L’ami de 30 ans

mai 20, 2007 on 6:14 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Jean-Pierre Jouyet est depuis 30 ans un ami proche de François Hollande, et, par extension, du couple Hollande-Royal. Pourtant, quand cette semaine il lui a fallu choisir entre ces deux amis et le tandem Kouchner-Sarkozy, c’est vers ces derniers qu’il s’est tourné. François Hollande a immédiatement indiqué qu’en fait la défection ne le surprenait pas, Jean-Pierre Jouyet ayant quitté le camp de la gauche dès 2004, ce qu’il avait aussi dit d’Eric Besson avant.

Il est facile de voir dans ces propos l’aigreur déçue d’un homme abandonné par son ami de 30 ans. Et pourtant, et si François Hollande disait vrai? Car il n’y a pas que Jouyet et Besson à avoir déserté la barque socialiste . Il y a les intellectuels de gauche Alain Finkielkraut et André Glucksman. Il y a l’ancien ministre socialiste Max Gallo. Il y a le journaliste proche de François Mitterrand George-Marc Benhamou. Il y a Martin Hirsch, successeur de l’abbé Pierre à la tête d’Emmaüs. Il y a le propre beau-frère de François Mitterrand, le communiste historique Roger Hanin. Il y a le radical de gauche Bernard Tapie. Il y a les gracques, ce groupe de hauts fonctionnaires socialistes. Il y a Claude Allègre, ami de 30 ans de Lionel Jospin. Il y a bien sûr l’emblématique Bernnard Kouchner. Et même les autres personnalités socialistes approchées mais avec qui aucun accord n’est intervenu, que ce soit Anne Lauvergeon ou Hubert Védrine, dont le père était un ami de 30 ans de François Mitterrand, n’ont pas fait savoir qu’is refusaient ces avances par fidélité au PS.

Si on regarde les choses sous cet angle, alors la déliquescence du PS est très profonde. Il y aurait lieu non pas de critiquer Ségolène Royal pour l’amateurisme de sa campagne, mais de la féliciter d’avoir si bien joué les cache-misère. Et ce n’est pas l’excommunication brutale par le PS qui fera revenir celles et ceux qu’une amitié de 30 ans n’aura pas su retenir.

Golden parachute au PS ?

mai 18, 2007 on 3:59 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

François Hollande, M. Royal à la ville, a très mal pris le fait que Bernard Kouchner ait accepté de prendre un ministère au sein de l’équipe nouvellement formée autour de François Fillon, affichant ainsi une conception de l’intérêt national très personnelle.

N’est ce pas une vision réductrice, voire mesquine, pour lui qui recommandait il y a quelques semaines encore un rapprochement avec une autre forme d’opposition, elle constituée par l’homme en apparence moins dangereux, plus maîtrisable que semblait être François Bayrou.

Il est vrai que les dernières semaines ont dû être bien éprouvantes pour le premier secrétaire du parti socialiste: échec de la candidate socialiste à la présidence de la République, tensions autour de cet échec pour en trouver les causes l’une plus désagréable que l’autre, préparation des élections législatives qui arrivent à grand pas, publication d’un livre qui met à nu de vraisemblables tensions conjugales avec sa compagne, et départ de cette dernière en vacances en Tunisie avec leurs enfants mais sans lui.

Alors quand enfin l’homme le plus populaire du parti part avec armes et bagages pour servir le pays, mais sous la bannière de l’ennemi, François, que l’on dit habituellement tempéré et homme de discussion que de décision, a tranché; l’affaire n’a pas traîné, derechef du PS Kouchner fut viré.

Faute grave ? Faute lourde ? Prud’hommes ? Verra-t-on les indemnités de départ du sémillant French doctor faire la une des journaux ?

Le Président de la République a promis encore aujourd’hui de légiférer très rapidement, d’ici l’été, sur les parachutes dorés.

On comprend que François Hollande ait voulu faire vite….

Le Kouchner plutôt que le Kärcher

mai 17, 2007 on 5:15 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Durant la campagne présidentielle, les candidats de gauche, et particulièrement Ségolène Royal ont tenté de faire de Nicolas Sarkozy un portrait brutal, prédisant que son élection fracturerait la société française. Leur citation favorite pour étayer leur thèse était la déclaration de NS qu’il nettoierait la banlieue au Kärcher.

Maintenant qu’il est élu, c’est Nicolas Sarkozy qui effectue l’ouverture dont Royal et Bayrou ont tant parlé. Il recrute la personnalité la plus populaire du PS, Bernard Kouchner. Ce faisant, Nicolas Sarkozy marque des points sur au moins 5 plans:

- il fait l’ouverture dont ses adversaires ont dit que c’était la marque de la modernisation de la vie politque française. Ce faisant, il prive Bayrou de son principal argument.

- en prenant une personnalité socialiste de premier plan, d’autres hommes de gauche et du centre, il montre son ouverture, alors qu’il était décrit comme l’homme d’un clan et du tout-UMP.

- en prenant le fondateur de Médecins sans Frontères, BK donne du poids à ses engagements tiers-mondistes, africains, et en matière de droits de l’homme.

- en nommant Bernard Kouchner aux affaires etrangères il ne le contraint pas à des contorsions ou à des renoncements idéologiques, au sens où la politique extérieure française est sensiblement identique à droite et à gauche.

- en mettant à son gouvernement un homme qui n’a pas sa langue sans sa poche, il donne des gages que sa politique, que ce soit dans les banlieues ou en matière d’immigation, ne sera pas de nature à mettre une partie de la France à feu et à sang.
Quand on sait qu’en plus, Nicolas Sarkozy a fait des offres à Claude Allègre et à Hubert Védrine, on conçoit le dépit de leurs amis socialistes.

Ce que JusMurmurandi voudrait [réellement] savoir, c’est si c’est le dépit de voir leur parti plumé comme volaille, ou le dépit que ce ne soit pas eux qui aient reçu d’invitation à rejoindre le navire de Sarkozy…

P.S. A la connaissance de JusMurmurandi, la marque Kouchner n’est pas encore déposée…

EADS et PS, même golden parachute ? (2)

mai 17, 2007 on 3:54 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

L’actualité est décidément farceuse. Après avoir inopinément rapproché dans le temps les tandems du PS Hollande/Royal et EADS Forgeard/Gut en ceci que tous 4 refusent d’admettre que leur échec professionnel puisse leur coûter quoi que ce soit, carrière ou argent, voici un autre télescopage de même nature:

Alors que le tandem Royal/Hollande a tonné contre le parachute doré de Forgeard au moment même où les difficultés financières allaient coûter aux employés d’EADS, le PS de François Hollande annonçait la suppression de la fête de La Courneuve annoncée par Ségolène Royal pour célébrer toutes celles et tous ceux qui avaient fait campagne avec elle et pour elle. La suppression de cette fête est attribuée à un manque de finances.

Lequel manque de finances n’empêche pas Ségolène de partir en vacances à Djerba avec ses enfants.

Décidément, il y a des apparences injustes, et qui font désordre.

Vous en avez rêvé, Sarko l’a fait

mai 16, 2007 on 5:39 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Pendant la campagne pour les élections présidentielles, Jean-Marie le Pen accusait Nicolas Sarkozy d’avoir pillé ses idées, « de faire du le Pen sans le Pen ». Malgré les prédictions du leader frontiste que les électeurs préféreraient l’original à la copie, le décompte de voix montre que ce ne sont pas les idées que le candidat UMP a pillé, mais bien les électeurs du Front National de 2002, passés à l’UMP par millions avec armes et bagages.

Dans l’entre-deux-tours, beaucoup d’attention s’est concentrée sur le vocable d’ouverture, et notamment sur le duo Ségo-Bayrou, et leur très médiatique débat-dialogue. Et les deux candidats de converger dans leur attaque de Sarko, l’homme d’un clan, qui, lui, justement, commettait le péché capital de ne pas promettre l’ouverture. Car justement, à les entendre, l’ouverture, c’est moderne, et la non-ouverture, c’est ancien.

Sur ce plan, les sondages semblaient donner raison aux deux larrons, encore que les Français, JusMumurandi compris, eussent du mal à discerner ce qui était une vraie ouverture (positive) d’un sombre combine électorale à la mode IVe République (très négative).

Oui, mais voilà. Malgré le tango de l’ouverture, au final ce fut Sarko qui fut élu. Et là, pour la formation de son gouvernement, des noms commencèrent à tomber sur les téléscripteurs: Besson, Allègre, Védrine, Lauvergeon, Kouchner. Du PS estampillé Mitterrand (Lauvergeon fut son dernier « sherpa », Védrine le fils d’un de ses meilleurs amis), ou Jospin (Allègre est son ami de toujours). Le centre n’est pas en reste, avec Leroy, un des proches de la campagne de François Bayrou, et Morin, le président du groupe parlementaire UDF à l’Assemblée. sans compter 24 députés UDF sur 29 ralliés à l’UMP.

Et tout ceci sans que le Président Sarkozy fasse de coalition à la mode « majorité plurielle », où le mélange des programmes et des personnes conduit souvent au mariage de la carpe et du lapin. Bref, compte tenu de ce qu’ils ont tant déclaré entre les deux tours, l’ouverture sarkozienne devrait être saluée et louée tant par Bayrou que par Royal, comme une façon moderne de faire de la politique.

Et c’est là que JusMurmurandi ne comprend plus: faute d’un concert de louanges, on aurait pu attendre au moins un « Sarkozy fait du Bayrou sans Bayrou, ou du Ségo-Bayrou sans Ségo ni Bayrou » en forme de reconnaissance grinçante à la Jean-Marie le Pen. Eh bien pas du tout. Tout ce qu’on entend du côté du Mouvement Démocrate, c’est un silence assourdissant. Compte tenu du nombre de départs, ce n’est peut-être pas surprenant. Et chez les socialistes, on parle trahison, débauchage, quand ce n’est pas carrément denier de Judas et plat de lentilles.

Où est donc la désirable, la bonne, la moderne ouverture? N’est-elle bonne qu’en paroles et avant les élections? N’est-ce subitement plus une aspiration des électeurs de voir travailler ensemble les meilleurs des 2 camps? Une célèbre marque avait lancé une publicité bien connue, qui, légèrement détournée, s’applique ici si bien: « vous en avez rêvé, Sarko l’a fait »
Si ça fonctionne pour les législatives avec l’ouverture comme pour les présidentielles avec le Front National, le PS et le Mouvement Démocrate en particulier vont être bien…handicapés.

EADS et PS, même golden parachute ?

mai 15, 2007 on 3:36 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

A priori aucun rapport entre EADS, société industrielle, et le Parti Socialiste. Entre Noël Forgeard et Jean-Paul Gut, dirigeants du groupe en grande difficulté, et François Hollande, Premier Secrétaire du PS, et Ségolène Royal, candidate battue

Pourtant le rapport existe bien. Les uns et les autres ont mené leur entreprise sur les rochers, et d’aucuns somment les dirigeants de payer le prix de l’échec. Et c’est là peut-être une détestable exception française: le refus d’endosser les conséquences de ses échecs, que ce soit financièrement ou politiquement. A fortiori quand on sort de l’ENA et autres grandes écoles.

A l’étranger, à titre d’exemple, ni Helmut Kohl ni Gerhard Schröder n’ont survécu politiquement à une défaite électorale. Malgré les grands services rendus à leur parti, celui-ci leur a montré la porte. Mieux encore, aussi bien Tony Blair que Margaret Thatcher, premiers ministres emblématiques de Grande-Bretagne, ont été déchu de leur poste par leurs propres amis sans avoir perdu les élections.

Compte tenu que François Hollande n’a aucune envie de les imiter, et que Ségolène Royal considère son échec (elle refuse même de prononcer le mot) comme une raison de se porter immédiatement candidate pour 2012, on a l’impression que les parachutes dorés des politiques existent au moins autant que ceux des dirigeants d’entreprise.

Dans son cas personnel, Ségolène Royal voudrait même en faire un parachute ascensionnel…

le Reformator

mai 14, 2007 on 6:59 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

Les premiers projets de Nicolas Sarkozy concernent la formation de son gouvernement. Les fuites dont ces travaux font l’objet donnent à penser qu’il y aura une refonte massive des périmètres des différentes administrations.

Non seulement un certain nombre de ministères disparaîtront purement et simplement pour passer de 29 sous Dominique de Villepin à 15 sous François Fillon, mais les administrations concernées seront fusionnées et redéployées pour en accroître, en tout cas c’est le but, l’efficacité et la productivité.

Ainsi certaines missions sont remplies par des fonctionnaires faisant souvent double emploi avec ceux du ministère d’en face, par exemple les missions de sécurité et de renseignement, entre l’Intérieur et les Armées, lequel « doublon » sera supprimé.
D’autres problèmes relèvent de plusieurs ministères à la fois, rendant leur action lente et problématique, par exemple l’écologie, qui implique entre autres l’industrie, l’agriculture, les transports, et ces différents aspects seront regroupés au sein du même ministère.
Bref, il s’agit bel et bien d’une remise à plat colossale qui se prépare, avec une réorganisation touchant des centaines de milliers d’emplois de fonctionnaires.

Si elle devait échouer, comme la tentative de réorganisation profonde du Ministère des Finances, dont l’échec fit « sauter » le ministre, Christian Sautter, rien de ce que fera Nicolas Sarkozy ne pèsera très lourd face à l’anarchie qui en résultera.
Et si elle devait réussir, rien de ce que fera l’opposition, que ce soit la « politque autrement » de François Bayrou ou le nouveau grand parti de gauche de François Hollande n’enlèvera à Nicolas Sarkozy, surnommé le Reformator, la palme de la modernisation et du changement.

C’est pourquoi JusMurmurandi conseille aux 2 François de planifier dès maintenant des vacances dès les législatives passées. Il paraît qu’il y a des places à Malte….

Circonscriptions à crédit

mai 13, 2007 on 5:35 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

Les Verts ont tranché: ils ne signeront pas d’accord électoral avec les socialistes. Ils refusent une convention qui leur proposait en tout et pour tout 14 circonscriptions. Ce qui, pour une formation qui se veut nationale, n’est vraiment pas beaucoup.

Le problème, c’est que le score de Dominique Voynet n’a été que de 1,53%. Ce qui, ramené à 577 députés, « pèse » en tout et pour tout 8 circonscriptions, et permet au PS de dire que 14, c’est déjà généreux.

L’autre problème, c’est que le PS ne peut se permettre d’en distribuer beaucoup plus sans se dégarnir lui-même pour une élection qui s’annonce très diffcile face aux bataillons sarkozystes gonflés à bloc.

D’autant que la même difficulté se pose face aux communistes plombés par les 1,93% de Marie-George Buffet, si peu propices pour conserver un groupe parlementaire, soit 20 députés.

A tous, JusMurmurandi propose une solution d’ordre juste. De même que Ségolène Royal veut être nommée dès maintenant candidate pour 2012, le PS devrait promettre aux Verts et aux communistes des circonscriptions pour 2012.
A bien y regarder, ce ne serait pas autre chose que vivre à crédit. Sauf que là, il n’y aurait pas les contribuables pour payer la note…

Sa grâce, ou ça grince ?

mai 12, 2007 on 6:59 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

Depuis la nette élection de Nicolas Sarkozy, le PS n’a pas grand-chose d’intéressant à dire. Alors que nombreux sont les sujets qui fâchent, car, sous la surface « acceptable » des presque 47% de voix de Ségolène Royal se cache le fait que la gauche de gouvernement équivalente à la « majorité plurielle » de Lionel Jospin en 1997 ou de Bertrand Delanoë à Paris n’a fait que quelques 30% des voix au premier tour.

D’où les interpellations qui se mulitplient pour une « remise à plat », une « refondation », de nouvelles alliances, le tout dans un calendrier qui n’aurait pas pu être pire, puisque les législatives dans 3 semaines interdisent tout débat au fond et contraignent les socialistes à agir dans l’urgence.

Il y a un seul sujet sur lequel les socialistes aient pu tous tomber d’accord: la critique des vacances de 3 jours de Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas beaucoup, en tout cas pas assez pour un programme de législature.
Ceci alors que Nicolas Sarkozy construit son gouvernement, ayant même le culot d’offrir des postes ministériels à des hiérarques socialistes comme Hubert Védrine, Claude Allègre ou Bernard Kouchner, et rencontre cette semaine Tony Blair, puis la semaine prochaine Angela Merkel. Et encaisse même une ou deux bonnes nouvelles, comme la robustesse de la croissance française, qui va lui donner un peu de liberté de manoeuvre, la libération de l’otage français en Afghanistan, ou l’échec de la grève de l’université de Paris-Tolbiac.

D’un côté l’état de grâce, et de l’autre l’état de grince ?

L’enfant naturel de Mitterrand

mai 11, 2007 on 6:41 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

Depuis la seconde guerre mondiale, il ne faisait pas bon se dire homme politique « de droite ». La compromission de la droite française de l’époque avec le régime de Vichy était une tache indélébile et infâmante.

De plus, la gauche s’était, notamment lors du Cartel des Gauches, puis du Front Populaire, constituté un véritable monopole de la générosité politique.

Ce qui fait que la droite a du pendant 60 ans se trouver d’autres noms, souvent à base du mot « républicain », et faire très attention à ne pas prêter le flanc à être traitée de « droite ». C’est le sens de la célèbre affiche socialiste montrant un grand méchant loup et légendée: « au secours, la droite revient! »

Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui Nicolas Sarkozy a pu être élu en ne faisant plus aucune concession ni sur le fait d’être de droite, ni sur les idées de droite contenues dans son programme? JusMurmurandi y voit 3 causes:

- d’abord, à force de n’avoir été de droite ni en nom ni en actes pendant 60ans, un vrai programme de droite est apparu tout neuf au Français, fatigués des échecs des programmes éculés de centre-droit ou de centre-gauche. C’est le sens que le candidat Sarkozy a donné au mot « rupture »

- ensuite parce que l’émergence d’une extrême-droite puissante a permis à la droite de s’en différencier, tout en rejetant sur elle tout ce que la gauche trouvait en elle d’infâmant, notamment en matière de xénophobie, de racisme, d’ultra-nationalisme. De ce point de vue les 25 ans sans alliance entre droite et extrême-droite ont fini par valoir certificat de vertu pour les électeurs modérés

- enfin et surtout parce que la droite a bien vu ce qu’a fait François Mitterrand. Celui-ci avait bien observé comment De Gaulle s’était servi d’un parti communiste fort pour coincer la gauche socialiste, plus modérée, entre communistes et droite, et l’empêcher de parvenir au pouvoir. A son tour, il coinça la droite entre socialistes et extrême-droite pour être élu et s’assurer 2 mandats présidentiels. Et pour se faire, il apparut leader d’une gauche décomplexée puisque modérée par comparaison aux communistes, qu’il a plumés comme volaille.

C’est exactement ce que vient de faire Nicolas Sarkozy, qui a plumé le Front National avec la même manoeuvre. Comme quoi, entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, le descendant de François Mitterrand n’est pas forcément celui qu’on croit…

la tentation de Poitiers

mai 11, 2007 on 6:07 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

Ségolène Royal se pose la question: doit-elle ou non être candidate aux élections législatives en Poitou-Charentes?

Il lui semble en effet difficile d’être le chef de file de l’opposition, rôle qu’elle entend bien assumer, si elle n’est pas présente dans l’assemblée où s’affrontent les différents partis politiques. JusMurmurandi comprend cette tentation.

Mais Ségolène Royal a fait une campagne présidentielle au cours de laquelle elle a continuellement et vigoureusement plaidé contre le cumul des mandats. Or elle est déjà Présidente de la région Poitou-Charentes

Elle a donc 3 solutions possibles:

- être candidate, et dire que ce qu’elle proposait engageait la candidate présidentielle Ségolène, mais pas la chef de l’opposition. C’est le genre « faites ce que je dis, pas ce que je fais »

- être candidate, et, en cas d’élection, démissionner de son poste de Présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes. Outre que Ségolène perdrait tout pouvoir exécutif, elle perdrait aussi un territoire qui lui a servi de laboratoire d’idées. La France serait en deuil de sa Madone du chabichou.

- ne pas être candidate et tenter de diriger l’opposition depuis Poitiers. Poitiers ville capitale pour la France, on n’a pas vu cela depuis Charles Martel…

JusMurmurandi n’a qu’une chose à dire devant les choix entre devoir, honneur, intérêts et passion auxquels est confrontée la candidate PS: c’est beau comme du Corneille!

 

PS: Ségolène Royal vient d’annoncer sa décision de ne pas être candidate, en accord avec les principes de sa campagne. Ce sera donc l’option Charles Martel!

La mort du « Politiquement Correct » et de la « Pensée Unique »

mai 9, 2007 on 7:23 | In Elections législatives 2007, Elections présidentielles 2007, France | Commentaires fermés

JusMurmurandi constate que, par delà leurs différences, aussi bien Nicolas Sarkozy que Ségolène Royal ne partagent pas l’idéologie qui régissait la scène politique française, sous le double nom de « politiquement correct » et de « pensée unique ».

Chacun d’eux a pris le pouvoir en bousculant sa formation politique, sans tenir compte de l’ancienneté ou de la hiérarchie.

Chacun d’eux a été critiqué pour la façon dont il ou elle polarisait l’électorat de son propre camp au lieu de le ressembler.

Chacun d’eux a osé avoir des opinions pour le moins dissonantes avec son opinion publique ( par exemple Sarko avec la construction des mosquées, Ségo avec le drapeau dans chaque foyer)
Chacun a montré que la pensée suivant laquelle « il n’y avait pas d’autre politique possible » ne faisait pas un programme

Chacun d’eux a montré que la pensée suivant laquelle « la droite et la gauche, c’était maintenant quasiment la même chose » n’était pas une vérité révélée

Chacun d’eux a pris le risque de contredire et déplaire comme prix à payer pour attirer et convaincre
Le résultat de toutes ces prétendues vérités violées, ignorées, foulées au pieds? La pensée suivant laquelle « les Français ne s’intéressent plus à la politique et notre démocratie est en crise » a pris une grande claque. une claque donnée par 85% des Français.

Cyrano de Bayrourac

mai 9, 2007 on 5:40 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

Bergerac n’est pas Pau, et les gascons ne sont pas des béarnais. Pour autant, JusMurmurandi a bien l’impression d’avoir déjà vu cette pièce de théâtre-là:

- Cyrano de Bayrourac est amoureux de Marianne, mais la belle est précieuse, et ne se donne pas au premier venu

- Marianne est tombé amoureuse de Nicolas, qui a su l’émouvoir

- Ceci malgré le puissant désir du Comte de Chirac, qui après avoir été 12 ans son protecteur, aurait bien voulu prolonger son bail

- et a tenté de susciter un marquis de Villepin pour lui succéder auprès de Marianne.

- Marianne finit par épouser l’humble Nicolas, malgré les aristocrates de Chirac et de Villepin, et malgré les possibilités d’un avenir Royal.

Mais dans tout cela, que devint le pauvre Cyrano de Bayrourac ? Eh bien, rien, justement. Côté Marianne, sa volonté de ne jamais se démasquer et lui avouer franchement un amour inconditionel lui coûta toutes ses chances. Côté amis, lassés par son intransigeance irréaliste, tous finirent par le quitter, désolés d’un tel gâchis. Ce que Cyrano illustrera de cette tirade célèbre:

Chercher un allié puissant, prendre un patron,

Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc

Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’ecorce,

Grimper par ruse au lieu de s’élever par force?

Non, merci. Dédier, comme tous il le font,

Des vers aux financiers? se changer en bouffon

Dans l’espoir vil de voir, aux levres d’un ministre,

Naitre un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?

Non, merci.Calculer, avoir peur, être blème,

Aimer mieux faire une visite qu’un poème,

Rédiger des placets, se faire présenter?

Non, merci! non, merci! non, merci! Mais. . .chanter,

Rever, rire, passer, etre seul, etre libre,

Avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,

Mettre, quand il vous plait, son feutre de travers,

Pour un oui, pour un non, se battre,–ou faire un vers!

Travailler sans souci de gloire ou de fortune,

A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!

N’ecrire jamais rien qui de soi ne sortit,

Et modeste d’ailleurs, se dire mon petit,

Sois satisfait des fleurs, des fruits, meme des feuilles,

Si c’est dans ton jardin a toi que tu les cueilles!

Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,

Ne pas etre oblige d’en rien rendre a Cesar,

Vis-a-vis de soi-meme en garder le merite,

Bref, dedaignant d’etre le lierre parasite,

Lors meme qu’on n’est pas le chene ou le tilleul,

Ne pas monter bien haut, peut-etre, mais tout seul!

 
JusMurmurandi engage Cyrano de Bayrourac à méditer le dernier vers… 

Trop de centre – ou de centres – ?

mai 8, 2007 on 2:54 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

La campagne électorale pour les Présidentielles a été marquée par la présence inattendue de 3 candidats se réclamant du trotskysme, ce qui faisait beaucoup pour un mouvement de relativement petite obédience.

Pourtant, on a vu que les temps de parole cumulés des 3 candidats leur ont permis de donner à leurs idées une grande tribune à partir de laquelle vilipender les capitalistes en général et Nicolas Sarkozy en particulier.

Pour les législatives, il semble qu’il y aura cette fois-ci de nombreux candidats du centre dans chaque circonsription. Ceux des composantes centristes de l’UMP, notamment les radicaux valoisiens emmenés par Jean-Louis Borloo. Ceux de l’UDF actuelle, qui restent fidèles à leur positionnement d’alliance avec l’UMP et de soutien au Président Sarkozy. Ceux du Mouvement Républicain à naître cette semaine, emmenés par François Bayrou. Ceux du Parti Socialiste qui cherchent une nécessaire extension de leur électorat pour compenser la baisse de la gauche historique.

JusMurmurandi prédit que, compte tenu du mode de scrutin et de la prévisible confusion chez les électeurs, ces élections illustrent la formule: « beaucoup de candidats, peu d’élus ».

Règlements de compte à OK Coral

mai 7, 2007 on 3:12 | In Elections législatives 2007, France | Commentaires fermés

La victoire du candidat UMP a des conséquences sur l’ensemble de la scène politique.

Tout d’abord, après avoir appelé à s’abstenir pour le second tour, Jean-Marie Le Pen déclare maintenant que c’est grâce à lui que Nicolas Sarkozy a été élu. Il ferait tout aussi bien et même mieux de voir pourquoi lui n’a obtenu que la moitié des voix qu’il avait rassemblées sur sa candidature en 2002, et accessoirement terminé quatrième au lieu de second au premier tour [toutes choses dont JusMurmurandi se réjouit].

Mais plus important la constellation PS et ses satellites va subir des soubresauts et autres trous d’air.

Il va falloir analyser la ou les raisons de la défaite, moment pénible et difficile.
Campagne trop à gauche, trop à droite, trop ou pas assez de clins d’oeil à François Bayrou, où doit désormais se positionner le parti ? Présenter un programme social démocrate, à la mode Blair, qui devient disponible très prochainement pour conseils ou plus si affinités, ou au contraire radicaliser et continuer un ancrage proche du facteur de Neuilly sur Seine et de feu le parti communiste ?

Autant de questions qui ne sont rien en comparaison avec les conflits de personnes. On entend déjà les ténors non choisis expliquer qu’eux mêmes auraient eu un meilleur score; ce qui revient à dire que les militants n’ont pas choisi le bon candidat.

Ce qui à son tour n’en rendra les attaques personnelles que plus vives, chacun et chacune voulant tirer la couverture à soi, car il faut bien continuer à exister politiquement (Ségolène Royal pour survivre à sa défaite, François Hollande afin de garder la tête du parti, DSK, Fabius revenir sous les feux de la rampe et …la liste n’est certainement pas close).
Bref, on risque de voir des effets secondaires, tertiaires très importants. Si besoin était, François Hollande confirme les supputations de JusMurmurandi en déclarant qu’il ne tolèrerait aucun règlement de compte. C’est dire ce qui se prépare.

Pendant ce temps, l’heure tourne, et le premier tour des législatives a lieu dans moins de 5 semaines.

Gageons que l’UMP observe attentivement les acrimonies et déchirements des uns et des autres tandis qu’il continue de présenter un front uni comme la droite n’en a pas présenté depuis longtemps…

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