux – est aussitôt suspect de complaisances et donc d’amour du pouvoir ; Jusmurmurandi s’amuse ainsi de voir se recomposer le sens des mots dans un novlangue postmoderne (post-chiraquien ?) où le sarkozysme attribué tel un sceau d’infamie à tel ou tel journaliste, se limite in fine à, tout simplement, ne pas faire preuve d’antisarkozysme zélé. Jusmurmurandi se gausse grandement de cette asymétrie où, à l’image de la théologie médiévale où le mal était une privation de bien, le sarkozysme se laisse aujourd’hui définir par le bruit médiatique dominant, comme une privation d’antisarkozysme, et JusMurmurandi ne saurait donc être surpris de voir des « journalistes » de Radio France traiter de « collabos » David Pujadas et Laurence Ferrari pour avoir accepté le choix élyséen d’interviewer le Président.

 Certes, en France le ridicule ne tue plus depuis bien longtemps et l’on peut ainsi insulter à l’envi le Président de la République sur une radio publique, l’assimiler à un dictateur abominable, et le faire en toute impunité, tout en se faisant évidemment passer pour courageux et résistant. Si nos courageux journalistes résistants avaient un tant soit peu appris autre chose que leur manuel de « résistance pour adolescents osant dire à leur père que c’est un con », ils auraient remarqué qu’ils avaient sombré par un plouf navrant dans la « contradiction performative », erreur logique parmi les plus ridicules qui soient. Il s’agit d’une erreur où la possibilité de l’énoncé est contredite par son contenu : clairement, si Sarkozy était un dictateur nazi, il ne serait tout simplement pas possible de librement l’attaquer et de l’insulter ni de traiter les journalistes qui l’interviewent de « collabos » ; or, curieusement, les journalistes-résistants ont pu prononcer ces insultes en toute impunité, comme s’ils étaient dans un pays libre. Aux courageux intellectuels raillés par Desproges, osant critiquer Pinochet à plus de 5 000 kilomètres de Santiago du Chili, se sont substitués les courageux journalistes des radios publiques, payés chaque jour par l’Etat pour en dénoncer en toute liberté la dimension dictatoriale de son Chef qui aurait mis la main sur les media pour mieux les contrôler. Etonnant, non ?

 Mais cette anecdote qui fait sourire JusMurmurandi n’est rien à côté de celle de ce journalisticule Jean-François Couvrat qui, mendiant sans fin des chroniques dans le Monde mais se contentant maigrement d’un blog hébergé par le « journal de référence », a cru bon d’éprouver son Kolossal courage en rejoignant la meute, c’est-à-dire en tirant à boulets rouges sur le Président ; modestement intitulé « ré-informateur de l’économie », notre courageux blogueur s’est fendu d’un article à l’apparence informée, pour dresser le « bêtisier du Président ». Sa chronique, consacrée à l’intervention présidentielle de jeudi 5 février, déploie tout ce dont un antyisarkozyste patenté est capable pour se faire remarquer de la meute, en dénonçant trois prétendus mensonges du Président sous forme d’une lecture prétendument attentive, lecture attentive dont la mauvaise foi et l’incompétence presque touchante pourraient lui offrir une place de choix à la rédaction de Marianne.

 Et pour obtenir ses galons d’antisarkozysme, tout est bon. Croyant contredire le Président en remarquant que les services constituent en France un taux de 77, 3 % du PIB et non de 3 % comme l’avait dit le Président, il brandit fièrement un graphique de l’OCDE censé confirmer ses propos. Intrigué, JusMurmurandi s’est précipité sur ledit graphique et, première surprise, a aussitôt remarqué que le graphique censé être accusateur mentionnait la part des services dans… la valeur ajoutée et non dans le PIB ; M. Couvrat confond ainsi grotesquement la valeur ajoutée – qui contient pour une large part la production de services du service public – avec le PIB qui est fondé sur de tout autres critères.

 Mais au-delà de cette amusante confusion, que même le plus cancre d’un élève de première STG n’aurait pas osé commettre, JusMurmurandi rappelle que Sarkozy évoquait non pas les services en général, mais les services financiers, ce qui discrédite un peu plus encore cet involontairement désopilant arroseur arrosé.

 Le deuxième point dénoncé par M. Couvrat porte sur la baisse de la TVA au Royaume-Uni. Afin de contredire la nullité des effets d’une baisse de la TVA sur la consommation affirmée par le Président, Couvrat brandit l’argument supposé assassin : « Au Royaume Uni, la consommation des ménages en produits manufacturés s’est accrue de 2,6% de novembre à décembre 2008, et de 4,3% de décembre 2007 à décembre 2008. » Ah oui, à lire les choses ainsi, il semblerait qu’en effet la baisse de la TVA ait bien eu un impact sur la consommation : sauf que, toujours animé d’une mémoire immédiate, JusMurmurandi s’est rappelé que la TVA avait été baissée par M. Brown le … 1er décembre 2008 rendant ainsi grotesque pour le mois de novembre la corrélation établie entre la baisse de la TVA et la hausse de la consommation et replaçant celle-ci pour l’année 2008 dans le cadre d’une dynamique conjoncturelle de nature tendancielle parfaitement étrangère à la  baisse de la TVA survenue après.

 Ainsi ce pauvre M. Couvrat, croyant faire preuve d’esprit et de discernement en dressant le « bêtisier » (ce sont ses mots) du Président n’a fait que confirmer un peu plus sa propre incompétence ; mais la compétence importe peu lorsque les critères médiatiques du bon article sont ceux du degré d’antisarkozysme primaire et, à cet égard au moins, M. Couvrat est un excellent journaliste citoyen que tenait à saluer JusMurmurandi. 

Défendre l’extrème-droite et le négationnisme ?

février 11, 2009 on 2:49 | In Coup de gueule, Incongruités, Insolite, International | 2 Comments

Il y a des moments où le monde marche sur la tête, ce qui oblige à faire les pieds au mur pour l’avoir (la tête) à l’endroit. Ce qui rappelle le monde loufoque des Shadoks, avec ses escaliers pour descendre distincts de ses escaliers pour monter, ce qui valait un sort funeste à ceux qui s’essayaient à monter un escalier fait pour descendre ou à descendre un escalier propre à la montée.

Deux faits ont attiré l’attention de JusMurmurandi, qui requièrent pareille gymnastique.

L’un est la désexcommunication par l’Eglise catholique de Mgr Williamson, évèque ordonné dans la fraternité de Saint Pie V, lefèbvriste et très traditionnaliste. Le choeur des voix qui se sont élevées contre cette désexcommunication et ont vilipendé le pape a étouffé toute forme d’argumentation sous une menace d’excommunication pour « complaisance avec le négationnisme ». Pourtant il semble clair à Jusmurmurandi que le pape n’avait pas à tenir compte des idées négationnistes du lamentable évêque dans sa décision, mais uniquement d’aspects théologiques. Lesquels ne concernent pas JusMurmurandi. En effet, l’Eglise catholique, pas plus qu’une autre d’ailleurs, n’a pas pour mission de veiller au politiquement correct de ses ouailles, ni d’excommunier ceux qui, comme Williamson, se vautrent dans le nauséabond et l’ignoble. Il y a d’autres instances pour cela.

En France, les déclarations épiscopales auraient valu à leur auteur une comparution et une condamnation en correctionnelle. Elles sont également illégales en Allemagne. Et c’est très bien comme cela. Mais ce n’est pas là affaire d’Eglise. Sinon, que faites-vous de la laïcité? Si l’Eglise excommuniait pour cause d’illégalité, on serait en plein mélange de genres. En revanche, il appartient aux supérieurs ecclésiastiques de l’évêque perdu de veiller à ce qu’il ne puisse utiliser sa mitre pour propager son bien curieux catéchisme. Ce que et Rome et la Fraternité Saint Pie V ont fini par faire. Et les choses devraient en rester là.

On peut appartenir à une Eglise dès lors qu’on a une foi compatible avec celle-ci. Ce qui n’est pas la même chose qu’être bien-pensant. Il semble d’ailleurs bien que ne ne soyons plus qu’un monde de bien-pensants, alors même que de moins en moins de gens ont, dans les pays occidentaux, la foi.

L’autre fait est l’interdiction faite à un député d’extrême-droite néerlandais, Geert Wilders, de se rendre en Grande-Bretagne pour y projeter son film violemment anti-islam « fitna ». La thèse principale de ce film de 15 minutes est qu’il faut interdire le Coran qui serait une œuvre fasciste. Le motif invoqué par les autorités Britanniques pour refuser la venu de M. Wilders, pourtant parlementaire d’un pays de l’Union Européenne, est le trouble à l’ordre public. Et la privation de la liberté de circuler, de la liberté de parole, et de la liberté d’opinion, est-ce que cette privation ne trouble ni l’ordre public ni les consciences?

Outre le fait qu’elles sont contre-vérité et illégales, les thèses négationnistes de Williamson sont exécrables. Cela ne veut pas dire qu’il faille le rôtir, et à petit feu s’il vous plaît, en place publique ni l’excommunier.
Les thèses d’exécration du Coran de Geert Wilders sont aussi totalement choquantes. Lui non plus n’a pas pour autant mérité d’être assigné à résidence comme l’opposante birmane Aung San Su Kyi, dont le sort indigne les consciences occidentales. Mais pas plus.

Il est évidemment plus facile, plus sûr, plus payant de soutenir ces cas où le politiquement correct côtoie la bonne cause et le principe moral.

C’est justement à l’endroit où la pensée est dévoyée que le principe moral doit être affirmé avec force, faute de quoi il ne sera plus qu’un alibi de ce qui pourrait bien devenir un nouveau maccarthisme/fascisme/soviétisme/intégrisme et tous autres mots en « isme ».

Et dont le contraire s’appelle…. « liberté ».

A table!

février 11, 2009 on 7:25 | In Best of, Coup de gueule, Economie, France, Incongruités, Insolite | Commentaires fermés

N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie? On imagine facilement Nicolas Sarkozy se demander si tant d’efforts et de combats pour être élu Président de la République valaient le coup. Car le moins qu’on puisse dire est que sa présidence ne ressemble pas à ce qu’on pouvait imaginer. La faute à la crise, bien sûr, qui a bouleversé tous les équilibres.

Car ce qui est en train de se passer en Guadeloupe est ni plus ni moins une gifle pour le Président. Et ce n’est pas la première, ni la dernière. La population de l’ile, mécontente de « la vie chère » se met en grève. Et que constate-t-on? Que, pour peu qu’on veuille bien y jeter un coup d’oeil, la situation de distribution des carburants sur l’île est extravagante et entièrement à l’avantage du distributeur-raffineur qu’est Total, dont les stations-services sont, en outre, fermées pour empêcher l’ouverture de stations concurrentes! Le Secrétaire d’Etat Yves Jégo arrive sur place, et la valse des millions commence. Mise en oeuvre du RSA. Hausse des salaires de 200€ mensuels. JusMurmurandi vous rassure, ce ne sont pas les entreprises qui paieront, car elles exigent des compensations de l’Etat sous forme d’allègements de charges sociales. Et ainsi de suite.

Avant même que la situation de la Guadeloupe ne soit débloquée, la Martinique commence à faire de même, et les Martiniquais mettent la barre non pas à 200€, mais à 300€. Et la Guyane se dit qu’il n’y a aucune raison de ne pas en faire autant. Ce d’autant plus que c’est à la Réunion que tout a commencé et que l’Etat a ouvert grand son portefeuille.

Plusieurs commentaires s’imposent.

D’abord qu’il semble y avoir une étrange fatalité qui frappe les politiciens de droite dès lors qu’ils deviennent Présidents de la République. Que ce soient Giscard, Chirac, ou maintenant Sarkozy, élus à droite, ils ouvrent grand les cordons de la bourse (celle des autres, bien sûr, celle des contribuables présents et surtout futurs). Pourtant Sarkozy portait un projet clair, et on n’imaginait pas le voir tomber dans le radicalisme chiraquien. Oui, mais la crise est passée par là. Et Sarkozy, au-delà de mesures sociales annoncées dans sa campagne électorale et destinées à le dé-droitiser, tel le RSA, applique aujourd’hui une politique d’arrosage à tout-va que ne renierait pas un gouvernement de gauche. Il ne manque que la relance de la consommation.

La relance de la consommation, justement. C’est le dernier sujet à la mode. Toute demande d’avantages est aujourd’hui justifiée en disant qu’elle soutiendra l’activité économique, ou la consommation, ou l’emploi, voire les trois. Plus besoin de la justifier par la cause (le mérite, la justice, l’effort, par exemple), on justifie par l’effet. Et on ne discute plus « que » de l’efficacité relative des différents moyens (relance de la consommation contre relance par l’investissement ou soutien à l’industrie). Cela commence à ressembler à un glissement du capitalisme, où l’effet (rémunération) est adossé à la cause (à chacun suivant ses mérites) vers le communisme, où l’effet est adossé à tout autre chose (à chacun suivant ses besoins).

En conclusion, si l’aptitude d’un pays à minimiser la crise puis à en sortir rapidement est proportionnelle à l’intensité de la relance, alors il faut bien reconnaître que la France n’est pas très bien partie, d’autres pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment) annonçant qu’ils vont faire beaucoup plus que nous). Mais si cette « heureuse » sortie de crise est liée à la capacité de sa population à revendiquer en fonction de l’expression violente de ses besoins, alors la France a toutes les chances de figurer en tête du peloton. Pour une fois que les revendications sont « vertueuses ». Aux barricades, camarades, aux barricades!

Dans cet esprit de la relance par le besoin, JusMurmurandi demande ici solennellement à l’Etat un plan de relance de l’industrie du blog. La France, un moment première dans ce nouveau métier à la fois moderne, porteur d’avenir et « vert », a vu son leadership glisser. La faute, on s’en doute, à ces milliers de blogs délaissés par leurs auteurs, faute pour ceux-ci, écrasés de charges sociales, d’avoir les moyens en temps et en argent de les mettre à jour.

La proposition? Que chaque blogueur puisse passer 6 mois par an à son choix en Guadeloupe, en Martinique ou à la Réunion aux frais de la collectivité reconnaissante. Transformer les DOM TOM en autant de Villa Medicis du futur, et les blogueurs en Prix de Rome, voilà une modernisation où tout le monde trouvera son compte. Et pour ce faire, bien sûr, il faudra doter ces îles d’infrastructures de télécommunications puissantes et modernes (du travail pour Alcatel et Astrium, des clients pour Orange et SFR), de moyens aéroportuaires accrus (voilà pour le bâtiment), afin de recevoir plus de visiteurs, venus en Airbus A380 (bon pour Airbus). Il ne manque plus que de l’énergie pour ne pas dépendre trop de l’affreux Total, alors on ajoute vite fait un EPR (bon pour Areva), et le tout est bouclé, et les îliens contents.

Comment, ce n’est pas encore fait? Mais que fait l’Etat? C’est indigne! Le Président nous méprise! Aux barricades, camarades, aux barricades! Vilipendons ce Président qui nous traite si mal. Disons-en pis que pendre, pour qu’il puisse mesurer la puissance de nos blogs, et l’ampleur de son erreur…

Quand Vélib’ perd les pédales…

février 10, 2009 on 7:34 | In C'est ça, Paris?, Coup de gueule, Economie, Incongruités, La Cour des Mécomptes | Commentaires fermés

Des informations sur la situation de Vélib’ ont beaucoup intéressé JusMurmurandi.

Comme nous l’avions dit précédemment, si Vélib’ est une idée intéressante, elle n’est qu’une copie de l’original Vélov lyonnais; et les stations ont été implantées exprès pour pourrir la vie des automobilistes parisiens ou franciliens.

Le problème c’est que Vélib perd ses pédales.

Le bilan civico-économique est accablant.

Sur les 20.000 installés, 7.800 se sont envolés (eh oui, les vélos volent dans la capitale) et 11.600 ont été vandalisés.

Deux fois plus de vélos volés à Paris qu’à Lyon, et le parc de la capitale a déjà été entièrement renouvelé.

A telle enseigne que si la maintenance quotidienne assurée par Decaux s’arrêtait, il ne faudrait que dix jours pour que l’ensemble du parc soit immobilisé…. Consternant.

Alors que le Conseil d’Etat a maintenant autorisé Vélib’ a se déployer dans les villes limitrophes, le problème ne va qu’augmenter.

Clear Channel, concurrent malheureux face à  Decaux, doit se frotter les mains.

Et bien évidemment Bertrand Delanoë refuse que les stations les plus criminogènes soient supprimées. Ce serait trop simple.

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